Chapitre 3
Il nous a fallu deux jours entiers pour compléter mes cartons et pouvoir être satisfait et certains de ne rien avoir oublié. Je ne pourrais pas revenir si jamais j'oublie quelque chose. Tyler me l'a répété une centaine de fois.
Pour la première fois, j'ai réussi à m'organiser et à faire certains cartons pour mes habits, d'autres pour mes produits de beauté ou encore quelques-uns pour la déco de ma chambre que je voudrais emmener dans mon nouvel appartement. Je n'ai pas emmené de vaisselle, car normalement il est muni de tout ce qu'il faut pour la cuisine.
Le camion de déménagement est parti hier matin pour pouvoir arriver en même temps que moi à l'appartement. C'est le grand jour et je dois avouer que je n'ai pas envie de partir et de quitter cette ville.
Je m'assois sur mon lit pour pouvoir regarder ma chambre vidée, il ne reste que mon lit sans housse de couette ainsi que quelques meubles et décorations pour lorsque je reviendrais. Ma valise n'est toujours pas fermée et m'attend sagement par terre. Il me reste encore quelques heures avant de devoir partir à l'aéroport, je ne la fermerais qu'au dernier moment pour ne pas avoir à faire mes adieux plus tôt que prévu.
— Alors l'étudiante, prête pour le grand départ ? s'exclame mon frère en entrant dans ma chambre sans frapper comme à son habitude.
— Je ne sais pas Axel, ça a été dur pour toi d'aller vivre à San Francisco ? je lui demande en prenant un coussin sur mes genoux.
— C'est toujours dur de partir, mais franchement si tu veux mon avis, on s'adapte vite et puis tu es sociable, je ne m'inquiète pas pour toi.
Je le regarde avec un sourire flottant sur les lèvres. Bizarrement, je n'arrive pas à être aussi sereine que lui.
Je le prends dans mes bras et nous décidons de descendre voir notre père. Tyler est parti à la salle de sport, il y a déjà une heure ou deux, il devrait revenir d'un moment à l'autre.
— Regardez là, ma grande fille qui part à Miami, s'exclame mon père en nous voyant entrer dans la cuisine.
Je souris et pose ma tête sur son épaule en regardant ce qu'il prépare à manger.
— Qu'est-ce que tu nous prépares de bon papa ? demande Axel en commençant à s'avancer vers la plaque de cuisson.
— Pour le dernier repas de Malia, j'ai décidé de lui faire ces fameuses pâtes bolognaises qu'elle aime tant.
Il me jette un regard bienveillant et je souris après lui avoir fait un bisou sur la joue.
— Tu es une chanceuse toi, on n'a pas eu ça avec Ty, se morfond mon frère.
— C'est ça d'être la petite dernière, je lui souris en lui faisant un clin d'œil.
Il fronce les sourcils, mais ne tient pas longtemps et finit par me rejoindre en souriant.
Je sais qu'il n'a pas vraiment envie que je parte, j'ai toujours été leur petite protégée à Tyler et lui. Ils ont toujours veillé sur moi et me voir partir toute seule en volant de mes propres ailes leur fait peur autant qu'à moi.
Nous nous retournons tous les trois lorsque la porte d'entrée claque. Il est toujours obligé de faire des entrées théâtrales et exagérées ce n'est pas croyable.
— Ça sent bon ici ! Qu'est-ce que vous faites de beau ?
— Devine ce que papa a décidé de faire pour Malia ? lui répond Axel en me dévisageant.
Après avoir raconté la situation à Tyler tout en extrapolant l'histoire, Ty se met à me dévisager à son tour. Je me faufile à côté de mon père qui se retourne vers mes frères avant de leur dire :
— Ne faites pas les jaloux, il fallait naître en dernier, s'exclame mon père en rigolant.
Je rigole à mon tour en lançant des regards joueurs à mes frères qui se tiennent debout l'un à côté de l'autre.
Après m'avoir lancé un regard noir, Tyler s'élance pour m'attraper tandis que je cours autour du plan de travail.
— Viens là que je te jette dans la piscine une dernière fois ! rigole-t-il en continuant à courir.
— Même pas en rêve !
Je me fais piéger lorsqu'Axel me surprend en m'attrapant les jambes pour me prendre sur son épaule. Je me débats autant que possible, mais rien à faire, je suis coincé sous ses bras.
— Axel, ce n'est pas marrant ! Lâche-moi sinon je détruis ta planche de surf.
Il ne peut pas me garder en lévitation après cette menace, sa planche de surf signifie sa vie entière pour lui. Nous sommes tous les trois comme ça, mais c'est vrai qu'Axel est particulièrement très attaché à la sienne. C'est une des seules choses qui peut l'énerver à un tel point qu'il ne vaut mieux pas lui parler.
— Tu n'oserais pas, me dit-il après s'être arrêté toujours en me portant.
— Oh que si ! je proclame sûr de moi.
Je ne le ferais jamais, je tiens trop à ma vie pour ça.
— Axel, si tu la laisses partir, c'est toi que je balance dans la piscine, déclare Tyler derrière nous.
Après avoir continué à me porter de cette manière pendant une dizaine de minutes qui m'ont paru une éternité, Axel a fini par me poser avant de se faire courser par Tyler.
Je ris face à la scène qui se trouve devant mes yeux avant de rejoindre mon père dans la cuisine qui a arrêté de regarder depuis le moment où nous avons passé la baie vitrée.
— Je ne sais plus quoi faire de vous, me dit-il désespéré de voir les enfants hyperactifs qu'il a éduqués.
Il rit gentiment avant de se retourner vers moi.
— Tu vas nous manquer ma puce.
Axel et Ty ont décidé de rester là tout l'été autant qu'ils le peuvent pour ne pas laisser mon père seul. J'espère qu'ils vont lui changer les idées et l'aider à aller mieux malgré le fait qu'il fasse semblant devant nous.
— Vous allez me manquer aussi, mais je vous appellerai autant que possible, je tente de le rassurer en sachant très bien que ce n'est pas une seule phrase qui va le réconforter.
Mon père me sourit et je lui rends ce sourire triste avant de le prendre dans mes bras. Je sais qu'il va s'en sortir, il a toujours été très apprécié par tout le monde et tous ses amis prennent de ses nouvelles régulièrement, c'est ce qui me rassure lorsque je culpabilise de le laisser là. J'aurais très bien pu aller à UCLA, plutôt que de partir à l'autre bout du pays. J'en ai parlé longuement avec lui et je sais que si je n'étais pas allé dans cette université que maman et moi aimions tant, il m'aurait inscrit sans me demander mon avis.
Je commence à mettre la table lorsque je sens quelqu'un m'attraper par la taille. Tyler.
— J'ai des verres dans les mains Tyler ! Tu veux vraiment que je fasse tout tomber ? je crie en me redressant droite comme un piquet.
— J'avais oublié ta maladresse, excuse-moi, rigole-t-il alors que je lui jette un regard noir.
— Aide-moi au lieu de te moquer !
Il regarde mon père et tente de s'éclipser sans être vu. Loupé.
— Tyler Evans, tu reviens tout de suite aider ta sœur ! le réprimande mon père ce qui fait grogner mon frère.
Je lâche un petit rire qui me vaut un coup de pied lorsqu'il passe à côté de moi.
— Que puis-je faire pour t'aider petite sœur ? me demande-t-il avec un ton tellement moqueur que je manque de lui dire de retourner dans sa chambre.
Je ne veux juste pas lui faire ce plaisir et lui indique le tiroir des couverts d'un signe de la tête qu'il comprend facilement. Il ronchonne en traînant des pieds pour y aller.
Je m'assois sur une chaise haute le long du plan de travail et le regarde mettre les couverts un par un. J'ai toujours détesté cette étape pour dresser la table, je la laissais à chaque fois à mes frères ou à ma mère qui le faisait par habitude.
— Va prendre ta douche Ty, c'est insupportable cette odeur ! je grimace en me bouchant le nez.
Il fait mine d'être choqué et se rapproche de moi histoire que je sente bien l'odeur de la sueur imprégner sur son corps.
— J'arrive à te sentir d'ici, déclare Axel assis dans le canapé à l'autre bout de la pièce en ricanant.
— N'abuse pas non plus toi là-bas ! grogne mon frère en montant les escaliers.
Même mon père en rigole. Je ne sais pas ce que Tyler a fait à la salle, mais il a dû dépenser tout le peu d'énergie qu'il a.
— Tu nous appelles pour manger papa, je vais dans ma chambre, je lui dis en montant suivis d'Axel qui a décidé de m'accompagner.
Je grimpe sur mon lit et ouvre mon ordinateur tandis qu'Axel se cale contre le mur à mes côtés.
— Il faut que je regarde où se situe mon appartement pour ne pas me perdre une fois que je serais arrivé à Miami, tu m'aides ? je demande à mon frère.
— Tu stress ou je rêve Malia ?
Je le foudroie du regard tout en rigolant nerveusement. C'est vrai que d'habitude je ne stress pas beaucoup contrairement aux gens de mon âge, mais c'est différent lors d'un déménagement.
— Passe-moi ton ordi, me dit-il tout en l'attrapant sans attendre ma réponse.
— Je t'aurais dit non tu l'aurais tout de même pris, je me trompe ?
Je rigole connaissant déjà la réponse à ma question. Il sourit aussi avant de commencer à taper l'adresse sur Google Maps.
Nous avons passé environ une demi-heure à regarder la route et tous les moyens de transports possibles qui peuvent faire le trajet de l'aéroport jusqu'à mon nouvel appartement. J'ai finalement opté pour le taxi qui est simple et efficace pour ce qui est de court trajet comme celui-ci.
— À table ! cri mon père du bas de l'escalier.
Axel me laisse passer devant lui ce qui attire mon attention. Je comprends vite pourquoi lorsque je manque de m'étaler par terre devant la chambre de Tyler.
— Je ne recommande à personne de vous avoir comme frères sérieusement !
— Tant mieux, car tu es la seule qui nous a, déclare Axel derrière moi en rigolant.
— Comment j'ai fait pour tenir aussi longtemps ?
Sincèrement, c'est une question réelle, je m'épate. Devoir les supporter au quotidien pourrait être considéré comme un sport.
— Rassure-toi, t'avoir comme sœur n'est pas plus facile, annonce Ty en sortant de sa chambre les cheveux encore trempés de la douche qu'il vient de prendre.
Je lève les yeux au ciel et descends les marches tranquillement pour les obligés à rester derrière moi.
Je souris fière de moi lorsque je les entends grogner et vais m'installer à table en face de mon père comme à mon habitude.
Le repas a été mouvementé au niveau émotionnel. J'ai cru me mettre à pleurer lorsque mon père à parler de maman en me disant qu'elle serait tellement fière de moi. Je n'aime pas montrer mes émotions, donc j'ai ravalé mes larmes et je lui ai adressé un petit sourire. Mais je sais pertinemment que Ty et Axel ont vu mes larmes montées. Mon père, lui, n'a pas su les retenir. Les sanglots audibles lorsque je le prenais dans mes bras, m'ont brisé le cœur. C'est dur de voir son papa pleurer surtout pour une cause dont personne ne s'est remis dans cette maison.
Nous avons fini, comme à notre habitude lorsque papa pleure pour maman, par changer de sujet en parlant du petit chien que notre mère voulait absolument adopter alors qu'elle savait que son allergie l'en empêchait. Ce jour-là, j'ai bien cru qu'elle allait le ramener à la maison quitte à rester avec un masque à oxygène toute sa vie. Les souvenirs nous reviennent un par un et le rire a fini par couvrir les larmes.
Après avoir rigolé tous ensemble, mais larmes sont remontés, je me suis interdit de pleurer ici, devant mon père qui est déjà au plus mal. Je me suis dépêché de monter dans ma chambre avant que mes larmes ne commencent à couler. Elle me manque. Je n'aime pas m'étaler sur ce sujet comme aucun de nous, je pense.
— Malia ?
Tyler m'a rejoint dans ma chambre. Je cours dans ses bras, c'est de lui que je suis le plus proche en âge. Il était encore à la maison durant la dernière année de vie de maman.
— Je vais tout annuler Tyler, je lui dis en me jetant dans ses bras.
— Tu es plus forte que ça Malia, papa va s'en sortir, on sera là avec Axel. Tu nous connais, ce n'est pas la bonne humeur qu'il va manquer dans cette maison.
— J'ai peur Ty.
— Je sais Malia, mais tout va bien se passer.
J'essuie mes larmes et recommence à sourire pour ne pas rester trop longtemps à pleurer et à me morfondre. Ce n'est pas mon habitude et je ne préfère pas changer cela. Ne pas montrer mes émotions a toujours été primordial chez moi, personne ne doit percer cette carapace. Je n'ai jamais eu de meilleure amie pour ne pas avoir à me confier justement, les seuls qui y ont droit sont mes frères et mon papa.
— Je n'ai pas les yeux rouges ? je demande à mon frère.
— Souris un peu plus et tu peux descendre.
Il me sourit de toutes ses dents ce qui déclenche mon rire et je me précipite vers l'escalier pour descendre en trottinant comme si tout allait bien. Je me place derrière mon père et lui cache les yeux.
— J'ai une surprise papa !
Tout le monde me regarde intriguer. Je suis fière d'avoir préparé ces deux petites surprises toute seule sans même que mes frères ne soit au courant. Je cours chercher deux petits paquets que j'avais cachés dans un coin en faisant de sorte que personne ne les trouve.
Le sourire de mon père me met du baume au cœur. Tout dans son sourire est communicatif. Il ouvre le premier paquet et découvre un nouveau téléphone. Ce n'est pas l'argent qui lui manque, mais mon père n'a jamais été matérialiste et a toujours préféré garder son vieil Android.
— Les gars t'expliqueront comment t'en servir lorsque je ne serais plus là, mais on pourra s'appeler en Face Time maintenant.
— Face Time ?
Je rigole et lui explique braiement en quoi cette application consiste. Il me remercie en me faisant un énorme câlin et je lui indique le deuxième paquet dans lequel se trouve une petite planche de surf sur lequel nos trois initial sont écrites accompagné de celle de maman.
Les larmes lui montent aux yeux et je les essuie automatiquement.
— Je t'aime ma puce, me chuchote-t-il à l'oreille.
— Moi aussi papa !
— On n'était même pas au courant ? commence Axel en me regardant comme si je l'avais trahi.
Je le regarde en grimaçant.
— C'est bon, elle va partir, elle a déjà arrêté de nous mettre dans les confidences, continue Ty en ronchonnant.
— Bien évidemment, vous voyez vous avez tout compris comme des grands, je me moque.
Mon père rigole lui aussi avant de regarder l'heure et de me dire d'aller préparer ma valise pour que je ne rate pas mon vol.
L'aéroport se trouve à deux mètres de moi. C'est le moment de dire en revoir à ma famille pour démarrer une nouvelle vie dans un nouvel endroit avec de nouvelles personnes.
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