15 . T'honorer et te respecter

Diego

Je ne sais pas quoi faire... On ne m'a jamais appris à consoler quelqu'un ! Et c'est quoi cette sensation qui part de mon ventre et remonte dans tout mon corps ? serait-ce de la culpabilité ? Je n'ai jamais ressenti une telle émotion jusqu'à présent, mais voir la jeune femme dans un tel état en face de moi me met mal, c'est sûr.

C'est de ta faute !

Je ne fais que ce qui est bien pour elle... et pour ma famille. Malheureusement, nous avons des règles et une hiérarchie à respecter. Elle n'a pas à conduire des voitures comme elle le faisait auparavant. Je sais que pour le moment Ezia s'ennuie au plus haut point, mais cela ne durera pas. Quand nous rentrerons à Miami, elle sera occupée avec les multiples soirées caritatives, expositions... et encore plus lorsque nous aurons nos enfants... Je ne peux pas lui promettre plus, d'autant que c'est son père qui m'impose autant de règles pour la garder sous ma coupe et ne pas reproduire l'erreur qu'il a fait avec sa femme.

Le cœur serré devant l'état de ma jolie, je tente de lui venir en aide même si je comprends très bien être la cause de cette crise d'angoisse. M'approchant d'elle, je ne lui laisse pas le choix et la serre contre mon torse et me balançant d'avant en arrière, je dépose de doux baisers sur le sommet de son crâne en chuchotant des paroles réconfortantes.

— Je... ça va aller... je ne te forcerai plus ma jolie... je... fais chier, finis-je de façon à peine audible.

Ezia finit par se calmer et s'endormir contre moi. Mon téléphone sonne à plusieurs reprises mais je n'en fais pas cas, je nous enfile une tenue plus confortable et nous glisse tous les deux sous les draps. Mon portable n'arrête pas de sonner, je finis par céder et répondre.

— Qu'est-ce qu'il y a Pedro ?

— J'ai une bonne nouvelle pour les affaires boss !

— Et ça ne peut pas attendre ? Tu es obligé de m'harceler ! dis-je d'un ton agacé.

— Ça concerne O'Neil. Je me suis dit que vous seriez content de l'apprendre !

De peur qu'Ezia ne dorme pas et entende, je sors du lit et poursuis la conversation sur notre terrasse privée.

— J'écoute !

— Aodhan est mort suite aux blessures que lui ont infligées Alonzo et les autres. m'annonce-t-il sans prendre de détour. Ce qui signifie que leur réseau risque d'être un tantinet faible les prochains mois... Je pouvais pas attendre pour vous le dire !

— Tu as bien fait ! dis-je en raccrochant.

Attrapant mon paquet de cigarettes, j'en sors une et l'allume pensif en posant mes yeux sur ma femme endormie de l'autre côté de la vitre, elle va être dévastée lorsqu'elle apprendra la nouvelle. Elle ne me l'a pas dit explicitement, mais je ne suis pas bête. Je ne sais peut-être pas ce que cela veut dire d'être amoureux, elle le sait et il a fallu que ce soit lui. Et comme par hasard il ne pouvait pas crever ailleurs que lors d'une fusillade avec mes hommes.

Mes putains d'hommes...

Il ne faut pas qu'elle l'apprenne maintenant, notre relation est déjà assez compliquée pour venir ajouter un fantôme irlandais. Elle ne me pardonnera jamais de l'avoir tué, elle m'en tiendra pour seul responsable. J'ai besoin que les tensions entre nous s'apaisent avant de mettre de l'huile sur le feu. Le mariage ayant lieu bientôt, ce n'est pas le moment qu'elle fasse une connerie ou d'envenimer la situation. Immédiatement, je préviens Léo.

MOI : Tu es au courant pour O'Neil ?

LEO : Oui...

MOI : Ne dis rien à ta sœur pour le moment...

LEO : Il faut qu'elle le sache !

MOI : Je lui dirai après le mariage !

Léo ne répond pas et de toute façon, je ferai en sorte qu'il ne puisse pas le dire à Ezia avant notre mariage. Je vais d'ailleurs bloquer son numéro sur son portable pour m'en assurer. Je bloquerais les numéros de tout le monde s'il le faut.

***

C'est enfin le jour J. Ce jour que nous attendons depuis plusieurs années.

Tôt ce matin, je me suis rendu chez mon frère pour me préparer et ne pas voir Ezia, un dicton dit que cela porte malheur de voir la mariée avant la cérémonie et au vu de nos relations actuelles, il vaut mieux mettre toutes les chances de notre côté. Pour le moment, mon secret sur la mort de l'autre tient encore. J'ai tout fait pour redorer mon image auprès de la jeune femme, passant les derniers jours avec elle plutôt qu'à gérer ma part au réseau; en plus d'être un moyen de me rapprocher d'elle et d'apprendre à la connaître, c'était aussi ce qu'il me fallait pour être sûr que personne ne vendrait la mèche. Dans un premier temps, Ezia s'est montrée réticente, me snobant et m'adressant à peine la parole mais se prêtant tout de même au jeu des diverses activités que je lui proposais. Pas de voiture de sport, de sexe, ou tout autre chose qui pourrait blesser la jeune femme. Pour la première fois, nous avons pris le petit déjeuner, et partagé tous nos autres repas, fait nos séances de sport ensemble. Je l'ai amenée randonner sur des sentiers que je fais généralement seul pour me ressourcer, sur le port pour faire un tour de bâteau. Je ne l'ai pas forcée lorsque j'ai vu son changement d'attitude face à la marina, nous nous sommes plutôt posés en terrasse, profitant du soleil devant un verre de vin. Ezia m'a parlé de sa phobie d'être en mer, au milieu de l'eau sur un engin flottant.

Au fil du temps que nous avons passé ensemble, ma jolie s'est détendue. Je ne dirais pas que tout est parfait entre nous mais je lui ai ouvert mon coeur sur certains points de ma vie, mon enfance, ma passion pour la cuisine... Ezia, après beaucoup de retenue, a fini par m'ouvrir une part du sien, reconnaissant que mes efforts et ma soudaine patience à son égard l'ont touchée. Je me suis rendu compte que je ne la connaissais pas si bien que ça.

"Tranquillement installés dans ce bar un peu branché en bord de mer, le serveur nous ressert à boire tout en nous apportant ces gaufres qui mettaient l'eau à la bouche à Ezia qui n'osait pas demander à en avoir une.

J'ai remarqué qu'elle ne demandait jamais rien, se laissant mener par mes envies et mes propositions. Le fait-elle pour me faire plaisir ? Parce qu'elle en a l'habitude ? Ai-je été si autoritaire avec elle qu'elle en est arrivée à ne plus oser suivre ses envies et demander une simple gaufre ? Ses yeux surpris s'émerveillent devant la pâtisserie recouverte d'une généreuse couche de chocolat et de chantilly.

— Mais euh... commence-t-elle. Je...

— J'ai bien vu que tu en avais envie ! dis-je, un léger sourire étirant les traits de mon visage, me rendant moins dur.

La jeune femme hésite avant de s'emparer de la cuillère pour déguster le met.

— Je ne l'ai pas empoisonné ! dis-je pour détendre l'atmosphère.

Reportant ses magnifiques yeux bleus sur moi, elle glisse d'une petite voix.

— Si ta mère était avec nous, elle me dirait qu'une chose pareille si proche du mariage ne m'aiderait pas à rentrer dans ma robe...

— Ma mère n'est pas là et au vu de ce que tu manges en ce moment, je ne pense pas qu'une simple gaufre au chocolat te fera prendre dix kilos en quelques jours... dis-je en penchant la tête, un sourcil relevé.

L'information concernant la fermeté de ma mère sur son comportement et attitude en société n'est pas ressortie de ma tête, il me faut avoir une petite discussion avec ma génitrice pour la calmer et lui demander d'être moins exigeante. Je ne me suis jamais interposé car Ezia avait réellement des choses à apprendre concernant les règles qui régissent notre hiérarchie et sa place à l'intérieur, mais je ne m'étais pas rendu compte de la pression que cette dernière lui mettait et que cela avait un impact si important sur son moral. Depuis sa crise d'angoisse, je me suis promis à moi-même de la faire sourire à nouveau. Elle est si jolie avec son air joyeux et innocent, je veux récupérer cette femme là, celle qui malgré le mal que peuvent faire les autres arrive à lire entre les lignes et ressentir de l'empathie.

Toutes nos petites escapades l'ont détendue, mais son visage n'est toujours pas aussi radieux que je le voudrais."

Ce jour-là, nous avons fait un bond en avant. Premièrement, contre toute attente, Ezia m'a tendu une part de sa gaufre, c'est un petit geste mais pour moi il sonnait comme une invitation à faire la paix. Deuxièmement, des musiciens jouaient une petit air plus loin et un enfant qui les accompagnait est venu la chercher pour danser avec lui. Ma jolie a hésité un instant puis, me demandant silencieusement d'un regard, a saisi sa main tendue pour aller danser quelques pas. Les rires de l'enfant ont eu un effet magique, elle a souri de façon sincère, ses traits étaient détendus. Cette image a mis du baume à mon cœur, je l'ai enfin revue sourire.

Elle sera une mère parfaite...

Oui en attendant tu lui mens ! me lance le diablotin sur mon épaule que je tente d'éjecter d'un geste de la main.

Ce n'est pas le moment de penser à ça, surtout pas un jour aussi important qu'aujourd'hui.

— Tu es un homme changé, mon frère ! me lance Andrea.

Face au miroir, j'admire le costume trois pièces couleur ébène réalisé sur mesure par un grand couturier italien. Les vêtements épousent parfaitement mon imposante carrure en me laissant l'aisance nécessaire pour bouger comme je le souhaite. Remplaçant une mèche de mes cheveux en arrière, je demande.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Tu n'es plus le même depuis que cette jeune femme partage ta vie... Qu'a-t-elle de plus que les autres à part son statut ? demande-t-il taquin.

Relevant les sourcils, mon regard glisse sur mon frère à travers le miroir.

— Elle n'a rien de plus ! répondé-je sans m'étaler sur le sujet.

Un subtile mensonge, Ezia a tout de plus que les autres : une prestance, un cœur tendre, et une beauté inégalée.

— T'a-t-elle fait des choses incroyables au lit ? Tu es moins tendu, moins ronchon qu'à ton habitude. J'imagine qu'elle, tu ne me la prêteras pas ?

Je souffle d'exaspération face à sa question, le faisant rire.

— Oh ! Ça va, tu étais très partageur avec Romy et les autres... J'aimais bien, tu avais bon goût et tombais toujours sur des sacrées petites coquines ! Elle l'est aussi ? dit-il en se léchant les lèvres. Peut-être qu'un jour tu changeras d'avis avec elle ! Vraiment déçu de ne pas avoir pu être là pour vos fiançailles...

— Tu peux la fermer un peu ! craché-je, sentant la colère s'introduire dans mes veines. Tentes quoi que ce soit avec elle, Andrea, frère ou pas je te tue !

— Oh, ça va Diego... ça reste en famille.

Me lançant un regard plein de défis, il quitte la pièce en direction du hall d'entrée où tout le monde nous attend. Je ne ris pas en disant cela et me méfie de lui, si j'aime jouer avec les femmes... Andrea est encore plus vorace que moi avec des pratiques qui lui sont propres...

Il nous faut peu de temps pour rejoindre l'église de Tropea, ville où vivent les parents d'Ezia et où la jeune femme s'est préparée entourée de sa mère, la mienne, Stella et Zora, ainsi que d'autres filles de familles importantes. Je suis impatient de la voir remonter l'allée jusqu'à l'autel où je viens de prendre place. Mes prières sont rapidement exaucées, l'effervescence se fait ressentir dehors et de jeunes enfants ouvrent le chemin, jetant des pétales de rose en s'avançant dans ma direction. Ezia fait enfin son entrée au bras de son Francesco.

Mes iris ébènes sont vissées sur la jeune femme qui avance jusqu'à moi vêtue d'une longue robe blanche à la jupe volumineuse, telle une princesse. Le bustier entièrement composé de dentelle et de broderie avec des perles, est séparé en deux par un décolleté très plongeant extrêmement sexy sans être vulgaire, ses épaules sont dénudées et des manches qui rappellent le bustier s'arrêtent aux trois quart. Un collier en diamant souligne parfaitement la base de son cou, ses cheveux sont attachés en un très chic chignon bas, dont quelques mèches bien coiffées retombent de part et d'autre de son beau visage, le tout est mis en valeur par un diadème sur lequel est raccroché un voile soyeux si long qu'il glisse sur sa traîne. Une fois à mon niveau, je redécouvre ses yeux maquillés d'un trait d'eyeliner et de fard à paupières or, ses douces lèvres charnues sont recouvertes d'un rouge à lèvre aussi rouge que les roses qui composent son bouquet.

Elle est à moi.

Je la dévore littéralement des yeux, comme la totalité des hommes dans cette église et un élan de fierté me traverse de savoir que je suis l'heureux élu pour épouser une femme pareille. Le prêtre commence son discours en faisant taire toute l'assemblée, s'en suit tout le rituel en latin, jusqu'au moment fatidique. Un petit garçon s'approche de moi et me tend un oreiller en velours rouge sur lequel repose une alliance en or sertie de diamants; le bijou en main, je répète les paroles du prêtre.

— Je te promets mon amour, mon soutien et ma fidélité pour tous les jours à venir. Ezia Katalina Mancini, en plaçant cette alliance à ton doigt, je te donne mon cœur et mon âme. Je promets de t'aimer et de te chérir, de t'honorer et de te respecter, pour toute la vie.

Sa main frisonne l'espace d'un instant, m'invitant à serrer délicatement ses doigts des miens. Je sais qu'elle n'est pas ravie de la situation, mais nous finirons par nous dompter l'un et l'autre afin de trouver notre équilibre.

— Je te promets mon amour... mon soutien... et ma fidélité pour tous les jours à venir. Diego Sandro Esposito, en plaçant cette alliance à ton doigt, je te donne mon... cœur et mon âme. Je promets de... t'aimer et de te chérir, de t'honorer et de te respecter, pour toute la vie. répète-elle hésitante.

— Vous pouvez embrasser la mariée ! clame haut et fort le prêtre faisant crier l'assemblée d'encouragement.

Du bout des doigts, je saisis délicatement le menton de ma femme et rapproche mon visage pour rencontrer ses lèvres si délicieuses. Entremêlant mes doigts et les siens, je lève nos mains jointes et j'obtiens une autre vague d'exclamations joyeuses et de sifflements de la part des quatre cents invités.

Main dans la main, nous sortons de l'église et montons à bord d'une Ferrari 250gt California spécialement décorée avec de gros bouquets de roses blanches et rouges. Il y a une chose que je n'ai pas précisé à Ezia concernant la fin de cette soirée, j'aimerais profiter de notre court trajet en voiture jusqu'au lieu de la réception pour lui en toucher deux mots mais connaissant la jeune femme cela la ferais se refermer comme une huitre, déjà qu'elle prend énormément sur elle.

— Ça va ma jolie ? demandé-je en posant ma main sur la sienne.

— Rassure-moi, c'est une question rhétorique ?

— Je suis sérieux...

Prenant une profonde inspiration, elle me répond.

— Ai-je le choix ? Non ! Donc je fais au mieux, il y a au moins trois cents personnes pour nous féliciter et je n'en connais aucune.

— Il y a précisément quatre cent vingt invités. Une bonne partie des membres des trois réseaux : Calabrais, Napolitain et Sicilien. Des amis, des hommes politiques, des alliés et partenaires...

— Ne m'en dis pas plus s'il te plaît. Je ne veux pas savoir, mais seulement que cette journée finisse au plus vite.

— Dans tous les cas, tu es magnifique ! dis-je en essayant d'être le plus doux et rassurant possible.

La journée s'enchaîne avec l'arrêt sur plusieurs spots en bord de mer pour faire des photos de nous, à deux ou avec les invités. Ma mère a vraiment vu les choses en grand comme à son habitude.

La soirée a lieu sur un des domaines viticoles de la famille d'Ezia. Même si la météo est douce en Calabre au mois de Novembre, de grandes tentes décorées de guirlandes aux lueurs jaune et blanche occupent l'espace extérieur où se déroulent le vin d'honneur et le début du repas avant de se retrouver un comité restreint dans la plus grande salle du domaine. Un verre de vin à la main, nous n'arrêtons pas d'en serrer d'autres, des invités venus nous féliciter, certaines têtes me sont connues, d'autres pas du tout. Du coin de l'œil, je vois les batteries sociales de la jeune femme se vider au fur à mesure que la soirée avance. Nous ne faisons pas la même erreur que pour l'annonce de nos fiançailles, cette fois je ne quitte pas la jeune femme d'un centimètre.

— Bienvenue dans la famille, ma très chère belle-sœur ! lance Andrea en tendant son verre pour trinquer, machinalement Ezia tend le sien mais son regard ne trompe pas le fond de sa pensée. Oh, je suis blessé, enchaîne mon frère, Diego ne vous a pas parlé de moi ? Ma mère peut-être ? Saviez-vous que j'aurais dû vous épouser ? ajoute-t-il en essayant de garder son sérieux.

Claquant ma langue d'exaspération, je remets les choses à leur place avant qu'il ne mette davantage le bazar dans la tête de ma femme.

— Arrête de dire des conneries Andrea. Il n'a jamais été question de toi. saisissant Ezia par la taille, je le présente. Il s'agit de mon frère cadet, plus loin tu te tiendras de lui, mieux tu te porteras ! finis-je en mettant mon frère en garde par mes iris meurtriers.

Balayant mes paroles d'un geste de la main, Andrea contre-attaque.

— Roh de suite Diego ! Néanmoins, mes chers jeunes mariés... j'ai hâte de vous retrouver ce soir pour votre nuit de noce !

Il n'a pas vraiment dit ça...

Ezia hausse les sourcils et penche la tête de mon côté en quête d' explication.

— Oh intéressant ! commente Andrea. Il ne t'a rien dit ?

— Andrea ! commencé-je.

Je n'ai pas le temps de lui dire de la fermer que nous sommes interrompus par le tintement d'une cuillère sur un verre.

— Premièrement, je tiens à tous vous remercier d'avoir répondu présent pour le mariage de ma principessa (princesse). Cet événement magnifique est un deuxième pas dans notre alliance avec vous compatriotes Napolitains. résonne la voix de Francesco à travers l'assemblée. Avant de demander aux jeunes mariés de nous rejoindre pour ouvrir le bal, j'aimerais vous faire une annonce de la plus grande importance pour l'avenir de toutes nos familles et nos réseaux. marquant une légère pause, il fait un signe de la main à Léo pour l'inviter à se placer à ses côtés. Bien que j'aimerais être éternel, ce n'est pas le cas ! dit-il arrachant un rire général. Je vous présente officiellement mon successeur, Léo Francesco Mancini, il commencera dès l'année prochaine à prendre la fonction de chef de famille à mes côtés. Marié à Dalia Leila Caruso depuis plusieurs mois maintenant, finissons ce discours sur une bonne nouvelle : la naissance prochaine d'un petit garçon !

L'effet est immédiat dans la foule qui siffle et hurle de joie la nouvelle d'une naissance scellant définitivement l'alliance entre la Calabre et la Sicile. Francesco finit en tournant toute son attention vers nous.

— En espérant que celle-ci suive d'une prochaine dans l'année à venir. un sourire toutes dents dehors, il finit en nous fixant. Diego, Ezia, en espérant que la fin de soirée sera à la hauteur de nos attentes...

Une goutte de sueur prend forme à la naissance de mon cuir chevelu, Francesco et les autres ne me louperont pas si nous ne réalisons pas leur souhait, mais ce n'est pas la seule chose qui fait naître un léger stress en moi. Depuis sa crise d'angoisse, je n'ai plus touché la jeune femme, essayant de créer des bases solides entre nous et remarquant mes efforts elle m'a sincèrement remercié la veille. Elle va être folle quand je vais lui annoncer que ce soir nous devrons coucher ensemble devant une dizaine d'hommes qui veulent avoir la confirmation que le mariage est scellé. Tout commence à bien se passer entre nous, je n'ai pas eu la force de lui dire. Attrapant sa main, je prends la direction de la piste de danse quand Andrea nous lâche.

— À toute à l'heure pour la nuit de noce... J'ai hâte d'assister à ça ! finit-il en matant ouvertement Ezia comme si elle ne portait aucun vêtement. Très hâte...

Pressant le pas, j'espère qu'elle n'a pas entendu la fin de la réplique d'Andrea. Commençant notre slow, Ezia cherche à sonder mon regard que de mon côté je laisse vagabonder autour de nous.

— Tu m'expliques ! demande-t-elle sur un ton autoritaire que je connais trop bien, elle ne va pas lâcher le morceau aussi facilement.

— Expliquer quoi ? On va être tonton et tata, ce n'est pas une bonne nouvelle ? tenté-je de changer de sujet.

— Ne fais pas comme si nous n'avions pas entendu les paroles de ton frère... il sous -entendait quoi par : "j'ai hâte d'assister !"...

— Colle toi un peu plus contre moi. dis-je en l'attirant contre mon torse.

— Diego !!

Me raclant la gorge, je finis par parler.

— Tu te souviens quand tu te comparais à une jeune femme du Moyen-Âge...

Elle répond par la positive.

— Et bien disons que... disons que nous ne serons pas que tous les deux pour notre nuit de noce...

— Dis-moi que j'ai mal compris...

— Non, tu as très bien compris !

Elle lâche un râle de colère.

— C'est une mauvaise blague...

Les traits de mon visage se tendent légèrement, j'aurais vraiment préféré que cela en soit une, malheureusement c'est une tradition que nos pères ont honorés avec Léo et Dalia, ils ne risquent pas de nous faire passer à côté. Ezia lit sa réponse sur mon visage déformé par la désolation.

— De pire en pire... combien seront-ils ?

— Une dizaine. Nos pères, frères, chefs d'autres familles de nos réseaux, le sicilien aussi seront là... Prenant son menton en coupe, j'insiste sur la dernière phrase. Chérie, je te fais la promesse qu'aucun ne te verra nu !

Ezia n'a pas le temps de râler et exprimer son mécontentement que son père me demande de lui céder ma place. Me plaçant à l'écart, j'écoute d'une oreille la conversation d'un groupe d'hommes appartenant à des familles hauts bien placées.

— Très belle femme, Diego ! Tu as tiré le gros lot ! me lance un d'entre eux me sortant de mes pensées.

— Elle est très belle, effectivement... dis-je en ne la quittant pas des yeux.

Se rapprochant, il continue.

— Ce n'était pas une si mauvaise idée cette alliance ! Je suis heureux d'avoir été choisis pour la nuit de noce, mon père ayant des problèmes de santé.

Cette foutue tradition... Ma mère m'en a parlé à plusieurs reprises me demandant de ne pas humilier Ezia comme mon père a pu le faire avec elle poussait par les remarques désobligeantes des autres dans la pièce. Je ne sais pas comment mon paternel a pu laisser faire une chose pareille, savoir que je vais être obligé de coucher avec elle en public me donne envie de vomir. Je veux l'avoir pour moi seule. J'ai essayé de changer la donne et de faire annuler cette tradition écœurante, mais je n'ai fait que parler dans le vide. Même si ce n'est qu'une nuit, il est hors de question qu'il la voit totalement nue et je lui boucherai les oreilles s'il le faut pour ne pas qu'elle entende leur remarque de porc. Je la préserverai autant que je le peux.

Alors qu'il est presque l'heure de rejoindre la suite nuptiale, Stella demande à parler une petite minute avec Ezia. La jeune femme semble stressée alors qu'elle sort une plaquette de médicaments de son sac à main.

— Ezia... Euh mademoiselle, se reprend-t-elle à la vision de mon regard noir. Les médicaments pour le mal de ventre que vous m'avez demandés.

— Tu lui as demandé quand ? Tu as mal au ventre ?

Nous ne sommes pas quittés de la soirée, et c'est la première fois que Stella nous approche. Elle ne devrait même pas être présente, si Stella est des nôtres c'est seulement parce Ezia a demandé à ce que cette demande soit prise en considération du fait qu'elle n'ait pris aucune décision concernant notre mariage.

— Euh... Je... Je lui ai demandé dans la journée, en prévention... Tu sais le stress... bégaie Ezia en s'empressant de prendre le petit comprimé.

— Ce n'est pas la première fois que je te vois prendre ça, chérie... tu es sûre que ça va ? redemandé-je en cherchant la vérité dans ses yeux.

Je vois bien qu'elle tente de me cacher quelque chose, elle passe d'un pied à l'autre et résiste à l'envie de bouger ses mains dans tous les sens pour frotter sa nuque ou jouer avec ses doigts.

— Je peux voir l'emballage ? dis-je en tendant la main à Stella.

La jeune femme n'émet aucune résistance et me tend la petite plaquette, que j'analyse rapidement. Ça a effectivement l'air d'être un médicament pour le mal de ventre et le petit emballage ne semble pas être modifié... Même si je trouve cela étrange, je laisse le bénéfice du doute et rend la plaquette à Stella.

Regardant l'heure sur ma montre, je finis. 

— Il faut y aller.

______________________

Bon beh... Vous l'attendiez cela ? 

Ça va se passer comment à votre avis ? Et le frère de Diego, on peut lui faire confiance ? 

~So-Vin

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