Kenyan ~ 15

Mon corps était douloureux après la nuit que je venais de passer. Une nuit...intense. Je m'étirais longuement dans mon lit qui dégageait l'odeur d'une certaine dragonnière. J'inspirais longuement le coussin à mes côtés, un sourire indécent placardé sur mon visage.

Mon loup était serein, apaisé d'avoir pu marquer Elya de nos crocs. Je l'avais laissé faire, je n'aurais pas pu l'en empêcher de toute manière. Et malgré la petite scène qu'elle m'avait fait à son réveil, elle ne s'en cacherait pas. J'avais noté sa queue de cheval, montrant sa nuque à découvert, dévoilant notre morsure.

Je me sentais bien, dans cette atmosphère, où mon odeur était mélangée à celle que...j'aimais.

Oui, j'aimais Elya.

Je finis par me lever et ne passant pas sous la douche, j'enfilai des habits et allai directement au salon.

Mon ventre criait famine, j'avais besoin de reprendre des forces. Il n'y avait quasiment personne lorsque j'arrivais. Je pris quelques tartines, que j'étalais de confiture et partis m'asseoir aux côtés de Deltris.

Ce dernier gronda à mes côtés, reniflant. Peut-être avais-je laissé à découvert quelques marques que m'avaient fait Elya ?

- Tu t'amuses bien ? grogna-t-il me réservant un regard noir.

Avait-il attrapé froid ?

- Comme un petit fou, répondis-je encore sous l'influence des hormones du bonheur.

J'amenais une tartine jusqu'à ma bouche mais fus stoppé dans mon geste par les poings de Deltris sur mon col.

- Comment oses-tu Kenyan ? Montrez ce genre de chose !

Il me plaqua contre le mur et j'en fus stupéfait.

- Ce n'est pas parce qu'Elya a besoin de temps que tu dois sauter sur tout ce qui bouge ! s'énerva-t-il faisant accourir Syfia au bout du couloir.

Elle tenta de s'approcher mais je lui fis un geste de main de me laisser gérer. Je retins un rire.

- Del'...vraiment ? Tu me crois capable de tromper Elya avec une autre ? insistai-je pour qu'il comprenne qu'il se méprenait grossièrement.

Soudain, ses yeux s'agrandirent. Il avait compris. Il me déposa doucement au sol et porta une main à sa nuque quant à l'autre, elle resta sur sa hanche.

- Ha...Je...C'est de ta faute aussi ! Tu as mal fait le ménage que la poussière en est toute retournée. Tu sais à quel point je crains la poussière, ça me met de mauvais poil, vu que j'en suis allergique ! me combla-t-il de reproches, ne voulant pas avouer ses torts.

Je ris, et Syfia partit dehors un léger sourire aux lèvres. Le reste du déjeuner se fit dans une meilleure ambiance, même si Deltris me faisait la morale sur comment me comporter avec Elya. Je ne l'écoutais que d'une oreille, trop occupé à réfléchir.

Aujourd'hui était prévu une séance de simulation. Je devais créer plusieurs ombres humanoïdes sur les possibles schémas que Graye avait envisagés, pendant que Syfia donnait l'illusion du château.

Je déambulais en attendant, je m'ennuyais. Même l'entraînement avec Onélia ne me divertissait pas.

Alors quand l'heure de passer aux choses sérieuses commença, j'étais surexcité. J'étais le premier arrivé dehors, lorsqu'une présence dans mon dos me fit soupirer de contentement.

Comme si je respirais mieux, plus naturellement.

Des mains froides et laiteuses se posèrent sur mon abdomen, une tête vint se loger entre mes deux ailes et un souffle régulier se perdit contre ma peau.

- Tu t'es lavée, remarqua mon loup ne sentant plus notre fragrance sur elle.

Un petit ricanement.

- Il va falloir remédier à ça..., déclarai-je laissant clairement présager la soirée.

Lassé de ne pas la voir, je me retournais entre ses bras. Je me noyais dans ses yeux de neige et finit par me pencher pour l'embrasser. Ça ne faisait que quelques heures qu'on ne s'était pas vus, et pourtant je revis au contact de ses lèvres. Notre étreinte dura jusqu'à ce qu'un raclement de gorge nous interrompit.

- Ce n'est pas pour vous déranger mais Kenyan, c'est à toi de jouer, les autres sont déjà en place. Et je dois t'emprunter Elya, prévint Dany.

À contre cœur, je laissais Elya partir avec lui, pendant que je rejoignais Deltris et Luc.

J'inspirais, me concentrant. J'imaginais mes ombres, les modelant à ma façon, leur donnant des apparences diverses. Puis devant nous se matérialisa Thelos. L'un des nombreux ennemis que Graye avait prédit qu'on pourrait rencontrer.

Nous nous jetions dans le tas, mais mon ombre était aussi forte que pouvait l'être mon frère et le combat fut rude, mais bientôt secondé par un autre ennemi, Baltros.

Les combats s'enchaînèrent, passant de simple soldats aux membres de ma famille. La journée ne fut qu'entraînement et fatigue. J'étais en nage quand Graye sonna la fin pour aujourd'hui. Je m'effondrais au sol et mes ombres se dispersèrent dans la nuit. Onélia vint me redonner de l'énergie, je n'avais pas cru que la création d'autant d'ombres me fatiguerait à ce point. Deltris me tendit sa main que je pris volontiers pour me relever. Et nous retournâmes tous au salon.

Adki avait préparé un buffet pour nous rassasier. Je m'installais autour de la table et Elya se précipita presque pour être à côté de moi. Lorsque je le lui fis remarquer, elle nia me disant que je prenais mes rêves pour la réalité. L'ambiance était festive et plaisante. Ma main reposa tout le long du repas sur la cuisse d'Elya ou sur le dossier de sa chaise.

Alors que nous avions finis et que certains partaient déjà se coucher, ma dragonnière de glace vint s'allonger contre mon torse en prenant place sur mes jambes. Elle leva les yeux et me sourit tendrement.

Mon cœur loupa un battement. Elle était si belle, si précieuse.

- À nous, rajouta mon loup dans ma conscience.

Je passais mes mains contre son buste dans un geste protecteur et me pencha dans son cou. Il y avait encore deux trois personnes autour de nous, mais je m'en fichais. Je me gorgeais de son odeur sucrée comme un drogué.

Elya était ma drogue. Elle caressa mes cheveux tendrement et nous restâmes ainsi tous les deux, se délectant de la présence de l'autre de longues minutes. Je ne voulais pas être ailleurs qu'à ses côtés.

J'aurais aimé que cet instant dure une éternité. Mais je savais que bientôt, dans trois jours exactement, cette utopie prendrait fin. Je souhaitais me ressourcer de la présence d'Elya au maximum. Alors, sans dire un au revoir, je pris sa main et la fit me suivre jusque dans ma chambre. Elle n'opposa aucune résistance.

Et une fois la porte refermée derrière nous, elle se jeta sur moi et mes lèvres. Elle emprisonna mes hanches de ses jambes et je tombais à terre.

Nos langues se tournaient autour quand nos sexes se frottaient sous la couche de nos vêtement. Elle déchira mes habits, j'aimais plutôt assez qu'elle soit au-dessus de moi, pendant que j'enlevais les siens rapidement. Je pris ses seins et joua avec, la faisant s'arquer contre moi.

- Kenyan...

Et nous fîmes l'amour à même le sol. Je ne savais pas à quel moment de la nuit nous réussîmes à retourner sur le lit mais elle était en boule contre moi dorénavant. Elle s'était endormie, je ne comptais pas depuis combien de temps, profitant de chaque secondes. Elle gigota contre moi dans son sommeil, faisant durcir ma queue.

Cette femme...

Elya se réveilla quelques minutes après, étendant ses membres pour les faire craquer.

Je l'avais épuisé aussi et je devinais sans mal qu'elle était courbaturée. À cause de moi ou de l'entraînement ? Je préférais la première option.

- Kenyan...Il faut que je te dise quelque chose, articula-t-elle préoccupée.

C'était si important qu'il fallait le faire dès le réveil ? J'embrassais son épaule lorsqu'elle me repoussa, je grognais.

- C'est important, s'il te plaît, ne me déconcentre pas..., dit-elle un sourire sur le visage.

Je soupirais vexé et croisais mes bras contre moi, ne la touchant pas. Elle leva les yeux au ciel face à ma réaction.

- Bien, au moins maintenant tu m'écoutes, déclara-t-elle en faisant la moue.

Elle était si belle, j'avais envie de la croquer...littéralement. Je repoussais cette pulsion, elle venait d'adopter une expression faciale sérieuse.

- Je suis une prêtresse du temps, et...Graye m'a demandé, si je me retrouvais en face de ton frère...de le tuer, elle fit une pause cherchant une réprobation de ma part qui ne vint pas, alors elle continua. Si l'occasion se présente, je le ferais sans hésiter Kenyan, termina-t-elle d'un ton sans appel.

La seule réponse que je pouvais lui offrir fut une étreinte et quelques mots dans un murmure.

- Fais-le et s'il se retrouve contre moi, sache que je le tuerai de mes propres mains.

Un léger blanc passa et elle soupira de soulagement contre mon torse.

- Prêtresse du temps alors ? J'aime assez..., remarquai-je malicieux.

Elle rougit alors que je m'étais décalé pour caresser son front, dégageant l'une de ses mèches derrière son oreille.

- C'est ça...Je dois encore m'y faire..., déclara-t-elle songeuse à son nouveau statut.

- Ça veut dire que tu es super forte ? Dois-je t'appeler Prêtresse ? la taquinai-je

- Humm...Je vais y réfléchir, répondit-elle à ma dernière question.

Un nouveau silence, laissant place à nos peaux de se coller, de s'apprivoiser.

- Comment tu gères ? dis-je cette fois sérieux.

Elle haussa les épaules.

- Je fais comme je peux, mais je ne suis pas encore parfaite..., constata-t-elle en faisant cette moue que j'aimais tant.

- Tu l'es pour moi, lui susurrai-je à l'oreille avant d'embrasser avec fougue son cou.

Je finis par m'endormir contre elle et ses caresses. Un baiser sur ma joue fut d'ailleurs ce qui me réveilla à nouveau.

Je grognais fatigué et une bise vint se poser délicatement contre ma tempe.

- Il faut te lever..., m'ordonna gentiment la voix d'Elya.

Toujours les yeux fermés, je la savais allongée contre moi et je la pris sans prévenir dans mes bras.

- Je ne veux pas. Toi, moi, dans ce lit, pour les deux jours qui suivent, tentai-je de la convaincre.

- N'importe quoi Kenyan, allez tu te lèves maintenant ou...je me lave, menaça-t-elle ce qui eut pour effet de me faire tenir sur mes deux jambes en moins de temps qu'il n'en fallait.

Elle me regarda avec un sourire de vainqueur.

- Je préfère ça.

Je m'habillais rapidement, hésitant à aller sous la douche. Elle faillit partir mais je pris sa main dans la mienne, l'entraînant avec moi dans la salle d'eau.

- Tu veux bien me frotter le dos ? quémandai-je vicieux.

Elle roula des yeux de mon enfantillage et finit par m'accompagner. Nous y restâmes bien plus longtemps qu'initialement prévu, avant de commencer une nouvelle journée de simulation.

Et les deux jours qui suivirent sur le même schéma, passèrent rapidement.

Trop rapidement, je n'étais jamais rassasié d'Elya, de son corps, de son odeur, de sa voix, de son rire.

Personne n'avait commenté notre rapprochement, mais tous l'avaient noté.

C'était dans cet état d'esprit que je me trouvais depuis une heure. Dans mon lit, je fixais le plafond. Ce serait notre dernière nuit, de paix, de calme. Lorsqu'Elya rentra enfin de son entraînement avec Graye, elle partit sous la douche directement. Je l'attendis cherchant à ignorer son tourment. C'était dur et je grinçais des dents pour garder mon sang froid et ne pas défoncer la porte pour la serrer fort contre moi.

Elle revint un peu plus tard et se blottit à moi, tel un animal blessé.

- Ça va aller, la rassurai-je en lui caressant les bras.

Elle se défit de notre étreinte pour venir s'agenouiller sur le lit.

- Qu'est-ce que tu en sais ? Même Graye ne peut pas tout prévoir. Et si je perdais tous mes moyens en face de Thelos ou si ton père me fait du chantage ou même pire si tu es capturé et..., je la fis taire en l'embrassant posant un doigt sur son menton.

Je la fis basculer sous moi, toujours lèvres contre lèvres, avant que l'on ait besoin d'air.

- Elya...Ça ira. Tu es plus forte que lui, tu l'as toujours été, je le sais, je le sens. Alors je t'en prie pour notre dernière nuit, pas de si, dis-je en cachant tant bien que mal ma propre inquiétude.

Alors qu'elle hochait la tête et qu'elle vint chercher mes lèvres à son tour, je faisais reculer au plus profond de mon esprit ma peur.

- Reviens-moi Kenyan, me fit-elle promettre pendant nos ébats nocturnes.

- Je reviendrais, lui assurai-je.

J'avais peur, pas pour moi, pour elle.

Peur de la perdre à nouveau.

Peur qu'elle s'éteigne entre mes bras.

Peur d'être seul.

Mes démons familiaux étaient devenus en parties les siens, par ma faute. Je devais me racheter.

Et pour ça, je devais mettre fin à ses cauchemars, en commençant par éradiquer les miens.

*   *   *

Hey !

Et un chapitre tout mignon, tout plein *₩*

Mais... la fin n'annonce rien de bon...

Des hypothèses ?

Je sais pas vous mais...Deltris allergique à la poussière qui ne reconnaît pas l'odeur d'Elya sur Kenyan dont le corps est marqué...de beaucoup choses. C'était épique XD

Sans compter ce chapitre, il en reste...6 ! Et oui, on approche de la fin mais surtout de la grande bataille finale !

À vos pronostics ! Qui va vivre ? Qui va mourir ?

Accrochez-vous car ça va s'enchaîner, révélations etc... ;)

Des bisouuus ♡

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top