9 . Vengeance
Ezia
Trois jours se sont écoulés depuis mon arrivée en Italie. Je n'ai toujours pas vu ni ma mère, ni Léo et ça me rend dingue. Je passe mes journées avec Zora et Stella à ne rien faire à part profiter de la piscine intérieure, du jardin et de la salle de cinéma. Certes, la demeure est incroyable... mais si cela continue, elle aura ma peau. Je n'ai toujours pas repris mes quartiers dans notre chambre et je crois que mon message n'a pas fait son chemin dans la tête de mon taré de fiancé puisqu'il a continué à voir ses putes. Je crois même avoir vu passer des visages différents pendant ces trois jours. Ces petites merdeuses s'amusent à me prendre de haut lorsqu'elles me croisent et ça ne fait qu'intensifier ma haine.
La vengeance est un plat qui se mange froid ma fille, patience !
La bonne nouvelle, parce qu'il y en a quand même une, c'est Stella qui a réussi à m'avoir une pilule contraceptive que j'ai bien cachée dans mes affaires. Je n'ai gardé que les plaquettes avec les petits médicaments et pris soin de me débarrasser de la boîte. Diego peut revenir vers moi à tout moment mais je n'ai plus le stress de tomber enceinte.
Aujourd'hui, Stella a fait venir une prothésiste ongulaire et une esthéticienne pour nous offrir un moment girly. J'admire son attention, mais les circuits et les voitures me manquent, avoir de belles mains manucurées ce n'est pas moi.
— C'en est assez pour moi les filles... dis-je en me levant. Je vais aller me détendre à la piscine.
N'attendant aucune réponse de leur part, je me lève et quitte la pièce en direction de l'espace balnéo. Je suis immédiatement suivie par deux toutous de Diego en plus d'Alonzo, c'est toujours comme ça même quand je suis avec les filles. Soufflant d'exaspération, je rentre dans la cabine pour me changer et enfiler mon maillot deux pièces avant de me diriger vers la piscine et, connaissant déjà la température, ne perds pas de temps à entrer dans l'eau. La sensation du liquide chloré qui englobe ma peau me fait un bien fou. Je fais quelques allers-retours en brasse avant de sortir m'allonger sur un des transats sous les regards désireux de mes gardes du corps.
Confortablement installée, mon attention se porte au-delà des fenêtres sur les voitures qui viennent de se garer dans la cour. Diego sort le premier d'une Lamborghini Revuelto orange, le voir faire et savoir qu'il m'interdit de conduire me donne envie de tout casser de haine, j'aimerais détourner le regard mais ma curiosité prend le dessus. Il est vêtu d'un costume trois pièces beige haut de gamme, ses cheveux sont impeccablement coiffés en arrière et ses yeux cachés par une paire de lunettes de soleil. Je l'observe faire le tour de la voiture pour ouvrir la porte côté passager et tendre sa main pour aider la personne à sortir. Une jolie jeune femme brune sort et sourit de façon tendre à Diego en le remerciant, lui aussi est tout heureux à l'idée de l'amener ici, pour moi c'est la fois de trop.
Tu es ici chez toi m'a-t-il dit... Qui ramène autant de maîtresses chez sa femme ?
Très bien, il veut continuer. Jouons. Je suis au maximum de ce que je peux encaisser. Une idée me vient en tête... me redressant, je défais le haut de mon bikini en plantant mes yeux dans l'un des hommes chargés de ma surveillance. Sincèrement, des trois, Alonzo serait celui vers qui j'irais en premier, mais il fait partie des seules personnes avec qui j'apprécie discuter lorsque j'en ai l'occasion, le jeu auquel je m'apprête à jouer est trop dangereux pour mettre sa vie en danger. Mon action a l'effet escompté, Alonzo détourne les yeux quand les deux autres me bouffent du regard.
C'est ça...
— Je meurs de soif... commencé-je, c'est possible d'avoir quelque chose ? Un cocktail, un truc bien alcoolisé... Non, même deux cocktails !
Sans tourner son regard vers moi, Alonzo accepte et passe un appel pour répondre à ma demande.
— Arrêtez de la regarder ! crache-t-il à l'attention des autres.
— Non ! dis-je tranchante. Regardez-moi, personne ne le fait en ce moment... j'ai besoin de savoir si je plais... ajouté-je sur un ton qui se veut légèrement aguicheur.
Alonzo jure dans sa barbe, quand les autres intensifient leurs regards et me couvrent de louanges. Je n'en demandais pas tant. Décidant d'aller plus loin, je commence à me caresser délicatement en débutant par mes cuisses, puis glissant avec légèreté sur mes côtes, avant de venir saisir un de mes seins pour le malaxer et finir ma course sur mon cou avant de redescendre et passer sous la culotte de mon bikini, sur mon bouton sensible.
C'est le moment que choisit la gouvernante pour apporter mes boissons. La femme, d'un âge avancé, est outrée par ma petite activité là où deux de mes gardes du corps bavent d'appétit. Ne perdant pas de temps, j'avale un des deux cocktails avant de reprendre là où je m'étais arrêtée. Mes petits cercles sur mon clitoris, à la pression parfaite, me procurent de délicieuses décharges électriques qui remontent le long de ma colonne vertébrale.
C'est que ça m'avait presque manqué, ma fille ! C'est bon !
Les yeux brillants d'excitation, je rencontre ceux du jeune homme que j'ai décidé de prendre comme encas. M'imprégnant jusqu'au fond de son être, je ne retiens pas mes doux gémissements de plaisir.
— Valérian ! le réprimande Alonzo. Arrête de suite !
— C'est plus fort que moi ! répond le concerné.
— Tu as un nombre incalculable de putes à ta disposition... si ça te démange tant que ça, vas-y ! Mais arrête de regarder la femme du boss.
Le troisième homme rigole avant de lâcher.
— Peut-être qu'elle ne ferait pas ça devant nous si le "boss", dit-il en mimant les guillemets, prenait un peu plus soin d'elle.
Il me plait bien lui, a-t-il vu clair dans mon jeu ?
— Moi, je ne la toucherais pas... par contre la regarder... dit celui dont je ne connais pas le prénom en reposant son regard sur moi tout en se massant la mâchoire, C'est une autre histoire. Je ne comprends pas le patron, quand on a un avion de chasse comme elle entre les mains... Regardez-moi ces seins !
Alonzo n'a pas le temps de le reprendre que trois autres hommes font leur entrée dans la pièce.
— Qu'est-ce que vous foutez là ? leur crache-t-il.
— Val, Luc... c'est l'heure de la relève ! lâche un des nouveaux venus.
Intérieurement je ris face à la situation, plutôt cocasse, dans laquelle j'ai embarqué tout le monde. Le pauvre Alonzo commence à perdre le contrôle de la situation alors que Val et Luc défendent leurs places, essayant de renvoyer les autres d'où ils viennent car leurs prise de poste ne se fait que dans deux heures.
— Luc... fais pas ton égoïste. Laisse nous prendre le relais !
— Hors de question Kenzo. Dégagez et revenez quand c'est votre heure ! finit Luc.
De mon côté, je savoure le spectacle en reprenant mon massage intime. Je ne m'attendais pas à ce que cela ameute toutes les troupes, ce n'est que plus jouissif. Intérieurement, je me demande combien de temps faudra-t-il pour que cela arrive aux oreilles de Diego ? Les paris sont lancés. Forçant la chose, je lâche un long et bruyant gémissement attirant de nouveau tous les yeux sur ma personne. Un des nouveaux arrivant se sent pousser des ailes en s'approchant de moi.
— Je peux vous aider Mademoiselle ? demande-t-il sans détour.
Je dois avouer qu'il est très charmant et sa proposition intéressante.
Hésitante, ma réponse est devancée par l'ouverture avec fracas de la porte.
— PERSONNE DE BOUGE !! gueule la voix de Diego à travers la pièce.
Mon taré de fiancé s'avance seulement vêtu d'un peignoir, il n'est pas difficile de savoir quel genre d'activité l'occupait avant d'être dérangé. N'écoutant pas son ordre, je me lève et colle mon corps à son homme de main venu me proposer son aide pour me diriger vers la piscine et plonger la tête la première. Sortant de l'eau, je sursaute en faisant face à celle de Diego qui m'a rejoint. Son regard noir et dangereux me fusille pendant que les quelques mèches qu'il n'a pas réussi à plaquer en arrière dégoulinent sur ses tempes. Je devrais avoir peur, pourtant l'adrénaline qui circule dans mon corps me pousse à lui tenir tête.
— Alors comme ça Madame veut jouer ! me dit-il de sa voix rauque en me prenant de haut. Alors jouons !
Prenant conscience du danger qu'il dégage, je recule d'un pas, puis deux... suivie de près par Diego dont un sourire carnassier a pris place sur son visage.
— Tu n'étais pas pris ailleurs ? je crache hautaine. Ta pute doit t'attendre, cuisses écartées sur notre lit !
— Elle s'appelle Romy et n'a pas eu la chance de profiter de notre lit puisqu'on m'a interrompu pour me dire que ma femme faisait des siennes !
Diego m'écarte les jambes d'un mouvement rapide, passe facilement outre ma culotte et plonge d'un coup sec dans mon intimité, me coupant un instant la respiration.
— Six de tes hommes sont là ! dis-je en voulant l'arrêter.
— Et alors ! m'assomme-t-il en plongeant ses lèvres contre l'épiderme de mon cou. Tu te touchais bien devant eux il n'y a pas si longtemps, chuchote-t-il entre deux baisers, te baiser, là, maintenant ne ferait que marquer davantage mon territoire.
— Tu oserais leur montrer à quel point tu ne sais pas me faire jouir !
Apparemment mon esprit a décidé de le provoquer plutôt que de calmer le jeu... Diego lâche un rire grave au creux de mon cou.
— Mais tu as tellement bien commencé le travail, Ez, que te faire basculer en enfer ne sera qu'un détail... si j'en ai envie. Que dirais-tu si je te privais de l'orgasme ?
Cette fois c'est moi qui rit.
— De toute les fois où tu m'as prise, Diego, tu n'as réussi qu'une fois à me faire jouir et avec l'aide d'un sextoy... Encore faudrait-il que tu arrives à le faire toi-même pour m'en priver.
Son corps entier se tend de rage à ma réplique, crochetant ses doigts, ses mouvements se font plus rapides et précis à l'intérieur de moi, m'arrachant un gémissement de plaisir alors qu'une vague de chaleur vient se loger dans mon bas ventre.
— Tu disais quoi ? me provoque Diego. Je n'ai pas trop compris... recommence pour voir ? finit-il en refaisant la même manipulation, obtenant la même réaction de mon corps.
Bouche entre ouverte je me raccroche à mon taré de fiancé qui retire ses doigts pour s'insérer en moi avec de légers petit à coups.
— Arg, Ezia ! râle-t-il bien fort au milieu de la pièce. Ta petite chatte si serrée est tellement bonne putain ! achève-t-il entre ses gémissements gutturaux.
Diego me prend sauvagement, ici dans la piscine sous les regards gênés et déviants de ses hommes. Ses coups de bassin sont francs et tapent le fond de mon intimité au bon endroit, me faisant gémir de plaisir alors que je le hais plus que de raison. Les yeux fermés, je tente de ne pas céder au feu qui grandit dans mon bas ventre, qui s'insinue dans mon sang et traverse l'entièreté de mes veines. Je ne peux pas lui donner ça une deuxième fois... Me voyant et sentant lutter pour refouler l'orgasme devant ma porte, Diego glisse une de ses mains, qui tenait mes fesses, sur mon bourgeon des plus sensibles. Ses caresses et ses légères pressions sur mon clito me font basculer...
Cédant à l'orgasme, je cache mon visage contre son torse et ne retiens aucun râle de plaisir.
— Arg... Ez... oui vas-y resserre toi... encore ! Putain ! jure mon taré de fiancé en continuant ses délicieux mouvements provoquant des tremblements dans tout mon corps.
Il lui faut peu de temps pour me rejoindre et lâcher son plaisir en moi. Me tenant fermement contre lui, il tente de reprendre son souffle qui est tout aussi saccadé et désordonné que le mien. Je n'ose pas bouger, ma tête blottie contre lui, Diego renforce son emprise sur moi et me surprend en posant de tendre baiser sur ma tempe.
— Dégagez tous ! finit-il par crier. Alonzo, approche moi les serviettes et renvoie Romy chez elle.
Diego attend que tout le monde soit parti pour nous sortir de l'eau, ne me lâchant pas il attrape tant bien que mal les serviettes et m'enroule dans l'une d'elle avant de faire de même pour lui. Notre ébats m'a vidé de toute énergie, dans cet orgasme j'ai relâché toute les tensions accumulées ces derniers jours. Mon taré de fiancé m'enfile son peignoir et nous emmène dans une des nombreuses suites vides de cette villa.
— La vue n'est pas aussi belle ici que dans la principale... Mais je n'ai pas encore pris le temps d'exécuter ta demande... me glisse-t-il en nous installant sous les draps, me serrant contre son torse il enchaîne. Repose toi ma jolie, une grosse soirée nous attend !
Relevant la tête je n'ai pas besoin de poser la question, Diego la lit dans l'azur de mes iris.
— Nos parents ont préparé une fête de fiançailles. Nous avons quelques heures devant nous avant que ma mère ne débarque avec son styliste, maquilleur... tout ça, tout ça !
Diego finit en m'embrassant d'une façon qu'il n'avait jamais fait jusqu'à présent, me déstabilisant par sa tendresse et sa profondeur.
Heureusement que Diego avait mis son réveil sinon nous dormirions encore. La tête dans le brouillard, je suis installée dans la suite principale face au grand miroir de la coiffeuse après avoir pris une douche bien chaude. Le coiffeur d'un côté, le maquilleur de l'autre et la mère de Diego m'analysent pour trouver "le style parfait pour ce grand événement". J'ai le sentiment que le rendu final ne va pas me plaire du tout. Ne perdant pas de temps, les deux artisans de la mode se mettent au travail. Ils bougent tellement dans tous les sens que je ne vois rien dans le miroir.
— Vous allez être magnifique ! clame ma future belle-mère.
Au bout d'un temps qui m'a semblé ne jamais finir, je suis debout face à un grand miroir prête pour cette fameuse soirée. Mon regard se balade sur mon reflet en partant d'en bas : la robe en satin d'un bleu canard intense moule mes formes à la perfection, des détails en perles dorées soulignent mes hanches, le bustier montre ce qu'il faut de poitrine et tient grâce à deux bretelles composées d'une chaînette couleur or. Une jambe à nu, cette robe est un mélange bien équilibré entre sensualité et raffinement. Le coiffeur a frisé et remonté mes cheveux en demi-queue de cheval, créant du volume sur le dessus pour un effet coiffée, décoiffée qui met bien en avant les traits de mon visage. La maquilleuse a travaillé mon teint, le rendant lumineux et lisse, mes yeux sont légèrement mis en valeur avec un léger trait d'eyeliner et mes lèvres redessinées avec une couleur rosé nude.
— Ma chère Ezia ! s'extasie Donatella. Vous êtes si jolie... il ne manque plus que les chaussures. finit-elle en me tendant une paire d'escarpins noirs laqués.
Je dois avouer que je me trouve très jolie. Les dernières retouches faites, nous descendons rejoindre les hommes qui nous attendent dans la cour, prêts à partir.
Alors que je descends les escaliers, je sens le regard brûlant de Diego sur ma personne. À côté d'un SUV Maserati, il m'ouvre la porte arrière passager et m'invite à monter d'un geste de la main avant de faire le tour pour me rejoindre et donner l'ordre au chauffeur de partir.
— Tes putes ont droit aux supercars... et moi le SUV familial, quel bonheur... dis-je avec dédain.
Diego ne prend même pas la peine de relever ma réflection.
— Tu m'interdis de conduire. Tu pourrais au moins me laisser le plaisir d'être passagère.
Tournant enfin sa tête vers moi Diego répond.
— Si ce n'est que ça, ma jolie, je t'amènerai faire un tour avec mon dernier bijou. Une Ferrari... Tu es magnifique chérie ! dit-il en me caressant ma cuisse nue, pensant me faire oublier.
Nous arrivons rapidement sur le lieu de la réception, une somptueuse villa surplombant la mer. Diego sort le premier et a la galanterie de m'ouvrir la porte afin de m'aider à descendre. Un air de jazz résonne jusqu'à l'extérieur, et face à nous au sommet des quatre marches qui donnent accès à l'entrée nous attendent Francesco, ma mère, Léo et celle que je suppose être sa compagne. Enfin je revois ma famille, intérieurement je suis très heureuse, je m'avance d'un pas rapide pour les prendre dans mes bras mais Diego me retient.
— Tu ne peux pas les enlacer ici... chuchote-t-il.
Je n'ai pas le temps de lui répondre qu'il prend ma main pour nous diriger d'un pas lent et calme dans leur direction, Diego sert la main de tout le monde quand de mon côté je reste en retrait jusqu'à ce que Francesco caresse mon visage du bout des doigts avant de saisir mon bras, ma mère le mime en faisant la même chose de l'autre côté. Son contact fait frissonner mon épiderme, il est chaud, agréable et réconfortant, il m'avait terriblement manqué... elle m'avait manqué, mais combien de temps vais-je pouvoir être avec elle ? N'ayant aucune réponse, je savoure chaque seconde en sa présence. Suivis de près par Diego, ses parents, et Léo, nous passons une porte nous menant sur un petit balcon surplombant une magnifique salle de bal décorée avec goût. La musique se stoppe et toute la foule porte son attention sur nous, faisant monter une vague de malaise en moi.
— Famille, amis, associés ! s'exclame Francesco. Je vous présente ma magnifique fille, Ezia Mancini.
L'assemblée m'acclame joyeusement et Francesco demande le calme pour continuer son annonce. Me lâchant, il s'approche de la rambarde.
— Si je vous ai réunis ce soir, c'est pour enfin pouvoir fêter notre alliance avec la famille Esposito par les fiançailles de ma princesse avec Diego, le fils de Sandro et Donatella.
Francesco appuie ses paroles en faisant signe au concerné de nous rejoindre et attrape ma main pour lui tendre, entraînant ma mère à me lâcher.
— Maman... soufflé-je paniquée par ce contact rompu.
— On se voit plus tard ma chérie...
Diego nous fait descendre les escaliers et nous amène au centre de la piste de danse, incitant la foule à se pousser. Commence un slow que mon taré de fiancé s'empresse de danser en me rapprochant de lui, ses mains posées de part et d'autre de mes hanches. Je suis mal à l'aise avec tous ces regards étrangers posés sur moi. Mon cavalier sentant le stress s'emparer de chaque pore de ma peau me demande de le regarder.
— Il n'y a que nous deux ma jolie. Toi et moi, les autres ne sont pas là... détends toi, tout va bien se passer.
Je n'ai même pas la force de répondre de façon sarcastique à Diego tellement la gêne a pris le contrôle de mon corps. J'ai pourtant bien envie de lui dire qu'à chaque fois qu'un homme m'a dit cela, il a fini par me violer... merci du conseil.
Notre danse finit, nous saluons le public qui s'empresse de venir nous féliciter pour nos futurs noces. Certains me parlent comme s'ils me connaissaient depuis longtemps alors qu'ils me sont totalement étrangers. Mes parents nous rejoignent et mon géniteur m'explique une à une qui sont ces personnes.
— Diego, je l'appelle pour tenter de capter son attention, je vais aller du côté du buffet...
— Non ! dit-il sèchement. Enfin, je... mon père aimerait danser avec sa belle fille...
— Je réserve celle d'après ! lance une voix que je reconnaîtrais entre mille.
— Léo !! dis-je une pointe de joie dans la voix.
Il est là... il est enfin là devant moi, en chair et en os. Depuis le temps que je voulais le voir, je ne sais pas comment me comporter, dois-je lui en vouloir ? tout oublier et faire comme si rien ne s'était passé ? Non, la deuxième hypothèse est trop compliquée avec tout ce que j'ai vécu en une année.
— Ton père avant ton frère ! tranche sèchement Francesco.
Sans que je n'aie mon mot à dire, je me retrouve à enchaîner une danse avec le père de Diego, une autre avec Francesco et enfin je me retrouve entre les mains de mon frère. D'un geste de la main, je tente de refouler l'avalanche de larmes prête à déferler sur mes joues rouges.
— Léo ! dis-je en le serrant contre moi.
— Mon petit aigle... chuchote-t-il. Je suis tellement désolé.
Une seule question brûle mes lèvres.
— Pourquoi ?
Léo souffle un bon coup avant de commencer son récit.
— Tu as des souvenirs de quand tu avais quatre ans ?
J'essaie de voir si certaines choses me reviennent en tête, mais rien n'y fait. Je secoue la tête négativement pour lui répondre.
— Maman a appris les plans de Francesco... te concernant ! dit-il doucement de façon à ne pas être entendu. Elle était contre le fait que tu n'aies, comme elle, pas la possibilité de choisir ton avenir.
Léo enchaîne rapidement notre fuite d'Italie et autour du monde pour éviter que notre géniteur nous retrouve. Puis vient le moment où Diego nous a retrouvés parce qu'ils ont su qu'il faisait de la compétition sur circuit. Il me partage s'en vouloir d'avoir suivi sa passion qui nous a mis en danger et fait tomber notre couverture.
— Mon petit Lion ! Ce n'est pas ta faute. tu avais le droit de suivre tes rêves et faire ce qui t'anime ! tenté-je de le déculpabiliser.
Mon frère a fait ce qu'il avait à faire, malheureusement cela a permis à notre père et ses hommes de nous retrouver... c'était le jeu et je ne lui en veux pas.
— Mais... Aodhan dans tout ça ?
— Il a toujours su qui tu étais... m'avoue mon frère. Tu n'aurais jamais du finir chez lui, Diego a fait de la merde et de mon côté je n'ai pas assez bien brouillé les pistes jusqu'à toi. Il n'aurait jamais dû mettre la main sur toi, Ez.
— Je... Attends... Quoi ? Je n'ai pas tout compris... depuis le début Aodhan me connait ! Pourtant...
Je me repasse toutes nos conversations en tête, le mafieux ne m'a jamais dit me connaître. Il ne m'a jamais parlé de tout ce bazar.
— Oui, Ezia... Il savait très bien qui tu étais. À San Francisco, je lui ai demandé de garder un œil sur toi et de faire en sorte que Diego ne te mette pas la main dessus...
— Tu étais donc bien là !! Je n'ai pas rêvé.
Mon frère me répond par la positive avant de fuir mon regard rempli de haine contre lui. Il m'a fait souffrir pour finalement revenir au point de départ. Aucun de ses plans n'ont marché pour me garder loin de ce monde. Mais puisqu'il coule dans mes veines, ne suis-je pas à ma place finalement ? Avec mon frère et ma mère ? Plutôt que seule à vivre "libre" à l'autre bout du monde.
— Néanmoins... enchaîne Léo. Il y a une chose qui m'échappe... Pourquoi Aodhan n'a pas cherché à toucher notre père en s'en prenant à toi...
— Quoi ? Pourquoi aurait-il dû me faire du mal ?
Léo lâche un rire sans joie avant de dégoupiller la grenade.
— C'est de notre faute si sa mère est morte... m'apprend-t-il.
Sous le choc de son annonce, je stoppe tout mouvement et porte mes mains sur ma bouche prête à se décrocher. Léo voit bien que je ne comprends pas...
— Elle et son père nous ont aidés il y a plusieurs années... Sans surprise, quand Francesco l'a appris... il s'est vengé. Eux qui étaient amis par le passé, il n'a pas hésité à essayer de les tuer...
— Ils s'en sont sortis... sauf sa mère... finis-je la voix tremblante.
Plantée face à mon frère au milieu de la piste, je comprends que l'homme qui m'a fait me sentir vivante, qui m'a partagé d'intimes parties de lui, a vécu un des pires événements de sa vie par ma faute. Lui qui hante mes pensées quand Diego me touche, mon fil rouge, ma bouée de sauvetage... il devait tellement me haïr à vouloir m'en tuer. Pourtant il n'a rien fait, rien tenté... qu'attendait-il : un moment précis ? Que je sois encore plus sous son emprise, folle amoureuse de lui ? D'ailleurs m'a-t-il fait tomber amoureuse de lui pour mieux se venger des actes de mon géniteur ? M'aime-t-il ? Peut-être qu'à l'heure qu'il est, la seule chose qui le rend fou est le fait de ne plus pouvoir mener à bien sa vengeance puisque je ne suis plus avec lui. Qu'il est en colère de ne pas m'avoir utilisée plus tôt... ou torturée jusqu'à la mort... mais du coup, à San Francesco, était-il partagé entre ma vie et ma mort pour ne pas arrêter Caleb... Je... J'ai mal à la tête pour tenter de réfléchir de manière raisonnée. Tous ces moments passés ensemble n'étaient que du mensonge ?
— Léo... Je.. Je... Faut que je sorte ! ... J'arrive plus à respirer... essayé-je d'articuler alors que l'air semble avoir fui le confort de mes poumons.
N'attendant aucune réponse de la part de mon frère, je m'élance de manière précipitée vers ce qui semble être une terrasse. Je donne tout pour ne pas m'effondrer, ne pas faire de crise d'angoisse, ce n'est ni le moment, ni l'endroit. Faisant les cent pas, je me concentre sur ma respiration et les gouttes d'eau qui affluent sous mes paupières. Personne n'a l'air de se soucier de moi, même Léo ne m'a pas suivie à l'extérieur... et ça ne fait qu'amplifier ma tristesse. Depuis quand mon frère ne me vient-il pas en aide ? il a bien vu que ça n'allait pas.
Léo est mort il y a un an ma fille ! Ne compte que sur toi !
Cachant mes yeux d'une main, mon barrage cède et je laisse couler quelques gouttes salées sur mon visage en ne retenant plus mes sanglots.
— Et bien mademoiselle... une annonce de fiançailles n'est-elle pas censée être une soirée joyeuse ? me lance une voix grave que je ne connais pas.
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