Chapitre 9

Son regard m'avait troublé. Il avait lancé ça avec tellement de sérieux que j'en eus le souffle coupé. Je m'étais d'abord demandé si c'était encore un de ses autres sons pour communiquer mais non. Il avait articulé correctement. Il avait prononcé quelque chose de clair et de précis de sa voix grave et rauque. Il avait répondu avant d'esquisser un sourire timide qui lui fit apparaître une fossette sur la joue droite. Je trouvai ça affreusement adorable. Il ne fallait pas que je divague.

Haz. C'était son nom ça ?

-C'est fou, souffla Liam en m'agrippant le bras.

Je ne savais pas quoi dire. Le sauvage me fixait, assis sur les fesses. Il commença à prononcer un tas d'autres sons à voix basses avant de se remettre sur ses genoux. Il fixa le ciel et nous avons suivi son regard. Le soleil commençait à se lever.

-Louis, il a murmuré.

J'ai tourné les yeux vers lui pour le voir en train de me sourire. Il a avancé son bras, laissant sa main pendouiller devant moi. Je ne comprenais pas vraiment ce qu'il voulait. Il tapa sur mon genou du dos de sa main et j'allais bientôt perdre mon bras à cause de Liam.

-Liam, lâche-moi, grognai-je, les lèvres serrées.

Cet imbécile s'accrocha encore plus fort. J'hésitais entre rire ou pleurer. Il avait vraiment de la force quand il le voulait.

-Qu'est-ce que tu veux, soufflai-je au bouclé qui tapotait toujours mon genou patiemment.
-Ouh.

Il prit mon poignet et je me laissai faire sans bouger. Liam me stressait déjà bien assez. J'essayais de garder mon calme mais je ne savais pas ce qu'il voulait faire.
Doucement, il refit ce qu'il avait fait dans la grotte. Il déroula ses doigts sur les miens et nos mains furent collées comme la première fois. Je n'entendais plus Liam respirer. À vrai dire, je crois que je retenais ma respiration, moi-aussi.

Le sauvage recula doucement, sautillant très légèrement sur ses pieds et il me lança un dernier regard avant de disparaître dans les feuillages à la manière d'un singe, sans faire de bruit. Et tout est devenu silencieux autour de nous.

-Il t'a tapé dans l'œil ?

J'ai lancé un regard blasé à mon ami qui me regardait avec un sourire taquin.

-T'es pas marrant, j'ai soupiré en levant les yeux au ciel.

Liam a lâché un rire avant de secouer la tête.

-C'est fou, je n'arrive pas à croire que je viens de voir ça. Il a l'air intéressé par ce qu'on est. C'est incroyable. Comment est-ce qu'il a fait pour vivre ici tout seul ?

J'en savais rien. Peut-être qu'il n'était pas seul. Je l'avais vu avec des gorilles, il était allé vers eux pour se jeter sur eux. Je n'avais quand même pas rêvé. Mais ce n'était pas logique. Il y avait peut-être des tribus ici, après tout. Mais le professeur Cowell était certain que cette île était déserte. Et puis ce sauvage n'avait pas la peau foncée comme les Amazones ou comme les Indiens d'Amérique. Sa peau était beaucoup trop claire. Une peau claire salie par la jungle. Et ses yeux verts n'avaient rien à voir avec les peuples qu'on pouvait qualifier de sauvage.

-Louis ?
-Quoi ?
-Je te demandais si tu savais comment il avait fait.

Je me suis levé pour me diriger vers notre campement, Liam sur mes pas.

-Je ne sais pas, j'ai répondu. Je trouve ça incroyable moi aussi.
-Il faudrait qu'on communique avec lui, ça serait fou d'en apprendre plus ! Tu imagines ce que diront les autres quand on sera rentré ? On passerait même dans tous les journaux.
-Liam, arrête de rêver un peu. Et laisse le sauvage tranquille. Il n'a rien demandé.

Il écarquilla des yeux.

-Mais Louis ! Ne va pas me dire que tu ne trouves pas ça intriguant.
-Il se comporte comme un animal sauvage. Il ne va pas s'approcher comme ton chat.

Liam a jeté un regard craintif derrière lui puis soupira longuement.

-Pourtant, il est venu vers nous. Et puis, il t'a aidé.
-Ouais...j'ai acquiescé en haussant les épaules.
-Je suis désolé qu'on ne t'aie pas cru hier, il s'est excusé finalement.
-Oh. Pas grave, j'ai dit en m'approchant de l'eau pour remplir une gourde.

Je ne lui en voulais pas. Pas à lui en tout cas. Liam était mon meilleur ami, je savais que que je pouvais compter sur lui.

Il fallait qu'on aille enfiler nos uniformes. Je me demandais ce qu'on allait faire aujourd'hui. Secrètement, j'avais bien envie de trouver et découvrir d'autres animaux. Mais voir des gorilles comme hier, ce serait magnifique. De préférence, pas juste au-dessus de ma tête en fait. J'avais failli mourir à causes des dents acérées du singe géant, il ne fallait pas l'oublier.

-Vous êtes déjà debout ?

Stan s'approcha de nous en allumant une cigarette.

-Oui, on est motivé, a répliqué Liam, de bonne humeur.

Rien que la présence de Stan m'agaçait maintenant. Il ne lâchait vraiment jamais son arme. Je suis sûr qu'il dormait avec même.

-Du nouveau ? a continué notre accompagnateur.

J'ai haussé les épaules. Je pensais au sauvage. Haz. J'étais bouleversé, vraiment. Il était impossible qu'il sache articuler des mots comme nous s'il avait toujours vécu ici. Ça voulait dire qu'il avait vécu avec des hommes, c'était obligé. Peut-être qu'il avait été abandonné. Mais qui pourrait abandonner quelqu'un en pleine jungle ? Surtout quelqu'un de si jeune. Ce sauvage devait avoir mon âge. C'était révoltant. Comment avait-il fait ? Ça avait dû être tellement dur pour lui. Comment avait-il fait pour ne pas s'empoisonner avec ces plantes ou ces fruits que le professeur nous montrait ?
Mes pensées se bousculaient dans ma tête et je n'avais pas remarqué que Stan passait sa main devant mon visage depuis un moment déjà.

-Eh oh, Louis. Es-tu parmi nous ?

Je ne répondis que par un regard ennuyé.

-Tu as revu ton sauvage ? il a insisté.
-Hein ? j'ai lâché en sursautant.

Liam s'est tendu près de moi.

-Quoi, c'est bien ce que tu disais hier quand tu délirais.

Ah. Oui.

-Je ne délirais pas, je me suis énervé.
-Salut les gars, s'est exclamé Zayn en nous rejoignant près du point d'eau.

Liam l'a salué en retour mais moi, je n'arrivais pas à quitter Stan des yeux. Il me regardait, avec son air moqueur. Il me prenait pour le roi des cons et ça avait le don de m'agacer.

-On va manger ? a proposé le métis de notre groupe.
-On y va, j'ai répondu en retournant près de ma tente.

J'ai entendu Stan rire derrière moi. Il semblait expliquer à Zayn mon comportement. J'ai soupiré avant de rentrer pour enfiler mon uniforme.

-Louis, laisse tomber, me dit Liam en cherchant son chapeau. Écoute plutôt ! Aujourd'hui, on va continuer l'exploration pour chercher d'autres nids de gorilles !

Mon cœur a fait un bond dans ma poitrine.

-Mais c'est génial, je me suis écrié, la joie s'emparant de moi.
-Cette fois-ci, tu resteras à côté de moi pour ne pas te perdre dans les bras d'un beau gosse à moitié nu.
-Dis-moi, tu as fait l'école du rire dans une autre vie ?
-Non mais Louis, il a continué après avoir éclaté de rire. Si tu voyais comme tu le regardais, c'était assez perturbant. Déjà que moi-même, j'étais perturbé par sa présence, ton regard était...
-Liam, coupai-je. Je suis juste...intéressé par le fait qu'il ait grandi ici.
-J'espère pour toi mon pote.

Je levai les yeux vers lui. Liam me regardait avec intensité. Je savais qu'il s'inquiétait pour moi. Le fait que je sois gay l'inquiétait en permanence même s'il passait son temps à me taquiner et faire plein de sous-entendus. Bien que je ne regardais pas le sauvage de cette façon-là (je le savais, évidemment. Promis.), il s'inquiétait parce qu'il connaissait mon passé. Nous avions tout vécu ensemble. Les bons moments comme les mauvais.

Nous ne faisions rien de compromettant, ce jour-là. Je me souviens. C'était il y a deux ans. J'étais avec ce garçon, et je jure que nous ne faisions rien. Liam était là aussi. Nous étions au parc. Et on riait ensemble. Liam s'était éclipsé pour aller acheter des crèmes glacées.
Il m'avait alors attrapé la main, il  jouait avec mes doigts, un sourire aux lèvres. Et je souriais aussi. Mon cœur battait rapidement. Mais mon sourire s'effaça instantanément quand je vis le sien. Son sourire s'était changé en rictus moqueur.
Un groupe s'était rapproché de nous, le dégoût présent sur leur visage. Il se leva en se frottant les mains sur son pantalon tout en criant à quel point je le dégoûtais et "Oh putain, les gars, il l'est vraiment, je n'ai plus qu'à brûler ma main pour l'avoir touché". Ils m'ont tous regardé en riant et je ne m'étais jamais senti aussi mal. L'un d'eux me cracha au visage. C'était lui. J'étais pétrifié, le son coincé dans ma gorge. Je n'arrivais pas à hurler. Je pensais qu'il m'appréciait. Un autre m'attrapa par les cheveux, répétant en boucle à quel point j'étais dégueulasse et con d'avoir cru quelque chose avec lui. Et moi, j'ai continué de le fixer, les larmes coincées au fond de ma gorge.
Mais Liam est arrivé, c'est lui qui a hurlé. Je ne sais plus comment il avait eu ce courage d'ailleurs. Liam n'est pas ce qu'on qualifie de courageux. Pourtant, ce jour-là, il s'était précipité vers moi en hurlant. Et ils sont partis en courant, lançant une dernière insulte à mon égard.
Je n'entendais plus rien autour de moi, je me souviens. Liam me parlait mais je n'arrivait pas à articuler quoi que ce soit. J'avais trop honte.

-Louis.

Je sursautai avant de me reconcentrer sur lui. Il posa une main sur mon épaule.

-Ne t'inquiète pas, j'ai répondu. Ça ne risque plus d'arriver. Et puis, il est sale et il sent mauvais. Je ne suis pas intéressé de cette façon-là.

Il hocha la tête avant de retrouver le sourire.

-Prépare-toi, je suis trop pressé !

***

-Ce matin, mes enfants, nous allons retourner vers les nids de gorilles afin de voir comment ils ont été fait. Cherchez tout ce qui est susceptible d'enrichir notre rapport de voyage, expliqua le professeur Cowell alors qu'on était tous regroupés au milieu du camp. Nous essaierons ensuite de pister les animaux afin de les observer dans leur environnement. Et surtout, restons groupés.

J'ai entendu Stan ricaner. Je le trouvais de moins en moins intelligent malgré son diplôme en sciences archéologiques. Parce que, clairement, je n'arrivais toujours pas à comprendre pourquoi le professeur Cowell l'avait choisi en tant qu'accompagnateur. Comme quoi, l'intelligence scolaire ne fait pas tout.

-Ok, les mioches. S'il y a un problème, vous hurlez et je serai là. Il ne faudrait pas avoir un second accident comme celui que mini Tommo a eu hier, décréta Stan en ajustant son fusil du le dos.

Je grimaçai. Mini Tommo, vraiment ? J'étais de plus en plus blasé par ce mec. J'avais de la peine pour Zayn, même. Avoir quelqu'un comme Stan dans sa famille ne devait pas être quelque chose de facile à vivre. Quoi que, Zayn non plus n'était pas facile à vivre.

Stan a ouvert la marche et nous l'avons tous suivi. Simon débitait encore des paroles concernant la flore et nous interdisait de manger quelque chose sans le lui avoir montré avant.
J'avais vraiment l'impression qu'on me prenait pour un con. Stan tout comme Simon. Je n'avais pas avalé quelque chose de suspect et le sauvage existait vraiment, je ne l'avais pas inventé, merde.

-Hey Louis, tu vas mieux ? me demanda Niall en me rejoignant discrètement.
-Ça va, répondit-je doucement.
-Je me suis réveillé encore trop tard ce matin...Mais je voulais te demander de me raconter l'histoire du sauvage.
-Niall, j'ai soupiré.
-Mais non, raconte. Il était comment ? insista-il à voix basse pour ne pas que Simon et Stan nous entendent.
-Attends...Tu me crois ?
-Je ne vois pas pourquoi tu aurais tout inventé. Et je pense que t'es assez intelligent pour ne pas manger tout ce qui bouge.
-Contrairement à toi, ajouta Liam en pouffant.

Niall lui lança un regard de travers.

-Si tu savais à quel point le chocolat me manque, tu aurais beaucoup plus de compassion pour moi, répliqua le blond.

Nous avons ri discrètement tous les trois alors qu'on arrivait à l'emplacement des nids. Tout était toujours désert. Stan avait évidemment son arme pointée devant lui pour nous protéger du vent, vu qu'il n'y avait rien. Même le vent n'était pas là, d'ailleurs. Seigneur, qu'il faisait chaud.

-Professeur, on peut se déplacer jusque là-bas ? j'ai questionné en pointant du doigt un emplacement qui se trouvait à une vingtaine de mètres.
-Tu vas te perdre, ricana notre accompagnateur.

Zayn a secoué la tête en pouffant.

-L'écoute pas Louis. Fais ce que tu veux, il m'a dit.
-Je n'avais pas l'attention de l'écouter, j'ai marmonné.
-Étudiez et découvrez ce que vous voulez, intervint le professeur. Tout est bon à prendre et à apprendre.

En fait, j'avais terriblement soif et ma gorge était trop sèche. Je n'avais pas vraiment envie de me poser dans cette chaleur pour observer des feuilles de bananier un peu partout sur le sol. Je me disait que si les animaux s'étaient installés là, c'est qu'il y avait logiquement un point d'eau quelque part. Et j'avais trop soif.

Je me suis éloigné tranquillement et finalement, j'avais raison parce qu'il y avait bien de l'eau ici. J'ai entendu des pas derrière moi et j'ai vu que c'était Niall.

-Génial, on va pouvoir remplir nos gourdes, il s'est exclamé en réajustant son chapeau. Mais avoue que tu t'es mis là pour éviter monsieur-je-possède-une-arme-plus-grosse-que-ma-b...
-Ne finis pas cette phrase Niall, je t'en prie, j'ai supplié, mort de rire.

Il a ri à gorge déployée, visiblement très fier de sa blague. Nous sommes restés silencieux quelques instants, profitant uniquement du bruit de la nature. Tout semblait paisible. Sauf les petits cris de Zayn qu'on entendait de temps à autre à cause d'une bête volante.
Je constatai vraiment qu'il était là uniquement parce que Stan était son cousin. Il ne serait jamais venu ici de sa propre volonté.

-Haz.

Niall a tourné la tête vers moi lentement.

-Hein ?
-Il s'appelle Haz.

Et j'avais tellement envie qu'il revienne pour que je puisse encore en apprendre sur lui.

_______________________

HELLOOO J'AI GALÉRÉ MA VIE SUR CE CHAPITRE, OUI MADAME.

Voilà donc ! Il se passe vraiment pas grand chose dans celui-là, mais je promets plus d'actions Larry dans le prochain héhé
L'histoire avance doucement mais surement, soyez patients :)

Mes examens commencent la semaine prochaine, je vais me tirer une balle (coucou Stan aka j'ai-une-arme-plus-grosse-que-ma...mdr j'dec)

J'vous fais des bisous,

EmiiCherry

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top