🎠CHAPITRE 15🎠
Il n'y a de limite dans notre monde que celle de notre imagination et quand bien même vous déployez toute la vôtre à comprendre ce que l'on vous raconte et tentez tant bien que mal d'y faire sens, rien ne semble vous paraître normal. Il y avait encore quelques heures en arrière, vous étiez assis dans un wagon roulant à vive allure et vous retournant l'estomac et maintenant, vous êtes là, entouré de gens qui vous observent et attendent une quelconque réaction de votre part, comme si le reste de la soirée allait en dépendre. À dire vrai, et c'est bien là, la seule chose que vous ayez comprit depuis le début de la nuit, ce que vous dites ou bien ce que vous faites, déterminent indéniablement le sort qui vous attend. Vous ne savez pas trop s'ils comptent oui ou non vous relâcher, même si, après avoir les avoir entendus discuter entre eux, vous partirez plutôt sur un non. D'ailleurs, jamais encore vous n'aviez entendu parler d'employés de parcs d'attractions qui séquestrent les gens... À moins bien sûr de regarder l'une de ces séries télévisées. Habituellement, ce sont les premiers à s'empresser de vous mettre à la porte et sur ce point-là, vous les rejoignez un petit peu. Le monde a tendance à oublier que ces gens, bien qu'inexistants et complètement fondus dans le décor, ont une vie en dehors de tout ceci.
Sauf si, bien sûr, vous avez la (mal) chance incroyable de tomber sur le seul groupe d'employés qui visiblement n'a aucune vie. Dans le sens propre et littéral du terme. Ils n'étaient déjà pas très avenants et maintenant, ils prétendent être des sortes de... De quoi ? De fantômes ?
Vraiment, jouer un rôle, ça vous monte à la tête un petit peu trop facilement, ne trouvez-vous pas ? Ont-ils oublié qu'ils n'étaient rien de plus que des gens normaux ? Vivant une vie normale, quasi banale ?
Peut-être que certains d'entre eux ont une famille.
Peut-être que certains sont seuls, mais qu'un chat grassouillet et poilu les attendent à la maison. A moins que ce ne soit un lapin rongeur de câbles électriques ?
Alors comment peuvent-ils en être arrivés là ?
— Donc si je comprends bien, depuis que vous avez tous signé votre contrat, vous êtes... coincés ici ?
— C'est faire un énorme raccourci et c'est beaucoup plus compliqué que ça, mais c'est l'idée !
— Est-ce que vous essayez de me vendre ça comme quelque chose d'inhabituel ? ressortez-vous de façon sarcastique en les regardant vous observer, Du style grande métaphore pour me dire que vous êtes coincés dans une entreprise après la signature de votre contrat travail ?
— Encore une fois, je vous tue à me dire que ce type ne nous sert à rien. Il ne nous crois pas, peste Robin en se détournant du reste du groupe.
— Peut-être que ça serait un petit peu plus simple si on lui montrait tout simplement, fit Anthéa à son tour.
— Cela implique-t-il que je continue à vous suivre dans de sombre recoin ? Parce qu'honnêtement, j'ai ma tasse des endroits reculés.
— Oh, on va pas aller bien loin. Viens !
Encore une fois, vous vous retrouvez embarqué contre votre gré, mais vous voulez bien essayer. Cela ne coûte rien, même si vous préféreriez mille fois être chez vous à cette heure indécente plutôt que de suivre un petit groupe de cinq ou six individus ne cachant aucunement leur volonté d'avoir votre tête.
Sortant du bâtiment gris et humide dans lequel vous vous trouviez, le groupe marche à peine deux minutes et s'arrête devant les rails d'un chemin de fer.
Oui, un chemin de fer. Juste là, devant vous. Il a l'air de passer par une sorte de forêt dont vous peinez à distinguer l'orée avec toute cette obscurité.
— Regarde bien ! Ouvre grands tes yeux !
Anthéa s'approche alors du rail, tends la main comme si elle s'apprêtait à franchir une sorte de mur invisible.
— Et c'est là que la vraie magique commence.
Etrangement, elle semblait être la seule pleine d'enthousiasme dans le groupe. La légende était donc vraie : dans chaque entreprise, il y a une sorte de bout-en-train. Un petit rayon de soleil. Une personne qui, contrairement à ses pairs, respirait la bonne humeur et qui était profondément gentille.
Faisant un pas en avant, vous voyez la moitié de son membre disparaître dans l'air.
— Et c'est ainsi que l'on participe à la magie, ici !
Vue les têtes figées, blasées et à peine consternées, que vous voyez, vous comprenez que cela est un élément de routine et que tous l'avait certainement fait plus d'une fois pour que ce tour ne les surprennent plus. Ils étaient là, alors que la moitié du bras d'une de leur collègue venait de disparaître d'un claquement de doigt et ils ne font rien. Rien, si ce n'est vous regarder. Encore. Vous savez qu'ils attendaient une réaction de votre part, mais mise à part une sorte de clignements incessants des paupières...
— C'est...
— Ridicule ? Surprenant ? Irréaliste ? Fantastique ? Fou ? Incompréhensible ? Bizarre ? enchaîna Jules, Croyez-moi j'ai pleins d'autres adjectifs pour décrire ce phénomène car on est tous passés par là.
Qu'est-ce que c'était censé vouloir dire ? Qu'un beau matin, ils ont enfilés leur plus beau costume afin de commencer leur journée comme n'importe quelle autre personne le ferait et que depuis aucun d'eux n'a jamais pu repartir sans faire un tel constat ?
— Le chemin de fer délimite notre zone de transition... Ironique pour quelqu'un qui fait tourner une attraction couverte de lignes au sol, n'est-ce pas ? répliqua Robin.
Si vos souvenirs sont bons, le chemin de fer fait véritablement le tour du parc, ce qui veut dire qu'ils sont...
— Vous êtes bloqués ici ? criez-vous comme si vous réalisiez enfin l'ampleur de la chose.
— On se tue, sans jeu de mot, à vous le dire !
Ah. Voilà qui était problématique.
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