11 . L'espoir ?
AODHAN
Voilà plusieurs jours que j'ai regagné le manoir familial avec mon père. Je ne sais même plus quand est-ce que j'ai mis les pieds ici pour la dernière fois. Ma tante, heureuse de me revoir, a essayé de ne pas me montrer son inquiétude face à mon changement de comportement, il faut dire que je ne suis plus que l'ombre de moi même.
À jeun de toutes substances, j'ai tout de même l'impression d'être un zombie empli de haine et d'une colère profonde et les sourires déjà rares sont devenus inexistants. Je pensais que Shanice, ma petite sœur, serait ici mais elle est encore en vadrouille entre Paris et Monaco. Par moments, j'aimerais être à sa place et penser à autre chose que la pérennité de notre réseau. L'avantage d'être en "convalescence" comme le dit mon paternel, c'est qu'actuellement tout le monde me fout la paix et je ne risque pas de m'en plaindre.
Mon père n'avait pas tort sur le fait que de revenir me ferait du bien. Mon pays m'a manqué plus que je ne veux me l'avouer, en cinq ans je ne suis que très peu revenu... En fait, je n'ai jamais pris de vacances ou de jour de repos, le réseau était toujours omniprésent. Certes le kidnapping d'Ezia m'a fait péter les plombs, mais si elle n'avait pas été là, peut-être aurais-je fini par faire un burn-out ? C'est possible de faire ça en temps que parrain d'un réseau criminel ? Bonne question.
J'ai passé les premiers jours à vagabonder dans cette immense demeure. J'ai rendu visite à la tombe de ma mère et celle de mon grand-père à plusieurs reprises, prenant le temps, j'ai sorti ce que j'avais sur le cœur, parlant de mon histoire avec Ezia et de l'étrange sensation que j'ai ressenti pour la première fois envers une femme. L'un m'aurait dit de m'accrocher à elle et à cette émotion qu'est "l'amour", l'autre m'aurait mis un coup de pied au cul. J'ai aussi repris le sport de façon intense, pour le fun, j'ai passé une après-midi entière dans notre ancienne salle de jeu, avec Tay, tel un ado devant nos anciens jeux vidéos. Mais maintenant que j'ai fait le tour de tout... Je m'ennuie. J'ai tenté à plusieurs reprises d'accompagner mon père dans notre Q.G. ou dans nos entreprises légales, mais rien n'y fait : il me laisse sur le banc de touche.
— Dhanny ! m'interpelle mon père en plein entraînement. Il y a une course ce soir au nord de Dublin, on m'a informé que certaines petites têtes s'amusent à vouloir prendre le contrôle de cette zone. Ce sont forcément des petits nouveaux, ils ne doivent pas savoir qui tu es donc ça tombe très bien. Liam t'attendra à l'entrepôt en fin d'après-midi, vous rejoindrez une poignée d'hommes de confiance.
Cachant ma joie, je lui réponds par la positive.
Enfin, je reprends du service.
L'après-midi passe plus vite que les jours précédents. Enfilant une veste en cuir sur mon sweat à capuche, je dévale rapidement les escaliers en direction du garage. Je suis pris de cette bonne odeur d'essence et de mécanique en ouvrant la porte et sans grande surprise je jette mon dévolu sur une Aston Martin d'un noir aussi profond que la nuit.
Sur le point de monter à bord du véhicule, mon regard est happé par une bâche au fond du garage, je sais ce qu'il y a dessous et cela me rappelle une jolie petite blonde au caractère bien trempé, penser à elle me fait moins mal mais pince tout de même ma poitrine. Je n'ai toujours pas de nouvelles de Léo et ça ne fait qu'embraser ma colère ! Laissant la porte de l'Aston ouverte, j'entame un pas vers l'objet de ma convoitise mais je suis rapidement stoppé par mon téléphone qui se met à sonner.
— Aodhan ! C'est Liam, je t'attends ! me lance l'homme que je sais à peine plus âgé que moi à l'autre bout du fil.
— Je pars du manoir, je suis là dans cinq minutes.
Rebroussant chemin, je m'installe rapidement dans ma supercar et fais rugir le moteur.
Il ne me faut pas longtemps pour rejoindre Liam qui s'empresse de montrer côté passager.
— Comment va le fils prodigue ? me taquine-t-il.
— Qu'est-ce que tu chantes encore ?
— Il paraît que tu faisais des miracles à Los Angeles avant que ça ne parte en couille ! m'assomme Liam.
— Je te demande pardon ? grondé-je.
L'homme aux cheveux d'un roux profond et aux yeux ambrés me regarde avec un large sourire étirant les traits carrés de son visage.
— J'ai croisé Caleb lors de son petit séjour il y a plusieurs semaines. Puis il y a quelques jours, j'ai eu Tayron au téléphone.
Le père de Liam bosse avec le mien depuis de nombreuses années, nous avons grandi ensemble tous les trois... Comment ai-je pu passer à côté du fait que Tay lui aurait tout raconté ? Inspirant profondément, je me prépare mentalement aux mille questions que je vois briller dans ses yeux. Voyant que j'ai compris que je n'en sortirais pas sans séquelles, il commence.
— La fille de Mancini Dhan !! Tu avais la fille de ce fils de pute entre les mains ! Qu'est-ce qu'il t'est passé par la tête pour ne pas te venger ?
Concentré sur la route, je resserre mes doigts sur le volant ; cette question je me la pose tous les jours.
— Je ne sais pas Liam !
Bougeant son doigt de droite à gauche en faisant un "tsss...tsss...tsss...", Liam rouvre une plaie que j'essaie de refermer.
— Tayron m'a dit que tu es tombé amoureux ! J'ai bien ri au début... Aodhan O'Neil amoureux, qui l'aurait cru ! Puis il m'a raconté deux trois trucs... Je n'en croyais pas mes oreilles !
Me faisant plus lourd sur l'accélérateur, je me ferme totalement à la suite de cette discussion. Je n'ai pas envie de parler d'elle mais mon passager ne me lâche pas la grappe et me raconte des détails que Tayron s'est amusé à lui raconter.
— Sérieux Dhan ! Pourquoi elle ?
— Je ne sais pas... Elle... quelque chose chez elle m'a intrigué. Premièrement, ce n'était clairement plus la petite fille venue se réfugier au manoir avec sa mère. Arg Liam, elle est devenu une femme tellement magnifique, de grand yeux bleus, des cheveux blonds comme les blés, ondulés qui descendent en cascade sur ses épaules, elle a de belles formes et un visage angélique...
Liam me regarde avec un air surpris que je ne lui ai jamais vu. Je crois que la description que je fais d'Ezia me surprend aussi, je n'ai jamais parlé d'une femme ainsi. Ne lui laissant pas le temps d'en placer une je continue.
— Elle ne se rappelait pas de moi, mon nom et prénom ne lui disaient strictement rien. Tout comme elle était persuadée que Giuseppe Moretti était son père et n'avait aucun souvenir de son enfance en Italie ou de Francesco. C'était juste une jeune femme qui venait de perdre son frère et qui s'est retrouvée au milieu d'une guerre de clan. De mon côté, je n'étais pas au courant que Diego était de mèche avec son père et que ce dernier avait réussi à remettre la main sur eux... Puis j'ai rencontré Léo qui m'a expliqué la situation et m'a demandé de veiller sur elle pour ne pas que Diego mette la main dessus.
Liam m'écoute et ne perd pas une miette de mon récit.
— Putain Dhan ! Tu l'avais elle entre les mains, chez toi... Léo est venu à toi sur un plateau d'argent. Qu'est-ce qu'il te fallait de plus pour venger ta mère et les nôtres qu'ils ont tué sans pitié ? dit-il pour me secouer.
Oui, j'avais tout... tout pour contrer les plans de Francesco et venger ma famille mais une chose plus forte a commencé à prendre le dessus sans que je ne puisse le contrôler. Massant l'arête de mon nez, je tente de donner une réponse qui tient la route.
— Je... Ce n'est pas eux qui l'ont tuée, c'est Francesco... et c'est la faute de leur mère, c'est donc eux que je dois descendre. Je suis sûr que les tuer n'aurait rien fait. Francesco aurait légitimé d'autres de ses bâtards qu'il a eus avec ses multiples maîtresses et la gangrène aurait été la même... Non, il faut que je m'en prenne à lui. Léo me propose quelque chose d'intéressant, mais depuis qu'il a récupéré sa sœur c'est silence radio.
Liam rit du nez.
— Tu crois vraiment qu'il t'aurait aidé ? Étrange, tu ne trouves pas ? Il récupère sa sœur et pouf plus de nouvelles.
Je lance un rapide regard noir au roux, je suis partagé sur cette idée. D'un côté, j'ai le sentiment qu'il reviendra vers moi, mais de l'autre je me demande si effectivement je ne suis pas le dindon de la farce. Si c'est le cas, je ne donne pas cher de la peau de l'italien.
Nous arrivons enfin sur le lieu de la course. Liam me donne le code d'accès alors que j'ouvre ma fenêtre pour me présenter au guetteur qui ne me reconnaît pas, il m'est aussi étranger. Ici, ces événements réunissent moins de monde qu'à Los Angeles mais restent tout aussi illégaux et prisés par les fans d'adrénaline et de compétition.
— Je crois que ton père t'a inscrit sur une boucle de 10 km. m'apprend Liam. Il doit avoir peur que tu rouilles ! ajoute-t-il taquin.
Je ne retiens pas mon léger sourire, il a pas tort le vieux, je commençais à avoir la mécanique qui grippe. Sortant du véhicule, nous avançons dans la foule pour boire un coup et rejoindre les hommes censés gérer cet événement. Ici, les bimbos n'ont rien à voir avec celles de L.A. Elles restent vêtues de façon tout aussi sexy mais avec plus de tissu, les nuits sont plutôt fraîches ici surtout en Novembre. Elles cherchent délibérément une autre façon de se réchauffer qu'avec un gros manteau, voyant pour certaines une façon d'arrondir les fins de mois. Nous n'avons pas le temps d'avaler la distance qui nous sépare des "organisateurs" que deux d'entre elles me collent déjà aux basques.
— Tiens... Tu es nouveau toi ! affirme la première en s'accrochant à mon bras droit.
— C'est vrai Hasley, nous n'aurions jamais oublié un homme aussi beau ! lance la seconde en mimant son amie sur mon côté gauche.
Blasé par ce genre de comportement, je ne tente même pas de me défaire de leurs griffes. Elles le font d'elles même en voyant mon visage fermé et désintéressé.
— Liam ! crie un homme face à nous, les fesses posées sur le capot d'une McLaren. Que nous vaut l'honneur de ta visite ? Le grand patron veut être sûr qu'on continue à obéir comme de bon petits toutous ? finit-il de façon faussement ironique.
Le regard et l'aura que dégage cet homme me déplaisent, il est hautain et donne l'impression d'être le véritable chef ici. S'il croit pouvoir nous couper l'herbe sous le pied aussi facilement, il est très naïf le garçon. En retrait, je ne dis rien et continue d'analyser la scène et les lieux.
— Douggy... commence Liam. Kenan aurait-il des raisons de douter de ta fidélité ?
— C'est qui ce gars que tu nous ramènes ? répond Dougs sans répondre à la question plutôt pertinente de Liam.
— Un gars qui veut ajouter un peu de piment à sa vie fade et ennuyante... Peine de cœur, il veut montrer que ce n'est pas une tapette en courant la boucle de dix.
T'es sérieux Liam...
Tentant de ne pas montrer mon désarroi face à l'excuse minable de Liam, je salue Dougs d'un rapide geste de la main. L'homme me dévisage méfiant, voit-il la ressemblance flagrante avec mon père ? Si c'est le cas, soit il va tenter de me tuer de suite , soit de me lécher le cul comme une sangsue sans caractère. Il se masse le menton en continuant son observation avant de lancer avec un sourire mauvais.
— Ça tombe bien, on allait justement lancer le départ ! Par contre pour participer, c'est vingt mille de plus !
Mon paternel ne m'a pas expliqué ce qu'il se passe ici et je commence à comprendre. Ne retenant pas ma langue je réplique.
— C'est nouveau ça... c'est pas dix mille normalement l'engagement.
Dougs lève son cul et s'approche de moi d'une façon lente, le torse bombé, avec ses toutous qui l'entourent me regardant comme si j'avais insulté leur sainteté.
— Je n'ai pas cette somme. J'avais prévu que dix ! dis-je tête haute sans me démonter.
— Tu roules avec quoi ?
— Une Aston Martin Vanquish.
— Je peux te proposer un deal. tranche-t-il.
Penchant la tête sur le côté, je l'invite à continuer.
— Si tu gagnes, je prends vingt sur tes gains. Si tu perds, je garde la voiture.
Liam me regarde n'attendant qu'un seul ordre pour mettre ce mec, et sa petite arnaque, à genoux. Mais je n'ai pas conduit en course depuis San Francisco et je dois dire qu'un petit tour me ferait le plus grand bien. Reportant mon attention sur Dougs, j'accepte son offre.
— Tu es sûr de toi ? demande Liam en retournant vers la voiture.
— Oui, laisse moi faire mumuse sur nos routes et quand j'arrive tiens toi prêt.
Liam répond par la positive d'un mouvement de tête pendant que je m'installe derrière le volant de l'Aston.
Sur la ligne de départ, je fais le point sur mes concurrents : deux Porsche 911, une Jaguar et une Lamborghini. Je dois avouer qu'il y a de sacrées mécaniques en face, mais la rage qui bouillonne en moi vaut toutes les supercars présentes ce soir et la voix de ma petite blonde résonne dans ma tête.
"C'est le pilote qui fait tout Dhan ! On oublie toujours l'importance du pilote, peu importe la voiture."
C'est le moment de voir à quel point Ezia a raison. Les jeunes femmes annonçant le début de la course se placent devant nos véhicules, lèvent les bras et le compte à rebours est lancé. Je lâche le frein, place mon pied au-dessus de l'accélérateur avec lequel je commence à faire gentiment vrombir le moteur. Arg ce bruit, je l'aime tellement.
Inconsciemment, je jette un œil côté passager comme si elle allait apparaître comme par magie, puis je finis par secouer la tête pour me ressaisir. Les bimbos finissent par baisser les mains et tous les moteurs se mettent à rugir en se précipitant sur la ligne droite du départ. Ma rêverie m'a fait perdre quelques petites secondes, m'envoyant à la troisième place.
— Bordel fait chier ! je râle en rétrogradant pour gagner plus de couple afin de reprendre de la vitesse et ne pas lâcher le pare-chocs du second.
Ce sont une Porsche et la Lamborghini qui me maltraitent pendant une bonne partie du parcours, m'empêchant de les doubler en jouant avec la route et vacillant de droite à gauche.
— La voiture ne fait pas tout hein ! C'est ce que tu disais Chérie ! je rage dans ma barbe. Pourtant regarde là, je fais comment pour me sortir de ce merdier.
J'ai l'impression que les deux voitures se mettent contre moi. La Porsche ralentit pour se mettre au même niveau que la Lambo et me bouche totalement le passage, évoluant toutes les deux en parfaite symbiose, elles me bloquent tout passage.
— Wow, fils de pute.
Une d'entre elles vient dangereusement me freiner devant le nez pour m'obliger à ralentir et rester derrière. Mon cerveau carbure à toute vitesse, comment je peux me sortir de cette merde. Qu'aurait-elle fait ?
Premièrement, son cerveau serait dans la boite à gant et pas à se poser un millier de questions.
Je n'ai jamais fait ça, j'ai toujours gardé la partie rationnelle de mon cerveau en marche pendant une course mais tentant le tout pour le tout, je décide de me mettre sur off et de laisser une partie inexploité de mon inconscient prendre le contrôle. C'est comme ça que je me retrouve à coller le pare-chocs de la Lambo de façon à la pousser. Une petite voix me dit que les deux pilotes devant sont en contact l'un avec l'autre. Et la réaction de la Porsche ne se fait pas attendre, ralentissant pour se mettre à ma hauteur, elle s'apprête à mettre un coup de volant dans ma direction pour me dissuader d'arrêter. Poser mon cerveau a du bon, j'avoue que l'idée ne me serait jamais venue avant.
C'est exactement l'action que j'attendais de sa part ; voyant que je ne lâche rien, mon adversaire passe à l'attaque et s'approche dangereusement de mon latéral gauche. Je profite de cette action pour ralentir brusquement de sorte que la Porsche prenne ma place et me laisse le champ libre pour me glisser à gauche et remonter au niveau de la Lambo. L'homme est tellement surpris qu'il n'a pas le temps de redresser sa voiture et part même dans le décor.
— Bon débarras connard !
Le pilote de la Lambo ne lâche rien et rage derrière son volant. Sur les trois derniers virages, c'est moi qui le malmène en feintant à plusieurs reprises de rentrer en collision avec lui. J'arrive enfin à me hisser en tête et reste pied-planche jusqu'à passer la ligne d'arrivée le premier.
Je suis accueilli par une foule en délire qui ne perd pas de temps à entourer l'Aston Martin en attendant ma sortie. Je ne tarde pas à être rejoint par la Lambo qui se gare un peu plus loin, rapidement rejoint par Dougs et ses toutous. Tous me regardent les yeux remplis de haine, on dirait qu'en causant l'accident de l'un d'entre eux et leur défaite, je les ai vexés. A peine ai-je posé un pied en dehors de l'habitacle qu'ils s'approchent de moi et Liam, déterminés à nous faire payer cet affront. C'est alors que je comprends ce qu'il se passe ici : ces hommes profitent de notre business pour faire le leur, pourtant ils gagnent une part sur les courses mais voici leur façon d'en engendrer plus.
" Lorsqu'un nouveau vient courir, il fait son annonce et son chantage avec les vingt mille de plus. Les participants joueurs acceptent le défi et ceux sur le point de gagner se font malmener par deux autres participants de mèche. Ainsi, Doug récupère une supercar pour rien du tout et la revend au prix fort."
N'est-ce pas ingénieux quand on y pense ?
— Vous avez failli tuer un de mes hommes ! crache Dougs, une fois à ma hauteur.
— C'était lui, oui moi... Dougs ! je lance un insistant sur son prénom.
— Tu te prends pour qui espèce de merdeux !
Il s'approche de moi en sortant son arme, c'est ce moment que choisit Liam pour sortir.
— On fait quoi O'Neil ?
Le regard de Douggy se décompose à la prononciation de mon nom. Au même moment, mes hommes nous entourent et braquent leurs armes sur Dougs et sa troupe. Ce dernier perd le peu de confiance qui lui restait.
— Je... O'NEIL ! s'exclame-t-il. C'est quoi ce bordel !
— Surprise ! dis-je en écartant les mains. Alors comme ça on essaie de nous la mettre à l'envers et de voler nos clients ?
Dougs rit.
— Vous la mettre à l'envers ! C'est vous qui nous la mettez profondément. Vous nous reversez une misère par rapport au fric que vous vous faites pendant ces courses.
— À en croire ton mode de vie luxueux, lance Liam, et je précise avant de commencer à arnaquer nos clients, tu te fous un peu de nous ! Ça fait un moment que nous t'avons à l'œil Dougs.
Il ne se dégonfle pas et se sentant pousser des ailes, braque à nouveau son arme sur moi.
— Aodhan, c'est bien ça ton prénom ! Le fifils à son papa, sagement revenu de Los Angeles après s'être fait prendre pour un con par une petite pute d'italienne.
L'entendre parler d'Ezia durcit mes traits et nourrit ma rage, je n'ai pas le temps de répliquer qu'il continue.
— Elle aurait pu continuer à te tenir par les couilles un peu plus longtemps, j'aurais eu le temps de finir mon business ici avant de réduire ton père et une partie de son réseau en cendres. Caleb était dans le vrai, au vu de ton changement d'attitude, elle était bonne au moins ?
Donc c'est cette image que Caleb a donné de moi à nos hommes au pays, un homme tenu en laisse par une jeune femme. Sans réfléchir, je sors mon arme de l'arrière de mon jean et tire dans les genoux de Dougs, le faisant tomber devant moi, râlant de douleur. D'un pas j'avale la distance qui nous sépare et attrape le peu de cheveux qu'il a sur son crâne pour lui tirer en arrière et pouvoir cracher à son oreille.
— Premièrement, elle préférait quand je la tenais en laisse. Deuxièmement, qui t'a autorisé à parler d'elle ?
N'attendant aucune réponse de sa part, je continue.
— C'est bien ce que je me disais, per-so-nne ! jetant sa tête contre le bitume, je finis. Tu as vraiment cru que tu pourrais la mettre à moi et ma famille aussi facilement. Notre place à un prix que tu n'auras jamais les couilles d'assumer ! dis-je en lui tirant une balle en pleine tête. Connard ! Qui d'autre ici veut nous défier ? crié-je à l'assemblée. Bien, un nouveau chef sera bientôt nommé, en attendant rentrez tous chez vous.
Sans un mot, je retourne en direction de ma voiture, suivi de près par Liam qui gueule des instructions à nos hommes pour nettoyer les lieux. M'approchant de l'Aston, je reconnais immédiatement la silhouette qui a le cul posé sur la portière. Liam éclate de rire.
— Il y en a une qui ne t'a jamais oublié on dirait ! Je vais rentrer avec les autres... Bonne soirée Dhannychou ! dit-il en se foutant de moi.
Elle est la dernière personne que j'ai envie de voir ici, mais ne me laisse pas le choix.
— Jazlyn...
— Aodhan O'Neil ! lance la jeune femme. Je savais bien que c'était toi ! crie-t-elle de joie en me sautant dans les bras. Je suis tellement heureuse de te revoir.
Pas moi...
Disons que je lui ai peut-être laissé entendre qu'elle pouvait avoir plus que du sexe avec moi simplement pour avoir son cul. Magnifique erreur de ma part... mon départ pour L.A. a été un très bon moyen de mettre fin à notre "relation" qui pour moi n'en était pas une, je ne lui ai jamais été fidèle. Elle a fait des pieds et des mains pour partir avec moi, mais grâce à mon père, je n'ai pas eu à l'emmener. Prétextant que le contexte américain était trop risqué pour être accompagné par une femme qui pourrait être mon point faible et une cible. En soit ce n'était pas totalement un mensonge.
— J'attends toujours ton appel pour te rejoindre... dit-elle une petite mine sur le visage.
Elle n'a pas lâché le morceau en cinq ans.
De mon côté, je l'avais presque oubliée. Frottant ma nuque, je n'arrive à prononcer qu'une seule chose.
— Tu veux que je te ramène chez toi ?
La jeune femme saute au plafond en fonçant côté passager.
Sur la route, je n'ai pas ouvert la bouche une seule fois en écoutant les multiples histoires auxquelles elle a été confrontée depuis notre départ et le nombre d'homme qu'elle a refusé d'épouser pour m'attendre. Jazlyn n'a pas l'air d'avoir compris que j'en ai rien à foutre d'elle, son cul était bon et nos moments passés à baiser très agréables, mais la jeune femme est insupportable... je ne vivrais jamais avec une personne comme elle, je la mets dans la même case que ces nanas superficielles n'ayant pas un esprit ouvert et intéressant.
Ne perdant pas le nord, Jazlyn commence à toucher mon entrejambe, envoyant une décharge à travers mon corps. Personne ne m'a touché depuis Ezia et je crois que mon corps a besoin d'une soupape de décompression autre que ma main droite. Je ne repousse pas la jeune femme et la laisse continuer son action, l'aidant même à défaire mon jean pour sortir ma queue de sa prison de tissu. Afin de profiter de l'instant, je m'arrête sur le bas côté et coupe le contact, reculant mon siège pour laisser assez de place à la jeune femme. Je ne retiens pas mon grognement de plaisir quand ses lèvres entourent mon gland. Elle a toujours su sucer de façon exquise.
Je savoure l'instant présent quand mon téléphone se met à sonner dans la poche intérieure de ma veste en cuir. Ne prêtant même pas attention à ce que me fait la jeune femme, je réponds sans regarder l'interlocuteur.
— Ouais !
— Ezia sera à Paris demain... je vous envoie l'adresse de la boutique et de son hôtel ! me lance une voix trafiquée avant de raccrocher.
Dans la seconde qui suit, j'ai toutes les informations sur le séjour d'Ezia en France
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