Chapitre 2 - Squatter chez l'inconnu


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Avant toute chose, je voulais vous présenter ma vision d'Amaya.


Bonne lecture !

Amaya

Je me décroche doucement de Tao. À regret.

Mon grand frère a l'air épuisé mais tellement heureux, presque soulagé, de me voir. Comme s'il avait pu imaginer ce qui s'était réellement passé dans ma vie ces derniers mois.

Ce qui est impossible.

Son visage se penche vers moi et ses lèvres effleurent mon front. J'inspire brusquement, mes doigts tremblants presque. Mon frère a toujours pris soin de moi comme une princesse, comme la prunelle de ses yeux. Notre différence d'âge – il a 30 ans tandis que j'en ai 22 – lui a donné un rôle presque paternel dans ma vie.

Tao se recule et j'en profite pour observer les moindres centimètres de son visage, des petites rides au coin de ses yeux jusqu'à sa barbe de quelques millimètres.

— Tu m'as manqué aussi, je lui envoie entre mes lèvres tremblantes.

Je prends sur moi et me redresse, inspire profondément et me secoue. C'est bon, tout va bien, je me rappelle. Ressaisis-toi !

Son regard se pose ensuite sur l'unique sac à mes pieds et je vois les questions tourner dans ses yeux.

— Où sont tes affaires ? Tu n'as que ça ?

Je prends un air serein, faussement détendue.

—J'ai voyagé léger jusqu'en Italie. Et j'ai fait un gros tri là bas !

Peut-être sait-il que je mens. J'ai quitté Liverpool et mon ancien appartement avec l'intégralité de mes affaires. Elles n'étaient pas énormes, mais étaient en tout cas plus nombreuses.

A l'heure actuelle, elles doivent être en train de bruler au beau milieu de Rome.

Mon frère réfléchit quelques secondes puis finit par hocher la tête avant de récupérer mon sac.

— Allons-y !

Je n'hésite pas une seconde et le suit à travers l'aéroport. Puis l'air froid de Londres pénètre dans mes poumons. C'est comme une claque qui te réveille et te reconnecte à la réalité.

— Tu es sûre que tu ne voulais pas retourner à Liverpool ?
— Ouais. Non. Londres me va très bien. Comme ça, je pourrai venir t'embêter à chaque fois que je le veux.

J'ai besoin d'une nouvelle ville dans laquelle je suis anonyme. Un simple maillon de la chaine. Un visage parmi tant d'autres, perdu au milieu de tous.

Je guette les personnes qui passent près de moi, analysant leurs traits comme si elles étaient dangereuses. Le danger peut être n'importe tout autour de nous. Surtout là où on s'y attend le moins. Mon frère trace un chemin devant nous, ses larges épaules lui facilitant aisément la tâche.

— Tu vas te plaire à Londres, continue-t-il en tournant son visage vers moi.

Son sourire me réchauffe mon cœur. Mon cœur meurtri, tellement abimé. Mais qui bat encore. A peine. Mais chaque battement compte, non ? Chaque battement nous rappelle que nos combats ne sont pas perdus et que l'espoir subsiste.

On traverse un passage piéton afin de rejoindre l'un des parkings au loin.

Je n'étais jamais venue à Londres avant. Je ne sais rien de la vie que mon frère y construit depuis 4 ans. Quand j'étais à Liverpool, c'est lui qui venait me rendre visite.

— Et donc, reprend mon grand frère, comment c'était l'Italie ?

Je manque de tomber en entendant sa question. Une question légitime d'un frère qui aime sa sœur et veut s'assurer qu'elle a profité du paysage.

⎯ C'était...Super.

Le mensonge brûle mes lèvres tandis que je marque à ses côtés.

— Tu as fait de bonnes rencontres ? Tu étais tellement concise dans nos SMS. J'ai bien compris que t'avais un emploi du temps chargé, Neko Chan.

Petit chat.

Je ne le contredis pas, le laissant croire ce qu'il veut croire. Mais je me retiens de rire. « Bonnes rencontres ».

— Super rencontres, j'articule difficilement.

L'une d'elles a tenté de bruler littéralement mon visage.

— Et tu as été inspirée pour ton manuscrit ?

Pour écrire un roman horrifique ? Sans aucun doute.

— Pas suffisamment, me contenté-je de répondre. Pour l'instant, j'ai juste envie de faire crever mes personnages donc je compte sur Londres pour m'aider.

— ah ! J'en doute pas ! Espérons que tu ne perdes pas ton nouveau téléphone, cette fois.

Je prends un air faussement innocent.

Il pense que je l'ai perdu. Mais non, je m'en suis débarrassé hier avant d'en acheter un nouveau et de quitter l'Italie, avec mes derniers sous. Puis j'ai contacté mon frère et j'ai inventé un mensonge. Encore un autre.

— Et comment ça va avec Chloé ?

Je sais qu'ils sont ensemble depuis plusieurs mois maintenant et j'ai hâte de la rencontrer. Mon frère me parle d'elle le temps de notre marche. On rejoint le bout d'une allée et mon frère lève ses clés de voiture devant une Mercedes noire. Ce n'est pas un modèle récent, mais il est bien entretenu. Je sifflote doucement en en faisant le tour.

— Et bah putain ! Sympa !

Mon frère sourit grandement face à ma réelle joie. Il est fier de son petit bijou, ça se voit. Il roule des épaules sous son pull over gris, cranant silencieusement.

— Ça paye d'être commercial dans une banque ! je continue avant de pénétrer dans le véhicule.

Le cuir est abimé par endroits mais elle est franchement cool ! Tao rigole tout en rangeant mon sac dans le coffre. Il s'installe derrière le volant et je tape dans mes mains. Je me sens mieux tout à coup. Près de lui, loin de tout ce qui était mauvais pour moi. Loin du danger.

— On va à ton appartement directement ?

Une grimace pointe le bout de son nez sur son visage.

— Hum, alors écoute...On a un petit problème.

Je reste suspendue à ses lèvres tandis que mon frère passe une main dans ses cheveux.

— Tu ne devais pas rentrée maintenant, ta venue a été super rapide. Je n'ai eu que quelques heures pour réfléchir.

Parce que j'ai fui.

Je me retiens de lui dire et le laisse continuer :

— Le problème, c'est que du coup je n'étais pas encore forcément près à t'accueillir. Je crèche chez Chloé parce que des travaux ont lieu dans mon appartement. Sauf que Chloé n'a pas de chambre supplémentaire.

Je me refroidie instantanément. Merde. Merde, merde, merde. Ça, je l'avais pas prévu.

— Oh.

C'est la seule chose que j'arrive à dire. Parce que j'essaye de réfléchir intérieurement.

— C'est pas grave, je chuchote. Je...je vais me débrouiller ! Je vais trouver où dormir.

Hors de question de devenir un boulet pour mon frère. Je vais trouver où dormir. Je n'ai pas d'argent et je ne connais personne ici, mais je peux le faire.

— Bien sûr que non, me coupe mon frère avec un ton paternel. Tu crois que je vais te laisser seule dans cette ville ? Avec les dangers qui peuvent roder à chaque coin de rue ? Tu es ma petite sœur, Amaya. C'est mon rôle de prendre soin de toi.

Je n'ai pas le temps de m'opposer à ses mots qu'il continue :

—J'ai trouvé une solution. C'est provisoire, juste le temps que les travaux terminent.
— C'est quoi, ta solution ?

Il me sourit doucement, comme pour me rassurer.

— Ma solution provisoire s'appelle Hunter. Et c'est mon meilleur pote, ici.

***

Quand Tao m'a parlé d'Hunter il y a maintenant 15 minutes, j'ai de suite refusé. Sauf que je vous l'ai dit, je n'ai pas de putain d'autre solution.

— Je ne veux pas m'imposer à un inconnu.

Mon frère secoue sa tête tout en roulant dans une chic allée de Notting Hill.

— Tu ne t'imposes pas, Amaya. Enfin, je ne lui ai pas vraiment laissé le choix, mais il me doit bien ça. Sa maison est grande et Hunter est très occupé. Je te jure que ça va bien se passer. C'est temporaire.

Beaucoup de raisons me poussent à refuser. D'abord, je ne connais pas ce type, putain. Je ne connais pas les amis de mon frère ici, et...

— C'est un collègue à toi ? débuté-je. Un banquier ? C'est une mauvaise idée, Tao.

Mon frère pousse un soupire. Je sais qu'il ne va pas lâcher l'affaire, il est aussi têtu que moi.

— Non, Hunter est neurochirurgien. Et je t'ai dit, il a déjà accepté.

Neurochirurgien.

— Je ne vais pas te laisser dormir n'importe où, Amaya. D'accord, il est un peu...particulier. Mais j'ai une totale confiance en lui. Il sera le plus cordial possible.
— Qu'est-ce que tu veux dire, par particulier ?

La voiture de Tao ralentit au bout de la rue. Les maisons sont faites de murs blancs et de fer forgé noir. Elles sont sublimes et doivent sans aucun doute couter un paquet de fric. Un fric qu'on a pas.

— Disons qu'il est...Spécial. Mais ce n'est pas un gamin et il sait à quel point je t'aime, tu es ma petite sœur et il sera poli avec toi. Je te jure que vous ne vous croiserez même pas.

J'écoute ses mots d'une oreille, mes yeux presque collés à la vitre. Je sais que je dois refuser, mais je ne peux que demander :

— Est-ce qu'on est devant sa maison ?
— Yep.

Putain de merde. La bâtisse de trois étages est collée à deux autres maisons similaires. Quelques marches en pierres amènent à la lourde porte d'entrée.

— C'est...C'est fou, soufflé-je.
— Accepte, me presse Tao. Ce n'est qu'une question de 3 semaines. 4, grand maximum. Ensuite, tu pourras venir chez moi.

J'espère surtout avoir trouvé de l'argent d'ici là pour ne pas devenir un poids mort pour mon grand frère. Sentant que je suis en train de céder – faute d'option – Tao continue :

— Ou sinon, je peux demander à Chloé de te loger avec elle, et je viendrai ici. Il n'y a qu'un lit alors que la maison d'Hunter possède plusieurs chambres mais -
— Non !

Je ne veux pas non plus devenir le poids mort de Chloé. Je ne la connais pas non plus, putain. Et je ne veux pas séparer mon frère de sa copine. Je suis bien assez monstrueuse comme ça.

— Tu es sûr que ça ne gêne pas ce...Hunter, que je squatte chez lui ?
— Bien sûr que non.

Je fixe le visage de mon frère. Il a répondu trop vite, avec trop d'enthousiasme. Il me ment, je le sens. Après tout, je suis une spécialiste du mensonge moi aussi. Alors oui, il y a pleins de raisons pour refuser. Sauf que je suis prise au piège. Je n'ai rien d'autres.

— D'accord.

J'accepte. A ce moment-là, je pense être hors de danger.

Je ne me doute pas un seul instant que je suis en train de rejoindre la tanière d'un autre prédateur bien plus létal.

****

Mon frère sort une clé de sa poche, tenant de son autre main mon sac. Il déverrouille la lourde porte d'entrée qui se tient au bout des quelques marches en pierre.

— On entre comme ça ? je lui demande en m'immobilisant. Ce Hunter, il est où ?

Et s'il apparaissait pour nous tuer ? Bon, je lui couperai les couilles avant et je les transformerai en sac à main.

— Il rentre plus tard. Ne t'inquiète pas, Neko Chan.

Sauf que si, je suis inquiète. Parce que je vais squatter chez un inconnu. Pas un réel inconnu dans le sens où c'est l'ami de mon frère. Mais...pourquoi Tao semble lui aussi préoccupé quand j'observe son visage ?

Est-ce que je suis en train de foutre un peu plus ma vie en l'air ? Assurément.

Allons-y gaiement ! Peut-être que ça finira par m'inspirer pour mon manuscrit.

Tao pénètre dans l'entrée de la maison, ses bruits de pas étouffés par le tapis luxueux sous ses pieds. Il se penche, pose mon sac dans l'entrée et allume une lampe sur pied. La lumière est douce et éclaire les lieux.

Je retiens une exclamation de surprise.

— C'est beau, hein ? me dit Tao en avance tout droit.

En face de nous, un large escalier prend place. Les marches sont elles aussi recouvertes d'un tapis sombre qui contrastes avec la pierre éclatante.

Les murs sont aussi clairs, et plusieurs meubles en bois brutes prennent place. On entre dans un salon aux couleurs blanc, bleu foncé et bois. Un mélange brut et de bon gout. Une odeur boisée flotte légèrement dans l'air, comme un reste de parfum masculin.

Je l'inspire doucement, m'en imprégnant sans même m'en rendre compte.

Une immense cheminée domine les lieux.
Je suis en train de pénétrer dans une maison alors que je n'ai même pas encore rencontré son propriétaire. Mais qu'est-ce que je fous ? !

Tu survis, me rappelle ma conscience. Un problème à la fois. Déjà, tu as un toit sous lequel dormir, estime-toi heureuse.

— Qu'est-ce que tu veux dire quand tu disais que ce n'est pas un gamin, ce Hunter ?
— Il a passé l'âge, rétorque Tao depuis la cuisine ouverte qui donne sur le salon dans lequel je me tiens.

Je me tourne vers lui, l'observant boire un verre d'eau comme s'il était chez lui.

Quel âge a Hunter ? Est-il aussi âgé que mon frère ? Plus âgé encore ? Je ne pense pas. Je n'espère pas, du moins.

— Et t'es sur qu'il est d'accord pour que je reste là 4 semaines ?

Je vais essayer de partir plus tôt si je peux, cela dit. Ou alors trouver un moyen pour le payer.

Mon frère pince ses lèvres puis acquiesce.

— Il me doit un service.

Quel service ? Je me le demande mais c'est une autre question qui quitte mes lèvres.

— Est-ce qu'il...Est gentil ?

Mon frère hoche lentement sa tête avant de me rejoindre.

— Il sait surtout qu'il doit bien se comporter et te laisser faire ta vie. Tu es hors d'atteinte. Tout va bien se passer, Amaya. Tu pourras écrire ton roman pendant que tu es ici.

J'approuve d'un mouvement de main, ne sachant pas vraiment si je fais bien de le croire.


Mon frère quitte la maison quelques minutes plus tard. Je frotte mes bras, me réchauffant intérieurement alors qu'il fait pourtant bon dans la maison. Je m'aventure à travers le salon, essayant de trouver une photo sur un mur. Mais il n'y a rien. Aucune photo. Aucun objet personnel qui serait lié à ce Hunter.

Putain, je suis dans la maison d'un inconnu. Un homme. Le meilleur pote de mon frère qui va m'héberger.

J'hésite à rejoindre l'étage, histoire de trouver ma chambre. Mais je préfère attendre Hunter donc je laisse mon sac là, sur le tapis.

Mon sac fait tâche dans cet environnement parfait. Trop rangé. Tout est à sa place. Pas une poussière. Pas un vêtement qui traine. Ça me fou la chair de poule.

Je tourne sur moi-même au milieu de la pièce. Et n'y tenant plus, je récupère les clés de la maison, les glisse dans la poche de ma jupe et sors en claquant la porte.

Mes bottines frappent la pierre des marches devant la porte. Je les descends rapidement et arrive directement sur le trottoir. Il n'y a pas grand monde. Mais je n'ai pas peur. Je me sens bien ici, comme si effectivement j'étais hors d'atteinte.

Je croise mes bras et m'avance sur le goudron, prête pour une petite balade nocturne.

Cette dernière ne dure pas longtemps, parce que j'ai super froid. Ma lèvre inférieure tremble presque quand je fais demi-tour 10 minutes plus tard. La Lune est haute dans le ciel désormais. Les lampadaires éclairent la rue et je ralentis mon pas en découvrant une Maserati garée devant la maison de Hunter.

Est-ce qu'il est là ? Comment est-ce que je vais devoir me présenter ? Est-ce qu'il va m'accueillir avec un grand sourire ? Et d'abord, à quoi ressemble-t-il ? Est-ce qu'il a mon âge ? L'âge de Tao ? Peut-être même plus de 30 ans ?

Me retrouver avec un homme n'est absolument pas ce que je voulais, mais peut-être que mon frère avait raison, peut-être que je ne croiserai que rarement la route de son meilleur ami.

Mon pied se pose sur la première marche menant à la porte d'entrée. Les lumières semblent allumées dans la bâtisse. Je m'apprête à monter une nouvelle marche quand la lourde porte d'entrée s'ouvre à la volée.

⎯ Merde, je m'exclame en posant ma main sur mon cœur. Vous m'avez fait...

Je relève mes yeux et rencontre un regard marron et froid. Ma voix se coupe. La silhouette menaçante et massive en face de moi appartient à un homme.

Effectivement, ce n'est pas un gamin. Loin de là. Et il semble très, très en colère de me trouver là.

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J'espère que ce chapitre vous a plu ! Alors, votre avis ? Vos suppositions ? Heheheh !

À très vite, Anita !

Instagram : anitarigins

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