Part 2

ELLE EST LA! 

Je suis désolée, DESOLEE, pour l'attente mais c'était loin d'être simple. D'abord parce que le sujet en lui même me tient à coeur et je ne voulais pas faire n'importe quoi avec. Ensuite parce que l'air de rien, je l'ai commencé au mauvais moment, il s'est ajouté à un nombre de projet important et j'ai eut du mal à me poser pour me consacrer uniquement à lui. 

Il est long. 

Il y a sans doute des longueurs ( et des fautes) et je m'en excuses mais je l'aime. Pour une foi que j'aime ce que j'ai fais :'). Alors j'espère que ça vous plaira, même un peu. 

Je ne vous embêtes pas plus, si ce n'est pour vous dire de jeter un coup d'oeil à la musique qui est une merveille. 

je vous aime. 

Krisus~

Jeon JungKook ne s'est pas mis à boire en revenant de mission. Ce n'est pas non plus lorsqu'il s'est engagé. Non. Il ne pourrait pas dire précisément quand est ce qu'il s'était mis à boire, mais il pouvait vous dire quand est ce qu'il s'était arrêté et quand est ce qu'il avait repris.

Avec Jeon JungKook tout commence et tout finis avec Park Jimin.

S'il était tout à fait honnête, il admettrait que le premier à l'avoir initié à la boisson était son frère ainé. C'était durant sa dernière année de lycée. Il avait été privé de sortie après avoir été convoqué dans le bureau du principal pour s'être battu avec une première année. JungKook avait refusé d'expliquer à ses parents pourquoi il en était venu aux mains et c'était plus pour ça qu'il était puni, ses parents savaient qu'il n'était pas le genre à frapper simplement pour l'adrénaline. Il s'était donc retrouvé enfermé dans sa chambre tandis que son frère avait un joyeux petit rassemblement d'amis dans le salon. Le plus jeune était descendu se chercher un petit quelque chose à grignoter et n'était remonté que pour vider le contenu de son estomac – crackers, coca-cola, bière, vodka mixte et divers gâteau apéritif.

Après ça, il avait été malade comme un chien pendant deux jours et s'était promis de plus jamais avaler une seule goutte d'alcool.

L'ironie de la situation ne lui échappait aujourd'hui encore, allongé sur le sol de son studio minable, fixant le plafond sur lequel dansait les lumières de la vie citadine nocturne, sa cravate lâche autour de son coup, sa veste de costume froissée, sa chemise défaite aux deux premiers boutons et une bouteille de bourbon qui lui avait couté une belle somme et qu'il descendait sans la moindre once de remords.

Dans ces moments-là, il y a toujours plusieurs étapes. Le dégout de soi, parce que c'est tout de même minable de se réfugier dans l'alcool plutôt que de faire face à ses problèmes et essayer de les régler comme n'importe quel adulte responsable.

Vient ensuite l'euphorie que la boisson procure. C'est sans doute l'étape la plus importante, on apprécie le gout de l'alcool qui coule dans notre gorge et on laisse le houblon nous enivrer et engloutir les problèmes, les raisons qui nous pousse à porter le goulot pour la première fois à la bouche.

S'en suit le moment ou on déteste le monde entier, sans distinction réelle. On se trouve toutes les excuses du monde. Tout le monde devient coupable d'un crime qui vous avez-vous-même du mal à identifier. La seule raison pour laquelle vous n'aviez pas encore foutu feu au monde entier c'était bien parce que sans lui vous n'auriez plus la chance de pouvoir vous jeter un petit verre avant de vous écrouler comme le minable que vous êtes dans vos draps.

Après on a les remords et les promesses. On ne voulait pas boire. On ne voulait pas recommencer. On aurait voulu se retenir. On se promet que c'est le dernier verre, demain on démarre une nouvelle vie et on ne mettra plus jamais un pied dans un bar.

Il y avait une dernière étape pour ceux qui avaient plus de kilométrage que les autres. Une petite pensée sarcastique, terrifiante et douloureuse, celle qui nous rappelait de ne pas nous faire de films parce qu'on ne tiendrait pas. Demain on retournera se mettre plus bas que Terre tout simplement pour oublier qu'on n'a pas la moindre volonté.

Et le cycle se répète.

JungKook, de son coté, avait fini par ne plus avoir besoin de toute ses étapes. Il buvait comme tout le monde, pour oublier. Oublier sa colère et sa douleur et leurs origines. Il buvait pour oublier contre qui il était en colère et pourquoi.

Il était en colère contre Kim TaeHyung pour lui avoir présenter Kim Namjoon mais surtout Park Jimin. Pour lui avoir donner le gout des belles choses et ne pas s'être rendu compte que JungKook était bien trop égoïste et stupide pour savoir comment s'occuper de chose aussi délicate. Pour lui avoir révéler la vérité aussi, une vérité avec laquelle JungKook ne pouvait pas vivre mais qu'il voulait désespérément connaître.

Il était en colère contre Kim Namjoon pour être rentrer dans sa vie et l'avoir retourné sans le moindre remord. Pour l'avoir aidé à s'accepter et s'aimer comme il était : timide, un peu trop direct, naïf, terriblement passionné, et surtout gay. Pour l'avoir aidé à se rendre compte de ce qu'il éprouvait réellement. Pour l'avoir couvert. Pour ne lui en avoir jamais voulu.

Il était en colère contre Min Yoongi pour lui avoir fait découvrir qu'il était doué pour quelque chose. Pour l'avoir aidé à se passionner pour quelque chose et donner un sens à sa vie. Pour lui avoir appris à exprimer ses émotions et envies. Pour être toujours prêt à l'écouter même lorsque JungKook était l'être le plus stupidement odieux qui soit. Pour avoir su être là pour Jimin quand JungKook n'arrivait même pas à être là pour lui-même.

Il était en colère contre Jung Hoseok pour croire encore en lui. Pour essayer de l'aider à aller mieux. Pour l'encourager à s'exprimer ce qu'il ressentait au plus profond de lui. Pour essayer de l'aider à se battre contre ses plus vieux démons. Pour être surement encore la seule main tendue lorsqu'il rouvrirait les yeux.

Il était en colère contre Park Jimin pour lui avoir tout donné et pour ne pas lui avoir tout reprit. Pour être avoir quitter sa vie en brisant son cœur sans ramasser les morceaux. Pour lui avoir donner gout à la vie, l'envie de se battre, lui avoir appris à respirer et voir la beauté du monde. Pour être parti en lui laissant tant de bons souvenir sur lesquels pleurer, des souvenirs qui se transformaient lentement en amers regrets.

Il était en colère contre lui-même parce qu'il avait ce talent pour tout gâcher, un talent pour tout détruire et un incroyable talent pour nier, pour se cacher derrière des excuses et éloigner encore plus les gens de lui et se retrouver toujours seul avec lui-même, sa colère et sa bouteille.

Une petite partie de sa colère était dirigé contre Mingyu parce qu'il était parti en le laissant tout seul face aux conséquences. Même si c'était une plus petite partie de son immense colère, c'était sans doute la plus sombre. Une colère sourde, violente, une de celle qui chuchote de mauvaises choses au creux de votre oreille et vous faire de vilaines choses. Ce genre de colère que vous enfouissez le plus possible au fond de votre cœur, mais plus vous l'enfouissez plus elle y grandit, comme un grondement sombre. Le genre de colère qui attend le bon moment pour exploser afin d'être sûr de faire le plus de dégât possible, de détruire le plus possible sur son chemin. Mais chez JungKook, c'était une colère encore plus sombre parce que même si elle explosait un jour et assouvait sa soif de destruction, elle ne serait jamais rassasiée parce que l'objet de celle-ci ne pourrait jamais y faire face.

Il poussa un long soupir en portant une nouvelle fois la bouteille à ses lèvres. Il sentit le liquide envahir sa bouche, déposait un goût amer sur sa langue avant de brûler sa gorge avec une certaine tendresse. Son téléphone vibra pour la huitième fois qu'il était rentré mais il ne cherchait même pas à regarder qui cherchait à le joindre. Qui que ce soit, il abandonnerait d'ici cinq minute, peut être dix s'il était courageux. Une voiture klaxonna dans la rue et il crut percevoir des rires au loin.

La ville avait un effet étrange sur lui. En ébullition permanente, pas une seule seconde de repos, il y avait toujours quelque chose à y faire, toujours quelqu'un à voir ; peu importe où tu te trouves, tu trouveras toujours quelque chose d'ouvert, une lumière, un endroit ou te refugier. En somme, la solitude en ville était un concept, rien de plus. Pourtant JungKook se sentait toujours seul. Il avait beau se trouver au centre d'une foule, perdu dans une mer de visages informes et fermés. Il était en permanence entouré, que ce soit par ses amis, sa famille, ses connaissances, ou bien même de simples inconnus. Ce n'était qu'une fois que le soleil était allé faire son boulot sur l'autre surface du globe qu'il se retrouvait seul réellement. Assit sur son lit dans son studio, il essayait de s'occuper du mieux qu'il pouvait. Il essayait vraiment. Il allumait la télé ou bien la radio, essayer de suivre des chaines YouTube, se chercher des hobbys et diverses façons d'occuper son esprit. Mais rien n'y faisait, il finissait toujours par fixer le vide.

Il ne pensait rien. Il ne cherchait rien. Il ne ressentait rien. Il était juste là, sur le bord de son lit, une émission idiote en bruit de fond, à observer calmement un point imaginaire sur le mur qui lui faisait face.

JungKook en était arrivé à la conclusion suivante : il n'était pas simplement seul. C'était bien au-delà d'une solitude physique ou bien psychologique. Il ne se contentait pas de se sentir seul dans sa tête ou bien de constater qu'il était seul quelque part. Nan c'était un tout autre type de solitude, un genre de solitude qui te donne l'impression que même tes émotions sont seules. Le genre de solitude qui vous vide de votre énergie, le genre qui vous transforme en une simple coquille vide. Il n'était plus que le vecteur de son âme, une enveloppe de chair et de sang qui se contentait de bouger lorsqu'on lui demandait.

Il avait appelé sa solitude Commandant. Parce que c'était elle qui décidait lorsqu'il était en colère – comme présentement – quand il se forçait à rire ou bien qu'il « s'éteignît ». Tout comme c'était son commandant qui lui disait quand agir, quand respirer, quand vivre. Il trouvait qu'il avait beaucoup de chose en commun et il pourrait rire si seulement il avait le droit.

Son téléphone cessait de vibrer.

La voiture démarra.

Les rires s'effacèrent dans la nuit.

Il avala la dernière gorgée de sa bouteille.

On frappa à la porte et JungKook ferma les yeux.

***

Année : 2016

JungKook n'était pas sur des raisons qui l'avaient poussé à venir ici plutôt que de rentrer chez lui et chercher des excuses à servir à ses parents. Mais ses pieds l'avaient naturellement conduit devant la porte du dortoir de Namjoon et Jimin. Le vent froid de l'hiver traversait sa minable petite veste d'uniforme et le faisait tremblait, rendant son corps encore plus sensible que les coups qu'il avait reçu tantôt ne l'avait fait. Il pouvait sentir sa lèvre inférieure pulsait et un joli bleu bien sombre apparaitre sur sa pommette droite.

Il ne faisait pas le fier, dans un sale état, hésitant à frapper à la porte qui lui faisait face pour manifester sa présence.

Beaucoup de chose avait changé depuis son entré en dernière année de lycée. Pour commencer, il s'était grandement rapproché de Kim TaeHyung et sa bande. Ça ne voulait pas dire qu'il n'avait plus d'amis de son âge, au contraire, Yugyeom et lui n'avait jamais été aussi proche qu'à ce jour mais il devait admettre qu'il avait une relation très spéciale avec l'artiste et ses amis.

Il les avait tous rencontrés, passés du temps avec eux, partagés quelque chose de spécial.

Il y avait Kim SeokJin. Un étudiant en architecture d'intérieur, un type d'une beauté absolument incroyable mais avec le sens de l'humour le plus absurdement génial qui soit. JungKook avait toujours beaucoup de mal à ne pas rire à ses jeux de mots. Un soir, alors qu'ils se promenaient tous ensemble dans les rues animées de la ville, SeokJin – un peu éméché – avait commencé à lui à quel style d'architecture chaque immeuble qui les entouraient appartenaient, tout en lui donnant un cours sur l'histoire du style. JungKook se souvenait encore du sérieux qu'il affichait malgré son incapacité à se tenir droit et il avait été impressionné. Sans parler de sa capacité de mémoire même dans ce genre de moment. JungKook avait aussi été particulièrement touché par son attitude envers les plus jeunes : même sous l'emprise totale de l'alcool, il s'assurait qu'ils mangent et boivent suffisamment pour ne pas souffrir des effets de l'alcool, allant même jusqu'à enfoncer les aliments dans leur bouche. JungKook se sentait étrangement en sécurité avec lui, comme s'il était avec son frère ainé. Peut-être en un peu plus détendu puisque SeokJin n'avait aucun intérêt à aller raconter quoi ce soit à ses parents.

Puis il avait aussi passé plus de temps avec Min Yoongi. On ne pouvait pas dire que Yoongi était particulièrement bavard avec lui-même si le lycéen savait parfaitement que son ainé était du genre à avoir la langue bien tendue, surtout lorsqu'il s'agissait de se plaindre. Mais dès que JungKook apparaissait quelque part dans l'image, il devenait soudainement silencieux et se contentait de jeter des regards à droite à gauche sans vraiment prêter attention au plus jeune. TaeHyung avait émis l'hypothèse que Yoongi se sentait en compétition avec le plus jeune, en matière de photographie et JungKook ne comprenait pas pourquoi. Après tout, il s'était mis à la photographie pour ressembler à Min Yoongi. Yoongi était comme un modèle pour lui, il voulait être capable de retranscrire les émotions, les instants de vie pris sur le vif, la percée dans l'intimité des gens sans pour autant être intrusif. Il voulait atteindre ce niveau, être capable de convoyer autant de sentiment, de vie, de puissance en une seule prise. Il voulait être capable de toucher les gens sans même avoir à les connaitre, pouvoir apprécier la vie et ses beautés dans les plus infimes recoin de celle-ci. JungKook pensait que Min Yoongi vivait une vie vraiment merveilleuse et il espérait pouvoir un jour y avoir accès aussi, brièvement au moins.

Jung Hoseok avait été sa rencontre la plus récente. L'étudiant en psychologie infantile – une spécialité qui échappé totalement à JungKook, pour lui les enfants n'étaient pas compliqués, juste pénible – était sans doute plus énergique que ce JungKook était capable de gérer mais il était attachant et attentif. Il était toujours là pour prêter une oreille aux malheurs des deux lycée – Yugyeom s'était étrangement attaché à lui – et avait toujours une solution à leurs proposer. JungKook aimait ça chez Hoseok : il proposait. Là où son père lui expliquait les choses comme étant la seule solution possible et envisageable, Hoseok, lui, se contentait d'émettre une idée, de suggérer une solution. Il avait proposé à JungKook d'essayer la photographie, sans pour autant perdre de vue des orientations plus fiables dans le vocabulaire de ses parents, afin de ne pas se fermer la moindre porte potentiel. Il avait aussi aidé JungKook à s'ouvrir socialement parlant, à discuter, parfois même à flirter. Il était celui qui l'aidait à voir le positif dans une relation plutôt que tous les problèmes qu'elle pourrait apporter. Hoseok était un rocher solide sur lequel JungKook aimait savoir qu'il pouvait se reposer.

Il s'était plus rapproché de Namjoon qu'il ne l'avait rencontré. L'étudiant en musicologie occupé une grande place dans la vie de Jeon JungKook. Il l'admirait aveuglement. Tout ce que Kim Namjoon faisait était une œuvre d'art. Tout ce qu'il disait était parole d'Evangile. Tout chez lui était l'œuvre parfaite de Dieu.

Il avait aidé JungKook à voir plus claire dans ce qu'il ressentait, notamment pour ce qui était de son orientation sexuel. Ça avait été un moment assez embarrassant d'ailleurs : il avait surpris JungKook en train d'observer des nues que TaeHyung avait peint de Jimin et sa réaction avait été des plus équivoque : les courbes généreuses et gracieuses du danseur au cheveux dorés, son regard léger et presque rieur, comme s'il trouvait la réaction de l'adolescent attendrissante et légèrement naïve, son sourire mystérieux ; tout ça avait comme happé le plus jeune dans une transe étrange et il ne s'était même pas rendu compte que sa main se dirigeait dangereusement vers la bosse qui déformait quelque peu son pantalon.

Namjoon l'avait arrêté juste à temps, lui expliquant qu'il n'y avait aucun mal à son âge à vouloir se faire du bien, que c'était parfaitement normal, mais il fallait qu'il comprenne que Jimin n'avait pas accepté de poser pour son meilleur ami pour ce genre de chose et que ça risquait d'entacher le sens profond de l'œuvre ainsi que de freiner Jimin de poser et donc d'aider le plus jeune de duo. Ils avaient ensuite parlé, beaucoup parlé, sur pourquoi JungKook avait réagis comme ça, pourquoi ce n'était pas mal d'être attiré par un homme – encore moins s'il s'agissait de Park Jimin selon Namjoon. Namjoon avait pris le temps de lui expliquer calmement les choses, répéta autant de fois qu'il était nécessaire pour que le plus jeune comprenne qu'il avait le droit d'aimer et de sentir aimer peu importe le sexe de la personne en face de lui.

Tandis qu'il parlait, JungKook avait senti son intérêt pour le dessin entre ses doigts s'amoindrir. Son regard se balada plus sur les traits de son ainé en face de lui. Ses lèvres généreuses, sa mâchoire affutée, son regard sérieux et calme, ses doigts longs et fins, son torse imposant et ferme, sa taille fine, ses épaule larges et rassurantes... Il s'était sentit en sécurité en compagnie du plus vieux, bien dans sa peau et accepté et c'était tout son cœur avait eu besoin pour se mettre à battre plus fort qu'il ne le devrait.

JungKook en était arrivé à deux conclusion : il était bisexuel et Namjoon était officiellement son premier amour.

Park Jimin aussi avait pris une sacrée place dans sa vie. Pour commencer le danseur était d'une nature affective, sans doute trop pour son propre bien et même si JungKook refusait de l'admettre, il aimait l'idée que Jimin le dorlote et lui donne autant d'affection. Il lui avait expliqué que ses parents vivaient à Busan et qu'il avait quitté sa ville natale et sa famille pour venir étudier dans la capitale, laissant derrière lui son petit frère. Jimin adorait son cadet, littéralement et il lui manquait tous les jours un peu plus et c'était pour ça que dès qu'il avait entendu le lycéen parler avec l'accent de sa région natale, il n'avait pas pu s'empêcher de compenser l'absence de son petit frère en se servant de JungKook comme de substitut.

JungKook aurait pu se vexer. Il aurait pu expliquer à son aîné qu'il n'était pas son petit frère, qu'ils n'avaient même rien en commun pour le peu qu'il en sache. Il aurait même pu estimer que c'était une trop grande pression et qu'il ne voulait pas remplir ce rôle.

Mais il avait décidé de ne rien dire.

Parce que dans le fond, il aimait ça. Il avait l'impression de compter pour quelqu'un et à cet âge, c'était un sentiment vraiment important.

Alors JungKook avait prié pour que ce soit Jimin qui ouvre la porte parce qu'il ne voulait pas être obligé d'expliquer pourquoi il avait fait ça et il savait que Jimin poserait des questions mais qu'il n'insisterait pas. Il suffisait que JungKook tienne bon.

Alors il prit une grande inspiration et frappa doucement à la porte du dortoir. Il sentit le monde disparaître sous ses pieds lorsqu'il entendit la voix de Namjoon résonner derrière la porte, l'avertissant qu'il arrivait. Namjoon allait poser des questions, il allait vouloir savoir pourquoi JungKook se trouvait dans l'encadrement de sa porte, la chemise déchirée, la lèvre ouverte et l'œil déjà en train de gonfler et le plus jeune était sûr qu'il n'arriverait pas à les éviter. Il n'avait pas envie qu'il le voie comme ça ou bien que son opinion sur lui change et il savait qu'une fois qu'il saurait pourquoi il s'était battu, Namjoon ne le verrait plus comme avant.

« La violence est la réponse des faibles. »

C'était un adage bien connu que JungKook avait entendu un bon nombre de fois dans bien des bouches différentes. Namjoon ne l'avait jamais dit comme ça, de façon aussi simple et claire. Il avait utilisé des tournures plus détournées, plus subtiles. Lorsqu'il discutait avec ses amis et que le débat prenait des allures de disputes, il était fréquent qu'il préfère se retirer de la conversation, expliquant qu'il ne voulait pas discuter avec quelqu'un qui ne réfléchissait plus qu'avec la colère. Pour lui, une réaction dirigée par la colère était une réaction que l'on regrettait toujours.

Il allait surement penser que JungKook était un de ces types qui réfléchissent une fois qu'ils ont frappé et il ne voulait pas ça. Il décida qu'affronter ses parents était sans doute moins douloureux que de voir la déception dans le regard de Namjoon et préféra faire demi-tour. Mais avant même qu'il n'eut le temps de faire un pas en arrière, la porte s'ouvrit et son cœur s'arrêta.

Namjoon était le genre d'homme à être beau même lorsqu'il porte un T-shirt Kermit la grenouille et un bas de jogging gris et détendu. JungKook devait l'avoir interrompu en pleine révision, ses lunettes tombaient légèrement sur son petit nez et il avait de l'encre sur le menton.

« JungKook ? Demanda-t-il, les yeux écarquillés, clairement surpris de voir le plus jeune ici et surtout dans cet état.

-Hey, hyung... Tu as un peu d'encre sur le menton. »

S'il n'avait pas la main qui le lançait à cause des coups qu'il avait donné plus tôt, JungKook se serait collé une gifle. C'était sans aucun doute l'entrée en matière la plus minable qu'il n'ait jamais fait et sans doute que Namjoon aurait ri s'il n'était si occupé à chercher une façon d'aborder la situation qui se présentait à lui. JungKook décida donc de s'épargner des longues minutes humiliantes dans ce couloir et demanda s'il pouvait entrer. Le plus vieux ne répondit pas mais se décala légèrement pour lui laisser la place de passer.

Ce n'était pas la première fois que JungKook se retrouvait dans le petit dortoir des deux étudiants. Il s'était plusieurs fois retrouvé assit sur le lit de Jimin – celui qui était du côté de la salle de bain, avec une jolie couverture rouge – tandis que le plus vieux lui préparé un chocolat ou bien m'était en place le matériel pour regarder un film.

(Plus tard, JungKook aurait tellement prit l'habitude d'avoir Jimin blottit contre lui sous une montagne de couverture qu'il refusait que qui que ce soit d'autre ne s'assoit à côté de lui durant les soirées ou ils se retrouvaient tous pour regarder un film.)

Il faisait plutôt chaud dans la petite pièce à vivre qui servait aussi de chambre à coucher et elle était uniquement éclairé par la lampe de bureau de Namjoon, le dit bureau était recouvert de cahiers, feuilles de notes et divers manuels. JungKook était à peu près sûr qu'il ne serait pas capable de comprendre un tiers de ce qui devait y être écrit. Namjoon avait toujours l'air d'étudiant un demi-million de sujet différent et toujours avec la même passion féroce et dès qu'il essayait de lui expliquer de quoi il en retournait, JungKook avait soudain du mal à se concentrer sur ses mots, préférant observer ses lèvres bouger pour les former.

Namjoon lui demanda de s'assoir et de se mettre à l'aise le temps qu'il aille chercher de quoi s'occuper de son visage et JungKook s'exécuta. Il laissa son sac à dos s'échouer au sol et retira son manteau qu'il laissa tomber juste à coté de son sac. Il fit glisser sa veste d'uniforme le long de ses bras et la laissa rejoindre le reste avant de s'installer sur le bord du lit de Jimin. Il avait l'impression de ne pas avoir le droit, de ne pas mériter de s'assoir sur le lit de Namjoon. Du moins pas encore et surement pas quand il était dans cet état.

L'étudiant n'avait pas posé de question, pas au début. Il s'était contenté de nettoyer le visage et les plaies de son cadet, sans un mot et peut être même sans un regard. JungKook se sentait étrangement petit, presque mal à l'aise avec son ainé. C'était sans doute pire que de subir l'interrogatoire de ses parents ou bien la leçon de moral de Jimin. Le silence était pesant et presque douloureux pour le lycéen. Il frotta nerveusement ses mains l'unes contre l'autres entre ses cuisses, cherchant à poser son regard partout et nulle part à la foi, simplement pour ne pas croiser celui de Namjoon. Ça n'avait rien à voir avec ce que l'on peut voir dans les films. Namjoon ne semblait pas profondément triste de le voir blesser ou bien en colère. JungKook pouvait sentir son cœur cogner brutalement contre sa poitrine mais il n'était pas sûr que ce soit parce qu'il était anxieux à l'idée d'être si proche de Namjoon ou bien de l'avoir déçu et de devoir faire aux conséquences.

Ça n'avait rien de romantique, ni de tendre, ni de délicat et JungKook avait l'impression qu'il ne pouvait pas être déçu. Après tout, il y avait très peu de chance que Namjoon se penche pour lui voler un baiser tandis qu'il nettoyer la commissure de ses lèvres sous prétexte de lui offrir un « bisous magique ». Namjoon n'avait jamais laissé entendre qu'il ressentait autre chose que de l'affection fraternel pour JungKook et le plus jeune ne pouvait pas lui en vouloir de ne pas retourner ses sentiments.

Il ne pouvait pas lui en vouloir mais il ne pouvait pas s'empêcher d'espérer et lorsqu'il se retrouvait face à un Namjoon presque indifférent, il ne pouvait pas empêcher son cœur de se resserrer un peu.

« Tu comptes me demander ce qui s'est passé ? Demanda-t-il finalement, tandis que Namjoon rangeait son matériel.

-Si je te pose la question, tu comptes vraiment tout me raconter sans omettre le moindre détail ? Répliqua Namjoon en refermant sa petite boite en plastique bleu.

JungKook grimaça et Namjoon lui offrit un sourire entendu.

-C'est juste que – Que tu ne disais rien alors je me suis demandé... Essaya d'expliquer le brun.

-Oh ! Je ne m'en étais pas rendu compte. S'exclama Namjoon. Ça te met mal à l'aise ? Je ne me rends plus tellement compte de ce genre de chose, depuis que je vis avec Jimin. Le silence n'est jamais oppressant avec lui et comme je passe la plupart de mon temps avec lui, j'oublie parfois que tout le monde n'est pas comme ça. »

JungKook lui offrit un sourire gêné et Namjoon s'excusa de nouveau. Il s'en retourna vers la salle de bain et le plus jeune laissa son regard se baladait sur les murs et les meubles de la pièce, comme s'il la découvrait pour la première foi. Le lit de Jimin était parfaitement fait en comparaison avec celui du plus vieux. Sa table de nuit était elle aussi parfaitement rangée : une lampe de chevet, un livre – Les comptes des douze vents – et ce qui devait être un étui à lunette. Celle de Namjoon était peut-être légèrement un peu plus chargé sans pour autant paraitre désordonnée, il y avait une tasse, des paquets de gâteaux et trois livres empilés les uns sur les autres. Les étagères de Namjoon croulaient sous les livres, il semblait même manquer de place. Son bureau en était recouvert, il y en avait même qui trainait par terre. JungKook n'était pas capable de lire la moitié des titres souvent en anglais, parfois en allemand et parfois même en italien.

JungKook se demanda combien de langue Namjoon lisait et s'il était capable de les parler aussi naturellement que si c'était sa langue maternelle. Il aurait aimé être capable d'en faire autant.

Non, s'il était honnête, ce n'est pas tant l'idée de parler plusieurs langues qu'il le faisait rêver, c'était plutôt d'apprendre à parler plusieurs langues avec Namjoon. L'idée de se retrouver seul avec son ainé tandis qu'il lui explique les subtilités et charmes de certains langages, ses lunettes sur le bout de son nez et son regard pétillant de passion.

Namjoon était beau quand il était passionné. Il avait ce petit quelque chose dans son regard qui le rendait captivant, presque hypnotique. Son nez se fronçait légèrement, ses grandes mains délicates s'agitaient et il parlait vite et beaucoup. Ça ne dérangeait pas JungKook, au contraire, c'était l'occasion rêver de profiter de sa voix et l'adolescent trouvait qu'il ne l'avait pas assez souvent.

Elle était spéciale la voix de Namjoon. Elle était ronde, douce, chaleureuse et légèrement grave. Elle avait un effet particulier sur JungKook : elle l'apaisait tout en lui donnant un volé de papillon dans le ventre. Le seul problème avec la voix de Namjoon c'était que JungKook était tellement émerveillé par celle-ci qu'il était tout simplement incapable d'enregistrer ce qu'il pouvait bien raconter.

Namjoon le tira de se rêverie en prenant place à côté de lui et le brun sentit son cœur battre plus vite. Il était tellement prêt qu'il pouvait sentir l'odeur de son shampoing. C'était quelque chose de doux et sucré et JungKook aurait voulu enfouir son visage dans le creux de son épaule pour pouvoir profiter pleinement de l'odeur.

« Tu les as tous lu ? Demanda-t-il d'une petite voix.

Il ne savait même pas pourquoi il avait posé la question. Il l'a trouvé stupide. Qu'est ce que ça pouvait bien lui faire qu'il les ait lus ou pas ? Ça ne le regardait pas ce que Namjoon lisait. Mais c'était tout ce que JungKook avait trouvé pour chasser le silence étouffant qui les enveloppait depuis qu'il était arrivé. Il avait cette impression que l'ambiance n'allait pas s'arranger et il était prêt à tout pour que les choses ne deviennent pas atrocement tendues.

-Oh ? S'étonna Namjoon, en suivant le regard du plus jeune. Non, pas tous, certains sont encore trop compliqué pour moi.

-Tu -Tu arrive à comprendre ?

-Tu parles des livres en langues étrangères ? S'enquit le plus vieux en se retournant vers son cadet qui fuit son regard immédiatement. Hm, pas tous, pour certains j'ai la traduction avec. Surtout ceux en italien, je commence à me débrouiller en allemand ce qui est plutôt rassurant, vu le temps que Jimin a passé à me faire réviser...

-Jimin hyung parle l'allemand ? S'étonna JungKook, relevant enfin le regard vers son ainé.

Namjoon s'était levé et était allé s'assoir sur son lit, comme s'il avait compris que la promiscuité mettait JungKook mal à l'aise.

« Comment fait-on pour ne pas tomber amoureux de quelqu'un d'aussi prévenant ? »

(Aujourd'hui JungKook pourrait dire qu'il suffit d'apprendre à lire les ambiances et les signes mais à l'époque, il n'était même pas sûr de pouvoir concevoir que deux personnes puissent être amoureux d'une même personne.)

-Jiminie est très doué avec les langues étrangères ! Il parle presque aussi bien l'allemand que je parle l'anglais et un de ses quatre, demande-lui de parler français. Je n'ai jamais rien vu d'aussi sexy de toute ma vie. »

Peut-être bien que ce soit à ce moment-là que quelque chose d'affreux c'est allumé dans l'esprit de JungKook. Peut être que c'est lorsque Namjoon s'est mit à sourire largement en parlant de Jimin que JungKook a perdu l'esprit en quelque sorte.

« La jalousie nous fait faire des choses idiotes et affreuses. »

Il avait l'air tellement fier, tellement heureux de parler de Jimin et JungKook voulait qu'il soit comme ça aussi lorsqu'il parlait de lui. Il voulait rendre Namjoon fier et heureux. Il voulait que Namjoon ne soit capable d'avoir un sourire aussi rayonnant que lorsqu'il parlait de JungKook. Il voulait être capable de partager une conversation en le regardant dans les yeux mais aussi d'apprécier le silence avec lui.

JungKook voulait compter pour Namjoon.

« Alors ? Reprit finalement Namjoon. Tu compte me dire pourquoi tu t'es battu ou bien c'est top secret ?

JungKook ne répondit rien. Il était gêné. Lorsqu'il avait commencé à jouer à des poings, il avait l'impression d'avoir une raison valide mais maintenant qu'il se trouvait face à Namjoon, il avait l'impression d'être un idiot.

-C'est stupide. Marmonna le plus jeune, son regard partout sauf dans celui de son ainé. C'est juste que – Hyung, ça serait un problème si Tae' et Jimin hyung sortaient ensemble ?

Namjoon s'arrêta subitement. Il observa le brun sans rien dire pendant quelques secondes avant de sourire légèrement. JungKook ne pourrait pas expliquer pourquoi mais quelque chose était étrange dans ce sourire. C'était le genre de sourire qui se contentait d'étirer les lèvres, il n'allait pas plus loin, il n'allumait rien dans le regard, aucune flamme ni sincérité et JungKook trouvait ce genre de sourire particulièrement triste et affreux.

-Evidement que non. Répondit finalement Namjoon, toujours le même sourire sur les lèvres, tandis qu'il reprenait ses activités. Mais pourquoi tu me demandes ça ? Jiminie t'as dit quelque chose ?

-Nan, c'est juste ces deux abrutis du club de foot qui discutaient dans les vestiaires. Expliqua finalement JungKook en s'appuyant un peu plus sur le plat de ses mains. Ils riaient et se moquaient de Yugyeom parce que son Tae' hyung serait gay et qu'il sortirait avec Jimin hyung. Ils ont dit de sales trucs alors – Je te jure hyung, j'ai essayé de discuter avec eux mais ils n'arrêtaient pas de dire des horreurs alors à un moment... Je voulais juste qu'ils arrêtent de parler... Je sais que c'est nul mais –

-Je ne dirais pas nul, Kook. Intervint Namjoon. C'est vrai qu'en venir aux mains n'est pas la meilleure des choses mais ce n'est pas comme si tu n'avais pas essayé de discuter. Tu n'as pas fait ça simplement parce que tu t'ennuyais, tu as voulu défendre tes amis et c'est une bonne chose. Ceci étant, la meilleure des réactions à avoir dans ce genre de situation souvent c'est de simplement rien faire. Si tu les ignore, ils s'arrêteront d'eux même lorsqu'ils se rendront compte que personne ne fait attention à eux. Tu comprends ? »

JungKook hocha timidement de la tête.

Ce soir-là, Namjoon le raccompagna et raconta à ses parents qu'il avait été un peu secoué pendant l'entrainement de foot mais que ce n'était rien de méchant. Le brun avait senti son cœur explosait, les joues brûlantes pendant que son ainé discutait avec ses parents. Il avait l'impression de partager un petit secret idiot qui le rapprochait de Namjoon plus que n'importe qui et il se sentait fier.

Le lendemain, Namjoon demandait à TaeHyung s'il voulait bien sortir avec lui.

***

Hoseok déposa la tasse devant lui sans rien dire puis prit place en face de son cadet, toujours sans un mot. Il resta de longue seconde à l'observer en silence, tandis que JungKook fixait son reflet dans le liquide maronnâtes qui se trouvait devant lui. Le silence qu'ils partageaient n'était pas pesant à proprement parler, c'était plutôt un silence réfléchi.

JungKook n'était pas en mesure de formuler la moindre pensée.

Hoseok n'était pas sûr par où commencer.

C'était lui qui avait réveillé le brun, le trouvant sur le sol de son appartement, une bouteille encore à la main et l'haleine chargée en alcool. Il n'avait eu aucun mal à entrer puisque JungKook avait évidemment oublié de verrouiller la porte. Tirer le plus jeune des bras de Morphée n'avait pas été chose simple : son corps était lourd, engourdi par les litres de boissons qu'il avait avalés et il avait énormément de mal à reprendre conscience. Pendant un cours instant, Hoseok s'était vu à l'arrière d'une ambulance, puis expliquant au médecin qu'il l'avait trouvé comme ça et tout ce que ça pouvait avoir mener à une situation pareille. Il avait poussé un sacré soupir de soulagement lorsque JungKook avait entre-ouvert les yeux et marmonnait quelque chose d'inintelligible.

Une foi qu'il fut légèrement plus alerte, Hoseok le traina tant bien que mal dans sa salle de bain, pour l'aider à faire un brin de toilette. C'est-à-dire lui passer une serviette humide sur le visage et trouver des cachets contre les mots de tête dans sa pharmacie. Puis il le ramena dans son lit avant de se mettre à chercher des vêtements un tant soient peu propres. Il finit par trouver un T-shirt blanc et un jean délavé noir qu'il déposa sur le bord du lit. Il s'en retourna finalement vers la cuisine, où il trouva un verre dans l'évier qu'il remplit avant de se pencher dans le frigo dans l'espoir d'y trouver autre chose que de la bière et du vin onéreux. Un nouveau soupir de soulagement lui échappa quand il aperçut deux grandes bouteilles d'eau plate. Il en attrapa une et retrouva JungKook prêt de son lit. Il posa le verre et la bouteille sur sa table de nuit.

JungKook grogna quand il essaya de l'obliger à avaler son cachet mais Hoseok était prêt à le ligoter à son lit s'il le fallait. Dès que le verre fut vide, le brun s'affala entre ses couvertures et maugréant et Hoseok s'occupa du ménage. Il ramassa les bouteilles qui trainaient par terre, les mises dans un sac poubelle à part espérant que son cadet aurait l'idée de les mettre dans le conteneur approprié ; puis il s'occupa de la vaisselle. Hoseok se demanda comment un type qui vivait seul pouvait avoir autant de vaisselle sale dans son évier ; enfin il décida qu'il devrait faire une lessive. Alors il obligea JungKook à se lever et à prendre une douche. Le plus jeune ne s'était pas privé de souffler, gémir et marmonner des insultes envers son ainé mais Hoseok avait l'habitude. Il le traina de nouveau jusque dans la salle de bains et était prêt à la déshabiller s'il fallait.

Heureusement, JungKook était légèrement attaché à son orgueil et se décida enfin à obtempérer. Tandis que le plus jeune se glisser sous l'eau chaude, Hoseok déposa les vêtements propres qu'il avait préparé dans la salle de bains avant de commencer à ramasser le moindre linge sale de l'appartement : torchons, serviettes, vêtements éparpillés çà et là et même la literie. Il rassembla tout en un gros tas semblable à des chiffons à côté de la porte de la salle de bain puis ouvrit les volets et les fenêtres en grand. Comme il avait plu la vielle, l'air frais et humide de la ville en plein éveil s'engouffra dans l'appartement et Hoseok avait enfin l'impression de respirer.

JungKook finit par sortir de la salle de bain, les cheveux légèrement humides et toujours le même air fatigué sur le visage. Au moins il ne sentait plus l'alcool et la sueur et Hoseok estimait que c'était un bon début. Le plus jeune jeta un coup d'œil à son lit nu et au tas de tissus qui se trouvait à ses pieds, l'air perplexe.

« Ne t'occupe pas de ça. Lança le psychologue en s'approchant de lui à grande enjambé. Je m'en charge. Fais-nous plutôt un café, hm ? »

Il ne lui laissa pas vraiment le temps de protester, attrapant l'immense montagne de couleurs froissées et s'engouffrant dans la toute petite pièce d'eau comme s'il s'apprêtait à aller au combat. JungKook haussa les épaules et se dit qu'un café ne pouvait pas lui faire de mal. Il se retrouva debout, les mains dans les poches, à fixer les gouttes qui tombaient lentement dans le pichet en plexiglass transparent. Il pouvait entendre Hoseok s'agitait dans la salle de bains, puis la porte de son lave -linge claquer bruyamment.

« Assis-toi ». Ordonna Hoseok en revenant et JungKook se contenta d'obéir.

Voila comment ils en étaient arrivés là, l'un en face de l'autre, un café et le silence.

« Pourquoi t'es là, hyung ? » Demanda finalement JungKook au bout de ce qui lui semblait être une éternité.

Sa voix était légèrement rauque, fatiguée et parler lui faisait mal à la gorge, mais il ne supportait plus vraiment ce silence. Il le supportait déjà à peine lorsqu'il était seul, alors avec l'un de ceux qui devait être ses meilleurs amis, c'était étrangement pesant, réconfortant et blessant à la fois. Il ne comprenait pas ce silence et finalement, il en était bien plus agaçant.

Alors il décida de le briser.

Hoseok ne répondit pas. Il glissa une main dans la poche droite de son jean pour en tirer son téléphone. Il l'alluma et chercha quelque chose dessus avant de faire glisser l'appareil sur la table. L'écran affichait son répondeur. Il appuya, toujours sans rien dire, sur le dernier message reçu.

« Reçu : hier à vingt-trois heures quatre.

Hyung... Hey hyung, c'est moi... JungKook-ah... Je ne m-me souviens plus s-si tu étais à la fête de Tae et Joon... J-Je crois t'y avoir vu mais – Mais j'ai un p-peu picolé, tu v-vois et je n-ne sais plus ce q-qui est vrai ou pas... Est c-ce que – Est-ce que tout ça est v-vraiment arrivé h-hyung ? Est-ce que j-je suis vraiment l-là ? Est-ce que j-je suis seulement parti ? T-Tu sais hyung, Yoongi h-hyung m'a montré cette v-vidéo une foi... Un court métrage d'étudiant... Le t-type – Le type veut s'engager et il est – il est en envoyé en m-mission s-sauf qu'il meurt, tu vois ? Une balle dans la tête – Pan. S-sauf qu'une foi au paradis – Au paradis le t-type de l'entrée il lui d-dit qu'il ne peut pas entrer parce que sa caméra n'est pas resté i-intact – Comme s-si on avait une caméra pour r-revoir notre vie h-hyung... Ça serait drôle n-non ? La mienne serait triste je pense... B-bref... Le gars est renvoyé – Renvoyé sur terre pour remourir mais en g-gardant sa caméra intacte – Pour revoir le film de sa v-vie, tu comprends ? Il m-meurt plein de foi, hyung mais – Mais à chaque fois, il détruit sa caméra. Alors – A-Alors il décide de n-ne pas s'engager, et de retourner vers sa copine -Parce qu'il avait une c-copine, tu vois ? Elle l'avait a-accompagné eu centre et – Bref ! Il retourne vers elle, m-mais alors qu'il va traverser la r-rue pour la rejoindre – BAM ! Le bus y passe et pouf il est de n-nouveau là-haut. Mais l-le gars de la p-porte il est content parce que s-sa caméra est bah, elle est intacte... »

Un silence. Jungkook pouvait s'entendre respirer sur l'enregistrement, signe qu'il n'avait pas encore finit de divaguer. Sa propre voix lui semblait étrangère. Il ne se souvenait pas avoir dit tout ça. Il n'était pas sûr de se souvenir de la vidéo dont il parlait.

« Hyung, est ce que j-je suis mort ? Est-ce que t-tout ça – Tout ç-ça, ça p-pourrait être m-mon purgatoire ? Est-ce que j-je suis mort et je d-dois garder ma caméra intacte ? Je n-ne veux pas la g-garder intacte. Il n'y aurait – Y a rien à y v-voir. A part m-moi – Moi qui f-fait l'idiot. M-Moi qui f-fait n'importe quoi. M-Moi qui p-pleure et qui est tout seul. C'est nul. P-Personne ne v-veut voir ça. Je ne veux pas voir ça. »

Encore un silence. JungKook se demanda combien de temps ce message durait. Il allait devoir s'excuser auprès d'Hoseok. Ce n'est jamais agréable de recevoir les divagations d'une âme alcoolisé en mal d'affection. C'était injuste de se reposer toujours sur lui comme s'il n'avait plus que lui pour le maintenir à flot.

Même si c'était peut-être vrai. Peut être bien qu'il n'avait plus qu'Hoseok. Après tout, SeokJin n'avait pas chercher à renouer plus que ça. Yoongi cherchait clairement à récupérer Jimin et devait simplement le voir comme un obstacle à sa réussit. Namjoon et TaeHyung allaient se marier et avaient donc des choses bien plus importantes à faire que de s'occuper de ses petits problèmes – sans compter qu'avec ce qu'il avait apprit hier soir, il avait un doute que TaeHyung veuille lui reparler un jour. Quant à Jimin, ça se passait de commentaire. Même JungKook ne voulait pas se retrouver seul avec lui-même.

« Et si j-je – Et si je mourrais hyung ? Et si je mourrais c-ce soir ? Tu c-crois qu'il pleurerait ? Jimin, tu crois qu'il p-pleurerait ? P-Pendant son discours – E-Est-ce qu'il p-pleurerait en expliquant q-qu'il avait encore t-tellement de c-chose à me dire et que – Pourquoi il n-ne m'a r-rien dit ? Il s-savait et il n'a rien d-dit, hyung, pourquoi ? Il a-aurait dû – Il aurait dû me détester hyung. Il d-devrait me d-détester. Je me d-déteste. Je me d-déteste p-parce que – Parce que je v-voudrais retourner en arrière hyung et j-je voudrais qu'il me s-supplie de rester... Je v-voudrais qu'il me prenne dans ses b-bras et qu'il me dise « Hey Kookie, t-tout vas bien, je suis là » ... Je voudrais qu'il me g-gifle – Qu'il me h-hurle dessus... Qu'il m-me dise qu'il me h-hait mais que – Que c'est p-pas grave parce que au f-fond – Au fond, il m'aime et que – Je – Je ne s-sais pas hyung... L-Le c-commandant à d-dit que Mingyu – Mingyu était un l-lâche mais m-moi je crois – Je crois qu'il f-faut du courage p-pour accepter qu'on n-ne peut p-plus rien – Plus rien sauver. Tu ne crois p-pas ? Faire face à s-ses erreurs et – Et se d-dire : « Je ne p-pourrais jamais faire le bien ». J-Je ne suis pas c-courageux hyung. P-Parce que – Parce que je s-suis encore là et j-je me contente de p-pleurer sur mon m-minable petit sort. Parce q-que je suis un é-égoïste et un a-abrutis. S-Si j'étais courageux – Si j'étais courageux, je me tirerais une b-balle entre les deux yeux m-maintenant. Il me suffirait de - »

Plus rien. Le message s'arrêtait là et JungKook n'était pas sûr de ce qu'il ressentait. Il avait cette étrange impression de ne plus faire partie de la réalité tout en étant coincé avec elle. Il voulait disparaitre de la surface de la terre tout en ignorant où est ce qu'il pourrait bien se cacher.

« Mon répondeur était plein. Expliqua finalement Hoseok. C'est pour ça que ça a coupé. Parce que je suppose que tu as dû parler pendant encore une bonne demi-heure avant que l'alcool ne te sonne. D'ailleurs, si j'en crois ton portable, tu n'as pas appelé que moi. TaeHyung, Yoongi et Jimin aussi. Je n'ose même pas imaginer les messages que tu leur as laissé, à eux.

Pendant une seconde, JungKook eut envie de rire. Il aurait appelé tout ses amis, ou presque, il aurait appelé Jimin, mais il n'y a que Hoseok qui ait fait le déplacement. C'était dire s'il comptait à leurs yeux.

-Je – Je ne me souviens pas de –

-Est-ce que tu te rends seulement compte de comment on se sent – de comment je me suis sentit – lorsqu'on écoute ce genre de message ?! Coupa sèchement Hoseok. Sa voix était sombre et sèche, comme un parent qui dispute son fils lorsque celui-ci est rentré soul et trop tard d'une soirée. De l'état de panique dans lequel j'étais quand tu ne répondais pas au téléphone parce que tu étais trop occupé à dormir, imbibé jusqu'à plus soif, sur le sol de ton foutu appartement ?! Personne ne savait où tu étais ou ce que tu faisais ! J'ai cru que – Qu'on allait te retrouver dans un caniveau avec un trou dans le crâne ou bien dans ta salle de bains dans une flaque de sang, JungKook ! J'ai cru que tu étais mort bordel !

-Je – Je suis d-désolé, hyung ! S'empressa de répliquer JungKook, ses grands yeux écarquillés et apeurés. Je me souviens p-pas de t'avoir appelé ou bien d'avoir dit quoique ce soit qui –

-Et tu crois que ça va suffire ? Coupa de nouveau Hoseok, l'air grave et JungKook sentit les larmes lui monter aux yeux. Est-ce que tu crois qu'être « désolé » change quelque chose ? Est-ce que tu crois que parce que tu ne te « souviens » pas, c'est tout pardonné ? Qu'on peut simplement passer à autre chose simplement parce que tu es désolé et que tu ne te souviens pas ?! Merde JungKook, merde ! Je sais que tu reviens de loin, que tu n'es plus le même, que tu ne seras jamais plus le même ! Je sais que tu as vu, entendu, vécu des choses et qu'on ne peut pas te demander de faire comme si de rien était, comme si tu n'étais pas traumatisé ! Mais merde ! Je ne te demande pas d'aller bien ! Personne ne te demande d'aller bien ! On te demande simplement d'attraper la main qu'on te tend, de nous laisser t'aider ! A ton rythme, un pas après l'autre mais on ne pourra jamais avancer si tu ne fais pas l'effort, le minable petit effort, de saisir cette main tendue, JungKook. »

JungKook ne répondit rien. Il baissa la tête, laissant une larme solitaire rouler sur sa joue. Il enroula ses deux mains autours de son mug et mâchouillait sa lèvre inférieure.

Il savait tout ça. Enfin, il avait plutôt une vague idée de tout ça. Parce qu'il avait vu Mingyu traverser les mêmes choses, chaque étape, l'une après l'autre. Sauf que le pauvre n'avait jamais eut de chance. C'est pour ça que JungKook et lui s'entendaient si bien, parce qu'ils étaient tout les deux les pages d'une histoire stupidement triste.

Mingyu avait été envoyé à l'école militaire à la fin de son collège. Une décision de son père parce que le jeune Mingyu devenait trop difficile à gérer et que « son frère n'avait jamais été compliqué comme ça ». Mingyu n'était pas difficile à gérer, c'était simplement un adolescent et les adolescents sont un peu difficile. Quoiqu'il en soit, Mingyu a très vite prit le pli et rapidement devenu le parfait petit soldat. Il s'est engagé comme militaire de métier, ave l'intime conviction qu'il ferait de grandes choses.

« J'ai tiré sur un gamin aujourd'hui, Kook. Un môme, peut être dix ans, peut-être moins. Il avait une arme dans les bras, un fusil semi-automatique. Tu l'aurais vu, Kook, le machin devait faire deux fois son poids, deux fois sa taille et il le tenait comme s'il était né avec. J'ai mis des années à ne plus trembler en sentant le poids de la gâchette sur mon index et lui – »

Un officier ça ne pleure pas. Le commandant répétait toujours ça.

Vous n'êtes pas devenu soldat pour vous, mais pour votre nation.

Alors Mingyu ne pleurait pas. Il se contentait toujours de raconter ses histoires avec le plus de fierté possible. Parce qu'il avait fait quelque chose de bien pour la nation, n'est-ce pas ? Et puis tant pis si à chaque fois qu'il ferme les yeux, il revoit ce gosse avec son fusil, parfaitement à l'aise avec une machine à tuer entre les mains. Ou bien cette mère en larme qui essaye de cacher ses deux filles, parce que Dieu seul sait ce que les autres font aux gamines quand ils les trouvent.

« De toute façon, qui c'est les autres ? Est-ce qu'au final, on n'est pas tous l'autre de quelqu'un ? »

Mingyu adorait dessiner. Il était doué. Parfois, ils ramenaient des gamins à la bases. Des enfants trouvés perdus dans les décombres, avec ou sans leur parent. Ils ne parlaient pas un mot d'anglais et c'était naturellement compliqué de communiqué avec eux mais Mingyu arrivait toujours à se faire comprendre. Il aimait bien prendre soin d'eux et souvent, il organisait un petit atelier dessin dans son baraquement. Les petits adoraient ça aussi et JungKook pouvait jurer qu'il n'avait jamais vu son camarade plus heureux que ça. Il avait pensé – sans doute stupidement – que ces petits moments de bonheurs, ces petits instants de partage où ils avaient l'impression de redevenir autre chose que leur uniforme, suffiraient.

Parce que JungKook se doutait bien que quelque chose n'allait pas. Peut-être même que tout le régiment le savait. Mais ils n'avaient rien fait. Parce que ça ne les regardait pas, après tout. Parce qu'ils ne voulaient pas paraitre invasif ou bien trop curieux. Parce que ça devait être gênant pour Mingyu. Parce qu'il avait l'air bien la plupart du temps.

Parce que...

Parce que...

Parce que c'était plus simple de faire comme si de rien était.

Jusqu'à ce que ce ne soit plus possible de fermer les yeux. Jusqu'à ce qu'il l'oblige à y faire face.

JungKook avait toujours été doué pour fuir. Il avait fait ça un certain nombre de fois déjà. Il aimait dire qu'il avait un don pour éviter les ennuis, mais en réalité il était simplement lâche et préférait éviter de faire face à ses problèmes parce qu'il avait toujours l'impression qu'il était seul face à eux.

Personne ne lui tendrait la main, parce que ça n'intéresse personne.

Il est grand maintenant, il devrait arriver à gérer ses problèmes sans avoir besoin de se rouler en boule et pleurer.

Il avait peur.

Tellement peur de se retrouver tout seul. Encore une foi.

Il avait peur d'attraper la main qu'on lui tendait et que celle-ci finisse par être fatiguée de lui tenir.

Il avait peur qu'on l'abandonne en plein milieu du chemin et qu'il doive faire le reste de la route seul.

Il avait tellement, tellement peur.

Il releva doucement les yeux et Hoseok s'adoucit légèrement. Voir son cadet aussi fragile, les yeux cernés et rouges et les lèvres tremblantes lui paraissait surréel.

« Hyung, tu – Tu me promets de ne pas me lâcher la main ? » Demanda faiblement le brun, les yeux plus embrumés de larmes que précédemment.

Hoseok lui offrit un sourire doux, attrapant son poignet doucement avant de le serrer délicatement entre ses doigts.

« C'est promis, Kook. C'est promis. »

***

Année : 2017

Il aurait dû s'en douter. Ce genre de plan finissait toujours de cette façon. Il avait vu assez de sitcom et autre série à l'eau de rose pour savoir comment tout ça allait se terminer.

Il avait même pris l'idée dans une sitcom !

Et pourtant, JungKook n'arrivait pas à croire ce qui venait de se passer.

La musique battait son plein en bas, faisait presque vibrer les murs de la chambre. Il était assis sur le bord du lit, fixant le vide et essayant de mettre de l'ordre dans ses pensées.

Il pensait qu'il aurait les mains moites, le cœur prêt à transpercer sa poitrine, les jambes tremblantes, à la limite de l'explosion de joie. Mais non. Non, rien de tout ça.

Il venait d'embrasser Namjoon. Il y a seulement une minute, il était dans le couloir, à l'étage, juste devant la chambre de TaeHyung, celle dans laquelle il se trouvait actuellement, celle du petit-ami de Namjoon et il avait ses lèvres contre celle de Kim Namjoon. Pour être tout à fait franc, toute la scène était assez floue. L'un comme l'autre, ils avaient bu et il y a fort à parier que Namjoon ne se soit pas vraiment rendu compte de ce qui se passait. Ça n'avait duré qu'une dizaine de secondes, rien de plus, juste le temps d'écraser leurs lèvres l'unes contre l'autres et puis plus rien. Ils n'avaient rien dit, ils n'avaient pas cherché plus. Namjoon s'était dirigé vers la salle de bain, ce qu'il devait surement chercher depuis le début, et JungKook s'était enfermé dans la chambre de TaeHyung.

Namjoon était l'homme que JungKook aimait depuis le lycée. Il était celui qui lui avait fait découvrir l'amour, qu'être gay ce n'était pas un problème, celui qui lui avait donné envie d'essayer d'être heureux. Il était son modèle. Il aurait dû être extatique à l'idée d'avoir enfin réussit à l'embrasser. Pourtant la seule chose à laquelle il arrivait à penser c'était « Et si jamais Jimin l'apprend ? »

Lorsque TaeHyung avait accepté de sortir avec Namjoon, il avait cru voir son monde s'effondrer. Rien ne faisait sens pour lui, absolument rien. Namjoon était fait pour lui et TaeHyung était fait pour Jimin. Alors il avait eu cette merveilleuse idée, qu'il avait évidement trouvé dans une sitcom américaine des années quatre-vingt-dix. Il allait sortir avec Jimin pour que TaeHyung se rende compte qu'il était en réalité amoureux de Jimin et non pas de Namjoon et ainsi récupérer l'homme qu'il aime.

C'était idiot, n'importe qui aurait pu lui dire que c'était idiot. Et cruel avec ça.

Mais JungKook n'avait pas vraiment réfléchis, il s'était dit que si ça marchait pour les personnages – fictif – de la série, pourquoi ça ne marcherait pas pour lui ?

Alors il avait demandé à Jimin de sortir avec lui. Le plus âgé avait d'abord cru à une blague mais avait fini par accepter. Au début, JungKook ne cherchait pas vraiment à être le petit ami idéal. Il se contentait du strict minimum : lui tenir la main, un câlin de temps en temps, peut être un petit rendez-vous, quelques baisers et puis voilà. Il était sans aucun doute un affreux petit ami. Mais Jimin ne s'était jamais plaint, au contraire. Il ne cherchait jamais à presser son cadet, s'adaptant toujours à ses envies et lorsque ses mains se faisaient trop aventureuses et que JungKook se rétractait, mal à l'aise avec l'idée d'être trop intime avec lui, il s'exécutait, offrant l'espace dont le plus jeune avait besoin. Il allait à son rythme sans jamais avoir l'air d'avoir le moindre problème avec. Il l'encourageait, le supportait, s'arrangeait pour qu'il se sente toujours bien.

Un vrai petit ami modèle.

C'était sans doute ça qui avait poussé JungKook à faire un peu plus attention à lui. Jimin était trop gentil avec lui et il commençait à se sentir mal. Après tout, il se servait littéralement de lui. Alors, progressivement, il s'est mit à être plus attentif. Il s'est mit à faire attention à ce que Jimin aimait manger ou pas, le genre de film et musique il préférait, le genre de cadeau il aimait le plus recevoir. Il arrivait de plus en plus à comprendre ses humeurs, expressions, les sujets qu'on pouvait ou non aborder avec lui, ce qui le mettait en colère, en joie, le rendait triste.

Il avait commencé à comprendre et découvrir Jimin.

Et ça l'avait rendu plus dépendant.

Il ne s'en était même pas rendu compte. Il se mettait à chercher la main de son ainé, pour jouer avec ses petits doigts, faire glisser l'une des nombreuses bagues qu'il avait toujours, la tenir fermement. Leurs baisers se faisaient plus long, plus profond, plus langoureux et JungKook avait de plus en plus de mal à s'arrêter. Leur rendez-vous plus fréquent, plus réfléchis, plus intense. Il appréciait de moins en moins le voir trop proche de certaines personnes – comprenez : le voir proche de Min Yoongi – parce qu'il savait qu'il pourrait le perdre. Il savait qu'il ne faudrait qu'une minute pour que Jimin réalise que JungKook n'était pas ce qu'il lui fallait, qu'il pouvait avoir bien mieux.

Mieux comme Min Yoongi. Le plus vieux n'avait jamais caché son intérêt pour Jimin. Il lui avait surement demandé plus d'une foi de sortir avec lui, au moins de lui donner sa chance. Mais Jimin avait toujours refusé et JungKook n'avait jamais compris pourquoi. Yoongi était sérieux, il le connaissait mieux que personne et il était prêt à tout pour lui. Il avait toujours été amoureux de Park Jimin.

Alors que JungKook était tombé amoureux de lui tout en se servant de lui.

C'était pathétique, ridicule et prévisible.

Et il se retrouvait là, dans la chambre du petit-ami de l'homme qu'il venait d'embrasser ; un homme qu'il rêvait d'embrasser et il avait peur. Peur que Jimin le sache et décide de rompre. Parce que c'est ce qu'il devrait faire. Si jamais il l'apprenait, il devrait être en colère, le haïr et vouloir lui faire du mal en retour.

Ce n'était pas la joie qui était entrain de le dévorer, mais la culpabilité et la peur.

Peur de faire du mal à Jimin.

Peur de perdre Jimin.

On frappa à la porte, le tirant de ses réflexions et pensées terrifiantes. Jimin passa la tête dans l'entrebâillement et lui offrit un sourire tendre. Il se glissa dans la pièce doucement et JungKook sentit son cœur se réchauffait, se calmait puis se compressait. C'était comme si une main douce et chaleureuse lui écrasait. Il avait envie de rire, de pleurer, de hurler, de prendre son ainé dans ses bras pour ne plus jamais le lâcher, le supplier de rester avec lui, de partir, lui dire combien il ne le méritait pas mais qu'il ne voulait pas qu'il l'abandonne. Il y avait tellement de chose qu'il aurait voulu dire ou faire mais il ne fit rien. Il préférait profiter de ce qu'il avait présentement. C'étaient sans doute ses derniers moments avec Jimin et il aurait aimé en profiter autant que possible.

Jimin s'avança, toujours souriant, toujours sans rien dire, et s'assit à coté de lui. Il dégagea son visage dans une douce caresse avant d'entrelacé leur doigts tendrement.

« Hey. Murmura le plus vieux.

-Hey. Répliqua JungKook et il fut surpris d'entendre les sanglots dans sa voix.

Il serra légèrement la main de son ainé dans la sienne, inspirant profondément, laissant Jimin emplir ses sens.

-Tout va bien ? S'enquit Jimin. Tu as disparu tout d'un coup, je me suis fais du souci...

Non, rien n'allait bien. Rien n'irait plus jamais bien. Mais JungKook n'arrivait pas à l'admettre.

-Je – J'ai trop bu, je crois. Marmonna JungKook. Il y a beaucoup de bruit en bas et j'avais besoin de – J'avais besoin d'un peu de calme. »

Jimin hocha doucement de la tête. Il comprenait. Il passa de nouveau une main sur le visage de son cadet et JungKook profitait de chaque instant comme si c'était le dernier. Il souffla légèrement lorsque les doigts de son petit-ami quittèrent sa peau, tremblant un peu. Il enroula un bras autour de la taille de son ainé et ils s'allongèrent tout deux dans le lit de TaeHyung. Ils retirèrent leurs chaussures à l'aveugle et se blottirent l'un contre l'autre, toujours sans un mot. Il pouvait sentir le souffle régulier et chaud de Jimin contre sa peau. C'était presque réconfortant. Il ramena le plus vieux un peu plus contre lui, callant sa tête sous son menton, ses doigts s'agrippant à son épaule comme si sa vie en dépendait. Jimin s'était mit à tracer des petits dessins aléatoires, des formes informes, sur son torse et JungKook frissonna.

Il n'était pas prêt à perdre tout ça.

C'était simple. Ce n'était rien d'extraordinaire et pourtant... Pourtant, il avait l'impression que c'était tout ce dont il avait toujours eu besoin.

« Tu es sûr que tout va bien Kook ? Redemanda Jimin, sa petite voix à peine plus forte qu'un souffle et JungKook avait l'impression de fondre. Tu m'as l'air... Je ne sais pas. Quelque chose t'est arrivé ?

-Je suis juste fatigué, hyung. Répondit finalement JungKook. Est-ce qu'on peut rester comme ça quelques minutes encore ?

Jimin ouvrit la bouche, comme pour dire quelque chose, mais rien ne sortit. Il enroula ses bras autour de son petit-ami à son tour et resserra son étreinte.

-Autant de temps que tu veux, Kookie. Autant de temps que tu veux. »

***

Aller mieux était un processus long et étrange, bourré d'étape toute plus complexe les unes que les autres et JungKook s'en était rendu compte sans doute beaucoup trop tard. Oh, sa psy et Hoseok lui avaient dit que la route serait longue et qu'il aurait sans doute plusieurs fois envie de tout arrêter mais il ne pensait pas que ça serait aussi difficile.

Pour commencer, il avait dû aller régulièrement chez EunJung. Jin avait payé pour un certain nombre de séance et JungKook refusait que son ainé perde son argent à cause de lui. Ceci étant, ça ne voulait pas dire qu'il appréciait le temps qu'il passait entre les quatre murs hideux du cabinet de sa psychologue.

Loin de là.

Leurs séances ne faisaient pas vraiment sens pour lui. Il ne racontait rien d'important. Du moins rien de crucial, rien qui puisse expliquer pourquoi il était là aujourd'hui. EunJung était au courant des moindres détails de sa relation avec Hoseok, pourquoi il voyait Namjoon comme le grand-frère qu'il n'avait jamais eu, pourquoi Jin était aussi important pour lui, pourquoi il avait mal vécu la distance qui s'était créée entre TaeHyung et lui et pourquoi il avait autant de mal à supporter Yoongi.

Parfois, il parlait de ses parents et de son frère.

Parfois il parlait de son chien et de l'affreuse décision qu'il avait dû prendre avant de s'engager.

« Donc si j'ai bien compris, laisser Gureum à Jimin après votre départ a été une des décisions les plus dures à prendre. Répéta doucement la jeune psychologue, griffonnant quelque chose sur son carnet. Pourquoi ?

-Parce que Gureum est un peu comme mon fils ». Répondit simplement JungKook.

Il n'aimait pas quand elle griffonnait sur son fichu carnet. Ça voulait dire qu'elle découvrait quelque chose à son sujet et il n'arrivait pas à savoir quoi et ça l'agacer franchement. C'était comme si elle avait un avantage sur lui, qu'elle comprenait quelque chose que JungKook ne pourrait jamais comprendre de son côté et il n'aimait pas ça.

Il n'aimait pas être en position de faiblesse.

« Et où est Gureum maintenant ? Demanda-t-elle de nouveau.

-Chez Jimin.

-Vous n'êtes pas allé le récupérer ? S'étonna-t-elle.

-Non.

-Et pourquoi ça ?

-TaeHyung m'a dit qu'il risquait plus d'être perturbé et malheureux s'il venait vivre avec moi. Expliqua le jeune homme en haussant des épaules. Et puis je n'ai pas encore assez d'argent pour m'occuper convenablement de lui.

-Mais vous l'avez revu au moins.

-Non. Et avant que vous ne me demandiez pourquoi, je ne sais pas pourquoi. Je suppose que je n'ai simplement pas eu le temps. »

EunJung n'ajouta rien. Elle griffonna encore quelque chose sur son carnet et décida de changer de sujet. JungKook devait reconnaitre qu'elle n'était pas idiote. Loin de là même. Elle avait rapidement compris qu'il y avait des sujets qu'il était inutile d'aborder.

Jimin et Mingyu étaient les deux sujets qu'il ne fallait pas mentionner si elle espérait pouvoir discuter librement avec lui.

JungKook n'avait pas besoin de son opinion sur ses deux sujets. Il n'avait pas besoin qu'elle lui explique pourquoi tout ce qui étaient liés à ces deux là étaient traumatisant. Peut-être qu'un jour il arriverait à en parler. Peut être qu'un jour il arriverait à raconter ce qu'il a ressentit lorsque Jimin l'a laissé partir, mais pas maintenant et surement pas avec elle.

Il n'avait rien contre EunJung, elle était agréable et faisait simplement son boulot mais s'il refusait de partager ce genre de blessure avec ses amis les plus proches alors il n'y avait aucune chance pour qu'une jeune femme qu'il connaissait à peine – et qu'il payait pour qu'il l'écoute – sache à quel point il avait été marqué par tout ça.

Sans doute que c'était encore trop frais pour lui.

Il pouvait déjà entendre Hoseok lui dire que s'il espérait aller mieux il fallait qu'il fasse face à cette partie de son passé. Il fallait qu'il arrive à mettre un mot, un nom sur la douleur qu'il ressentait quand il y repensait.

Il fallait qu'il arrive à parler.

Mais JungKook était sur qu'aucun mot ne pourrait jamais retranscrire la peine qu'il avait ressentit ce jour-là.

Il s'en souvenait parfaitement.

Il se revoyait sans le moindre mal, assit face à Jimin, dans ce fichu café.

Jimin portait une chemise en flanelle écru et un jean tout simple. Ce n'était rien d'incroyable et pourtant JungKook n'avait jamais rien vu d'aussi beau de toute sa vie. Jimin était tout simplement magnifique et JungKook avait envi de d'hurler. Parce qu'il trouvait ça injuste, parce que Jimin rendait tout tellement plus difficile et que JungKook était perdu.

Leur relation avait légèrement changé. Quelque chose s'était comme brisé entre eux. Les silences étaient devenus plus longs, parfois même inconfortables. Ils se disputaient plus fréquemment, souvent pour des stupidités sans nom qui prenait toujours des proportions incroyables. Leurs disputes avaient toujours été assez explosives, ayant tous les deux un caractère bien trempé et pas l'habitude d'admettre leur tords, mais en règle générale après avoir bien hurlé, ils finissaient toujours par se retrouver, s'excuser, peut-être même s'offrir un moment de tendresse plus intime qui donnait toujours à JungKook cette impression de se redécouvrir, lui et ses sentiments. Mais dernièrement, rien de tout ça, lorsqu'ils se disputaient, c'était violent, c'était cruel et les excuses étaient longues à arrivées, si elles arrivaient, ce qui n'était pas toujours le cas, parfois, ils se contentaient de passer à autre chose, laissant les restes de leurs rancunes pourrir dans un coin.

JungKook avait peur de perdre Jimin.

Alors il avait pris une décision. Il savait déjà que c'était une mauvaise décision mais il ne savait pas quoi faire d'autre.

Il avait attendu que le café de son ainé arrive pour lui annoncer. Sans doute pour avoir un effet dramatique. Ou bien parce qu'il était trop lâche pour se lancer directement.

« Je me suis engagé dans l'armée. »

Jimin n'avait pas tout de suite réagi. Il avait froncé les sourcils, avait ouvert une ou deux fois la bouche, comme pour dire quelque chose mais il n'était pas sûr de la façon de le faire.

« C'est-à-dire, tu t'es « engagé » dans l'armée ? Demanda finalement le plus âgé. Tu n'as pas déjà fait ton service militaire ?

-Si. » Répondit JungKook en se penchant pour attraper sa tasse et la porter à ses lèvres. Il fallait qu'il s'occupe pour ne pas perdre de vue son objectif. « Mais j'ai décidé de devenir un soldat de métier.

-Pardon ?

JungKook sentit quelque chose se briser, il supposa que c'était son cœur. Jimin semblait tellement désemparé, clairement sous le choc. Il avait l'impression qu'il venait de lui annoncer le décès de son petit frère.

-Je vais m'engager dans l'armée, hyung. Je ne sais pas vraiment comment l'expliquer mieux que ça ? Tenta plus doucement JungKook et il pouvait déjà sentir les quelques miettes de volonté qu'il avait lui échappé.

-Je – Pourquoi soudainement ? Je ne comprends pas.

-Je veux simplement faire quelque chose qui compte, hyung. Quelque chose d'important et si tu ne peux pas l'accepter alors –

-Non. L'interrompit rapidement Jimin. Ça n'a rien à voir, Kookie, je t'assure. Si tu me dis que c'est que tu veux faire et que tu sens prêt alors il est évident que je suis à 100% derrière toi. Tu as tout mon soutient. Je veux simplement comprendre pourquoi maintenant. Je pensais que hyung t'avait proposé une place dans son atelier ?

Il attrapa doucement la main de son cadet, la serrant tendrement entre ses petits doigts et JungKook sentit son cœur se resserrait. Il était affreux. Il n'y avait pas d'autre therme pour justifier ce qu'il était entrain de faire.

-Je – Je veux découvrir ce que la vie a à m'offrir, hyung. Expliqua faiblement le plus jeune. Je veux plus qu'une chaise derrière un bureau, tu comprends ?

Jimin se mordit doucement la lèvre inferieure et hocha de la tête. Evidement qu'il comprenait. Jimin comprenait toujours, il était toujours là derrière Jimin pour l'aider et le soutenir quelque soit l'idée qu'il s'était mis en tête.

-Quand est-ce que tu devrais rejoindre la caserne ? Demanda simplement Jimin et JungKook pouvait lire les dizaines de questions qu'il avait au fond de ses yeux.

-Dans un moi.

-Et c'est décidé ? Je veux dire, tu ne peux pas revenir sur ta décision, si jamais l'envie te prenait ?

-Je suppose que je peux toujours retirer ma candidature si quelque chose – Enfin si je ne me sentais plus de le faire. Ceci étant, hyung, il y a encore une chose que je devais te dire. »

Jimin hocha doucement de la tête, l'invitant à continuer et JungKook sentit son estomac se retourner. Il n'était pas obligé de faire ça. Il n'était pas obligé d'être aussi cruel. Après tout Jimin n'avait rien fait pour mériter ça.

Il avait le droit au bonheur.

Il méritait de voir ses rêves se réaliser.

Mais JungKook était bien trop égoïste pour ça. Il préférait être celui qui blesse que celui qui est blessé. Il y avait aussi cette partie de lui, cette partie cruelle qui pensait que Jimin serait prêt à tout pour le garder prêt de lui.

« Je crois – Je crois qu'il serait préférable qu'on se sépare.

Il avait prononcé cette phrase dans un souffle, rapidement, comme lorsqu'on arrache un pansement. Il s'était dit que ça lui ferait moins mal. Mais bon dieu ce qu'il s'était trompé. Il avait l'impression que quelqu'un lui avait mit un coup de poing dans l'estomac tout en lui enfonçant une lame entre les côtes. Et lorsqu'il avait enfin eut le courage de croiser le regard de son ainé, il sentit son cœur exploser.

Jimin était blanc, les lèvres celaient en une fine ligne tremblante tandis qu'il luttait de toute ses forces contre les larmes qui emplissaient ses yeux.

-Je peux te demander pourquoi ? Murmura-t-il après avoir lentement déglutit.

-Je pense que c'est le plus juste. Je serais loin et longtemps et je sais qu'une relation comme ça peut être pesante pour la personne qui reste au pays alors... Je préfère nous éviter ce genre de souffrance. Evidement, si tu pense qu'on peut le faire alors je ferais tout ce qu'il faut pour que ça marche mais s'il te plait... Réfléchis-y ? »

Jimin ne répondit rien et JungKook supposa que s'il ouvrait la bouche, il fondrait en larme. Il était d'ailleurs lui-même plutôt fier d'avoir pu dire tout ça sans se mettre à pleurer. Le plus âgé hocha simplement de la tête.

Après ça, les choses étaient devenus encore plus étrange. Ils n'avaient plus reparlé de son engagement. Jimin semblait éviter soigneusement le sujet. Il préférait parler de la place de manager qui venait de se libérer dans l'entreprise de son père et comme son père pensait que JungKook serait l'homme de la situation, ou bien simplement du post de photographe pour tel ou tel magazine dont il avait entendu parler durant la pause-café.

JungKook de son côté se laissait porter par les choses. Il avait décidé d'assumer son plan jusqu'à la dernière minute. Quelque chose en lui était persuadé que Jimin ferait le bon choix et qu'une fois que ça serait fait, ils pourraient envisager tranquillement leur avenir.

Et si jamais Jimin décidait autrement, alors JungKook assumerait, il accepterait sa décision et montrerait dans le train qui l'emmènera vers son destin.

Lorsque Jimin accepta de rompre avec lui, il avait senti le monde s'ouvrir sous ses pieds et l'aspirer dans les ténèbres. Un trou qu'il avait lui-même creusé et au-dessus duquel il se tenait en équilibre.

Le lendemain, Jin l'emmenait à la gare et JungKook allait affronter son destin.

Et aujourd'hui JungKook serait prêt à tuer pour retourner en arrière et ne pas monter dans cette voiture.

***

Jin lui avait dit qu'il n'était pas obligé de venir. Il lui avait répété que rien ne l'obligeait à venir, c'était juste une de ces soirées de charité auquel il se devait de participer parce qu'il était l'héritier des entreprises Kim General et qu'il était le seul des fils Kim à ne pas encore avoir une compagne à son bras, mais JungKook, lui n'était pas obligé de venir.

Sauf que tout le monde serait là et JungKook ne voulait pas se sentir exclu. Il ne voulait plus qu'on le traite comme s'il était sur le point de se briser. Il voulait aller mieux, il voulait être normal.

Alors JungKook avait répété qu'il avait vraiment envi d'y aller, tout en passant les manches de sa veste de costume. Il avait rassuré son ainé un bon demi-million de foi : il ne boirait pas trop, il trouverait de quoi s'amuser, il ne resterait pas dans son coin.

Tout ira bien.

Et tout allait bien. JungKook passait une bonne soirée. Vraiment. Il avait bu deux coupes de champagnes, mangeait bien plus de petit-four qu'il ne l'aurait imaginé, discutait avec une petite trentaine de personne et il se sentait bien. Il arrivait presque à oublier le fait que Jimin soit arrivé au bras de Yoongi, leur deux costumes assortis pour une raison qui lui échappait encore, puisque Yoongi avait répété à plusieurs personnes déjà qu'ils ne sortaient pas ensemble.

Vraiment.

Tout allait vraiment bien.

Jusqu'à ce que ce ne soit plus le cas, évidement.

Honnêtement, il aurait dû s'y attendre. Après tout, ce genre de soirée était plus un moyen de faire des alliances entre entreprises que de se préoccuper de ceux qui sont dans le besoin. Il était évident qu'à un moment ou un autre quelqu'un finirait par faire une offre de partenariat mais JungKook ne pensait pas que ce serait ce genre d'offre.

Il s'était retrouvé au milieu d'un petit groupe de fortunés travaillant dans l'import-export et évidement, Jimin, futur président de Park International Shipping sirotait tout en riant poliment aux quelques blagues que les autres membres – bien plus âgés – de leurs petits groupes lançaient avec un air vaguement satisfait et supérieur. JungKook s'était retrouvé parmi eux un peu par hasard, en suivant un jeune homme du prénom de Yugyeom qu'il avait rencontré un peu plus tôt et avec qui il semblait pouvoir s'entendre.

Jimin se tenait à quelque pas de lui, dans son costume bleu sombre, ses cheveux blonds ébouriffés de façon à donner une impression de coiffé-décoiffé sophistiqué et qui lui donnait un air encore plus adorable que d'habitude. Ses petites mains arboraient un ensemble de bagues en argents plutôt fines et discrète et JungKook avait été surpris de voir la chevalière des Park manquait à l'appel, ses oreilles étaient ornées de deux anneau en argent léger desquels pendaient deux files de pierre claire qui accrochaient la lumière dès que Jimin agitait même légèrement la tête.

Il était magnifique et ce n'était pas uniquement l'avis de JungKook. Le plus jeune avait bien remarqué les regards que son ainé attirait de droite et gauche, aussi bien des jeunes femmes que des jeunes hommes et de toute âges. Il n'avait aucun mal à lire leur intention dans leur œil et il avait essayé de ne pas se laisser atteindre.

Il avait vraiment essayé.

Après tout, Jimin et lui, c'était de l'histoire ancienne. JungKook n'avait pas le droit d'être jaloux parce qu'il attirait les regards. Jimin était un beau jeune homme, un bon parti avec ça et il était normal que certaines personnes espèrent pouvoir mettre la main dessus. Il avait essayé de se convaincre en se répétant que Jimin avait le droit – non le devoir d'aller de l'avant et JungKook allait devoir apprendre à vivre avec s'il espérait seulement aller mieux.

Mais il n'avait pas pu s'empêcher de s'étouffer avec son champagne lorsque Song JeonYeon avait posé la question.

Song JeonYeon était l'épouse de Song Minsoo, un mania de l'électronique qui avait hérité de la fortune de son père et qui avait laissé la gestion de son entreprise à son conseil, si bien que JungKook n'était pas sûr qu'on puisse qu'il eût travaillé ne serait-ce qu'un jour dans sa vie. Quoiqu'il en soit, le couple Song était les heureux parents de deux adorables enfants. JungKook en avait entendu parler une ou deux fois dans les journaux, souvent pour des histoires de relations sulfureuses.

Celle dont il avait le plus entendu parler était la plus jeune : Kyulhyung, c'était une gamine d'à peine vingt ans qui sortait tout juste du lycée et débutait ses études en commerce. Dès qu'elle apparaissait sur les pages glacées des magazines c'était au sujet d'une nouvelle relation avec un héritier ou bien un mouton noir des sphères de la haute société.

L'ainé répondait au prénom de Song Minseok. Il était plus jeune que Jimin d'un an et il était bien parti pour reprendre la société de son père d'ici quelques années. Les seules fois où il avait fait les choux gras des tabloïds c'était pour son coming-out et son premier petit ami puis leur évidente séparation.

Le couple Song avait toujours mis en avant leur ainé comme une preuve que les mentalités des coréens avaient évolué, s'étaient ouvertes sans doute dans l'espoir de devenir un modèle pour les expatriés. Ils montraient un tel soutient à leur fils que s'en était presque suspect. Même les parents de JungKook qui avaient été particulièrement tolérants et bienveillants lorsqu'il avait fait son coming-out ne ramenaient pas son homosexualité sur le tapis qu'il en avait l'occasion.

« Alors, Jimin ? Je suppose que le mariage de votre ami à donner des idées à votre père ? Demanda madame Song.

JungKook avait senti son cœur s'arrêtait, son sang se figeait et avait soudainement oublié comment on était censé boire.

Jimin avait ri légèrement, poliment mais JungKook avait bien vu que ce n'était rien de plus.

-Et bien, c'est vrai qu'il s'est beaucoup intéressé à l'organisation du mariage de Taehyung. Je suppose qu'il a dû noter quelques idées à droite et à gauche.

-Il espère surement vous voir passer la bague au doigt du jeune photographe rapidement. Ricana un autre invité et JungKook n'avait aucun souvenir de son nom.

Il sentit ses doigts se resserré sur sa coupe de champagne. Rien que d'imaginer Jimin devant l'hôtel avec Yoongi, il pouvait sentir son sang bouillir et quelque chose de sombre grossir dans son estomac. Il n'avait pas besoin de réfléchir bien loin pour savoir qu'il était jaloux.

JungKook voulait que Jimin aille de l'avant mais il préférerait que ce ne soit pas avec Min Yoongi.

C'est tout.

N'importe qui mais pas Yoongi.

-Yoongi hyung ? S'étonna Jimin, ses yeux grands ouverts et JungKook le trouva atrocement adorable. Oh non ! Surement pas, haha ! Yoongi hyung et moi sommes simplement amis. Je peux vous assurer qu'il n'y a aucune chance pour que quelque chose se passe entre nous.

-Oh alors vous êtes toujours célibataire ? S'exclama madame Song et JungKook aurait bien rit, il n'avait jamais vu quelqu'un jouait aussi mal la comédie.

-Et bien, techniquement oui mais –

-Je devrais peut-être vous présenter mon fils ! Lança-t-elle avec un sourire sans doute trop grand. Vous avez peut-être entendu parler de lui, Song Minseok ?

-Ça me dit quelque chose, oui. Répondit Jimin et il était clair qu'il était assez mal à l'aise avec la direction que la conversation prenait.

-Vous devriez le rencontrer, je suis sûre que vous vous entendriez à merveille ! Et qui sait ? Peut-être bien que votre père pourrait réserver le même traiteur que celui du mariage de votre ami. » Ajouta-t-elle d'un air malicieux et conspirateur.

JungKook était à peu prêt sûr que toute la salle avait pu entendre son cœur se briser lorsque Jimin avait proposé d'échanger leur numéro avec un sourire polit. Il avait avalé d'une traite son verre et avait murmuré à Yugyeom qu'il allait prendre l'air. Il n'était même pas sûr qu'il l'avait entendu mais ça ne lui faisait pas grand-chose.

Il ne se sentait pas bien et il préférait faire comme s'il ne savait pas pourquoi il ne se sentait pas bien. Il avait l'impression de ne plus pouvoir respirer, comme un poids sur sa poitrine qui l'empêchait de se gonfler pour laisser l'air remplir ses poumons. La tête lui tournait et lui paraissait lourde, atrocement lourde, comme s'il avait bu pendant des jours et des jours. Sa vision se faisait floue et il pouvait sentir ses membres tremblaient, ses genoux menaçant de rendre les armes à tout moment.

Lorsque l'air frais de la nuit lui caressait le visage, il sentit son estomac se retournait. Il avait chaud, beaucoup trop chaud, il pouvait déjà sentir ses cheveux coller légèrement à ses tempes. Il décida de défaire légèrement sa cravate dans l'espoir fou de pouvoir respirer mais ça n'arrangea rien. Il fit quelque pas avant de s'appuyer lourdement contre un arbre et de vider le contenu de son estomac au sol. C'était douloureux, sa gorge lui brûlait, il haletait comme s'il venait de courir un marathon et il pouvait sentir un nouveau haut le cœur le prendre lorsque l'odeur putride du champagne et des canapés au saumons remonta jusqu'à son nez.

Il s'essuya le coin de la bouche avec sa main et poussa un long soupir. Il ferma les yeux quelques secondes pour reprendre ses esprits avant de décider qu'il ne pouvait pas rester ici. Il n'avait aucune idée d'où est ce qu'il pourrait aller, mais il ne pouvait rester. Il supportait déjà à peine de voir Jimin simplement au bras d'un ami alors le voir accepter des propositions de rendez-vous arrangés aussi grotesques et peu discrètes que celle-ci, c'était trop pour lui.

Jimin était trop pour lui.

Honnêtement, il n'était pas sûr d'être un jour prêt à voir Jimin heureux sans lui et ça le rendait malade.

Alors il se dirigea vers le vestiaire, récupéra ses affaires, envoya un rapide message à Jin pour le prévenir qu'il s'en allait puis appela un taxi. Celui-ci le déposa en bas de sa rue et JungKook était déterminé à rentré chez lui.

Il avait vraiment essayé de rentrer chez lui.

Mais il y avait ce bar qui était juste à quelque pas de lui et il s'était dit qu'un verre ne lui ferait pas de mal. Après tout, il avait bien vomi tout son champagne, il fallait qu'il se rince la bouche et il n'avait plus une goute d'alcool en lui, alors où était le mal ?

Un verre en a suivit un autre.

Puis un autre.

Encore un.

Il avait perdu le compte au bout du quinzième. C'était le barman qui avait dû le sortir, lui demandant s'il devait appeler quelqu'un. JungKook avait dit que non, qu'il prendrait un taxi. Le barman l'appela lui-même et JungKook s'affala sur la banquette arrière et il lui donna une adresse.

Pas son adresse.

Il ne savait même pas pourquoi il avait donné cette adresse ou bien pourquoi il se souvenait de son adresse. Mais c'était comme ça qu'il s'était retrouvé à harceler la sonnette de Jimin à minuit passer. Le plus âgé avait ouvert la porte avec les yeux écarquillé malgré le sommeil, un jogging et un t-shirt surement passé à la hâte. JungKook savait qu'il dormait torse nu en règle générale. Ses cheveux étaient lissés, tombant en une adorable mèche blonde et sage sur son front.

« Tout mais pas Min Yoongi, s'il te plait, hyung ! S'écria JungKook aussitôt que l'ainé ouvrit la porte.

-JungKook ?! Mais qu'est-ce que –

-Je sais – Je sais que tu d-dois te marier ! Coupa JungKook en battant l'air de sa main. Mais juste pas Min Yoongi, hm ? »

Jimin ne répondit rien, encore prit par la surprise et celle-ci se fit bien plus grande lorsque JungKook le poussa légèrement pour s'inviter dans l'appartement. L'endroit n'avait pas vraiment changé et JungKook devait bien admettre qu'il se sentait étrangement rassuré de voir ça.

Jimin avait toujours le même canapé en cuire marron, traçant un L et il y avait toujours la même petite couverture jaune soigneusement pliée dans le coin de celui-ci. JungKook lui avait offert cette couverture durant leur deuxième hiver. Il l'avait trouvé un peu par hasard en se cherchant de nouveau draps. Il n'avait jamais compris pourquoi il avait pensé à Jimin en la voyant mais il se souvient parfaitement du sourire qui avait orné les lèvres du plus vieux quand il avait ouvert le paquet.

C'est à partir de ce moment là que JungKook s'était décidé à lui offrir des cadeaux plus fréquemment.

Savoir qu'il l'avait gardé après tout ce temps lui avait réchauffé le cœur et avec tout l'alcool qu'il venait d'ingérer, il aurait sérieusement pu pleurer.

Ceci étant, il avait changé de télé, elle était plus grande que l'ancienne, et de table basse aussi, celle-ci était totalement en bois tandis que la précédente avait une vitre en guise de plateau. Mais dessus, il avait toujours le petit plateau en bois blanc que JungKook et lui avaient trouvé dans une brocante et le cadre contenant la photo qu'ils avaient prit ensemble lorsque JungKook avait reçu son diplôme à la fin de son lycée.

Il pouvait sentir lui monter aux yeux, mais il secoua rapidement la tête pour les chasser aussi vite.

Il s'affala dans le canapé et attrapa le cadre entre ses mains tremblantes. Qu'est ce qu'il ne donnerait pas pour retourner à cette époque. Tout était bien plus simple à ce moment-là.

« Tu as changé de table basse. Murmura-t-il et même pour son cerveau imbibé d'alcool, ça sonnait incroyablement stupide.

-Hm, Namjoon hyung a cassé la vitre il y a quelque mois. Répondit simplement Jimin. JungKook, tu peux m'expliquer ce que tu fais là ? Jin hyung était très inquiet lorsqu'il a reçu ton message, tu sais ? Tu es parti d'un coup et tu avais l'air mal, je –

-Pourquoi tu l'as gardé ? Coupa Jungkook une nouvelle foi.

-J'aime cette photo. » Répondit simplement Jimin en prenant place à coté de JungKook sur le canapé.

Peut être que s'il n'était pas dans un état second, JungKook aurait paniqué. Peut-être qu'il aurait eut peur de savoir Jimin si proche de lui.

Parce qu'il n'était pas prêt.

Il n'était prêt pour rien.

Il n'était pas prêt pour voir Jimin allait de l'avant sans lui.

Il n'était pas prêt pour se retrouver seul avec Jimin.

Il n'était pas prêt pour faire face à ses erreurs.

Il n'était pas prêt pour aller mieux.

Parce qu'aller mieux c'était accepter ses erreurs.

C'était faire face à Jimin.

C'était laisser partir Jimin.

Et JungKook n'était pas prêt pour ça.

Il n'était pas prêt à laisser partir la seule chose de bien qu'il ait eut dans sa vie.

Alors il resserra sa prise sur le cadre et sentit les larmes monter de nouveau.

« Pourquoi tu ne m'as rien dis ? Demanda-t-il finalement, d'une petite voix.

-De quoi tu parles ?

-Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu savais pour Namjoon et moi ?

Le dire était aussi douloureux que de l'apprendre. Ces quelques mots avaient laissé un arrière-gout amer dans sa bouche.

-Tu es sûr que tu veux qu'on en parle maintenant ? Demanda doucement Jimin.

-Pourquoi on n'en parlera pas maintenant ? Répliqua le brun.

Il s'écarta soudainement du plus vieux et l'alcool remplaça le regret par de la colère. Parce que Jimin ne lui laissait jamais une chance d'arranger les choses.

Parce que Jimin était celui qui avait rompu avec lui au final et tout le monde le pointait du doigt comme si c'était lui le coupable.

Parce qu'il avait prit tout le blâme pour leur relation alors que c'était Jimin qui y avait mis fin.

Parce que JungKook en avait assez de se sentir coupable. Il en avait assez de regretter. Il était fatigué. Fatigué de se sentir comme un étranger dans sa propre vie. Fatigué des nuits sans sommeils, des cauchemars, des souvenirs. Fatigué d'être seul.

Fatigué.

Juste, tellement, tellement fatigué.

« Parce que tu es soul, JungKook-ah et que ça ne me parait pas être le bon moment. » Répondit toujours aussi calmement le blond.

Et JungKook pouvait voir dans son regard qu'il pensait à bien. Jimin n'avait pas la moindre malice ou bien rancœur au fond des yeux. Il ne faisait pas ça pour faire du mal à son cadet, bien au contraire, il faisait ça pour le protéger, pour l'aider.

Mais JungKook n'avait pas besoin de ça. Il n'avait pas besoin de sa pitié, de sa tendresse. Pas si c'était seulement parce qu'il était soul et blessé, pas quand il n'irait pas au-delà d'une tape amicale dans le dos et quelques mots d'encouragement.

Il avait besoin qu'il le prenne dans ses bras, qu'il le berce et l'embrasse jusqu'à ce que ça aille mieux.

Il avait besoin que Jimin l'aime comme avant, comme lorsqu'il a reçu son diplôme de lycéen.

Il ne voulait rien d'autre et n'avait besoin de rien d'autre.

« Pourquoi tu fais ça ? Murmura JungKook en fixant la photo qu'il tenait entre ses doigts. Pourquoi tu fais comme si je comptais à tes yeux ? Pourquoi tu fais comme si tu en avais quelque chose à faire ?! Hurla-t-il finalement en lançant le cadre contre le mur face à lui.

Jimin sursauta et laissa un petit cri de surprise lui échapper. Il se leva d'un bond pour aller ramasser les restes du cadre.

-Ne touche pas à ça ! Hurla JungKook en se levant d'un bon.

-Tu peux m'expliquer ce qui te prends, JungKook ?! Répliqua Jimin sur le même ton.

-Je t'interdis de faire ça, tu m'entends ?!

-De faire quoi ?!

-De faire comme si tu en avais quelque chose à faire ! S'écria JungKook. De faire comme si notre histoire avait compté pour toi ! Comme si j'avais compté pour toi ! Parce que je sais que ce n'est pas vrai, Jimin ! Tu vois ?! Tu te fiche royalement de ce que je peux ressentir ! Parce que si c'était le cas, si tu te faisais vraiment du souci pour moi tu ne ferais pas ça !

-Ne ferais pas quoi, exactement JungKook ?

-Me donner l'impression que tu ne m'en veux pas, que tout va bien entre nous alors que c'est faux ! Tout ne vas pas bien ! Je ne vais pas bien ! Répondit-il en se tapant la poitrine avec violence. J'essaye, je te jure que j'essaye, Minie ! J'essaye de me dire que ça va passer, que ça ira mieux demain. Mais devine quoi ? On est demain et ça ne va pas mieux ! Ça ne va jamais mieux ! Regarde-moi ! Je suis soul et je suis chez toi ! Parce que tout ce que j'ai trouvé à faire, c'est venir retourner le couteau dans la plaie, l'enfoncer encore un peu plus profond, juste histoire que ça n'aille pas mieux ! Parce que je ne suis même pas sûr que je veuille aller mieux, Jimin ! Parce que je ne suis même pas sûr d'avoir le droit d'aller mieux ! Parce qu'au fond, au fond, je la mérite bien, toute cette douleur, nan ? Alors – A-Alors je t'en supplie ne fait pas comme si je comptais pour toi.

Sa voix se brisa sur les derniers mots et il avait vu le cœur de Jimin se brisait dans le fond de ses yeux. Alors il baissa le regard. Parce qu'il ne pouvait pas affronter celui de son ainé. Ils restèrent quelques secondes en silence comme ça. JungKook se sentait soudainement faible et fragile et il espérait que Jimin s'en rende compte. Mais Jimin était tout aussi perdu.

Jimin n'osait pas le regarder dans les yeux, lui non plus. Il n'arrivait pas à croire que c'était JungKook. Ce n'était pas possible. Le jeune homme qui se tenait devant lui ne pouvait pas être celui qui l'avait tenu dans ses bras, celui qu'il l'avait réconforté, rassuré, aimé. Certes, même le JungKook de ses souvenirs n'étaient pas parfait : égoïste, jaloux, impulsif et beaucoup d'autre chose. Mais violent et autodestructeur comme celui-ci.... Ce n'était pas JungKook qu'il avait devant les yeux, mais l'ombre de lui-même.

« JungKook, écoute, tu es saoul et fatigué, je ne pense pas –

-Et voilà ! S'écria JungKook en lançant les bras en l'air. C'est reparti pour un tour, n'est-ce pas ?! Mesdames et messieurs laissez-moi vous présenter le grand Park Jimin dans son meilleur tour : la disparition !

Il écarta en grand les bras comme pour saluer une foule en délire, l'alcool le rendant légèrement instable. Jimin fit tout son possible pour ne pas laisser l'agacement se lire sur son visage. Il prit une grande inspiration, expira lentement, cherchant à calmer la rage qui commençait à monter en lui. Le plus jeune était attaqué par l'alcool.

Ce n'était pas ces mots mais ceux de la boisson.

Il ne pouvait pas lui en vouloir pour son attitude lorsqu'il était dans cet état, ça serait injuste. Il fit son possible pour calmer sa voix et avoir une posture détendue. Il ne fallait pas qu'il l'énerve plus que ça. JungKook était un sacré gaillard et Jimin était sûr que même bourré, il n'arriverait pas à le mettre à terre et ça même sans l'entrainement militaire.

-De quoi tu me parles, encore, Kook ? Demanda doucement le plus vieux, les mâchoires serrées.

-Regardez-le, ricana le brun avec un sourire béat. Regardez le jouer les innocents... Comme si ce n'était pas sa plus grande passion, me laisser tout seul !

-Te laisser tout seul ?!

-Exactement, répliqua JungKook, le pointant vaguement du doigt. Tu m'as laissé tout seul, Jiminie ! Tu n'es même pas venu me chercher à la gare, tu n'es pas venu pour le repas de retrouvaille, tu n'es pas venu pour... Quand je t'ai appelé ! Tu me laisse toujours, toujours tout seul ! Parce que la vérité c'est que tu me déteste, hein Jiminie-Minnie. Tu me déteste ! Alors que moi... Moi je n'ai rien fait pour mériter ça ! Moi je t'aime même si tu m'as laissé tout seul ! »

Il était à bout de souffle et pourtant il n'avait pas parlé si fort ou bien vite. Il titubait légèrement, le regard hagard, répétant vaguement que Jimin l'avait laissé seul. Que Jimin le détestait. Cette fois-ci, le plus vieux ne se reteint pas, il roula ostensiblement des yeux au ciel en soupirant, les bras croisés sur son torse, son regard trahissant son agacement et la patience qu'il commençait à perdre très rapidement. Le spectacle qui se déroulait devant lui était réellement pathétique. Un grand machin de vingt-trois ans, un mètre quatre-vingt-neuf, tout en muscles et en veine, tenant à peine sur ses pieds, valsant de droite à gauche, le regard brumeux, les joues rougies d'alcool, les cheveux dans tous les sens, répétant en boucle des phrases à peine intelligible.

En temps normaux, Jimin aurait essayé. Il aurait essayé d'être plus patient, il n'aurait pas réellement cherché à avoir une réelle conversation avec son cadet, il l'aurait simplement allongé et se serait assuré qu'il se soit endormi dans les bonnes conditions avant de rejoindre Yoongi dans l'appartement du dessus pour passer une nuit au calme. Mais ce soir il n'en avait pas la force. D'abord parce qu'il avait bu un peu, lui aussi. Puis il était légèrement fatigué, ses journées étant de plus en plus stupidement longue dernièrement. Surtout parce qu'il ne se sentait plus capable de subir ça. Il se sentait plus capable d'être l'éternel coupable pour JungKook. Il n'avait plus envie d'être l'adulte de l'histoire et agir comme tel. Il ne voulait plus se mordre la langue pour éviter de vexer le plus jeune. Il ne voulait plus ménager la sensibilité de son ex-compagnon quand celui-ci n'avait aucun mal à marcher sur le peu de fierté qui lui restait dans cette histoire.

Jimin ne niait pas sa part des fautes mais il refusait de garder celle de JungKook plus longtemps. Hoseok lui avait dit que c'était pour leur bien à tout les deux, que garder ce qu'il avait sur le cœur pouvait permettre à Jimin d'apprendre de leur relation passée et donner le temps à JungKook d'aller mieux. Mais Jimin en avait assez, il en avait assez de protéger JungKook parce que personne ne le protéger lui.

Personne ne lui tendait la main en lui assurant que ça ira mieux.

Personne ne lui avait demandé comment est-ce qu'il vivait cette situation.

On lui avait simplement dit de se tenir légèrement à l'écart du plus jeune et de sourire. Parce que c'était ce qu'il y avait de mieux pour JungKook.

« « Je t'ai laissé tout seul » ? Répéta Jimin, la voix sombre. De quel droit, JungKook ? De quel droit tu te permets de me dire ça ?! C'est toi qui voulais t'engager ! Tu voulais trouver un sens à ta vie, te sentir utile ou je ne sais quelle connerie ! Tu t'ennuyais avec nous et voulais voir le monde ! De quel droit tu oses me dire que moi, moi je t'ai « laissé tout seul » quand tu m'as annoncé ton départ littéralement un mois avant ! Un moi, JungKook ! A peine trente putain de jour pour me faire à l'idée que l'homme avec qui j'avais partagé deux ans de ma vie allait monter dans un train et disparaitre je ne sais pas ou pour y faire je ne sais pas quoi ! Sans parler de la peur de recevoir ce foutu appel m'annonçant que tu avais sauté sur une mine ou prit une balle je ne sais pas où !

-J'en parlais bien avant de m'engager, Minnie et tu le sais très bien ! Répliqua JungKook, le regard soudainement beaucoup plus stable. Si vraiment l'idée de me voir partir t'était si insupportable, tu as grandement eu le temps de me convaincre de rester !

-Et tu crois que je n'ai pas essayé ?! S'enragea le blond. Je ne t'ai jamais forcé à travailler et soudainement je te parle de recherche d'emploi, de gens qui engage ?! Mon père a toujours trouvé que Namjoon était plus qualifié pour le poste de manager mais il te le propose à toi ?! Tu ne t'es pas dit que c'étaient d'étrange coïncidences ?!

-Je ne suis pas fait pour le travail de bureau, Jimin et tu le sais ! Répliqua égale le brun, s'avançant vers son ainé. Tu auras été prêt à sacrifier mon bonheur pour le tiens ?!

-Mais tu te fous de ma gueule, JungKook ?! Qu'est-ce que tu veux à la fin ?!

-J'aurai voulu compter à tes yeux ! » Hurla finalement le brun, les larmes aux yeux.

Jimin ne répondit rien. Un silence instable s'installa entre eux. Ils se fixaient sans rien dire. JungKook avait la respiration lourde, les yeux humides, les mains moites et tremblantes. Il voulait combler les quelques mètres qui le séparaient de son ainé et le prendre dans ses bras pour ne plus jamais le lâcher. Il voulait que Jimin lui dise que tout ira bien et qu'il le berce jusqu'à ce qu'il s'endorme pour qu'il ait enfin le droit à une nuit, une vraie nuit. Mais il était terrifié par ce qu'il voyait : par ce regard vide, triste, blessé et froid, ce visage fermé, l'abandon qu'il pouvait lire en Jimin.

Jimin avait abandonné. Ça y est, JungKook avait atteint les limites. Des limites qu'il pensait inexistante quand il s'agissait de lui. Il pensait que Jimin serait toujours là pour lui, qu'il aurait toujours envie d'aller plus loin pour le plus jeune, d'essayer, de se battre pour ce qu'il avait, ou du moins ce qu'il en restait. Mais il fallait qu'il se rende à l'évidence : il venait de toucher le fond et Jimin n'avait plus la force de lui tendre la main.

« C'est toi qui as parlé de rupture en premier, JungKook. Reprit Jimin, à voix si basse que JungKook n'était pas sûr de l'avoir réellement entendu. Le jour même où tu m'as annoncé ton engagement, tu as dit qu'il serait sans doute mieux qu'on se sépare.

-Tu n'étais jamais là, répliqua JungKook faiblement. Toujours au studio ou bien avec ton père, tu n'avais pas une seconde pour moi... Je voulais te faire peur, je suppose... Que tu te battes un peu pour moi...

-Merde JungKook ! Hurla subitement Jimin, faisant sursauter son cadet. Tu t'es servi de moi comme moyen de pression pendant un an ! Tu as embrassé un autre homme ! J'ai supplié mon père de te donner un travail ! J'étais même prêt à abandonner ma bourse pour rester avec toi et toi tu... Me faire peur ?! « Compter un peu à tes yeux » ?! Est-ce que tu te rends seulement compte à quel point tu es injuste, JungKook ?!

JungKook recula légèrement, surpris par la soudaine colère de son ainé. Il ne l'avait jamais vu comme ça. Jamais Jimin ne lui avait reproché d'avoir embrassé Namjoon, ou bien d'avoir accepté de sortir avec lui dans le seul but de rendre Namjoon jaloux. Ni de ce qu'il avait fait pour lui auprès de son père. Quant à sa bourse. JungKook n'arrivait pas à croire ce qu'il venait d'entendre.

-T-Ta bourse ? Bégaya le plus jeune, incrédule. Tu veux d-dire...

-Ma bourse universitaire pour le Conservatoire de Paris, oui. Répondit Jimin, l'air légèrement agacé.

Cette bourse c'était l'aboutissement de sa vie. Jimin ne s'était préparé qu'à ça. Il avait subi des heures d'entrainements, des séances de renforçassions et des régimes drastiques dans le seul but de recevoir le mail qui lui annoncerait son acceptation au Conservatoire de danse classique de Paris. JungKook se souvient encore parfaitement des constations qui brillaient dans ses yeux dès qu'il parlait de cet endroit. Il se souvenait aussi du pincement au cœur qu'il avait à l'idée de voir son Jiminie partir si loin de lui.

-Je ne suis pas idiot, JungKook, reprit Jimin, égale. J'ai bien vu la tristesse dans ton regard quand TaeHyung s'est senti obligé de l'annoncer. Si Tae' ne m'avait pas menacé de me briser les jambes si j'y reconnait pour toi, j'aurai fini par accepter le post dans l'entreprise de mon père et j'aurai vécu la même vie que lui. A l'époque je m'en fichais pas mal de finir dans un bureau dix heures par jour pour un salaire minable si je pouvais diner avec toi, dans notre appartement. Mais tu t'es engagé dans l'armée, tu m'as proposé de rompre... Tu m'as dit d'y réfléchir sérieusement... Et j'y réfléchis tout en essayant de te montrer qu'on pouvait être heureux tous les deux. J'ai essayé de te retenir, JungKook, j'ai vraiment essayé. Mais tu n'avais pas l'air de vouloir rester avec moi, alors je me suis dit que c'était sans doute plus simple si je te laissais partir. »

JungKook ne répondit rien. Il laissa les mots de Jimin s'imprimer dans son esprit. Il baissa le regard sur les débris de verre qui se trouvait au pied de son ainé et il les compara à leur relation. Il aurait pu rire de cette réflexion si seulement elle n'était pas aussi douloureuse.

« Pourquoi tu ne m'as rien dit pour Namjoon ? Demanda de nouveau le plus jeune, les yeux toujours rivés sur les bouts de verre.

Jimin souffla. Il se passa une main dans les cheveux et posa son regard au loin.

-Je me suis dis que si tu décidais de rester avec moi, même après l'avoir embrassé, alors ça voulait dire que tu m'avais choisi malgré tout. Qu'est ce que ça change de toute façon ? Demanda-t-il finalement dans un soupir las.

-Tout. Rien. Je n'en sais rien. Je suis juste – Je suis juste tellement fatigué, Minnie. »

Et juste comme ça, JungKook décida qu'il n'avait plus besoin de lutter. Il décida qu'il était trop fatigué pour se battre et qu'il n'en avait plus envie. Alors il laissa les larmes dévaler sur ses joues. Il ne s'était même pas vraiment rendu compte qu'il s'était mit à pleurer, il avait simplement décider de laisser tomber à son tour. Après tout, si Jimin avait décidé qu'il pouvait abandonner pourquoi JungKook devrait continuer à se battre contre des moulins à vent. Pourquoi est-ce qu'il devrait essayer si personne n'était là pour lui dire qu'il avait bien fait à la fin de la journée.

Oh, Hoseok serait là pour lui tenir la main mais ça ne serait jamais autre chose que la main froide du médecin fier d'avoir sauver une nouvelle âme en peine. Il n'était rien de plus qu'un cas pour Hoseok, ou tout du moins Hoseok ne voyait plus le patient avant l'ami.

Quant aux autres, évidement qu'ils auront des mots réconfortants, peut être même une étreinte vaguement chaleureuse mais JungKook savait bien que ça ne serait jamais réel. Namjoon ne pourrait pas oublier leur baiser et tout ce que ça impliquait. TaeHyung ne pouvait pas oublier sa trahison. Yoongi espérait toujours secrètement pouvoir tenir la main de Jimin et SeokJin n'avait jamais vraiment comprit pourquoi Jimin avait choisit JungKook.

Ça ne serait que des mots vides.

Il n'y avait plus rien qui l'attendait dans ce monde et il était sûr qu'il n'y aurait rien d'autre dans le prochain. S'il avait au moins la moitié du courage que Mingyu avait eu, il n'en serait pas là aujourd'hui. Tout serait bien plus simple.

Mais rien n'était trop tard, JungKook pouvait encore arranger les choses. Il pouvait encore rendre les choses plus faciles pour tout le monde. Il lui suffirait de ne plus ouvrir les yeux, de vraiment tout lâcher et de se laisser partir une bonne fois pour toute.

Il suffirait juste qu'il ferme les yeux, prenne une grande inspiration et tout irait mieux.

Pour tout le monde.

Alors il prit une grande inspiration qui resta bloquée dans sa gorge lorsqu'il sentit les bras de Jimin s'enroulait autour de sa forme tremblante. Les petites mains de Jimin se mirent à tracer des cercles sur ses épaules secouées par ses sanglots. Lentement, il dirigea le visage du plus jeune dans le creux de son cou, l'invitant silencieusement à se reposer sur lui.

Et JungKook décida de vraiment lâcher prise. Il s'agrippa férocement au t-shirt de son ainé et se mit à pleurer encore plus fort. Il ne cherchait plus à retenir ses larmes, laissant sa fatigue, son chagrin, sa colère et toutes ses peurs les remplir avant qu'elles coulent aisément sur ses joues, sans la moindre inhibition.

Et Jimin le laissa pleurer. Il caressant doucement d'une main son dos tandis que l'autre jouait avec une tendresse presque naïve les mèches sombre de son cadet. Il resserra légèrement sa prise sur le corps tressautant de JungKook, comme pour lui dire de se reposer totalement sur lui. Il murmurait des petits rien pour le rassurer, lui répétant que tout irait bien maintenant, qu'il était là, qu'il ne laisserait pas tomber ce qui fit pleurer de plus bel le plus jeune.

Il ne méritait pas Jimin. Il ne méritait pas son aide, il ne méritait pas qu'il le tienne dans ses bras et qu'il s'offre à lui comme ça. JungKook méritait de souffrir. Il méritait d'être laisser tout seul.

« Ce n'est pas vrai, Kook.

Jimin se recula doucement, attrapant le visage du plus jeune entre ses mains, l'obligeant à lui faire face. Doucement, du bout du pouce, il essuya une larme qui fut rapidement remplacer par une autre.

-Tu ne mérite pas de souffrir, Kook. Reprit doucement Jimin. Tu m'entends ?

-M-Mais je – J'ai fais d-du mal à Joon h-hyung et – Et Tae – Tae me d-déteste parce que – Parce que – Je t'ai f-fais t-tellement de mal, Minnie –

-Et tu voulais nous faire du mal, Kook ? Tu as fait tout ça uniquement pour nous faire du mal ? Demanda dans un murmure Jimin, essuyant toujours les larmes abondantes du plus jeune.

-Evidement que non ! S'écria desespérement JungKook en secouant la tête, resserrant sa prise sur le t-shirt de son vis-à-vis comme s'il avait peur que Jimin lui file entre les doigts.

-C'est pour ça que tu ne mérite pas de souffrir Kookie. Souffla Jimin. Parce que tu n'es pas mauvais. Tu as fait des erreurs mais tout le monde en fait, JungKook. Tout le monde. Est-ce que je t'en aie voulu ? Oui, évidemment, mais ça ne veut pas dire que je te déteste aujourd'hui. Ça serait injuste de ma part. On ne peut pas faire ce genre de chose, pas pour des erreurs de gamins. Maintenant, c'est à toi de voir ce que tu veux apprendre de ses erreurs. C'est à toi de voir si tu veux vivre dans le passé ou bien essayer d'avancer, Kookie. »

JungKook n'avait rien répondu, une nouvelle vague de larmes l'avait pris d'assaut et il savait que s'il ouvrait la bouche, il serait incapable d'articuler quoique ce soit qui ait du sens. Jimin semblait avoir lu dans ses pensées parce qu'il se contenta de coller son front contre celui e son cadet, murmurant que c'était normal de pleurer et qu'il avait le droit.

Cette nuit, JungKook avait partagé le lit de Jimin, pleurer l'avait vidé de toute son énergie et l'alcool n'avait clairement pas aidé. Il ne s'était réveillé qu'aux alentours de dix heures et c'était la première fois depuis longtemps qu'il avait l'impression d'être vraiment reposé. Lorsqu'il avait ouvert les yeux, Jimin était encore endormi à coté de lui, les joues gonflées par le sommeil et l'air détendu. JungKook décida de profiter un peu de ce cours instant de bonheur et se blottit un peu plus contre son ainé et lorsque Jimin soupira de satisfaction, son bras s'enroulant doucement autour de ses hanches, JungKook sentit le sommeil l'accueillir de nouveau et pour une foi il lui rendit la pareille.

***

SeokJin lui avait passé un savon légendaire dans les jours suivants puis lui avait proposé un post d'intervenant en sport dans un lycée où sa petite-amie travaillait.

JungKook avait accepté l'offre tandis que Yoongi s'étranglait avec son café, demandait à son ainé depuis quand il avait une petite-amie.

Hoseok lui offrit un sourire fier tandis que Jimin passa une main délicate dans son dos, murmurant qu'il était content pour lui et qu'il allait très bien se débrouiller.

JungKook avait décidé d'avancer et il savait bien que la route serait longue. Il faisait simplement qu'il fasse le premier pas. Il avait commencé à être plus ouvert, plus honnête.

Pour commencer, il discutait plus ouvertement et calmement avec sa psychologue. Ils avaient pu se penchaient sur certains aspects de la vie de JungKook plus ou moins en profondeur. Ils avaient parlé de son coming-out, de sa relation avec Namjoon hyung, de certains points de celle qu'il avait partagé avec Jimin. Ils avaient parlé de ses passions pour la photo et la peinture. Parfois il parlait de son travail au lycée et comment il se retrouvait dans certains élèves. Entre ceux qui ont peur de ce qu'on pense d'eux, ceux qui se cherchent et ce qui attendent trop d'eux même.

« Et qu'est ce que vous voudriez leur dire, à ces élèves, JungKook-ssi ? Demanda EunJung, un sourire tendre sur les lèvres.

-Je ne suis pas sûr... Qu'ils ne sont pas tout seul, je suppose ? Ils ont cette impression que personne ne peut comprendre ce qu'ils ressentent et peut-être – Peut être que c'est vrai dans un sens, parce que chacun envisage la souffrance à sa façon... Mais ça ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas être épaulés et traversés tout ça tout seul. Oui, je crois que j'aimerai leur dire ça. »

Il avait aussi pris le temps de s'assoir autour d'une tasse de café avec TaeHyung. La conversation n'avait pas forcement était la plus simple qui soit mais ils s'étaient dit ce qu'ils avaient à se dire. JungKook lui avait expliqué ce qu'il ressentait pour Namjoon à l'époque et combien ce baiser l'avait changé et TaeHyung lui avait fait tous les reproches qu'il aurait pu lui faire : courir après un homme en couple, briser le cœur de son meilleur ami, mentir, toutes ces choses que JungKook avait faites et qui demanderaient du temps et de la patience s'il espérait un jour pouvoir retrouver l'amitié qu'ils avaient un jour partager.

Mais au moins, maintenant il savait. TaeHyung ne le détestait pas, du moins pas comme JungKook l'imaginait, pas au point de vouloir le voir souffrir comme il avait souffert. Certes, il ne le voyait plus comme avant mais ça ne voulait pas dire qu'il avait perdu toute l'affection qu'il avait pour lui. Il faudrait simplement lui laisser le temps.

« Je sais que tu m'en veux énormément hyung, et je sais que je ne mérite pas ton pardon mais –

-Ne raconte pas n'importe quoi, JungKook-ah. Coupa sèchement TaeHyung. Oui, je t'en ais voulu et je t'en veux encore mais tout le monde fait des erreurs et ça serait bien hypocrite de ma part de ne pas te pardonner. Tu cherche a arrangé les choses, c'est bien une preuve que tu mérite mon pardon, JungKook, faut juste que tu attendes que je sois prêt à te le donner.

-Merci, hyung. Murmura doucement le brun.

-Ne t'emballe pas, gamin. Grommela le plus vieux. Tu sais que sans Jiminie, je t'aurais déjà collé mon poing dans la figure et plusieurs foi ?

-Je me doute bien, hyung. Répliqua JungKook avec un sourire en coin. Je me doute bien. »

Il lui aura fallu quelques mois pour se remettre à la photo. Il avait eu beaucoup de mal à accepter l'aide de Yoongi, mais il fallait bien reconnaitre qu'il n'avait pas de matériel et qu'il n'y avait que le plus vieux pour lui en prêter. Celui-ci était aux anges. Il insistait lourdement pour accompagner JungKook dès qu'il avait envie de passer une ou deux heures à prendre des photos et il tenait à avoir une copie de chacune de ses œuvres.

« Tu sais Kook, j'ai toujours été un peu jaloux de toi ? Avait lancé un après-midi le plus âgé tandis qu'ils développaient les prises du jour.

-Parce que je suis sorti avec Jimin hyung et pas toi ? Ricana gentiment JungKook.

-Pas vraiment non. Je n'ai jamais eu la moindre chance avec Jimin, je le sais. Expliqua calmement le photographe. Pas uniquement parce que tu es sorti avec lui mais parce que ça n'aurait jamais marché. Jimin et moi, on n'aurait jamais pu être un couple, je le sais. Parfois, tu sens ce genre de chose. Tu as des sentiments et tu ne peux pas t'empêcher d'espérer que quelque chose arrive mais tu le sais, ce n'est pas possible parce que ça ne marchera jamais. Tu comprends ?

Et JungKook savait parfaitement de quoi il parlait parce qu'au fond, même s'il avait espéré longtemps que Namjoon lui donne sa chance, il savait bien que rien ne serait ressorti de leur relation.

-Hm... Répondit vaguement le plus jeune. C'est souvent comme ça avec les coups de foudre, non ?

-Sans doute. Yoongi haussa des épaules et posa son regard sur un cliché que son cadet venait de tirer. J'ai toujours été un peu jaloux de ton talent Kook, de cette façon que tu as de capturer l'instant et de le rendre éternel, presque surnaturel. Je ne suis pas sûr de pouvoir l'expliquer, mais si ça peut te rassurer ce n'est pas une de ses jalousies enfantines, plutôt de celle qui motive et inspire. Ouais, je crois que la bonne tournure c'est plutôt « Je t'ai toujours trouvé inspirant, Kook ». »

Il lui arrivait de plus en plus fréquemment de passer des soirées chez Jimin aussi. Le plus vieux l'appelait pratiquement une foi par semaine pour qu'ils partagent un repas, regardent un film ou simplement discutent ensemble.

Souvent, JungKook finissait en larme.

C'était devenu de plus en plus fréquent pour lui de pleurer et à chaque fois, Jimin le prenait dans ses bras et le berçait jusqu'à ce qu'il se calme.

Ils n'étaient pas de nouveau en couple. Sans doute qu'ils finiraient par l'être mais pour le moment ils prenaient leur temps. Ils réapprenaient à se connaitre, se donner une nouvelle chance de se découvrir l'un l'autre et d'aimer cette nouvelle version d'eux même, plus calme, plus honnête.

Découvrir JungKook avant d'aimer Kookie.

Découvrir Jimin hyung avant d'aimer Minnie.

C'est d'ailleurs pour ça que JungKook avait enfin réussit à le dire, ce soir-là.

« Hyung ? Je t'ai déjà parlé de Mingyu ? Demanda simplement JungKook.

Il était assis dans la cuisine, les mains croisaient sur la table, le regard fixé sur le vide. Jimin était entrain de nettoyer la vaisselle de leur repas et il s'arrêta aussitôt que ces mots quittèrent la bouche de JungKook.

-Tu l'as évoqué, de temps en temps, mais jamais plus que ça, pourquoi ? Répondit Jimin en attrapant un torchon pour s'essuyer les mains.

Il décida de rejoindre JungKook à table, prenant place face lui. Il savait que le sujet serait sensible et il voulait pouvoir apporter son soutient à son cadet.

-Je l'ai rencontré à la caserne. Commença le brun, tout en jouant avec ses pouces. Il avait le même âge que moi. Il avait fait une grande partie de sa scolarité dans une école militaire- une idée de son père – et ça lui paraissait logique de s'engager. Il était un des rares à ne pas se servir de mon homosexualité pour me vanner, pas parce qu'il était lui-même gay, mais parce qu'il trouvait ça petit et mesquin. Il préférait se moquer de mon côté tête brulée ou bien du fait que je sois encore capable de faire un caprice parce que j'ai perdu.

-Ça devait être quelqu'un de bien. Murmura Jimin, déposant une main sur celle de son cadet.

JungKook sentit ses lèvres s'étirait. Son sourire était doux, amer et rempli de nostalgie.

-Il l'était. Reprit-il doucement. Ce n'était pas le type le plus fin du monde mais il avait plus de qualité que de défauts selon moi. Il adorait lire, tu sais, hyung ? Il avait toujours trois ou quatre bouquins avec lui et il dévorait des centaines de pages par jour. C'était un grand sensible dans le fond. Il aimait chercher une trace de poésie même dans les endroits les plus affreux que cette foutue terre peut porter. C'était à se demander ce qu'il faisait avec nous...

Jimin resserra sa prise sur sa main et JungKook ravala un long sanglot. Il savait que ça allait être dur mais il ne pensait pas que ça le serait autant. Mais il ne pouvait pas plus faire marche arrière maintenant. Il ne voulait plus faire marche arrière. Le blond lui offrit un sourire doux et JungKook soupira, la respiration fébrile.

-Il s'est tiré une balle dans la tête, juste devant moi. » Lâcha-t-il finalement dans un souffle.

Jimin se leva immédiatement et fit le tour de la table pour venir engloutir son cadet dans ses bras.

JungKook ne bougea pas. Il avait presque l'impression de ne plus respirer. Les images défilaient devant ses yeux et il était encore une fois impuissante.

Mingyu qui se tenait devant lui, le visage ravagé par les larmes, son arme de service contre sa tempe et qui le suppliait de ne pas lui en vouloir parce qu'il le laissait tout seul, de le pardonner. Parce qu'il n'en pouvait plus, il n'y arrivait plus. A chaque fois qu'il fermait les yeux, il les revoyait : ces femmes, ces enfants, ces pères et ces mères, ces innocents qui avaient tout, tout, perdu au nom de leur liberté, de leur puissance. Il n'y arrivait plus.

Le capitaine avait décrit le geste de Mingyu comme celui d'un lâche mais JungKook ne voyait pas les choses comme ça. Il ne voyait plus les choses comme ça. Pour lui, les vrais lâches s'étaient ceux qui avait vu sa douleur mais qui avaient préféré détourner le regard. Ceux qui avaient préféré faire comme si tout allait bien alors que Mingyu sombrait lentement devant leurs yeux, ceux qui l'avaient laissé sombrer.

JungKook en faisait partit. Il faisait partie de ceux qui avait préféré ignorer sa peine plutôt que de lui tendre la main. Il avait préféré croire les sourires forcés et les rires creux. Parce que c'était plus simple comme ça. C'était plus simple pour lui de croire que Mingyu allait bien. Si Mingyu allait bien, alors JungKook allait bien, il n'était pas tout seul avec ses regrets et ses peurs. Si Mingyu était capable de traverser tout ça, alors JungKook aussi le pouvait.

JungKook avait toujours été égoïste, il le savait mais aujourd'hui ça lui paraissait encore plus claire qu'avant.

« C'est moi qui ais dû annoncer à ses parents son décès, le capitaine pensait que ça serait plus simple si c'était un visage connu qui le faisait. Reprit-il après quelques minutes. Et ça a été atrocement dur, hyung. Je connaissais très peu ses parents, juste ce que Mingyu en disait... J'avais bien dû les croiser une ou deux fois, rien de plus... Voir sa mère pleurer – Non pas pleurer, s'effondrer, elle s'est effondrée dans mes bras et elle a demandé pourquoi encore et encore... Et la seule réponse que j'avais, c'était : « Je suis désolé, madame. ». Je ne m'étais jamais senti aussi faible et inutile, hyung.

-Oh, Jungkook-ah. Murmura Jimin. Ce n'est pas de ta faute, je te jure.

-Tu ne comprends pas hyung. Je- Je savais que quelque chose n'allait pas mais je – J'ai préféré... J'ai préféré...

C'est à ce moment là que les premières larmes coulèrent et JungKook se sentit stupidement fier d'avoir réussit à les retenir aussi longtemps. Il s'accrocha à son ainé, comme il en avait pris l'habitude. Jimin était devenu comme une bouée de secours pour lui, pour qu'il ne se noie pas dans ses larmes et son désespoir. Jimin avait naturellement raffermi sa prise sur lui, l'attirant un peu plus contre lui.

-Tu n'as pas appuyé sur la détente, Kook. Tu n'as pas pris la décision pour lui. Murmura doucement Jimin tandis qu'il commençait à bercer son cadet avec lenteur. Je sais que tu pense que tu aurais pu l'empêcher, que tu aurai l'empêcher mais ce n'est pas vrai, JungKook-ah. Ce n'est pas plus ton devoir que celui d'un autre. Tu n'es pas responsable de son choix.

-A-Alors pourquoi, hyung ? P-Pourquoi je m'en veux comme ç-ça ?! Hoqueta JungKook en enfouissant son visage dans le cou de son ainé.

-Parce que tu es quelqu'un de bien Kook. Je ne peux pas te promettre que tu pourras oublier tout ça et encore moins que ça sera facile. Mais un jour, ça ira mieux et je serais avec toi jusqu'à ce que ce soit le cas. Tu n'es pas tout seul, Kook. »

JungKook hocha de la tête et s'accrocha encore plus fort au blond.

Il n'était pas tout seul.

Il n'était plus tout seul.

***

On aurait pu penser qu'avec l'arrivée imminente du printemps, le temps serait devenu plus clément et pourtant, JungKook senti un frisson lui remonter le long de la colonne vertébrale. Il remonta légèrement son écharpe avant de se retourner une nouvelle fois vers la voiture bleu marine qui se trouvait un peu plus haut. Jimin releva le regard de son téléphone et lui offrit un sourire encourageant.

Il prit une nouvelle inspiration et s'en retourna vers le champ de croix blanche qui se trouvait devant lui. Il avança d'un pas rapide, de peur que son courage lui échappe et qu'il se mette à courir dans l'autre sens.

« Je suis là au cas ou tu aurais besoin de soutient, Kook. Mais je pense vraiment que tu devrais faire ça tout seul. »

La voix de son ainé résonnait dans sa tête, l'encourageant à parcourir les quelques mètres qui le séparait de la bonne croix. Il resserra sa prise sur le bouquet qu'il tenait, faisant crisser le papier plastique sous ses doigts.

Il n'était pas sûr de ce qu'il avait ressentit lorsqu'il se retrouva devant le morceau de granite blanc. Il ne se sentait ni mal, ni bien. Il avait l'impression d'être enfin libre et qu'une vague de tristesse venait de le frapper dans le même temps.

« Mingyu Kim : 6 avril 1997 – 22 octobre 2019 »

« Salut vieux. Lança faiblement JungKook et il pouvait entendre les sanglots dans sa propre voix. Joyeux anniversaire. Je t'ai apporté des fleurs. C'est des pois de senteurs et des marguerites, tes fleurs de naissance. Tu auras vu la tête de la fleuriste quand je lui ais demandé de faire l'arrangement... J'ai cru que je venais de lui annoncer le décès de sa mère.

Il déposa le bouquet sur une branche de la croix et enfonça ses mains dans les poches de son manteau. Il prit une nouvelle grande inspiration avant de continuer :

-Désolé de ne pas être venu plus tôt mais j'avais quelques trucs à régler. Tu te souviens de Park Jimin ? Le gars dont je te parlais à peu près tout le temps ? L'amour de ma vie ?

Il ria légèrement.

-Tu te souviens comme je n'arrêtais pas de dire que j'allais le reconquérir aussitôt que je serais rentré à la maison ? Tu te souviens comme tu me répétais de ne pas me faire trop de film ? Et bah t'avais raison. On n'est pas ensemble. Enfin pas tout à fait ensemble. Tu vas rire, mais c'est un peu compliqué...

Un nouveau silence. Il sourit. Il pouvait entendre Mingyu rire. Il avait toujours trouvé cette formulation drôle et légèrement enfantine. Selon lui, les adolescents avaient des relations compliquées, les adultes avaient des relations foireuses.

Mais JungKook voulait croire que sa relation avec Jimin n'était pas plus compliquée qu'elle n'était foireuse. Elle était juste entrain d'évoluer, de reprendre forme et de grandir. Les choses n'étaient pas compliquées finalement, loin de là.

Elles lui paraissaient même étrangement simples.

-Enfin, bref. Reprit-il après avoir rapidement essuyé ses yeux humides. Si ça peut te rassurer, mon vieux, je ne suis pas tout seul. Je ne l'ai jamais vraiment été, mais tu me connais, j'sui un peu abrutit sur les bords, haha...

Il posa sa main sur le haut de la croix et sourit franchement.

-Tu me manque, Mingyu. J'aurai aimé te présenter Jimin et puis les autres aussi. J'suis sûr que vous vous seriez bien entendus. Mais je me dis que tu dois les connaitre un peu, si tu jettes un coup d'œil de temps en temps par en bas. Mais je me dis qu'au moins, là-haut, toi non plus, tu n'es pas tout seul.

Il ferma son poing et le tapa doucement contre la lettre qui traçaient le prénom de son ami, comme pour lui dire aurevoir.

-Va falloir que j'y aille, vieux, j'ai promis à Jin hyung de l'aider à déplacer son canapé. Mais je te promets de revenir plus souvent et la prochaine fois, je te présenterai Jimin. Je – J'suis pas doué pour le aurevoir mais – Ouais. Voila. A la prochaine, mon gars. »

Lorsque JungKook s'était effondré en larme dans la voiture, Jimin lui avait tenu la main et n'avait rien dit. Il avait tout de même tenu à aider SeokJin et son canapé. Ce n'était pas tant pour tenir sa promesse que parce qu'il ne voulait pas se retrouver seul.

Il ne voulait pas mentir à Mingyu.

Et Jimin l'avait bien compris. Alors il lui avait tenu la main.

Parce que non, JungKook, n'était pas tout seul.

Plus maintenant. 

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