chapitre 4
Ces derniers jours sont passés à une vitesse folle. À tel point que j'ai l'impression que la remise des diplômes était hier. Il va falloir que je prenne mon courage à deux mains pour pouvoir rentrer dans l'avion qui m'attend de l'autre côté de l'aéroport.
Axel m'a descendu ma valise pendant que Tyler, lui, regarde fixement l'aéroport comme s'il voulait le faire brûler d'un moment à l'autre. Tandis que mon père m'a déjà prise dans ses bras cinq fois depuis que nous sommes descendus de la voiture.
— Tu nous envoies un message dès que tu entres dans l'avion, m'ordonne mon père qui commence à ne pas être serein à l'idée de me faire prendre l'avion seule.
Ce n'est pas la première fois que je voyage toute seule pourtant, mais d'habitude cela ne dure pas très longtemps, deux semaines maximums.
— On va t'accompagner jusqu'à l'enregistrement des valises avec Axel, me dit mon frère en commençant à marcher.
C'est vrai que je ne suis pas très en avance. Je prends dans mes bras une nouvelle fois mon père. Il a les larmes aux yeux, ce n'est jamais plaisant de voir son père pleurer, mais de savoir que je ne vais pas le revoir avant un certain temps me fait encore plus de mal.
Après un au revoir interminable avec mon père, je finis par me détacher de son étreinte et par suivre mes frères vers l'entrée de l'aéroport de Los Angeles. Cet aéroport est gigantesque, mais je commence à me familiariser avec lui.
Nous entrons tous les trois dans un silence complet, ce qui me tracasse encore plus, mes frères sont les premiers à toujours parler juste pour qu'il n'y ait aucun blanc dans une conversation, tout comme moi d'ailleurs.
— Vous me faites peur à ne pas parler, je leur dis en rigolant.
— J'avoue, ce n'est pas dans nos habitudes, déclare Axel en rigolant lui aussi.
— De toute façon, ça va nous faire des vacances de ne pas devoir te surveiller, s'exclame Tyler pour me lancer un petit pique.
Je souris faiblement. Ils vont me manquer malgré toutes nos embrouilles ridicules.
— Voila ! Là, je vous retrouve, je leur dis en souriant.
Nous continuons de parler tout en marchant vers l'enregistrement des bagages. J'ai décidé de mettre ma valise en soute pour ne pas avoir besoin de m'occuper d'elle et éviter de l'oublier dans l'avion par inadvertance.
Nous ralentissons tous les trois le pas lorsque le comptoir ne se trouve plus qu'à quelques mètres devant nous. Retarder les au revoir, voilà notre but.
— Tu vas nous manquer Malia, commence Axel en me prenant dans ses bras.
— Je confirme que ta petite tête va nous manquer, continue Ty en souriant gentiment.
— Vous aussi vous allez me manquer ! je m'exclame avec les larmes aux yeux.
C'est compliquer les au revoir entre nous, nous n'avons pas beaucoup été séparé depuis la mort de maman, donc devoir se séparer aussi longtemps devient plus difficile que ce que l'on pensait.
— Je suis la femme de votre vie, ne l'oubliez pas, je déclare en continuant de les faire rire.
— Comment l'oublier ?! sourit Tyler en levant les yeux au ciel.
— Qui peut te concurrencer même ? ajoute Axel.
Voilà, je préfère ça. Garder une image d'eux en train de sourire avant mon départ est mille fois mieux que de les voir les larmes aux yeux.
— Profite bien de ta vie d'étudiante, tu nous envoies des photos, me disent-ils lorsque je m'éloigne après leur avoir fait un câlin à chacun d'entre eux.
J'ai passé environ dix minutes à chercher dans mon sac mon passeport et ma carte d'embarquement pour le tendre à la femme qui se trouve devant moi. Je la vois me regarder de la tête au pied, sûrement pour voir si je ressemble à la photo de mon passeport. Ce genre de situation me met toujours mal à l'aise.
J'observe ma valise avancer sur le tapis roulant pour pouvoir arriver dans la soute de l'avion, l'hôtesse me rend mes papiers pour que je puisse continuer à tenter de me repérer dans cet aéroport international. J'ai la chance de le connaître un minimum pour pouvoir trouver la douane facilement, sincèrement, je n'aimerais pas me retrouver en tant qu'étranger dans l'aéroport de Los Angeles. Je n'imagine même pas la difficulté de se repérer dans l'aéroport de Dubaï qui est connu pour être le plus grand du monde.
Pour une fois, la douane a été rapide, tandis que je déambule dans l'aéroport à la recherche du MacDo, j'en profite pour regarder les panneaux d'affichage et repérer ma salle d'embarquement pour pouvoir être en avance. Je manque l'arrêt cardiaque lorsqu'à côté du vol les mots « vol avancé » sont affichés. Je croyais cette situation impossible. J'attrape mon téléphone qui n'arrête pas de vibrer dans ma poche depuis environ cinq minutes. Tyler.
— Malia, ce n'est pas trop tôt ! me crie-t-il dans les oreilles.
— Ty, j'ai un problème.
— Oui, c'est pour ça que je t'appelle, on a réservé ton billet d'avion avec mon adresse mail.
Je me repasse la scène et nous revois dans ma chambre en réservant ce billet. Effectivement, je me souviens lui avoir dit de mettre la sienne, car je ne vérifie jamais les miens.
— Oh non ! Tu as reçu le mail il y a combien de temps ? je m'exclame en paniquant.
— Ce matin, chuchote-t-il car il sait que je vais l'engueuler.
— Tyler sérieux ! On aurait mieux fait de mettre mon adresse mail finalement.
Il ronchonne et m'explique les raisons de ce changement d'horaire. Une tempête serait apparemment prévue en fin d'après-midi, ici à Los Angeles. Beaucoup de vols ont été annulé, je m'estime heureuse que mon vol ne soit pas l'un d'entre eux, mais ça ne m'arrange pas pour autant qu'il soit avancé. Ma porte d'embarquement est à l'opposé d'où je me trouve. Je souffle au téléphone et finis par sursauter lorsque mon frère me hurle dans les oreilles.
— Bouge-toi Malia !
— Tu m'aurais prévenu plus tôt, je n'aurais même pas besoin de courir !
J'essaye de sourire aux gens qui m'observent bizarrement. C'est vrai que je devrais parler moins fort lorsque je suis dans des endroits publics.
— Arrête de parler et dépêche-toi.
Qu'est-ce qu'il m'énerve quand il est comme ça. Je soupire une nouvelle fois pour lui faire comprendre que je suis assez énervé comme ça sans avoir besoin de l'entendre me donner des ordres.
— Je te jure Ty, je vais raccrocher. C'est de ta faute pas de la mienne.
Après avoir bousculé une nouvelle fois un enfant qui courrait en travers de mon chemin, je finis par apercevoir ma salle d'embarquement.
— Malia ?
— Quoi ? je lui réponds d'un ton agacé.
— Je ne sais pas, tu ne me réponds plus, tu as trouvé ?
Sa voix s'est apaisée, il a compris que la manière dont il m'a parlé ne m'a pas plu. C'est compréhensible.
— Oui, je suis devant, la porte est encore ouverte, mais il n'y a plus personne.
Il me dit d'y aller et me souhaite un bon voyage avant de raccrocher. Axel m'a demandé de les appeler dès que j'arrive là-bas. Je pense que même si j'oublie, ils ne manqueront pas d'y penser à ma place.
Le vol est passé tellement lentement que j'ai l'impression d'y avoir passé la journée. Les cinq heures m'ont paru une éternité, j'ai réussi à m'endormir environ une heure par miracle, car j'ai du mal à dormir dans les vols en pleine journée d'habitude. Heureusement que la télé était là, ainsi que mon ordinateur où j'ai dû passé la moitié de mon temps à écrire et décrire mes aventures pour le début de cet été qui s'annonce charger en émotion.
À la sortie de l'avion, la foule de gens présent dans cet aéroport est étouffante. Je réussis à me frayer un passage et à regarder sur les panneaux où me diriger pour pouvoir récupérer ma valise. Ce moment est toujours stressant, la peur que notre valise ait été envoyé dans un vol complètement différent. Ce scénario est déjà arrivé à mon père, il a mis plus d'une semaine avant de récupérer sa valise qui était arrivée en Chine.
Je ne mets pas longtemps à repérer la mienne qui déambule sur le tapis roulant à une vitesse où il m'est facile de l'attraper. Je souris fière de moi et décide de me diriger vers la sortie pour trouver un taxi qui pourrait m'emmener à mon appartement.
J'ai à peine allumé mon téléphone que je vois environ vingt messages s'afficher dont plusieurs appels manqués. Tous de ma famille bizarrement. Je lève les yeux au ciel et réponds au cinquantième appel d'Axel qui s'affiche à nouveau sur mon téléphone.
— Malia ? Ça va, le vol s'est bien passé ?
— Dix appels manqués sérieusement les gars ?
— On s'inquiétait grosse folle, m'engueule mon frère derrière son téléphone.
— Je gère. Je viens de récupérer ma valise et il faut que je trouve un taxi, je leur explique gentiment tout en cherchant du regard un taxi qui pourrait me prendre.
Tout le monde est agglutiné à la sortie, j'ai du mal à entendre ce que mon frère me crie dans les oreilles. Je tente de me frayer un passage jusqu'au parking des taxis en jouant des coudes.
— Au pire Malia, tu nous rappelles une fois que tu es à l'appart.
— Oui, c'est ce que je comptais faire à la base, mais vous avez décidé de me harceler de messages et d'appels.
Je l'entends ronchonner et après m'avoir souhaité bonne chance pour trouver un taxi, il raccroche.
J'arrive enfin devant une grande résidence moderne se trouvant juste en face de la plage. J'avoue être fière de l'appartement que j'ai trouvé. Dès que j'ai reçu ma lettre d'admission à l'université, j'ai commencé les recherches. J'ai visité beaucoup d'appartements en visio avec les propriétaires, mais aucun n'arrivait à la hauteur de celui-ci. Il se situe à deux minutes de mon nouveau travail, le balcon m'offre une vue directe sur la mer, et il y a deux chambres toutes les deux munis d'une salle de bain. Je ne pouvais pas rêver mieux.
Le chauffeur m'aide à sortir ma valise et à la monter au troisième étage. Heureusement que ce n'était pas plus haut, car la situation était assez gênante comme ça. Il ne m'a pas adressé un mot depuis le début du trajet, je n'en tiens pas rigueur, car il est sûrement timide.
Le propriétaire de l'appartement m'a envoyé les clés et tous les papiers à Los Angeles il y a une semaine pour que je n'aie rien à faire en arrivant. Je n'ai plus qu'à vidé ma valise et attendre le camion de déménagement qui devrait arriver dans une heure.
L'appartement est le même que lors de la visite en virtuel, je suis tombé amoureuse du style moderne de la résidence. Je choisis la plus grande des deux chambres juste à côté du salon et commence à m'installer. Je n'ose pas décharger ma valise trop vite, car les propriétaires m'ont dit qu'ils passeraient pour voir si je suis bien installé et m'expliquer quelques petites choses concernant l'appartement.
Ne sachant pas quoi faire en attendant Mr et Mme Smith, je décide d'appeler Axel avant qu'il ne me harcèle d'appel. Il décroche à la première sonnerie.
— Alors cet appartement ? Il est comme tu le voulais ? me demande-t-il directement.
— Salut Axel, oui je suis bien installé, j'ai trouvé facilement et le trajet en taxi c'est bien passé.
J'entends son rire jaune dans mon oreille et je rigole à mon tour.
— Sinon pour répondre, oui, il est incroyable, je l'adore ! je m'exclame en contemplant ma chambre.
— Il te faisait rêver cet appart !
Je me rappelle la scène où les propriétaires m'ont annoncé que l'appartement m'avait été attribué. Axel et Ty étaient avec moi, j'ai cru me mettre à pleurer.
— Je n'en reviens pas que c'est moi qui l'ai eu vu le nombre de personnes qui le voulait.
C'est vrai qu'il était énormément consulté et je n'étais sûrement pas la première à le vouloir et à faire une offre aussi élevée. J'étais prête à payer plus cher que le prix fixé pour l'obtenir.
— Ils ont vu ta détermination !
Nous continuons de parler de nos vies lorsque je sursaute en entendant la sonnerie de la porte d'entrée retentir dans tout l'appartement. J'ai tout de suite fini l'appel avec mon frère et ai affiché mon meilleur sourire en ouvrant la porte. Le couple se tenant devant moi était tellement beau que j'ai cru manquer d'air et le stress m'a envahi rapidement.
— Bonjour Malia, tu t'es bien installé ? me demande la femme en entrant avec un sourire sur les lèvres.
— Oui, je me suis permis de ranger ma valise en attendant que mon camion de déménagement arrive, dis-je la voix tremblante.
— Nous pourrons t'aider à décharger si tu le souhaites, me propose l'homme vêtu d'une chemise blanche.
Ils sont adorables. Plus je discute avec eux, plus le stress présent commence à se dissiper et à laisser place à l'excitation.
— Non, je ne vais pas vous déranger ne vous en faite pas.
Ils me sourient et commencent à m'expliquer certaines choses que je dois savoir pour éviter de faire brûler l'appartement. Ils me montrent comment utiliser le conteur électrique ainsi que le four et la plaque de cuisson extrêmement moderne.
— Je crois que l'on t'a tout montré, dit la jeune femme en se tournant vers moi.
— Tu n'hésites pas à nous appeler si tu as le moindre problème, nous serons disponibles, me rassure Mr Smith gentiment.
— Merci beaucoup !
Je ne sais pas quoi dire de plus à part les remercier et attendre qu'ils disent ou fassent quelque chose pour que je n'aie pas à rester planté là devant eux la voix encore tremblante.
— De toute façon, je crois que tu travailles au même endroit que notre fils cet été, tu lui demanderas si jamais tu n'arrives pas à nous joindre.
Je la regarde intriguée parce qu'elle vient de me dire. Je me rappelle lui avoir dit que je travaillais en tant que monitrice de surf pour argumenter mon désir envers cet appartement. Ce serait très marrant que leur fils travaille au même endroit que moi, mais surtout très pratique si j'ai besoin de quelque chose urgemment. J'espère que l'on s'entendra bien.
Je les remercie une nouvelle fois pour leur accueil si chaleureux et les laisse traverser le seuil de la porte pour pouvoir la refermer. J'ai l'impression d'avoir été en apnée durant toute la courte visite qu'ils m'ont fait. En regardant l'heure, je me rends compte que la visite n'a pas été si courte que ça, le camion devrait arriver d'un moment à l'autre.
Par miracle, le conducteur du camion n'était pas comme celui du Uber, il m'a aidé à décharger et m'a posé un nombre incalculable de questions sur ma vie et sur pourquoi je suis venu ici pour mes études. Je n'ai évidemment pas parlé de ma mère, j'ai trouvé une excuse assez vague pour que ce soit crédible.
Je me retrouve à présent seule dans mon appartement avec un nombre incalculable de carton éparpillé un petit peu partout, mais au lieu de les défaire, je préfère rester sur Instagram à pister les gens et regarder ce qu'ils font de leur vie.
Je ne réalise pas vraiment que je suis seule à Miami, depuis mon arrivé, je n'ai pas arrêté de faire des choses donc je n'ai pas eu le temps d'y penser, et c'était mieux comme ça sinon la culpabilité va remonter à la surface. Mon nouveau travail commence dans deux jours, j'ai le temps de bien m'installer et de visiter la ville avant de rentrer dans un été mouvementé. Après tout, nous ne sommes que fin juin, j'ai encore deux mois entiers pour m'amuser et profité de cette nouvelle vie qui s'offre à moi. Je vais réaliser mon rêve de fêter mon anniversaire à Miami. Maman aurait été tellement heureuse pour moi et je sais qu'elle veille sur moi tous les jours et à chaque instant. Elle adorait cette ville et lorsqu'elle m'a appris à surfer, elle m'a toujours répété que Miami était un endroit magnifique pour surfer. C'est ici qu'elle a appris et que sa passion est née. J'aimerais qu'elle soit là avec moi.
Je décide d'aller courir un petit peu pour trouver quelques endroits pour me promener si je n'ai rien à faire de plus que d'être dans mon appartement à regarder mon téléphone. La mer est agitée pour une baignade, mais parfaite pour surfer, les vagues sont grandes et elles se cassent assez tardivement, c'est ce dont tout les surfeurs rêvent. Je trouve ça apaisant de regarder la mer, avec le coucher du soleil derrière et quelques étoiles qui commence à apparaitre au loin. Je n'en reviens pas que cette plage, qui se tient devant moi est celle de Miami et non celles dont j'ai l'habitude à Los Angeles. C'est impressionnant de réaliser son rêve, je n'ai plus qu'à espérer que cet été se passe bien, je n'ai pas envie de me prendre la tête, je préfère profiter de mon été dans la ville de mes rêves.
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