XXIV - Consécration


Avec une grande inspiration, comme s'il revenait d'entre les morts, Jimin atterrit sur le sol de la grande salle, ses genoux heurtant durement le marbre. Sa main tient toujours celle de Namjoon et ce dernier paraît remuer, ses sourcils se fronçant tandis qu'un peu de liquide vert dégouline de sa bouche. Dans celle du jeune homme agenouillé, un seul goût, omniprésent, écœurant : la pomme. Encore un peu sonné par son voyage dans le passé du géant aux cheveux verts il secoue légèrement la tête avant de capter, trop tard, un mouvement sur sa gauche. Une main d'une froideur incroyable le prend à la gorge, laissant ses yeux s'écarquiller et son souffle se couper. Comme s'il ne pesait guère plus qu'une plume, la main le soulève, puis il sent la personne se mettre en mouvement et le ramener tel un chaton désobéissant vers sa place, au centre du demi-cercle formé par toutes ses âmes maudites.

Jimin heurte le sol sans douceur, encore sonné, et retrouve enfin la liberté de respirer. En se massant la gorge son regard embué se relève sur la silhouette imposante de Jin, impériale, terrifiante. Ce dernier arbore un rictus crispé, comme s'il était au bord de l'implosion, et le jeune homme aux cheveux de lune remarque une sorte de fissure sur la peau sans défaut de son aîné, presque comme une craquelure. Et alors qu'il suit des yeux l'imperfection, il en remarque d'autres, certes petites mais qui paraissent prendre de l'importance. Jin est en train de se briser devant lui, sûrement consumé par son péché qui, prenant de plus en plus de place à l'intérieur de son enveloppe charnelle finit par détruire son hôte. Et il en est intimement convaincu, il doit empêcher ceci de se produire, au risques de funestes conséquences dont il ignore pourtant la nature.

« Tu n'es pas très obéissant, Park Jimin, remarque doucement Jin, le miel dans sa voix plein de poison suintant. Pareil à tes envies, tu es incontrôlable. Qu'importe, je te soumettrais comme j'ai soumis tous les autres. Ira est mon alliée, déclare-t-il en montrant du doigt Taehyung dont les lèvres bleuies s'agitent sans laisser échapper un seul son en une litanie du silence heurtée et désespérée. Il a été facile de l'enrôler, les mots ont un tel pouvoir, en quelques phrases j'ai réussi à libérer son péché, à faire renaître dans toute leur splendeur ses pulsions violentes. Tel Lucifer des ailes lui ont poussé, aussi noires que la nuit pour lui rappeler sa déchéance, et son enchaînement à ma personne. Et regarde à quoi il en est réduit aujourd'hui, juste par égard pour la misérable paresse, glousse-t-il ironiquement en pointant un de ses longs doigts vers Jungkook qui s'agite au sol, poussant des gémissements de douleur tandis qu'il revient à lui. l'Amour rend bien pitoyable...

-Tu te trompes Jin, Amour est beau au contraire, certes il peut souffrir mais quoi de plus beau d'apporter un sourire lumineux sur le visage de la personne que l'on aime ? Questionne Jimin d'une voix enrouée, ses doigts ayant retrouvé ceux de Yoongi, presque sans y penser, comme s'ils avaient conservé la mémoire de ce lieu qui leur plaisait tant.

-Certes cette bouche s'étirera en une grimace vaguement heureuse,mais que feras-tu quand cette même bouche te crachera son venin au visage ? Rétorque Seokjin qui s'est replacé à son emplacement initial, sur le piédestal. L'autre est si imprévisible, on peut se sentir le plus heureux du monde dans ses bras et le lendemain ses doigts viennent déchirer ton cœur en mille morceaux tandis qu'il se délectera de ta peine en riant à gorge déployée, que fait Amour dans ce cas Park Jimin ?

-Tu prends le mauvais chemin, l'amour n'est pas un chemin sans obstacles mais jalonné de joies qui si l'on s'investit assez deviennent un seul et grand bonheur que l'on peut partager à deux, main dans la main et cœur contre cœur, proteste Jimin, ne se souciant plus de sa propre sécurité et de la probabilité que Jin le tue sous un coup de fureur. La question paraît lui tenir beaucoup trop à cœur, comme si toute son existence est en réalité tournée vers un seul objectif, la défense d'Amour. En un clin d'œil, le garçon s'est fait avocat de ce sentiment si fort et si mouvant, et tandis qu'il parle ses yeux si clairs reprennent peu à peu de l'épaisseur, de la profondeur et un éclat particulier que personne ne remarque, même pas son interlocuteur trop perdu dans la contemplation de son reflet dans le miroir.

-Il n'y a qu'une seule personne qui est capable de m'aimer sans jamais me blesser ou me faire souffrir, et c'est moi ! Hurle soudainement l'aîné, abattant brusquement son bras vers le sol, le miroir précipité sur le marbre explosant en mille morceaux brillants et acérés qui s'éparpillent sur le sol. »

Et sous les yeux effarés de Jimin les pièces de reflet se mettent à bouger, tressautant sur le sol avant de se rassembler en un même point, un vortex argenté prenant place un instant au milieu de la salle que plus rien n'étonne. En un battement de cils une silhouette s'élève, et quand le vent retombe il doit à son tour fermer les yeux très fort et les rouvrir pour être sûr que son pauvre esprit déjà bien éprouvé n'a pas crée une hallucination de plus. Jin se tient devant lui.

En réalité non, ce n'est pas Jin, mais un double encore plus éthéré, on le croirait presque transparent tant il est pâle et ses yeux sont cette fois entièrement rouges mais c'est la même stature altière, la même beauté frappante, les mêmes lèvres boudeuses et surtout le même rire, qui sort des deux gorges en une horrible résonance qui vrille les tympans de Jimin, ce dernier incapable de lever les mains pour protéger ses délicats pavillons de la symphonie diabolique. Le double s'avance d'une démarche robotique, comme une sinistre poupée commandée par un obscur marionnettiste, et en un instant elle se place à côté du vrai Jin, les deux formant ainsi les deux reflets parfaits d'un miroir invisible. L'image est tellement dérangeante que le jeune homme aux cheveux argentés à envie de hurler.

Et l'horrible spectacle n'a même pas encore commencé. D'un même mouvement les deux silhouettes se tournent l'une vers l'autre, et après avoir toutes deux lancé un regard torve au garçon agenouillé devant eux ils se jettent l'un sur l'autre, leurs lèvres se rencontrant dans un atroce bruit de succion. Jin est en train de s'embrasser goulûment, ses mains se baladant sur le dos de l'autre qui se cambre, gémissant exactement à la même fréquence que son alter ego. Pris d'un haut-le-cœur Jimin se plie en deux, mais il n'a rien à vomir, alors il s'étrangle à moitié pendant que sur le piédestal Jin fait presque l'amour à son reflet. Il ne sait pas pourquoi, mais cette scène lui paraît tellement contre-nature que son rejet devient physique.

Et puis il sent des doigts se poser sur son dos, leur aura glacée traversant immédiatement l'épaisseur du pull qu'il porte. Les petits poids graciles se déplacent ensuite en petits mouvements circulaires qui l'apaisent immédiatement. Doucement Jimin tourne la tête et rencontre le regard si sombre du pianiste, qui paraissent presque ne pas le voir tant ils sont voilés. De honte, de fatigue, de mort qui s'approche, d'amour, il ne le sait. Et il n'en a d'ailleurs rien à faire quand il se contorsionne pour attraper la main froide et blanche qui le réconforte, la manipulant avec délicatesse. Doucement il pose ses lèvres pulpeuses sur un de ses doigts, soufflant légèrement dessus dans une vaine tentative de lui insuffler un peu de chaleur, sa chaleur.

Il le sait, il le sent, c'est bientôt la fin. La fin d'eux, la fin du monde, la fin de l'amour, la fin de cette existence sans queue ni tête, toutes les perspectives restent ouvertes. Et c'est à lui d'agir, à lui de plonger pour précipiter ce coup de rideau sec et brutal, coupant les comédiens de la salle sans qu'ils puissent écouter les huées ou les applaudissements des spectateurs sans visages qui se jouent d'eux. Alors avec délicatesse il se penche vers son musicien, un air enfin apaisé sur son visage d'ange. Et lentement, choisissant lui-même de ralentir le temps pour posséder pleinement cet instant il pose ses lèvres sur celles de Yoongi. Rien qu'un baiser plume, un baiser d'amour volatil comme un flocon de neige. Mais pour autant il n'empêche pas son aîné de happer ses lèvres dans un regain d'énergie, et participe même à ce baiser désespéré, avec tant de choses à l'intérieur. Rancœur, douleur, peur, mais l'amour submerge tout, les gouttes amères se perdent dans l'océan salé de larmes ravageuses.

Ils le savent tous deux, ce premier baiser est également le dernier. Alors Jimin ferme les yeux très fort et sombre corps et âme dans ce contact charnel, ses mains parcourant le visage marqué de Yoongi, remettant quelques mèches de cheveux rêches en place, essuyant les larmes qui se sont remises à couler, essayant d'apprendre en un instant les moindres creux et pleins de ce visage qu'il a appris à distinguer sous la couche de luxure qui le recouvrait. Du bout de ses doigts il redécouvre un homme, un simple humain dont l'existence ne tient plus qu'à un fil. Et l'espace d'un instant il frôle le bonheur du bout des doigts.

Puis après une petite infinité il quitte les lèvres de Yoongi après une dernière caresse, et ouvre doucement ses prunelles. Et il voit le bonheur, fugitif et fuyant accroché au petit sourire que le musicien arbore. Puis ce dernier lève doucement le bras pour tirer la manche de Jimin, incapable de parler mais soucieux d'attirer son attention. Puis en voyant que son cadet l'écoute il pointe l'espace derrière lui, invitant sa muse à relever la tête. Et le regard à nouveau plein de vie du jeune homme rencontre deux silhouettes enlacées. Comme un miroir bien moins malsain que celui de l'incarnation de l'orgueil Taehyung et Jungkook s'embrassent à perdre haleine, essayant désespérément de cristalliser leur amour. Leurs corps sont en contact le plus maximal, comme si chaque cellule de peau était animée de la même force de l'attraction envers l'être aimé. C'est un magnifique spectacle, et les doigts de Jimin se resserrent sur ceux de Yoongi qu'il refuse de quitter.

Puis, presque comme s'il suivait un schéma prédéfini sa tête pivote à nouveau, cette fois de l'autre côté. Le jeune homme entouré de cette muraille de flèches n'est plus seul. Une silhouette évanescente semblant irradier de l'intérieur s'approche à pas légers, puis s'agenouille délicatement afin d'enlever quelques éléments de cette forêt acérée, et pénètre ensuite dans ce cercle privé. Là, la personne perd quelque peu de son éclat mais rien de l'aura de douceur et de tranquillité qui la drape d'un halo brillant. Elle prend peu à peu les traits d'une femme d'âge moyen, et son identité n'est pas un secret dans cette salle, sa ressemblance avec le garçon aux cheveux de feu parlant d'elle-même sans recourir à aucun langage tangible. Hoseok s'éveille doucement, comme tiré d'un sommeil trop profond, et quand ses yeux embués rencontrent ceux bienveillants de l'apparition un mot un seul quitte la barrière de ses lèvres avant qu'il se jette dans les bras fins qui l'attendaient.

« Mama.. »

Détournant pudiquement le regard, choisissant de laisser l'intimité à ses retrouvailles filiales, Jimin souffle doucement, expirant l'air trop lourd de ses poumons souffrants. La solution paraît désormais évidente. Lui et son musicien déchu, l'ange noir et son chérubin, l'archer et sa mère, tous sont réunis autour d'une seule figure qui semble tout d'un coup chasser la froideur de la pièce, Amour. Et il ne manque plus qu'un élément, plus qu'une petite pièce à glisser pour que le puzzle se complète. Namjoon doit lutter contre le péché qui l'envahit et rejoindre son promis, cet homme-même complètement perdu dans les brumes de l'orgueil qui l'aveuglent et qui lui font croire à tort que la pâle copie qu'il étreint avec passion est la véritable incarnation de ce sentiment si clair.

Jin justement semble entrer dans une colère encore plus noire. L'amour véritable qui circule autour de lui semble accentuer ses propres failles, et sur son visage les fissures s'agrandissent, craquelant cette image si parfaite d'angélique convaincu. Entre ses bras qui se rigidifient étrangement la silhouette de son alter-ego paraît s'évaporer avec un sinistre cri qui résonne à l'infini dans l'immense hall, devenant fumée sombre qui s'envole vers les  =cieux, se leurrant sur sa véritable place, les Enfers. Des sons inarticulés sortent de sa bouche rouge comme un fruit tentateur, et lentement il se tourne face à Jimin, une ombre prenant de l'ampleur derrière lui et le grandissant infiniment, comme une vision de cauchemar dissimulée dans l'inconscient tortueux qui surgit au détour d'une nuit sans lune. Il fait un pas, puis un autre, mais quelque chose ne va pas, il paraît étrangement rigide, et le jeune aux cheveux lunaires comprend qu'il se change peu à peu en statue damnée, s'effritant de plus en plus, redevenant poussière. Car tu es poussière et tu retourneras dans la poussière.

Mais la transformation de son corps de chair et d'os en marbre froid et dénué de vie semble alimenter encore plus son ire dévastatrice, et avec l'énergie du dément il avance encore, hurlant atrocement quand une craquelure de trop apparaît sur son poignet et que sa main se détache, se fracassant au sol avec un sinistre craquement. Mais l'orgueil enragé ne s'arrête pas, et fonce tout droit sur Jimin qui n'a le temps que de lever les bras pour se protéger après avoir poussé précipitamment son amant sur le côté. Il se prépare au choc qu'il sait potentiellement mortel et pour Jin et pour lui, mais juste avant l'impact il voit du coin de l'œil un éclair vert se précipiter sur eux avant qu'un poids lui écrase la poitrine, et qu'il tombe en arrière droit dans les ténèbres de l'inconscient qui ne lui paraissent désormais que trop familières.

Tu déambules tranquillement dans le couloir de ton immense demeure,appréciant le moelleux de la moquette qui étouffe le bruit de tes pas ainsi que ton reflet que tu ne peux t'empêcher de regarder en passant devant les innombrables miroirs installés là à ta demande. Ton père n'a même pas bronché devant ce caprice, après tout pour lui il est plutôt normal d'avoir des désirs incongrus lorsqu'on a autant de moyens que ta famille.

Après un dernier coup d'œil dans le grand miroir au cadre doré qui jouxte la porte du bureau de ton père, tu gratifies la porte de trois coups secs avant de pénétrer dans la grande pièce claire où derrière un large bureau de bois précieux ton père se tient, ses sourcils se soulevant mécaniquement devant ton apparition. Tu te dis qu'il doit sûrement se féliciter d'avoir engendré une progéniture aussi belle à regarder que toi, et ce constat te fait te redresser un peu plus, bombant fièrement le torse et faisant ressortir tes larges épaules dont tu es si fier.

« Bonjour fils, quel vent t'amène donc ? Te demande le vieux bonhomme, remettant une mèche de cheveux colorée par le temps de gris anthracite derrière son oreille.

- Bonjour père, j'aimerais que tu tues des gens pour moi, au plus vite. »

La demande pourrait paraître incongrue, totalement déplacée, mais au lieu de s'esclaffer ton père rajuste le col de sa chemise d'une main tout en te demandant le motif de cette demande d'un ton on ne peut plus sérieux.

« Ces gens me harcèlent, parce que ce ne sont que de vulgaires vermisseaux comparés à moi ils me mettent à l'écart, m'insultent sans arrêt et ont déjà tenté de me frapper. Ils me traient de monstre d'orgueil, d'égoïste et de gosse de riche, ainsi que d'autres horribles paroles que je n'ai même pas retenu, ces dernières étant entièrement indignes d'être prononcés par ma bouche. Je leur ai déjà sommé de s'arrêter, qu'ils me devaient le respect, mais ils ne m'écoutent pas. Alors je veux que tu leur donnes une leçon, définitive.

-Je comprends fils, mais ne penses-tu pas que les tuer est un peu, extrême comme solution ? Nous pourrions envoyer des mercenaires les tabasser un bon coup, ils sont jeunes je suis sûr que cette leçon-là leur suffirait.

-Tu ne comprends pas père. Personne n'a le droit de me manquer de respect, moi, Kim Seokjin, fils du patron de la plus grande famille coréenne, à la tête d'une firme célèbre dans le monde entier ! Ils ne mériteraient même pas de contempler ma beauté, ils devraient ramper plus bas que terre comme les pitoyables vers qu'ils sont. Ils doivent mourir »

Sur ces terribles paroles Jimin rouvre les yeux, mais ne voit que du noir. Il a le sentiment que le souvenir n'est pas fini, qu'il manque quelque chose, et qu'un élément extérieur l'a fait quitter ce monde onirique où il cheminait pourtant à reculons, son corps éthéré se crispant face à l'atroce vérité du passé de Jin. Il pousse un cri étouffé quand autour de sa gorge s'enroulent soudain des doigts d'une froideur de pierre, et que le visage au regard fou de l'orgueil personnifié apparaît devant ses yeux. Immédiatement ses mains viennent à la rencontre de la meurtrière amputée de sa jumelle qui tente de l'étrangler mais il a l'impression d'une lutte sans issue. Il se débat pourtant, donnant des coups de pied dans le vide, cherchant désespérément un appui dans ce Néant angoissant.

« Alors Park Jimin.. tu ne pensais tout de même pas que je serais le seul à monter sur la balance du Jugement Dernier ? Tu n'es pas blanc mon cher, ton âme est aussi noire que les ténèbres qui nous entourent, articule difficilement Seokjin comme si ses cordes vocales se dotaient également de cette rigidité minérale qui envahit son corps cellule par cellule. Et je vais te le montrer. »

Sur ces mots, les doigts blancs se resserrent encore, et Jimin sent l'inconscience ramper vers lui avant de le submerger, vague implacable dirigée vers son propre passé. Enfin, il va connaître l'origine de ses propres démons.

Tu marches d'un pas lent, ralenti par le point de douleur juste au dessus de ta hanche. Ce fils de pute ne t'a vraiment pas loupé cette fois-ci. Mais ta grimace d'inconfort se transforme en sourire tordu lorsque tu rappelles à tes souvenirs la tête qu'il arborait quand tu es parti. Ouais, toi non plus tu ne l'as pas loupé.

Arrivé devant la porte familière, tu souffles un bon coup avant de rentrer,t'attendant déjà à une avalanche de reproches. Et ça ne loupe pas, sa voix t'assaille avant même que tu aies pu retirer tes chaussures.

« Tu m'expliques ce que tu faisais dehors à cette heure-ci ? »

Sa voix est trop aiguë pour tes oreilles, mais si tu te les bouches elle va complètement péter un câble, et tu n'en as aucune envie. Min Ha peut hurler très fort quand elle veut. Et dire que tu l'avais choisi car elle paraissait douce et effacée.

« Rien du tout, je te l'ai déjà dit j'ai travaillé tard, soupires-tu, le mensonge coulant tout seul de ta bouche.

- Oui comme d'habitude quoi, répond durement ta copine, ouvertement railleuse. Tu mens vraiment comme tu respires Jimin.

- Je n'ai rien fait d'accord alors c'est quoi ton problème ? Rétorques-tu, de plus en plus irrité. Tu n'es pas d'humeur pour une scène de ménage, tu as mal à la tête et ta blessure à la hanche te lance, tu aimerais juste prendre un anti-douleur et aller dormir.

- Mon problème ? S'offusque la jeune femme, son joli visage légèrement rouge de colère. Mon problème c'est que je suis tombée amoureuse d'un gamin débile dont la vie est seulement gouvernée par ses caprices personnels et puérils. Et je n'en peux plus de tout tes mensonges, je suis à bout de forces de dépenser toute mon énergie à m'inquiéter pour toi et à attendre que tu reviennes de tes escapades à la poursuite de tes pulsions incessantes, souffle-t-elle, soudain très lasse. »

C'est sûrement la première fois que Min Ha met des mots aussi précis sur votre situation. Et dire que sans vraiment le savoir elle aussi fait partie des-dits caprices. Mais aveuglée par son amour pour toi elle n'a jamais réalisé que tu l'avais tout simplement volé à son copain de l'époque qui était ton meilleur ami. Mais ce n'est pas de ta faute après tout, elle était tout simplement irrésistible dans cette robe verte, resserrée au niveau de sa taille fine par un ruban de satin d'un noir profond. Tu n'as pas résisté à l'envie de la faire tienne. Et quand l'autre vous avait découvert, c'est toi qu'elle avait choisi. Quelle satisfaction de voir l'autre aussi défait ! Il avait obtenu ce qu'il convoitait, et ce frisson qu'il ressentait dans la poitrine était la meilleure chose qui existait au monde.

Mais pour toi une fois que la chose convoitée entre en ta possession, elle perd tout son intérêt. C'est tellement plus amusant de déployer des trésors d'inventivité pour faire céder les récalcitrants et accéder à son envie que de faire ensuite durer le plaisir. Le bonheur est dans l'éphémère, et tu l'as bien compris. Et te servir te ton apparence innocente et de ta belle gueule est devenue ta spécialité.

« Mais je t'aime, tentes-tu, histoire d'apaiser la situation. »

Rien de plus faux, évidemment. Park Jimin n'aime pas, il convoite, utilise et jette. Combien de fois avais-tu couché avec autre qu'elle depuis que tu habitais ici ? Combien de fois t'étais-tu battu pour obtenir un rail en plus, une partie de jambes en l'air supplémentaire, même la dernière part de gâteau au chocolat sur la table familiale ? Impulsif, gouverné par tes plaisirs et tes envies dévorantes, tu t'engageais corps et âme à cette quête sans cesse renouvelée.

« Tu n'es qu'un menteur Park Jimin,assène-t-elle, acide et désabusée. Regarde dans quel état tu t'es mis cette fois. »

Bien sûr elle a vu les blessures sur ton visage d'ange et le sang sur ton t-shirt. Elle est peut-être trop sentimentale mais pas crédule. Elle sait, elle devine tout, mais elle reste. Au nom de quoi ? L'amour, cette blague. Pour toi, ce sentiment n'est que pour les faibles, ceux qui sont trop timorés pour chercher plus, bien plus que cette situation plate et ennuyeuse. Tout sentiment constant te fait horreur, que serait une vie sans cette adrénaline de chaque instant ? Comme la sienne, enchaînée à toi par les liens si discrets mais si forts d'Amour. Tu la plains tellement, mais tu ne dis jamais rien. Après tout ça t'arrange, ça conforte ton égo, ça te rassure. Tant qu'elle sera là, tu pourras continuer cette vie inconstante, cette course continuelle vers là où ton cœur te porte.

« Tu vas finir par te tuer, soupire soudain Min Ha, qui de découragement s'est affalée sur le fauteuil, repliant ses jambes sous elle.

- Ne dis pas n'importe quoi, répliques-tu d'un ton sec alors qu'enlever ta veste te laisse échapper un gémissement de douleur, attirant son regard courroucé.

- Et tu étais où exactement ? »

Oh non, elle insiste. D'habitude tu t'en sors avec deux ou trois reproches et un regard noir, mais ce soir elle en a apparemment assez que tu t'en tires si facilement. Mais tu n'es tellement pas d'humeur, et sa voix est trop aiguë, et tu veux juste aller te coucher.

« Tu étais avec qui exactement ? Un vendeur de drogue, une fille, un de tes énièmes "copain super génial" ? Pourquoi tu t'es battu cette fois ? Ne fais pas cette tête, je sais pertinemment que tu cherches encore un mensonge, mais j'en ai plus qu'assez de tes mensonges tu m'entends Park Jimin ? Je ne suis même pas sûre de savoir vraiment qui tu es, tu mens en permanence, à tout le monde, pour tout et n'importe quoi !! Tu ne t'es jamais mis une seule fois à ma place, moi qui ai quitté Soon Young pour toi ? J'ai quitté ma ville, mon appartement, mon copain pour toi, j'ai tout abandonné, et voilà comment tu me remercies ?? »

Elle est hystérique désormais. Debout, les cheveux en bataille, les yeux brillants, elle a l'air folle. Et elle accentue ton mal de tête. Portant une main à ton front, tu lui demandes de se taire, mais ça ne fait qu'encourager son accès de rage. Elles'approche de toi et commence à te marteler le torse de ses petits poings en te hurlant à la figure. Sa voix est trop aiguë, trop aiguë...Tu es prêt à tout pour la stopper, tu ne désires désormais qu'une seule chose, la faire taire.

En un instant, sans que tu le voies venir, tes doigts se retrouvent sur sa gorge gracile. Tes yeux croisent les siens, y lisent de la surprise et très vite de la peur. Elle a peur de toi, cette folle. Maintenant qu'elle ne peut plus parler, une nouvelle envie prend possession de ton corps et fait naître un petit sourire sur tes lèvres pulpeuses, tandis que Min Ha désormais paniquée essaie de se dégager à grand renfort de coups de pieds.

« Calme-toi mon ange, susurres-tu en continuant à comprimer sa trachée, voyant son visage rougir à chaque seconde un peu plus alors qu'elle suffoque. Tu n'as rien à me dire sur ma conduite, je vis ma vie comme je l'entends, ce n'est pas de ma faute si tu es assez bête pour croire que l'amour est la clé de tout ce merdier. »

Tu la relâches alors, et elle s'effondre par terre en toussant sous ton regard dégoûté. Tu la trouves soudainement pathétique ainsi, à pleurer sur le tapis. Bon au moins elle a arrêté de hurler, tu peux enfin aller chercher ce foutu médicament et aller dormir. Mais alors que tu fais volte-face, un choc sur ton épaule te fait plier en grognant de douleur.

Tu te retournes et tu la vois, debout, sa tête dans un état épouvantable, ravagé par les larmes et les stigmates de la strangulation. Cette garce vient de te lancer la télécommande de la télévision en plein dans l'épaule.

« C'est fini Jimin, je ne me plierais plus jamais à tes caprices, c'est fini, je n'en peux plus, sanglote-t-elle compulsivement, tordant les bords de son gilet à l'en déchirer entre ses mains tremblantes. Tu n'es qu'un connard mythomane, égoïste et complètement malade ! Comment j'ai pu tomber amoureuse d'un type comme toi ! »

Et ça y est, elle recommence à crier. Sans arriver à contrôler ton corps, te voilà sur elle, assis sur son ventre, une main agrippant ses cheveux et l'autre son cou que tu te remets à serrer. Ça commence à bien faire toute cette agitation, alors quand elle se débat et qu'elle tente de te faire lâcher prise, tu cognes sa tête par terre. D'abord une fois, deux fois, puis de plus en plus vite, de plus en plus fort, tandis que ton autre main l'empêche de reprendre son souffle. Ses coups se font moins rigoureux, moins violents, et soudain son corps s'affaisse complètement. Ses yeux sans vie roulent une dernière fois dans leurs orbites, semblant t'accuser une dernière fois.

Étrangement, une partie d'une de vos conversations revient à ta mémoire tandis que tu te relèves en tremblant. Elle t'avait affirmé que si tu ne te tuais pas avant, tu allais finir parla tuer. Finalement, elle avait raison. Hébété tu contemples son cadavre, pas très sûr du comportement à adopter. C'est toi qui l'a tué, c'est tes mains qui se sont retrouvées là, dans ses cheveux, sur sa gorge. Mais c'est ton envie de la faire taire qui t'a commandé, alors tu ne peux pas être coupable n'est-ce pas ?

Et si c'était juste une façon de te leurrer ? Ce sont tes envies après tout, tes sentiments. La réalisation t'empêche de te tenir debout plus longtemps. Tu viens de la tuer, elle est morte par ta faute, et la tienne seulement. Un bruit indéfinissable s'échappe de ta gorge, entre le gloussement nerveux, le sanglot refoulé et le cri d'horreur. Et là, on sonne à la porte, te faisant violemment sursauter.

Tu ne sais pas où tu trouves la force de te lever et d'aller répondre, ni la tête que tu as fait quand tu as reconnu le mec devant toi, mais tu as très bien senti la lame s'enfoncer dans ta chair, te tailladant l'abdomen tandis que le mec que tu avais amoché peu de temps auparavant te crachait dessus des insultes à tout va. Le juste retour de bâton, comme on dit. Min Ha aurait parlé de karma.

Puis il te laisse, tu vois à travers ton regard flou ses jambes quitter le palier et s'engager dans l'escalier. Et avant de sombrer, quelque chose te vient à l'esprit, et te brûle tout entier. Tu n'avais jamais été capable d'aimer, de toute ta vie tu n'avais jamais connu Amour, et les quelques larmes qui coulèrent sur le plancher sale furent les seules manifestations du regret qui empoisonna ton dernier souffle.


En ouvrant de nouveau les yeux, Jimin voit qu'il est toujours au même endroit, dans le Néant sombre et froid. Les mains de Jin ne l'étranglent plus, mais il sent toujours la brûlure de ses dextres sur sa peau fine et pâle. La silhouette de l'Orgueil se tient face à lui, son sourire moqueur le ramenant en face de ses propres fautes.

Je suis un monstre, voilà ce qui tourne dans son esprit perturbé, ces seuls mots forment à eux-seuls un ouragan dévastateur, et en un geste brusque il se replie sur lui-même, son cœur brûlant le faisant infiniment souffrir. Il est toujours tellement plus simple d'accuser les autres, d'énumérer un à un tous leurs défauts, mais lorsque c'est nous qui nous retrouvons sous l'œil du juge tout-puissant, comment supporter sa lumière qui nous aveugle et ne camoufle rien de toutes les fautes accumulées pendant une vie décousue et déconstruite. Comment peut-il encore se considérer comme normal, comme digne de vivre avec le poids si lourd de son péché sur les épaules ?

Il n'a jamais eu autant envie de quitter son corps, de se défaire de cette si honteuse enveloppe charnelle comme on se déshabillerait avant de plonger dans l'eau purificatrice qui nous débarrasse de chaque saleté accumulée, nous laissant infiniment plus léger, l'âme éclaircie. Il est un instant tenté de croire à un mensonge, à une manipulation mentale, mais au fond de lui il sait que c'est la vérité, que cet homme au regard dur qui a étranglé sans remords sa petite amie, c'est lui.


« Alors Park Jimin, ça change n'est-ce pas de se retrouver de l'autre côté du miroir ? Qu'est-ce que tu penses de tes exploits passés, impressionnant n'est-ce pas ? Décidément de nous tous tu es celui qui cache le mieux ton jeu, sous tes apparences frêles et fragiles tu es sûrement le pire. Tu n'es qu'un menteur mon cher, ajoute-t-il avec une jubilation évidente, son sourire s'élargissant presque trop, donnant un côté clownesque à son visage totalement craquelé.

- Attends, nous ne sommes pas à armes égales, annonce soudainement le jeune homme jusque là recroquevillé qui se redresse, le visage étonnamment impassible. »


Comme en réponse au calme de Jimin le visage de Jin est agité d'un tic nerveux, et il tente de se donner une contenance en l'interrogeant d'une voix forte sur la signification de ses paroles. Il n'a le temps de ne faire aucun mouvement avant que son adversaire se jette sur lui, les précipitant tous les deux vers la vérité non achevée de l'incarnation de l'orgueil.


« A nous deux Seokjin, plus de dissimulations, voyons un peu ton passé clair et entier.. »


Après ta demande, ton père a convoqué ses hommes pour un conseil. Cela t'irritait plus que raison qu'il doive tergiverser, mais un peu d'attente serait grandement compensé par le résultat. Finalement ton père accéda à ta demande, après tout l'argent te rendait intouchable, formant un mur doré de protection autour de toi et de ta famille. Et par les meurtrières de cette haute barrière, tu visais ces trois personnes qui te gâchaient la vie. Quand le détail des opérations fut réglé, tu demandas tout simplement d'assister à l'exécution. Tu voulais voir la peur dans leurs yeux, entendre leurs supplications pathétiques et les voir souffrir comme ils t'avaient fait souffrir.

A ce moment tu avais vu que ton père avait fléchi, comme s'il avait peur du ton presque gourmand avec lequel tu évoquais la mort prochaine de ces empêcheurs de tourner en rond. Mais il ne s'y était pas opposé franchement, alors le soir venu tu étais monté dans ce van noir et discret, qui s'était faufilé dans la nuit de velours pour aller arracher les trois fautifs à leur vie tranquille de petit scélérat pour une lente agonie. Savoir que tu étais à l'origine de cette idée te faisait naître des frissons de fierté devant l'échine. Et pendant toute la soirée ton sourire ne fait que s'agrandir tandis que tu assistes tour à tour à l'enlèvement puis à la torture des trois personnes qui t'ont selon toi manqué de respect.

La nuit est bien avancée quand tu t'avances dans l'entrepôt sombre, te gardant bien de salir tes chaussures hors de prix avec le sang qui constelle le sol en tâches sombres et poisseuses. Au milieu les trois garçons se tiennent agenouillés, maintenus par les trois colosses qui les ont fait souffrir sans relâche pendant de longues heures. Pas une seule seconde tu ne considères leur sort cruel ou injuste, seulement mérité et parfaitement en adéquation avec ce qu'ils ont osé te faire. Lentement tu t'approches d'eux, les dominant de toute ta fière taille.


« Alors les trois vermines on fait moins les malins d'un coup n'est-ce pas ?

- Tu es..un. grand...malade, articule l'un d'entre eux, du sang dégoulinant de sa bouche tandis que les mots s'arrachent de sa gorge meurtrie à force d'avoir crié.

- Absolument pas, vous n'avez que ce que vous méritez, assènes-tu, te redressant encore plus tout en essayant de conserver ton port altier malgré la colère qui bout en toi. Nous allons commencer le final messieurs, lances-tu ensuite aux trois hommes de main. »


Comme tu l'avais prévu, trois ballons remplis d'hélium sont prêts pour toi. Les trois sphères argentées projettent leur éclat dans l'immense pièce obscure et donne une atmosphère décalée à l'ensemble du tableau. Chaque ballon dans tes mains représente la vie des trois garçons devant toi, ainsi leur vie ne tient littéralement plus qu'à un fil, et c'est toi qui est totalement au contrôle de cette machination dramatique. Le clou du spectacle, l'apothéose est proche.


« Un ballon qui s'envole, une vie qui s'éteint. La règle est assez simple pour vous bande de misérables ? »


Ne recevant aucune réponse, ce qui a le don de t'énerver encore un peu plus, tu lâches une des ficelles, et un coup de feu retentit dans le silence nocturne suivi du bruit mou du corps sans vie qui s'effondre sur le sol dur et froid. Un frisson que tu ne t'expliques pas parcourt ton échine, et un petit rire sec te secoue tandis qu'un des deux survivants se met à sangloter comme un bébé, te suppliant de l'épargner et alimentant ton hilarité. En t'essuyant les yeux où perlent quelques larmes de rire tu lâches le deuxième ballon qui s'envole immédiatement tandis que le second coup de feu ôte la vie au deuxième de tes anciens harceleurs qui sanglote une dernière fois avant de s'effondrer comme le premier.


Il ne te reste alors plus qu'un ballon. Une vie à arracher, et il te suffit juste de desserrer tes doigts, juste assez pour que la ficelle glisse hors de ta portée, doucement d'abord, puis de plus en plus vite, entraînée par la grande sphère brillante qui s'élève ensuite vers le plafond. Par curiosité tu lèves la tête pour tenter d'apercevoir sous le toit sombre de l'entrepôt si tu vois les deux autres, quand un coup de feu claque dans l'air. Pourtant tu n'as pas lâché le ballon.


Interloqué tu baisses de nouveau la tête, et tes yeux s'agrandissent devant la scène qui s'offre à toi. Le troisième garçon s'est dégagé de l'homme qui le maintenait au sol, a réussi par miracle à lui subtiliser son arme, arme dont le canon est pointé droit sur toi. Comme au ralenti ta tête se baisse encore, vers ton propre corps, et vers la tâche écarlate qui s'étale, immense et à l'intensité presque douloureuse sur ton pull d'une grande marque de haute-couture. C'est alors qu'un grand froid s'empare de toi, et qu'à ton tour tu t'effondres, dans le silence général.


Un nuage fait de mains empressées s'agite au dessus de toi, mais tu es trop loin en toi pour songer à les chasser. La réalité s'est imposée à toi, crue et violente. Tu vas mourir, sans que jamais quelqu'un t'aie témoigné un amour pur et sincère comme tu en as toujours rêvé. Alors sur ce sol de plus en plus froid au fil des minutes, tu sanglotes comme un enfant, et entre deux hoquets chuchote ces mots, tes derniers mots.


« J'aurais tellement voulu que quelqu'un m'aime vraiment. »


La tête de Jimin heurte quelque chose de dur, ce qui le fait se reculer précipitamment et perdre le lien onirique qu'il entretenait avec Jin. Frottant doucement la zone douloureuse, il s'aperçoit que ses pieds nus reposent désormais sur une surface chaude et douce, mais il est toujours dans un noir profond, et ne distingue strictement rien autour de lui. Après quelques inspirations cherchant à calmer les battements effrénés de son cœur suite à la vision qu'il a eu du passé du jeune homme aux cheveux roses, il arrive à suffisamment se calmer pour pouvoir observer autour de lui, et remarquer que non seulement Jin se trouve à environ trois mètres de lui, immobile, mais qu'une tierce personne les a rejoint dans ce Néant aux allures de Purgatoire. C'est leur ultime épreuve, tous deux en sont convaincus, mais le prétendu juge de cette farce humaine révèle son visage en faisant quelques pas en avant.

La dernière pièce du puzzle se place, tout devient soudain plus clair, si Namjoon se tient là, les yeux brillants et les lèvres étirées en un léger sourire, c'est pour combler le trou béant dans le cœur de Seokjin.

Ce dernier paraît ne plus pouvoir bouger du tout, son corps devenant chaque seconde plus statue que chair, plus marbre qu'organes palpitants, plus minéral qu'animal. Alors c'est le géant qui s'avance à grandes enjambées très lentes, presque solennelles. Il se plante en face de la personnification de l'orgueil, défiguré parles fissures qui s'élargissent de seconde en seconde, et se penche doucement à son oreille, chuchotant des mots que Jimin n'entend pas,mais dont la force le frappe de plein fouet, le faisant vaciller sur ses appuis fragiles.

Puis Namjoon caresse doucement la joue pâle de son amour, ses doigts attrapant des fragments de marbre ainsi que des larmes qui dégoulinent le long de son poignet, puis se penche encore un peu, un tout petit peu plus, jusqu'à ce que ses lèvres viennent effleurer celles de Jin. Puis le baiser prend de l'ampleur, bientôt la fine silhouette de la statue humaine est enserrée entre les bras puissants de l'homme qu'il aime, et tandis que sous la pression son corps tombe peu à peu en poussière, des larmes de joie continuent à s'écouler de ses yeux soudainement adoucis.

Et lorsque dans un craquement final il finit de disparaître complètement, un grand bruit résonne dans l'espace, comme du verre que l'on brise, et soudain Jimin se sent tomber dans les ténèbres, perdant instantanément tout repère. La chute se fait interminable, il a l'impression de tournoyer sans but dans un océan sombre et peu rassurant.

Puis tout s'arrête. Il ne tombe plus, mais ne sait toujours pas où il est. Où est le haut, le bas ? Où est-il ? Existe-t-il encore ? Est-ce ça qui les attendait après avoir chacun découvert son passé et le péché qui les habitait ?

Un grand feu prend soudain naissance dans sa poitrine, le faisant hurler de douleur. Entre les vagues incendiaires de souffrance il entend comme un écho à son propre supplice six voix, six chants de détresse. Unis dans le péché, ils ne font plus qu'un. Un éclair de douleur encore plus fort passe dans le bas de son dos, et un grondement qu'il sent venir tout droit des profondeurs de la terre résonne dans le noir.

Jeon Jungkook, Acedia

Un autre éclair, cette fois sur son poignet.

Jung Hoseok, Avaritia

Deux éclairs simultanés au dessus de la clavicule, en symétrie, qui lui font manquer un couple de battements de cœur, lui coupant la respiration.

Kim Taehyung, Ira

Kim Seokjin, Superbia

Encore deux décharges déchirantes, cette fois sur les deux côtés de son bassin. Celui de gauche le frappe tout particulièrement, et il sait que s'il s'était tenu debout sur une surface tangible il se serait effondré en convulsant.

Kim Namjoon, Gula

Min Yoongi, Luxuria

Et enfin, la dernière de toutes, qui scelle à tous leur destin en suspendant leur souffle, laissant le silence s'introduire en eux, rampant sur leur peau glacée et pénétrant en eux, balayant chaque battement cardiaque, chaque pensée trop bruyante et chaque cri étouffé. Seule la voix d'outre-tombe claque une dernière fois,avant de s'effacer définitivement.

Park Jimin, Invidia


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Enfin, nous nous retrouvons pour ce final, ce dernier chapitre qui a mis tant de temps à arriver. Vous ne pouvez pas savoir à quelle point je suis désolée de vous avoir fait attendre aussi longtemps, mais des tas de facteurs ont fait que voilà la fin a mis trois mois à arriver, et je m'excuse sincèrement, j'ai honte quand même...

Mais l'important est là, ce très grand chapitre de fin, presque 7000 mots, qui contient énormément d'informations. Le passé de Jin, celui de Jimin, et surtout la fin. La fin du manoir, la fin de cette fiction. Ne vous inquiétez pas si tout ne vous semble pas clair où s'il reste des questions en suspens, l'épilogue arrivera un peu plus tard dans la soirée.

En attendant, n'hésitez pas à me faire part de vos impressions, de vos hypothèses sur la fin, que se passe-t-il à votre avis ? Quelles sont vos impressions sur Jin, sur Jimin, est-ce que vous vous y attendiez ?

Et pour les questions plus générales je vous laisse la possibilité encore un peu de poser vos questions avec #AskTSM pour que je les identifie clairement, sur les personnages, l'écriture, d'où viennent mes idées, mes inspirations, etc...

Je suis vraiment très heureuse de vous retrouver, vous m'avez énormément manqué, je vous fais de gros bisous et à ce soir pour l'épilogue,

Alex.

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