PARTIE II- Que le pire souvenir gagne -15


- PASSÉ -

Célia


Je suis foutue.

Mon plan n'a absolument pas fonctionné. En même temps, y croyais-je réellement ?

Pensais-je vraiment qu'en me pointant dans une tenue débraillée, William allait faire demi-tour et m'envoyer balader en me sortant un truc du genre : « Ouais non, finalement ton legging me fait saigner les yeux, j'me barre » ?

Quelque part, oui j'y croyais. Ou du moins je l'espérais.

Sauf que voilà, à l'heure qu'il est, je suis dans ses bras, sur la jetée la plus longue de France, et ma langue se mêle à la sienne depuis de nombreuses minutes.

Merde, j'adore embrasser ce mec !

Je suis foutue.

Je n'ai pas plus de motivation que ça, et pourtant, je parviens à m'arracher à ce baiser, lequel était si long et si intense qu'il va me falloir un bon moment pour reprendre mon souffle.

— Qu'est-ce qu'il y a ? me demande William avec des yeux on ne peut plus langoureux.

La vache ! Je crois que je ne me ferai jamais à son sourire. J'en ai le palpitant qui s'agite et la tripaille qui se tord. Non mais regardez-moi cette bouche et ces fossettes, ces yeux bleus, ce corps et ce...

— Eh Oh ! Allô ! m'extrait-il de mon extase visuelle. Quelque chose ne va pas ? Ne me dis pas que tu vas de nouveau te refermer, Célia ! Ou regretter, ou...

— Et après on dit que ce sont les filles qui blaguassent sans arrêt. Tu es une vraie pipelette, William Auguste, le coupé-je faussement moqueuse, histoire qu'il ne pige pas que oui, j'étais littéralement bloquée sur son physique de rêve.

Il renforce son sourire insolent et me domine de toute sa hauteur, ses bras toujours fermement serrés autour de moi. Je tente tant bien que mal de lutter contre mon côté guimauve, mais soyons honnêtes, j'adore être dans ses bras. Je m'y sens en sécurité et protégée. Physiquement parlant, bien entendu. Parce qu'en ce qui concerne mon cœur, qu'est-ce que je disais déjà tout à l'heure ? Ah oui. Je suis foutue.

Ce mec va le disloquer, le piétiner, l'écrabouiller.

Je joue à la femme forte, mais en vérité, je suis complètement désabusée et tiraillée entre deux sentiments. Prendre mes jambes à mon cou et fuir le plus loin possible de lui, ou bien, me laisser aller et me tatouer dans le cerveau : advienne que pourra.

En bonne étudiante en médecine que je suis, j'hésite entre le préventif et le curatif, ou pire, le palliatif.

— Je suis peut-être une pipelette, mais toi tu penses trop. Dis-moi à quoi.

— À rien d'important. Laisse tomber, le conjuré-je en l'embrassant du bout des lèvres.

— Jure-le sur tes baskets.

Il n'échappe pas à ma frappe ridicule sur son biceps, et continue de se marrer face à sa blague douteuse.

— Croix de bois, croix de fer. Si je mens, que je termine ma vie en talons aiguilles, rétorqué-je néanmoins tout sourire.

Le silence s'installe, et autant me concernant, je sais pourquoi, autant pour lui, je n'en ai aucune idée. Mais pour dire vrai, je n'ai pas envie de le savoir. Tous mes signaux d'alerte braillent suffisamment : « Il est en train de se foutre de toi », « Tu as gagné le numéro 2546 de ses conquêtes ».

— Une autre glace ? me propose-t-il.

— Ça ne fait pas partie du deal. J'ai dit une, pas des glaces.

— Un verre ?

— J'ai été très claire à ce sujet aussi.

— Alors je n'ai plus qu'à te ramener chez toi, en tire-t-il la conclusion que je viens de lui offrir sur un plateau en or massif.

Cependant, je lui fais perdre son sourire arrogant en un éclair.

— Ça va aller, merci. Je vais rentrer par mes propres moyens. Encore merci, et à la prochaine, William Auguste, terminé-je en rebroussant chemin.

Mais j'ai à peine fait deux pas qu'il s'accroupit et se glisse entre mes jambes, puis me soulève comme si je ne pesais rien. En une fraction de seconde, je me retrouve hissée sur ses épaules, totalement paniquée et amusée à la fois.

— Mais qu'est-ce que tu fais ? lui demandé-je hilare.

— Je ne sais pas où tu crois aller, mais ce ne sera pas sans moi. Je ne me suis pas déguisé en top model pour bouffer une glace au melon et me retrouver seul comme un con sur une jetée.

— Fais-moi redescendre, Will ! C'est super haut et j'ai l'air con. Tout le monde nous regarde, chuchoté-je gênée.

— Parce que ce que pensent les autres te pose un problème, maintenant ?

Il a raison. Je n'en ai rien à cirer.

— Chiche de courir jusqu'à ta voiture, le défié-je alors.

— Accroche bien tes baskets, ma belle, parce que ça va dépoter.

Ce fou furieux se met à courir, et moi je tente comme je peux de garder mon équilibre, le dos rond, les mains solidement agrippées aux siennes, et mes cris mêlés à mes rires.

C'est avec le chignon totalement barré et les fesses en compote qu'il me dépose sur le sol, lorsque nous arrivons à sa voiture.

— Je t'interdis de mettre ta musique, lui ordonné-je très sérieusement en m'installant sur le siège passager. Va savoir ce que tu as encore manigancé. Je n'ai aucune confiance en ta playlist.

— Tu me juges mal, Célia. Il me semble que suivait I want your sex de Georges Michael ou peut-être la musique de Dirty Dancing. Tu vois, rien de particulièrement tendancieux, termine-t-il sans quitter la route des yeux, mais sans pour autant se départir de son sourire en coin.

Je manque de m'étouffer de rire en l'imaginant écouter Time of my life, à fond dans sa chambre. Le salaud, il est vraiment très fort.

— Quoi ? Tu ne me crois pas capable de bouger mon corps comme Patrick Swayze ?

— J'aimerais bien voir ça, tiens.

— Ma p'tite, tu apprendras que je suis un danseur hors pair, et que je suis capable de t'emballer sur n'importe quelle musique.

— Mais oui, c'est ça, Danny Zuko. Arrête de me draguer et ramène-moi juste chez moi. J'ai dit, pas ta musique. Juste la radio, le sermonné-je en interceptant sa main qui tente de se faufiler jusqu'à son iPod.

— Promis, je ne mets que du rock. Et rassure-toi, pas du rock sexuel ni trop trash d'ailleurs. Juste du rock qui parle de... Je n'en sais absolument rien ! Je sais juste que c'est fun et que ça ne me fait pas bander pour deux sous. Tu es donc en sécurité.

Son sourire séducteur découvre ses dents blanches parfaites, tandis que les guitares des Offspring envahissent l'habitacle. Moi, comme bien souvent quand je suis avec ce garçon, je secoue la tête, vaincue, et je finis, sans bien grande lutte, par me laisser aller à son humeur contagieuse.

— Ton quartier fait moins flipper de jour, me taquine-t-il en se garant devant la maison.

— T'inquiète, mon grand, je vais te protéger des pêcheurs et des retraités.

À peine suis-je sortie de la voiture que William arrive à ma hauteur et passe son bras autour de mon cou. Si je le laisse rentrer, c'en est fini de mon combat. C'est moi qui vais lui sauter dessus. Entre son parfum, son physique et ses lunettes de soleil que je trouve sexy à mort, c'est bon, il a sa jauge de sex-appeal au taquet.

Une fois, rien qu'une fois, tenté-je de me convaincre.

De toute façon, voilà des semaines que je lutte. Des semaines... C'te blague ! Ça fait des années que je craque complètement pour ce mec. Mais des années aussi que je les observe, lui et sa bande, agir comme des salopards avec tout ce qui porte une jupe. Et autant de temps qu'il m'ignore complètement, et pendant lequel je me suis laissée prendre dans les filets d'un autre de la même espèce.

Je me déteste, parce que d'un côté, je ne peux m'empêcher de penser que je m'apprête à faire une belle connerie, mais d'un autre, je me dis que j'obtiens enfin ce que j'ai espéré si longtemps.

Une fois, rien qu'une fois. Comme tant d'autres le font.

Au moins, je peux me sentir heureuse de savoir à quoi je m'attends avec lui. À une histoire sans lendemain.

Ouais c'est ça, Célia, t'es une nana super forte à qui on ne la raconte pas. Tu assouvis juste une envie. Tu couches avec lui, et next. Tu passes à autre chose. Du sexe sans sentiments.

— Tu penses encore.

William me tire de nouveau de mes pensées ô combien brillantes, alors que nous entrons dans la maison.

— Et comme dirait mon pote Descartes : Donc, je suis.

— Arrête d'essayer de fuir, me susurre-t-il à l'oreille de sa voix grave et électrisante. Tu n'en as aucune envie. Alors laisse-toi juste aller.

Il s'approche dangereusement de moi et glisse sur mon corps des mains conquérantes.

— Beaucoup trop facile, joué-je encore la fille qui conserve totalement sa maîtrise. Tu me déçois en fait. Tu m'as vendu du rêve, donc j'attends de te voir en action.

— Hein ? Mais de quoi tu parles ? me demande-t-il complètement perdu.

— De tes talents de danseur.

Cette fois il recule d'un pas et me supplie du regard, cherchant à savoir dans le mien si je plaisante ou pas.

— Rassure-toi, je n'ai pas Dirty Dancing sur ma playlist, mais j'ai encore mieux.

À mon tour d'afficher mon plus beau sourire et un air insolent.

— Tu m'emballerais sur n'importe quelle musique hein ? Essaie un peu avec celle-ci.

Je branche mon iPod sur la chaîne portative et lance aussitôt le morceau que j'ai choisi.

J'attends avec délectation les premières notes, mais je dois faire un effort surhumain pour ne pas éclater de rire quand je découvre sa tête. Il a reconnu la chanson et a laissé tomber son faciès de play-boy. Ses yeux sont aussi ronds que sa mâchoire est ouverte.

— Tu te fous de ma gueule !

Je garde le silence et secoue ma tête de gauche à droite, les lèvres fermement pincées.

— En fait, je ne sais pas ce qui est le pire ou le plus flippant dans tout ça, Célia. Que tu cherches à faire foirer tous mes plans ? Ou que tu aies les Bee Gees dans tes musiques ?

Je capitule et ris aux éclats.

— J'adore cette chanson, avoué-je simplement, en haussant les épaules.

William passe sa langue sur sa lèvre inférieure, avant de la faire prisonnière de ses dents. Il retrouve en suivant son sourire dangereux et reprend sa marche vers moi, d'un pas séducteur, sans jamais me quitter des yeux.

Il prend ma main, la pose sur son épaule, puis se saisit de l'autre et la conserve dans la sienne, tandis que de sa main libre, il me plaque sur son buste en exerçant une ferme pression sur mes reins.

How deep is your love envahit la pièce, et William entame notre danse, nous balançant au rythme du slow.

Oh merde, il fait ça vachement bien ! Il bouge ses épaules et ses hanches, me serrant si fort et de façon si délicate à la fois que je ne peux que suivre ses mouvements. Il me fait tournoyer, me renverse, comme s'il n'avait toujours fait que ça. C'est d'une sensualité bouleversante.

Ses mains quittent leurs places premières et se posent sur mes hanches, devenant plus pressantes encore. Son souffle chaud dans mon cou est en train de me rendre dingue et de définitivement briser mes derniers remparts.

Je suis nerveuse comme ce n'est pas possible, et ce, malgré le doux contact de ses lèvres sur ma bouche et la vision de son visage qui me séduit tant.

S'il n'y avait que son visage...

Moncœur bat à tout rompre, mais le sorcier parvient, par je ne sais quelle magienoire, à me détendre. Alors je ferme les yeux, et je finis par me laisser allerdans ses bras.


*****


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Merci infiniment d'avoir fait ce bout de chemin avec Will et moi.

Je vous donnons rdv très prochainement pour d'autres aventures !

Je vous love.

De gros bisous chirurgicaux ****

Emma.

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