03 𓏲࣪ le pull à étoiles
⊹ ִֶָ𓏲࣪ cause i a sky full of
stars, i think i saw you ꒱ ‧₊˚
Dans l'esprit de Suzume Yashiro, les gens étaient comme des étoiles. Certaines brillaient de tous leur feux, comme les sportifs du lycée. D'autres encore paraissaient si proches d'elle, mais pourtant, même en tendant sa main, elle ne pouvait pas les toucher. Les étoiles comme sa meilleure amie étaient trop angoisées pour se rendre compte d'à quel point leur petite lumière éclairait la vie des gens.
Elle se demandait tous les jours comment elle apparaissait aux yeux des autres. Jamais elle n'aurait osé demander son avis à qui que ce soit, bien sûr. Mais elle pensait n'exister que par ceux qui étaient proches d'elle. Après tout, certaines étoiles reflétaient l'éclat des autres pour subsister.
Parfois, la brunette se prenait à rêver qu'elle était le protagoniste d'une histoire comme celles des films qu'elle regardait avec sa couverture en peluche, sur son canapé. Une de ces filles courageuses, éblouissantes et magnifiques qui trouvaient toujours un moyen de réaliser leurs rêves, en rencontrant le grand amour sur le chemin.
Quand elle ouvrait les paupières, elle n'était qu'une jeune fille un peu trop maladroite. Mais ce qu'elle partageait avec les héroïnes à la télévision, c'était sa détermination et la passion qui brillait dans ses prunelles sombres. Si elle n'était pas encore assez bien, elle pouvait toujours le devenir avec un peu de ténacité et un peu d'aide du destin.
C'est pourquoi, quand elle consulta son téléphone le premier mardi de septembre, cliquant sur la notification du club d'audiovisuel, la cinéaste sourit comme elle ne l'avait jamais fait auparavant : elle venait de trouver l'opportunité de devenir célèbre. Tout ce qu'elle avait à faire, c'était de suivre l'équipe de volley-ball de Karasuno pendant leurs entraînements jusqu'à ce que l'hiver se termine. Selon sa professeure, cela pouvait lui donner la chance que ses vidéos passent sur une chaîne de télévision nationale !
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Le premier entraînement auquel elle assisterait se déroulerait le soir même, une perspective qui l'enthousiasmait autant qu'elle l'angoissait. Elle s'était renseignée auprès du coach, qui lui avait assuré qu'il préviendrait les joueurs de son arrivée — ce qui l'arrangeait bien, car elle préférait éviter de devoir se présenter elle-même.
La jeune fille ouvrit une nouvelle fois son petit carnet bleu nuit. Le soir précédent, elle était restée debout jusqu'à ce que les lampadaires brillent dans les rues, à écrire des idées de scénario et ses plans de cadrage en compagnie de son chat roux et d'un thé chaud. A en croire son père, l'anticipation était sa meilleure amie quand il devait réaliser un film, c'est pourquoi elle avait tout préparé avec une précision digne d'une secrétaire.
La page qu'elle consultait avec attention était décorée de traits de surligneur de toutes les couleurs. Marchant d'un pas rapide dans les couloirs, Suzume tentait de déchiffrer son écriture tremblante de la veille lorsque qu'un choc vint l'interrompre. Elle tomba au sol la tête la première, son sac s'écrasant à ses côtés alors que son carnet glissait devant une paire de chaussures noires.
— Encore toi, soupira une voix. Je ne suis même plus surpris, à force.
La brune n'eut même pas le temps de répliquer qu'une main la remit debout, et elle se retrouva face-à-face avec le même sourire qui hantait ses rêveries depuis la cinquième, celui-ci actuellement plissé de manière légèrement moqueuse.
Koshi Sugawara, vice-capitaine de l'équipe de volley, et accessoirement le garçon auxquel elle songeait à chaque fois qu'elle écoutait Paper Rings, se tenait devant elle. Ses prunelles dont la couleur cendrée imitait à merveille celle des lourds nuages dans le ciel se posèrent sur sa silhouette.
— Ca fait quoi, cinq ans qu'on se connait ? Et tu es toujours aussi maladroite.
— On change pas une équipe qui gagne, rétorqua la brunette en haussant les épaules. En tout cas, je suis désolée, j'aurais dû faire plus attention.
— Ne t'en fais pas pour ça, la rassura le blond avec un doux sourire ( Suzume prit une photo dans sa tête dans le but de se réconforter pendant les jours de pluie ).
Le sportif replaça son carnet dans ses mains, lisant ses écrits avec un regard interrogatif.
— Tu t'intéresses au volley maintenant, Yashiro ?
— Pas vraiment, soupira l'intéressée. C'est pour un projet d'audio, je dois filmer les séances — mais attends, le coach vous a prévenus, normalement.
— Je crois pas qu'il ait mentionné ce détail, le gris secoua la tête.
Son interlocutrice grimaça lorsqu'elle entendit ces mots, sentant la première faille de son plan parfait s'immiscer dans sa bonne humeur. Voyant son air dépité, le passeur lui mit une petite tape sur l'épaule, et proposa :
— Si tu veux, je peux me charger d'en parler aux garçons. Ils sont un peu bruyants, mais ils sont gentils. Si tu évites Tsukishima.
— Tu ferais vraiment ça ? les yeux de la plus jeune s'éclairèrent.
— Mais oui, lui assura le jeune homme, son rire amusé s'élevant sur les murs blancs du lycée comme une mélodie délicate. Allez, va en cours, tu vas être en retard.
Suzume lui adressa un signe d'au revoir, récupéra son sac à main, puis continua sa route vers sa salle. Ah non, il lui manquait toujours son carnet. Elle se retourna, l'arracha en vitesse des mains du garçon et s'en alla, lui lançant un "Merci" sans même reposer les yeux sur lui. Celui-ci la regarda tourner les talons, vérifiant qu'elle ne tomberait pas une nouvelle fois avant d'avoir atteint la porte de sa salle de classe.
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Suzume prit sa place habituelle à côté d'Ami, une de ses amies de collège, et entreprit de compter les étoiles sur sa manche en attendant l'arrivée du professeur. Elle aurait aimé lancer la conversation, mais la rousse à côté d'elle semblait absorbée dans le message qu'elle écrivait.
L'imagination de la brune se mit à tourner à pleins rouages. Peut-être que sa voisine écrivait à son amoureux secret qu'elle cachait de ses parents. Peut-être qu'elle venait d'apprendre que la meilleure amie de sa mère avait une maison sur la plage et qu'elle allait y passer l'été. Encore mieux, peut-être qu'elle allait hériter d'un milliardaire qui était en réalité son père caché, et qu'elle négociait avec son avocat.
Bien sûr, elle aurait eu une réponse si elle avait simplement demandé à Ami ce qu'elle écrivait — mais celle-ci serait sûrement bien moins amusante que les scénarios dans sa tête.
L'arrivée de son professeur ne fut pas du tout une distraction, car elle s'était déjà échappée au pays des rêves, la tête posée dans le creux de sa main. Après tout, c'était bien plus agréable de vivre dans son propre univers, dans lequel tout était parfait et lumineux, que de revenir à la froide matinée d'automne qui l'attendait dehors.
C'était une sorte de magie, si on y faisait vraiment attention : en l'espace de quelques minutes, la salle de classe se transformait en un chateau de conte de fées, la rue dans laquelle se promenaient encore quelques élèves devenait un vallon rempli de fleurs blanches, et les feuilles orangées des arbres reprenaient la teinte olive qu'elles avaient il y a à peine un mois. Et surtout, elle devenait une héroïne et trouvait le grand amour.
Elle était tellement absorbée par ses songes, qu'elle ne remarqua pas les fils de l'histoire d'amour qui se tissaient juste sous ses yeux.
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Sur la page du carnet, entre une tache rose provenant d'un thé à la fraise et des lignes rédigées avec soin au stylo noir, se trouvait un petit mot, écrit à la va-vite par un adolescent debout dans un couloir, qui cherchait à comprendre pourquoi son coeur semblait ne pas pouvoir ralentir.
Au fait Yashiro, j'adore ton pull-over.
Juste en-dessous, une main maladroite avait tracé une petite étoile.
☆ author's note,
— premier chapitre du point de vue de suzume !! je sais pas si vous avez remarqué, mais elle est un peu delulu. . . en tout cas, c'est aussi une oc que j'adore, donc j'espère qu'elle vous plaira <3
— j'ai écrit ce chapitre dans mon jardin parce qu'il commence à faire assez beau pour sortir, conclusion la vie est belle !!
— bisous, prenez soin de vous <3
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