Kenyan ~ 16.2
Je criais de l'intérieur, les larmes ne voulant toujours pas couler.
Pourquoi ?! Pourquoi Dany ?! C'était l'homme le plus dévoué que je connaissais. Miella n'allait pas s'en remettre, ils s'aimaient tant et à cause de moi, ils n'avaient même pas pu se faire leurs adieux.
Soudain, mon père reprit ses esprits. Après tout, il n'était lié à Dany que d'une simple relation d'Alpha à loup, rien de très concret et il redevint calme au-dessus de moi.
- Dommage, c'était un bon petit loup, faute à toi s'il s'est fait tuer. Tu n'es qu'un bon à rien, incapable de devenir un prêcheur comme tes frères et ta sœur. Tu te rends compte, même une fille est devenue plus estimable que toi ! siffla-t-il.
J'étais à moitié sourd, n'écoutant que d'une oreille son discours.
Je venais de perdre ma mère et mon meilleur ami. Et pourtant, je respirais encore, même si ce n'était que très léger. J'étais encore vivant alors qu'eux ne l'étaient plus. Je voulais hurler, déverser ma peine contre tous ceux l'ayant causé.
J'étais remonté contre mon père depuis toujours. Quant à Thelos, je ne l'appréciais pas, mais ce qu'il avait fait à Elya, la forçant à tuer Dany, je ne lui pardonnerais jamais. Dès que j'en aurais fini avec l'homme se tenant en face de moi, je ne pouvais décemment plus le nommer "père", je m'occuperai de son cas. Si Elya ne le faisait pas avant.
Je savais que ce coup d'État causerait des pertes, mais je m'étais voilé la face à les imaginer. J'avais préféré rester aveugle face aux atrocités de ce règne, causé dans le sang et dans les larmes.
- Je peux te dire que j'étais heureux de constater à quel point la propre dirigeante de mes ennemis, détestait l'un de ses propres "enfants", continua-t-il son récit comme si rien ne s'était passé.
Comme s'il n'avait pas les mains poisseuses du sang d'innocents qu'il avait ordonné de tuer. Il n'avait pas été le bourreau de ces actes meurtriers, mais c'était bel et bien de sa faute que des cadavres s'empilaient. Pas que dragonniers par ailleurs, il y avait des suicides de loups qui ne supportaient plus soit d'en tuer d'autres, soit d'être sous les ordres de mon paternel aliéné. Et, plus rarement, des humains étaient comptés parmi les morts, juste parce que mon père s'amusait à les chasser, les considérant comme du vulgaire bétail. Lorsque je repensais à tous ça, j'avais encore plus envie de le tuer, que son sang putride jaillisse de ses veines et que ses yeux se révulsent.
Je voulais qu'il meure et qu'il souffre. La bête en moi se réveilla enfin, décidant de porter le deuil à plus tard. Je tâchais de masquer sa présence à Baltros pendant qu'il prévoyait un plan pour nous sortir de là.
- Et quelle fut ma surprise lorsque j'ai appris sa liaison passée avec mon prisonnier prêcheur ! s'égosilla-t-il d'un rire qui n'aspirait qu'à des cauchemars.
Tous plus sombres les uns que les autres.
- Kenyan ! Tes ombres ! réussit enfin à me faire voir clair mon loup.
Je savais que ça avait été dur pour lui, de constater qu'il n'était qu'une partie de moi. Mais maintenant, il s'accommodait de ma partie dragonnier et je crois même qu'il appréciait Onélia.
- Tu vas...payer, lança une voix à mon dos que je reconnaissais bien.
Profitant du manque d'attention de Baltros, je m'esquivais de son emprise à travers mes ombres.
Mon frère tenait ma mère dans ses bras avant de l'éloigner du prochain combat qui allait faire rage. Mon p...Baltros chercha à lui faire manquer d'air à son tour mais il échoua.
- Avant de nous empoisonner, vérifie qu'on n'est pas immunisés contre ton venin, lui asséna mon frère en faisant craquer ses articulations.
Puis, il se jeta sur lui, son poing percuta la mâchoire du roi et ce dernier cracha du sang avant de s'éloigner de son fils.
Dans l'ombre, je ne craignais pas quelque soit son pouvoir lié à l'air, car une ombre ne respirait pas.
- Ingrat ! Tu veux me tuer pour avoir mon trône ! s'énerva Baltros vis-à-vis de Boris.
Mon frère perçut mon ombre et je lui fis signe qu'il pouvait commencer à être sérieux. Je l'aiderai à mettre fin à ce monstre.
- Tu te trompes, ton trône ne vient qu'en second plan. Ce que je veux te voler, c'est ta vie, coupa court à la conversion mon frère en envoyant valser notre géniteur dans la pièce.
Il jura mais se releva bien vite.
- Tu as peut-être la capacité de bloquer mes attaques, mais est-ce que les autres dans ce palais le peuvent ? grimaça Baltros la mâchoire sûrement cassée et un œil déjà en sang.
Soudain, la pression de l'air se fit plus dense et Boris me lança un regard paniqué.
C'était maintenant ou jamais.
Écoutant mon instinct, je plongeais la pièce dans le noir.
- Lorsqu'on sera là-bas. Si on se retrouve à deux, n'hésite pas à tout obscurcir, m'avait dit Boris avant que l'on ne parte.
Je lui faisais confiance et sortit du sol, étant ombre mouvante dans mon propre espace. Je fonçais en pic contre le torse de mon père, qui m'aspergea les ailes de son sang, alors que je lui brisais des côtes.
Il chercha à m'empoigner mais ne se heurta qu'à du vide, je lui donnais un coup de tête et il partit s'appuyer contre le mur à son dos. Alors que déjà, Boris revenait en lui brisant le genou droit.
Il hurla de douleur...Un son si doux, si juste à mes oreilles. Nous allions le punir pour tous ceux qui ne le pouvaient plus.
- Bande de..., il ne finit pas sa phrase que je lui flanquais un coup de genou dans l'abdomen.
Juste pour être sûr qu'il ne tienne plus debout et que son sort sur le reste d'entre nous s'efface. Effectivement, il était maintenant à terre, tenant ses côtes et son ventre, l'air étant de retour à la normale. Ce n'avait pas été long et j'espérais que personne n'en avait été touchés, de près ou de loin.
- Pourquoi ! Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à vous priver d'air !? toussa-t-il en glaire de sang.
Profitant du moment de stupéfaction de l'homme devant moi, je demandais par notre lien télépathique ce qui me trotter dans la tête à Boris.
- Où est Miella ?
- Elle va bien, ne t'en fais pas, m'éclaira-t-il.
Ainsi, en sachant ça, je pouvais me donner pleinement au combat.
J'avais imaginé mon père fort, combatif. Mais il ne renvoyait que l'image d'un être craintif en ce moment même. Voyant que ses attaques ne fonctionnaient plus, il s'était comme recroquevillé contre le mur, le regard brûlant de haine.
Il faisait presque de la peine.
Presque.
- Vous êtes mes fils, vous ne pouvez pas me tuer ! se défendit-il car il savait.
Il savait qu'il ne gagnerait pas cette fois. Qu'il allait rejoindre les abysses de l'enfer, par les mains de ses enfants. Il tentait donc de nous déstabiliser. Sauf que nous étions là, devant lui, immobiles.
Et face à cette situation, je cherchais...cherchais...au moins un souvenir heureux en sa compagnie.
Kenyan était content. Il venait de réaliser un joli loup, taillé dans le bois avec l'aide de sa mère. Ce loup représentait son père, il était massif, il était beau. Kenyan avait toujours admiré la bête de son paternel, il espérait que lorsqu'il serait plus grand, lui aussi serait aussi fort.
- Allez, va lui donner, l'encouragea sa mère en désignant Baltros du bout des doigts, attablé à son bureau.
Kenyan était timide, il avait peur que son papa ne veuille pas de lui et de sa sculpture. Mais, Cécilia réussit à lui donner le courage nécessaire pour qu'il puisse s'avancer à petit pas de la pièce où son père se trouvait.
Il toqua à la porte, bien qu'elle soit ouverte. Baltros releva le menton et lui fit un signe de tête pour qu'il s'avance. Kenyan le regarda avec de petits yeux puis tendit le loup à son père.
- Tiens, c'est pour vous, se confondit-il entre vouvoiement et tutoiement.
Baltros prit l'objet le retourna pour observer le moindre défaut et finalement se mit à sourire.
- Merci Kenyan, il est très joli, lui certifia son géniteur.
Kenyan resplendissait maintenant d'un sourire radieux, alors lorsque son père lui fit signe de s'installer sur ses genoux, il y grimpa sans attendre.
- Regarde cette carte. Ici c'est nous, là c'est Iré et au loin là-bas, c'est le triangle maudit avec les îles No, Ro et Wa...
Je n'en avais qu'un seul, qu'un unique souvenir d'enfance à côté de mon père qui me souriait.
Qui me reconnaissait tout simplement comme son fils.
Puis, il ne l'avait plus j'avais fait.
Jamais.
Je sentis une présence dans mon dos, qui me rassura immédiatement.
Adki avait fait intervenir les dragons, cela voulait dire que la victoire était proche. Il n'y avait plus qu'une chose à faire. Onélia resterait dans mon ombre, elle n'interviendrait qu'en cas d'urgence.
Je formais une épée avec mon pouvoir, elle était tranchante et meurtrière.
- Qu'est-ce que tu crois faire Kenyan ?! Tuer ton propre père ? En es-tu seulement capable ? me prit l'actuel roi en grippe.
- Tu n'as rien d'un père. Tu es fou et ta folie doit prendre fin. Ici et maintenant, lâchai-je d'une voix sombre et rancunière.
Il osa me défier en ricanant, ce qui fut suivi d'un violent coup dans son abdomen par mon frère.
Plus de ricanements, rien que sa douleur entre ses toussotements.
Et je me rendis compte, qu'il n'avait jamais été fort. Qu'il n'avait jamais été courageux. Que cette façade qu'il se peignait n'était qu'illusoire.
Il était faible, lâche et stupide. Un roi décent aurait au moins eu la bravoure de se relever, alors que lui restait au sol, déjà vaincu. Il ne se battait pas, ne crachant que des inepties pour se défendre.
Mais ça ne m'atteignait plus...Il ne m'atteignait plus. Alors, quand je fis plonger mon épée d'ombre dans son cœur, que son sang jaillit, que ses yeux se révulsèrent et que sa main se posa sur la mienne, qui avait repris une contenance, je fus soulagé.
Je l'enfonçais encore plus loin, pour être sûr, pour en finir rapidement.
La légère prise qu'il entretenait sur mon poignet, se fit soudain plus lointaine. Il ne restait à la place de sa présence que du sang, le sien.
Boum.
Boum.
Bo...
Plus de battement, rien que le silence, et enfin la délivrance.
J'aurais peut-être dû réagir. J'aurais peut-être dû m'effondrer par la perte de mon alpha dans ma poitrine. J'aurais sûrement dû pleurer. Mais je ne fis rien de tout ça.
Je respirais uniquement.
Son corps s'était affaissé, son dernier souffle s'était évaporé et son cœur s'était éteint.
Baltros Stras était mort. Et cela ne me procura qu'un immense vide, que je ne savais comment reboucher.
- Kenyan..., s'approcha mon frère dans mon dos m'offrant son soutien en posant sa main sur mon épaule. Celui qui tue le roi, devient le roi..., me rappela-t-il préoccupé.
Je repris quelques peu mes esprits et réduis la distance entre nous pour pouvoir lui murmurer à l'oreille, les mots que j'avais tant voulu prononcer.
- Qui peut témoigner que j'ai tué le roi ? C'est toi qui mérites cette place Boris, je ne suis pas fait pour gouverner ici...
Il me rendit mon étreinte d'une tendresse fraternelle qui me réchauffa un peu. Je savais qu'il persistait encore de nombreux mystères que ma famille gardait cachés, mais j'abandonnais à vouloir les poursuivre.
Mon cauchemar s'en était allé, alors je pouvais enfin me permettre de lever le pied. D'arrêter de me torturer l'esprit pour des secrets dont je ne voulais peut-être pas savoir les réponses. Elles ne m'étaient pas vitales.
Justice avait été rendue, c'était tout ce qui comptait. Je savais que Boris deviendrait un bon roi, il avait été élevé pour ça d'ailleurs, mais il aurait sa propre façon de régner : une juste.
Puis soudain...une seconde douleur...plus puissante qui me fit tenir mon torse fermement.
On venait de perdre quelqu'un d'autre.
* * *
Hello tout le monde !
Alors, alors... ça y est Baltros est mort ! Heureux ? xD
Qui est donc la personne que l'on perd aussi à la fin de ce chapitre ? 😱
Bisous ♡
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