Les ennemis de mes ennemis...

J'éjaculai sous la douche avec un grognement. Me branler n'avait pourtant pas suffi à me sortir ce loup de la tête.

Le si discret.

Le si droit.

Le si parfait Quinn.

Je ne l'aurais pas cru capable de faire ça. Cela prouvait que je ne le connaissais pas. Pour sauver son prince, il était prêt à tout.

Preuve de courage ou de stupidité ? Je n'en savais pas rien.

Serait-il prêt à ça pour quelqu'un d'autre que ce Kenyan ? À voir.

Je souris en repensant à ses joues rouges de désir et à son érection du à mes avances.

Mon physique.

Ma personne.

Moi.

Il pensait peut-être que je ne l'avais pas vu mais en tant que dragonnier de la lumière, franchement, je pouvais voir ce que je voulais sans qu'on ne le remarque.

Je me demandais comment il s'en était sorti...

Puis je ris. Je le voyais mal se soulager aux côtés de ses compagnons.

Bien fait.

Tu m'allumes mais c'est toi qui brûle.

Je n'avais pas ressenti une telle attirance pour un homme depuis...

Longtemps.

Cette simple pensée calma mes ardeurs et la nostalgie s'empara à nouveau de moi.

Graye.

Il était mort.

Il avait été mon premier vrai amour et même si sur la fin nous n'étions plus en couple, je n'avais pas pu lui faire mes adieux. Je vivais de regrets.

Parce qu'il avait été englouti par la terre. C'était les mots d'Elya. Dernière à l'avoir vu en vie. Et elle ne l'avait même pas sauvé. Elle l'avait tué à mes yeux. Je la considérais responsable.

Voilà d'où venait ma haine envers elle.

Qui se faisait engloutir par la terre sérieusement ? J'avais du mal à y croire.

Alors on le considérait comme mort, car depuis des années, il n'était pas revenu, n'avait donné aucun signe, alors il était mort et c'était comme ça.

Mon cœur se serra.

Graye...

Je décidai de me repasser un coup d'eau fraîche pour me griller les pensées. Ça marcha et sans demander mon reste, je partis me coucher, la lumière de la pleine lune filtrant dans ma chambre.

Sourire aux lèvres, je m'endormi.

Lucia me réveilla avant que le soleil ne se lève, pour qu'on puisse aller profiter des premières lueurs ensembles. Je m'habillai et sautai de la fenêtre pour atterrir sur ma dragonne.

- On y va ma belle, lui dis-je et elle ne se fit pas attendre pour prendre son envol.

Nous nous dirigeâmes jusqu'à notre coin qu'on affectionnait tant. C'était en haut d'une montagne une rivière à perte de vue et le lever du soleil à gauche et le coucher à droite. On surplombait la faune et la flore sauvage d'Iré.

C'était notre endroit.

- Ça commence, dit Lucia et nous nous délectâmes des premiers rayons chauds sur nos peaux.

Un vrai bonheur. Lucia se fit un plaisir de créer des rayons et de s'y fondre dedans, les reflets jaunes qu'elle renvoyait pourraient aveugler les humains ou les dragonniers nocturnes. Mais pas pour moi.

Elle m'envoya un rayon et je l'évitais de peu. S'ensuivit une petite guerre guerre avant qu'on finisse par s'allonger sur l'herbe regardant le ciel se colorer de rose, violet, orange, que de belles couleurs.

De quoi en prendre pleins les yeux.

Un cadre magique.

Ce que j'aimais le plus ici, c'était les décors majestueux que l'on avait. Je ne pourrais pas m'en passer.

- On va passer voir papa aujourd'hui, dis-je à Lucia.

Elle se releva et vint me donner un léger coup de tête sur la mienne. Elle était contente, elle adorait mon père et après tout c'était lui qui l'avait trouvé avant qu'on ne se trouve l'un l'autre.

Tous les deux, on lui devait beaucoup.

Il m'avait sorti des rues et de la pauvreté pour m'offrir un toit et un repas chaud tous les jours. Il n'était pas bien riche non plus, mais j'avais en partie grandi dans un foyer chaleureux où je savais qu'on m'attendait.

Et ça valait toutes les richesses du monde à mes yeux.

Je n'avais pas parlé de lui aux autres, même Graye ne savait pas qu'il existait. Parce que s'il m'arrivait quelque chose, je ne voulais pas que ça retombe sur lui. J'étais un guerrier après tout.

Alors, j'allais le voir rarement et pour beaucoup, je ne le voyais que pour qu'il fasse un bilan de la santé de Lucia. Il était un des vétérinaires du coin. Néanmoins, les dragons, ayant une santé presque irréprochable, n'étaient pas les principaux clients. Mais là aussi, il était peu commun d'avoir des animaux de compagnies sur Iré.

Parce que des animaux, il y en avait peu et qu'on préférait les manger. Question de survie.

Nous restâmes de bonnes heures perchés sur notre colline avant qu'on ne se décide à bouger.

Nous arrivâmes aux alentours de midi devant chez mon père. Lucia se posa dans l'arrière cour tandis que je passais par derrière pour rentrer dans les appartements privés de Zerys Trinon. Je n'avais pas pris son nom de famille, pour n'éveiller aucun soupçon.

Après tout, si j'étais devenu un guerrier c'est parce que je savais quoi faire de mes poings et que rapporter de l'argent à mon père me rendait utile. Ça avait été ma façon, comme ça l'était encore, de le remercier pour tout ce qu'il avait fait pour moi.

Même si je savais que le simple fait de me voir en bonne santé et épanoui était ce qui lui suffisait.

- J'ai vu une magnifique dragonne arrivée alors j'ai fait aussi vite que j'ai pu, arriva le propriétaire des lieux en venant m'enlasser.

Je lui rendis son étreinte constatant encore une fois qu'il vieillisait. Zerys était humain, et à ce titre, il vieillissait normalement. Des cheveux crépis virant au gris, sa peau noire ridée par endroits et sa barbe blanche me le confirmait.

Il se détacha de moi pour caresser la tête de Lucia avant de s'affairer dans la cuisine.

- Tu débarques toujours à l'improviste mon fils, je n'ai que des légumes pour le repas, fit-il en commençant déjà à sortir les aliments.

Je m'approchais de lui pour lui prendre la pomme de terre ainsi qu'un couteau.

- Va t'asseoir, je vais cuisiner, lui dis-je.

- Mais enfin c'est à moi de te nourrir ! insista Zerys.

- Papa entre nous, je cuisine bien mieux que toi, le taquinai-je et je me reçu une petite tape sur la tête avant qu'il ne capitule et se charge de mettre la table.

- Alors, comment ça se passe à l'auberge ? Il paraît qu'il y a eu une alerte il y a quelques jours. Je m'inquiétais..., admetta-t-il sans vouloir me faire culpabiliser.

Il s'inquiétait comme un père s'en faisait pour son fils.

- C'était des loups, lui répondis-je sans trop en dire non plus.

Même si je savais que Zerys ne dirait rien à personne.

Il parrut surpris et j'enchaînais en même temps que je m'attaquais à couper une tomate.

- Ils ne faisaient pas le poids face à nous, enfin face à moi, même si c'était pas faute d'avoir essayé, me vantai-je comme à mon habitude.

Mon père leva les yeux au ciel en soupirant.

- Tu ne devrais pas sous-estimer tes ennemis mon fils, ou ça pourrait te coûter, me fit-il la morale.

- Oui papa, réagissais-je presque insolent.

Nouvelle tape sur le coin de la tête.

Nous mangeâmes gaiement et Lucia réussit à passer sa tête par la fenêtre pour prendre part à nos échanges. Comme papa ne pouvait pas la comprendre, elle se servait de la lumière pour refléter des phrases ou des mots pour lui parler.

On avait nos habitudes. On était une famille après tout.

Je ne lui parlais pas de Quinn, ne jugeant pas le sujet comme important pour l'instant. Et je repartis dans l'après-midi.

Je rejoignis Luc et nous commençâmes notre tour de l'île. Il s'occupait du flanc gauche et moi du droit. Cela nous occupa, jusqu'à ce que je doive rentrer pour préparer le repas du soir.

Bien que je n'étais pas le gars le plus appréciable, surtout envers Elya, personne ne crachait sur mes petits plats. J'avais essayé un jour de marchander dessus, mais je m'étais fait remonté les bretelles quand ça avait atteint les oreilles de mon père.

"- On ne fait pas de chantage avec la nourriture. C'est un besoin vital. Ce serait comme demander de l'argent pour avoir la vie sauve"

Je ne me souvenais pas de tout son discours, juste de la conclusion : J'avais fait une bêtise.

Tandis que je rentrais à l'auberge, Lucia décida de s'éclipser. J'arrivais dans la cuisine et fit avec ce que j'avais à disposition, ce soir il y avait un peu de gibier. Je ferai donc une potée.

- On mange quoi ce soir ? déboula Syfia dans la cuisine.

- Rien si tu continues à me coller au cul, lui répondis-je pas gêner pour un sou.

- Au moins, je sais qu'il y a de la viande, j'en ai chassé tout à l'heure. De rien surtout, finit-elle par dire en sortant et je ris légèrement.

Le couteau tourna quelques instants entre mes doigts et je coupai ma carotte.

Un bon repas englouti plus tard, nous étions presque tous encore à table à discuter.

Soudain, nos sens se firent en alerte. Un mélange de sang et une senteur de loup emplirent l'air.

Une seconde plus tard, le prince loup, amoché au bras, rentra suivi de ses petits partisans.

Dont Quinn, qui fut le premier à ouvrir la bouche. Ça ne m'étonnait pas. Le voir, libre devant moi, me retourna un peu le ventre et je rejetai au loin les souvenirs de la veille.

- Nous savons que nous ne sommes pas les bienvenus, mais pourrons-nous avoir ne serait-ce qu'une chambre, s'il vous plaît ? demanda-t-il avec politesse.

Je me levai crispé.

- Pourquoi ce ne serait pas ton prince qui le demande ?le fixai-je intensément.

Il ne bougea plus et se tut, comme s'il cherchait ses mots.

- Ne rendons pas cette tâche aussi difficile qu'elle ne l'aie déjà..., s'invita dans la conversation Dany me faisant quitter le regard Quinn pour lui.

- Ce n'est pas si difficile pourtant. Je veux que le prince dont le père et ses prédécesseurs ont massacré nos familles, demande son hébergement. Qu'il montre une certaine gratitude, car si ça n'aurait tenu qu'à moi...Il serait déjà en miette, continuai-je.

Si je tolérais les petits loups, enfin surtout un en particulier, je n'avais aucune sympathie pour le prince.

Elya arriva et calma le jeu avant d'embarquer Kenyan à l'étage.

- Asseyez-vous, dit Luc tandis que je me rassis à ma place.

Syfia alla chercher des assiettes et je sifflai de mécontentement, grommelant dans mon coin.

En plus, Quinn avait fait en sorte de s'asseoir à mon opposé.

Avait-il peur de se faire manger tout cru ? À bien y réfléchir, ce n'était pas que ça me déplaisait, mais le pauvre devait encore être chamboulé de la veille et de l'effet que j'avais eu sur lui.

Les restes de ma potée leur fut servi et je croisais les bras sur ma poitrine.

- C'est vraiment trop bon, complimenta ma nourriture Dany.

- Évidemment que ça l'est, je fais pas de la merde, dis-je en grognant.

Quinn se figea dans son geste, assimilant que depuis le début, tout ce qu'ils mangeaient, était de mon fait. Il enfourna sa cuillère dans sa bouche sans plus de réactions.

- Même Quinn ne fait pas des choses aussi bonnes, se permit de commenter la seule louve présente.

Je me redressais légèrement, intrigué, piqué au vif cette fois.

- Ah bon ? fis-je de mon air le plus innocent. Ça veut dire que je suis meilleur que lui alors.

- Seulement en cuisine, réagit enfin le concerné sans m'adresser le moindre regard.

Je souris et ris. Touché dans sa fierté ?

- Pourquoi êtes-vous si ouverts avec nous ? demanda Quinn en regardant Syfia.

Visiblement, je ne faisais même plus partie du paysage, mais ça ne me vexa pas, car je savais qu'il dormirait avec moi ce soir.

Et les prochains soirs.

J'avais hâte.

- Les ennemis de mes ennemis sont mes amis comme on dit, lui expliqua Syfia avant que l'ambiance reprenne bien que plus lourde.

Je regardais les aiguilles de l'horloge tournées, impatient.

Je voulais bien me fondre dans la masse pour l'instant.

Mais plus tard.

Ce serait une toute autre histoire.

~~~~~~~~~

Les loups sont sortis !

Ce petit moment père-fils vous a plu ?🥰

Le début de la cohabitation commence...

Crip'

Prochain chapitre : Un pas en avant deux pas en arrière

Extrait :

Le dragonnier était parti dehors il y a de cela quelques minutes. Si je montais maintenant et que je m'endormai, il ne se passerait rien, n'est-ce pas ?

- À demain, fis-je à la petite assemblée tandis que je me dirigeais vers les escaliers.

- Si ça t'intéresse, la chambre de Taze est au bout à gauche, m'indiqua Syfia et je me figeais.

Je savais où était sa chambre, parce que je suivais bêtement son odeur.

Mon loup l'avait déjà mémorisée et c'était presque s'il ne se roulait pas dedans.

Lâcheur.

- Merci Syfia, lui répondis-je en gardant un visage sans faille.

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