🎠CHAPITRE 13🎠

Il arrive que parfois, lors d'un moment impromptu, on puisse se demander où se trouve notre place dans le monde et la réponse n'est très certainement pas... assis dans une petite salle de réunion, sur un pauvre banc d'écolier. Honnêtement, vous ne savez même pas ce que vous fichez ici et pour en rajouter une couche, vous ne comprenez pas non plus ce qu'il s'est passé, mais vous les avez suivis, discrètement. Silencieusement, en fait. Le petit groupe d'employés est là, dehors, dans le couloir, derrière cette porte fermée. Il y a tout d'abord des chuchotements inaudibles, puis des rires et enfin un calme plat. Vous connaissez le dicton, n'est-ce pas ? Ne dit-on pas « le calme avant la tempête » ? Alors quoi ? Que vous préparent-ils encore ? D'autres menaces ridicules et toutes plus ou moins horribles ? D'abord, vous ne deviez pas rester et maintenant, vous ne pouvez plus les quitter... C'est à ne rien y comprendre.

Néanmoins, vous comprenez que cette réunion improvisée digne d'un débriefing quasi militaire ne peut signifier qu'une chose : ils se sont mis d'accord sur ce qu'ils vont faire de vous.

Vous chasser.

Vous tuer.

Vous séquestrer.

Les choix sont multiples et, vu les grands sourires narquois et amusés que vous avez aperçus précédemment, cela ne vous étonnerait même plus.

Seul dans la pièce, vous profitez toutefois de leur absence notifiable pour regarder les diverses feuilles et bouts de papiers accrochés ici et là. C'est placardé d'informations dont personne ne semble se soucier réellement. Des informations que vous n'êtes probablement pas censé lire et donc obtenir... Des informations de types secrètes et confidentielles, mais dont vous vous délectez de chaque moment, car cela semble être votre petit coup de fouet vers la réalité. Ces feuilles, ces dossiers... Tout ceci vous rappelle que derrière cette porte, il n'y a rien de moins que des humains tentant bêtement de vous terrifier, tels des gamins préparant une mauvaise blague d'Halloween.

Quand la porte s'ouvre brusquement, ils entrent à nouveau et maintenant vous avez face à vous et en pleine lumière un groupe d'individus et qui vous fait curieusement penser à des enfants perdus. Certains visages ne paraissent pas avoir traversé toutes les phases de la puberté, tandis que d'autres affichent dans leurs regards une certaine maturité, comme s'ils avaient vu bien trop d'hivers passer.

— Nous avons décidé...

La voilà. Votre sentence.

Au fond, ça ne vous fait pas penser à cette émission de télé-réalité ?

Le conseil va-t-il vous garder ou vous éliminer de la partie ?

Attention, préparez votre sac à dos et votre flambeau.

— Que vous alliez nous aider.

Soudainement, c'est le blanc. Le blanc le plus total.

Avez-vous seulement fait semblant d'écouter ou avez-vous réellement entendu ce que vous venez d'entendre ?

Les aider ? Eux ? Des employés de manèges ? À faire quoi ? Passer le balai dans la file d'attente, peut-être ?

— Et puis-je savoir à quoi pourrais-je bien vous « aider » ? demandez-vous dubitatif quant à vos capacités.

Ils se regardent tous ensemble, de concert, comme si un doute commun planait encore. Bon sang, que c'est long ! Jamais une soirée n'a paru si interminable... Sauf peut-être ce Nouvel An en 2018...

— Vous allez nous aider à quitter le parc, continua visiblement le dénommé Léon, nouveau porte-parole attitré du groupe.

Cette fois, c'est à votre tour de les regarder avec incompréhension, bizarrerie et un soupçon de moquerie. Quitter le parc ?

— Bah... Franchissez les grilles comme tout le monde.

— Je vous ai dit qu'il se moquerait de nous. On devrait se débarrasser de lui plutôt que d'espérer quoi que ce soit de ce... boulet.

— Robin !

— Hé ! Le boulet, il n'a jamais demandé à être traîné jusqu'ici ! lui lancez-vous à la figure, bien mécontent d'être de nouveau raillé pour un rien.

— Ah non ? Dans ce cas, pourquoi vous vous êtes caché au lieu de partir comme tous les autres ?

C'est vrai. Quand est venu le moment, tout le monde est sorti sans discuter et il n'y a que vous qu'êtes resté, piqué par votre maladive curiosité. Vous vouliez simplement savoir.

Savoir ce qu'il se passe ici le soir.

Savoir ce qu'il s'y fait.

Savoir ce qu'il s'y dit.

Vous n'êtes pas assez naïf pour croire qu'ici tout n'est que magie, paillettes et conte de fées. Non. Vous l'avez même senti à plusieurs reprises. Il y a comme une ombre qui plane. Un poids silencieux. Comme si tous s'étaient mis raccord pour jouer un rôle et attendre, dans la tristesse et la douleur, que le temps passe.

— Moi, je vous le dis, on devrait se débarrasser de lui avant qu'il ne nous créait plus d'ennuis... Mais bon, vous faites bien comme vous voulez. Ne venez juste pas dire que je ne vous ai pas prévenu !

— Je peux savoir pourquoi vous avez une obsession morbide avec ça ? Laissez-moi juste partir et tout ira bien, non ? Je ne dirai rien à personne, vous ne direz rien et on fera comme si tout ceci ne s'était pas passé, d'accord ?

Ah. Ils le font encore. Cet échange de regard silencieux.

— Malheureusement... Ce n'est pas possible. Ou disons plutôt que c'est trop tard. Vous êtes coincés ici... Avec nous ou plutôt... lança Anthéa cherchant définitivement à apporter cette touche de délicatesse qui manquait à l'appel dans l'attendance depuis le début de soirée.

— Comme nous, coupa Jules.

Comment ça coincés

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