🎠CHAPITRE 9🎠
Cela fait maintenant plusieurs heures que vous êtes assis sur ce banc, repensant aux motivations qui vous ont emmenés jusqu'ici finalement. Cela ne devait être qu'un banal week-end reposant, loin des tracas quotidiens et de tout ce qui vous pourrit la vie. Vous vous étiez promis de vous amuser et d'oublier, l'espace d'un instant, à quel point votre vie est insipide comparée à celle d'autrui : tous vos amis d'université sont mariés ou propriétaires. Tous ont des projets de voyages ou des projets tout courts, tandis que vous, eh bien... Vous n'en avez aucun. Pourquoi cela ? Vous savez pourquoi, mais la réponse à cette question vous dérange, alors afin de fuir la réalité de la chose, vous avez fini par vous accorder cette pause. Loin de tout. Loin de tous.
Pourtant, vous retrouvez ici même la moitié du pays avec vous. Vous avez passé du temps à simplement contempler. Les gens se sont probablement saignés ou endettés pour venir jusqu'ici, il faut dire que rien n'est gratuit, mais vous... Qu'est-ce qui vous a poussé ? Un coup de tête ? Non. Bien sûr que non.
Une promesse.
Depuis l'enfance, vous voyez constamment des publicités à la télé. On vous promet un endroit magique et féérique. Les fées ne vous font plus tant rêver, mais quelque chose vous a tristement attiré : la promesse de pouvoir faire, dire et être ce que vous voulez pour une seule et unique journée. C'est sur ça, que repose ce parc. Ici, il n'y a aucune culpabilité à avoir, aucun ressentiment, car le maître mot est « divertissement ».
À l'instant même où vous avez franchi ces imposantes grilles en fer forgé, vous étiez censé vous oublier.
Mais si cet endroit offre une telle promesse à ceux venant de l'extérieur, comment font ceux qui viennent de l'intérieur ? À longueur de journée, vous les avez croisés, fondus dans le décor, prêtant à peine attention à quelques interactions. Ils sont là, tantôt donnant des consignes de sécurité, tantôt vous guidant à travers les trop nombreuses et trop longues files d'attente. Certains se trouvaient couverts de la tête à pied, droits comme des piquets à l'entrée des différentes attractions que vous avez pour l'instant essayé et d'autres, plus sournois étaient dans le noir, cachés afin de vous bloquer, laissant passer une file de gens ayant visiblement payé pour vous passer devant. C'est injuste ? Certainement, mais ici deux concepts semblent régner en maître dans l'obscurité : le temps et l'argent. Concepts qui vous sont bel et bien familiers.
Alors, tentant de comprendre et attiré par votre curiosité maladive, vous avez quitté ce banc sur lequel vous aviez trouvé refuge et vous vous êtes mis en quête d'une cachette.
Ce ne sont pas les endroits adaptés qui doivent manquer.
Les toilettes ? Non, bien peu subtil et trop évident. Ils vous trouveront en un rien de temps.
Le décor ? Cette petite tente soigneusement cachée vous a fait de l'œil, mais il faudrait réussir à enjamber les différentes barrières et cela demande bien trop d'efforts. Même pour vous.
Ah. Les grottes. Les grottes malodorantes et sombres dans lesquelles vous vous êtes précédemment égaré, en voilà une bonne idée.
De toute manière, le parc va bientôt fermer et personne ne viendra vous trouver.
L'heure tourne, c'est le moment ou jamais de rentabiliser ces nombreuses heures passées dans les cours de récré à jouer à cache-cache. Montrez-leur donc qui est le champion en évitant bien évidemment de vous mettre là où il y a un lampion.
— J'ai vraiment pas envie de venir demain... Toute la semaine, j'ai fait les fermetures, là, ils me font fermer les grottes, y'a personne pour m'aider... En plus, il fait noir, ça me fout le cafard !
Vous entendez cette voix pester et vous vous dites que peut-être... Oui, peut-être que la chance va vous sourire et que cette personne vous passera complètement à côté. Après tout, elle ne sait pas que vous êtes là, tout comme vous ne savez pas qui elle est, même si ça ne saurait tarder.
— « N'oublie pas de mettre les filets ! » « Vérifie qu'il n'y a plus personne, la dernière fois il y avait quelqu'un de coincé.» Eh bien qu'ils restent coincés, tiens ! Ça me fait une belle jambe ! Qui serait assez con pour rester ici le soir ? C'est bon, messieurs, dames, le spectacle est terminé, rentrez chez vous, allez !
Ne l'avez-vous jamais remarqué ? Il y a quelque chose d'hilarant dans le fait d'écouter une personne se parler à soi-même, surtout quand ils pensent être seuls face à eux-mêmes.
— Ils auraient au moins pu me donner une lampe. Je suis censée faire tout ça toute seule ?
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