- Alors, t'a pas quelque chose à me dire ? J'aide Anar à s'allonger dans l'infirmerie. 

- Quoi ? 

- C'était toi le chat dans la bibliothèque... Attends, alors quand je t'ai fait un bisous c'était... ? 

Il sourit narquoisement. 

- C'était très désagréable. 

Je lève les yeux au ciel et lui met un coup dans l'épaule. 

- Aïe ! T'a pas le droit de me frapper ! 

- Qu'est-ce que tu vas faire ? Me ronronner dessus ? J'hausse un sourcil et il pouffe de rire. 

- Va te coucher. 

Je m'assieds sur le lit d'à côté en baissant la tête. 

- Ça te dérange si je reste avec toi encore un peu ? Même si tu dors. 

Il secoue la tête et s'allonge. 

- De quoi t'a peur Isil ? Il chuchote en regardant le plafond. 

- Dans deux jours, c'est le solstice d'hiver. Je ne sais toujours pas comment vaincre Lucifer. J'ai peur qu'il gagne, que je me retrouve impuissante à regarder le monde bruler. Certes, notre monde actuel n'est pas parfait, mais je pense qu'un monde à son image serait pire. 

Il tourne la tête vers moi et je m'allonge sur le côté en le regardant. 

- Tu sais quoi ? Je crois en toi. Je suis sûr que tu peux le faire si tu arrêtes de douter de toi, de tes pouvoirs. Y'a rien qui t'arrêtes, on l'a vu. Tu n'as jamais eu froid aux yeux dès qu'il fallait te défendre ou envoyer bouler quelqu'un. T'es une sorcière extrêmement badass. Je glousse alors qu'il me lance un sourire réconfortant. On sera tous avec toi pour t'épauler, tu dois le faire mais ça ne veut pas dire que tu dois le faire seule. Je comprends que tu as peur, mais s'il t'attaque c'est qu'il te craint encore plus. 

Il ferme doucement les yeux et je le regarde en souriant. 

***

Je me frotte les yeux alors que quelqu'un me frotte l'épaule. J'ouvre les yeux et regarde l'infirmerie autour de moi, j'ai dû m'endormir hier soir. Je me relève et regarde Anar. Il me regarde fixement et je fronce les sourcils. 

- Isil ? 

- Quoi ? Je demande confuse. J'avais l'impression que quelque chose n'allait pas. 

- Je suis Gabriel. Ses yeux brillent d'une lumière blanche et je recule, tombant presque à la renverse du lit. 

Je me lève et le pointe du doigt. 

- Où est Anar ?! Pourquoi vous avez son apparence ?!

- Disons que je lui emprunte son corps pour un moment. Ne t'en fais pas, il dort. Je suis Gabriel, un ange et le frère de Lucifer. 

J'ouvre grand les yeux et une boule de feu se forme dans ma main. 

- Oh non. Je suis là pour te montrer comment le renvoyer en enfer. 

- Et comment je peux savoir si je peux vous faire confiance ?! 

- Parce que c'est un ange, ils ne peuvent pas mentir. Je me retourne vers mon père. Bienvenue Gabriel. 

- Ravi de vous revoir Isildur. 

- On va aller dans la tour d'astronomie. On suit mon père alors que je regarde l'ange de travers. 

Mon vieux fait apparaître le livre sur l'histoire de la magie que j'avais lu sur l'ordre de Dagnir. 

- Tu te souviens de cette histoire ? Gabriel va te donner plus de détails. Il se penche à mon oreille. Fait lui confiance. 

Il me donne le bouquin et nous laisse seul. Gabriel me sourit. 

- Tu connais l'histoire d'Aelis. Mais tu ne connais sûrement pas celle de Lucifer. 

- C'est un ange déchu. 

Il fronce les sourcils. 

- J'ai été dans un collège Catho. 

- Oui, il a été banni en enfer. Il a profité de l'âme de l'enfant d'Aelis qui revenait dans votre monde pour s'en extirper. Il a prit possession du fils d'Aelis et une fois assez vieux, il est partit en commençant à comploter. 

- Mais pourquoi vous ne l'arrêtez pas ? 

- Je ne peux pas me battre contre mon frère. Nos pouvoirs ne peuvent pas nous permettre de nous entretuer ni de nous bannir d'un royaume. Tu as été bénie de ces pouvoirs et tu peux le renvoyer en enfer pour l'éternité. 

Je pose le bouquin sur une table et l'ouvre à la page sur les pouvoirs. 

- Invoquer le feu des enfers, c'est ça ? 

Il hoche la tête. 

- C'est dangereux ? 

Il plisse les lèvres et détourne le regard. 

- Oui, ça peut te tuer si tu n'est pas assez forte. Et par forte je veux dire, s'il arrive à t'atteindre, si tu doutes, si tu abandonne. Il faut que tu sois prête à le faire jusqu'au bout. 

- Et comment je sais si je suis prête ? C'est demain ! 

Je pose mes mains à plat sur la table pour les empêcher de trembler. Il s'approche de moi et me lance un regard perçant. 

- Tu le sais au fond de toi. Ne laisse pas la peur t'empêcher de faire quelque chose. Au contraire utilise là. 

Je le regarde tristement, doutant. 

- Ce n'est pas parce que tu as fait des erreurs que tu es une mauvaise personne. Que tu es comme lui. Je te regarde et tout ce que je vois c'est une jeune femme qui s'est perdue en chemin et qui maintenant sait pourquoi elle existe. Une jeune femme à l'âme pure et toujours prête à faire rire les autres. Une jeune femme qui n'a jugé quelqu'un que de par ses actes. Une jeune femme qui sait se faire respecter et qui sait ce qu'elle vaut. Tu as enfin trouvé ta voie. 

Je baisse la tête et la relève vers lui alors que mes yeux brillent d'une lueur orange. 

- Comment je fais ? Je demande déterminée. 

Il sourit. 

- Je vais te montrer. 

Je lui fais face et il place ses mains de chaque côté de ma tête et je commence à voir des choses. Des flashs d'un monde détruit, en cendres. Aredhel qui parle, mais sans aucun son ne sortant de ses cordes vocales. D'autres sorcières faisant un rituel. Aelis et son enfant qui retrouve la vie. Un endroit sombre entouré par les flammes. Le feu brulant les villes et la nature. Des nuages atomiques. Mes amis, ma famille et les gens tout autour de la planète. Des démons aux créatures venant du plus profond des enfers. Puis moi, déterminée, mes yeux illuminant le noir autour de moi, je n'avais pas l'air d'avoir peur, j'avais même l'air plutôt confiante. 

Je reviens à moi même assimilant les informations et Gabriel me sourit. 

- Tu as maintenant toutes les réponses à tes questions Isil Jordan. Oh, et je vais guérir entièrement la main de ton ami. Il lève le bras droit. Il le mérite après tout. 

- Merci. 

- N'oublie pas que l'on voit tout là-haut. Nous sommes avec toi. 

Il ferme les yeux et une vive lumière m'aveugle, je plisse les yeux et Anar ouvre les yeux de nouveau, un peu déphasé. 

- Isil ? Qu'est-ce qu'on fait ici ? 

Il s'appuie sur la table et regarde sa main, il enlève le bandage et me regarde choqué. 

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? 

Je lui lance un sourire réconfortant. 

- Viens, on va manger un truc et je vais tout te raconter.