Elya ~ 11
/ Présence de scènes violentes /
/ Lecteurs, vous êtes prévenus /
La prise des cordages sur mes poignets était solide. Je ne pourrais pas tenter de les dénouer. Les acclamations amplifiaient autour de moi. Je devais sûrement être au centre d'une arène, jeter en pâture devant des loups, plus animaux qu'humains.
Le contact froid d'une aiguille vers ma jugulaire me fit presque sursauter.
- C'est l'heure de ta dose, petite Elya, murmura Stémis, sa voix s'insinuant comme un venin.
Tout de suite, l'acier se mit à dévorer mon être et le peu d'énergie que j'avais réussi à avoir pour marcher, s'envola aussitôt. J'étais si bien attachée que je ne tombais pas au sol. J'aurais préféré pourtant, juste tomber dans l'inconscient, mais la quantité d'acier n'était pas assez puissante pour ça. Ce n'était pas le but. On me voulait parfaitement réceptive à ce qui m'entourait.
Vu que mes yeux étaient strictement clos, je misais sur mon ouïe pour essayer de déchiffrer ce qui se passait. Soudain un silence s'abattit. C'était brut et pesant, presque étouffant.
- Cette dragonnière ici présente...à tuer votre souverain ! Elle que vous connaissez sous les traits de la Femme de Glace, a tué votre bien aimé prince ! D'un geste, elle a mis fin à sa vie ! Je vous autorise, vous donne le droit, de lui faire subir votre courroux. Mes chers sujets, défoulez-vous, prononça la voix du roi.
Et je compris.
J'allais servir d'attraction. Toute la frustration du peuple allait se réunir sur moi. J'allais servir de punching-ball.
On me lança un aliment sur la joue. Je ne bronchais pas. S'ensuivirent d'autres jetés de nourriture, ne savaient-ils pas que sur Iré, toutes choses comestibles, était gardées précieusement ?
Ne comprenaient-ils pas qu'à ce moment même, des enfants mourraient de faim ?!
Étaient-ils tous aussi inconscients ?
Une surface dure vint se loger sur mon front. Une pierre. Je restais calme malgré la pointe de douleur. Une autre et encore une autre se mirent à marteler mon corps. Je commençais, grâce à l'acier dans mon organisme, à avoir mal.
Vraiment mal.
Mais ils ne s'arrêtèrent pas, fruits et légumes, pierres et bâtons, laissaient des marques indélébiles sur mon corps. Je demeurais impassible, malgré la douleur, malgré l'humiliation qui manquait de faire sortir les larmes de mes prunelles.
De nouveau un silence, et des pas qui se rapprochèrent. J'imaginais qu'un membre de la famille royale, venait en ma direction, venir imposer lui aussi sa marque sur mon corps.
Mon corps devenu si inutile. J'étais pourtant forte, j'étais pourtant la meilleure et j'étais pourtant craint.
Je n'étais pas une animation quelconque, je n'étais pas dépourvue d'amour-propre.
- Elya c'est ça ? demanda une voix masculine que je ne connaissais pas.
Thelos peut-être ? Sûrement.
- Je vais te dire une chose, il se rapprocha dangereusement prenant mon menton entre ses doigts, pour accéder facilement à mon oreille droite. J'espère qu'il a souffert.
Et sans ménagement, il déchira mon haut, laissant mon sous vêtement visible.
- Mets des dessous sexy, on ne sait jamais ce qui peut arriver, si tard dans la nuit et dans la forêt en plus ! Loin de tout..., plaisanta Syfia alors qu'elle m'aidait à choisir des vêtements plus originaux, que je n'avais jamais porté.
Je lui donnais un coup à l'épaule. C'était juste un rendez-vous rien de plus.
Il continua de me tourner autour, m'insufflant de la peur. Il s'attaqua au tissu qui recouvrait mon dos et l'enleva aussi sec. La brassière qui retenait mes seins, partit avec, ainsi mes attributs, bien que petits, pendaient, mais ils n'étaient pas encore à la vue de tous.
Pas encore. Je tremblais, devinant la suite.
Non.
Je me regardais dans le miroir. Et pour la première fois depuis un long moment, je me trouvais belle.
- Tu es belle Elya, n'en doute jamais, m'assura mon amie avant de se positionner devant moi, mettant la paume de sa main sur mon cœur. Aussi bien physiquement, mentalement mais surtout ici. Tu as un cœur juste, et c'est ça qui m'a fait t'apprécier, la première fois qu'on s'est vues.
Je lui souris. Je ne me rendais pas forcément compte de la chance que j'avais d'être entourée par des personnes comme elle.
- Allez file maintenant, tu as un loup à retrouver ! dit-elle en me pressant les épaules.
- Syfia, ne dis..., cette dernière me coupa d'un doigt sur mes lèvres.
Elle se recula et mima de coudre sa bouche. Je gloussais face à son geste enfantin et partit en direction de la forêt d'Esberd.
Thelos se retrouva de nouveau devant moi, son ombre me couvrant du soleil. Il posa ses mains sur mes seins encore recouverts, les malaxant, m'arrachant une mine de dégoût. Ma réaction l'ayant visiblement plu, il rit. Avant de m'exhiber, dessous et haut à terre.
J'étais à nue, littéralement. La foule toujours autant silencieuse, observatrice de cette torture. Je baissais la tête, n'avait plus envie de la relever.
- Quelle petite chose fragile, s'adressa à moi Thelos.
Sa grosse main de monstre prit place sur ma joue, alors qu'une autre venait compressait mon sein droit. Il joua avec lentement, le pressant, le tournant dans sa paume de fer.
Je serrais les dents. Ne surtout pas crier. Ne surtout pas pleurer. La douleur invisible se propagea jusque dans mes os.
On me faisait mal.
On me souillait.
On...
Je ne pus réfléchir plus que je sentis la caresse de Thelos, descendre jusqu'à mon bas ventre, ayant fini de jouer avec ma poitrine légère.
- Je veux voir ce que tu pourrais m'offrir. Après tout, tu as tué mon stupide frère, je devrais te récompenser, continua-t-il d'une voix douce presque tranchante, qu'évidemment seule moi pouvait entendre.
Sa main qui était jusqu'à présent sur ma joue, rejoignis le côté opposé de l'autre. Ses mains sur mes hanches, il se rapprocha, me faisant sentir son excitation malsaine.
- J'aurais juste voulu voir tes yeux, me suppliant presque. Les yeux d'une femme sont si précieux....
Son souffle sur ma peau, son baiser chaste sur ma nuque et la bile qui montait.
- Te montrer si courtois devant tes sujets envers l'assassin de ton frère, n'est-ce pas interdit ? osai-je demander, cherchant une faille pour qu'il parte.
- Ils ne se souviendront de rien, ils n'auront aucun souvenir de ce que je ne veux pas leur montrer...Tes courbes sont à moi ! haussa-t-il la voix possessive.
Son loup. Son loup était là. Depuis le début ?
C'était pire, les loups étaient plus sanguins, plus...bêtes.
D'un geste lent, comme une lame qui venait écorcher mes jambes, il réduit en morceaux ma jupe et ma culotte, dévoilant mon intimité.
Il souffla dessus une fois à sa hauteur, et la bile continuait de monter.
- Magnifique, se permit-il de notifier.
Il ne tenta rien de plus, je n'aurais pas tenu. Je me serais frappée la tête contre le bout de bois à mon dos jusqu'à l'évanouissement.
Il se releva, laissant ses mains glisser sur mes hanches, mon ventre et mes bras.
Je tentais de me dérober à ses lèvres, mais sa prise sur mon menton était trop forte.
Ou était-ce moi qui étais trop faible ?
Je l'avais toujours été après tout...
Il m'embrassa à pleine bouche avant que je ne lui crache à la figure. Cela l'énerva mais surtout l'excita encore plus.
Je pouvais...le sentir. Et ça me fis un mal de chien, de l'avoir si près, à cet endroit-là.
- On va bien s'amuser, déclara-t-il en avalant assez bruyamment pour que je l'entende.
Il me baffa si fort, que j'entendis un craquement dans ma mâchoire.
Ce fut à ce moment, que la foule se remit à hurler, à plein poumon. Et les jets de pierres et tous ceux qui leur tombaient sous la main, reprirent.
J'étais sale. J'étais sale. J'étais sale.
Même si je sentis de nombreuses plaies se dessinaient sur mon corps, je ne voulais qu'une chose, m'en libérer.
J'avais honte. J'avais honte. J'avais honte.
Mon...corps, que j'affectionnais tant, avec lequel j'étais en harmonie, n'était plus bon qu'à jeter, qu'à donner à bouffer aux loups.
D'un coup, ma peau s'écartela. Un liquide chaud se répandait de mon cou jusqu'à mes pieds, en une ligne droite.
Je criais. Je criais. Je criais.
La brûlure était insoutenable, les acclamations se firent moins bruyante face à ma douleur, et je déposais les armes.
J'abandonnais ma fierté, elle ne me serait plus utile ici. Autant leur donner ce qu'ils voulaient, pour que ça se termine au plus vite.
Ils demandaient de la souffrance en paiement de la mort de leur prince, je leur soumettais la mienne.
Thelos, vu qu'il était le seul assez fou pour être encore à mes côtés, sortit quelque chose dont le son était celui d'une lame.
Et il coupa, chaque bout de chair déjà abîmés.
Tantôt je me retenais, tantôt je hurlais.
Mon dos criait grâce, l'acide dont il avait subi la coulée, semblait avoir arrêté sa course. Le sang se répandait à mes pieds, la douleur ne me quittait plus et les coupures me rappelaient que j'étais encore bien trop éveillée.
Je ne prenais même plus conscience que j'étais dénudée. Quant à mon pubis, il n'avait pas été outragé.
C'était tout ce qu'il comptait.
Je pouvais supporter le reste. Je le pouvais, n'est-ce pas ?
La chaleur et mon agonie me rendaient sûrement folle, à croire que l'on pouvait me répondre.
J'étais seule. J'étais seule. J'étais seule.
Je ne remarquais pas le nouveau silence, je n'écoutais pas non plus les paroles du roi, repoussant à plus tard les festivités.
Des festivités ? Une mise à mort serait plus juste !
Et ce n'est que lorsque je touchais le sol froid que je compris qu'on m'avait détachée. Un drap dont je percevais la douceur, se posa immédiatement sur moi. Pourtant, il me brûla le dos.
Je grimaçais.
On me prit par les bras et on me traîna sur le ventre.
Moi qui aurais aimé qu'on me porte, c'était bien trop demandé. Je ris jaune en repensant à la supposée torture qu'on avait infligé à Kenyan. C'était du pipi de chat !
On avait été trop gentil et j'en payais le prix.
Je retrouvais le contact du sol de ma cellule, des pas s'agitant autour de moi.
- Qui...est...là ? ma voix me semblait détachée de mon corps, comme si elle sortait d'un profond sommeil.
- Deltris et une gouvernante. On va te nettoyer, m'expliqua-t-il d'un ton grave.
Peut-être que lui...avait ressenti...de la compassion ?
Et cette simple pensée, d'avoir pu être prise en pitié par quelqu'un, me fit rouler de grosses larmes sur mes joues. Je portais mes mains pâteuses de sang à mes yeux et ne pus retenir mes cris, recroquevillée sur moi-même alors que les deux à mes côtés commençaient leur travail. Je vomis plusieurs fois, ressentant la douleur de ma mâchoire fêlée.
Toutes mes barrières, toutes mes convictions et cette confiance en moi, durement acquise, avaient été balayées, d'un geste de la main. Comme un grain de sable lors d'une tempête. Comme un pion sur un jeu d'échec.
Je n'avais jamais été forte.
Je n'aurais jamais pu l'être.
Tu avais tort Graye...
La situation s'annonçait mal, des loups nous coursaient sous leur forme animal. Nos dragons étaient postés plus en arrière, on devait les rejoindre. Nous étions allés sur leur territoire lupin, boisé, pour récupérer un enfant élémentaire.
- Je ne peux pas utiliser mon pouvoir, je risquerais de tout détruire, me prévint Graye calmement.
- Compris !
D'un geste rapide et fluide, je me retournais pour venir glacer le sol à mes pieds visant à déséquilibrer les loups.
Je ne regardais pas si mon œuvre avait porté ses fruits, mais Graye me leva son pouce, signe que ça avait sûrement marché. Je souris à cela. Malgré nos débuts difficiles, surtout de mon côté je devais l'avouer, je considérais maintenant Graye comme un frère. Il m'avait aidé à gérer mes émotions, à évacuer ma tristesse face à mon passé. Il m'avait appris à m'épanouir sur Iré.
- Un point pour moi ! Tu te fais mou Graye ! le taquinai-je gentiment.
- Tu crois ça !
Comme pour me narguer, il accéléra son pas et me dépassa.
- C'est plutôt toi qui es trop lente, ma petite El', me chambra-t-il à son tour.
Des hurlements à notre dos nous ramenèrent sur Turza. On n'était pas encore sortis d'affaire.
Maudits loups. On ne pouvait jamais être tranquille avec eux.
Finalement, nous vîmes Hodnir et Sred, le dragon de Graye, au loin. La petite élémentaire était déjà sur Hodnir, je soufflais de soulagement. On avait réussi notre mission périlleuse, il ne manquait plus que rentrer.
Je montais sur Hodnir et il n'attendit pas mon ordre pour se mettre à voler.
Je regardais en bas, et n'eut pas le temps de prévenir Graye que déjà, Sred se prenait une énorme boule d'acier en pleine gueule. Il tomba aussitôt et atterrit par terre, là où les loups l'attendaient. Il ne resta pas sonné bien longtemps.
Mon souffle se coupa...
- Graye ? tentai-je de l'appeler par notre lien télépathique.
Il ne répondit pas, jusqu'à ce que je voie sa tignasse rouge cachée par la carrure de Sred, se mouvoir au combat. Je n'eus pas le temps de souffler qu'il se prit une flèche en plein cœur et qu'il s'effondra au sol...disparaissant.
Littéralement.
Tout comme Sred.
Un seul murmure me parvint alors, ses derniers mots à mon égard.
- Tu es forte El', tu y arriveras sans moi.
Et je criais mon désespoir.
Syfia et Luc allaient pleurer.
Taze allait me détester.
Et moi...et moi...Je revivais la mort d'un être cher, impuissante encore une fois.
Je n'étais plus forte.
* * *
Hey... Je suis aussi mal en point que vous après ce chapitre. Il m'a été difficile de l'écrire, mais il est nécessaire pour la suite des choses...
Ma pauvre Elya T_T 💔 Elle perd toute confiance en elle, et se retrouve brisée à cause de ce co**ard de Thelos... Pensez-vous qu'elle parviendra à surmonter cette épreuve ?
Un autre aperçu de Graye...
Est-ce que quelqu'un arrivera à temps pour sauver notre Elya, avant que ce ne soit trop tard, physiquement et mentalement ?
Bisous ♡
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