Elya ~ 7

Quelques jours étaient passés et j'avais déjà repris l'intégralité de mes capacités. J'étais de nouveau celle que j'étais censée être.

Et c'était pour ça que j'avais choisi d'entraîner Kenyan au combat. Il était déjà d'un très bon niveau, mais j'avais utilisé ce prétexte pour voir comment les loups se battaient. Bien qu'il soit pacifique à l'heure actuelle, d'autres ne l'étaient pas. Il fallait donc se méfier de tous.

- On reste sur le fait qu'aucun de nous ne meurent ? plaisanta Kenyan en se positionnant à quelques pas devant moi, un sourire collé sur son visage.

Ça lui allait bien, de sourire. Il était beau et il le savait, alors pas besoin de lui préciser ce détail.

- Seulement si tu m'offres une meilleure prestation que notre premier...tête à tête, clarifiais-je rentrant dans son jeu.

Une sorte de reconnaissance régnait entre nous. On connaissait la puissance qu'avait l'autre et on n'essayait pas de se montrer prétentieux ou supérieur.

Alors qu'on aurait dû se détester, se tuer à chaque contact, se repousser continuellement, c'était le parfait opposé qui se passait. Je ne le haïssais plus, ne le rejetais plus. Je le laissais même m'approcher de temps en temps, inconsciemment, une caresse par ci, un regard par là. Mais lorsque je reprenais conscience de mes actes, je m'isolais. Loin de lui et de ses...sensations qu'il m'apportait. Je ne pouvais pas tomber sous son charme.

Impossible.

Impensable.

Infaisable.

On se regarda dans le blanc des yeux avant de bouger.

On commença par un combat au corps à corps, enchaînant les coups. Il lança son point en direction de ma joue, je l'esquivais et pris son bras en l'envoyant valser. Il roula au sol avant de redevenir aussi droit qu'un arbre. Son point fort était assurément son agilité, avantage lupin. Il me visa de nouveau mais au dernier moment, il se laissa glisser et vint prendre mes jambes des siennes. Je tombais lourdement au sol. Mon pied trouva son abdomen et il me relâcha presque étouffé par ma force brute, avantage dragonnier. Je le laissais reprendre son air et me relevais. Il avait réussi à ouvrir mon arcade d'où le sang coulait à flot. J'appliquais du givre dessus, le temps que Kenyan se relève.

- J'aime ! parla son loup en passant sa manche sur sa lèvre coupée, enlevant du sang.

Le niveau n'était plus le même que lors de notre première rencontre.

Il était plus fort, et je ne savais pas la raison de ce fait.

Il m'attaqua de nouveau et cette fois, on ne rigola plus.

Son poignet craqua entre mes doigts, mais ignorant sa douleur, il me frappa au tibia. Nos gestes étaient calculés, rapides. Je cherchais à l'atteindre au visage mais il se pencha suffisamment pour venir à la hauteur de mes côtes. Il m'en brisa trois alors que son poignet ne lui servait plus à rien.

Vu de l'extérieur, on aurait pu croire à un combat à mort. Mais on s'amusait seulement, évaluant le potentiel de l'autre, comme les guerriers que nous sommes. Je reculais face à son coup et lorsque qu'il revint à la charge, je me décalais légèrement pour abattre mon point sur son dos. Ce dernier s'arqua et un grognement sortir de sa bouche.

Tout n'était plus que craquement d'os et de sang.

J'aimais ça, me battre, mais encore plus quand c'était contre Kenyan. Il était un loup, bien que sa nouvelle puissance pouvait insinuer plus que cette unique forme.

Je me pris un coup sur la nuque.

- On rêvasse ? demanda-t-il non sans attendre une réponse.

- Finis de jouer.

Et il comprit.

Il esquiva presque ma lame de glace qui lui entailla tout de même la joue profondément. Je souriais. Je sentais mon pouvoir couler dans mes veines et mes doigts devenir rigides, froids.

Il n'y avait plus aucune place pour la plaisanterie, seul le combat comptait. Seuls nos coups nous intéressaient. La violence, rien que ça.

À moitié loup, ses crocs percèrent la peau de mon bras, profondément. Et cette fois, ce n'était en rien pour me soigner. La douleur qui était pourtant sur tout mon corps, ne se rejoignit qu'à cet endroit.

Toujours à mon bras et le regard habité de son loup, j'envoyais un puissant pic de glace lui déchirer le mollet. Il relâcha sa prise dont je me défis volontiers.

On était tous les deux essoufflés, épuisés mais rassasiés. Cela faisait bien longtemps que je n'avais eu un adversaire de cette taille. Et c'était galvanisant.

On se regarda un instant, avant de s'écrouler à terre.

- Whoa ! prononça dans un cri et le poing en l'air Kenyan, qui commençait déjà à guérir.

Je m'autorisais à sourire. En tailleur, je vérifiais que toutes mes plaies étaient recouvertes de ma glace. Les loups, grâce à leurs meutes, pouvaient guérir rapidement. Hors, nous, les dragonniers ne pouvions être soignés qu'avec le contact de nos dragons. Et quand ils n'étaient pas dans le coin, on faisait avec ce qu'on pouvait.

Je n'eus le temps de souffler, que déjà une bourrasque fit voler mes cheveux sur mon visage recouvert de sang. Je me retournais pour voir Hodnir.

- Besoin d'aide mon flocon ? ironisa-t-il.

Il avait sûrement vu notre combat du haut de son perchoir et s'en était amusé.

- Ne rigole pas trop, lui répondis-je en roulant des yeux.

Lentement, ma main rencontra sa peau rugueuse et ses écailles. Nous fûmes entourés d'une belle lumière blanchâtre, d'où Kenyan porta sa main à ses yeux tellement elle était forte. Je sentis toutes mes blessures se refermer comme si elles n'avaient jamais existé.

- Merci.

- Je reviens d'ici peu pour la ronde, m'informa Hodnir avant de s'envoler de nouveau.

Soudain, je me retrouvais à terre, Kenyan au-dessus de moi. Il m'avait pris par surprise.

-J'ai gagné, se glorifia-t-il son souffle se mélangeant au mien avec douceur.

- Le combat est fini, ça ne compte pas, répondis-je légèrement perturbée par cette soudaine proximité.

Je ne cherchais pas à me débattre de sa prise pourtant si faible. Et il semblait heureux de ce fait. Ils tenaient mes poignets au-dessus de ma tête d'une seule main. Quant à sa seconde, il la posa sur ma joue m'accordant une nouvelle chaleur. Il la caressa, et je ne réagissais pas.

Il lâcha l'une de mes mains et je passais cette dernière dans ses cheveux bleus comme la nuit. Ils étaient si soyeux, si beaux.

Puis nos regards se scellèrent. Je plongeais dans ses yeux noirâtres et me laissais m'y perdre. Totalement.

Je ne savais pas pourquoi. Peut-être que le toucher d'un homme comme lui m'intriguait. Je n'étais pas vierge mais disons que je n'avais jamais pris mon pied. Et puis, une partie de jambe en l'air sans sentiments, ça existe bien.

Alors avec Kenyan...

Je ne pouvais réfléchir plus que déjà ses lèvres prirent possession des miennes, pleinement. L'euphorie du combat nous faisait oublier le monde autour de nous, ceux que nous étions, l'un pour l'autre : des ennemis. Nous étions allongés dans l'herbe proche de la forêt d'Esberd, visibles à tous.
Mais je m'en fichais et j'oubliais tout ça et approfondi notre baiser déjà fougueux. Cela faisait trop longtemps qu'un homme ne m'avait pas intéressé autant. Et c'était réciproque, depuis le premier jour, je voyais à quel point Kenyan me dévorait du regard.

Je tirais sur ses cheveux et sa langue joua avec la mienne, découvrant. Avant de nous séparer par manque d'air, je lui mordis jusqu'au sang la lèvre inférieure. Ce geste lui provoqua un son rauque digne d'un homme. Je souris en l'entendant . Ses yeux étaient devenus complètement noirs que la pupille s'effaçait dedans. Nos souffles étaient rapides.

Pourtant, une douleur vive à mon œil droit me ramena à la réalité bien trop vite. Je pressais ma main sur ce dernier en gémissant. En me laissant ainsi m'évader, je n'avais été, qu'un court instant, vidée de tout contrôle. Et la douleur était revenue. Elle ne partait jamais mais je pouvais la faire taire.

Sauf là. Parce qu'il y avait Kenyan. Il s'était reculé pour me permettre de m'asseoir convenablement. Je le voyais à mes côtés paniquer.

- Hodnir ! criais-je à mon Similaire, le seul qui pouvait m'aider.

Il arriva la seconde suivante et déjà, il m'emprisonna sous son aile où enfin, je me permis de tout relâcher.

Je formais une couche de glace si épaisse que l'aile d'Hodnir y resta collée. Et pour un dragon de glace c'était quelque chose, presque impossible. Je repris ma respiration et me calma finalement, ayant réussi à éviter une catastrophe.

Mon œil droit reprit sa belle couleur blanche et la puissance qu'il détenait, venait d'être relâchée.

Il n'y avait plus de danger. Plus de danger. Et pourtant, je tremblais encore.

Pas de froid, mais de peur.

Et je détestais cette faiblesse que je possédais depuis ma naissance.

Embrasser et me laisser ainsi aux bras de Kenyan avait été une erreur. Je ne regrettais pas de l'avoir fait, mais je savais maintenant que c'était trop dangereux. Pour moi, mais surtout pour lui... Qui sait ce qu'il se serait passé si ma glace l'avait pour toujours annihilé.

Il était trop précieux pour l'équilibre de ce monde. Je voyais en lui, la seule solution pour un jour allier Loups, Dragons et Humains.

Il avait le sang royal, et le cœur juste. Il ferait les bons choix à l'avenir. J'en étais persuadée.

- Elya ! hurla pour la énième fois ce dernier.

- C'est bon Hodnir, tu peux me laisser sortir, déclarais-je à mon sauveur.

- Elya, c'est de plus en plus fréquent. Un jour, je ne serais pas si proche et alors..., je le stoppais.

- Et alors ce n'est pas près d'arriver, terminais-je alors qu'il me laissait sortir.

Kenyan me prit par les épaules, inquiet. Je le repoussais.

- Ton œil...Que s'est-il passé ? me posa-t-il comme question.

Curieux, il était beaucoup trop curieux envers mes secrets.

- Pas tes oignons, rétorquais-je glaciale.

Il sentit le changement de ton dans ma voix et se figea. Finalement, il reprit son expression faciale sérieuse, ne laissant filtrer aucune émotion. J'affichais la même aussi.

Il n'osa plus parler, ni même évoquer ce qui s'était passé.

J'enfilais mon masque accroché à l'aile d'Hodnir et nous montâmes sur son dos pour faire le tour de surveillance habituel. Kenyan était derrière observant toujours autant le paysage. Il était un grand observateur, surtout à mon sujet.

Il avait vu mon œil se ternir de rouge à deux reprises, néanmoins, il n'avait jamais abordé le sujet. Et pour ça, je lui en étais secrètement reconnaissante. Et puis, je n'aurais pas réussi à répondre aux questions qu'il m'aurait posé. Vu que moi-même, je ne savais rien de l'origine de cette couleur.

Pourquoi j'avais un œil d'une couleur opposée à l'autre ?

Aucune idée. Même ma mère de son vivant n'en savait rien, ou peut-être avait-elle préféré garder le secret.

- Elya, un petit semble perdu en bas, m'indiqua Hodnir pendant que je m'étais une nouvelle fois perdue dans mes pensées.

- On descend. Accroche-toi. m'exclamais-je.

Hodnir plongea en pic, mais au dernier moment il se retint d'atterrir brusquement. Le petit était au bord de la forêt d'Esberd et effectivement, il était paniqué. Sa chevelure blonde déjà longue m'empêcha de voir ses yeux et sa peau était blanche mais tâchée de quelques traces de rouge. Il avait dû rester trop longtemps au soleil. De ma hauteur, je lui donnais environ cinq ou six ans.

Il regarda Hodnir avec admiration avant de se cacher derrière un arbre. Une fois mon Similaire posé, je sautais au sol et enlevais mon masque. Je m'approchais lentement en levant les bras.

- Salut petit... n'aie pas peur. Je m'appelle Elya et le dragon, c'est Hodnir. C'est une vraie peluche, il ne te fera pas de mal, dis-je tendrement en tendant ma main vers lui.

Lentement mais sûrement, il se détacha de l'arbre et vint à ma rencontre. Et c'est là que je les vis : ses yeux.

Ils étaient magnifiques. Comme des diamants, ils reflétaient toutes les couleurs que le monde avait à nous offrir. De multiples arc-en-ciel trônaient dans son regard.

Lorsqu'il me regarda enfin, yeux dans les yeux, les siens devinrent l'écho des miens : L'un rouge et l'autre blanc.

Devant mon regard perturbé, il cacha ses yeux de ses mains et commença à pleurer. J'allais le rassurer lorsqu'il prit la fuite dans les profondeurs de la forêt.

Un regard à Kenyan et déjà on le suivit en accélérant le pas.

Alors que l'on s'enfonçait dedans un cri strident retentit. En utilisant mon lien télépathique à Syfia, j'appelais du renfort avant de partir au quart de tour en direction du son.

Kenyan n'était plus à mon dos, je devais être trop rapide pour lui et honnêtement, il saurait se débrouiller tout seul.

Soudain, une masse imposante s'écroula sur moi. Je poussais sur mes coudes pour que les pics de glace que je venais de créer à mon dos déloge mon adversaire.

Ça marcha et je pus me dégager assez pour lui faire face.

Une montagne de muscles me faisait face et ses yeux bleus me fusillaient littéralement du regard. Il me disait vaguement quelque chose mais je ne devais pas me concentrer sur ce détail.

Avant qu'il ne se jette de nouveau sur moi, je matérialisais mon épée de glace et un combat à l'arme blanche commença.

Il était fort mais pas autant que Kenyan. Sa masse l'empêchait d'être aussi rapide que lui. Je lui entaillais le crâne donnant à ses cheveux de blés, une belle teinte rouge. Étrangement, le sang n'était pas aussi conséquent que ce que je pensais. Ses gestes n'étaient pas précis, il me rata à de nombreuses reprises, même s'il réussit à atteindre ma cuisse. Il était aveuglé par la colère.

- Boris ! Arrête ! cria Kenyan le cœur dans la gorge.

Mon opposant se figea, se retourna et fondis sur Kenyan.

- Mon frère..., chuchota celui qui quelques secondes auparavant n'était que colère, ne devint qu'affection.

Une flèche que je ne pus arrêter, transperça l'épaule de Boris qui cria.

- Oups..., dit Syfia en arrivant à ma hauteur. J'ai gâché les retrouvailles.

Et je soupirais. Après le prince, c'était au tour du descendant légitime de faire son apparition dans nos vies.




*   *   *

Hello ! Vous allez bien ? Je reviens de vacance avec un très bon chapitre non :P ? Un petit bisou et un petit Boris au rendez-vous, allez hop XD

Je vous laisse à vos réactions ^-^

Bisous ♡

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