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Bien plus vite que je ne l'aurais cru, je regrette mon geste et commence à craindre qu'Alec ne soit agacé par ma présence. Je ne sais même pas l'heure qu'il est, bien que la lumière sous la porte me laisse penser qu'il ne dort peut-être pas. Mais il pourrait s'être endormi avec la lumière allumée. Je devrais peut-être faire pareil, ça pourrait m'aider... C'est ça que j'aurais dû essayer plutôt que de me lever en pleine nuit pour aller chercher refuge à ses côtés. Mais je n'arrive pas à me convaincre de retourner dans ma chambre.
— Alexander ? l'appelé-je à nouveau.
Je ne sais même pas si ma voix traverse la porte, elle tremble tant. Une seconde plus tard, j'ai ma réponse : la porte s'ouvre. Instinctivement, je passe une main sur mes yeux à cause de la lumière et me rends compte que mes larmes me laissent un répit.
— Tout va bien ? me demande-t-il avant que je ne réalise que je suis resté silencieux trop longtemps.
Il tend la main pour la poser sur mon bras et je le regarde enfin. Il s'est changé et ne porte qu'un bas de pyjama sombre, j'essaie de ne pas me laisser troubler par la vue de son torse nu qui me fait bien trop d'effet.
— Magnus, tu trembles... Dis-moi ce qu'il y a.
Son ton est préoccupé, il s'avance un peu. C'est vrai que je tremble, je n'y avais pas fait attention, jusque là. Mon regard embué croise le sien.
— Euh je... E-est-ce que je peux dormir ici ?
— Bien sûr, viens.
Il enlève sa main et se décale pour me laisser passer, puis il referme la porte derrière moi. Embarrassé de m'inviter comme ça, je regarde la décoration de la chambre – chose que je n'ai jamais vraiment pris le temps de faire – et réalise que les meubles ont changé de place. Alec doit voir l'étonnement sur mon visage parce qu'il répond à ma question avant même que j'envisage de la poser.
— Je change souvent, j'ai pas encore trouvé un agencement qui me convienne.
Il hausse les épaules avec une expression un peu blasée qui parvient à me faire esquisser un sourire. D'un signe de la main, il désigne son lit qui se trouve maintenant dans le coin de la pièce, contre le mur.
— Ça te va si on partage mon lit ?
— O-oui, balbutié-je en sentant mes joues se réchauffer.
Je l'entends étouffer un rire et je soupire silencieusement. J'ai les nerfs à fleur de peau, je n'arrive même plus à me contrôler. Le pire, c'est que je sens que je suis toujours à deux doigts de me mettre à pleurer.
— Couches-toi, je vais éteindre la lumière.
Je grimpe sur le lit pour m'allonger près du mur. Une fois la pièce plongée dans le noir – ou presque parce que l'écran de son téléphone éclaire encore la pièce – il me rejoint et éteint la musique que je venais à peine de remarquer.
— Excuse-moi, murmuré-je. Je voulais pas te déranger.
— C'est pas le cas, me rassure-t-il.
Dans la faible lumière, je le vois m'adresser un sourire doux et il repose son téléphone avant de se coucher à côté de moi. Mal à l'aise, je suis couché les bras le long de mon corps, sans oser bouger. Au son de sa respiration, je devine que mon demi-frère est allongé sur le côté, tourné vers moi. Sa main effleure la mienne, le contact me fait sursauter.
— Ne t'inquiète pas, je suis certain que tout ira bien. Ton père est solide, il s'en remettra.
Je tourne la tête vers lui, bien que je ne distingue que vaguement sa silhouette dans la pénombre. Il essaie de me rassurer ? Bien sûr, il sait bien pourquoi je suis dans cet état, et il devait probablement s'y attendre.
— Et si ça n'allait pas ? m'entends-je répondre. Si il... S'il ne se réveillait pas ? Si je le perdais ?
— Non, je suis sûr que ça n'arrivera pas...
— Je ne peux pas le perdre... Pas lui aussi...
Mes larmes reviennent, bien plus féroces maintenant que les mots sont sortis, comme si ça rendait mes angoisses encore plus réelles. Mes sanglots résonnent dans la chambre, prenant Alec de court, mais l'une de ses mains vient chercher l'une des miennes quand je plaque l'autre sur mon visage.
— J'ai... J'ai tellement peur de me retrouver tout seul... Qu'est-ce que je deviendrai s'il n'est plus là ?
Il tire délicatement sur ma main, je sens son autre bras glisser autour de ma taille. Il m'attire contre lui avant de lâcher ma main, la sienne remonte dans mon dos. Mon front vient se poser au creux de son cou.
— Tu ne seras pas seul, dit-il. Si... si ça n'allait pas... Maman ne te laisserait pas, elle ne t'abandonnerait pas... on sera là.
Son étreinte se resserre et je sens ses lèvres effleurer ma nuque. Un sentiment de réconfort me saisit, ma main laissée libre s'accroche à son épaule et l'autre quitte mon visage pour échouer sur son torse.
— Quoi qu'il arrive. Je te le promets.
Pendant quelques minutes, nous restons simplement comme ça, attendant que mes sanglots s'apaisent alors qu'il continue de me rassurer en me serrant tendrement contre lui.
— Je serai là...
Sa voix tranche le silence laissé par mes pleurs plus calmes, je m'écarte un peu et mon cœur s'affole. J'aimerais voir son visage, réussir à lire, sur son expression, si je me trompe ou si j'ai bien entendu ce qu'il vient de dire. Je sens sa main remonter sur ma joue, il essuie doucement mes dernières larmes.
Il s'approche davantage dans un geste lent, comme pour me laisser le temps de réagir si je souhaite m'éloigner. Son souffle caresse ma bouche quand la sienne n'est plus qu'à quelques centimètres de mes lèvres. Mais je ne m'écarte pas plus, non, je n'en ai pas envie. Parce qu'à l'instant où il m'a pris dans ses bras, mon corps s'est rappelé le désir que nous avons éveillé, dans la salle de projection. Mes doigts pressent légèrement son épaule et il s'empare enfin de ma bouche.
Mon esprit se vide. Exactement comme la dernière fois, il ne me faut qu'une seule seconde pour perdre pied, ne plus savoir quoi penser, quoi faire. Je suis dans ses bras, plus rien d'autre ne compte. Sa bouche sur la mienne, sa main qui glisse sur ma nuque et l'autre qui froisse mon t-shirt dans le creux de mon dos, c'est tout ce qui trouve un sens. J'oublie le reste : mes inquiétudes qu'il a su calmer en quelques mots, ma solitude qui n'a plus lieu d'être, la culpabilité que je gèrerai plus tard.
Mes doigts sur son épaule se rapprochent de son cou, mon autre main bouge à peine, jusqu'à ce que je sente son cœur battre sous sa peau. Sur le moment, je crois que c'est mon propre cœur que je sens sur le bout de mes doigts, mais non. C'est le sien. Le sien qui bat au même rythme effréné que mon cœur dans ma poitrine.
Notre étreinte colle un peu plus nos corps et un soupir m'échappe. Cela doit surprendre Alec, parce qu'il met fin au baiser et je devine son regard sur moi dans la pénombre. Mais je n'ai pas le temps de l'interroger, ses lèvres se reposent au coin de ma bouche et trouvent le chemin de mon cou, m'obligeant à pencher la tête. Des frissons se mettent à parcourir mon épiderme quand il commence à suçoter ma gorge et je dois mordre ma lèvre pour ne pas gémir. Je sais que j'ai toujours été un peu sensible, mais pas à ce point-là. De simples baisers ne m'ont jamais mis dans cet état. Ou peut-être est-ce à cause du souvenir de notre dérapage ? Mais pour ça, il faudrait que je sois capable d'y penser. Ce qui n'est pas le cas.
Mes doigts glissent finalement jusque sur son ventre musclé, les courbes de ses abdominaux accentuent encore mon désir de le toucher, de sentir sa peau et son corps tout contre moi. Ses baisers suivent ma peau jusqu'au col de mon t-shirt où il s'arrête. Et il me mord. Je me crispe, assez peu habitué à la sensation du plaisir mêlé à la douleur. Il arrête aussitôt mais laisse sa bouche tout près de mon épaule.
— Excuse-moi, murmure-t-il et ses lèvres caressent ma peau à chaque mot. Est-ce que je t'ai fait mal ?
— Non, réponds-je. Ça m'a juste surpris...
Il s'excuse une nouvelle fois et s'écarte, retirant ses mains de mon corps – sans doute pour me laisser de l'espace. Je regrette instantanément ma réaction, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il le fasse tout comme je ne m'attendais pas à ne pas trouver ça totalement désagréable.
— Je... Je crois que je perds un peu la tête quand je suis près de toi, poursuit-il. Je me contrôle plus...
La surprise, cette fois, me fait écarquiller les yeux et ma bouche s'ouvre sans que je sache quels mots prononcer – heureusement que la lumière est éteinte sinon j'aurais l'air idiot. Il perd la tête près de moi ? D'accord, ce qu'on a fait l'autre fois prouve que c'est sûrement le cas, mais avec ce qu'il m'a dit le lendemain je pensais que ça n'avait pas grand chose à voir avec moi. Après tout, j'ai essayé de me convaincre que ça n'avait rien à voir avec lui, moi aussi.
— T'es pas le seul, murmuré-je.
Aidé par l'obscurité, je trouve le courage de me rapprocher d'Alec. Je passe mes bras autour de son cou, enfouissant mes doigts dans ses cheveux indomptés, et je l'embrasse. J'ai besoin de ses bras autour de moi, même si ça m'aurait paru impensable il y a encore quelques heures. Il m'embrasse en retour et encore une fois je soupire de sentir ses lèvres douces bouger contre les miennes. Il glisse ses bras autour de ma taille pour me serrer contre lui.
Mon cœur bat de plus en plus fort et j'ignorais que ça pouvait être possible. Je m'accroche au cou d'Alec, me collant encore davantage à lui tandis que sa langue glisse entre mes lèvres pour rejoindre la mienne. L'envie me tord le ventre comme je ne l'avais jamais ressentie auparavant. C'est dingue. Il me rend dingue.
Le souffle d'Alec s'accélère en même temps que le mien, nos lèvres se pressent plus fort, tout comme nos corps. Je laisse mes doigts caresser sa nuque, revenir dans son cou puis sur son visage ensuite ce sont mes lèvres qui migrent le long de sa mâchoire, puis dans son cou. Je le sens frissonner sous mes baisers.
Il soulève soudain le bas de mon t-shirt et commence à le remonter. Je m'écarte pour l'aider à l'enlever et à peine l'ai-je passé par-dessus ma tête qu'Alec me repousse contre le matelas. Avec délicatesse, sa bouche revient se perdre au creux de ma gorge tandis que ses mains caressent mon torse. Je sens presque chaque frisson naître sous ses doigts, sous ses lèvres et sous ses dents, courir sur ma peau et m'obliger à me mordre la lèvre pour taire mes soupirs. Ses gestes sont doux, tendres, et j'ai du mal à garder le fil de mes pensées alors que j'essaie de reprendre mes caresses. Pourtant, moi aussi, je veux le toucher. Je veux le sentir frissonner, je veux réussir à le mettre dans le même état que la dernière fois. Je glisse mes mains dans son dos, puis sur ses côtes, ce qui le fait légèrement réagir. Il étouffe un soupir contre mon épaule et le son qu'il produit m'excite encore davantage.
Ses mains descendent lentement le long de mon corps, jusqu'à revenir sur mon boxer. Il pose ses mains sur mes hanches, ses pouces jouant avec l'élastique de mon sous-vêtement. J'entends presque sa question muette et me contente de hocher la tête quand il repose ses lèvres sur les miennes. Il le retire, le rouge me monte aussitôt aux joues, d'autant plus quand je me rends compte qu'il se déshabille aussi. Je profite qu'il balance son bas de pyjama sur le sol pour tendre la main vers lui et le toucher, mes doigts échouent sur sa cuisse. Il me laisse faire quelques instants, effleurer sa peau à l'intérieur de sa jambe et le faire frémir. Il est sensible. Chatouilleux, peut-être ?
Il ne se recouche pas tout de suite sur moi mais il revient m'embrasser tout en poussant doucement mes cuisses pour se placer entre elles. Mon cœur rate un battement, je commence à appréhender ce qui est en train de se passer et ce qui va arriver. Même si j'en crève d'envie, c'est la première fois que je fais ça. Ses doigts viennent caresser mes lèvres tremblantes, j'entrouvre la bouche et les suçote pendant qu'il embrasse tendrement mon visage. Je n'aurais pas cru que ça puisse être le cas mais, oui, mon excitation monte d'un cran supplémentaire.
Il enlève ses doigts et les fait descendre jusqu'à l'une de mes cuisses, je l'embrasse à nouveau pour me concentrer sur autre chose que sur ce qu'il fait. Je n'aurais jamais cru pouvoir être à la fois aussi gêné et excité. Je sens l'un de ses doigts me pénétrer et se mettre à bouger, lentement. La sensation est troublante, mais je ne sens la douleur que lorsqu'il ajoute un second doigt. Je romps le baiser pour me mordre la lèvre et ne pas gémir. L'une de mes mains se faufile entre nous et je prends nos sexes entre mes doigts pour nous caresser. Ses grognements et son souffle qui danse contre mon oreille me font vite oublier la douleur. Ses hanches bougent légèrement contre ma main, il se contrôle mais son excitation est aussi violente que la mienne.
Il finit par retirer sa main et il se redresse pour fouiller dans sa table de chevet, il en sort un préservatif qu'il enfile avec des gestes précipités. Il revient ensuite contre mon corps, ses mains caressent mes cuisses.
— Je peux ?
— Oui, viens, soufflé-je en l'embrassant.
Je sens sa bouche s'étirer en un sourire tout contre la mienne et il commence à s'enfoncer en moi. La douleur revient instantanément et Alec doit s'en rendre compte parce qu'il s'arrête de bouger, je passe mes jambes autour de sa taille pour l'inciter à ne pas se retirer. Je veux qu'il continue, tant pis pour la douleur, je peux l'endurer quelques instants.
Il reprend son mouvement, glissant de plus en plus loin jusqu'à ce que son bassin se presse contre mes fesses. Il gémit contre ma bouche et entame un va-et-vient que je n'entrave pas malgré la douleur qui n'a pas encore disparu mais je ne la sens presque plus. Elle s'est fait voler la vedette par ce plaisir inconnu qui s'éveille et la sensation nouvelle de sentir mon amant en moi.
Petit à petit, tout ce qui reste c'est le plaisir. Comprenant que je me sens mieux, Alec prend mes mains et les plaque sur le matelas. Nos doigts s'entrecroisent et il accélère son mouvement. Je serre ses doigts et l'embrasse passionnément pour étouffer mes gémissements et mes cris que je ne saurais pas retenir autrement. Je sens l'orgasme venir, au gré des coups de butoir de mon amant qui souffle et grogne dans notre baiser. Savoir qu'il prend autant de plaisir en moi ne m'aide d'ailleurs pas du tout à me contenir pour essayer de laisser durer notre étreinte. Lorsque l'extase me traverse, mes cuisses se resserrent sur la taille d'Alec et je le sens accélérer encore la cadence avant de jouir à son tour.
Il relâche mes mains en se couchant sur mon torse et je passe mes bras autour de lui en même temps que je repose mes pieds sur le lit. Alec embrasse mon épaule tout en essayant de reprendre son souffle et sans se retirer de mon corps. On reste comme ça un moment, dans cette étreinte incroyablement intime. Je caresse ses cheveux alors que mes paupières se font de plus en plus lourdes. Cette fois, je ne lutte pas, conscient que mes inquiétudes sont bien trop proches pour me laisser en paix si je ne me laisse pas partir maintenant.
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