Toutes les bonnes histoires commencent ainsi : avec un drame. Une tragédie. Quelque chose qui, de suite, retiendrait forcément votre attention et vous donnerait envie de rester jusqu'à la fin, car oui, c'est pour cela que vous êtes venu jusqu'à moi. Pour avoir le fin mot de l'histoire. Hélas, je crains devoir vous décevoir, puisque mon récit n'en est pas vraiment un et il est plutôt... Commun. Cela pourrait être votre histoire même ! C'est sans doute ce que je m'apprête à raconter ou peut-être me suis-je perdue dans mes trop nombreuses idées. Je ne sais pas. Je ne sais plus.

À dire vrai, j'ai perdu, depuis bien longtemps maintenant, la notion du temps comme celle de la réalité. Qu'est-ce qui est réel et qu'est-ce qui ne l'est pas dans un endroit comme celui-ci ? Ça, mes amis, c'est une question à laquelle je ne pourrais répondre. Non pas que je ne peux pas, mais plutôt que je ne veux pas.

Je ne veux pas vous priver de ce petit truc magique. Mais si, vous savez ! Le fait de croire. Le fait de croire qu'il existe sur cette basse terre un endroit où vous pouvez être ce que vous voulez, qui vous voulez et ainsi faire ce qui vous plaît.

Croire en la magie est important, mais ne faites pas la même erreur que moi à vous y perdre... Vous finiriez forcément déçus. Le suis-je ? Probablement. Je m'attendais à bien des choses en franchissant ces grilles, mais certainement pas à cela. Comme bon nombre d'entre vous, je suis arrivée avec mes idées reçues, mes préjugés et l'orgueil de croire que j'y trouverai ma place... Avec le temps.

Malheureusement, les déceptions sont monnaie courante quand on grandit. Quand on comprend. Pire encore ! Quand on réalise.

Parce qu'une fois que la réalité vous attrape et vous retient, eh bien, il est l'heure de se réveiller et ainsi donc plus jamais vous ne serez autorisé à rêver.

Par chance, moi, je le suis encore. Comme tous les autres restés derrière. Quels autres ? C'est vrai que tout ceci paraît extrêmement confus, voire complètement décousu, mais rassurez-vous, un jour cela aura du sens.

Mais avant, il faut que je vous parle de mon histoire. De notre histoire. De notre drame à tous. De ce qui fait de nous ce que nous sommes et surtout qui nous sommes. Il faut que je vous raconte absolument tout ce qu'il s'est passé et tout ce qu'il se passe encore. Pourquoi ? Eh bien, pour ne pas oublier, tout simplement.

Parce que je commence à oublier. À omettre. Détails après détails, ils sont comme qui dirait... aspirés.

J'en viens presque, parfois, dans de rares moments de solitudes, à m'oublier moi. Mon nom.

Après tout, je ne suis là que pour jouer un rôle. Je ne suis qu'un élément du décor auquel vous prêtez si peu d'attention. Vous me voyez sans me voir et me saluez sans vraiment faire attention à moi.

Promettez-moi simplement ceci : une fois que je serai partie, vous vous souviendrez de qui j'ai été et de tous les liens que nous avons tissés.