𝟖 : Night party

Assis sur une couverture dans le jardin d'Alex, Jane, Winnie, et le jeune homme discutaient. 

— Je suis tellement contente que la reine ait accepté que l'on participe à la fête ! s'écria Jane lorsque Winnie eut fini son récit. 

— J'espère au moins qu'il y aura de la bonne musique, fit Alex avec sérieux. 

— Ce n'est pas le plus important, contra Jane.

— Bien sûr que si ! lança le jeune homme en écartant les bras, frustré et abasourdi que la brunette ait pu penser cela. 

— Bonne musique ou pas, intervint Winnie, je crois qu'on ne risque pas de tomber sur une horrible fête. C'est tout de même organisé par la royauté ! 

— Ah, si seulement Simona savait cela... ajouta Jane, rêveuse. 

Simona était une de leurs camarades de classe qui venait d'Italie, et qui ne manquait pas de s'en vanter. Elle avait toujours regardé le trio de haut.

— Oh oui, si elle savait, compléta Alex, furieux. 

— Mais on ne doit rien dire à personne, leur rappela Winnie. C'est motus et bouche cousue, comme on dit. 

— C'est cela, répondirent les deux autres à l'unisson. 


♔♔♔


Le trio escorté entra dans le palais, et suivit un majordome qui leur ouvrit une porte. À l'intérieur, quelques invités étaient déjà là, ainsi qu'Alistair. La pièce était grande, et déjà une boule à facettes l'éclairait. La musique était présente, mais le son n'était pas élevé. Un buffet trônait au fond, sur lequel une multitude de plats et apéros reposaient. Jane émit un sifflement impressionné, émerveillée. Alex se dirigea tout de suite vers le buffet, et Winnie alla d'abord saluer les membres de la SRG. Il y avait d'autres gens qu'elle ne connaissait pas, et ils se présentèrent tour à tour, lui serrant la main ou posant leurs mains moites sur ses épaules. Elle se rendit compte que la plupart avaient une quarantaine d'années, et elle se demanda si Alistair avait des pensé à inviter des gens de son âge ou si ce serait une fête entièrement composée d'adultes. 

— Winnie, viens voir ! 

L'appel de Jane fit se retourner l'adolescente, et elle se fit tirer par le bras jusqu'au buffet. 

— Regarde !

Jane montrait du doigt un immense gâteau qui devait compter bien six ou sept étages, le premier étant le plus large. De la pâte à sucre bleue claire le recouvrait, et des décorations en meringues le parsemait. Il était somptueux, magnifique. Il n'y avait aucune bougie dessus, mais le sommet était recouvert de paillettes. Le prénom Alistair rehaussait le tout, et Winnie remarqua que les lettres d'une très charmante police étaient en fait les bougies. 

— Ben dis voir ! s'exclama Winnie nonchalamment. Si moi aussi je pouvais avoir pareil gâteau pour mon propre anniversaire ! 

— Et moi donc ! renchérit Jane. Je suis époustouflée. Le pâtissier qui a fait ce chef-d'œuvre est talentueux, c'est sûr. 

Soudain le silence se fit dans la salle, et Elizabeth entra, vêtue d'une robe digne du dernier couturier à la mode. Elle devait sûrement venir de lui, d'ailleurs. Pendant son entrée, aucun bruit ne se fit entendre, pas même celui d'une respiration. La reine était souriante, et elle s'arrêta juste devant la porte. 

— Bienvenue, chers membres de la royauté, à cette petite fête ! Faites comme chez vous.

Quelques maigres applaudissements polis retentirent, et Elizabeth les salua s'un hochement de tête. Elle se dirigea très vite vers Alistair et lui prit les mains. 

— Joyeux anniversaire mon garçon – où devrait-je arrêter de te donner ce surnom puéril ? – ! 

La reine l'invita à monter sur une petite estrade, l'encourageant à dire quelque mots. 

— Heu, et bien... Je ne vais pas encombrer cette fête de paroles barbantes, alors voilà, je voulais juste vous remercier d'être présents ici ce soir. 

Son regarda accrocha celui de Winnie et elle sentit son cœur faire un petit bond dans sa poitrine. 

— Cela fait maintenant deux ans que je participe dans la SRG, et je voudrais en remercier les gérants pour cette fête qui promet d'être exceptionnelle. 

Cette fois-ci, bien plus d'applaudissements couronnèrent le discours, et Alistair descendit de l'estrade avec les joues légèrement empourprées. Immédiatement, et à son grand désespoir, une foule s'amassa autour de lui. 

— Joyeux anniversaire ! clama une voix puissante. 

— Ça te fait quel âge alors, dix-huit ?

— Non, dix-sept, sourit le jeune homme, gêné. 

Il ne savait plus ou donner de la tête tant les questions fusaient, et Alex rigolait doucement.

— Je n'aimerais pas être à sa place, le pauvre, dit-il.

Heureusement pour Alistair, la musique se fit soudain plus forte, et les gens s'écartèrent, soit pour aller danser, soit parce qu'ils se rappelaient que le buffet existait. Le jeune homme redressa son nœud papillon, puis il marcha en direction de la reine, pour lui parler. 

Au même moment, la porte de la salle se rouvrit, et deux hommes, l'un avec une guitare et un micro, l'autre suivit de majordomes qui apportaient sa batterie, entrèrent. Il grimpèrent sur l'estrade, installèrent leurs instruments, et la musique s'arrêta. Quelques danseurs qui n'avaient pas remarqué l'arrivée des musiciens s'étonnèrent, se demandant ce qu'il se passait, et d'autres râlèrent. Au final, le chanteur prit son micro et annonça :

— Bonsoir tout le monde ! Nous sommes ici ce soir pour vous interpréter quelques sons sympathiques – enfin, nous espérons qu'ils le seront. Amusez-vous, et bonne fête Alistair !

Des acclamations et des sifflements fusèrent, et les musiciens se mirent à jouer le premier morceau, un rock entrainant. 

Immédiatement, les hommes invitèrent les femmes à danser, et la piste se remplit de jeunes et plus âgés. Très vite, Alex invita Jane, et Winnie se retrouva seule. Elle alla alors se chercher un smoothie et le sirota, d'abord en dansant seule, puis en s'appuyant à un mur, observant les gens. Tous étaient vêtus avec classe. Certains hommes avaient des cravates, d'autres des nœuds papillons, mais tous portaient une chemise unie. Un ou deux supportaient le poids d'un haut-de-forme, ou un chapeau melon. 

Les femmes, elles, avaient dans l'intégralité une robe. La reine était habillée de la façon la plus sublime, mais beaucoup l'égalaient presque. 

— Tout va bien ?

Winnie sursauta en voyant Alistair à moins de trente centimètres d'elle, l'observant avec trouble. 

— Heu oui, oui. Je réfléchissais. 

— Sur quoi ? Comment inviter quelqu'un pour danser ?

Il rit, mais Winnie garda son sérieux.

— Non, sur la tenue des invités. As-tu remarqué que trois-quarts des femmes ont une robe "swing" de la même marque à la mode, que quatre hommes ont les mêmes chaussures en cuir, et que la femme là-bas a mal accordé ses bijoux à sa tenue ?

Alistair la regarda comme si elle avait dit quelle venait d'une autre planète, puis rigola légèrement.

— Non, je n'ai pas remarqué. Pour tout te dire, je n'ai pas fait attention aux tenues des gens présents ce soir. 

Il eut un regard étrange, comme s'il voulait ajouter quelque chose mais n'osait pas. 

— Tu ne danse pas ? demanda Winnie pour changer de sujet.

— Je ne suis pas le seul à ne pas être sur la piste, répondit-il en lui jetant un regard en coin.

— En effet, mais je pensait que le roi de la fête serait plus courtisé que ça, tout de même. 

— Toutes les jeunes filles sont accompagnées, et pas question que je danse avec l'une de mes vieilles tantes trop parfumées.

Cette fois-ci, l'adolescente lâcha un rire, imaginant effectivement assez mal la scène. 

— J'imagine que c'est le moment ou, dans la timidité, tu me demandes si je veux bien te suivre sur la piste ? 

Alistair souris avec gêne et tandis la main.

— Fais-tu du mentalisme ? 

— Absolument pas, contra Winnie, mais j'ai lu tous les livres que m'a prêté Jane. 

Elle prit la main du jeune homme et le suivit vers la foule. Ils exécutèrent alors quelques pas de rock, essayant de ne pas faire les mêmes que les gens qui les entouraient, pour diversifier. Elizabeth passa près d'eux et elle leur fit un clin d'œil, avec un pouce en l'air destiné à Alistair, qui rougit légèrement, ce qui resta invisible sous les lumières colorées. Winnie se demanda ce qu'ils s'étaient dits, et marcha sur le pied de son partenaire. 

— Pardon ! s'excusa t-elle.

Le jeune homme fit mine d'avoir aussi mal que s'il était tombé du toit du palais, et tous deux rirent, avant de reprendre leur danse.

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