21 . Essaie de haut vol
- EZIA -
Cette nuit, j'ai fait le même cauchemar que la veille. J'assiste à l'accident de Léo, puis le néant me fait tomber au volant de la voiture en feu à la place de mon frère. Je me suis réveillée en sueur et paniquée, et comme la nuit précédente Aodhan m'a prise dans ses bras et m'a apaisée. Il est étrangement réconfortant, ne pas affronter ça toute seule me rassure alors je ne me débats pas et me laisse envelopper par la chaleur des bras du mafieux.
Ce matin, nous nous rendons à l'université. Aodhan a prévu son coup en avance et a déjà planifié un rendez-vous avec le doyen pour parler de mon changement de situation.
Malgré qu'il m'ait réconfortée cette nuit, je lui fais toujours la gueule par rapport à ce que m'a appris Tayron la veille. C'est à cause de lui que Tay a joué avec mes sentiments, il lui avait donné carte blanche pour se rapprocher de moi. Comme si je n'étais qu'une vulgaire marionnette. Je ne comprends toujours pas pourquoi ? Pourquoi être entré dans ma vie de cette façon ? Pourquoi l'avoir frappé alors qu'il avait réussi sa mission ? Beh oui, après tout il a si bien joué son rôle que je lui ai ouvert mes cuisses... Ce qui, apparemment, n'a pas plus à Monsieur O'Neil Aodhan.
Mais bien fait pour toi Aodhan !
Arrivés à l'université, tous les regards curieux des étudiants convergent vers nous. Il faut dire que le mafieux a une prestance et un charisme qui absorbent entièrement l'oxygène disponible dans les parages, vêtu d'une chemise moulant son torse musclé, et d'un jean noir. Ses cheveux brun sont coiffés en arrière et ses yeux émeraudes sont cachés derrière une paire de lunettes aviateur lui donnant un air mystérieux.
Alors que nous remontons l'allée en direction du bâtiment principal, Aodhan brise le silence entre nous.
- Tu as décidé de jouer au roi du silence ?
Je le regarde et lui donne pour seule réponse un long "Mmmm...!". Il ne cherche pas à comprendre et fait un raccourci.
- Je n'ai pas d'autre choix que de te garder chez moi, Ezia !
Je grogne mon mécontentement.
- Tout comme tu n'avais pas d'autre choix que de tabasser Tayron ?
- De quoi tu parles ?
- Tu as tapé ton cousin parce qu'il a bien réussi la mission que tu lui avait confiée, en baisant avec moi !
Il grogne, sa mâchoire et ses poings se serrent.
- Il ne devait pas te toucher !
- Parce que tu as changé les règles en cours de jeu ! A moins qu'il ne m'ait menti ?
Il tique à la prononciation du mot jeu et j'enchaine.
- Parce que ce n'est qu'un jeu pour vous ! Je ne suis qu'un jeu pour vous ! dis-je en tapant son torse avec mon index.
Agacé par mon geste, le mafieux attrape mon poignet et me rapproche de lui. Il fixe son regard vert intense dans le mien.
- Ecoute-moi bien Bella ! C'est beaucoup plus qu'un simple jeu, d'accord ? Et ça te dépasse, plus que tu ne le voudrais ! appuie-t-il fermement.
- Pourquoi avoir changé les règles ?
- Et pourquoi pas. On va être en retard, dépêche !
Il relâche mon poignet et me pousse légèrement pour me remettre en marche.
- Tu n'as pas répondu à ma question ! insisté-je.
Il lâche un rire rauque.
- J'ai pas à te donner de réponse.
Nous avons cinq minutes d'avance. La secrétaire nous demande de patienter dans une petite salle d'attente avec deux chaises et une table basse sur laquelle repose un bonsaï qui manque cruellement d'eau.
Aodhan occupe la pièce à lui tout seul avec sa carrure imposante et son égo. Alors que je suis sur le point de m'installer sur une des chaises, la porte du doyen s'ouvre. Le mafieux et moi échangeons un regard surpris lorsque nous voyons les deux hommes qui en sortent. Je ne perds pas de temps et me redresse, Aodhan se place devant moi me cachant presque de Ethan et Diego.
- Tiens, tiens... Voyez-vous ça ! Aodhan O'Neil ! lance Diego en nous voyant, puis il penche la tête sur le côté pour croiser mon regard. Ezia, ma jolie ! Tu devrais mieux choisir tes fréquentations. Que dirait Léo ?
Je le fusille de mes yeux bleu et fais tout pour garder le feu de colère, prêt à me submerger, au fond de mon être. Instinctivement, je me rapproche d'Aodhan, mon épaule gauche frôle son bras droit et me provoque une décharge électrique qui me rassure, je ne suis pas seule face à lui.
Le chef de gang n'a pas bougé, les mains dans les poches de son jean, il regarde Diego en chien de faïence.
- Il dirait que tu n'as pas ton mot à dire Diego ! dis-je sèchement.
Diego affiche un sourire sadique et fait un pas dans ma direction.
- Tu devrais venir avec moi. J'ai de la place pour un second apprenti dans mon écurie de course ! dit-il en levant la main pour essayer d'attraper mon bras.
Je bouge mon épaule vers l'arrière pour éviter son contact et attrape le bras d'Aodhan. Le mafieux, qui restait spectateur jusqu'à présent, saisit violemment le poignet de Diego et se place entre lui et moi.
- C'est pas sympa de débaucher les apprentis des autres, Esposito. dit-il d'une voix qui se veut très calme par rapport à la tension que je ressens dans son corps.
Aodhan n'apprécie pas Diego, je pourrais mettre ma main à couper.
- Mais c'est de bonne guerre O'Neil, non ?
Diego tente une seconde fois de se rapprocher de moi.
- Ma jolie, tu devrais vraiment venir avec moi !
- Va voir ailleurs Diego, je ne viendrai pas avec toi. lâché-je les dents serrées.
Aodhan , qui n'a pas lâché Esposito, le pousse violemment en arrière.
- Je t'interdis de la toucher ! ordonne-t-il en bombant le torse.
- Sinon quoi ? le provoque-t-il.
Le mafieux s'approche de son visage pour lui chuchoter.
- Tu me poses vraiment la question ? je n'entends pas la suite de ses paroles. Une vie pour une vie Diego... C'est Lério, ou devrais-je dire Léo qui ne serait pas très content...
Les pupilles de Diego se dilatent jusqu'à rendre ses yeux noisettes entièrement noir de colère. Il recule d'un pas et ordonne à Ethan de passer devant, pour sortir, d'un geste de la tête.
Avant de quitter les lieux, il lance une dernière menace à Aodhan.
- Elle est à moi Aodhan, elle m'appartient... je la récupérerai !
Comment ça je suis à lui ? Il a pris un truc qui l'a laissé percher dans les nuages non ?
Aodhan me fait passer devant lui pour rentrer dans le bureau du Doyen.
L'homme d'une cinquantaine d'années nous accueille tout sourire, très heureux de recevoir un des bienfaiteurs de l'université.
Bienfaiteurs de l'université, excusez-nous monsieur O'Neil !
Nous prenons place sur les fauteuils en face du doyen, qui sort un dossier avec mon nom inscrit dessus. Il le parcourt avec parcimonie et relève la tête en direction d'Aodhan.
- Vous avez choisi l'une de nos meilleures élèves Monsieur O'Neil, ça ne m'étonne pas de vous. Pouvez-vous me raconter comment vous avez rencontré Mademoiselle Moretti ?
Aodhan sourit au doyen et lui explique qu'il m'a rencontrée au garage de Tom Davis alors qu'il amenait une de ses voitures de sport, sur laquelle il n'arrivait pas à régler un problème mécanique. Un de ses hommes lui a dit que Tom avait un mécanicien qui pourrait lui venir en aide.
Il rit en disant qu'il ne s'attendait pas à tomber sur un petit bout de femme comme moi, et que, devenant septique il n'était pas sûr de vouloir laisser la voiture à mes soins. Mais finalement, il m'a laissé le bénéfice du doute, et de mes mains de magicienne j'ai réparé son bolide. Dès lors il m'a voulue dans sa team. D'un commun accord, j'ai accepté son offre qui est une opportunité incroyable, pour une étudiante comme moi.
Le doyen boit les paroles du mafieux pendant que je lève les yeux au ciel.
Non mais toujours plus mec !
C'est plus qu'honoré que le doyen accepte ma demande d'études à distance. Il est plus que ravi qu'une de ses étudiantes intègre l'écurie de Aodhan, jusqu'à présent seulement deux autres élèves ont réussi à rejoindre une team avec une si bonne réputation.
Arrêtez de lui lécher les pompes... vous allez le faire bander et je ne vais plus le tenir de la journée !
Le doyen nous fait signer des papiers et me glisse.
- Je suis très heureux, Mademoiselle Moretti, que vous arriviez enfin à aller de l'avant ! Vous avez traversé une épreuve très compliquée. Je vous souhaite beaucoup de réussite pour la suite !
Prends ça dans la figure ma fille... c'était vraiment pas obligé !
Mon air dépité passe totalement inaperçu aux yeux du doyen qui préfère idolâtrer l'homme qui va pouvoir me séquestrer chez lui sans problème.
Les derniers détails réglés, nous quittons enfin l'université en direction du circuit Wildfire, au sud de la ville.
Dans la voiture, aucun de nous ne prononce un mot, pourtant entre le rendez-vous et l'altercation avec Diego, nous avons matière à discuter. Mais je préfère connecter le bluetooth de mon portable à la voiture et mettre de la musique. Je pensais que le mafieux râlerait, mais il me laisse faire. Et nous voilà sur la route avec Lift me up de Moby à fond dans les enceintes de l'Aston Martin. Aodhan a l'air d'apprécier le son que j'ai choisi, je le vois tapoter des doigts sur le volant, en rythme avec la musique.
Il ne nous faut pas longtemps, surtout avec un mafieux qui ne pense avoir qu'une vie derrière un volant, pour rejoindre le circuit. Sans surprise Aodhan se gare du côté VIP, c'est-à-dire presque sur la piste de course. D'un mouvement de tête, il m'invite à le suivre dans le bâtiment. Nous passons la sécurité sans aucun problème, et nous rejoignons le stand au nom de "O'Neil Racing".
C'est la première fois que je mets les pieds sur ce circuit, l'université travaille en partenariat avec celui à l'est de la ville, il est beaucoup plus petit et vieux. Les infrastructures me laissent sans voix, elles sentent le neuf à plein nez. Une vingtaine de boxes sont alignés les uns après les autres, à la suite de quatre stands, équipés d'ateliers, qui possèdent tous un accès vers la piste. Aodhan rentre dans un des garages, je reste bouche bée face à tous les équipements dernier cri sous mes yeux. Le garage est spacieux et bien rangé, avec quatre ponts élévateurs sur lesquels se trouvent voitures de sport et de courses en plein entretien. Le mafieux m'entraine dans un second garage, tout aussi grand, saluant tout le monde sur son passage. L'ensemble des hommes, qui bossent, s'arrêtent et me regardent passer avec curiosité. Aodhan s'arrête au milieu de l'atelier.
- LENNY !! LENNY !! crie le mafieux à travers l'atelier.
- Yes Dhan !! Je suis là ! dit-un jeune homme en sortant la tête de sous une voiture.
Lenny se relève, pose ses outils et s'approche de nous.
- Comment ça va chef ?
- Au top, merci ! Toi aussi ? Tu as regroupé ce que je t'ai demandé ?
- Ouaip, suis moi !
Nous emboitons le pas au jeune homme qui nous conduit face à trois supercars sortis de mes rêves les plus fous.
- Voici les bébés, présente Lenny en montrant les voitures d'un signe de la main, un air fier sur le visage. La Hennessey Venom F5, la petite dernière qui nous vient tout droit du texas, possède une puissance de 1817 chevaux à 8000 tr/min, un en mot monstrueuse Puis, la Bugatti Veyron avec ses 1200 chevaux, on a fait une petite reprogrammation moteur pour gagner en puissance. Et pour finir, la Lamborghini Revuelto avec une puissance de 1015 chevaux ! finit-il.
Je m'avance pour contempler les engins de plus près. Il ne rigolait pas Aodhan lorsqu'il me parlait de voitures plus puissantes, celles sous mes yeux sont de véritables fusées. J'en ai presque la peur au ventre de m'asseoir derrière le volant.
- C'est ce que tu voulais ? demande Lenny. Ton pilote arrive bientôt ?
Aodhan saisit son paquet de clopes et fait un signe de la tête dans ma direction. Le jeune homme me regarde, puis il regarde le mafieux perplexe avant de revenir sur moi et de me détailler de haut en bas.
- Tu veux mettre ces bijoux entre les mains de cette gamine ?? demande-t-il outré.
Aodhan répond par la positive d'un signe de tête. Lenny se décompose, tout en tournant autour des voitures je lui lance.
- Gamin toi même, tu dois être à peine plus âgé que moi !
- J'ai 25 ans ! me répond-t-il du tac au tac.
- Et moi 23 ! Donc tu vois à deux ans près... Gamin ! Aodhan, je veux ma Shelby ! dis-je.
- Beh voilà, une shelby, c'est déjà moins suicidaire pour une nana ! s'interpose Lenny en me montrant d'un geste de la main.
- Non Bella ! Tu cours la semaine prochaine, elle ne sera jamais prête. dit-il sans prêter attention à Lenny.
Il ne perd pas de temps, déjà une première course la semaine prochaine.
J'ai une boule de stress au ventre. La Sehlby de mon frère je la connais par coeur, je sais quand changer la vitesse, comment la faire monter dans les tours sans en faire trop, comment la faire glisser. Il m'a fallu du temps pour la maîtriser avant de pouvoir rouler comme je le fais avec. Ces voitures sont puissantes et il me donne à peine une semaine pour en dompter une des trois et courir dans les rues de Los-Angeles. Je suis dépitée et un peu terrifiée.
- Pfff... je commence par laquelle ? demandé-je agacée.
- Par celle que tu veux !
Ok...
Je décide de commencer par celle qui m'inspire le moins confiance, la Hennessey. Comme pour la majorité des supercars, les lignes de la carrosserie sont pensées pour fendre l'air à la recherche d'un maximum de vitesse, son pare-choc avant me fait penser à un poisson chat. Une fois à l'intérieur, je suis encore moins convaincue. En soit l'habitacle est chic et épuré, mais le volant... non je ne peux pas, je me croirais dans un cockpit, aux commandes d'un avion, il est de forme rectangulaire non fermé sur le dessus, avec une multitude de boutons. Lenny m'explique les grandes lignes dont j'ai besoin pour un simple essai.
- Tu me parlais d'essayer des voitures, pas des avions Dhan ! Je ne veux pas essayer celle-ci ! dis-je en montrant la Hennessey du doigt.
- Tu crois toujours que tu as le choix ! dit-il d'une voix rauque et légère.
Il se fout de ma gueule et ajoute.
- Tu veux donner raison à Lenny, qu'une femme ne peut pas conduire ce genre de voiture ?
Stupido !
Il me prend par les sentiments.
Bien sûr que je veux faire taire ce mec, une femme est capable de conduite ce type de voiture, et même mieux qu'un mec. Mais merde ! On ne peut pas dire qu'elle n'est pas impressionnante, et puis ce volant me perturbe beaucoup trop. Je souffle un bon coup et démarre le moteur dont le bruit est pire qu'un lion qui rugit.
Aodhan claque la porte et me voilà partie en direction de la piste. Je n'ai pas encore mis les pneus sur le circuit principal que je peux confirmer mon désamour pour cette voiture. Je ne me sens pas à l'aise. Alors que je commence à prendre de la vitesse, la voix d'Aodhan résonne dans l'habitacle, me faisant hurler de surprise et freiner brutalement.
- C'est quoi ce BORDEL ?
Arrêtée au milieu de la piste, je cherche d'où provient le bruit.
- Elle est équipée d'une radio pour que tu puisses rester en contact avec nous, annonce Aodhan comme s'il ne venait pas de me faire la peur de ma vie.
- Tu aurais pu me le dire avant de me provoquer un AVC ! râle-je.
- Aller, avance au lieu de râler ! Je vais t'annoncer les virages pour que tu puisses anticiper.
Je me concentre, redémarre la voiture et appuie sur l'accélérateur. Le premier virage à droite arrive vite et je le prends comme il vient en serrant trop l'intérieur, ce qui me fait sortir totalement à gauche.
Aodhan m'annonce le prochain, un virage à gauche qui se referme, comme une épingle.
Lui aussi arrive beaucoup trop rapidement pour que j'ai le temps de placer la voiture sur la bonne trajectoire. De panique, je me jette sur le frein, l'écrase de toutes mes forces et braque mon volant violemment sur la gauche. Les réactions de la Hennessey me surprennent tellement elles sont immédiates, je contrebraque trop rapidement, pour redresser l'auto et pars en tête à queue. Me revoilà arrêtée en plein milieu de la piste, le cœur en tachycardie, prêt à exploser de peur.
Je n'aime pas cette voiture putain !
Ma respiration est aussi rapide que les battements de mon cœur. Je m'affale dans le siège en espérant qu'il puisse m'avaler pour m'emmener loin d'ici.
- Qu'est-ce-que tu fous ? demande Aodhan.
- Je me remets de mes émotions Dhan !
- C'est tout ce que tu peux faire ?
- Il y a pas un bouton off à ta putain de radio, dis-je en fouillant sur le tableau de bord. Ta voix me rajoute du stress !
Alors qu'il s'apprête à répondre, j'entends l'autre petit enfoiré rire.
Ok ! J'ai compris !
J'inspire très profondément, il est hors de question que je laisse satisfaction à ce Lenny. Je redémarre, me remet dans le sens de la marche et appuie sur l'accélérateur. J'ai compris que ce petit bijou est hypersensible, il me faut donc être légère dans mes actions. Je pose une partie de mon cerveau dans la boîte à gants, le reste s'amusant à rejouer de vieux souvenirs.
" Je suis surexcitée ! Aujourd'hui Léo m'emmène conduire sur un circuit pour la première fois. Je l'ai toujours accompagné, lorsqu'il courait officiellement, mais je n'avais jamais conduit sur piste. Un de ses amis vient d'acheter une Bugatti Chiron et il nous invite pour l'essayer. Enfin, pour que Léo l'essaie, mais il m'a dit que je pourrai la conduire, je suis aux anges !!
- Tu es prête mon petit aigle ?
- Plus que je ne l'ai été mon petit lion !
Arrivée sur le circuit, je profite d'abord du spectacle que nous offre Léo depuis les écrans sur le stand. Diego, son pote, et propriétaire de la voiture, n'a rien contre le fait que je conduise sa Bugatti. Il regarde mon frère évoluer au volant de son bolide à mes côtés. Mon frère ne m'avait pas précisé que c'était sa voiture, si je l'avais su je ne serais pas venue... Quelque chose me perturbe chez Diego, peut-être sa façon de me déshabiller du regard à chaque fois qu'il me voit ! Il n'a jamais eu de gestes déplacés, mais je ne me sens pas à l'aise en sa présence, j'ai toujours cette sensation qu'il nous imagine tous les deux faire des choses pas très catholiques... si vous voyez ce que je veux dire... et ça me dérange, parce qu'il ne s'en cache pas.
Léo revient au stand.
- Wow Diego ! Elle est impressionnante cette auto !
- Je t'avais dit qu'elle allait te plaire ! Tu laisse ta place à Ez ?
- Si tu es toujours ok !
- Bien Sûr, pas de soucis. Ma jolie, m'invite-t-il à monter d'un geste de la main.
Alors que je m'installe derrière le volant, il chuchote quelque chose à mon frère, qui lui répond positivement de la tête.
- Qu'est-ce qu'il voulait ? je demande, curieuse.
- Je fais les premiers tours avec toi et tu feras le dernier avec lui.
- Pardon ?
- C'est sa condition pour que tu puisses conduire la voiture. Tu ne vas pas refuser pour une demande aussi futile ?
Il n'a pas tort, ce n'est pas tous les jours que j'ai la chance de prendre le volant d'une telle auto, alors je me contente d'acquiescer.
Nous voilà élancés sur la piste, les sensations sont incroyables. Léo en profite pour m'expliquer quelques notions de pilotage : le freinage pied gauche ou encore le talon pointe, une technique où l'on freine et accélère du pied droit, pendant que l'on change de vitesse avec le gauche. Elles sont plus facile à dire qu'à appliquer, mais j'aime le challenge et apprends vite. Malgré deux trois loupés, mon frère est fier de moi et il ne m'en faut pas plus pour être sur un petit nuage.
Comme Léo l'a promis à Diego, nous revenons au stand pour qu'il prenne le relais.
Je retourne sur la piste en sentant le regard chaud d'envie de Diego sur mon profil. Sa présence me stresse, mais j'essaie de ne rien laisser paraître. De ce que j'ai compris, ils se connaissent depuis un moment avec Léo, pourtant je n'avais jamais entendu parler de lui avant que mon frère ne commence à faire des courses sauvages...
Je conduis avec les conseils de Léo en tête, essayant d'oublier la présence de Diego sur ma gauche. Jusqu'à ce qu'il pose sa main sur le haut de ma cuisse droite, resserrant ses doigts non loin de mon intimité. Déboussolée, je ralentis la voiture.
- Qu'est-ce que tu fais ? craché-je en retirant sa main de ma jambe.
- Je t'encourage simplement ma jolie. Tu te débrouilles bien !
- Ne le refais plus, s'il te plait ! dis-je en essayant de contrôler les battements de mon cœur.
...."
Perdue dans mes pensées, le tour passe plus vite que je ne l'aurais imaginé. Il m'a fallu deux virages de plus pour réussir à doser mes actions sur les pédales et le volant. Je suis plutôt fière de moi, j'ai ressenti de jolies sensations. Mais je ne change pas d'avis, la Hennessey n'est pas la voiture qu'il me faut.
C'est maintenant au tour de la Bugatti Veyron. C'est une voiture, je dois l'avouer, avec beaucoup de classe. Elle est entièrement noire, avec une bande orange intense qui court tout le long du bas de caisse. L'intérieur est aux couleurs de l'extérieur et je suis heureuse de retrouver un volant rond. Elle est peut-être un poil moins puissante que la Hennessey, mais elle n'en reste pas moins impressionnante. Je m'installe confortablement derrière le volant avec moins d'appréhension que pour la première.
Je m'élance sur la piste confiante. Je ne me fais pas surprendre par les virages et la vitesse à laquelle ils arrivent. Ma conduite est plus fluide, malgré deux trois mauvaises manœuvres. D'être dans la Bugatti me remémore des souvenirs mitigés.
"Diego, passe sa main sur son visage pour caresser ses joues.
- Et si j'ai envie de recommencer ma jolie. On fait comment ?
Je sens une goutte de sueur se former à la racine de mes cheveux. Je suis de plus en plus mal à l'aise, pourquoi il m'expose ça maintenant ? Je n'aurais pas dû accepter.
- T'es sérieux ?
- Totalement... j'ai envie de te toucher... dit-il en reposant sa main sur moi et en la faisant remonter de mon genou jusqu'à mon entre jambe.
Je lui retire une seconde fois.
- J'ai pas envie que tu me touches !
- Ok...ok ! Désolé ma jolie, dit-il en levant les mains devant lui. Tu finis de me montrer ce que tu sais faire ?
Ni une ni deux, je repars pour arriver au plus vite au stand et sortir de cette voiture aussi magnifique qu'étouffante avec un passager comme Diego.
- Tu pourras venir t'entraîner quand tu veux avec ton frère, m'informe-t-il.
Je lui lance un regard méfiant.
- Tu as du talent, ça serait dommage de ne pas l'exploiter. j'arque un sourcil et il continue. Je te toucherai plus, promis. dit-il pour que j'accepte son offre.
J'avoue être partagée...Ma passion va-t-elle être plus forte que ma raison ?
Une semaine plus tard, nous sommes de retour sur le circuit. La session du jour a été incroyable. Diego a gardé ses distances, il n'a pas demandé à monter en voiture avec moi. J'ai pu le regarder faire avec ses nouveaux pilotes, il est plutôt brut de décoffrage... il faut que ça roule droit avec lui, il ne se gêne pas pour les sortir des voitures et leur montrer comment faire.
Je suis tellement reconnaissante d'avoir un frère patient et pédagogue comme Léo. Je ne supporterais pas d'apprendre avec quelqu'un comme Diego. "
- Tu m'entends Bella !? crie Aodhan à travers la radio, me sortant de mes pensées.
- Oui, pas la peine de crier !
- Beh oui, tu m'écoutes tellement que tu viens de repartir pour un tour !
- QUOI ??
Oh mon dieu ! J'étais tellement focalisée sur les souvenirs que mon cerveau a fait remonter que j'ai loupé la sortie de la piste.
- Amuse-toi sur ce tour ! me lance Aodhan. Fais attention, tu as tendance à mettre le moteur en souffrance par moment.
- Elle ne peut pas faire mieux... lâche Lenny. Quel gâchis, une telle voiture...
- On va voir ça Lenny ! lâche-je doucement en fronçant les sourcils.
Mon pied se fait plus lourd sur l'accélérateur. C'est mon troisième tour de circuit, je commence à connaître l'enchaînement des virages, je sais à quel moment il me faut braquer le volant, freiner et accélérer. Je prends du plaisir à conduire ce tour, et au passage à faire taire cet abruti qui me pense incapable de conduire cette fusée. Je pousse le bouchon en faisant glisser la voiture dans certaines courbes, un sourire se forme naturellement sur mon visage à la sensation de la voiture qui drifte, comme un surfeur sur une vague.
- Joli Bella !! Tu vois quand tu veux ! me félicite la voix d'Aodhan. Pense à revenir au stand cette fois.
Je ris. Il ne me reste qu'une voiture à essayer. Pour le moment, si je m'écoute aucune des deux voitures que je viens de conduire ne me convient. La première ressemble trop à un avion, et a des réactions trop vives pour ma conduite. Quant à la seconde, malgré avoir pris plus de plaisir, elle fait remonter des événements que je préfère garder à double tour dans un coin de ma tête. Il ne m'en reste qu'une à essayer.
Je m'avance vers la Lamborghini et laisse mes doigts effleurer le capot en avançant vers la portière. Si je dois choisir par rapport à l'esthétique, celle-ci est largement en tête, elle a un look agressif souligné par des phares enfoncés dans la carrosserie et des jeux Led en forme de Y. L'intérieur des portes, le tableau de bord et les sièges baquets sont recouverts d'alcantara noir, agrémenté de contours en cuir orange.
La classe à l'italienne!
Je m'installe derrière le volant et je m'y sens de suite à ma place. Deux italiennes ne peuvent que se comprendre, non ? C'est avec beaucoup de sérénité, et d'excitation, que je m'élance sur la piste qui n'a presque plus de secret pour moi.
Lenny, tu vas voir si je ne suis pas capable !
Je prends de la vitesse et les virages comme si je conduisais cette voiture depuis des années. J'ai cette sensation qu'elle et moi ne faisons qu'un au-dessus de l'asphalte. Je n'ai aucun problème pour la placer où je le souhaite dans les courbes, ma conduite est fluide.
- Je crois que tu as trouvé une remplaçante à ta Shelby, me lance Aodhan à travers la radio.
Je ne réponds pas et me contente de sourire bêtement. Pour le kiffe, je ne rentre pas au stand et repars pour un second tour encore plus rapide. Je ne me lasserai jamais de cette sensation de liberté absolue qui traverse tout mon être à cette vitesse complètement folle. Mes problèmes sont loin derrière moi, seul compte le moment présent : la route, le volant, la voiture et moi ne faisons qu'un tout.
Les bonnes choses ont une fin.
- Oui Aodhan ! J'ai trouvé une remplaçante ! confirmé-je en revenant vers le stand.
Je sors du véhicule et suis rejointe par les deux hommes.
- Alors la Gamine est au niveau ! dis-je, moqueuse, à l'attention de Lenny.
- Ouais... si tu le dis ! réponds-t-il peu convaincu.
- Aller dis le !
- Dire quoi ?
- Qu'une femme est autant capable qu'un homme !
- Même pas en rêve, me lance le jeune homme, faisant mine d'être dégouté.
- T'es vraiment un macho ! J'ai conduit ces voitures aussi bien qu'un mec !
- Mmm... disons que ça me prouve que tu es une femme qui sait manier un levier de vitesse avec justesse... qu'est-ce-que ça doit être au pieu ! me lâche-t-il de but en blanc.
Ma bouche s'ouvre choquée par sa phrase, mais elle laisse vite place à un fou rire.
- Hein, Aodhan ! Tu dois en avoir la confirmation qu'elle est douée avec un manche entre les mains ? C'est pour ça que tu l'a ramenée.
Je deviens toute rouge à sa question et jette un coup d'œil au mafieux, qui rit sans bruit.
Mission accomplie, j'ai trouvé une voiture pour rouler la semaine prochaine. Aodhan m'informe qu'il m'en dira plus dans la semaine et précise que Lenny sera mon responsable d'apprentissage.
Quel bonheur ! Je ne sais pas si j'ai hâte...
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