Chapitre 12 Délicieux tourment intérieur
Hello ! Vous allez bien ?
Je vous souhaite une bonne lecture. Et surtout...Lisez entre les lignes !
Musique en médias - Villains K/DA
Hunter
Je pousse un soupir de soulagement. Enfin.
C'est terminé.
L'infirmier de mon bloc opératoire passe près de moi. Derrière son masque chirurgical, je sais qu'il me sourit avec enthousiasme. Lui aussi est rassuré.
- Bien joué, Docteur Bamford !
Je me contente simplement d'acquiescer. Je termine ma tâche et observe une seconde ma jeune patiente sur qui je viens d'effectuer une craniotomie.
Ouvrir le crâne des gens fait partie intégrante de ma vie.
Mais l'opération de ce soir était délicate. Elles le sont toujours, en réalité. Néanmoins, celle-ci l'était encore plus.
Je quitte ensuite la salle et m'autorise à respirer de nouveau. Le cerveau humain est l'organe le plus alambiqué de notre corps. Il est, à sa façon, aussi compliqué que tout le réseau Internet. L'étudier et le moduler est aussi excitant que flippant.
J'ai l'habitude de pratiquer la craniotomie. Je sais que je suis bon, peut-être l'un des meilleurs de la ville dans mon domaine. Mais le stress ne nous quitte jamais, peu importe le nombre d'opérations que l'on a fait.
Le stress de commettre le moindre faux pas durant l'intervention chirurgicale. La craniotomie permet d'ouvrir le crâne afin d'enlever la plus grande partie possible de la tumeur sans détruire de tissu cérébral important. J'ai effectué une ouverture large, ce soir. Un seul faux pas et la vie de ma patiente m'aurait échappée.
Heureusement, tout s'est bien passé. Le volet osseux est fixé solidement et la tumeur a été dégagée.
Je quitte le bloc et arrive dans le couloir. Mes pas me mènent à un autre couloir au bout duquel patiente un couple d'une quarantaine d'années. Les deux hommes se tiennent, enlacés. Le plus âgé d'entre eux pleur sur l'épaule de son conjoint. J'entends leurs reniflements d'ici et m'avance vers eux après avoir retiré mon masque.
En me découvrant près d'eux, les deux hommes se redressent, la peur et l'inquiétude sur leur visage. Ils paraissent défaits. Si je leur annonçais aujourd'hui la mort de leur fille, ils ne s'en remettraient pas.
C'est à cet instant que je réalise que sur cette terre...Je ne tiendrai jamais suffisamment à quelqu'un pour être dans un état pareil.
- L'opération de votre fille s'est bien passée, j'annonce fortement. Le mal est désormais derrière elle.
Aussitôt que mes mots sortent de ma bouche, l'homme de droite laisse échapper un petit cri et pleur à nouveau. De soulagement, cette fois. Son conjoint le soutien et les deux hommes me remercient une bonne dizaine de fois tout en essuyant les larmes sur leur visage.
- Merci. Merci. Merci Docteur.
Je reste une seconde près d'eux, leur donnant un peu plus de détail, avant de les quitter.
Je suis épuisé. Je dors peu, en ce moment. Je suis...tourmenté intérieurement. Pas seulement à cause de mon passé, mais aussi à cause de mon présent. Surtout par sa faute.
Heureusement, la semaine se termine ce soir et un dimanche de repos m'attend. Un jour enfermé avec Amaya ?
Mauvaise. Très mauvaise idée.
La scène d'hier soir me revient en mémoire. J'ai failli perdre le contrôle face à elle. Elle a failli tout faire disjoncter dans mon propre cerveau putain.
Je rejoins mon vestiaire et sur la route, je croise une autre neurochirurgienne de renom qui sort aussi du bloc si j'en crois sa tenue. Son visage est blafard et elle fait face à une femme âgée qui s'écroule en pleurant.
Je comprends aussitôt que la chirurgienne est en train d'annoncer une mauvaise nouvelle. Nous sauvons tant de vies ici, mais...Parfois nous avons beau nous battre, nous n'arrivons pas toujours à commettre de miracles et certaines personnes ne peuvent être sauvées.
Nous devons rester imperméables face aux émotions des patients et de leurs proches. Nous devons rester le seul rempart qui reste debout face à leur effondrement. Mais parfois, c'est dur, même pour moi. Perdre un patient ne nous laissera jamais de marbre.
Je rejoins le parking souterrain de l'hôpital et m'avance vers ma Maserati garée à ma place habituelle. Il est 21 heures, peut-être que je devrai rejoindre Alec, ou Taylor. Mais quelque chose me pousse à plutôt à rentrer chez moi.
Mon portable sonne tandis que je m'installe au volant de mon véhicule. En voyant le nom qui s'annonce sur l'écran, une rage me transperce.
Daphney.
- Putain, non.
J'ignore son appel. Hors de question que je décroche. Mes mains serrent le volant et une seconde plus tard, je démarre en trombe.
Lorsque je me gare devant chez moi, il est presque 22 heures. La nuit est tombée depuis longtemps sur Londres et le trafic est surchargé. La fatigue de fait de puis en plus ressentir en moi.
Je ne passe même pas au Dolce pour voir Taylor ou l'une des autres filles. Je n'en n'ai même pas envie, ce soir. Je veux juste me doucher et enlever de ma peau la moindre odeur du bloc opératoire.
L'odeur d'une autre peau me vient en tête. Un contact sous mes doigts, hier soir tandis que j'inspectais une certaine cheville.
Je verrouille ma voiture tout en secouant ma tête. Je deviens dingue, regardez-moi. Des années à ne rien ressentir. Des années à apprécier le fait de ne rien ressentir. Et ensuite, une petite boule de feu débarque dans ma vie pour me pousser dans mes moindres retranchements ?
Impossible.
Si Tao savait que j'étais à deux doigts de dévorer sa petite sœur hier soir, il me tuerait. Et je tiens trop à lui pour envisager de toucher à Amaya, ne serait-ce le temps d'une seconde regrettable. Il la fait crécher chez moi car il sait que jamais, je ne m'approcherai d'elle. Après tout, ce je ne ressens jamais rien. Et ça ne commencera pas aujourd'hui.
Je déverrouille la porte de ma maison à deux étages et un silence m'accueille. Enfin, pas tout à fait. La télévision est allumée et diffuse un son léger dans tout le rez de chaussée.
Je n'ai pas vu Amaya depuis la veille.
Je pénètre dans le salon en refusant d'appeler son nom. Je me moque de ce qu'elle fou. Peut-être est-elle déjà couchée. Ou peut-être...
Je m'immobilise à l'entrée du salon. Amaya est allongée sur le canapé, recroquevillée sur le côté. Ses cheveux couvrent une partie de son visage aux traits fins, et des mèches sont éparpillés un peu partout autour de sa tête.
Mes yeux se baissent une seconde sur son corps. Son foutu tee shirt remonte haut sur ses cuisses tandis que ses dernières sont pliées et recroquevillées contre son ventre dans une position fœtale.
Toujours aussi silencieux, je rejoins la cuisine en l'ignorant du mieux possible. Elle dort à poings fermé tandis que je me serre un verre de scotch écossais. J'en avale une rasade, laissant l'alcool bruler ma bouche et ma gorge dans une délicieuse et rassurante douleur.
Je m'adosse à l'évier tout en sirotant mon verre. Mon regard est sans cesse rappelé vers le salon. Je me mets à nouveau à observer longuement Amaya. Je devrai me barrer dans mon bureau ou monter au deuxième. Mais putain, quelque chose m'empêche de bouger. Cette femme est insupportable. Et pourtant... Elle m'appelle directement au creux de mon corps.
J'ignore son appel, pour l'instant. Mais pour combien de temps ?
Je termine mon verre et le dépose dans l'évier. Je ne prends pas la direction de mon bureau, je continue d'avancer vers le canapé.
Mes yeux analysent chaque parcelle de son visage. J'en fouine les moindres recoins, comme Amaya a fouillé dans mes propres affaires.
« Fouille-moi, Hunter ».
Putain. Mais qui dit ça ? ! Qui peut autant jouer avec le feu en se moquant de la brulure qu'il peut engendrer ? ! Ne craint-elle pas les flammes ? Aime-t-elle jouer avec elle ?
Amaya laisse échapper un soupire, puis une sorte de petit grognement tout en fronçant ses sourcils. Elle continue de rêver et j'imagine que même dans ses rêves, elle a une grande bouche qui rend complètement incontrôlable.
Ses sourcils se creusent un peu plus et je vois l'un de ses poings se serrer contre son ventre. Peut-être est-ce en réalité un cauchemar ?
Je continue de l'observer sans bouger, debout près du canapé. Un son rauque s'étouffe dans sa gorge.
Peut-être a-t-elle mal quelque part, je devrai la réveiller.
Je m'approche d'elle et me penche près de son corps.
- Amaya ? murmuré-je.
Pour toute réponse, son corps se braque un peu plus et un souffle sort de sa bouche.
- Alessandro. Non.
Elle gémit dans son sommeil. Et ce n'est pas un gémissement de sommeil mais de douleur.
Alessandro ?
Ma main se tend d'elle-même vers son visage. Ma paume chaude se pose sur son front et j'écarte les cheveux qui tombent sur sa peau. Presque instantanément, le corps d'Amaya s'immobilise. Ses doigts se détendent contre son ventre et je me demande encore une fois ce que je suis en train de foutre.
Pourquoi est-ce que j'essaye de la rassurer et de la tirer de son cauchemar ?
Je ne suis pas son frère, putain. Ni son ami. Je ne suis que...Je ne suis qu'un pion sur un échiquier qui prend place entre nous. Qu'est-elle ? Le fou ? Ou la Dame ? Gagnera-t-elle la partie ?
Je commence à m'éloigner mais je ne peux pas la laisser là, comme ça. Alors je me penche une nouvelle fois vers elle et l'un de mes bras se glisse dans son dos pour la redresser contre moi.
Je m'immobilise brusquement en la sentant se recroqueviller contre moi, toujours endormie.
- Hum...elle grogne encore en poussant un soupire.
Je voulais juste la porter dans son lit mais son nez se frotte dans mon cou quelques secondes.
Chaque muscle de mon corps se contracte instantanément en réponse. Les flammes sont encore là. Elles me dévorent et le monde s'effondre autour de mon corps.
Elle se frotte à moi comme si elle voulait s'imprégner de mon odeur, pour que cette dernière l'englobe et ne la quitte plus jamais. Elle cherche mon essence sans même sans rendre compte, et je ne fais rien pour l'en empêcher.
Sa propre odeur envahit mes narines. Elle est douce, tout ce qu'Amaya n'est pas. C'est doux, mais aussi sombre. Un contraste unique, une légère odeur de cerise noire et de vanille. Sa peau sent elle différemment à d'autres endroits de son corps ?
Putain de merde.
Non.
Non !
J'éloigne mon bras et son corps se reloge sur le canapé. Je me redresse et m'éloigne à reculons, le souffle court.
Je n'attends pas une seconde et lui tourne le dos avant de rejoindre mon bureau.
Je ferme ma porte d'un mouvement brusque. Mes doigts tremblent légèrement. C'est juste...la fatigue. La journée a été longue. Voilà pourquoi Amaya me fait ressentir au lieu de me laisser indifférent.
Mon bureau est sombre, et je laisse les lumières éteintes. Je m'avance derrière le lourd bureau en bois massif et me laisse tomber sur le fauteuil luxueux qui trône derrière. Le cuir crisse sous moi tandis que je jette ma tête en arrière. Je ferme les yeux et appuie mon crâne sur le dossier.
Une minute s'écoule. Puis une autre. Une dizaine d'autres jusqu'à ce que je réussisse à me calmer. Je suis de nouveau maitre de moi-même.
J'hésite une seconde à allumer une cigarette. Mais je ne fume plus depuis des mois. Finalement, je me redresse et ouvre un tiroir. Mon paquet de clope n'est pas là. Et surtout, je tombe sur autre chose. Une photo que j'avais oublié, cachée ici.
Je récupère la bouteille de scotch à droite de mon bureau, enlève le bouchon avec les dents puis avale plusieurs gorgées du liquide ambrée. Puis je me saisis de la photo.
J'observe le petit garçon qui se tient aux côtés de deux adultes. Ce petit garçon, c'est moi. ET ce petit garçon n'est plus.
Tout en avalant une nouvelle gorgée, je soulève la photo juste devant mon visage.
J'observe le visage des deux adultes qui se tiennent près de moi. Mes géniteurs. Puis, mes yeux dérivent sur les traits de l'homme. Je le fixe longuement, sans ciller.
Des traits que je partage malgré moi aujourd'hui.
Enfin, je serre le cliché entre mon poing. La photo se chiffonne entre mes doigts.
Je ferme une nouvelle fois les yeux, accompagné de ma fidèle bouteille de fortune.
Je ne regrette rien de ce que...j'ai fait. Rien. Je ne regrette aucun acte effectué. Aujourd'hui, j'agirai de la même manière, comportement condamnable ou non.
Et je ne ressens...Rien.
Amaya – Souvenir
Ça fait 4 mois que je suis arrivée en Italie. J'ai visité en long en large et en travers Naples et Milan. Aujourd'hui, me voici à Rome. Je devais initialement rester à Bergame, mais les quelques amis de route que je me suis fait ont dû rentrer dans leur propre pays et quitter leur road trip. Donc, je me suis lancée sur Rome, ville que je voulais secrètement visiter depuis petite.
La ville est sublime. La basilique est immense et j'ai passé des heures hier à l'observer tout en écrivant des idées de manuscrit, assise dans un petit café devant l'édifice. Je me sens libre. Je me sens vivante. Je ne rends de compte à personne.
Je me sens intouchable. Personne ne peut m'atteindre. Je loge dans une auberge de jeunesse au nord de la ville et je m'amuse.
En fait, je suis insouciante. Et idiote.
Et ce soir, je me laisse aller. Me voici à profiter de la vie nocturne de la ville. Mon corps ondule au rythme de la musique techno. Je suis dans un club branché, pas très loin de mon auberge. Tao n'a cessé de m'appeler pour prendre des nouvelles, mais je le rappellerai demain.
Je meurs de soif mais j'attends que la musique se termine pour quitter la piste. Mes hanches s'agitent sensuellement au rythme des dernières notes.
Puis, je rejoins le bar. Je crève de chaud ! Mes cheveux longs et lissent sont presque trempés dans ma nuque. Mon souffle est toujours aussi rapide quand je commande une bouteille d'eau au barman. Il me sert rapidement et je me retiens de coller la bouteille glacée à mes joues brulantes.
Finalement, j'enlève le bouchon et avale une gorgée qui soulage instantanément mon corps assoiffé.
C'est à ce moment-là que je le vois.
Il se tient de l'autre côté du bar et me fixe sans détourner le regard.
Il est beau. Sacrément beau, même. Il m'observe d'une lueur de prédateur. Une lueur presque malsaine. Mais il fait sombre et je ne m'en rends pas forcément compte à l'instant.
Je suis toujours accoudée au bar quand l'inconnu en fait le tour et s'approche de moi. Il n'est pas très grand, mais il semble bien batti. Ses muscles moulent le tissu luxueux de sa chemise claire.
Je l'observe venir à moi, sans reculer.
Alors, il me sourit et s'arrête près de moi.
Ses yeux sont bleus. Et ils sont si beaux. Je ne peux pas me reculer. C'est impossible.
- Bonsoir,mia bella. Qu'est-ce que tu fais ici ?
Je suis là depuis plusieurs mois donc je comprends qu'il vient de me faire un compliment en m'appelant « jolie fille ».
Je ne devrai pas lui parler, c'est un inconnu. Mes connaissances de route, ceux qui ont quitté l'Italie, m'ont bien demandé de faire attention à moi en restant ici. Toute seule.
Mais je ne me doute de rien, à cet instant. Je veux juste kiffer et profiter. Je suis un petit oiseau trop jeune et trop curieux qui ne comprend pas qu'il va bientôt faire une chute mortelle.
Alors je souri doucement à l'homme.
- Bonsoir.
Il voit que je ne le repousse pas et ça semble lui plaire. Il n'est pas beaucoup plus vieux que moi. 30 ans maximum, je dirai. Et il se rapproche un peu plus avant de me tendre sa main.
- Je suis Alessandro Rizzo. Et tu es ?
- Amaya. Amaya Itô.
- Hum, quel nom intéressant. Ravissant.
La lueur qui traverse son regard démontre un intérêt évident pour ma petite personne. Quelque chose sonne la sonnette d'alerte en moi. Mais je suis alcoolisée , je suis heureuse, et je ne vois pas les signes avant-coureurs.
- Je suis enchanté, Amaya. Et si je t'offrais un verre ?
Je jette un œil à ma bouteille d'eau ; Ça n'est que pour une nuit. Je ne crains rien, pas vrai. Je vais juste...m'amuser. Ma conscience m'ordonne de déguerpir. Mais je la fais taire. Et j'accepte la main tendue d'Alessandro.
- Pourquoi pas ?
Ce n'est qu'un verre, après tout.
Il hoche la tête et me sourit franchement cette fois. Puis il m'emmène un peu plus loin dans le bar. Les ténèbres se tournent vers nous, avide de corps innocent à dévorer.
Le mien.
Ils voient me voient depuis l'ombre. Ils se mettent alors à guetter, dans l'unique but de bientôt pouvoir me consumer.
De pouvoir me tuer.
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J'espère que ce chapitre vous a plu ? Vos impressions ?
On se retrouve dans quelques jours pour le prochain chapitre !
Et demain sur Instagram pour une big annonce hehehe ! (anitarigins)
Love
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