Chapitre 3
https://youtu.be/ye5BuYf8q4o
Mon ventre a commencé à faire des siennes aux environs de midi. Les bras à l'extérieur de la voiture et les cheveux dans le vent, je me laissai bercer par la fraîche brise et la musique provenant de la station radio. Je tapai en rythme contre la portière et fredonnai les paroles tout en laissant mon esprit divaguer. En fermant les yeux, j'avais vraiment l'impression d'être en Alabama. Je croyais même pouvoir entendre les oiseaux chanter et les enfants jouer dans la cour de récré. J'ai ouvert les yeux quelques secondes et j'ai regardé le paysage défiler. L'Amérique est belle; ses maisons avec des jardins où flottent le drapeau de notre chère patrie, ses enfants heureux jouant au base-ball et ses vieux regardant les voitures passer, assis sur leur rocking-chair sur leur terrasse. Sweet Home Alabama. Where the skies are so blue. Sweet Home Alabama. Lord, I'm coming home to you. Je me suis demandée ce que faisait mon père en ce moment même. Si les flics ne l'avaient pas déjà appelés pour lui dire que sa fille était une criminelle recherchée, alors c'était sûrement lui qui les avait appelé parce qu'il devait s'inquiéter que je ne sois toujours pas rentrée. Il a dû appeler Wendy et comme elle aussi ignorait où j'étais, ils ont dû tous les deux aller voir la police et déposer un avis de recherche à mon nom. Peut-être que bientôt on verrait des affiches avec mon nom et ma tête dessus. On verrait aussi celle de Jim et en-dessous de notre photo, il y aurait la somme de la récompense pour notre capture. Je me demande à combien elle s'élèverait. Sweet Home Alabama. Where the skies are so blue. Sweet Home Alabama. Lord, I'm coming home to you.
"J'ai faim. '' dis-je à Jim en me tournant vers lui.
Il a simplement hoché la tête et m'a dit qu'il s'arrêterait au prochain diner qu'il verrait. J'ai alors refermé les yeux et me suis laissée à nouveau bercer par la musique et le vent frais. Le soleil caressait mon visage et je pouvais sentir le vent frapper contre ma main à l'extérieur de l'habitacle. Je m'amusai à défier le vent en faisant aller ma main dans le sens inverse qu'il soufflait. Je rassemblai mes doigts ensemble et repoussais le vent. Puis j'écartai les doigts et le laisser glisser entre les espaces. Ma main était devenue une passoire. Quand j'étais petite, avant que ma mère ne parte, on allait souvent toutes les deux en virée entre filles. Elle conduisait avec la radio à fond et chantai aussi fort qu'elle le pouvait. Moi j'étais assise à l'avant avec elle et laissai mon bras en dehors de la voiture. J'avais les cheveux au vent et le cœur léger en ce temps là. J'aurai aimé que ma mère reste. Mon père fermait toujours les carreaux en conduisant parce qu'il disait que le bruit du vent le gênait. Il n'y avait pas de vent quand papa conduisait, ni légèreté, ni liberté.
La voiture a ralenti et Jim s'est garé sur le parking d'un diner au bord de la route.
''Il devrait nous rester assez d'argent pour se prendre de quoi manger.'' a t-il soufflé en sortant de la voiture, les mains dans les poches de sa veste en jean.
Il prit au passage le guide de la région que j'avais volé et le plia pour le glisser dans la poche arrière de son jean.
De l'extérieur, le diner payait pas de mine. C'était une petite baraque surélevée à laquelle on accédait avec un petit escalier.Il y avait des guirlandes tout autour de ce long bâtiment en fer qui devaient sûrement s'allumer à la tombée de la nuit. Les néons étaient eux aussi éteints mais on pouvait tout de même y lire le nom du diner '' Road Island ''. Il semblait ne pas avoir grand monde dedans à en juger par la seule voiture garée et les deux motos présentes sur le parking.
https://youtu.be/qhZULM69DIw
Jim a poussé la porte du diner et m'a laissé y entrer la première. Stopped into a church, I passed along the way. Well, I got down on my knees. And I pretend to pray...L'intérieur était plutôt simple avec un comptoir tout le longet des tabourets, quelques tables sur les côtés et bien sûr la cuisine tout au fond. Il n'y avait pas de poster ou de photos sur le mur, rien mis à part une carte de la Californie sur laquelle on pouvait voir les monuments à visiter dans la région pour les touristes. Je me demandai combien de touristes s'étaient déjà arrêtés ici. Une serveuse prenait la commande d'un couple et une autre serveuse derrière le comptoir servait le café à deux hommes.Leur conversation avait l'air intense. Je ne sais plus de quoi ils parlaient exactement mais je crois me souvenir que ça concernait l'élection de Bush à la présidence.
Jim s'est dirigé vers une table isolée à droite.
''Je dois aller aux toilettes. '' lui dis-je en le retenant par le bras.
Ils'est retourné vers moi, a acquiescé puis est parti s'asseoir. All the leaves are brown. And the sky is grey. I've been for awalk. On a winter's day. If I didn't tell her. I could leave today. California Dreamin' on such a winter's day.
Je me suis alors dirigée vers les toilettes où je me suis ensuite enfermée à double tour. Dans les cabinets, j'ai déglutis le peu de choses que j'avais dans l'estomac; c'est à dire rien que de l'alcool et de la bile. Je suis ressortie, me suis lavée les mains et ai de l'eau sur mon visage. En relevant la tête, mon regard a croisé le miroir dans lequel je me reflétais. J'avais une mine affreuse. Mes joues étaient toujours colorées par le coup que j'avais reçu et j'avais des cernes tout autour de mes yeux. Je me suis regardée avec dégoût et j'ai commencé à ne plus reconnaître la personne que je voyais dans le miroir. Je ne me reconnaissais pas mais je détestais cette personne que j'étais devenue. Cette personne, c'était June Austin, la meurtrière, la voleuse. C'est en me regardant dans le miroir des toilettes de ce diner que j'ai réalisé qui j'étais devenue et ce que j'avais fait et toutes les choses que j'allais devoir faire à l'avenir. Je sentais l'émotion monter en moi progressivement et sans que je puisse la contenir plus longtemps, je me suis effondrée en pleure dans les toilettes de ce diner. J'ai pleuré et ai frappé le meuble de mon poing. Je voulais cesser les pleurs mais rien ne pouvait empêcher les larmes de couler. Je me suis frottée les yeux à les en faire rougir et en me regardant de nouveau dans le miroir, je me suis trouvée encore plus affreuse.
Je ne pouvais pas retrouver Jim dans cet état là. Je devais me reprendre et vite. Si je restais trop longtemps dans les toilettes,Jim viendrait me chercher pour s'assurer que tout va bien.
''Quelque chose ne va pas ? '' demanda une voix féminine en entrant dans les toilettes.
J'ai levé les yeux vers la vieille dame qui venait de m'adresser la parole. Elle m'avait vu pleurer et m'a tendu un mouchoir.
Je l'ai remercié et me suis mouchée en espérant que ma tristesse partirait aussi vite et aussi brusquement qu'elle fut venue. Mon cœur tressaillait encore et ma respiration se faisait par sauts discontinus.
''Vous êtes sûre que ça va aller ? ''
J'ai hoché brièvement la tête et l'ai remercié pour le mouchoir. J'ai commencé à partir mais la vieille dame a continué à me parler. ''Si vous pleurez parce que votre copain vous a quitté, mettez-lui une droite dans la figure et repartez ensuite la tête haute mon enfant.Il saura qu'il a fait une grave erreur. '' Elle m'a sourit puis s'est enfermée dans un cabinet.
Jim m'avait pas quitté mais peut-être que j'aurais dû suivre le conseil de cette vieille dame. Peut-être que j'aurais dû flanquer une gifle à Jim et repartir la tête haute. Mais je ne l'ai pas fait. Je me suis rafraîchie le visage une dernière fois avant de quitter les sanitaires. Ça se voyait que j'avais pleuré et peut-être que j'aurais dû mettre mes lunettes de soleil pour cacher mes larmes. Je me suis assise en face de Jim en silence, baissant la tête. Jim avait forcément remarqué les plaques rouges sur mon visage mais il n'a rien dit; pas une seule fois il n'a fait une réflexion sur mes yeux rougis et gonflés. Tant mieux je me suis dit, au moins je n'avais aucune explication à donner.
''Je vous sers quoi ? '' demanda une serveuse en s'approchant de notre table.
Elle devait avoir la vingtaine et ce job devait lui permettre de récolter assez d'argent pour payer ses études. Enfin, c'est ce qu'elle m'inspirait en tout cas. C'était pas le job dont elle rêvait mais c'était la seule chose qu'elle avait trouvé. Peut-être que je me suis trompée mais elle avait dans la poche de son tablier un stylo de l'université de Redlands. Ça faisait assez loin de la ville où on était mais peut-être qu'elle venait de ce coin.
Jim a rapidement lu le menu et a demandé à la serveuse un steak et des frites avec un Pepsi.
''Et pour vous ? '' marmonna la jeune serveuse en mâchant son chewing-gum.
Je n'avais pas eu le temps de lire le menu alors j'ai demandé la même chose que Jim. La serveuse a pris son stylo de l'université deRedlands et a noté notre commande sur le calepin du Road Island diner. Elle a souri à Jim puis est partie en cuisine transmettre notre commande. J'ai regardé Jim qui avait les yeux posés sur les hanches ondulantes de la serveuse. C'est vrai qu'elle avait de belles hanches mais j'aurais aimé que Jim ne les fixe pas. J'ai rien dit ce jour là mais ce fut la seule fois. Les autres fois, j'ai fait comprendre à ces filles que Jim était à moi.
La serveuse est revenue dix minutes plus tard avec nos plats et nos boissons. Elle a fait un clin d'œil à Jim et lui, lui a souri en retour. Jim pouvait être un vrai connard quand il le voulait. Il avait toujours besoin que des filles soient avec lui. Il avait alors l'impression de se sentir aimé. Moi je disais rien, parce que ça m'arrivait de faire la même chose avec d'autres mecs. Au début,j'étais jalouse puis quand j'ai vu la réaction de Jim quand des mecs étaient trop près de moi en boîte, ça m'a prouvé que je comptais quand même pour lui. J'occupais une place spéciale dans son cœur que les autres filles ne pourraient jamais avoir.
Le Pepsi était frais et la nourriture était plutôt bonne. J'avais si faim que l'assiette n'avait pas suffit à combler mon estomac.
''On va vite être à sec niveau argent... on va faire quoi ? ''demandai-je en m'essuyant la bouche pleine de graisse avec la serviette posée sous mon assiette.
Jim a bu une gorgée de sa bouteille de soda et a détaillé le fond de sa pensée. '' Pour se faire du fric le plus facilement possible rien de mieux que le braquage. ''
Quand Jim a prononcé le mot braquage, je pensais qu'il parlait de banques ou de grandes entreprises mais en faite, il pensait à des supérettes. Ça paraissait ridicule comme idée mais en réalité,c'était plus malin que je le pensais.
''Des supérettes qui se font braquer, ça arrive presque tous les jours alors ça impressionnera moins les flics et les médias et on pourra se faire un max de blés sans attirer l'attention. ''
Vous voyez ? C'est pas con comme idée. Jim avait toujours des bonnes idées; à croire qu'il était né pour ça. A cette époque, je me demandais comment il faisait pour avoir toutes ces idées. Après j'ai compris qu'il était dans ce milieu depuis longtemps. '' Le vol,c'est ma seconde nature '' qu'il a dit un jour. C'est vrai qu'il était doué pour ça. Je sais pas ce que j'aurais fait sans lui.C'est lui qui m'a aidé à grandir dans ce monde et c'est grâce à lui que je suis devenue quelqu'un de plus fort. Je lui dois pas mal de chose.
''Et on fera quoi avec tout ce fric ? Avoir du fric c'est cool mais quand on sera en taule parce que les flics nous auront retrouver, il nous servira à rien cet argent. '' lui dis-je en reprenant une part de mon steak.
''Justement, on va se servir du fric avant de se faire prendre. ''
J'ai froncé les sourcils. '' Tu veux qu'en gros on s'éclate avant de finir enchaînés pour le restant de notre vie ? ''
Jim a secoué la tête de gauche à droite. '' Non... enfin si. On va prendre le fric et partir. ''
Partir? On pouvait toujours quitter l'État dans lequel on avait tuer, à savoir la Californie parce que, en dehors des frontières on serait inatteignable. Mais si notre affaire devenait une affaire fédérale,alors ça n'aurait servi à rien de fuir.
''Tu veux qu'on quitte le pays ? '' rétorquai-je.
''Bah ouais ! T'as jamais voulu voir le monde ? ''
Si.Je me suis toujours promis qu'un jour je ferais le tour du monde et j'irais visiter tous les pays de cette planète. Tous ! Sans exception. Ça sonnait plus comme un rêve de gosse, quelque chose qu'on oublie en grandissant. Mais Jim a fait resurgir en moi ce vieux rêve d'enfance.
''On aura jamais assez d'argent pour partir...'' soufflai-je.
''Bien sûr que si ! On aura qu'à partir au Mexique. ''
Jim avait toujours un plan d'avance. Il sortit la carte de sa poche,l'étala sur la table et me guida avec ses doigts. '' On quitte la Californie, on traverse le Nevada puis l'Arizona et on descend ensuite jusqu'à Nogoles. ''
''Pourquoi on irait pas tout de suite jusqu'à Tijuana ? ''demandai-je. '' Plus vite on quittera le pays et plus vite on sera en sécurité. ''
Jim a étouffé un rire '' Aller à Tijuana nous obligerait à faire demi-tour et à rester en Californie. ''
C'était donc dans ce diner que Jim et moi avions établi notre plan d'action.Le but était d'aller au Mexique avec un maximum d'argent en liquide sur nous. Pas de carte de crédit a dit Jim parce qu'ils peuvent nous retracer avec, alors que le liquide ça a l'avantage que les transactions restent invisibles et intraçables.
Quand nous avons fini notre plat, la serveuse est revenue et nous a demandé si nous voulons un dessert. Jim m'a interrogé du regard et j'ai hoché la tête.
''On va prendre des grandes coupes de glaces. '' a dit Jim à la serveuse.
Cette fois-ci, il ne lui a pas souri et ne l'a pas suivi du regard. Au contraire, il m'a regardé et a posé sa main sur la mienne. Je lui ai souris tendrement. Jim savait être doux.
''Quand on sera au Mexique, on aura une putain de baraque toi et moi,avec plus de chambres qu'il n'en faut et une immense piscine. Toi et moi on bronzera au bord de cette piscine et quand la nuit tombera on s'y baignera. ''
Je sais pas si Jim était sincère mais je voulais y croire.
''C'est une promesse ? ''
Jim a acquiescé.
''Et voilà pour vous les amoureux. '' a lancé la collègue de la jeune serveuse en plaçant devant nous les immenses coupes pleine de glace à la vanille.
Ça avait l'air si délicieux. J'ai aussitôt pris ma cuillère et me suis régalée sans attendre. C'était la meilleure glace que j'avais jamais mangée. Vraiment ! Elle était délicieuse. Jim aussi avait l'air de se régaler. Il a même mis de la glace sur le col de sa chemise. Et ça nous a bien fait rire. On a ensuite mangé en silence. Et j'ai repensé à ce qu'il venait de dire. '' Je dis toujours la vérité, même quand je mens. '' dit Tony Montana dans Scarface. Peut-être que Jim aussi...
''J'arrive pas à croire que des jeunes ont pu faire ça... ''s'exclama un client âgé avec une casquette de baseball sur la tête en posant son journal sur le comptoir.
''Tu parles des meurtres sur le parking d'une boîte de nuit à Fresno? '' demanda son voisin.
A la mention de Fresno, j'ai relevé les yeux et me suis mise à écouter attentivement leur conversation.
''Les flics ont d'abord pensé à un règlement de compte et ils ont interrogé toutes les personnes présentes dans la boîte de nuit pour savoir si quelque chose avait eu lieu à l'intérieur avant de se finir sur le parking. ''
Un règlement de compte entre gang ? J'espérai qu'ils continueraient longtemps à penser à ça.
''Une fille qui était ce soir-là dans la boîte de nuit a dit que sa meilleure amie avait également disparu depuis. ''
J'ai lâché ma cuillère, ce qui a alerté Jim et lui a fait relever les yeux vers moi. J'ai tenté de lui faire comprendre par un maladroit langage de signe de suivre de près la conversation des deux hommes au comptoir.
''Les flics en savent d'avantage ? '' demanda le deuxième homme.
''Ils suivent toujours la piste d'un règlement de compte avec un enlèvement pour la meilleure amie de cette fille; June Austin. ''
A la mention de mon nom, j'ai regardé Jim avec de grands yeux. Il m'a fait signe de ne rien dire ni de me tourner vers eux. Jim m'a enjoint à terminer rapidement ma glace.
''J'espère qu'ils vont la retrouver. Elle doit être effrayée la pauvre... '' affirma la serveuse en leur servant leur boisson chaude.
La conversation s'était terminée sur cette phrase. Jim et moi on a fini notre glace et nous avons rejoint le bar pour payer sans rien dire. De toute façon, ils ne savaient pas à quoi ressemblait June Austin alors ils ne pouvaient pas savoir que c'était moi. Jim adonné le compte plus un pourboire à la serveuse.
''T'as entendu parlé du braquage de la supérette sur la route qui va jusqu'à Bakersfield ? ''
''Non. Il s'est passé quoi ? ''
Jim et moi avons échangé un rapide regard.
''Deux jeunes ont braqué la supérette mais comme ils sont partis sans le fric, les flics feront rien. ''
''Encore deux jeunes qui ne savent pas quoi faire de leur vie... ''
''Vous voulez un petit truc pour la route ? '' nous demanda la serveuse.
''Non ça va aller c'est gentil. '' soufflai-je avec un fin sourire.
''Très bien ma belle alors je vous souhaite bonne route !''
Jim et moi commencions à partir quand un des hommes nous arrêta. '' Si vous allez vers Bakersflied faîtes attention à vous surtout... si ces jeunes venaient à recommencer, qui sait ce qu'ils feraient. ''
Jim a enroulé son bras autour de ma taille et a souri à l'homme. ''N'vous en faîtes pas m'sieur ! On f'ra attention ! ''
Et puis on est parti. Jim a gardé sa main autour de ma taille jusqu'à la voiture.
''Tu crois qu'ils vont faire le lien entre les meurtres et le braquage? '' demandai-je à Jim sur la route.
''Les hommes du diner ? ''
''Mais non pas eux ! Les flics ! ''
''T'as bien entendu, les flics pensent que c'est un règlement de compte entre gangs et que t'as été enlevée. Et puis pourquoi des gangs iraient voler dans une supérette ? Ça n'a aucun sens... ''
Jim a posé une main sur ma jambe. '' Souffle un peu June ! Détends toi! Fais pas ta parano. ''
Jim avait peut-être raison. J'étais trop parano. C'est vrai qu'énoncé comme Jim l'a fait, les flics ne feraient jamais le lien. Je l'espérai en tout cas.
La route a été longue jusqu'à la prochaine supérette. La route est toujours longue. Jim et moi on parle pas beaucoup. On écoute juste la musique et parfois on dit quelque chose du genre '' J'aime bien cette chanson '' puis on met plus fort et on explique à l'autre pourquoi on l'aime, qui chante et ce que la chanson veut dire. En dehors de ça, le trajet est toujours calme. Jim avait dit que nous allions braquer une supérette et j'étais stressée parce que là,c'était pas des bouteilles d'alcool pour désinfecter ni des compresses que j'allais voler mais des billets. C'est pas la même chose. Jim a dit que si.
Jim s'est arrêté sur le parking de notre prochain braquage.
''Sors les pistolets. ''
J'ai ouvert la boîte à gant et ai donné une arme à Jim en n'en gardant une précieusement pour moi. Je tremblai déjà et Jim l'a vu.
''June '' souffla t-il en posant une main rassurante sur la mienne. ''Tout va bien se passer. Tu laisses le cran de sûreté et tu le retires seulement quand on sera dans l'action. ''
On pose les questions avant de tirer. J'ai hoché la tête de haut en bas.
''Si ça peut te rassurer, je m'occuperai de la caisse pour la première fois. T'auras juste à surveiller les clients. Ça te va ? ''
J'ai hoché de nouveau la tête. Moi, j'étais paniquée alors que Jim pas du tout ! Je me demandais comment il faisait pour avoir autant confiance en lui. Je me suis dit que c'était peut-être dans sa nature après tout. Certaines personnes sont naturellement comme ça,ils ont confiance en eux et tant mieux j'ai envie de dire ! C'était pas mon cas. Il n'empêche que la confiance de Jim m'intriguait. J'ai rien dit à ce moment là parce que j'étais bien trop stressée parles événements qui allaient suivre mais je me réservais une conversation plus tard avec lui à ce sujet.
''T'auras rien à faire ! Je m'occupe de tout. '' Jim a marqué une pause pour déposer un baiser sur mes lèvres.
A présent, avant chaque braquage, nous nous embrassons comme pour nous porter chance. On ne s'est pas embrassé deux fois avant un braquage et au deux fois, il y a eu des complications et des choses qu'on aurait préféré éviter.
''Allez c'est parti ! ''
https://youtu.be/5SXeK9DKprM
On est sorti de la voiture, une arme chacun rangée dans la veste et on a fait notre chemin jusqu'à la supérette. J'espérai qu'elle serait vide. Finished with my woman 'cause she couldn't help me with my mind. People think I'm insane because I am frowning all the time.
Quand on braque, peut importe la grandeur du bâtiment ou son importance,on doit faire vite. On n'a pas le temps de parler, de négocier ou des'éclater. On s'éclate une fois qu'on est à l'extérieur et avec le butin; pas avant. Un braquage, c'est une sorte de course contre la montre. En vérité, ça peut se passer très vite, sans dégât ni rien. Mais parfois, ça peut dégénérer et tourner à la catastrophe. C'était ce qu'on devait éviter à tout prix avec Jim;la catastrophe. Je crois que je n'ai jamais autant stresser que ce jour-là. Les premières fois c'est toujours quelque chose d'inoubliable parce que justement, c'est les premières fois.Maintenant, braquer devient une habitude et j'y ai pris des réflexes.Je stresse toujours mais beaucoup moins.
Chaque pas me rapprochaient de l'entrée et les battements de mon cœurs'accéléraient plus l'entrée approchait. Une fois à l'intérieur du bâtiment c'est comme si vous déclenchiez une bombe à retardement; un seul faux pas et tout peut chavirer.
Jim a dégainé le premier. '' Que personne ne bouge ! ''
J'ai fait tout comme lui. J'ai sorti mon arme et je l'ai pointée sur les quelques clients de la supérette. Jim a fait son chemin jusqu'à la caisse. I need someone to show me the things in life that I can't find I can'tsee the things that make true happiness, I must be blind.
''Tu t'occupes d'eux. '' m'ordonna Jim sur un ton plutôt sec.
C'était l'adrénaline qui lui faisait me parler sur ce ton. Il avait peur que je fasse quelque chose de mal, quelque chose qui pourrait nous faire défaut. J'ai pas baissé une seule fois mon arme et j'avais les yeux constamment rivés sur les clients qui s'étaient accroupis au sol,tenant leur tête entre leurs mains. Ils avaient peur. Je lescomprenais parce que moi aussi j'aurais eu peur à leur place.J'aurais voulu leur dire de ne pas avoir peur mais quand vous avezune arme pointée droit sur vous, le dire ne sert à rien. Avec Jim,on n'avait pas l'intention de se servir de ces armes. C'étaitseulement une précaution au cas où un idiot aurait envie de jouerles héros. Tant que les clients bougeaient pas, rien ne pouvaient leur arriver. Je sais ce que vous pensez, parce que oui, Jim et moi on a déjà tué lors de braquage et même en dehors, mais on est pas des monstres vous savez. Les seules fois où c'est arrivé, c'est parce que ça a dégénéré. Si vous lisez ce journal et avez fait parti d'un de nos braquages, je suis désolée de vous avoir fait peur avec mon arme.
''Ouvre ta caisse. '' ordonna Jim au caissier. '' Tu vas l'ouvrir putain ! ''
J'ai entendu le coup partir et je me suis retournée aussitôt vers la caisse. Le jeune homme se tenait le visage entre les mains et je pouvais voir que du sang perlait sur son front.
''On avait dit pas de blessé ! '' m'exclamai-je à l'intention de Jim.
''Je l'ai pas blessé. Je lui ai juste donner un coup de pouce pour qu'il collabore. ''
Le coup de pouce de Jim a marché et le jeune homme a ouvert sa caisse.
''Met tout dans un sac. ''
Jim menaçait le jeune homme avec son arme. '' Grouille toi putain on a pas toute la journée. ''
De mon côté, c'était plutôt calme mais bien sûr j'étais toujours attentive aux moindre mouvements des otages. J'ai tourné la tête une fraction de seconde vers Jim et un homme en a profité pour tendre sa main vers une bouteille d'alcool. J'ai tiré à côté pour l'effrayer.
Jim a sursauté et a hurlé '' Putain ! June tu joues à quoi !''
Quand il a compris que c'était simplement pour effrayer le client qui voulait jouer les héros, il a souri.
''Bon ok. '' commença Jim en me rejoignant. '' On va partir mais tant que la voiture n'a pas quitté le parking je ne veux voir personne bouger. J'ai été clair ? ''
Les otages ont hoché la tête. Et Jim et moi on a commencé à reculer doucement vers la sortie. On avait toujours nos armes pointées vers eux et nous n'allions pas nous retourner tant qu'on serait encore dans la supérette.
Les dernières minutes d'un braquage sont souvent les plus décisives parce que c'est lors de ces dernières minutes que les braqueurs sont les moins attentifs. Ils envisagent déjà leur réussite alors ils oublient qu'ils sont encore dans l'action. Jim et moi nous ne comptions pas faire cette erreur. Et on ne l'a pas fait. Pas une seule fois lors de nos multiples braquages !
On a couru jusqu'à la voiture sans jamais regarder derrière nous une seule fois. Jim m'a tendu le sac avec le fric puis on a filé à la vitesse de l'éclair. And so as you hear these words telling you now of my state. I tell you to enjoy life I wish I could but it's too late.
On pouvait enfin respirer. On était loin et on avait le fric en main.On avait réussi sans faire de blessés graves et sans tuer. C'était un braquage parfait, propre sans encombres. Mon cœur reprenait doucement un rythme normal et l'adrénaline descendait progressivement. On avait réussi putain ! J'avais réussi !J'arrivai toujours pas à y croire.
''Combien il y a ? '' a demandé Jim en jetant un coup d'œil au sac posé sur mes genoux.
J'ai ouvert le sac. Il était rempli de billets verts. J'avais les yeux qui brillaient tellement c'était beau. Il y avait tellement de billets que les compter m'a pris quelques minutes. Il y avait des George Washington, des Alexander Hamilton, des Ulysses S. Grant et même des Benjamin Franklin !
''300 $ '' j'ai soufflé à Jim.
Jim a tourné rapidement la tête vers moi. '' 300 $ ? '' qu'il a répété.'' T'es sérieuse ? ''
J'ai souri à pleine dent et j'ai secoué la tête de haut en bas. '' 300$ ! ''
Jim a frappé sur le volant et a klaxonné '' Putain ! ''
J'ai pris une liasse de billets et l'ai reniflé. On dit que l'argent n'a pas d'odeur, mais à ce moment là, si.
''300 $ j'y crois toujours pas ! '' s'exclama Jim avec un tel enthousiasme. '' Montre, montre moi les Benjamin ! ''
J'ai pris les deux billets de 100 $ et je l'ai mis sous le nez de Jim. Il les a pris dans ses mains et les a reniflé '' Putain ça sent si bon! ''
Une fois le fric entre les mains, j'oubliai complètement que c'était de l'argent volé. La manière dont on avait eu le fric n'avait plus aucune importance. J'étais la fille la plus heureuse du monde. Prise d'une joie immense, je me suis jetée sur Jim et l'ai embrassée avec passion. Il a dérivé de sa trajectoire et a roulé pendant quelques minutes à contre sens. Heureusement, il n'y avait aucune voiture en face.
Je me suis détachée de lui et lui ai demandé '' Et on fait quoi maintenant ? ''
Jim a accéléré et m'a murmuré avec un sourire en coin '' Maintenant on s'éclate ! ''
https://youtu.be/93fAJe8WVjA
Il a roulé bien plus vite que la vitesse autorisée, a passé sa tête en dehors de la vitre et a hurlé aussi fort qu'il le pouvait. Je l'ai regardé faire et j'ai ris à gorge déployée. On avait la radio à fond et on s'est tellement amusé !J'avais jamais autant ri.
Get your motor runnin'. Head out on the highway. Lookin' for adventure...Je n'ai cessé de jouer avec les billets, les passant sous le nez de Jim, les regardant à travers un halo de lumière puis les remuant dans le sac.
I like smoke and lightning. Heave metal thunder. Racin' with the wind... Je me suis penchée vers Jim et lui ai murmuré à quel point je l'aimais. Il m'a mordillé l'oreille et m'a soufflé des obscénités que je n'écrirais pas dans mon journal. On s'est embrassé comme jamais. L'argent nous avait tellement excité.
Like a true nature's child. We were born, born to be wild. We can clim so high. I never wanna die. Jim a doublé une voiture sur une ligne droite qui lui a klaxonné et lui a fait un doigt.
''Va te faire foutre ! '' a hurlé Jim. '' Je suis riche putain !''
J'ai passé ma tête en dehors de la voiture et j'ai fait un doigt au conducteur de la voiture. Puis Jim a accéléré pour éviter qu'il nous trace. Je me suis à nouveau penchée vers Jim pour l'embrasser à nouveau. J'ai glissé dans sa chemise hawaïenne un billet de cinquante dollars.
''Tu sais ce que si tu continues comme ça je vais devoir m'arrêter sur le bord de la route pour te régler ton compte... ''
''J'attends que ça... '' murmurai-je d'une voix suave au creux de son oreille.
Born to be wild. Born to be wild. Le fric ça vous rend fous. Une fois que vous avez goutté à cette vie, vous ne pouvez plus vous en passer et vous sombrez dans un cercle infernal. Ce braquage, ç'a été le premier d'une longue série. Et c'est 300 $ ç'a été les premiers dollars qu'on a cramé dans les boîtes de nuit et dans l'éclate. On était jeune putain ! On savait pas quoi en faire de tout ce fric ! On se disait qu'on en garderait de côté pour le Mexique et que le reste, on en fera ce qu'on voulait. Ça s'est jamais vraiment passer comme ça.
Là,on avait 300 $ en poche et on avait l'impression qu'on était les plus riches du monde. On se sentait tellement puissant et invincible. Les flics pouvaient bien débarquer, on en avait rien à foutre. On était riche putain ! Riche !
J'ai passé ma tête en dehors de la vitre à mon tour et j'ai hurlé de toutes mes forces. J'avais les cheveux au vent et Jim me regardait en souriant. Nous étions lancés sur une route infernale à pleine vitesse et ils nous étaient impossible de nous arrêter. C'était le début de June Austin et Jim Warner, les nouveaux Bonnie et Clyde.
Born to be wild. Born to be wild.
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