WILD 1

C'est bon, je suis décidé.

Aujourd'hui, je vais lui dire la chose que j'ai longtemps refusé d'admettre.

Au départ, je pensais que c'était une simple amitié trop forte ; des meilleurs amis, rien d'autre. Sauf qu'un soir, une émotion ou bien un sentiment inattendu et surprenant m'a fait ouvrir les yeux. Celui-ci était de l'amour, rien de bien compliqué.

Je l'aime et c'est tout nouveau pour moi. Comme si ça n'a pas suffit, la jalousie est arrivée. Pire, la possessivité aussi.

Vu que je n'ai rien assumé, j'ai souvent été en colère ou sur les nerfs h24. C'en est parfois invivable.

Il l'a remarqué. Ils l'ont tous vu. Je suis différent. À cause de cet amour étonnant par sa force, j'ai beaucoup trop changé. Mais j'ai peur. Peur de son regard, de sa réaction, de l'après.

Je ne suis pas gay et bien qu'il soit le seul que j'aime, je ne peux pas dire que je sois hétéro ni gay. Je suis donc bisexuel ? Je ne suis pas doué pour mettre des mots sur mes sentiments, encore plus lorsqu'il s'agit d'une étiquette sur le front.

J'avoue être perdu. Je sais que je vais lui dire, il le faut après tout. D'abord, je n'aime pas lui cacher des choses, deuxièmement parce que j'y ai longtemps songé et, enfin, peut-être qu'après ça, je me sentirais plus léger. Garder des sentiments secrets pour une personne que l'on voit pratiquement 24h/24h, ce n'est pas simple.

C'est une torture.

On rêve de l'embrasser, de la caresser ou tout simplement de la prendre dans nos bras, en sachant qu'elle sait ce que l'on éprouve pour elle... Je veux ça. Je le désire.

Alors oui, je vais tout lui dire. C'est sans doute un suicide. Non, c'en est un. Pas de doute. Il est différent de moi et pourtant nous nous ressemblons tellement en même temps.

Il est constamment en train de faire quelque chose, je suis plus posé. Il est souriant, je ne le suis pas autant que ça. Il est prêt à tendre la main à son prochain, chose que je fais rarement. Et d'autres détails qui font que nous sommes différents mais qui me font l'aimer.

Toutefois, je ne peux pas dire que je suis fou amoureux de lui. Si, peut-être ? Aucune idée. Simplement, je sais que j'ai besoin de lui. Alors, ça doit être qu'un simple amour qui prend une proportion qui me dépasse complètement. De temps en temps, je trouve ça effrayant.

J'ai l'impression de me noyé, de me perdre.

Je ne suis jamais tombé amoureux d'un mec. Moi avant, j'ai toujours été attiré par les filles. Uniquement par elles : taille fine, de longues jambes et puis avec de la poitrine, normale quoi. D'un type, non, jamais. C'est la première fois. Première fois que j'ai des sentiments tout en éprouvant une forte attirance pour un individu du même sexe que moi.

Bon, il est temps de me jeter dans la gueule du loup. Ils sont cinq à être assis sur le canapé du salon, tandis que YunGi a voulu s'asseoir à même le sol. Ils me regardent avec impatience. Tout à coup, ça semble moins simple que je l'aie songé. Leurs regards deviennent un poids sur mes épaules

Le sien me brûle.

_ C'est quand tu veux.

Ah oui. Je reviens à moi et regarde JiMin qui a osé rompre le silence.

Ils le voient. Ils le sentent tous. Pour une fois que je ne fais pas mon démon, ils doivent trouver ça mon sérieux étrange, voire ennuyant pour certains.

_ Oh oui, pardon... Alors, si j'vous ai demandé de vous réunir, c'est parce que j'ai quelque chose à dire que j'arrive plus à garder pour moi.

_ Sortons les violons.

Et pendant que HoSeok se met à jouer à un violon imaginaire, les autres rigolent. C'est toujours comme ça et moi aussi, je ne peux pas retenir un semblant de rire.

_ Yah, arrête-toi et laisse-le parler.

Comme toujours, YunGi met fin à son cinéma. En temps normal, j'aurais renchéri et dit à la tête blonde de le laisser tranquille. Sauf qu'aujourd'hui, je le remercie d'un simple hochement de tête.

_ Rooh. C'est pas drôle.

HoSeok fait claquer sa langue et prend un air faussement déçu.

_ Alors, dépêche-toi de vider ton sac car je sens que la suite va l'être tout autant.

_ Puis moi, j'ai envie de pisser.

Merci leader, ta franchise me tuera un jour.

_ Hm. C'est pas si simple que ça...

_ Là, je parle au nom de tout le monde en affirmant que tu commences à nous faire flipper.

_ Il a pas tort Nam' : bouge. HoSeok, l'impatient.

_ Ne réfléchis pas Jungkook-ah. Parle sans te prendre la tête. Personne ne te jugera.

Et j'espère que toi, tu répondras à mes sentiments sans me juger.

_ Hm, merci Tae'. J'inspire et expire, les fuyant de courtes secondes du regard. Je vais faire simple alors : je suis amoureux de -

_ Mais c'est super !

Après l'affirmation de SeokJin, tout le monde semble plus détendu, voire très ravi pour moi mais...

_ De TaeHyung.

Leur expression se fige, se décompose.

C'est comme une grosse claque en pleine figure.

Ils ne sourient plus. Ils sont tous paralysés par la situation. Pourtant, je n'ai fait que dire être amoureux d'une personne. Pourquoi restent-ils muets ? Je les regarde tous, mais surtout lui.

Ses traits se sont durcis et pour la première fois, il m'effraie.

Je ne suis pas con, j'ai très bien compris.

_ Pardon ?

_ Je... J'ai dit t'aimer.

_ Répète-le encore une fois.

Je ne comprends pas. Un sourire orne le coin de ses lèvres. Est-ce bon signe ou bien dois-je me fiais à ma peur et fuir maintenant ? Répéter ou me taire ? Je l'ai dit ! Pourquoi devrais-je alors redire ces mots-là. C'est déjà si dur.

_ TaeHyung, calme-toi...

_ Il a raison Jin, peut-être qu'on l'a mal compris. N'est-ce pas JungKook, tu t'es trompé ? Tu nous fais encore une de tes blague, c'est ça ?

Désolé Nam'.

_ Non. Je suis sincère. J'aime TaeHyung. Kim TaeHyung. Je t'aime toi.

Ma voix a perdu de son assurance, alors qu'ils sont tous foudroyés par chacun des mots. Ça ne pouvait pas être simple, je l'ai su mais je n'ai pu m'empêcher d'imaginer cette scène si facile.

_ Donc t'es pédé.

A la parole de JiMin, mes yeux s'écarquillent. Non ! Bien sûr que je ne le suis pas. Je suis simplement... moi. Je suis normal et comme tout être humain, j'ai des sentiments pour une personne.

_ Putain, faut que j'aille gerber.

HoSeok, qui a su retrouver son calme jusque-là, se lève de sa place, laissant un espace vide entre SeokJin et TaeHyung. Il s'éclipse de la pièce et quelques secondes plus tard, on peut entendre la porte de sa chambre claquer. Très vite, le plus vieux va faire la même chose ainsi que Nam'. Il ne reste donc plus que JiMin, YunGi et le principal concerné.

Aïe.

Ils ont l'air si dégoûté. Non parce que je suis amoureux d'une personne, mais de moi. Leurs yeux me jugent, me fusillent et m'achèvent. Tout ça a été une mauvaise idée.

Sans m'y attendre, TaeHyung se lève à son tour. Mon cœur ne bat plus normalement, non d'amour mais d'appréhension. Il n'a pas vraiment réagi. Je n'ai eu aucune réponse de sa part, même si je la vois parfaitement dans mon esprit.

Il s'approche encore et encore.

Il pourrait être comparé à un serpent. Magnifique et dangereux s'approchant de sa victime.

Nos corps sont proches. J'entends une nouvelle fois le mot « pédé » sortir de la bouche de JiMin ou sans doute je l'hallucine. Et puis, il agit. Il m'observe de longues secondes pendant lesquelles je suis nu, soumis à la crainte. La sensation est horrible.

_ JungKook, écoute-moi bien s'il te plaît.

Sa voix... Sa voix n'a pas changé. Du moins, elle est beaucoup plus douce, posée et presque mélodieuse.

_ Les bites, ça ne me dit rien.

J'entends mon coeur souffrir seconde par seconde.

_ Et j'ai très bien compris ce que t'as dit, d'accord ?

Arrête d'utiliser cette voix si rassurante, je t'en supplie.

_ Mais jamais j'enfoncerait ma bite dans le cul d'une p'tite tapette.

Tout comme mon cœur, mon monde s'effrite au fil de ses paroles.

_ Alors maintenant, tu vas cesser d'avoir ce genre de sentiments répugnants pour moi, car j'en veux pas. Jamais je serai avec toi. Jamais je t'aimerais et encore moi te toucherais.

JiMin rit, tandis que l'air grave et en colérique de TaeHyung s'accentue.

_ Car tu es un mec et que j'en suis un. Quel genre de personne t'es pour être autant répugnant tout à coup ? Mais wow ! Tu m'as tellement surpris là, que j'ai envie de te défoncer la gueule.

Encore une fois JiMin rigole. TaeHyung le rejoint. Cependant, il n'y a rien de drôle.

_ Tu comprends pas, commencai-je avec désespoir, j'ai pas pu contrôler ça. Tu crois que j'ai pas été autant choqué que toi au déb -

Sans me laisser le temps de terminer, il abat son poing sur ma joue. J'en tombe sur le côté, rattraper de justesse par YunGi qui n'a fait qu'être témoin jusqu'à présent.

Il me maintient debout et lance un regard d'avertissement aux deux autres fiers et amusés.
Un goût amer accompagne ma salive et l'envie de pleurer devient trop puissante.

_ C'est toi qui pige rien ! Ne m'approche pas et ne m'adresse même pas la parole, sinon je te tuerais. Là, c'est bien clair ?

Il me crache dessus et sort du salon, suivi de JiMin.

Sonné et à deux doigts de chialer comme une merde, j'essuie le crachat sur ma peau et au passage, je grimace lorsque ma manche atteint ma lèvre ouverte.

_ Il faut soigner ça.

Encore YunGi. Juste en face de moi, les mains portées sur mes épaules, il examine ma lèvre légèrement déchirée.

Décidément, on dirait que c'est le seul à n'avoir pas changé.

_ Pourquoi il a fait ça...

_ Sans doute le choc.

_ Tu l'es pas toi ?

_ Bien sûr que je le suis, mais tu restes pour moi le p'tit gamin bruyant et mal élevé.

J'espérais qu'il dise non.

J'ai envie de rire, me sentant si honteux et sale mais ma lèvre me fait trop souffrir. Alors, je renifle, luttant contre mes larmes.

_ Mais tu l'aimes vraiment ?

Je hoche la tête en détournant le regard.

_ JungKook, je pense qu'à partir d'aujourd'hui, ça ne sera pas simple pour toi au sein du groupe, même pour le groupe. Donc si tu veux un conseil, fais-toi discret et encaisse sans broncher.

Finalement, j'aurais dû la fermer.

○ Coucou ! Voici ma première fiction en espérant que ce premier chapitre plaise. n.n