Chapitre 6

Il avait remarqué cette chose dès son arrivée. Ce bruit strident, qui ne ressemblait à aucun cri d'animal de la jungle, l'avait intrigué. Quelque chose venait rompre cette tranquillité qu'il avait toujours eu.

Se faisant très discret, il se déplaçait d'arbre en arbre faisant le moins de bruit possible. Et ce fut là qu'il remarqua ces animaux qu'il n'avait jamais vu avant. Ils se déplaçaient debout, comme lui le faisait rarement, et ils construisaient des choses de leurs mains.

Il ne réussit pas à dormir cette nuit-là. Sa mère le regardait d'un air inquiet et lui demanda ce qui n'allait pas. Il ne sut pas quoi répondre parce qu'il ne savait pas lui même ce que c'était.

Leador, le chef de la tribu avait dit à tout le monde qu'il fallait se faire discret et ne pas s'approcher des envahisseurs.
Il devait obéir, il le fallait. Car Leador n'arrivait toujours pas à lui faire confiance malgré tout ce qu'il essayait de faire pour se faire accepter.

Mais ces créatures attisaient trop sa curiosité. Alors il avait commencé à les observer discrètement, toujours caché dans l'ombre.

Il y en avait un. Un qui semblait différent dans le sens ou il était calme et réfléchi. Il semblait sage et son visage dégageait quelque chose de rassurant.

Il avait peut-être passé des heures à observer ce visage nouveau, ces yeux de la couleur des ruisseaux. Mais il ne comprenait pas de quel animal il pouvait s'agir.
Il l'entendait parler une langue étrangère et les sons qu'il émettait lui procurait une sensation nouvelle. Comme si le creux de son ventre se pliait de tout côté.

Le bruit immense avait failli le toucher. Il avait compris qu'il fallait l'éviter. Alors il reculait pour se cacher encore plus, gérant sa respiration pour ne pas faire de bruit.

Puis il n'avait plus vu cette tribu. Enfin, il n'avait plus vu cette créature en particulier. Il en avait vu d'autres  comme celui qui avait la couleur du soleil sur la tête. Mais ce qu'il voulait voir, lui, c'était son visage. Son visage et ses yeux couleur eau.

Il était retombé sur lui le lendemain. Même si sa mère lui avait fait comprendre qu'il fallait écouter Leador, il n'avait pas réussi à résister à la tentation.

Il l'observait, caché dans un buisson. Mais il aperçut le bébé babouin, et il comprit que la suite ne serait pas joyeuse. Il connaissait ces singes. Il savait qu'un rien pouvait les contrarier et il n'avait pas eu le temps de voir quoi que la créature s'était mis à s'enfuir, les singes le poursuivant.

Alors sans l'ombre d'une hésitation, il grimpa dans un arbre et traversa la jungle pour lui venir en aide.

***

J'étais figé. Et il s'avançait lentement, toujours accroupi et je devinais enfin les traits de son visage petit à petit.
Ses yeux étaient verts émeraudes et de longues boucles brunes entouraient son visage. Son nez était fin et ses joues légèrement creuses. Il paraissait vraiment très musclé. J'étais vraiment ridicule à côté de lui.
Je voyais dans son regard profond qu'il semblait perdu, il m'étudiait en silence et je n'osais pas bouger. Il allait peut-être me déchiqueter.

Mon cœur battait à toute allure et il battait même de plus en plus vite alors que l'homme s'avançait près de moi. Ça devenait gênant. N'avait-il jamais entendu parler d'espace vital ?
D'autant plus que le fait qu'il ne soit pas habillé me mettait encore plus mal à l'aise. Je n'osais même pas baisser les yeux sur son torse.
Je sentais la chaleur qu'il émanait alors que son visage s'approchait à quelques centimètres du mien.
Son odeur me fit grimacer. Il sentait le fauve. Il y avait de la crasse sur son visage. Non mais depuis combien de temps n'avait-il pas pris de bain ?

Il m'a regardé grimacer en retroussant le nez. Je stoppai ma respiration alors qu'il s'avançait encore pour sentir mes cheveux. Mes mains tremblaient. L'homme agissait comme un animal. Je ne comprenais vraiment rien.

-Qu'est-ce que vous faites ? soufflai-je, le cœur battant.

Il s'est reculé brusquement, visiblement surpris par ma prise de parole. Il m'a regardé, sans comprendre avant de lâcher un son rauque qui m'étonna encore plus.

Il a semblé entendre du mouvement à l'extérieur parce qu'il m'a tourné le dos pour aller à l'entrée, toujours en position accroupi. J'évitais de regarder son corps, j'étais horriblement gêné. Pas qu'il ne soit pas agréable à regarder mais voilà.

Je ne savais pas ce qu'il faisait mais il revint vers moi, me figeant de nouveau. Il m'observa en silence avant de voir mon carnet dépasser de ma poche. Il le prit sans demander mon avis et retourna à la sortie. J'aperçus un babouin adulte portant sur son dos le petit que j'avais vu tout à l'heure et il lui donna mes feuilles. Le singe adulte me jeta un coup d'œil avant de partir.

J'étais devenu fou. Je délirais complètement. J'étais peut-être vraiment mort tout à l'heure en fait. Mais mon cœur qui battait dans les tympans me disait le contraire. J'essayai de me ressaisir et de reprendre mes esprits.

-Ok. Je suis dans une grotte, avec un homme qui parle aux singes. Tout va bien, je suis vivant, j'ai lâché.

L'homme s'est de nouveau avancé vers moi, me coupant la parole. J'ai arrêté de parler brusquement pour l'observer. Je compris seulement à ce moment-là qu'il se déplaçait comme un singe. Il avait grandi ici alors. C'était impossible. Aucun être humain ne pouvait vivre seul. L'homme était obligé de vivre en communauté. Il devenait fou en étant seul.
Je n'arrivais pas à le croire. J'allais hurler. Cet homme était un malade.

Il a regardé ma bouche, attendant sûrement que je prononce encore un mot.

-Euh...Hey.

Ses yeux se sont écarquillés alors qu'il sautillait sur place. Il avait l'air tout excité. Comme s'il découvrait une nouvelle espèce.

-Euh...Vous...Parlez aux singes donc ? Comment ça se fait ?

Il ne m'écoutait plus parce qu'il s'était rapproché de moi. Il attrapa mes cheveux m'arrachant un petit cri. J'avais terriblement envie de m'enfuir, de sortir de cette grotte et sauter tête la première à travers la cascade pour risquer de me fracasser au fond de l'eau.

-Vous êtes un peu trop proche, j'ai dit alors qu'il reniflait encore mes cheveux.

Il m'attrapa le menton pour tourner ma tête de sorte à ce qu'il puisse observer mon profil. Il commençait légèrement à m'agacer. Il était tellement...brutal et sauvage. Il me faisait flipper, mais vraiment.

J'ai repoussé sa main d'un geste brusque le faisant sursauter mais il m'attrapa le poignet par réflexe. Il était vraiment rapide et cette capacité avait dû être longue à acquérir.

-Lâchez-moi, j'ai ordonné en essayant de me retirer de sa poigne.

Mes mains tremblaient encore. À tous les coups, il allait me casser le poignet pour s'amuser et manger ma main tranquillement au coin d'un feu...Est-ce qu'il savait faire du feu d'ailleurs ? Je n'arrivais plus à penser correctement. J'étais perdu.

Il observa mon gant, touchant le tissu du bout des doigts. Il approcha ma main de son nez pour qu'il puisse encore sentir. J'étais tout crispé, je ne savais pas quoi faire pour qu'il me comprenne et qu'il arrête d'être aussi tactile. Il ne devait sûrement pas parler notre langue.
Malgré ma peur, j'étais quand même fasciné de voir ça. Qui aurait cru qu'on tomberait sur un homme perdu dans cette jungle ? Bon, j'allais peut-être mourir, mais c'était une belle découverte quand même.

-Vous comprenez ce que je dis ? j'ai demandé quand même bêtement. C'est incroyable, je trouve. Vous agissez comme un singe et...

Il me coupa en me jetant un regard noir qui me fit déglutir. Je me plaquai contre la roche derrière moi pour m'éloigner de lui le plus possible.
Il reporta son attention sur ma main et il me toucha les doigts doucement, comme s'il avait peur de me blesser.

Cette fois, je n'ai fait aucun commentaire. Je ne bougeai plus.
Je l'ai regardé attraper le tissu qui dépassait légèrement pour le tirer vers le haut. Il me tenait toujours le poignet de son autre main. Il lâcha le gant pour observer sa propre main.

Mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Il avait l'air vraiment très concentré. Son regard était sérieux et je voyais les rides qui se formaient sur son front. Je ne comprenais toujours pas.

Il avança alors sa main pour doucement dérouler ses doigts contre les miens.
Sa main était douce, malgré les cicatrices que je sentais contre mes doigts. Elle était plus grande aussi.

Il était troublé parce qu'il sembla prendre conscience qu'on était les mêmes. Il leva les yeux pour croiser les miens et je me suis demandé s'il avait déjà vu son propre visage.

Il était beau. Malgré son hygiène qui se faisait beaucoup désirer.
J'eus l'impression qu'un sourire apparaissait au coin de ses lèvres et il lâcha un autre son rauque, ne me quittant pas des yeux.

Il voulait communiquer, je le savais, il voulait exprimer ce qu'il ressentait et j'étais toujours comme un idiot, à attendre. Attendre qu'il me laisse plus d'espace et qu'il arrête de me faire peur.
Je vis cet éclair traverser son visage et il avança sa tête contre mon torse sans prévenir.

Que...Ô ciel. Ah d'accord. Peut-être que c'était sa manière de dire bonjour après tout. J'en savais rien.
Son oreille était posée contre mon cœur, qui battait toujours très vite. Et il se recula doucement, me souriant vraiment cette fois. Il avait un beau sourire, des fossettes étaient apparues sur ses joues. Il lâcha un son avant de prendre ma tête entre ses mains et l'avancer à son torse tout en continuant de produire des sons, comme s'il me parlait.

-Ouh là, j'ai lâché alors que je sentais le rouge me monter aux joues.

J'entendis son cœur à lui aussi, bien sûr, puisque c'était visiblement ce qu'il voulait me montrer. Mais je me suis écarté doucement de lui, parce que voilà. (Faites que mon père ne sache jamais ça).

Je me reculai encore un peu, m'écartant de lui du mieux que je pouvais. Il fallait vraiment lui trouver de quoi se couvrir.
Il était toujours près de moi, il attendait lui aussi. Je ne savais pas trop quoi, mais il attendait.

-Euh...Donc qui es-tu, j'ai demandé pour engager un semblant de conversation.

Il me refit un sourire, ravi d'entendre ma voix, mais il ne me comprenait pas.

-Ouh, qu'il a dit en me bloquant littéralement toutes mes pensées.

Est-ce que j'étais vraiment en train de parler avec un sauvage ? J'étais peut-être en plein rêve. C'était ça ! Il fallait que je me réveille. Que je hurle un bon coup. Non mais qu'est-ce que c'était que ça. Cet homme était sauvage. Tout allait bien. Comment avait-il fait ? Comment avait-il survécu à tous ces dangers que nous énumérait le professeur ?
Quand j'allais leur raconter ça d'ailleurs, ils me prendraient tous pour un fou.

Le bruit de la cascade résonnait doucement dans la grotte. J'étais épuisé et je me massai les mains pour m'apaiser un peu. Il m'observa quelques secondes avant de s'assoir plus confortablement au sol et faire pareil que moi.

Il me faisait toujours peur mais cela me fit légèrement sourire. Parce que mine de rien, il paraissait jeune. Je me demandais quel âge il avait. Peut-être 18 ans ou un peu plus. Il était plus jeune que moi, c'était certain. Mais il était bâti comme un sportif de haut niveau.
Il l'imitait, comme s'il voulait apprendre à agir comme moi.

Je me suis demandé quel était son nom aussi. Mais c'était impossible qu'il en ait un puisqu'il avait toujours vécu seul. Enfin c'était logique. Il n'avait pas besoin d'un nom...Si ?

Je me suis assis en tailleur en face de lui (en espérant qu'il ne fasse pas la même chose) et n'y tenant plus, je défis mon chemisier pour me retrouver en t-shirt face à lui.

Il me regarda faire, fasciné par le fait que je puisse retirer les vêtements. Il se toucha le torse, sans pouvoir faire pareil. Je lui tendis ma chemise qu'il fixa, inquiet. Je lui ai fait un petit sourire qui se voulait rassurant et il se détendît.
Je portai le vêtement sans mouvement brusque jusqu'à son bas-ventre pour le couvrir. Il me laissa faire, sans bouger.

Cette fois, c'était moi qui fus détendu. C'était tout de même moins gênant. Je nouais les manches dans son dos, essayant de ne pas trop me coller à lui, puis je me suis écarté. Je réfléchirai à son arrière plus tard. De toute façon, il était assis.

Il vit que j'étais beaucoup moins crispé que tout à l'heure et il baissa les yeux sur son membre qui était maintenant dissimulé. Il fit un autre son, plus doucement, avant de sourire. J'ai eu peur qu'il ne veuille vérifier si j'avais la même chose que lui, mais il comprit que c'était ça qui me rendait mal à l'aise.

-Je voudrais rentrer, j'ai murmuré, en espérant qu'il saisisse.

Il m'a fixé, hypnotisé par ma bouche. Je ne savais pas comment lui faire comprendre. Je voulais partir de là. Je lui ai montré l'extérieur. Il poussa un petit cri avant de se remettre en position accroupie et de m'agripper le bras. Je me suis levé, soulagé, et nous nous avancés jusqu'à l'entrée de la grotte. Je n'avais pas remarqué que c'était si haut. J'étais épuisé. Et pourquoi ce genre de choses n'arrivait qu'à moi déjà ?

Je sentis le sauvage entourer son bras autour de ma taille pour me tenir fermement contre lui. Que...
Il sauta dans le vide, m'entraînant avec lui et me faisant pousser un cri de frayeur. J'allais mourir.
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Hellooooo !!!!
Alors ? Cette rencontre avec Harry ?
Vous avez trouvé ça comment ?

J'ai tellement galéré à décrire ça, surtout du point de vue de Louis. J'essaye de me mettre à sa place en fait et c'est juste trop dur omg

J'essaye d'écrire le chapitre d'après au plus vite, merci de me lire <3

EmiiCherry

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