Chapitre 10

Juin 1989 

https://youtu.be/xNRaDavYo1M

Il y a personne sur la route. C'est plutôt étrange d'ailleurs.D'habitude, il y a quand même quelques voitures qui roulent ici... Les gens sont-ils tous restés chez eux ?

''Alors, t'as fini ? '' me demande Jim.

Je ferme le journal et lève les yeux vers lui.

''Ouais. Je crois avoir tout dit. ''

''Cool. Les gens connaîtront alors la véritable histoire; pas celle qu'on leur sert aux infos. ''

''Ouais... '' murmurai-je.

It's all the same, only the names will change. Everyday, it seems we're wastin' away. Another place where the faces are so cold. I drive all night just to get back home.

Je m'enfonce dans le siège et regarde le paysage. La voiture du type qu'on a volé est décapotable et je sens alors le vent fouetter contre mon visage et balayer mes cheveux en arrière. Ça fait beaucoup de bien. Je me sens libre; libre comme l'air. J'ail'impression que rien ne me retient et que si je le voulais, je pourrais m'envoler. Je ferme les yeux et me laisse bercer par ce sentiment d'invulnérabilité.

''Au faite, je crois qu'on va devoir prendre un autre journal. Celui-ci n'a plus beaucoup de page vierge. '' Je fais remarquer à Jim.

''Tu comptes continuer à écrire ? ''

''Je sais pas... Tu as dit que je devais écrire notre histoire non ?Elle ne va pas s'arrêter maintenant si ? ''

J'ouvre un œil et scrute sa réaction.

Il rit. '' J'en ai pas l'intention. Et toi ? '' Il tourne la tête rapidement vers moi.

Je secoue la tête de droite à gauche. Il reporte son attention sur la route.

I'ma cowboy, on a steel horse I ride. I'm wanted (wanted) dead or alive. Wanted (wanted) dead or alive. Je pose le journal à côté de moi et me penche vers Jim. Je me colle contre lui et laisse mes mains parcourir sa nuque et ses épaules.

''Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? ''

Jim ne quitte pas la route des yeux. '' Maintenant, on fait profil bas.Il faut pas qu'on attire l'attention sur nous. On a dû signaler la disparition du type qu'on a tué et le vol de sa caisse. On va tranquillement rouler, trouver une supérette à braquer, prendre le fric, s'acheter des armes et faire ce qu'on sait faire. ''

Jim vient de dire qu'on a tué le type alors que c'est pas vrai. J'ai tué personne moi. C'est Jim tout seul qui s'est chargé de lui. Moi j'ai rien fait. Jim ne cesse de répéter '' on '' alors qu'en faite, ce qu'il veut dire c'est '' je ''. Je crois qu'il l'utilise juste par politesse; pour me faire croire que j'ai un rôle dans l'histoire.

I walk these streets. A loaded six-string on my back. I play for keeps 'cause I might not make it back. Je me détache de lui et me colle de nouveau contre le siège. C'est pas que je veux pas continuer à faire ce qu'on sait faire comme l'a dit Jim, mais j'imaginais qu'après tout ce qu'on a vécu; on aurait pu se poser quelque part et arrêter tout ça. On pourrait vraiment repartir de zéro, peut-être même dans un autre pays... Ça aurait été bien.Pourquoi continuer à risquer notre peau alors qu'on pourrait vivre une vie tranquille loin de tout ça ? On peut toujours tenté le Mexique. Après tout, personne ne nous connaît là-bas.


''Tu entends ? ''

Jim est sur ses guets. Il ralenti et regarde tout autour de lui.

''Entends quoi ? ''

''Écoute. '' m'ordonne t-il sur un ton sec.

Je m'immobilise, prête l'oreille mais n'entends rien du tout. And I ride, dead or alive.I still drive (I still drive) dead or alive.

''J'entends rien moi... baisse la radio. ''

La voix de Jon Bon Jovi devient aussi fort qu'un murmure. Dead or alive, dead or alive...

Le vent est le seul bruit que j'entends pour le moment. Je suis prête à dire à Jim qu'il a dû rêver quand soudain j'entends enfin le bruit que Jim a repéré; des sirènes de police. Je lui lance un regard inquiet et apeuré. Nous savons tous les deux qu'ils sont là pour nous.

''Tu crois qu'ils sont loin ? '' lui demandé-je.

''J'en sais rien. Mais vaut mieux pas traîner ici. "

Jim accélère un bon coup et trace son chemin.

''On va prendre un raccourci. '' déclare t-il en tournant brusquement le volant vers la droite

Nous quittons la route goudronnée pour rejoindre le désert. Encore ce putain de désert. Jim a parlé d'un raccourci. Mais un raccourci pour où ? Pour la prison j'imagine. Ou pire, pour la mort...


https://youtu.be/HuRFgG8zgKo

Nous traversons le désert en restant toujours aux aguets. Les sirènes semblent s'éloigner ce qui est plutôt bon signe. Ça peut vouloir dire deux choses : la première, c'est que les flics ne venaient pas pour nous et la deuxième c'est qu'on les a semé.

''Tu crois qu'ils sont partis ? '' lui demandé-je en regardant rapidement autour de moi.

Rien a signalé pour le moment. Jim ne me réponds pas. Ses mains sont crispées sur le volant et je lis sur son visage la peur et l'angoisse. Croit-il que c'est la fin ? Il remet le son de la radio et continue à rouler à travers le désert comme si de rien n'était et en laissant derrière nous une longue fumée de poussière repérable de loin.

Je suis pas vraiment rassurée. J'ai l'impression que des voitures flics pourraient sortir de n'importe où et n'importe quand. Jim voit bien que je suis inquiète.

'' T'inquiète ça va aller. On va s'en sortir toi et moi. ''

You and me. We're gonna escape tonight. On the run. Under the moonlight. Don't think about nothin'. Don't think about nothin'.

Jim rejoint un sentier en espérant qu'il nous mènent à une nouvelle route plus loin. Il jette un rapide coup d'œil dans son rétro.

'' T'as ta ceinture ? ''

Tragedy. Runnin' the red light. Hear the screams. Another one dies tonight. Don't think about nothin'. Don't think about nothin'.

Je l'interroge du regard. Pourquoi cette question ? Je me penche vers le rétro de mon côté et voit une rangée de voitures de flic rouler dans notre direction. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine. Je me retourne complètement et vois les trois caisses se rapprocher à toute vitesse.

'' Merde... Qu'est-ce qu'on fait ? ''

Je regarde tour à tour les voitures et Jim.

'' Accroche toi. ''

Il appuie de tout son poids sur l'accélérateur faisant crier le moteur et me précipitant contre mon siège. Do you know how it feels. To be wanted.

Les pneus glissent contre le sable et la poussière émit nous empêche de voir si les voitures des flics nous rattrapent ou non.Les sirènes résonnent pourtant toujours. Devant nous, sortant alors de l'horizon, une voiture de flic fonce droit sur nous. Jim continue à rouler sans en prendre en compte.

'' On va lui foncer dedans là ! '' hurlé-je à travers le bruit du moteur.

'' C'est le but. ''

Je jette un regard derrière moi. Où sont les autres voitures ?Devant, la voiture se rapproche dangereusement mais Jim ne lâche pas l'accélérateur. Je n'ose rien dire. Je m'accroche à mon siège et espère que Jim a une solution. To be under the gun. On the run, having fun. When you're young. You're so young. When you're young.

Une centaine de mètre à présent nous sépare de la voiture en face. Je ferme les yeux sous la peur et sens quelques secondes plus tard Jim donner un grand coup de volant. Notre voiture dérape sur le sable et manque de faire un demi-tour. Le flic continue son chemin tout droit et alors que Jim et moi fuyons au plus vite, nous entendons un grands fracas. La poussière émit par notre caisse a empêché le flic de voir ses confrères, provoquant l'accident que nous venons d'entendre.

'' Putain de merde ! '' hurlai-je encore sous le choc.


Nous filons aussi vite que nous le pouvons à travers l'océan désertique. Le calme semble être revenu, il n'y a plus aucune sirène de police. On les aurait semé ? Ça paraît bizarre... Les flics n'auraient pas envoyé trois pauvres patrouilles à nos trousses en sachant qu'on est l'ennemi public numéro 1 dans tout le pays. Ils doivent être plus que ça. Mais où se cachent-ils alors ?Public enemy number one. Oh yeah. I'm public enemy number one. Oh yeah. I'm public enemy number one. Oh yeah...

Aucun de nous deux ne baisse sa garde. Et nous avons eu raison de ne pas le faire. De retour sur une route sableuse, de nouvelles sirènes de police se font entendre et derrière nous, surgissent de nulle part trois nouvelles caisses.

'' Fait chier. Ils vont pas nous lâcher ces cons. '' crache Jim en donnant un nouveau coup d'accélérateur.

La tension monte en moi. Je ne veux pas me faire prendre...

Sur le bord de la route, il y a une propriété privée. Jim s'y engage mais le sentier pour s'y rendre est sinueux et semé d'embûches du genre de grosses caisses en bois et des bidons en plastique. Nous essayons de slalomer entre les pièges. La voiture derrière nous fait une mauvaise manœuvre et se mange un important bidon rempli d'essence.

Le propriétaire sort de chez lui, un fusil à la main et se met à tirer dans notre direction et dans celle des flics. Nous nous baissons aussitôt pour éviter les balles.

'' Dégagez ma propriété bande de salauds ! '' s'exclame le vieux,sa carabine à la main.

L'une des balles fait exploser la vitre avant d'une des voitures de flic qui s'arrête alors aussitôt.

Deux de moins...

Jim et moi prenons la fuite sans attendre.


La dernière voiture de police continue à nous suivre.

'' Il faut qu'on arrive à le semer ! '' dis-je à Jim en faisant porter ma voix pour qu'il puisse m'entendre au-dessus de la radio et du bruit infernal du moteur.

En face de nous, nous apercevons une voie de chemin de fer qui traverse de gauche à droite notre horizon. Un moteur de train rugit au loin. Nous tournons la tête complètement à droite et voyons la bête arriver.

Je regarde Jim. Nous pensons à la même chose. Avec un peu de chance, nous réussirons à passer; plutôt avec beaucoup de chance.Jim est déjà à la vitesse maximale et le train arrive à toute vitesse lui aussi. Lequel de nous deux va passer en premier ?J'espère que ça sera nous. Je ne veux pas mourir fracasser par un train de marchandise.

Plus nous avançons et plus je me dit que traverser est impossible.Mon cœur bat à vive allure dans ma poitrine et l'angoisse fait trembler tous mes membres.

'' On va crever Jim ! On passera jamais ! ''

Jim ignore mes exclamations. Nous sommes maintenant à cinquante mètres des rails et le train n'est plus très loin. Tout va se jouer en une fraction de seconde. Je ferme les yeux, effrayée par la mort et espère qu'elle sera rapide et indolore.

Le sifflet résonne dans mes oreilles. Je n'ose pas ouvrir les yeux.

'' T'es vraiment un enfoiré Jim ! '' hurlé-je comme dernières paroles.

C'est comme si le temps s'était arrêté en l'espace de quelques secondes. La voiture passe in-extremis et le sifflet du train devient un son étouffé au loin.

Climbing high. Fast as the speed of sound. Loser's dreams. Crashing to the ground. Don't think about nothin'. Don't think about nothin'. Jim continue à rouler, j'ouvre les yeux, regarde en précipitation derrière moi et vois le train foncer à grande vitesse. Le flic doit sûrement être derrière. Putain de merde ! Ona réussi ! On a frôlé la mort !

'' Alors, je suis toujours un enfoiré ? '' Jim étouffe un rire.

Je lui donne une frappe à l'épaule. Il rit et je me joins à lui.On les a tous semé ! Rien ne peut atteindre June et Jim; les Bonnie et Clyde du désert !



Jim nous ramène à une route goudronnée et ralentit pour retrouver une vitesse autorisée. Les battements de mon cœur reprennent un rythme normal et ma respiration redevient naturelle. Je suis encore un peu sous le choc de tout ce qui vient de se passer en si peu de temps.

'' C'était moins d'une ! T'es vraiment un sacré as du volant ! ''

Je ris à ma propre remarque.

'' J'ai toujours été un bon pilote. '' se vante Jim en posant son bras gauche sur la portière.

Je m'avance lentement vers lui et approche mon visage du sien. '' Tu sais piloter autre chose que les voitures ? '' demandé-je d'une voix suave.

Jim se tourne rapidement vers moi en riant. '' Ouais. Tu veux une démonstration ? ''

Je glousse et me remets sur mon siège. '' Peut-être plus tard Mario Andretti. Roule pour le moment. ''

You and me. Under the gun tonight. On the run. We're lost in the lime light. Don't think about nothin'. Because we're gonna get crazy. Je fouille dans la boîte à gant et trouve une paire de lunette de soleil. '' Cool... '' soufflé-je. Je les enfile, ferme les yeux et me laisse bercer par le vent, la musique et le sentiment invincibilité qui se propage en moi.



'' Putain de merde... '' crache Jim.

Je ré-ouvre immédiatement les yeux, abandonne mes lunettes de soleil et interroge du regard Jim.

'' Regarde derrière toi. ''

Je me retourne complètement et vois cette fois-ci non pas trois pauvres bagnoles, mais une rangée complète de voitures de flics. Je pensais qu'on les avait tous semé...

'' D'autre se ramènent... '' fait remarquer Jim.

Je regarde sur les côtés et vois de nouvelles voitures arriver vers nous. Ils veulent nous encercler.

'' Et maintenant on fait quoi ? ''

Jim déglutit. Je crois qu'il est à cours d'idée.

En face de nous, d'autres voitures arrivent à présent. Nous sommes pris au piège. Public enemy number one. Oh yeah ! I'm public enemy number one. Oh yeah !

Jim continue malgré tout à rouler. Il devra s'arrêter à un moment où un autre. Les voitures devant nous se sont stoppées et forment un barrage. Les flics sont devant leurs voitures, l'arme à la main et pointée dans notre direction. Ils vont tirer si Jim ne s'arrête pas. Dans ce genre de situation, il faut agir vite et de manière intelligente car les choses peuvent très vite dégénérer.

'' Arrête toi... '' soufflé-je apeurée. '' Joue pas aux cons avec eux. ''

'' Je vais pas en taule June ! '' s'emporte t-il.

'' Et moi je veux pas crever alors arrête moi cette caisse sur le champ ! Si on fait ce qu'ils veulent on aura peut-être une réduction de peine... ''

'' T'as vu trop de films June... la justice c'est pas ce que tu vois derrière ton écran. La justice est impitoyable pour les gens comme nous. ''

'' Des criminels tu veux dire ? ''

Il me regarde droit dans les yeux sans me répondre. Un long silences'installe entre nous deux alors que nous nous rapprochons du point de non retour. Jim finit tout de même par ralentir. Il s'arrête à une cinquantaine de mètres des flics. Les voitures nous ont encerclées leurs moteurs éteint, les flics sont tous sortis, le viseur de leur armes de poing ou de leur carabine pointée sur nous.Un flic parle dans son mégaphone :

'' Coupez le moteur ! Descendez sans faire de geste brusque et mettez les mains en l'air ! June Austin et Jim Warner, vous êtes en état d'arrestation ! ''

Jim et moi on s'échange un rapide regard, posant ensuite nos yeux sur la clé. Jim la retire et la pose sur le tableau de bord. Nous n'avons pas d'armes sur nous ce qui veut dire que nous pouvons même pas nous défendre. Dans tous les cas, ce n'est pas dans mes intentions. Je veux que tout s'arrête au plus vite. Qu'on nous tue maintenant s'il le faut...

'' Descendez ! Où on tire ! ''

Je regarde Jim avec des yeux humides de larmes.

'' J'ai peur Jim.... '' murmuré-je d'une voix tremblante.

Il dépose un baiser sur mon front et enroule mes mains dans les siennes. '' Tu te rappelles ce qu'on s'est promis ? ''

Il y a des tas de choses qu'on s'est promis et la plupart de ces promesses n'ont jamais été tenues. De quelle promesse parle Jim ?J'ai hoché bêtement la tête.

'' On reste ensemble peut importe ce qui peut nous arriver. Si on doit aller en taule, on ira ensemble. Si on doit mourir, on mourra ensemble... ''

Une larme coule le long de ma joue. Il l'essuie d'un revers de la main.

'' Au fond t'es toujours restée la petite fille que j'ai rencontré dans cette boîte de nuit de Fresno... ''

Non. J'ai grandi. J'ai changé. Je suis devenue une criminelle.

'' Je ne le répéterais pas une quatrième fois, descendez de la caisse ! '' hurle le flic à travers son mégaphone.

Jim étouffe un rire. '' T'as entendu le shérif... ''

Il ouvre sa portière. I'm public enemy number one. Oh yeah....Public Enemy number one. Hey--Hey--Hey.

Nous descendons ensemble de la voiture.


'' J'ai dit les mains en l'air ! ''

J'obéis sans réfléchir.

'' Vous aussi ! ''

Je me tourne vers Jim. Il a les mains dans les poches.

'' Jim... Qu'est-ce que tu fous ?! '' murmuré-je.

Il affiche un sourire malicieux. Il croit gérer la situation. Il se trompe...

'' Jim ! Fais ce qu'ils te disent de faire ! ''

Le tension et l'adrénaline montent en moi.

'' Jim ! Tu joues à quoi là ? ''

Les flics pointent leurs armes sur lui. Il me regarde avec ce même regard assuré qu'il avait lorsque nous amassions le pactole.

'' Vous croyez que vous pouvez me tuer ?! '' hurle t-il aux flics. ''Vous allez avoir besoin d'une putain d'armée pour me tuer ! ''

Je fronce les sourcils. Je sais qui a dit ça avant de mourir... Jim me regarde une derrière moi.

''Le monde est à nous. ''

Il retire ses mains de ses poches et les lève doucement en l'air. Sa main gauche se referme et dessine un flingue. Il pointe son flingue sur sa tempe et mime de se tirer une balle.

Boum. Au même moment, une pluie de balles frappe Jim. Son corps tout entier est traversé par les balles et criblé d'impact. Sous le choc, je hurle comme jamais et m'effondre au sol. Plus que de la tristesse c'est la colère qui me prend. Je pleure à chaude larme,mon cœur cesse artificiellement de battre, mon corps tremble.

Le corps de Jim s'écroule contre le bitume chaud et son sang rouge vif et tout frais s'échappe de la chair déchirée.

A genoux, je ramasse la tête de Jim et la pose sur mes cuisses. Son visage est intact, mais couvert de sang. Je caresse ses cheveux.

'' Jim... Jim je t'en prie me laisse pas. Jim ! Jim meurt pas !T'avais dit qu'on resterait ensemble ! T'es qu'un menteur... Reviens s'il te plaît ! ''

Mes mains tentent de recouvrir désespérément les plaies ouvertes.Ça ne sert à rien de faire ça j'en ai conscience. Jim a perdu trop de sang. Je sais qu'il est mort, mais je ne veux pas y croire. J'ai encore une lueur minime d'espoir. Peut-être que tout ça n'est qu'un rêve. Peut-être est-ce une vision et que nous sommes encore dans le désert. Comme j'aimerais que ça soit le cas...

Des flics viennent dans notre direction et me tirent par les bras loin de Jim. Je continue à pleurer et à hurler. Je me débats,frappe du pied contre le bitume.

'' Bande de salauds vous l'avez tué ! Je vous déteste ! Vous l'avez tué ! ''

On me lève du sol, me plaque contre le capot d'une des voitures de flics et on me menotte. Le shérif s'approche de moi et me récite mes droits.

'' La personne en garde à vue doit, préalablement à son interrogatoire, être clairement informée qu'elle a le droit de garder le silence et que tout ce qu'elle dira sera utilisé contre elle devant les tribunaux...''

Je ne l'écoute pas. Je regarde le corps sans vie de Jim. J'arrête de pleurer. Jim m'a toujours dit de rester forte peut importe la situation. Je dois rester forte. C'est ce qu'il aurait voulu.

On me relève. Le shérif se poste face à moi.

'' Vous avez quelque chose à dire avant qu'on vous embarque ? ''

Je lui crache au visage. '' Allez vous faire foutre. ''

Il retire ses lunettes de soleil et essuie d'un revers de la manche la salive de ses carreaux. Il fait signe aux flics qui me tiennent.On me tire en arrière et me force à entrer dans la voiture.

Les flics prennent place à l'avant. Je regarde une derrière fois le corps de Jim et les flics qui prennent des photos autours de lui,comme s'il était un trophée.

La voiture démarre. Nous quittons la scène de crime.


La dernière image que je garde de Jim c'est sa chute. Il s'est effondré comme Tony Montana dans Scarface. Il est tombé comme son héros, laissant sa Elvira derrière lui,seule et désemparée.

Le monde est à nous. Voilà ce que fut ses dernières paroles. Nous voulons le monde et nous le voulons maintenant avons nous crié sur cette colline. A présent, le monde est à nous.

Le journal resté sur la banquette arrière sera publié et tout le monde nous connaîtra. Jim n'est pas mort ce jour-là. Il continuera à vivre à travers mon journal et les générations à venir ne cesseront de parler de nous. Toute la planète entière aura en mémoire le nom de Jim Warner.

Ils ont voulu faire taire Jim mais ils n'ont pas réussi. Les célébrités ne meurent jamais et nous serons immortels. Ce n'est pas la fin, au contraire, ce n'est que le commencement.

 Le monde est à nous et il l'a toujours été.  

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