44 . Le Yin de mon Yang...

- AODHAN -

Quelques heures avant l'arrivée à la villa de Venice.

C'est risqué de l'amener ici avec moi alors que j'ai rendez-vous avec son frère. Mais je ne me voyais pas faire autrement. Je refuse de la laisser seule dans ma villa principale, même si je sais qu'elle est sécurisée par mes hommes... l'attaque lors de notre séance shopping me fait être d'autant plus sur mes gardes, je ne sais toujours pas s'ils en avaient après moi ou après elle. Dans tous les cas, Mélinda n'est pas bête, elle a très bien compris l'attachement que je voue à la jeune femme. Ezia est ma faiblesse, s'en prendre à elle c'est me toucher et la voix de mon grand-père résonne dans ma tête.

Baise toutes celles que tu veux. Fais un gamin avec la femme qui te plaît le plus mais ne t'attache pas à une en particulier... un jour ou l'autre elle causera ta perte.

Dans un sens, il n'a pas tort... Avoir une compagne c'est avoir un point faible, mais n'est-ce pas aussi simplement humain ? Parce que je suis chef de gang, l'amour et le bonheur d'être soutenu par quelqu'un me sont interdits ? Mon paternel me disait le contraire. Certes ma mère était sa plus grande faiblesse, mais elle était aussi sa plus grande source de bonheur et de soutien. Elle était toujours dans l'ombre à l'attendre, l'encourager et panser ses blessures. Sa perte a été un événement des plus douloureux.

Ma mère était une belle femme forte pourvue d'un caractère bien trempé, je crois d'ailleurs que c'est ce qui a plu à mon père. Elle dégageait une aura bienveillante et emplie de confiance qui forçait le respect... elle se serait bien entendue avec ma petite blonde. Tout en repensant à la première femme de ma vie, je guide Ezia jusqu'à ma chambre et caresse du pouce mon index où est tatouée l'année de naissance de ma mère en chiffres romains et ses initiales "H.O", Hope O'Neil. Ma tendre mère n'est pas morte suite à notre attaque devant la supérette... Non, j'étais adolescent. Les ennemis de mon père ont récidivé ! Ils savaient que Hope n'était pas n'importe qui pour lui, que s'en prendre à elle aurait un impact sur sa personne. Nous étions au restaurant tous les quatres, mes parents, ma soeur et moi. Le périmètre était plus que sécurisé, pourtant ils ont réussi à nous tirer dessus... Je me suis jeté sur Shanice, ma petite sœur, pour la protéger. Comme Zora, trois balles ont perforé mon torse et je n'en suis pas mort... Ce ne fut pas le cas pour ma mère décédée sur le coup. Sa perte a été si brutale, si dure à surmonter.

C'est à ce moment que je me suis renfermé dans la musique, précisément la guitare. Ma mère tenait à ce que je joue d'un instrument et me collait tous les mercredis après-midi deux heures de pratique avec Monsieur Fredy Nickolson... Il sentait tellement mauvais, je râlais à chaque fois pour essayer d'échapper à ces leçons. Mais elle ne me laissait jamais faire et insistait pour rester car elle aimait m'entendre jouer, et je ne l'avouerais jamais mais sa présence m'apaisait. À son décès, m'enfermer dans la musique, c'était comme passer du temps avec elle... Je pouvais sentir sa présence, assise sur la chaise en face de moi à m'écouter et m'encourager à recommencer si je me trompais. Les années sont passées et j'ai continuer à jouer, avec le temps cette activité m'est devenue indispensable pour calmer mes angoisses et mes nerfs, ma mère représentant ma force tranquille.

Mon père a complètement perdu les pédales pendant un temps qui m'a semblé interminable. Mon grand-père était là pour son fils, je voyais que ça lui démangeait de lui dire : je t'avais prévenu. Mais, Kenan O'Neil, mon cher paternel, n'a jamais arrêté de me dire que ma mère était la meilleure chose qui lui soit arrivée. Il l'aimait d'un amour inconditionnel, elle était le yin de son yang, le paradis de son enfer. Il m'a toujours souhaité de trouver le mien et de ne jamais prêter attention à mon fracassé d'ancien, comme il aimait nommer mon grand-père.

Alors qu'Ezia fait le tour de la pièce, je l'admire. Pourrait-elle être cet équilibre dont mon père me parlait ? Est-ce elle, le yin de mon yang ? Je ne devrais pas penser ça, pas avec elle. Je lui mens depuis le début, je suis devenu un complice de son frère... Pourtant quand je m'imagine une vie sans elle, une sensation de vide m'habite et me fait mal.

M'approchant d'elle, j'embrasse tendrement le sommet de son crâne puis quitte ma chambre en direction de mon bureau qui se trouve au rez-de-chaussée. Léo ne devrait pas tarder à arriver. Par sécurité, je poste un homme devant les escaliers au cas où Ezia aurait l'idée farfelue de venir fouiner malgré mon interdiction; elle en serait bien capable.

Tayron, Séb et Lane sont déjà installés sur le canapé et les fauteuils qui occupent mon bureau. Un verre de bourbon en main, je regarde par la fenêtre et me perds dans mes pensées. Je l'ai échappé belle en début de semaine, ce n'est pas la première fois que je me fais tirer dessus, mais je sais très bien que je ne suis pas immortel. Cette fois encore, j'ai eu de la chance car les balles n'ont pas touché d'artère. Je commence vraiment à croire que j'ai une bonne étoile... Peut-être que mon grand-père et ma mère veillent sur moi de l'autre côté ? Ou ce n'est seulement pas mon heure ? Je ris intérieurement en me disant qu'Hadès n'est pas encore près à m'avoir auprès de lui. Enfin, le côté agréable de la chose c'est Ezia aux petits soins pour moi. J'avoue ! J'abuse énormément de la situation. 

Alors que je revenais à moi, je l'ai entendue marmonner de petits mots : "Ne me laisse pas toi aussi !", "J'ai besoin de toi Dhan !", "Ne m'abandonne pas... Je crois que je t'aime bien Dhan...!"

J'ai alors fait semblant de dormir pour écouter sa douce voix me supplier de tenir bon, attendant qu'elle s'endorme, lovée contre moi, pour ouvrir les yeux.

Au fait, Dhan ! Caleb n'est pas venu hier au rendez-vous que tu lui avais donné... m'informe Séb.

Bizarrement ça ne m'étonne pas, mais cela m'agace. Pourquoi me fuir ? Et surtout, pourquoi se mettre contre moi ? J'aimerais bien savoir comment Mélinda et son père ont réussi à retourner la tête de mon second... Je sais qu'il était faible depuis le décès de Sean. Mais merde ! Il s'allie avec ceux qui ont participé à cette tuerie. Pourquoi ?

Mmhh... On s'occupera de ça plus tard... dis-je perdu dans mes pensées.

La porte du bureau s'ouvre sur Matt suivi de Léo, qui est accompagné de deux hommes.

Mancini ! lancé-je pour l'accueillir. Le mariage semble te réussir, tu as bonne mine ! le provoqué-je.

Léo rit jaune à ma remarque.

O'Neil ! Cela aurait pu être plus agréable si mon père n'avait pas changé d'avis sur l'heureuse élue... Revenant à son plan de départ.

L'italien insiste sur les derniers mots. Que veut-il dire ? Fronçant des sourcils d'incompréhension, je tente de trouver des réponses dans les iris bleus océan de mon interlocuteur, je suis déconcentré par mon esprit qui s'amuse à me faire apparaître le visage de sa petite sœur, à la couleur totalement identique. Ses beaux yeux méditerranéens dans lesquels j'ai plaisir à me perdre, peu importe l'état émotionnel de ma petite blonde : colère, joie, peur... ils pétillent de la même intensité, de la même force de vie. J'aime y être accroché...

Je ferme les yeux l'espace de quelques secondes pour revenir à mes affaires avec son frère.

Comment ça "plan de départ" ? finis-je par demander.

Léo sort un paquet de clopes de la poche intérieure de sa veste en cuir en lâchant un souffle exaspéré et m'explique.

Je devais épouser une fille du clan de Diego, pour sceller une alliance entre nos deux familles, à la place de la fille d'un clan Sicilien... Mais elle, Nina, n'était pas de la famille directe d'Esposito. l'italien prend le temps d'allumer sa cigarette avant de continuer. Ce petit con de Diego est retourné en Italie avant moi, après la course de San Francisco... il a vu mon père et lui a retourné la tête avec une histoire d'enfant, de descendance légitime... Ce bâtard ne voit en Ezia qu'une jument bonne à faire de beaux poulains avec un "bon pedigree"... finit-il en mimant les guillemets.

Sa réplique à le mérite de faire monter ma colère d'un cran vis-à-vis de Diego. Ce mec est vraiment un abruti ! Léo jure dans sa barbe en italien avant de poursuivre, de mon côté je sirote mon whisky tout ouïe sur la suite de son récit.

Il a réussi à faire revenir mon père sur ses plans de base, j'ai donc au dernier moment épouser Dalia Caruso, du clan sicilien... Et Diego est plus que déterminé à mettre la main sur ma sœur pour sceller l'alliance comme il se doit...

Resserrant fermement ma main sur mon verre, les yeux noirs de rage, je lance.

Il ne l'aura pas !

Désespéré, Léo bouge la tête de droite à gauche en lâchant un rire sans joie.

Je suis pris au piège O'Neil ! Mon père et Diego attendent de moi que je les aide à récupérer ma soeur...

Et tu vas le faire ? demandé-je sans détour.

Il y a à peine un mois, il me suppliait presque de la protéger et voilà qu'aujourd'hui j'ai le pressentiment qu'il est sur le point de retourner sa veste. Un simple regard discret avec Tayron suffit pour que mon cousin me comprenne. Sans perdre de temps, il sort du bureau. Je lui ai demandé de mobiliser des troupes si jamais le vent tournait... Alors que Tayron referme la porte derrière lui, je me reconcentre sur l'Italien.

Je n'ai pas le choix... répond-il nerveusement en passant une main sur son visage fatigué.

Comment ça tu n'as pas le choix ? Tu me demandes de la protéger, et maintenant tu vas te mettre contre moi pour la récupérer ?

Je n'y comprends plus rien.

Dalia guette tous mes faits et gestes, j'ai failli ne pas pouvoir venir aujourd'hui... Diego me met la pression ainsi que...

Le visage de l'italien se couvre de tristesse et de rage.

Ainsi que ... ?

Mon père... il se sert de ma mère comme moyen de pression sur moi ! lâche-t-il telle une bombe. Au moindre faux pas de ma part, c'est elle qui paiera... Mon père serait capable de se pointer ici et de se servir d'elle pour faire céder Ezia... et crois moi Aodhan, voir mon paternel et ses hommes ici c'est la dernière chose que tu voudrais... Il est à deux doigts de déclarer la guerre à ton père en bloquant sa marchandise aux frontières françaises, l'empêchant de fournir ses clients des pays de l'Est, maintenant qu'il sait qu'elle est entre tes mains.

Dépassé par les événements, Léo se laisse tomber sur un des fauteuils en face de mon bureau. Il est stressé, sa jambe droite tremble à une cadence effrénée. J'essaie de synthétiser toutes les informations qu'il me donne afin de trouver une issue à ce problème. Son père est vraiment la pire des enflures... se servir de leur mère comme moyen de pression. Je ne relève même pas le fait qu'il veuille entrer en conflit avec notre organisation... je détiens sa fille... et je ne l'ai toujours pas dit à mon paternel. J'ai beau avoir vingt-sept ans, je suis un homme mort si je ne règle pas la situation. Kenan O'Neil était peut-être un agneau au cœur tendre en amour, mais quand il s'agit du réseau, il est semblable à un loup assoiffé de sang et sans pitié.

Que comptes-tu faire ? demandé-je en m'installant derrière mon bureau.

Mon bras valide posé sur l'accoudoir, la cheville droite sur mon genou gauche, Je plante mes yeux verts dans ceux de Léo dans l'attente d'une réponse que j'espère satisfaisante...

Diego m'a dit son plan !

D'un hochement de tête je l'invite à continuer et ouvre grand mes oreilles.

La course de Pheonix... C'est lui qui l'organise. Mais ça, tu le sais déjà !

Je réponds par la positive.

Diego veut me faire rouler contre ma sœur ! Je suis son appât... Il sait très bien que lorsqu'elle me verra, Ezia fera tout pour me courir après pour être sûre que je ne suis pas qu'un rêve. Il faut absolument que vous ne lui en laissiez pas l'opportunité... passant une main agitée dans ses cheveux en bataille Léo continue. Il a pris contact avec Peters Litwood pour savoir et avoir la bonne dose de drogue à injecter à ma sœur pour l'endormir et l'emmener loin de Phoenix.

Je commence à jouer nerveusement avec mes doigts... tentant de me contenir pour ne rien laisser paraître.

Il veut l'amener où ?

Ça... il ne me l'a pas dit ! crache-t-il sur les nerfs. Il se garde bien de me le dire, figlio di puttana !

Je n'aime pas le fait que Diego ait fait appel à Peters pour avoir des informations. Une question m'échappe.

C'est les hommes d'Esposito ou de Litwood qui doivent s'emparer d'elle ?

J'ai besoin de savoir qui seront mes adversaires lors de cet événement.

Diego ! répond du tac au tac Léo. Il sait que Peters a des vues sur ma sœur. Il ne prendra pas le risque qu'il puisse mettre la main sur elle... l'italien ferme les yeux avant de finir. Mais, cette enflure, il y a pensé... payer Litwood pour l'enlever. Seulement, il connaît sa réputation et il a beau être un pur connard, il ne le laissera jamais la toucher.

Ça c'est clair que Diego est une brave enflure...

Tu sais ce que Diego a fait à ta sœur ? demandé-je.

Ezia m'a dit qu'elle n'avait pas eu le temps de lui dire... Je ne me gênerai pas pour le faire, si je peux attiser la haine de Léo pour Diego, je le ferai.

Léo visse son regard au mien.

Oui, il me l'a dit... crache-t-il les dents serrées. Après m'avoir fait écouter votre partie de jambes en l'air... que j'aurais préféré ne jamais entendre... Tu l'as bien énervé au passage !

Il était donc bien de mèche avec Reyes pour les micros!

Il a osé avouer ce qu'il lui a fait ! Je ne l'aurais pas cru si "courageux".

Je ne retiens pas le sourire de satisfaction qui illumine mon visage. Ne relevant pas ce détail, j'informe Léo de notre trouvaille.

Nous savons qui est la fille de Reyes !

L'italien se redresse et ouvre grand ses oreilles.

Il s'agit de Mélinda... finis-je.

La meilleure amie de ma sœur ? m'interroge-t-il.

Les poings serrés à en avoir la circulation sanguine coupée, je réponds.

Elle-même... mais je ne suis pas sûr que ce terme soit le bon... enfin plus depuis qu'elle a essayé de la planter avec un couteau de cuisine et de nous faire tuer lors d'une séance de shopping. craché-je.

Les yeux de Léo sont sortis de leur orbite à l'annonce des derniers événements.

Pourquoi a-t-elle essayé de la tuer ?

Bonne question... Je n'ai pas la réponse. Peut-être arriveras-tu à le savoir ? Tu as plus de chances que moi d'en savoir plus sur leurs motivations. dis-je en attrapant le verre de bourbon que Séb vient de me resservir.

Nous sommes revenus de Calabre il y a peu... Je crois que Diego doit les voir dans quelques jours. Je te tiendrai informé. jetant un coup d'œil à son portable Léo conclut. Je ne peux pas rester plus longtemps O'Neil ! se levant et partant vers la porte, il ajoute. Je t'ai dit tout ce que je pouvais te dire... Ah si, j'oublie... Méfie-toi de tes dernières cargaisons de voitures volées, Diego souhaite prendre part à ce marché et contrer tes livraisons.

Sur ce, l'Italien quitte mon bureau en me saluant d'un geste de la main. De mon côté, j'appelle rapidement Tayron pour lui dire qu'il n'aura finalement pas besoin d'intervenir.

Une semaine nous sépare de la course de Phoenix. Il me faut monter un plan pour contrer ceux de Diego et pour ça j'ai besoin d'alliés. Et ça tombe bien, ce soir je vais justement en voir deux !

***

Maintenant, à l'approche de la villa de Victor Davis.

Je n'aurais jamais cru qu'Ezia ait peur en bateau... en tout cas pas à ce point. Elle semble tout de même plus en confiance sur mon Yacht que sur le zodiac semi-rigide. Les gars discutent de tout et de rien, de mon côté je profite des quelques minutes qui nous restent avant d'arriver pour décrire à ma petite blonde ce qui l'attend chez Davis. Assis à côté d'elle, je caresse délicatement sa cuisse couverte par le tissu en satin bleu saphire. Elle est terriblement craquante dans cette robe, j'aurais peut-être dû préciser qu'elle risquait de conduire ce soir... enfin, elle ne sera pas obligée.

Ezia ! dis-je pour attirer son attention.

Ma petite blonde saisit ma main avec délicatesse avant de fixer ses yeux azur dans les miens.

Tu ne risques rien ce soir. Owen et Victor sont des alliés de longue date. Ils savent qui tu es et qu'il ne faut pas te toucher. commencé-je. Je te mentirais en te disant qu'il n'y aura pas de putes et tout ce qui va avec... Quatre-vingt quinze pourcent des invités sont des hommes et parmi eux se trouvent les pilotes de chaque équipe, ainsi que d'autres venus tenter leur chance pour en faire partie.

Encore une soirée de pur bonheur ! souligne-t-elle sur un ton qui se veut ironique. Pourquoi avoir pris le bateau pour nous y rendre ?

Seul moyen de rejoindre sa villa, à Malibu, à cette heure-ci... Victor privatise la seule route qui mène jusqu'à chez lui pour organiser de petites courses de voitures.

Une lueur d'excitation brille dans ses yeux à la prononciation des mots : courses et voitures. J'aime voir ses iris dans cet état de bonheur, plus fort que sa peur d'être en mer apparemment, cette pensée m'arrache un petit sourire.

Qu'est-ce qui te fait rire ? demande-t-elle. J'ai quelque chose sur le visage ? enchaîne-t-elle en passant sa main sur sa petite tête, me faisant sourire de plus belle.

C'est cette lueur dans tes yeux... elle ne me laisse pas finir.

Quoi ? Quelle lueur ?

Tendrement, de ma main libre de tout mouvement, je saisis son menton pour sceller nos regards.

À chaque fois que je te parle de voiture et de course, tu as cette lueur dans les yeux ! Celle d'un enfant qui découvre ses cadeaux de noël sous le sapin. rapprochant mes lèvres des siennes j'ajoute. Et j'aime énormément ça.

Les joues de ma Bella s'empourprent instantanément. À quelques centimètres l'un de l'autre, je la vois déglutir en ricochant sur ma bouche, me faisant sourire de plus belle. Je sais ce qu'elle attend, mais ce soir j'ai envie de la faire languir... une petite vengeance pour le coup d'hier avec le déguisement que je lui ai acheté. Certes, Lane et Tayron nous ont interrompus... mais la coquine n'a pas repris là où elle s'est arrêtée, me laissant me débrouiller tout seul... prétextant devoir rendre des devoirs à l'université. Je calme mon esprit qui s'emballe en me remémorant le fameux moment, mon sexe commençant à durcir dans mon pantalon déjà serré. Reprenant mon sérieux, j'ajoute.

Cette lueur ne reflète pas seulement ton excitation à prendre part à ce genre de course. Elle exprime ta détermination et ta rage de vaincre !

Elle lâche un petit rire.

Mais ce soir je ne pourrais pas gagner. Je ne serais que spectatrice !

Effectivement ! Mais c'est quand même là. finis-je.

Nous arrivons enfin aux abords de la villa de Victor Davis. Depuis la mer, on ne risque pas de la louper, comme disent les français : "C'est pas Versailles ici !". Toutes les pièces de la demeure semblent allumées, la terrasse donnant vue sur la mer ressemble à une discothèque à ciel ouvert avec une multitude de guirlandes et de faisceaux lumineux qui gigotent dans tous les sens, un avion de ligne pourrait en être perturbé. Le Yacht s'approche enfin du quai d'amarrage, abandonnant ma petite blonde et les gars, je rejoins le capitaine dans sa cabine. Une fois à ses côtés, grâce aux gros spots, qui éclairent le port privé de Davis, je sonde les bateaux déjà amarrés pour me faire une idée de qui est arrivé. Owen est déjà là, je reconnais aussi ceux d'hommes d'affaires habitués de ses soirées. 

Ezia devrait être tranquille ce soir, certains d'entre eux lancerons sûrement deux trois compliments sur sa beauté et quelques remarques sur le fait qu'elle soit à mon bras, mais ils ne tenteront rien d'insensé. Dans le fond, je suis rassuré; après tout ce qu'elle a traversé, la dernière chose que je veux c'est qu'elle repasse une soirée à être vue comme un morceau de viande. De toute façon, le premier qui la touche, je le butte. Owen et Victor le comprendront très bien et ne m'en tiendront pas rigueur, après tout nous sommes associés et si leur réseau perdure, c'est grâce au mien.

Le Yacht amarré, je rejoins les autres pour débarquer. J'y pense, j'ai oublié de préciser à Ezia que ce soir... nous dormons sur le bateau. Je trouvais ça romantique avant de savoir qu'elle en avait une peur bleue. Pendant la soirée, il me faut trouver un plan B.

Descendant du navire en dernier, je lui tends la main pour l'aider et remonter le quai jusqu'à la terre ferme. Ezia expire comme si elle n'avait pas respiré de tout le trajet et ça a le mérite de tous nous faire rire avec légèreté, nous donnant droit à tout un tas de noms d'oiseaux en italien de sa part.

Il ne nous reste que quelques escaliers en bois pour atteindre le lieu de la réception.

La terrasse, entièrement en bois avec un garde corps en verre, surplombe l'océan. En face de nous, sur un espace relevé de quelques marches, se trouve le DJ. L'espace est parfaitement aménagé entre brasero, bain de soleil et salon de jardin autour desquels danse une partie de la foule. Même s'il y a un grand nombre d'escorts et de bimbos que nous retrouvons souvent sur les courses, nous sommes loin des soirées que nous proposaient Liam Campbel et Peters Litwood, pourtant la tension sexuelle entre certains invités est plus que palpable. Du regard, je sonde l'assemblée à la recherche de notre hôte et d'Owen.

ENFIN ! crie une voix qui m'est familière. Il ne manquait plus que toi.

Saisissant Ezia par la taille de mon bras libre, je la rapproche de moi afin de faire comprendre de façon simple qu'on ne la touche pas et fais face à Victor. Notre hôte a quelques années de plus que moi, un teint hâlé, une carrure athlétique, des cheveux poivre et sel bien coiffés en arrière, et des yeux polaires. Habillé dans un style "old money", qui lui va si bien, certains le surnomment le bourreau des cœurs. Marié à une jeune et ravissante mannequin, tout le monde sait qu'il n'est pas des plus fidèle...mais l'est-elle aussi ? Cela serait un débat sans fin si nous le commencions...

Et en plus tu nous fait l'honneur d'être là avec ta championne ! scande-t-il en levant son verre dans sa direction pour la saluer. Nous vous attendions pour commencer les festivités !

Regardant autour de moi, je réponds.

Vraiment ? Qu'est-ce que ça va être quand ta soirée aura commencé...

Victor lève les yeux au ciel.

Tu sais très bien de quoi je veux parler O'Neil ! Suivez-moi ! nous invite-t-il en faisant un signe au DJ.

L'homme derrière les platines s'empare de son micro et annonce.

YEAH !! Le moment que vous attendez tous ! On se retrouve tous devant la villa pour donner le départ de la première course.

Contre moi, je sens Ezia frémir d'excitation.

Suivis par la foule, nous traversons rapidement la villa en direction du perron et de la cour que constitue l'entrée. Comme à son habitude, Victor a transformé le lieu en véritable garage de luxe à ciel ouvert avec un départ de course digne des plus grands circuits. Vont s'affronter ce soir des Lamborghini, des Mustang, une Hennessee, deux Bugatti et d'autres voitures tout aussi incroyables.

O'Neil ! m'interpelle Owen. Un plaisir de te voir, comme toujours, ajoute-t-il en me serrant la main, m'obligeant à lâcher les hanches d'Ezia. Quelle belle créature as-tu à ton bras ce soir ! enchaîne-t-il en tendant sa main dans l'attente de la sienne.

Owen Brown, nous devons avoir à peu près le même âge. Une taille identique à la mienne, une carrure tout autant musclée, des cheveux mi-longs noirs, des yeux légèrement en amande avec des iris aussi sombres que la nuit, les avant-bras et le cou couverts de tâches d'encre. Il est le profil même du coureur de jupons, son passe-temps favori : sauter tout ce qui bouge. Malgré ce trait de caractère c'est un homme d'honneur, il ne vient pas chasser sur le terrain des autres.

Ez hésite à répondre, croisant mon regard, qui se veut rassurant, avant de finir par lui tendre sa main qu'il couvre d'un léger baiser.

Vous devez être sa Championne ! s'exclame-t-il.

Sa Championne ? répète-t-elle en arrachant un rire à Owen.

C'est ainsi qu'on te surnomme depuis ta victoire contre Esposito à San Francisco. À part Dhan, personne n'avait réussi à tenir tête à Diego comme tu l'as fait. explique simplement Owen.

Cette nouvelle la fait rougir, ce n'est pas une surprise pour moi qu'elle soit déjà connue dans le milieu au vu de la dernière course, ce genre d'information va très vite. Surtout quand il s'agit d'une jeune femme sortie de nulle part et qui court pour moi. De mon côté, la prononciation du nom de ce connard me tend instantanément. Il faut que j'arrive à garder Ezia loin de moi afin de pouvoir parler à mes associés et leur demander du renfort pour la course de Phoenix.

La première course est lancée, nous coupant dans notre discussion. Ezia est concentrée comme si elle jouait sa vie et me glisse.

La Ferrari F8 tributo a toutes ses chances contre la Lamborghini Huracan Evo. Elle risque de se faire passer devant au démarrage, mais si le pilote est bon sur le reste de la course il peut largement la mettre à l'amende. souligne-t-elle. Quant à la Lambo, s'il arrive à garder son avance et jouer sur l'espace de la route disponible, il peut faire galérer son adversaire et rester en tête... C'est là que l'on voit les bon pilotes... finit-elle.

Toute l'attention est braquée sur elle, ce qui la surprend et fait doubler le rose de ses joues. Elle n'a pas dû se rendre compte qu'elle donnait son pronostic à voix haute, pensant qu'il n'y avait que moi qui entendrait. Victor et Owen reportent leur attention sur l'allée en pavés, parcourue par des palmiers, qui remonte jusque devant la villa. les deux hommes semblent impatients de voir quel véhicule franchira la ligne d'arrivée en premier. Ces courses sont un moyen pour eux de recruter de nouveaux pilotes à former. Alors que l'on nous sert de quoi nous désaltérer, les moteurs qui rugissent au loin commencent à se faire entendre. La tension est à son comble, l'ensemble des gens qui ont entendu le raisonnement d'Ezia sont à deux doigts de se faire un torticolis à force de tirer sur leurs cous pour voir plus loin.

Ezia se tend et me souffle à l'oreille.

Ils vont me prendre pour une folle si j'ai dit une connerie... s'inquiète-t-elle.

Je n'ai pas le temps de répondre que les supercars font leur apparition dans notre champ de vision. Un grand sourire de satisfaction et de fierté couvre mon visage lorsque la Lamborghini passe la ligne d'arrivée la première. Toute la foule acclame le vainqueur, pendant que Victor et Owen se tournent vers Ezia.

Elle n'est pas seulement douée derrière un volant... Tu t'y connais en bagnoles ! lance Owen, impressionné par son pronostic.

Douée derrière un volant... reprend Isaak, un homme de main et pilote d'Owen, en rigolant. Je n'étais pas là à San Francisco... mais j'en ai entendu parler et j'ai toujours du mal à le croire ! s'exclame-t-il.

Le ton de défi qui couvre ses paroles nous fait tous rire.

Tu insinues qu'ils mentent tous ? me devance Ezia sans perdre la face.

Je ne crois que ce que je vois ! l'attaque-t-il en relevant un sourcil. Mais apparemment tu n'es pas équipée pour conduire ce soir... souligne-t-il en la regardant de haut en bas.

Ezia ne retient pas son rire nerveux. J'imagine déjà ce qu'il se trame dans sa petite tête, et pour faire taire Isaak je ne risque pas de la retenir. Comme les autres, j'assiste à l'échange tout sourire, il ne sait vraiment pas qui il provoque.

Ça veut dire quoi ? Parce que je suis en robe et talons, je suis moins performante qu'en jean et baskets ? le pique-t-elle.

Encore faut-il que tu sois déjà performante en baskets ! continue Isaak.

La mâchoire d'Ezia se déboite, elle semble outrée par ses paroles.

Tu ne sais pas à qui tu te frottes Isa ! Je te l'assure... essaie de le résonner Owen.

Victor frappe dans ses mains et les frotte l'une dans l'autre en disant.

Puisqu'Isaak insiste... il se tourne vers Ezia. Mademoiselle, je vous laisse choisir le véhicule que vous voulez parmi tout ceux présents dans cette cour.

Surprise, elle hésite et se tourne vers moi à la recherche de mon approbation.

Tu me demandes vraiment la permission de le remettre à sa place ? Choisis ta voiture ! l'insité-je.

Je compte bien sur elle pour lui faire mordre la poussière. Les gars et moi, ainsi que tout ceux qui étaient présents à la dernière course savons très bien de quoi elle est capable. J'insisterais sur le fait que Tayron et moi savons réellement ce dont elle est capable quand elle débranche son cerveau... les autres sont loin, très loin de s'imaginer à quel point elle peut être folle.

D'un mouvement de main, la foule s'écarte des véhicules pour laisser Ezia passer et sélectionner l'heureuse élue. Sûre d'elle, elle descend les trois marches en direction des supercars toutes garées les unes à côté des autres le long du garage de Victor. De là où je suis, je sais déjà sur laquelle son choix va se porter. Elle ne fait que me le confirmer en s'arrêtant devant une Mustang Shelby 500GT rouge parcourue de l'avant jusqu'à l'arrière par deux lignes blanches.

Isaak rigole en la provoquant encore plus.

Une Mustang Shelby 500GT ! Je choisis la Ferrari F8 tributo ! annonce-t-il à son tour.

Continue comme ça... Tu ne fais que nourrir sa rage de vaincre... ris-je intérieurement.

Je commence à la connaître, ma petite blonde et s'il y a bien une chose qu'elle aime par-dessus tout, c'est montrer aux hommes dans son genre qu'elle est loin d'être une petite blonde écervelée. Ça me rappelle la première fois que je l'ai amenée au circuit essayer des voitures avec Lenny, mon mécanicien a fini par vite changer d'avis.

Bien ! lance Victor. Récupérez les clés, on se rejoint sur la ligne de départ.

Suivi par les gars, je retrouve Ezia à côté de la Mustang. Elle est en train de discuter avec une jeune femme qui lui tend un élastique. Aïe ! Aïe ! Aïe ! On m'a toujours dit qu'une femme qui s'attache les cheveux, c'est dangeureux. Elle compte en découdre et ça ne m'étonne pas d'elle. Nous arrivons à son niveau pendant qu'elle rassemble sa longue chevelure en queue de cheval. Sans que je n'ai le contrôle, mon cerveau me renvoie l'image d'Ezia à genou devant moi, mon sexe en bouche et ses cheveux enroulés autour de mon poing.

Ce n'est pas le moment de penser à ça putain !

Prête ! J'ouvre la porte côté conducteur pour l'inviter à prendre place. Elle est en train de régler son siège lorsque je lui lance :

Malgré toutes les supercars que tu pouvais choisir, tu as pris la Shelby...

Toutes dents dehors, Ezia me lance un regard empli de fierté.

Je vais lui montrer que c'est le pilote qui fait le change, malgré la voiture ! Il me semble te l'avoir déjà dit Dhan ! me pique-t-elle pour me remémorer une conversation que nous avions eue à la villa.

" — Elle est bien ta Mustang, mais tu peux faire encore mieux avec une voiture plus puissante que ta Shelby ! affirmé-je.

Elle me suffit ma Shelby. C'est le chauffeur qui fait la différence Dhan !

Je souris à la prononciation de mon diminutif.

Imagine un bon pilote au volant d'une voiture plus puissante !

Elle rit sans joie.

Ce n'est pas une science exacte. Ça peut être quitte ou double... dangereux comme merveilleux ! me contre-t-elle.

Avec toi ça sera merveilleux Bella ! dis-je sûr de moi."

Elle sait ce qu'elle fait, j'en suis sûr. Mais je sais aussi qu'Isaak est un bon pilote qui ne lâche rien et il n'a pas pris la plus petite voiture présente ce soir.

Je te fais confiance Bella ! Tu sais ce que tu fais ! l'encouragé-je.

Ezia me rassure d'un regard qui se veut confiant tout en faisant rugir le moteur de la Shelby. Je décide de poser un rapide baiser sur ses douces lèvres, la surprenant, avant de fermer la porte et de taper sur le toit pour lui indiquer de partir. Je pourrais me servir de ce moment pour discuter avec Owen et Victor, mais les deux hommes ne voudraient manquer ça pour rien au monde, et moi non plus d'ailleurs.

Les deux voitures sont côte à côte, les moteurs rugissent en attendant le départ...

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Désolé du retard ! 

J'ai dû ralentir un peu le rythme... JE m'approche de la fin du tome 1 petit à petit ahah ! Ça me fait quelque chose ! J'ai déjà la tête qui bouillonne pour le tome 2 hihi !! 

Un autre chapitre sortira cette semaine ! 

À bientôt 

~So-Vin

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