10

Je crois que j'aurais eu le temps de compter dix fois le nombre de lattes en bois sur les murs, avant que Célia ne sorte enfin de la salle d'eau.

Elle porte une tenue qui ne va pas aider à calmer mes ardeurs, un mini short bleu avec des nœuds roses, et un caraco assorti. Cet ensemble rehausse sa carnation, pourtant déjà si dorée. À travers ses longs cheveux mouillés, j'aperçois par transparence l'aréole de ses seins, et je dois faire un effort surhumain pour soutenir son regard, alors que j'ai juste envie de bloquer sur ces deux petits trésors.

— Tu veux peut-être t'habiller ? me ramène-t-elle brutalement sur terre, d'une voix timide.

— Est-ce que je dois le faire ?

Elle baisse la tête et renforce sa gêne en ne me gratifiant que d'un sourire timoré pour seule réponse. Je capte et me lève alors pour récupérer mes vêtements.

À peine suis-je à sa hauteur qu'elle se décale en toute hâte vers l'évier de la kitchenette, où elle se met soudainement à laver un verre déjà propre.

Message on ne peut plus clair...

Je m'enferme, balance la serviette hygiénique dans la poubelle, et passe au plus vite mes fringues tachées de sang.

Cette fois, je prends la peine de me regarder plus longuement dans le miroir. Bordel ! Malgré la vessie de glace, ma lèvre est encore bien gonflée, et un superbe hématome colore ma pommette gauche. Quant à ma plaie sur l'arcade, elle a enfin cessé de saigner, mais je suis d'accord avec le diagnostic de Célia. Il me faut des stéristrips.

— Tu peux me passer ta trousse de soin s'il te plaît ? lui demandé-je sitôt sorti de la salle d'eau.

— Pour ?

— Poser des strips.

— Ne sois pas stupide, je vais le faire. Assieds-toi là, me désigne-t-elle le lit.

— J'ai comme une sensation de déjà-vu, noté-je avec dérision.

Mis à part son éternel sourire, elle ne relève pas et m'invite en silence à prendre place sur le matelas. Cette fois, elle reste debout et veille bien à ne toucher que le strict minimum de mon corps. Pas de main sur ma joue, pas de buste collé au mien.

Je ne fais pas mon gros relou et reste sage, pendant qu'elle me soigne. Mais si j'y parviens, c'est uniquement parce que je ferme les yeux. Je refuse de regarder ce que son haut mouillé laisse apparaître, sans quoi, je ne me contrôlerai pas et lui sauterai de nouveau dessus.

— Voilà, c'est terminé. Essaie de ne pas mouiller la plaie, le temps que ça cicatrise.

— Bien, Docteur.

Je cherche son regard, attendant d'elle le moindre signe qui laisserait entendre que nous allons remettre ce que nous avons commencé tout à l'heure. Mais je prends son évitement comme il se doit. Une invitation à rentrer chez moi. Alors je me lève pour partir.

Face à la porte, je retire pourtant ma main de la poignée, et me tourne vers Célia. Je reste planté comme un con, mais finis par rompre ce face à face silencieux et inconfortable.

— Merci pour le soin et pour... la douche.

— Il n'y a pas de quoi. Merci pour m'avoir ramenée et pour cette soirée, disons... intéressante.

Outch ! Intéressante...

Elle se ferme de nouveau et n'aborde pas notre « corps à corps », pas plus que je n'ai eu le courage – ou la galanterie – de le faire.

— Je vois. À un de ces quatre alors, trouvé-je uniquement à rétorquer, bêtement vexé.

— C'est ça, à plus, William.

Une, deux, trois secondes. Rien.

Game Over.

Célia ouvre elle-même la porte de la cabane, détruisant définitivement mes espoirs de copulation.

Je me décide à quitter les lieux, mais alors qu'elle s'apprête à la refermer, je bloque la porte de mon pied et passe ma tête à l'intérieur.

— Au cas où l'envie te prenne de m'appeler, j'ai rentré mon numéro dans ton répertoire, quand tu te douchais chez moi. Ah, et j'ai aussi effacé la photo de l'autre blaireau de DJ.

— Mais comment t'as fait pour déverrouiller mon téléphone ? me demande-t-elle pleinement choquée.

— Tu devrais rentrer ton code loin des yeux indiscrets, genre les miens.

Je vois l'orage s'installer dans ses yeux, mais je ne laisse pas le temps au tonnerre de gronder, et je lui vole un baiser avant de m'échapper.

Je grimpe aussi sec en voiture et fais demi-tour vers chez moi.

Durant le trajet, je tente d'analyser cette fin de soirée. En toute honnêteté, j'ai vraiment eu envie de cette fille, et ce, malgré son côté « briseuse de couilles ». Physiquement, elle ne correspond pas vraiment au genre de nanas que je me lève habituellement, et pourtant, je dois dire qu'elle ne me laisse pas indifférent. Elle a de l'humour, et je dois avouer qu'elle est loin d'être dégueulasse. Ses formes généreuses changent des sacs d'os que j'ai pour habitude de me taper. Dommage. Mais ma vie ne s'arrête pas à son refus, et je compte bien profiter de mes vacances. Si ce n'est pas avec elle, ce sera alors avec d'autres.

Lorsque j'arrive à la maison, seul Terence est encore dehors. Il est vautré sur une chaise de jardin et contemple le ciel étoilé.

— Tu m'attendais, mon poulet ?

— Ouaip. Tu sais bien que je dors mal si tu n'es pas à mes côtés dans le lit, me répond-il avec ironie. Alors ?

— Alors pas grand-chose à dire, réponds-je à sa question que je sais concerner un éventuel plan cul avec Célia. J'ai les couilles aussi pleines qu'avant de la ramener.

— Dans ce cas, on est deux, mon frère. Une petite virée, toi et moi ?

— Avec la tête que j'ai ? désigné-je de mon doigt mon visage blessé et mes fringues en sang. Salaud, toi tu n'as même pas une ecchymose. Moi, j'ai l'impression d'avoir joué dans Fight Club.

— Tu ne fais pas attention à ta défense, je te l'ai déjà dit. Tu dois garder tes poings devant ton visage.

— Je sais, Mike Tyson, je sais... Et les autres ? Ils sont où ?

— Ils sont partis se coucher. Le butin de la chasse ne sera que pour nous deux, termine-t-il avec un sourire en coin.

— Laisse-moi me changer et on bouge.

Je retire ma chemise définitivement foutue, et la balance dans la poubelle du jardin. Je m'enferme dans ma chambre pour en passer une autre, ainsi qu'un jean propre. Finalement, j'opte pour un tee-shirt noir, puis j'enfile ma veste à la James Dean de même couleur. Je ne sais pas où Terence compte nous amener, mais il y a peu de chance que ce soit au White Garden, où les vigiles nous auront à l'œil pour quelque temps. Aussi, une tenue plus décontractée sera tout à fait suffisante pour aller dans n'importe quel bar.

Au final, pas de bar, mais une boîte. C'est à celle du Miami à Andernos que nous nous rendons. L'ambiance est plus propice pour faire des connaissances d'un soir, et surtout, au vu du volume sonore, celles-ci ne nécessiteront pas des conversations sans fin. Comme souvent, les rencontres ne se feront que sur le physique.

C'est dingue comme lorsque nous ne sommes que tous les deux, Terence et moi n'adoptons pas du tout la même attitude que lorsque nous sortons en bande. On pourrait presque classifier ce genre de sorties en duo comme étant de l'ordre du business. Nous ne sommes pas là pour nous amuser, enfin presque. Mais disons que nous avons un mot d'ordre, et qu'en aucun cas il ne traite de faire des relations qui iraient au-delà d'une seule nuit.

Sitôt notre entrée acquittée, nous passons les portes qui mènent à la piste. L'affreuse musique me fait direct cogner le cerveau contre ma boîte crânienne. J'ai en horreur la techno, la dance, et toutes sortes de musiques électro. Mes goûts rock sont à l'opposé de tout ce vacarme, mais c'est le prix que j'ai à payer pour déverser toute ma frustration du soir.

Dans l'attente de nos bières commandées, nous scannons méticuleusement l'espace de danse, où se déchaînent un grand nombre de filles, seul sexe nous intéressant, bien évidemment.

Les années passant, j'ai l'impression que la clientèle est de plus en plus jeune. Il va nous falloir prendre garde à ne pas s'emballer des mineures. J'ai vécu l'expérience l'année dernière, et plus jamais de ma vie ! Mais sérieux, j'aurais défié n'importe quel gars de deviner que la nana en question n'avait que seize ans. Un cul et des nichons d'enfer, et une experte en taillage de pipe, digne d'une actrice porno. Elle n'avait pas froid aux yeux, et elle m'avait sucé dans les chiottes du Miami, sans même que j'aie eu à appuyer sur ses épaules pour la faire descendre jusqu'à mon entrejambe. Rien que de repenser à son talent, j'en ai le maxi-William qui durcit. Seul problème, son grand frère, alerté par ses potes, avait fini par débarquer dans les WC et lui avait collé une raclée monumentale, avant de m'offrir le même traitement, me gueulant dessus, à la force de ses poings, qu'elle n'avait que seize ans. On peut dire que ça m'a servi de leçon, et que depuis, je m'assure que mes conquêtes sont en âge de jouer à des jeux de grandes. Alors, Mesdemoiselles, ne vous fâchez pas quand on vous demande votre âge. C'est juste qu'on veut s'assurer que vous avez le nombre d'années suffisant pour faire mumuse avec « Popole ».

Les deux qui s'approchent de Terence et moi ont l'air d'avoir notre âge, peut-être un peu moins, mais majeures sans l'ombre d'un doute. Elles ont le regard et la démarche légèrement alourdis par l'alcool, et leur rire extravagant ne fait que le confirmer. Perchées sur des talons d'au moins dix centimètres, elles portent des hauts, dont les décolletés vertigineux dévoilent des poitrines plus que généreuses. Quant à leurs jeans, difficile de faire plus moulants.

Alors que nous sommes tous deux au comptoir, assis sur des tabourets, elles s'insinuent entre nous, se livrant à des messes basses et riant aux éclats sans aucune pudeur.

Un regard furtif échangé avec Terence me garantit que nous n'aurons pas eu à chercher longtemps nos proies du soir. Cerise sur le gâteau, elles sont plutôt mignonnes. Une brune, une blonde, une grande, une petite. De quoi créer de bonnes combinaisons.

— Qu'est-ce qui est arrivé à ton visage ? me demande la brune sans préambule.

— Une fille qui n'a pas apprécié que je refuse de lui payer un verre.

— Et à nous, vous accepteriez d'en offrir un ? s'égosille-t-elle pour se faire entendre.

— Ma jolie, je crois qu'un verre de plus te ferait faire des choses que tu regretterais, lui rétorque aussitôt Terence de tout son sérieux.

— Ah ouais ! Du genre quoi ? questionne à son tour la blonde, dans une attitude des plus aguicheuses.

— Du genre qui pourrait te faire finir dans notre voiture avec ta copine.

L'allumeuse semble prise au dépourvu face à ma réponse sans équivoque. Pourtant, elle ne cache pas son intérêt en mordillant outrageusement sa lèvre inférieure, et en roulant de façon ridicule ses grands yeux marrons.

— Alors ? Toujours partantes pour un verre ? enchaîne Terence.

Une moue déforme le visage de la brune. Elle semble hésiter, jouant sa prude, et finit par protester.

— Ché pas... On n'est pas des filles faciles nous.

— Bien sûr que non. C'est bien pour ça qu'on compte d'abord vous offrir un verre avant de vous baiser.

Nom de Dieu ! Terence y va fort... Et pourtant, voilà une technique que j'ai vu marcher un bon paquet de fois. Mais je pense que c'est surtout sa face de top model et son air mystérieux qui ont raison des filles. Il pourrait leur balancer des vers en hébreux qu'elles céderaient quand même en quelques minutes.

Ça y est, elles ont chaud. Leurs joues sont en feu, et elles ne cessent de se lancer des regards du style « Qu'est-ce qu'on fait ? ».

— Mesdemoiselles, vous réfléchissez trop. Où est le mal ? Vous êtes magnifiques, nous le sommes aussi. Nous sommes tous majeurs et consentants, on ne se connaît pas, on ne se reverra peut-être jamais, et ce sont les vacances. Demain, vous irez raconter à vos copines que vous vous êtes tapé deux étudiants en médecine, canons.

— Vous êtes en médecine ? Wooow !

Et voilà, j'ai sorti l'ultime argument. Notre carte maîtresse.

Je vois dans leurs yeux, la scène en accéléré du mariage, où telles Bridget Jones, elles découpent la pièce montée, remerciant les invités d'être venus si nombreux.

— Est-ce qu'on peut avoir un verre quand même, disons... histoire de réfléchir à la suite ? nous demande la blonde, passant un regard énamouré de Terence à moi.

Ma foi, c'est le jeu. Nous prenons le risque de ne pas repartir avec elles, et de perdre quelques billets, mais c'est de bonne guerre.

Je transmets aussitôt leur commande au barman, et le verre se transforme rapidement en un deuxième, puis en un troisième. À ce rythme, tout ce que Terence et moi allons gagner, c'est de les border dans leur lit. Cela dit, les choses sont déjà amorcées, et chacun a d'ores et déjà trouvé sa chacune. De faussement farouches, elles sont passées à véritablement ouvertes, et leurs haleines au goût de Baileys se sont rapidement mélangées aux nôtres à la saveur de houblon.

Délibérément, je me force à chasser de mes pensées la dernière brune que j'ai embrassée. J'ai préféré, et ce de très loin, jouer à l'ORL avec la gorge de Célia plutôt qu'avec celle de l'autre arsouille qui me colle avidement. Mais j'ai vraiment besoin de faire mourir ce que ma collègue de promo a déclenché en moi. Cette espèce d'envie furieuse de son corps qui ne me lâche pas, malgré les heures écoulées. Et comme le disent les vieux adages : « le mal par le mal », « le feu par le feu ».

— Je crois que vous devriez arrêter votre consommation d'alcool là, les filles. Ce serait vraiment dommage que vous ne gardiez pas de souvenirs de ce qui va suivre, m'adressé-je à elles moqueur, mais des plus résignés.

Je pense que le refus de Célia a davantage blessé mon ego que je ne le présumais. Et j'ai comme un besoin incontrôlable de ne pas être repoussé une nouvelle fois. D'ordinaire, j'obtiens toujours ce que je veux, en tout cas, quand ça concerne les filles.

Je décolle avec force ma bouche de la sangsue brune, dont je n'ai même pas retenu le prénom, et fais signe à Terence qu'il est temps de passer aux choses sérieuses. Je commence à fatiguer, et les antalgiques que Célia m'a donnés commencent à ne plus faire effet. J'ai mal à la tête, aux côtes, et ma bouche est en compote. Je refuse que la brunette me la dévore encore. Cela dit, quand elle ne m'embrasse pas, elle ne fait que parler et me poser des questions. En vérité, la seule chose que j'ai envie de lui dire, c'est que seul son cul m'intéresse. Remarque, si je lui fous la tête dans un coussin, je n'aurai plus à subir l'assaut de ses lèvres ni celui de sa voix de crécelle.

Elles terminent leur verre en une gorgée et acceptent sans aucune hésitation de nous suivre.

Putain, elles sont encore plus pétées que je ne l'avais présumé. Elles peinent à marcher droit jusqu'à ma voiture, et il est hors de question que je me tape de la viande ivre morte et inconsciente.

Pour une fois, je détrône Terence et remporte le titre de « Super Connard ».

— Assez joué. Vous en êtes où ? m'adressé-je aux deux filles, presqu'exaspéré.

— Où de quoi ? m'interroge la blonde avec un regard aussi vif qu'une huître du bassin d'Arcachon.

Terence, qui sent probablement mon agacement, reprend avec plus de bienséance la suite de cette conversation.

— Du petit tour dans notre voiture, lui répond-il alors, avec un visage monstrueusement bienveillant.

— Eh bien... Ouais OK. Mais le souci c'est qu'on a notre voiture et...

— Et je ne pense pas qu'il soit raisonnable que vous conduisiez dans votre état. On va vous ramener chez vous, termine-t-il sa plaidoirie diabolique.

— OK. C'est d'accord.

Alléluia !

Les deux copines grimpent à l'arrière de mon 4x4 et nous indiquent la route à prendre. Durant le court trajet qui mène à leur location de vacances, elles ne cessent de jacter et de glousser.

Pitié, qu'on en finisse au plus vite !

Rapidement, nous arrivons donc à destination, et voilà qu'elles remettent ça. Elles parlent, elles rient, elles parlent...

Le but de ce voyage nocturne a été on ne peut plus clair, et je refuse de perdre plus de temps en visitant cette baraque et en écoutant les commentaires qui vont avec.

— Fais vite. J'en ai plein le cul et je voudrais aller me coucher, glissé-je à l'oreille de mon frère.

Je choppe la brune par le poignet et l'embarque dans la seule pièce que j'ai retenue, la chambre, laissant à Terence et à la blonde le salon. Je ne suis même pas d'humeur pour un plan à quatre.

Aussitôt la porte fermée, je retire mes fringues, en veillant bien à ne pas laisser ma partenaire approcher de mes lèvres. Elle m'imite et enlève à son tour son haut et son jean - non sans difficultés tant il est moulant - sans cesser de rire bêtement. Trop ivre pour parvenir à défaire son soutien-gorge elle-même, je me glisse derrière son dos et la délivre moi-même de son carcan.

Puisque je suis dans la position que j'avais envisagée pour la baiser, je ne bouge pas de place. Je baisse sa culotte et la fais basculer en avant sur le lit. Elle laisse échapper un petit cri de surprise, mais reprend très vite ses gloussements exaspérants.

Je ne supporte plus ses rires. Je préfère encore qu'elle crie. Aussi, à peine ai-je mis une capote en place que je l'attrape par les hanches et m'enfonce en elle jusqu'à la garde.

Putain, même quand elle jouit elle me casse les tympans !

Comme j'en ai rêvé, je veille à bien lui enfoncer la tête dans l'oreiller et je poursuis l'assaut dans son cul. Enfin le silence. Ou presque. Seuls de petits cris étouffés me parviennent. Mais c'est parfait ainsi. Je me déchaîne, m'inquiétant de mon seul plaisir. Et au bout d'un long et intense moment, je finis enfin par me déverser en elle.

Vidé, dans tous les sens du terme, je m'écroule sur cette pauvre nana.

Merde ! Je n'ai jamais traité une fille comme ça.

*****

Amies de la poésie, bienvenues ! :)

Ne vous inquiétez pas, il va moins faire le malin dans très peu de temps, notre Apollon...

Bisous ***

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