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— Super, on va pouvoir regarder des films entre garçons alors !
À peine Izzy a-t-elle annoncé qu'elle va passer la soirée et la nuit chez Clary que Max s'est rué sur son frère pour le supplier. La petite brune fait aussitôt la grimace.
— Hey ! râle-t-elle. Dis-le si ça t'embête de regarder des films avec moi !
— Non mais y a des films que tu veux pas regarder...
— Excuse-moi d'avoir des bons goûts !
Ils sont tous les trois sur la terrasse et je les observe depuis le salon, où je suis affalé. La remarque de ma demi-sœur me fait rire et Max se tourne vers moi. Il vient me voir et me saute dessus.
— Hein, dis que tu veux bien regarder des films avec nous !
— Mais oui !
Il bondit de joie et retourne houspiller Alec pour le faire accepter à son tour. J'avais peur qu'il se sente mal à l'aise avec moi mais il semble ne pas se soucier de ce qu'il a appris, hier. Je le laisserai venir me parler le premier, s'il en ressent le besoin, mais pour l'instant je suis content qu'il agisse comme d'habitude.
Alec le laisse supplier un peu plus longtemps et lui fait promettre d'avoir un droit de veto sur le film, mais il accepte finalement.
Après le dîner, mon père décline l'invitation – préférant sans surprise passer du temps avec Maryse –, et Max décide des termes de la soirée : popcorn et pyjama. Il file dans sa chambre et je monte le premier pour aller me changer, moi aussi. N'ayant l'habitude, surtout par cette chaleur, de ne dormir qu'en boxer, j'attrape le premier pantalon de pyjama qui me tombe sous la main, dans ma penderie, ainsi qu'un t-shirt un peu usé. J'hésite à passer par la salle de bain pour me démaquiller – même si je ne porte que de l'eye-liner – mais Alec sort de sa chambre au même moment, perturbant ma réflexion. Il regarde ma tenue et c'est en suivant son regard que je réalise que mon pantalon est rose pâle. Visiblement, ça le dérange mais je ne dis rien et file dans la salle de projection alors que Max monte les escaliers.
Je pars me laisser tomber sur le canapé beige – le plus près de l'écran puisque c'est la place préférée de Max – et Alec vient s'y installer aussi, à l'autre bout. Notre petit frère vient poser un bol de pop corn entre nous et attrape les télécommandes.
— Tu veux bien éteindre la lumière ? me demande-t-il alors que l'écran s'allume.
Je réprime un soupir et me relève. Mal à l'aise, je traverse la pièce et je suis certain de sentir le regard d'Alec. Ce qu'il m'agace ! Je vais quand même pas me changer juste pour lui faire plaisir ! En fait, ça me donnerait plutôt envie de toujours porter du rose si ça peut l'emmerder. Après tout, maintenant qu'il a annoncé à tout le monde que j'aime aussi les hommes, pourquoi est-ce que je me gênerais pour porter les vêtements que j'aime ?
Une fois la lumière éteinte, je retourne sur le canapé et on se penche sur le choix du film.
Une heure ! Il leur faut une heure pour se mettre d'accord sur un film ! Personnellement, au bout de vingt minutes, j'ai décidé de ne même plus intervenir et, pendant les quarante minutes qui ont suivi, je suis allé chercher des sodas et un second bol de popcorn.
Leur choix s'arrête sur le dernier Men In Black. Pour la forme, mon petit frère me demande mon avis, je m'empresse de lui dire que ça me convient. Hors de question de passer encore une heure à chercher.
Il repose les télécommandes alors que le film se lance. Je me cale contre le dossier et me concentre sur l'écran. J'entends parfois les rires de Max qui me font sourire mais, rapidement, il cesse. Je tourne la tête et le vois appuyé contre son frère, la tête posée contre son bras. Il s'est endormi. Alec le réveille.
— Hé, tu voulais pas voir le film ?
— Hmm nan, je suis fatigué...
— C'est toi qui a insisté pour qu'on regarde un film, tu te souviens ?
L'enfant grogne et décide d'aller se coucher. Surpris, je le regarde se lever et il nous laisse en nous souhaitant bonne nuit.
J'entends la porte de la salle de projection se refermer, me laissant seul à côté d'Alec. Je le regarde, du coin de l'œil, vois ses mains posées sur ses jambes, comme s'il hésitait à se lever. Puis il tourne la tête vers moi, un peu, et se cale de nouveau contre le dossier. Je devrais peut-être partir, dire que je vais aller me coucher, moi aussi. Sauf que je n'ai pas envie de dormir et que j'ai envie de le voir, ce film. En plus de ça, pourquoi ce serait à moi de partir ? S'il est assez à l'aise pour rester, pourquoi je ne le serais pas ?
Allez, je reste.
Je monte mes jambes sur le canapé pour les croiser en tailleur puis j'attrape le coussin à ma gauche pour le tenir dans mes bras, manie que j'ai depuis que je suis enfant. Sans ajouter un mot, on se replonge dans le film. Si, au début, je me retiens de rire, je me reprends bien vite pour pouffer allègrement dès que j'en ai envie. J'entends d'ailleurs le rire d'Alec de temps en temps, qui me fait toujours tourner la tête pour m'assurer que c'est bien lui qui rit et pas un fantôme. J'ai tellement peu l'habitude de le voir autrement que renfrogné lorsque nous sommes tous les deux.
Après un moment, mon téléphone se met à vibrer dans ma poche. Je le sors et réponds rapidement à Izzy qui me demande comment se passe la soirée. Je lui raconte la désertion de notre petit frère. Elle comprend donc que je suis seul avec Alec pour regarder le film et, vu ce qu'il s'est passé hier, elle s'inquiète de nous savoir ensemble.
« S'il t'embête, t'as qu'à lui montrer ça ! 🤭 »
Elle envoie la photo du doppelgänger d'Alec, prise à la Pride. Je ne peux m'empêcher de pouffer de rire en imaginant sa tête s'il voyait la photo. Mais quand même, ce mec était vraiment canon. Je me perds un peu dans la contemplation de l'image, pas plus de quelques secondes.
— Qu'est-ce que c'est que ça ? s'écrie Alec, plus près de moi que je le pensais.
Je cache mon téléphone en m'écartant légèrement. Merde, j'ai dû fixer mon écran trop longtemps.
— C'est rien, rétorqué-je aussitôt.
J'essaie de ne pas me mettre à rire.
— J'ai vu mon visage !
— Non, c'est pas toi !
— Menteur !
Il se rapproche – fait tomber le popcorn au passage – et essaie d'attraper mon portable. Je ne le laisse évidemment pas faire. Ce n'est pas que j'ai l'impression d'avoir un truc à me reprocher, mais les seules autres personnes autorisées à toucher à mon téléphone sont Ragnor et Catarina. J'étends mon bras pour que la main d'Alec ne se referme pas sur mon portable, mais il n'abandonne pas. Je me redresse alors un peu, il s'appuie sur le dossier, juste à côté de mon épaule et se penche un peu plus sur moi.
Je continue d'essayer de le repousser d'un bras alors que je tiens le téléphone du bout des doigts de mon autre main, c'est de moins en moins stable et je suis certain qu'un spectateur nous trouverait très amusants. Sauf qu'Alec ne cesse de râler contre mon oreille, m'ordonnant de lui montrer la photo. Je m'entête – je n'ai pas envie de subir sa colère alors que c'est même pas moi qui ai pris cette photo – et ignore du mieux possible les frissons qui courent sur ma peau. Non, ça ne me trouble pas le moins du monde ! Et je ne sens pas mon estomac se nouer alors que son corps pèse de plus en plus sur le mien.
Mon téléphone glisse. Par réflexe, je lance mon bras qui retenait Alec pour rattraper mon bien, mon demi-frère perd l'équilibre et s'écroule sur moi. Une dernière tentative désespérée me fait essayer de ramper légèrement plus loin avant que le téléphone ne heurte le sol. Je l'effleure et me fige, il tombe par terre.
Alors je le sens. C'est comme un tremblement qui se répand dans mon corps en une fraction de seconde. Tellement vite que j'en ai le souffle coupé. Tellement vite que je n'ai même pas le temps de penser à réprimer mon gémissement.
Le coussin que j'avais contre le ventre depuis une demi-heure est maintenant coincé entre le canapé et moi. Il est toujours à peu près contre mon ventre, juste... un petit peu plus bas. Pour une raison qui m'échappe, mon corps s'excite, je me sens durcir contre le coussin comme un adolescent en rut. Mais ce qui me choque le plus, c'est la pression que je ressens contre mes fesses alors qu'Alec bouge encore une fois, sans doute pour se redresser.
— A-attends, soufflé-je.
Cette fois, je me mords la lèvre pour me retenir de gémir. Son mouvement me pousse contre le coussin, le plaisir que cela me procure me surprend, la pression contre ma verge est bien trop agréable.
Bien entendu, je me suis déjà masturbé mais je n'ai jamais essayé autrement qu'en me caressant avec ma main. Je sais que Cat fait ça – oui, c'est le genre de choses dont on parle – mais je n'imaginais pas que ça pourrait me faire du bien. Je n'ai peut-être pas autant d'imagination que je le croyais.
Le grognement que j'entends me fait frissonner, ce n'est pas de ma bouche qu'il sort. Alec bouge encore une fois, plus franchement, et je sens clairement son érection qu'il appuie contre moi.
Mon cerveau vrille un peu et je me surprends à avoir bien moins envie de le repousser que d'apprécier l'instant. Nan, en fait, je veux que ça continue. Mais merde, c'est mon demi-frère, mon ancien bourreau, il ne devrait pas m'attirer autant ! Pourtant c'est le cas, sa présence dans mon dos, sa voix, sa chaleur, tout ça me fait perdre complètement mes moyens. Mais, lui, comment peut-il être dans cet état ? Je croyais qu'il était hétéro !
Je vois ses mains se poser de part et d'autre de ma tête, son souffle s'approche de ma nuque. Il bouge encore une fois et je gémis en même temps qu'il grogne. Putain, putain, putain... Je ferme les yeux, je n'arrive pas à me résoudre à le repousser. Mon corps n'en a vraiment pas envie... Et ma tête ? J'en sais rien, j'arrive même pas à réfléchir !
Il allume mon corps avec une facilité déconcertante, alors que je pourrais parier qu'il n'essaie même pas. Il bouge une nouvelle fois, puis une autre, et une autre. Les décharges de plaisirs me font perdre le fil. Mon corps se cambre et il se presse plus fort contre moi.
— Alexander...
Je soupire son prénom, un peu malgré moi, avant de réaliser mon erreur quand il s'arrête. Je crois que c'est la première fois que je prononce son prénom entier, et qu'en dehors de la fois où Isabelle m'a dit que « Alec » n'était qu'un diminutif, je n'ai jamais entendu personne l'appeler comme ça.
Nous ayant sans doute ramené à la réalité, je le sens souffler contre ma peau, il s'écarte un peu et la pression sur mon corps disparaît.
— Non, je t'en prie, n'arrête pas ! m'entends-je m'écrier.
J'enfouis mon visage contre le canapé pour cacher la rougeur de mes joues. Je ne suis pas certain d'assumer cette réaction trop vive. Vraiment, qu'est-ce qui me prend ce soir ? Je m'apprête à m'excuser – s'il le faut, je le supplierai d'oublier ce malheureux incident – quand il parle.
— Tu veux que je continue ?
J'entends la surprise dans sa voix, comme si la mienne n'avait pas été transparente de désir. À moins qu'il soit aussi dérouté que moi par ce qui se passe. Il ne bouge toujours pas ni ne s'éloigne davantage. Mon trouble ne fait qu'augmenter avec mon désir de le sentir contre moi.
— Oui, soufflé-je à peine. Oui, continue... S'il te plaît...
— Et... j'aurai quoi en échange ?
Cette fois, c'est moi qui suis surpris, je tourne la tête pour le regarder. Est-ce que j'ai rêvé ? Sa voix rauque de désir et la lueur dans ses yeux me font carrément trembler, le nœud dans mon estomac se resserre. Non, je rêve pas.
— Ce que tu veux, réponds-je sans réfléchir.
— Vraiment ? demande-t-il en se recouchant sur moi.
Je hoche la tête en me retenant de piailler de bonheur, mon cœur s'affole quand son visage se glisse près de mon cou. Je sens ses lèvres frôler ma peau sans vraiment la toucher, il n'y a que son souffle chaud qui me caresse. L'une de ses mains vient se poser sur ma taille et il reprend ses mouvements contre moi. Il grogne, si près de mon oreille. Je ferme les yeux, me cambre encore pour mieux le sentir contre moi, pour mieux me sentir pressé contre le coussin sous mon ventre.
Il bouge lentement, il écrase son bas-ventre contre mes fesses. Je ne sais pas si je suis soulagé ou si je regrette d'avoir mis un boxer en-dessous de mon bas de pyjama. J'aurais pu mieux le sentir... Mais mon corps est déjà en roue-libre, pas besoin de me tenter plus.
Son autre main s'enlève du canapé et je la sens se poser sur le haut de mon dos, m'enfonçant un peu plus contre le canapé. Des gémissements se mettent à résonner dans la salle – au milieu des bruits du film qui ne nous attend pas – et il me faut quelques instants pour comprendre que ce sont les miens. Le plaisir me traverse, je n'arrive pas à savoir si c'est uniquement à cause de la friction contre le coussin, ou bien si c'est parce que je suis de plus en plus excité par ses mouvements.
Il finit par se glisser entre mes cuisses, je sens son érection se presser tout près de mon intimité. Il se met à bouger plus vite, sa main remonte sur ma nuque et il saisit mes cheveux. Mes mains, posées sur le canapé, se crispent alors que le plaisir devient de plus en plus difficile à supporter. Inconsciemment, j'accompagne ses mouvements jusqu'à jouir contre ce malheureux coussin.
Ses doigts se desserrent quand mon corps se relâche et je referme les yeux. Je le sens se relever mais il attrape mon épaule pour que je me retourne. Sa main glisse jusqu'à la mienne et il tire sur mon bras. Je me laisse faire et m'appuie contre le dossier en soupirant. Mon corps est traversé d'agréables frissons.
Je rouvre les yeux et le vois debout devant moi. Ses yeux brillent toujours de cette lueur avide, les miens glissent le long de son corps. Il se penche vers moi, posant un genou sur le canapé et sa main sur le dossier, à côté de ma tête.
— Tu me dois quelque chose, grogne-t-il.
La légère rougeur sur ses joues m'amène à penser que ce n'est pas le genre de choses qu'il a l'habitude de dire – pourtant ça ne me choque pas parce que j'étais persuadé que c'était son style. Je déglutis en regardant son entrejambe. Contrairement à moi, il n'a pas mis de sous-vêtement et son érection est largement visible à travers le tissu distendu. Mon ventre se tord à nouveau. J'approche ma main, un peu nerveux. C'est la première fois que je touche un autre homme, et c'est à la fois terriblement excitant et intimidant. Je le caresse brièvement avant de baisser son pantalon sur ses cuisses. Mes mains remontent sur sa peau, j'ose à peine le toucher, pourtant j'en crève d'envie. Il frémit quand le bout de mes doigts effleurent son sexe, je relève les yeux vers les siens, j'y vois un désir encore plus vivace que le mien. Sa main vient se poser sur mon épaule, ses doigts se glissent sous mon t-shirt et il m'agrippe pour m'inciter à continuer.
Je suis certain que mon visage est cramoisi quand je commence à lécher sa peau, puis je le prends dans ma bouche, encouragé par ses soupirs. Des frissons courent sous mes doigts posés sur ses cuisses. Les siens finissent par monter sur ma nuque pour me donner son propre rythme et je le laisse faire, tout inexpérimenté que je suis. J'essaie de continuer les caresses de mes mains même si ses grognements accaparent entièrement mon attention. Je glisse mes doigts jusqu'à ses bourses que je masse doucement et ses plaintes s'accentuent. Je suis surpris par les frissons que sa voix provoque en moi, je crois que je perds vraiment la tête.
Il s'enfonce soudain plus brutalement et se déverse dans ma bouche. Il reste quelques instants sans bouger, le souffle court, sa main caresse ma peau. Quand il se rend compte de son geste, il cesse et se recule. Je ferme la bouche et déglutis par réflexe avant de faire la grimace, surpris par ce que je viens d'avaler.
Il se rhabille d'un geste rapide, comme pour se cacher. J'essuie ma bouche et mon menton, mon esprit redevient lucide et je suis bien obligé de m'avouer l'attirance incompréhensible que j'éprouve pour mon demi-frère, après des jours à lutter contre les sensations qui naissent au creux de mon ventre.
Perdu dans mes pensées, je ne remarque pas tout de suite les siennes qui redonnent sa froideur à son regard. Quand je le vois, c'est trop tard, et il s'en va.
Il me faut un peu de temps pour réussir à me relever et je constate avec embarras la tâche sur mon pantalon et celle sur le coussin. Mais qu'est-ce qu'on a fait..?
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