Chapitre 18 Demons in my soul


Amaya

Sur une échelle de 1 à 10, si je ramène un chat errant à Hunter, vous pensez qu'il me trucide avant la fin de la soirée ?

Ou alors, il va vraiment finir par récupérer mon cerveau pour l'étudier ou je ne sais quoi.

Je me suis retenue de justesse il y a dix minutes en trouvant un chat abandonné dans la rue. Enfin, ma raison ma retenue, mais surtout, quand j'ai tendu la main vers le chat avec un grand sourire et en disant « minou minou », le chat a tenté de me sauter dessus en crachant.

J'ai reculé et j'ai failli tomber du trottoir avant que ses griffes ne se plantent en moi.

Alors me voilà à errer dans les rues de Londres tout en priant pour ne plus tomber sur une saleté de bête qui veut m'ouvrir en deux.

Qu'est-ce que je fous dehors comme une âme en perdition ? Vous savez quoi ? J'ai décidé d'entretenir mon fessier de rêve. D'accord, pour l'instant, il ne fait rêver que moi, mais quand même.

Alors après avoir raccroché avec Tao peu après 13 heures, j'ai enfilé une tenue à peu près de sportive et je suis sortie dans la rue pour un footing.

D'accord, je n'ai fait que marcher. Mais je rentrerai en courant. Hum...

Je roule des épaules tout en accélérant l'allure de mes pas, parce que j'ai encore froid. Il manquerait plus que je tombe malade et que je finisse couchée avec 40 de fièvre.

Quoi que...J'aurai un médecin à disposition directement...Je dis ça, je ne dis rien.

Je passe devant une libraire avec des BD des princesses Disney en vitrine.

Vous saviez que dans le véritable comte de Raiponce, avant qu'il soit édulcoré par Disney pour ne pas traumatiser les gosses, la vérité est tout autre. En réalité, Raiponce va avouer à la sorcière que Flynn Rider, le bandit le plus recherché du royaume, lui rend visites dans la tour. Du coup, la sorcière va tellement criser qu'elle va couper les cheveux de Raiponce et l'envoie errer dans le désert jusqu'à la mort. Et après, elle fait tomber Flynn dans un buisson de ronces et lui crève les yeux. Résultat ? Il erre dans la nuit éternelle et tente de rejoindre Raiponce.

C'est carrément glauque, hein ?

Et vous saviez qu'en réalité, Peter pan était une sorte de sadique qui tuait tout ce qui bouge ? Concrètement, il buttait les enfants qui grandissaient au Neverland.

M'enfin, évitons de penser à ça sinon je vais déprimer face à mon enfance qui se retrouve littéralement détruite.

Je m'arrête à un passage piéton et ne me peux m'empêcher de remarquer que le quartier est beaucoup moins tranquille désormais. Je me suis perdue dans les rues sans réfléchir. Quelques personnes trainent sur les trottoirs mais bizarrement je ne me sens pas mal à l'aise.

Je sais me défendre.

Je traverse la route tout en laissant les questions tourner en boucle dans ma tête. Je repense aux satanés chiffres que j'ai trouvé chez Hunter. Avec la localisation indiquée « Oxford Street, Manchester ». Est-ce une simple information débile ?

On ne dirait pas. Sinon je ne l'aurai pas trouvé dans le dressing d'Hunter ET dans son bureau. Qu'est-ce qu'il y a à Manchester ? Ou qu'est-ce qu'il y avait, plutôt ?

Un ennemi ? Une ex ?

J'ai même pensé à ses parents, mais Hunter m'avait dit que son père était mort donc ça m'étonnerais.

J'aimerai que Tao soit déjà rentré de Paris pour que je lui pose mille et une questions, mais je suis certaine qu'il ne me répondrai pas.

Je tourne à l'angle d'une rue étroite et ralentis mon bas en entendant des insultes un peu plus loin. Ma tête se relève automatiquement.

Un couple semble être en plein conflit. Enfin, ma première pensée était qu'il s'agissait d'un couple, mais le type et la femme ont l'air plutôt ennemis à cet instant.

Ils se tiennent sur les marches devant une entrée d'immeuble et le type agrippe l'épaule de la femme avant de murmurer des mots durs contre son visage. La femme lâche un rire sans joie avant de tourner son visage.

Je la reconnais. C'est...Taylor.

La femme qui a débarqué l'autre jour chez Hunter. Celle qui travaillait dans une sorte de club, d'après ce que j'avais entendu en les espionnant.

Celle-là même qui l'a masturbé devant moi, avant de me suggérer de les rejoindre.

Je ne connais pas l'homme qui l'accompagne, mais je n'aime pas comment il la tient. Je m'avance vers eux, ne pouvant pas faire comme s'il n'y avait rien.

Il secoue Taylor et cette dernière lâche un petit cri avant de repousser l'homme au niveau du ventre. Ce dernier s'énerve un peu plus.

- Eh ! je hurle en m'approchant encore. Lâche-là, trou du cul !

Les deux se tournent vers moi et Taylor écarquille les yeux en me reconnaissant. L'homme est plus âgé qu'elle et pince sa bouche en me remarquant là.

- T'es qui ? Une autre pute ?

Je ne m'arrête pas et m'avance un peu plus.

- Je suis flic. Et si tu ne la lâches pas dans deux secondes, j'appelle une patrouille et en embarque ton petit corps de lâche avant de le laisser pourrir en cellule, t'as capté ?

Il prend une seconde pour réfléchir, se demandant si je suis en train de me foutre de sa gueule ou non. Quand je fais mine de récupérer mon téléphone, il relâche brusquement Taylor et sort un billet de 50 de sa poche avant de le jeter au visage de Taylor.

Puis il s'éloigne d'un pas rapide tandis que nous restons toutes les deux immobiles. Taylor avale difficilement sa salive avant de se tourner une nouvelle fois vers moi.

Je remarque ses yeux gonflés et la mince trainée de sang sous sa narine droite.

Putain, j'aurai dû sauter sur ce gars et lui arracher les couilles. Je suis à deux doigts de le suivre et de tenter une mission suicide tandis que Taylor se laisse tomber sur les marches devant l'immeuble, ne prenant pas la peine de récupérer le billet à ses pieds.

Elle s'assied sur une marche puis sort une cigarette de sa poche, elle l'allume et souffle la fumée dans ma direction.

- T'es flic ? elle me demande d'une voix grave.

Je remarque les quelques contusions autour de sa gorge gracile.

Je m'avance vers elle, le cœur serré. Ce n'est pas elle que je vois, c'est moi quelques mois plus tôt.

- Non, je réponds finalement. J'ai vu cette technique d'intimidation dans une série hier soir.

Taylor laisse échappe un rire avant de renifler une nouvelles fois bruyamment. Elle ne porte qu'(un long tee shirt et semble si faible. Rien à voir avec la sublime créature qui tentait de séduire Hunter l'autre soir.

- Merci, mais fallait pas t'en mêler, Amaya.

Donc elle me reconnait bien et se rappelle d'Hunter qui prononçait mon prénom pendant que Taylor avait ses mains autour de lui.

Je devrai m'éloigner, mais j'en suis juste incapable.

Alors je m'approche d'elle et me laisse tomber sur la marche près d'elle. Je fixe la fumée qui sort de sa bouche tandis que Taylor observe le ciel.

- Si ce type t'as fait du mal, je débute doucement, tu devrai sans doute aller voir les flics. Les vrais, cette fois.

Je sens son corps se tendre avant de secouer la tête.

- Crois-moi, il ne viendra plus.

Comment peut-elle en être sure ?

- C'est un client, continue Taylor. Marié. Il va faire profil bas et jouer au bon mari parfait.

Elle se penche et récupère le billet qu'elle froisse dans sa main. Je sais exactement quel genre de client et d'homme c'est.

- Et il m'a payée 50 sur 100 balles. Ce chien, crache la blonde à mes côtés.

- On peut toujours le poursuivre et récupérer ton argent.

Son visage fatigué et triste se tourne vers moi et ses yeux s'écarquillent avant qu'un vrai sourire ne pointe le bout de son nez sur ses traits.

- Je crois que si tu finis abimée à cause de moi, Hunter me tuera.

Je n'ai pas le temps de répondre que Taylor se relève et écrase sa cigarette sur la marche.

- Aller, viens, montons. Je t'offre un verre.

Il est 14 heures et je n'ai aucune envie de suivre cette quasi inconnue pour boire de l'alcool. Mais quelque chose me pousse à ne pas la laisser seule non plus. Alors je me contente de hocher la tête et de la suivre à l'intérieur de l'immeuble.

L'appartement que je découvre au deuxième étage est petit mais bien agencé. Bien décoré, également. Il y a des néons de différentes couleurs accrochés au mur.

- Sympa, je m'exclame en tournant sur moi-même.

- C'est l'appartement d'une copine, me répond Taylor en s'avançant vers la minuscule cuisine. Je crèche chez elle quelques temps.

Je traverse l'unique pièce et rejoins Taylor. Elle ne sort pas d'alcool du placard, non. Elle me tend un jus de pomme bio avant d'en prendre un également.

- Tu t'attendais à ce que je te sorte une bière ? elle rigole en secouant sa tête.

Je ne réponds pas et récupère la petite bouteille que j'ouvre.

- Merci.

- Bah, c'est rien. C'est toi qui a empêché ce type de me casser la gueule.

Je veux lui dire une nouvelle fois de rejoindre les flics, mais je sais qu'elle ne m'écoutera pas.

- Alors, reprend Taylor avant de s'assoir directement sur le comptoir de la cuisine, t'es en couple avec Hunter ?

J'avale de travers ma gorgée de jus de pomme avant de secouer la tête.

- Bordel, non.

Mon corps le veut. Ma tête elle, sait que c'est un très gros problème.

- Je suis la petite sœur de son meilleur pote. Je crèche chez lui le temps que l'appartement de mon frère qui est en travaux soit réparé.

- T'es la sœur de Tao ? reprend Taylor et la surprise me traverse.

- Ouais, comment tu le connais ?

Je reste sur mes gardes, perplexe.

- Je bosse dans un club où ton frère à ses habitudes, trésor.

- Quel genre de club ?

Son sourire complice me fait comprendre qu'il doit sans doute s'agir d'un club où le plaisir règne. J'en ai confirmation une seconde plus tard.

- Disons que c'est un club privé de strip, et plus.

Et plus.

Nous nous observons pendant une longue minute sans rien dire.

Hier encore, je ressentais une certaine jalouse en pensant qu'Hunter et elles avaient une sorte de relation particulière. Je comprends véritablement maintenant qu'Hunter est l'un de ses clients dans ce club privé.

Taylor s'avance dans le salon et retire son long tee shirt qu'elle laisse tomber au sol comme si je n'étais pas là. Elle se moque de sa nudité, vêtue d'un simple string et d'un soutien-gorge beige.

- Je sens encore l'odeur de ce porc sur moi, elle crache avant de se laisser tomber sur le canapé. Merde.

Je m'avance vers elle, étrangement attirée par l'électricité qui se dégage de cette femme.

Comme si je me retrouvais en elle. Comme si je voulais la sauver, comme j'aurai aimé que l'on me sauve, moi.

Je reste debout au centre de la pièce, sirotant ma petite bouteille. Si Taylor sent mon regard sur elle, elle n'en dit rien.

Son index effleure son nombril et j'observe un bleu sur son ventre.

Putain, ça me dégoute d'imaginer ce qui s'est passé ici ces dernières heures.

- Tu dois sans doute te demander pourquoi je fais ça hein ?

- Faire quoi ? je lui demande en fronçant les sourcils.

- Vendre mon cul.

Un rire froid sort de sa bouche tandis que je me laisse tomber près d'elle sur le canapé.

- Je ne me demande rien du tout, je souffle. Tu fais ce que tu veux de ta vie. Je n'ai pas à juger le comportement des autres. On fait tous ce qu'on peut pour s'en sortir et ceux qui jugent sont des lâches qui ne connaissant pas ce qu'est la véritable galère.

Taylor observe mon visage tandis que je fixe le mur en face de nous puis elle dit.

- Tu l'as connu, la galère pour t'en sortir.

Ce n'est pas une question. C'est une affirmation qui sort de sa bouche et je reste silencieuse face à ces mots, la gorge étrangement serrée.

Je n'ai jamais eu d'amis suffisamment poche pour rentrer dans ma tête. Mais à cet instant je sens une sorte de connexion avec Taylor.

On reste silencieuse de longues minutes. Je devrai sans doute partir. Au moment où j'actionne un mouvement pour me relever du canapé, Taylor souffle.

- Ma première galère à moi, c'est quand mon beau père a décidé que je lui plaisais plus que ma mère. Alors, chaque soir, il rentrait dans ma chambre et abusait de moi. J'avais 11 ans.

Mon souffle se coupe et l'envie de vomir me vient face à ses mots. Je me tourne vers elle, les excuses au bord des lèvres.

- Je suis désolée Taylor.

Elle secoue sa tête avant de se mordre les lèvres.

- Ne le sois pas, Trésor. T'y es pour rien, crois moi.

Son index continue de tapoter son nombril avant qu'elle ne reprenne :

- Après ça, les galères se sont un peu enchainées et elles continuent à me pourrir la vie aujourd'hui.

- Et le club ? je lui demande.

Ses yeux s'illuminent presque face à mes mots.

- Le club n'est pas une galère. Là-bas, je me suis créé une nouvelle moi. J'ai une nouvelle famille. Là-bas, je peux être moi-même. Tu veux que je te dise un secret ?

J'acquiesce et Taylor tourne son visage vers moi.

- Là-bas, je me libère. Je récupère mon corps. Je suis la seule qui le contrôle. Personne ne me dicte quoi faire. Mais parfois...Parfois je tombe sur des clients qui sont des porcs, comme le type d'aujourd'hui.

Taylor semble ensuite se perdre dans ses propres pensées. Je joue avec la petite bouteille vide et ma bouche s'ouvre d'elle-même.

- Ma galère à moi, c'est un homme. Je pensais être amoureuse. Mais à cause de lui...Je me suis perdue. Il m'a volé mon corps.

Ma voix se brise presque sur ce dernier mot. Je ne lui dis pas le prénom d'Alessandro. Ça m'aide à lui donner moins de pouvoir sur moi.

Je ne lui dis pas non plus que ces derniers jours, j'avais l'impression de récupérer mon corps aux côtés d'Hunter.

- Je vois la douleur dans tes yeux, trésor, chuchote Taylor près de moi.

Je ferme mes paupières douloureuses, comme si ça allait m'aider à me cacher de ma réalité.

- Et si tu te libérais ? me demande-t-elle ensuite.

Je fronce les sourcils et fixe une nouvelle fois Taylor.

- Je peux t'y aider. Ce soir. Viens te libérer au club, Amaya. Je pourrai t'aider, elle répète.

Retrouver mon corps. M'amuser. Me libérer totalement, sans faux semblant. Reprendre totalement ce que m'a volé Alessandro.

Je suis sur le point de dire non. Mais Taylor repend :

- Là-bas, les hommes et les femmes butinent comme des abeilles. Nous sommes les fleurs. Mais nous avons des épines. Nous sommes inatteignables. Viens. Tu peux profiter, trouver avec qui te faire plaisir.

Mon cœur s'accélère et ma bouche s'ouvre après une seconde :

- D'accord. Je vais venir. 

_______________

Heyyyyyy, vous allez bien ? Désolée pour le retard, j'ai commencé un nouveau travail, et bon j'avais pas la tête à ça.

J'espère que ce chapitre vous a plu ! Vos impressions ? 

A très vite! 

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