Part 1
Je sais bien que je vous avez promis un OS mais bon.... Il fait déjà 19408 mots et je me suis dis que ça faisait déjà long.... Un petit multishot des familles pour ne pas vous laisser sans trop de nouvelles avec une première partie que j'aime plutôt bien avec un super cliffhanger (nan je ne sur-vends pas la marchandise!).... En vérité je suis trop sur de rien avec ce projet! J'espère juste qu'il va vous plaire!
Moodboard by Lhazareen
Krisus!
JungKook fixait le plafond gris sale, allongé, droit comme un I, les bras le long du corps sur son lit. La pièce était plongée dans une pénombre chaude, les premières lueurs du jour passaient à travers les jalousies de ses volets, caressant lentement les dalles de placo qui composaient le plafond. Il pouvait vaguement percevoir les bruits de la ville en éveil. Il jeta un coup d'œil à l'horloge de son réveil : cinq heures trente.
Encore.
Il poussa un long soupir, s'assit sur le bord de son lit, les bras lourdement appuyé sur ses cuisses. Il se passa la main dans ses cheveux, notant silencieusement qu'il devenait urgent de passer chez le coiffeur. Ils n'étaient pas particulièrement long, ils lui tombaient à peine sur le haut de la nuque et le front. Mais quand on a passé plus de trois ans avec moins de deux centimètres sur la tête, sentir ses pointes sur les tempes était un signe plus qu'évident qu'il était grand temps pour une coupe.
Alors qu'un nouveau soupir passait ses lèvres, le jeune homme se mit sur ses deux jambes et prit la direction de la minuscule salle de bain de son "charmant studio de centre-ville" - à en croire les mots de l'agent immobilier qui lui sert de d'ami, Kim SeokJin. Il se glissa dans sa petite cabine de douche, absolument pas adapté pour sa taille et tourna pleinement le robinet d'eau froide. Là encore, une habitude qu'il avait définitivement du mal à perdre. Pour lui, maintenant, il n'y avait pas de meilleur moyen de secouer le sommeil que de se prendre une bonne douche froide.
Tandis que le jet glacé s'écoulait férocement du pommeau fixé au plafond, il se frottait tout aussi énergiquement le visage pour chasser la fatigue résiduelle. Toujours sous le jet puissant, il attrapa son gel douche et en versa une dose minuscule au creux de sa main.
"Les habitudes ont vraiment la peau dure."
Sans perdre plus de temps, il se massa rapidement avec le contenu de sa main et se rinça aussitôt pour s'extirper de ce placard aquatique. Il attrapa l'une des deux serviettes de bain étendues sur le radiateur et s'essuya chichement avant de l'enrouler autour de sa taille et de se saisir de la seconde pour ses cheveux. Le jeune homme profita de ce moment pour jeter un coup d'œil à son reflet dans le miroir qui lui faisait face.
Il faisait peine à voir.
JungKook avait tout juste vingt-trois ans et il avait les traits tirés d'un trentenaire coincé dans un boulot minable accompagné d'un mariage passable. Il avait définitivement perdu espoir de voir ses cernes disparaître mais était plutôt satisfait de constater qu'il avait repris un peu des joues.
Il allait devoir remercier Yoongi pour ça. Et c'était très loin de l'emplir de joie.
Mais quoiqu'il en soit, même avec la mine d'un comptable drogué au café, JungKook pouvait se targuer d'être encore beau garçon. Il était grand, c'était le moins qu'on puisse dire. Large d'épaule, le teint légèrement hâlé du bord de mer, bien qu'il ait perdu quelques couleurs ces dernières années ; il avait les membres longs et musclés, très musclés. Même ses t-shirts les plus amples laissaient voir sa poitrine large et ferme et semblaient toujours sur le point de craquer au niveau des manches. Il avait les bras veineux, les doigts longs et finement dessinés, les biceps tendus, les cuisses généreuses, les pectoraux larges, la taille fine et le ventre plat et ferme. Même un modèle Abercrombie se sentirait légèrement mal à l'aise à côté de lui. Avec ça, il avait un visage parfaitement dessiné. Une mâchoire affûtée, des pommettes hautes et seyantes, des lèvres légèrement roses : l'intérieur charnue et pleine tandis que la supérieure tracée un cœur délicat ; un nez droit et aquilin, un regard de biche qui semblait briller autant que la voie lactée, le front haut et large sur lequel empiétait à peine les pointes de sa frange couleur charbon.
Oui, JungKook se considérait beau garçon. Ce n'était pas uniquement son ego qui parlait, on lui avait souvent fait le compliment et il l'avait toujours accepté avec un petit sourire gêner ce qui permettait aux gens de souligner une certaine ressemblance avec les lapins et trouvaient ça adorable.
Si on lui demandait de choisir, JungKook préférait qu'on le trouve attirant plus que mignon mais soit, un compliment est un compliment.
Une foi plus ou moins sec, il retourna dans sa chambre pour passer un ensemble de sport gris et légèrement trop large pour lui, enfila ses chaussures, attrapa ses clés, son téléphone et quitta son "appartement". Le couloir était plongé dans le noir et il savait qu'il était préférable que ça reste ainsi. Sa voisine, une charmante petite vielle femme, faisait dormir son "chien" - que JungKook aurait plus qualifié de suppôt de Satan - sur le palier parce que... Elle n'a jamais vraiment donné de raison ou bien si elle l'a fait, JungKook n'a jamais pris la peine de l'écouter. Tout ce qu'il savait, ce qu'au moindre rayon de lumière, la bestiole se mettait à japper comme si sa vie en dépendait et réveiller absolument tout l'immeuble en prime. Il se servit donc de l'écran de son téléphone, en luminosité faible avec ça, pour distinguer vaguement les contours de ce qui pouvait l'entourer et prit la direction des escaliers. Toujours à la faible lueur de son écran, il descendit un premier étage avant de pouvoir activer la lampe de poche de son smartphone et pouvoir se déplacer sans craindre de manquer une marche ou de prendre une rampe dans les côtes.
Il faisait légèrement frais dehors, l'air était encore chargé du rosé matinal. Pour le brun, c'était les conditions idéales pour un petit footing. Il prit donc une grande inspiration, étira légèrement ses muscles encore un peu sous le choc de la douche froide. Il prit une grande inspiration, remonta la capuche de son sweat-shirt et commença à remonter sa rue en petite foulée. La ville commençait à peine à s'éveiller. Certaines boutiques se mettaient en place tandis que certains bars fermaient leurs portes. En un peu plus de six mois maintenant, il avait parfaitement enregistré le visage de chaque commerçant de son quartier et qu'il soit légale ou non. Il n'était pas encore parfaitement capable de mettre un nom sur chacun d'entre eux mais il avait identifié les capitaux.
Madame Choi était sa boulangère.
Monsieur Lee était le propriétaire de l'épicerie qui le fournissait en nouille déshydratées et autre cochonnerie qu'il avait redécouvert avec passion.
Monsieur Song était le propriétaire de son immeuble et un bon ami de SeokJin.
Madame Im était la responsable du café dans lequel il se rendait une à deux fois par semaine en guise de sortie mondaine et son fils était le barista en service lorsque JungKook si rendait.
Pour le moment, c'était tout ce dont il avait besoin.
Il effectuait toujours le même trajet depuis six mois. Il commençait par remonter la rue de son immeuble jusqu'au petit square en face de l'école maternelle du quartier. Après ça, il tournait sur une avenue plutôt calme, bordée par des immeubles de standing. Il devait y faire une dizaine de mètres avant de s'engager dans une ruelle commerçante relativement sombre si ce n'était pour les lumières dansantes des enseignes. Il la remontait jusqu'à atteindre une rue résidentielle. Il descendait celle-ci jusqu'au jardin dît des "Amoureux", petit nom qu'il avait gagné pour des raisons évidentes. Une fois rendu là, il prenait le parcours de randonnée pour rejoindre un boulevard qui donnait sur sa rue.
Ça lui prenait entre une heure et demie et deux heures quand il traînait un peu.
Sa foulée était régulière tout comme sa respiration. Son regard était fixe et il s'assurait toujours de garder sa capuche bien en place afin d'éviter de croiser le regard de qui que ce soit. Lorsqu'il courait, il aimait être seul et ne pas penser.
Mais le destin est un grand comique et JungKook avait fini par s'y faire ses six derniers mois. Il l'avait vu en premier, se glisser entre les portes vitrées d'un immeuble quelconque. Il avait l'air encore bien fatigué, son T-shirt hors de jean et froissé, ses baskets mal lassées, ses mèches blondes dans tous les sens. Il tenait sa veste d'une main, son téléphone dans l'autre et il semblait chercher quelque chose dessus.
JungKook ralentit doucement son allure tandis que son ainé relevait la tête et croisait immédiatement son regard. Il se figea sur place, les yeux écarquillés et la bouche entre-ouverte.
"Jimin hyung ?
-JungKookie ?"
Ils restèrent l'un en face de l'autre, la surprise clairement peinte sur leurs visages durant une petite minute, en silence. JungKook contemplait les options qui se présentaient à lui et il était sûr que son ainé faisait la même chose. Il n'y en avait pas particulièrement beaucoup. Soit il continuait sa route sans chercher plus loin, soit il cédait à la curiosité et demandait au blond ce qu'il faisait dehors à une heure pareille - surtout quand on sait que Jimin est rarement hors du lit avant huit heures, ce qui reste tôt mais pas aussi tôt.
N'importe qui aurait simplement offert une salutation polie, un sourire gêné et aurait repris sa route. Surtout après les six derniers mois que les deux jeunes hommes venaient de partager.
N'importe qui.
Sauf que ce n'importe qui n'était clairement pas aussi curieux, pour ne pas dire jalousement possessif, que Jeon JungKook. Même lorsqu'il s'agissait de ses amis, le brun avait du mal à concevoir l'idée de partager, de ne pas être spécial d'une certaine façon et il avait besoin de savoir les choses pour se sentir rassuré. Il ne supportait pas les cachotteries.
Ou plus exactement, il ne supportait pas qu'on lui fasse des cachotteries. Et encore moins s'il s'agissait de Park Jimin.
Alors il avait cédé. Il avait envoyé sa bienséance et la logique se faire voir au Kansas et avait laissé ses insécurités stupides, peut-être même toxiques, prendre le dessus.
" Qu'est-ce que tu fais dehors à une heure pareille ? Demanda-t-il, essayant de paraître le plus ingénu possible.
Jimin ouvrit la bouche mais se ravisa. Il cherchait clairement ses mots et JungKook n'était pas sûr que ce soit une bonne chose. Le blond baissa légèrement les yeux sur le bitume et commença à gratter en surface son index avec l'ongle de son pouce. Un vieux tic nerveux qu'il avait depuis le collège. Il faisait ça à chaque fois qu'il avait besoin de se trouver une excuse ou bien qu'il ne fût pas en paix.
Jimin était et resterai un livre ouvert pour JungKook et il trouvait ça atrocement douloureux.
JungKook prit une grande inspiration avant de reprendre la parole.
- Y a un MacDo qui fait du 24h/24 pas loin. Tu veux prendre un café ? Tenta le plus jeune, souriant doucement.
- Un café au Macdonald ? Répéta incrédule le blond, ses épaules se relâchant quelque peu.
- Hm... Le Starbucks du coin n'ouvre pas avant huit heures...
Jimin haussa des épaules et tenta d'offrir un sourire assuré au plus jeune mais JungKook n'était malheureusement pas dupe. Il savait très bien que le plus vieux était mal à l'aise et il avait peur de savoir pourquoi. C'est sans doute pour ça qu'il avait choisi le fameux restaurant américain, il avait cette croyance idiote que l'enseigne était la manifestation de la joie rendue possible par l'homme, qu'on ne pouvait qu'être heureux, ou du moins passablement bien lorsqu'on y était.
Après tout, ils avaient bien le fameux " Happy Meal".
C'est comme ça qu'ils s'étaient retrouvés face à face de chaque côté d'une table en conglomérat claire légèrement collante, assit sur des bancs recouverts d'un cuir bordeaux chaud. Jimin traçait du bout du doigt les bords de son gobelet, fixant vaguement son reflet dans le liquide marronnâtes qui était censé être du café. JungKook l'observait sans vraiment le vouloir, jouant un rythme lent sur son propre gobelet de chocolat viennois du bout des doigts.
Ça aussi, c'était une habitude qu'il allait avoir du mal à perdre. Observer, ou plutôt admirer Park Jimin, d'autant plus maintenant que ça avait un arrière-goût de privilège. Maintenant qu'il n'avait plus cette forme de préséance, de droit canonique de se perdre dans le lac sans fond de ses yeux, il en ressentait encore plus le besoin. Comme un enfant qui prend un plaisir parfaitement innocent à désobéir aux yeux de tous sans qu'on puisse le punir pour ça.
Un goût d'interdit et de puissance particulièrement jouissive mais qui laisse aussi une impression d'incomplet en arrière bouche.
" Alors ? Reprit finalement Jimin en se redressant un peu, faisant enfin clairement face à son cadet. Qu'est-ce que tu fais dehors aussi tôt ?
- Oh, ça...
JungKook s'affala légèrement sur sa banquette, cherchant à se donner un air détendu et détaché. Il commença à jouer avec son gobelet, le faisant tourner lentement entre ses doigts.
- J'ai encore du mal à- Pas dormir à proprement parler, résonna le brun. Mais plutôt à dormir longtemps. Je finis toujours par me réveiller aux alentours de quatre heures et j'ai beau essayer de me rendormir, je - J'essaye d'appliquer les recommandations du médecin, Hyung, je t'assure ! Mais, je dois bien admettre que...
Il ne termina pas sa phrase. Ça non plus, il n'était pas encore prêt : admettre un échec.
Jimin l'observait silencieusement, les sourcils légèrement froncés, perplexe. JungKook n'aimait pas ce regard, il n'aimait pas savoir que Jimin se faisait du souci pour lui parce qu'il était incapable de se gérer ou au moins de bien cacher ses problèmes. JungKook voulait être le roc de Jimin, il voulait être son point d'ancrage, la personne sur qui il pouvait s'appuyer et se reposer, encore maintenant il voulait que Jimin le laisse être l'épaule sur laquelle il voudrait s'appuyer. Mais la vérité c'était que peu importe combien il le voulait, c'est toujours lui qui finissait par s'appuyer sur Jimin et il avait beau détester, il n'arrivait pas encore à faire autrement.
- Rassure-moi, JungKook... Tu n'es pas en train de transformer ta thérapie en compétition avec toi même ?
Jimin s'était avancé sur la table, les coudes appuyés sur le plateau, un air grave et inquiet sur le visage. JungKook se mordit aussi discrètement que possible la lèvre inférieure. Il ne fallait pas qu'il se réjouisse de la situation.
Oui, Park Jimin était actuellement en train de se faire du souci pour lui mais ça ne voulait rien dire de particulier. Juste un ami qui se soucie du bien-être d'un proche. Quelque chose de on ne peut plus banal.
Jimin était juste un bon ami inquiet pour lui et JungKook rien de plus qu'un homme. Mais un homme peu bien espérer non ?
Le regard du blond cendré se fit plus intense et il se décida à lui répondre, bien qu'il n'ait pas la moindre idée de ce qu'il pouvait lui dire.
- Et bien... J'essaye simplement de suivre les indications du docteur Song... Et je me suis dit que le plus vite serait le mieux ?
Sa voix était devenue drôlement aiguë au fur et à mesure que la mine de Jimin se faisait plus sombre. Il se sentait tout petit, étrangement puéril. Comme un petit garçon prit la main dans le sac et qui se cherche des excuses.
Ce qu'il était, dans un sens.
Jimin poussa un long soupir, ferma les yeux et commença à se masser les tempes. Il cherchait ses mots. Il cherchait la meilleure façon de formuler ses pensées afin de bien faire passer son message sans pour autant être agressif. C'était un truc qu'il avait appris avec Namjoon quand ils étaient encore au collège et JungKook en avait toujours été jaloux. Seulement, maintenant, il n'était plus exactement sûr de qui il était jaloux précisément.
- Écoute, JungKookie. Commença Jimin, cherchant encore visiblement comment tourner sa phrase. Je sais qu'accepter que tu aies besoin d'aide - Accepter la thérapie, ce n'est pas rien. Admettre que tu as besoin d'aide t'a demandé un sacré effort et je suis heureux que tu l'ais fais, vraiment. Mais tout ça... Tout ça ne va pas et ne peut pas se faire en une journée. Tu comprends ?
Il ne répondit rien, trop occupé à contenir la joie d'avoir entendu Jimin l'appeler par uns de ses surnoms. Bon ça ne valait pas le bon vieux " Kookie" d'il y a trois ans mais c'était toujours mieux que le "JungKook-ssi" sans la moindre trace d'humour d'il y a six mois. Et vu son état, JungKook prenait ce qui passait. Les nécessiteux n'ont pas le luxe d'être exigeants dit-on.
Une petite voix dans sa tête ne cessait d'essayer de le ramener sur terre, répétant sans cesse que Jimin ne cherchait rien de plus que le bien être d'un ami.
Le seul problème c'était l'autre voix, bien plus bruyante elle, qui hurlait qu'ils étaient amis à l'origine et que l'amitié peut toujours évoluer...
JungKook n'avait aucun mal à admettre que c'était mal de penser à ce genre de chose, d'espérer ce genre de dénouement. Il n'avait pas le "droit", c'était purement égoïste de vouloir faire passer son bonheur avant celui de Jimin mais il n'arrivait pas encore à s'en empêcher, pas quand il s'agissait du blondinet. En trois ans il avait appris à manier une arme, suivre une manœuvre de déploiement, faire toujours passer l'intérêt commun avant le sien, savoir épargner ceux qui doivent l'être et tirer quand il le faut. Il avait appris à faire face à la mort et faire comme si de rien n'était. Mais demandez-lui d'accepter qu'il ne puisse plus tenir la main de Park Jimin et il fondra en larme comme un enfant quand il apprend que le Père Noël n'est qu'un mythe. Le petit garçon laisserait couler ces larmes amères et bourrées de dénis mais, JungKook se sentait ridicule d'être dans cet état pour quelque chose qu'il a lui-même provoqué et peut être même bien désiré quelque part.
"Les Jeon obtiennent toujours ce qu'ils veulent."
JungKook regrettait souvent cet adage familial. Il s'évertuait stupidement à le rendre vrai par orgueil et dernièrement il avait du mal à apprécier les regrets qui accompagnaient souvent la victoire.
Jimin le ramena sur terre en attrapant sa main et JungKook était à peu près sûr que son cœur s'était arrêté et avait explosé dans la même seconde. Il fixa la petite poigne placée sur la sienne. Il y avait une différence de taille et la différence de carnation qui se superposait et JungKook trouvait ça fascinant. Sans même réfléchir, il attrapa sa petite main et entrelaça leurs doigts. Le blondinet eut la réaction à laquelle il s'attendait : ses yeux s'agrandirent comme deux balles de ping-pong et il entre-ouvrit la bouche. Il semblait incapable de choisir comment réagir et JungKook détestait l'idée qu'une partie de lui veuille retirer sa main.
Il avait tellement besoin de ça. La sensation de sa peau contre la sienne, l'impression de compter au moins un peu comme avant, d'être un peu plus "Kookie" que " JungKook-ssi ". Il avait besoin que Jimin lui dise même de façon aussi innocente qu'il était là, avec lui, à travers les beaux jours comme les plus orageux et que même s'il ne le consolerait plus avec des baisers, il continuerait à lui tenir la main.
C'est sans doute la peur de perdre cette chaleur pleine d'espoir qui lui avait fait prononcer ses mots :
- Encore un peu. Murmura-t-il, les yeux toujours rivés sur leurs mains, resserrant l'étreinte de ses doigts. Juste encore un peu, Minnie. Tu n'imagines pas combien ça m'a manqué, combien j'en ai besoin...
Jimin ne répondit rien. Il observa leurs mains, l'une dans l'autre et quelque chose brillait dans son regard. Un rien, une faible lueur que JungKook ne voulait pas nommer. Il avait peur de ce qu'elle était réellement. Il voulait que ce soit de la nostalgie mais celle-ci est souvent confondue avec des regrets et il n'était pas prêt à être ça pour Jimin. Il ne le serait sans doute jamais réellement.
Le brun sentit son cœur se remettre à battre sans doute trop fort pour que ce soit bon signe. Il releva le regard brutalement vers son ainé, des perles salées menaçant de dévaler ses joues. Le blond le regardait avec une telle tendresse et délicatesse qu'il avait l'impression de rêver.
On lui avait appris à retenir ses larmes. Avoir des émotions c'était un truc de faible, on ne pouvait pas se permettre de pleurnicher dès qu'un camarade tombait au combat ou bien avoir une crise identitaire à chaque fois qu'on pointe son arme sur l'ennemi. JungKook n'était pas sensé pleurer mais à ce moment précis il avait très envie de cracher au visage de son instructeur. Il pouvait lui hurler dessus autant qu'il le voulait, rien n'empêcherait ses larmes de couler.
-Oh Kookie... Murmura Jimin en s'avançant pour passer sa main libre entre les mèches brunes du plus jeune.
JungKook baissa la tête, les épaules secouées par de lourds sanglots, agrippant fermement la petite main de son ainé entre les siennes, son front lourdement appuyé contre, déposant de faibles baisers salé et désespérés contre la pulpe des doigts du blond.
Son cœur était gonflé avec quelque chose qu'il n'avait pas ressenti depuis si longtemps qu'il avait du mal à le reconnaître.
De la joie.
De l'affection.
L'impression de sécurité.
Un vrai bonheur.
Et il avait l'impression de suffoquer. Il n'arrivait pas à respirer, prenant des grandes goulées d'air entre chaque sanglot, les rendant encore plus fort. Jimin essayait de le calmer en pressant ses doigts contre la paume de sa main à un rythme régulier, passant ses doigts entre ses cheveux, murmurant des petits riens.
- Je d-devrais pas. Bégaya JungKook, se trouvant pathétique et il pouvait déjà entendre les souvenirs de son instructeur lui hurler dessus qu'un homme, un vrai, ça ne pleure pas pour un truc aussi stupide. Je ne devrais pas p-pleurer... P-Pas tenir ta m-main... Je ne devrais pas m'accrocher comme ça, M-Minnie mais... Mais je n'arrive pas à me décider à... Je ne veux pas te laisser p-partir Minnie... Je t'en prie... Ne me demande pas ça...
- Pourquoi tu n'as pas le droit de pleurer, Kookie ? Demanda Jimin en essayant de se rapprocher encore un peu.
- Les hommes ça ne pleure p-pas...
- C'est ton instructeur qui t'a dit ça ?
JungKook ne répondit pas mais pressa leurs mains contre sa joue humide et déposa un long baiser sur l'index de son ainé.
Sans retirer sa main de l'étreinte du plus jeune, Jimin se leva du mieux qu'il put pour prendre place à côté du brun. JungKook l'observa faire, ses yeux de biches rouges et rond comme des billes. De sa main libre, Jimin releva son visage, caressant légèrement sa mâchoire et sa joue avant de l'inviter à s'appuyer contre son épaule et JungKook ne se fit pas prier. Il enfouit son visage dans le cou du plus vieux, lâchant sa main pour enrouler ses bras autour de la taille du blond. Jimin lui rendit son étreinte, caressant ses cheveux et répétant que tout ira bien.
- Et si tu me parlais, Kook ? Suggéra doucement Jimin. Si tu me disais ce qui se passe dans ta tête et ton cœur ?
JungKook ne répondit rien, resserrant juste son étreinte. Il prit une grande inspiration et ferma les yeux, laissant l'odeur de Jimin l'engloutir doucement.
Il sentit ses lèvres s'écarter et les mots glisser sur sa langue sans qu'il puisse se contrôler.
***
De : Jeon Rabbit (14h52)
Dis-moi que c'est une blague, hyung.
De : Hope Hyung (14h52)
La vie est une vaste blague, Kook, va falloir être plus précis que ça.
De : Jeon Rabbit (14h53)
Jaune, rose et vert ?
Quel genre d'être humain a aussi peu de gout ?
De : Hope Hyung (14h54)
Ne parle jamais de ce papier peint à Jin hyung. Il l'a encore mauvaise...
De : Jeon Rabbit (14h54)
C'est lui qui a fait la déco ?!
De : Hope Hyung (14h 55)
Non, justement.
Il devait.
Mais c'est Chami qui a eu le contrat et...
L'idée c'était « Cottage anglais »
De : Jeon Rabbit (14h55)
J'ai été en Angleterre, hyung.
Et laisse-moi te dire que je n'ai jamais, mais jamais vu un truc aussi moche.
De : Hope Hyung (14h56)
Je veux bien te croire !
Plus sérieusement, JungKook.
EunJung-ssi est très demandée et ce n'est pas facile d'obtenir un rendez-vous.
Je ne veux pas faire le mec qui a des relations et tout. Et il faut bien que tu comprennes que je me fiche de l'image qu'elle a de moi après vos rendez-vous.
Elle peut bien aller baver sur mon compte auprès de qui elle a envie mais j'aimerai que tu essayes.
Pas pour moi.
Pas pour ma réputation.
Mais pour toi.
Le simple fait d'accepter une nouvelle thérapie est déjà un énorme effort de ta part et j'aimerai qu'il ne soit pas vain.
S'il te plait JungKook.
Essaye d'être heureux.
JungKook se mordit la lèvre, fronçant légèrement les sourcils en lisant les derniers textos de son ainé. Il n'aimait pas ce qu'il lisait. Dans les faits, ce n'était pas tant ses mots qui lui posaient problème mais ce qu'ils cachaient. Cette inquiétude silencieuse piquée d'un peu de pitié. JungKook n'était pas une épave, il était descendu du train avec ses quatre membres, ses dix doigts – aussi bien sur ses mains que ses pieds – ses deux yeux et tout était parfaitement à sa place. Alors oui, il avait des cauchemars, il se réveillait jusqu'à trois fois par nuit, en larmes, ou en sueur, ou tremblant ou bien tout ça à la fois. Il avait aussi des vertiges, des sauts d'humeurs et des absences mais on lui avait expliqué d'où ça venait et pourquoi c'était tout à fait normal dans sa situation.
JungKook n'avait pas besoin qu'on s'inquiète pour lui ni de pitié. Il savait ou été le problème et il savait comment s'en occuper. Il n'avait pas besoin qu'on soit désolé pour lui mais il savait aussi bien qu'il ne pouvait pas empêcher ses amis de se faire de soucis. Après tout, personne ne pourrait leur en vouloir d'être un peu inquiet pour le plus jeune quand ils ont pu être témoin de ses crises : ses moments dont il n'était vraiment pas fier et où il perdait le contrôle de ses émotions et réactions, ses moments où il était capable de tout envoyé balader et de se montrer violent même envers les gens qu'il avait juré de ne jamais blesser.
JungKook comprenait parfaitement leur inquiétude et c'était d'ailleurs pour cette raison qu'il avait consentit à rencontrer cette fameuse EunJung-ssi : une collègue renommée d'Hoseok. Ce dernier avait préféré éviter des conflits d'intérêt et déontologique en confiant sa thérapie à un collègue et il avait pris grand soin de choisir uniquement la crème de la crème. Ceci étant, comprendre et accepter sont deux choses différentes. Il pouvait parfaitement la comprendre, mais ça ne voulait pas dire pour autant qu'elle ne le mettait pas hors de lui. Ceci étant, même en trouvait l'idée absolument absurde, il ne pouvait pas s'empêcher de vouloir rassurer ses ainées. Ils ne pensaient pas à mal et il ne pouvait pas leur en vouloir, alors il avait cédé.
Voilà comment il s'était retrouvé dans ce couloir au papier peint immonde. Et encore, immonde s'était sans trop gentil encore. Il n'était pas sûr de la fleur qui était représentée là, mais il savait une chose : il était tout bonnement impossible de trouver dans la nature un rose aussi violent et net. Sans parler de leur tige qu'il soupçonnait d'être fluorescentes. Il avait du mal à croire qui que ce soit veuille vivre dans cette maison en sachant qu'il y avait une telle chose qui rampait sur les murs. Il espérait sincèrement que la facture n'avait pas été trop élevée parce que JungKook ressentait le besoin de demander un remboursement au nom du bon gout. Hoseok lui avait un jour expliquait que son rêve était de vivre comme cette jeune femme.
« Travailler à la maison, Kook ! Pas de trajet, pas de déplacement, mon lit, mon frigo, ma télé juste au-dessus de ma tête ! Le pied absolu ! »
JungKook n'était pas sûr d'être d'accord avec lui sur ce point. Il concevait le temps de trajet comme un sas de décompression, un système pour bien faire comprendre au cerveau qu'il quittait son lieu de travail et ce qu'il impliquait pour rejoindre sa vie personnelle et son confort privé. Mais il était d'autant plus convaincu de cette idée en voyant ce papier peint. Vivre vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec cette vision c'était quelque chose de déjà suffisamment effrayant mais si en plus il fallait y faire face lorsqu'on travail...
Ceci étant, et il ne remerciera jamais assez le ciel, il n'eut pas vraiment le temps de constater à quel point l'ensemble de couloir était douloureux pour sa rétine. Après moins de cinq minutes, il entendit la porte qui se trouvait au fond du couloir s'ouvrir et un gamin qui nageait très clairement dans ses vêtements la passa suivit par une demoiselle que JungKook identifia comme la fameuse EunJung-ssi. Elle salua le jeune homme, lui rappelant leur prochain rendez-vous avant de sortir son téléphone de sa poche et d'y jeter un rapide coup d'œil. Elle releva rapidement le regard et croisa celui du jeune homme avant de lui offrir un sourire poli.
« Jeon JungKook, je suppose ? Demanda-t-elle en rangeant son téléphone.
JungKook se contenta d'hocher la tête rapidement avant de se lever pour la suivre dans ce qui devait être son cabinet. La pièce allait de pair avec le papier selon lui. Il était d'une taille raisonnable, haute de plafond avec de grandes fenêtres de plein pied ; qui donnait sur un petit jardin de verdure et fleur vaguement entretenues sur le mur du fond et des plus petites sur le mur droit. Le sol était recouvert d'une moquette grise et les murs d'une peinture matte couleur olive. Tout le mur gauche était occupé par une imposante bibliothèque remplie d'ouvrage épais avec de magnifiques reliures renforcées et ornées. Sur le mur d'en face, quelques buffets assez bas exposant des trophées et autres photos souvenirs. Enfin au centre se trouvait un sofa, lui aussi vert olive, se trouvant face à un large bureau en bois laqué et sa chaise de bureau en cuire. On pouvait entendre le ruissèlement faible d'une fontaine accompagné par des gazouillis et autres bruits de vent qui court dans l'herbe.
Ce n'était clairement pas ce à quoi il s'attendait. Cet endroit ressemblait plus à un bureau de proviseur ou bien de conseillé d'éducation qu'à celui d'un psychologue, si on omet le sofa plus que rudimentaire et cette musique d'ambiance qui commençait à influencer sur sa vessie. Dans ses souvenirs, les bureaux de psychologue avaient un léger quelque chose d'austère et stérile.
Beaucoup de blanc, de gris, de bouquins au nom pompeux et alambiqués pour dire des choses simples.
Beaucoup de silences tendus et mal à l'aise, de regards compréhensifs et de sourire tirés.
De moins, c'est à ça que ressemblait le cabinet de son régiment dans son souvenir. Il n'en avait pas vraiment vu d'autre. Il avait un peu honte d'avouer qu'il n'avait même jamais vu celui d'Hoseok.
La jeune femme l'invita à prendre place dans le sofa et JungKook en profita pour la détailler un peu. Une vielle habitude. Elle n'était sans doute pas plus vielle que lui, peut-être d'un ou deux ans, pas plus. Elle était cependant beaucoup plus petite que lui et menue aussi. Mais JungKook avait appris à ne pas juger une personne sur sa taille. Il avait eu la chance de côtoyer une personne qui lui avait fait comprendre que leur petite taille n'était pas un complexe, ni même un handicap mais un avantage, une force. On attendait moins d'eux parce qu'on associe bêtement taille et force, on les pense moins capable quand en vérité, ils le sont tout autant que nous, sans doute même plus et avec une plus grande volonté de vouloir prouver que rien n'est hors de leur portée.
« Après tout, on a inventé les tabourets pour s'assoir, mais c'est les petits qui ont eu l'idée de s'en servir pour vous prouver qu'on n'a pas besoin de vous et de vos mètres quatre-vingt pour atteindre le placard avec les bols. »
C'était le genre de réflexion qui arrachait toujours un sourire amusé et attendri à JungKook et encore aujourd'hui il pouvait sentir un léger ricanement lui gratter la gorge mais surtout un sourire un peu triste, un peu lasse, étirer ses lèvres.
Il décida donc de chasser ses pensées et leur gout légèrement amère et doux à la foi en se reconcentrant sur la jeune femme qui se trouvait avec lui. Elle était sans aucun doute charmante. Elle avait un visage rond, légèrement joufflu, avec de bonnes lèvres pleines, peut-être un peu tombantes, son nez était parfaitement droit et ses yeux étaient grands, ouvert et lumineux. Elle arborait une longue chevelure noire, parfaitement lisse et tombant également de chaque côté de son visage. Quant à ses vêtements, elle avait un de ses tailleurs couteux, d'un joli crème qui lui donnait un air plus strict que laissait deviner son regard.
C'était une jolie femme. JungKook aurait croisé sa route cinq ans auparavant, il aurait sans aucun doute cherché à lui glisser son numéro ou bien se serait arrangé pour le récupérer auprès d'Hoseok. C'est se faisant cette réflexion qu'il se rendit compte du temps qui avait passé.
Cinq ans. C'est tellement long et à la fois tellement court. Mille huit cents vingt-cinq jours. Le nombre semble astronomique et pourtant, ils ne les avaient pas vu passé. Ça lui semblait tellement dérisoire, surtout lorsqu'il repensait à tout ce qui avait changé pour lui en seulement cinq ans.
Son orientation sexuelle.
Ses amis.
Ses sentiments.
Ses espoirs.
Ses craintes.
Ses projets d'avenirs.
Tout. Tout avait changé. C'était comme si sa vie avait fait un retour sur elle complet. Ce genre de processus de ne se fait jamais dans la simplicité et la douceur. Encore moins avec juste cinq ans pour faire une révolution presque complète. Ce genre de processus se fait dans la douleur, la violence, les cris et les larmes et se termine exactement de la même manière. Et aujourd'hui, il se retrouvait à ramasser les débris de ce qui avait été surement les meilleures années de sa vie. Beaucoup sont le résultat de ses propres erreurs, mais certains sont là parce que quelqu'un d'autre à prit part à sa vie, s'y est construit une place dedans avant de la faire exploser sans plus de cérémonie et s'était sans aucun doute les débris les plus douloureux et lourd à ramasser pour JungKook.
Parce qu'il aurait pu les sauver eux aussi.
Au moins eux.
« Je n'ai pas envie de faire partie de ses gens qui regarde leur relation passée et qui pleure JungKook. Je ne veux que tu sois un regret. Je ne veux pas être un de tes regrets non plus... »
-Monsieur Jeong ? Demanda soudainement la voix de la jeune femme, le tirant de ses pensées.
Elle était assise face à lui, une tablette numérique entre les mains, un regard plutôt inquiet sur lui. JungKook se redressa et se racla la gorge, soudainement un peu mal à l'aise. Il essuya la paume de ses mains sur ses cuisses et offrit un sourire en coin tremblant à son vis-à-vis.
-Tout va bien, monsieur Jeong ? Demanda-t-elle de nouveau.
-Je suppose que vous avez déjà la réponse à cette question, haha ! Tenta maladroitement le jeune homme. Hoseok hyung a dû vous parler de moi, n'est-ce pas ?
-Vous savez que votre condition psychologique ou psychiatrique n'a pas toujours quelque chose à voir avec votre condition purement physique ? Un agoraphobe peut toujours faire une attaque cardiaque.
JungKook ne trouva rien à lui répondre. Il se contenta de rire bêtement et d'hocher de la tête.
Il regrettait déjà d'être venu après avoir vu le papier peint mais les choses n'allaient pas en s'arrangeant.
-Bien, reprit-elle en jetant de nouveau un coup d'œil à sa tablette. Pour répondre à votre question, Hoseok-ssi m'a effectivement parler de vous. Enfin, il m'a surtout dit que vous veniez de souffler votre vingt-sixième bougies et que vous avez retrouvé la vie civile il y a seulement un moi... En d'autre therme, pas grand-chose.
-Oh, c'est qu'il n'y a pas grand-chose à raconter à mon sujet, madame. Répliqua JungKook, il pouvait sentir de grosse goute de sueur se former dans son dos. Rien de passionnant en tout cas.
-Rien à voir ! S'exclama-t-elle en lançant légèrement sa tablette sur le plateau de son bureau avant de s'avancer sur celui-ci, son menton lourdement appuyé dans la paume de sa main. C'est surtout que je déteste les spoilers ! Tout le monde à une histoire et chaque histoire est fascinante ! J'aimerai beaucoup que vous me racontiez la vôtre, si vous êtes d'accord.
JungKook eut un léger rictus gêné. Il ne savait plus où se mettre. Soudainement, l'attention presque enfantine que cette jeune femme lui portait le mettait étrangement mal à l'aise. Il n'avait jamais aimé être le centre de toute les attentions enfant et ça ne s'était pas arrangé en grandissant. En règle générale, il arrivait à se débrouiller lorsqu'il était en groupe, il balbutiait quelques mots, lançait le sujet vers quelqu'un d'autre et laisser la conversation s'installait, intervenant au fur et à mesure qu'il se sentait de plus en plus à l'aise. Parler ce n'était pas son truc et surtout pas avec des inconnus.
-Je ne pense pas que je puisse vous apprendre quoique ce soit qui ne soit pas déjà dans mon dossier. Répliqua encore une fois le jeune homme, soudainement bien plus officiel dans son ton.
EunJung se renfonça dans son fauteuil, l'observant calmement du coin de l'œil. Elle attrapa la tablette du bout des doigts et l'apporta sous son regard.
-Jeong JungKook, né le premier septembre mille neuf cent quatre-vingt-dix-sept, dans la région de Busan. Vous avez grandi chez vos parents et votre frère ainé. Vous avez fait pratiquement l'intégralité de votre scolarité dans un des établissements communautaires de votre régions jusqu'à ce que votre père obtienne une augmentation ainsi qu'une mutation à Séoul. Vous avez fait votre lycée dans un lycée privé de seconde zone ceci étant. Vous avez obtenu votre diplôme et vous êtes inscrit à l'université de KongDae *dans le cursus photographie et cinéma. Vous décidez de faire votre service militaire à seulement dix-neuf ans. Revenu à vingt et un ans, vous avez terminé votre année de fac avant d'abandonner totalement pour vous engager volontairement dans l'armée à seulement vingt- trois ans. Vous êtes envoyé pour votre première mission à vingt-cinq ans, vous en ferez trois autres avant d'être remercié pour des raisons psychologiques pour l'année de vos vingt-six ans, cette année donc. Vous cumulez deux emplois à mi-temps, un chez un de vos amis, Kim TaeHyung, en tant que serveur et un autre dans un service de livraison de colis postaux. Voila. Termina-t-elle finalement en reposant sa tablette. Voilà tout ce que votre dossier a à raconter sur vous.
JungKook n'ajouta rien. Il se contenta de fixer une croisée sur une fenêtre derrière elle. Elle avait un bon résumé expositif au moins. Mais il savait parfaitement que ce n'était pas suffisant. Il savait parfaitement qu'elle allait en vouloir plus, parce que c'était son métier : disséquer la vie des gens et leur émotion et autre traumatisme pour en tirer un diagnostic à peine compréhensible.
-Je vous l'accorde. Reprit-elle. C'est déjà pas mal, mais ce n'est pas vraiment ce qui m'intéresse.
-Je me doute. Répliqua sans doute trop sèchement le brun.
-Et je me doute que je ne peux pas vous forcer à me parler ou bien même vouloir me parler.
-J'ai déjà été diagnostiqué. Grogna le brun, se rendant à peine compte de ses ongles qui s'enfonçaient de plus en plus dans ses cuisses.
-Alors pourquoi vous êtes là ? Demanda de nouveau la jeune femme.
-Pour rassurer mes amis. Rien de plus. Ecoutez, soupira-t-il enfin. Je sais que vous ne faites que votre travail et que je ne peux pas vous en vouloir pour ça mais je pense sincèrement que c'est une perte de temps. J'ai déjà un traitement. J'ai déjà un suivi. Je ne vois pas ce que je peux faire de plus. Vous perdez votre temps, un temps que vous pourriez passer à vous occuper de gens qui ont vraiment besoin de vous et vos conseil...
-Vous pensez que vous n'avez pas besoin de mes conseils, JungKook-ssi ? S'enquit-elle, s'avançant de nouveau dans son fauteuil, son menton de nouveau dans sa main, un sourcil légèrement haussé.
-ça n'a rien à voir avec ce que je pense. Soupira-t-il encore. C'est juste un état de fait.
-Puisque vous n'avez pas besoin de conseil, qu'est-ce qui vous empêche de simplement me parler ?
-Je vous demande pardon ? S'étonna le plus jeune, ses yeux écarquillés, ses mains lâchant enfin ses cuisses. De quoi vous parlez ?
-Hoseok-ssi a payé pour ce rendez-vous après tout. Ça serait dommage qu'il ait fait tout ça pour rien, vous ne pensez pas ?
Elle se recula de nouveau dans son fauteuil, une lumière taquine dans les yeux. Elle lui sourit et JungKook décida qu'il n'aimait pas ce sourire. Il avait un quelque chose de trop sur et un peu sournois.
-Vous avez déjà été diagnostiqué. Vous savez déjà comment gérer vos problèmes, si jamais vous en avez. Alors pourquoi ne pas profiter du temps qu'on a pour simplement discuter ?
-Et discuter de quoi ? Cracha JungKook en s'enfonçant dans le sofa, les bras soudainement croisés sur sa poitrine, le regard fixé sur le visage beaucoup trop satisfait de cette jeune femme qui commençait à lui taper sur les nerfs.
-De tout et de rien. Répondit-elle simplement, agitant la main comme pour chasser de l'air. De ce que vous avez fait hier, de ce que vous ferez demain. De vos passions, de ce que vous détestez. De celui que vous étiez avant d'être le Sergent Jeong... Pour faire court, de vous. Pas de votre parcours mais de ce que vous avez ressenti durant ce parcours.
Le jeune homme s'enfonça d'autant plus dans les coussins. Il fronça légèrement les sourcils. Il n'aimait pas du tout l'expression de victoire qu'affichait la jeune femme en face de lui. Il avait l'impression de faire face à une enfant qui avait mis au point un de ses plans stupidement compliqué mais qui marche pour une raison toujours stupidement simple. Il en avait vu des tonnes à la caserne, des gamins qui pensent tout savoir simplement parce qu'ils ont un ou deux diplômes en poche et « la fougue de la jeunesse ». Sans parler de ceux qui s'engager plus vieux et qui partaient du principe que leur âge leur donnait quelque chose de proche de la science infuse, comme si leurs grands âges avaient quoique ce soit à voir avec le grade. JungKook les connaissaient ces petits sourires trop sur d'eux et il avait appris à les briser.
Le jeune homme s'enfonça d'autant plus dans les coussins.
Sauf que cette fois ci les choses étaient légèrement différentes. Il ne s'agissait pas simplement d'un gamin dont il oublierait le nom après coup, pas d'un gars avec qui il n'avait aucune attache et encore moins un gars a qui avait appris à bêtement obéir. Nan, il faisait face à quelqu'un de bien plus malin que ça et il pouvait déjà sentir la menace émotionnelle qu'elle allait lui lancer au visage. Si jamais il y avait négociation, il partait perdant et il le savait. Dans ce genre de situation, on lui avait pris que le meilleur moyen de s'assurer la victoire était encore de leurrer l'ennemi.
Mais il n'était pas en opération et il n'avait rien à perdre à tenter sa chance.
-Je suppose que si je refuse de coopérer, vous irez tout raconter à Hoseok hyung ? Demanda-t-il sombrement, plus pour la forme que la pour question elle-même.
-Ça m'ennuierait vraiment que son argent soit gâché oui ; et en tant qu'ami je pense que c'est de mon devoir de le prévenir. Pour qu'il évite de faire ça dans le futur, vous comprenez ? Répliqua-t-elle simplement en souriant de toutes ses dents.
-Et de quoi allons-nous parler ?
-Je meurs d'envie de savoir qui était Jeon JungKook-ssi avant qu'il ne devienne Sergent Jeon ! »
***
Année : 2015
La première fois que JungKook croisa le mot « homosexuel », il avait neuf ans et son père travaillait avec un collègue gay sur un dossier important. Son père n'avait rien de particulier à ce sujet, simplement préciser au détour d'une conversation, un peu au hasard, autour d'un bon repas que « l'amis de papa préfère les garçons ». Alors, le petit garçon de neuf ans qu'il était à l'époque avec simplement assimilé l'homosexualité avec un état d'existence.
Ça existe puis c'est tout. Aucune notion de bien ou de mal y était affilié, simplement le fait que dans le monde, il y a des hommes qui aiment d'autre hommes et voilà. Aussi simple et efficace que ça. Rien de plus, rien de moins et ça semblait convenir à tout le monde. Jusqu'à ce qu'il rentre au collège et qu'il croise la route d'un nouveau concept : « l'homophobie intentionnalisée ».
C'est à ce moment que les choses commencèrent à se compliquer. JungKook avait toujours été un bon garçon, ainsi lorsqu'il apprenait quelque chose à l'école, qu'importe de quoi il s'agissait, il partait du principe que c'était une vérité absolue. Son père lui avait donc apprit l'existence de l'homosexualité, l'école lui avait appris à trouver cela répugnant. Il avait donc accepté ces deux concepts comme deux états de fait qui n'étaient pas incompatibles en soit. On ne pouvait pas vraiment attendre autre chose de la part d'un garçon de douze ans.
Encore une foi, les choses auraient pu rester ainsi, peut-être même devenir bien pire si JungKook n'avait pas dû recroiser la route du collègue de son père. Les deux hommes se retrouvaient de nouveau à travailler ensemble sur un plus gros projet qui déciderait de leur avenir dans l'entreprise. C'est autour d'un repas que le jeune JungKook demanda si son père n'avait pas peur d'attraper « une saloperie » en entrant trop souvent en contact avec un gay. Son frère s'était étouffé avec sa nourriture, sa mère avait relevé le nez de son bol, les yeux plus gros que des balles de ping-pong et son père avait manqué de jurer.
Ce soir-là, il avait eu le droit à une leçon de vie comme jamais il n'en avait ou aurait dans son existence. Son père l'avait pris entre quatre yeux, lui avait demandé d'où venait des propos pareils, avait immédiatement demandé à avoir un mot ou deux avec son enseignant avant de commencer à lui expliquer le plus calmement et simplement que, non, l'homosexualité n'était pas une maladie. D'ailleurs, il n'y avait rien de grave à être gay.
« Tomber amoureux est une chose magnifique, JungKook, et il faut vraiment être sacrément attaqué pour juger qui que ce soit là-dessus. »
Selon ses parents, il n'y a rien de plus présomptueux que de s'estimer capable de juger l'âme de quelqu'un simplement parce qu'il aime quelqu'un du même sexe. Puis avait passé un bon quart d'heure à souligner que tant que c'était entre gens consentants et responsable, alors il n'y avait aucune raison de les pointer du doigts ou bien de les juger de quelques façons que ce soit.
Son frère alla même plus loin en racontant qu'un de ses amis était gay et qu'il se trouvait être bien plus avisé que la grande majorité de ses amis hétérosexuel en matière de relations et de sentiments : plus mature, plus réfléchis et surtout plus sincère. Leur mère tenue à remettre cette histoire dans son contexte : JunHyun avait quatorze ans et sans doute une légère tendance à l'exagérations.
Mais JungKook avait beaucoup de mal à concevoir que l'école, un lieu où il était censé apprendre à évoluer en société puisse lui enseigner de mauvaise chose, tout comme ces parents ne pouvaient pas s'amuser à lui apprendre des idioties. Alors, à douze ans, Jeon JungKook avait décidé qu'il n'y avait rien de fondamentalement mal à être gay, il ne voulait juste pas en faire partie. Puis son père reçu sa promotion et fut transférer à Séoul. Il se retrouva au lycée dans le capital et le sujet n'avait plus jamais été abordé en soit. Il aurait presque pu l'oublier si le premier dilemme moral de sa vie ne s'était pas posé durant sa dernière année de lycée.
A ce moment-là de sa vie, son grand ami était un certain Kim Yugyeom, un gamin aussi grand que lui et partageant la même passion pour les comics. Yugyeom avait un cousin qui avait deux ans de plus qu'eux et qui logeait chez eux en semaine puisqu'il était inscrit dans un lycée privé de Séoul tandis que ses parents vivaient à Daegu. Yugyeom avait une admiration sans borne pour son cousin et son talent en art, particulièrement en dessin et il était fréquent de le voir débarquer fièrement en classe avec une pièce de vêtements ou bien une fourniture scolaire que son cousin avait retouché et JungKook lui-même les admirait silencieusement. Tout ce qu'il savait de ce cousin, c'était qu'il était plus âgé, dans un lycée privé qui favorisait les arts et qu'il s'appelait TaeHyung et selon lui c'était tout ce dont il avait besoin.
Seulement voilà, cette année-là, le mois de février avait été particulièrement froid et il avait neigeait à de nombreuse reprise. D'ordinaire, les deux garçons rentraient ensemble en bus mais ce jour-là, la neige était haute et les transports en commun en souffrait. JungKook avait bien essayé de joindre ses parents mais il tombait à chaque fois sur le répondeur. De son côté Yugyeom semblait avoir une conversation plutôt agitée avec la personne qui devait se trouver à l'autre bout du fil. Son ami était en train de raccrocher lorsqu'il reçut un message de la part de sa mère lui expliquant qu'elle était elle-même bloqué en ville et qu'elle ne pouvait pas bouger. Le jeune homme se mordit la lèvre, se ravageant la cervelle pour trouver une solution. Il pouvait toujours appeler un taxi mais il n'était pas sûr d'avoir assez sur lui pour payer la course. Il lui restait l'option d'attendre sa mère ou bien de prier pour qu'un bus se décide à passer, même s'il ne l'avançait que de quelques mètres.
« Yugyeom-ah ! S'écria une voix étrangement grave.
Les deux jeunes hommes relevèrent la tête de leur téléphone en même temps et JungKook fronça légèrement des sourcils en voyant quelqu'un s'approchait d'eux tandis que son ami affichait le plus grand des sourires.
Il s'agissait d'un jeune homme, il ne semblait pas plus vieux qu'eux, peut-être un peu plus grand qu'eux, ses jambes paraissaient être sans fin. JungKook put discerner quelques détails au fur et à mesure que le jeune homme s'approcher. Il avait les épaules, le torse et le cou large, les mains fines avec de long doigts. Son visage était dessiné avec la plus grande précision : sa mâchoire était carrée et nette, ses lèvres étaient pleines et charnues, son nez était parfaitement droit, ses pommettes hautes, ses joues rebondies, ses yeux étaient plus grands que la normal malgré une légère asymétrie au niveau de ses paupières. Il avait les cheveux d'un joli châtain clair, plutôt long, tombant assez bas sur son front et nuque. Il ne portait pas d'uniforme, un simple sweat-shirt bleu marine et un jean noir ainsi qu'une paire de lunette à la monture transparente et les verres assez larges.
JungKook avait froid pour lui. Il était lui-même emmitouflé dans une énorme doudoune bleu marine et il avait remonté son écharpe jusqu'au nez et ce jeune homme ne se baladait qu'avec un sweat-shirt et une paire de basket. Il s'avançait à grande enjambées vers eux, agitant la main pour les saluer autant que pour signifier sa présence. Yugyeom lui rendit son salut et affichait un immense sourire qui laissa JungKook perplexe. Son incompréhension augmenta d'autant plus quand les deux jeunes gens se tombèrent dans les bras.
-Ta mère nous a demandé de venir te chercher ! S'exclama le châtain. Les bus seraient bloqués pour une bonne heure encore et comme on était apparemment entrain de « glander » à la maison...
- « On » S'étonna Yugyeom en s'écartant du jeune homme.
-Yep ! Yoongi hyung attend dans la voiture, c'est lui qui conduit. Répondit le jeune homme en désignant une petite Clio grise qui se trouvait un peu plus haut sur le trottoir.
-Yoongi hyung est là ?! S'écria Yugyeom, soudainement euphorique.
-Hm ! M'enfin, il n'est pas de super humeur pour le moment... Elabora-t-il soudainement en agitant les mains comme pour chasser l'idée. Il y a ce mauve qu'on n'arrive pas à refaire, celui que Min avait fait pour son costume au début d'année et hyung ne veut pas d'une autre couleur et tu sais comment il quand il s'agit des panels...
Soudain les yeux du châtain sans nom croisèrent ceux de JungKook et le plus jeune se senti soudainement un peu mal à l'aise. L'inconnu est beau garçon, le lycéen était tout bonnement incapable de le nier mais il n'était pas sûr de savoir ou bien de comprendre ce que cette affirmation agitait en lui. Même si selon lui, l'homosexualité n'était pas un crime en soit, il préférait quand même ne pas en être. Il savait ce qu'on disait de ces gens, ce qu'on leur faisait et comment on les traitait et JungKook ne voulait pas de ça. Et maintenant il se posait la question : est-ce que trouvait un homme beau le rendait gay ? Parce que ce n'était pas la première fois qu'il se faisait la réflexion. De façon tout à fait spontané, il pouvait trouver un de ses camarades mignon ou bien fait de sa personne. Il s'était d'ailleurs plusieurs fois fait la remarque que Yugyeom avait un sourire tout à fait magnifique et qu'il dégageait une certaine virilité en règle générale. La dernière fois qu'une idée du genre avait traversé son esprit, il s'était senti foncièrement mal pendant plusieurs jours : après une séance de sport, il avait aperçu du coin de l'œil un se camarade en train de passer son pantalon d'uniforme, le torse encore nu et il avait ressenti une chaleur étrange au creux de son estomac et un frisson particulièrement agréable le parcourir.
Rien que d'y repenser, il pouvait sentir ses joues lui brulaient et il se mit à fixer hardiment ses pieds. Ses baskets étaient légèrement humides et un peu de neige grise était collée à la pointe de sa chaussure droite.
-Je suppose que tu es Jeon JungKook ? Demanda le jeune homme à lunette.
JungKook releva violement le regard et ses joues le brulaient encore plus. Le jeune homme lui offrait un sourire tendre et chaleureux, sa main était tendue devant lui, l'invitant silencieusement à la prendre. Le lycéen se racla brutalement la gorge et se tourna vers son ami qui lui indiqua d'un coup d'œil la poignée de main qu'on lui offrait.
-Yugyeom-ah doit t'avoir parler un peu de moi. Reprit le jeune homme. En tout cas il m'a parlé de toi, JungKook-ssi ! Moi, c'est Kim TaeHyung et je –
-Le cousin de Yugyeom ! Lança brutalement JungKook en attrapant la main qu'on lui tenait avant de baisser la tête légèrement pour saluer son ainé. Yug' m'a parlé de vous ! J'aime beaucoup ce que vous avait fait pour sa veste de sport !
TaeHyung laissa échapper un rire attendri avant de récupérer sa main et de demander au lycéen s'il avait un moyen de rentrer. Un peu honteux, JungKook expliqua sa situation et son camarade de classe s'empressa de lui proposer de passer la soirée chez lui, le temps que les routes soient dégagées et salées. JungKook n'était pas tout à fait à l'aise avec l'idée, il avait l'impression de profiter de son ami et il avait aussi l'impression qu'il risquait de faire une bêtise si jamais il restait trop longtemps en présence d'un bel homme comme TaeHyung. Mais le châtain insista lui aussi, ajoutant qu'il pouvait rester juste le temps que sa mère soit de nouveau mobile. Yugyeom poussa son ami a au moins demandé ce que sa mère en pensait et JungKook dû rendre les armes lorsque cette dernière approuva l'idée avec beaucoup trop d'enthousiasme. Yugyeom enroula donc un bras autour de le sien et le tira vers le Clio en suivant les traces de son cousin.
Les deux lycéens montèrent à l'arrière et TaeHyung s'installa à côté de celui qui devait être Yoongi selon JungKook. Le lycéen n'était pas sûr de quoi penser du jeune homme derrière le volant. Il ne semblait pas très grand, ni très épais. Il avait le teint extrêmement pâle et les membres terriblement fins, presque squelettique. Il avait un visage rond, de bonnes joues et des petites lèvres asymétrique, celle du bas ressortant légèrement plus que celle du haut qui tracée les contours du petit cœur au niveau du philtrum ; son nez était enfoncé et arrondie, ses yeux en amandes fines et cernés jusqu'au pommettes. Il arborait une chevelure d'un bleu claire et lumineux qui avait ce style coiffé décoiffé très en vogue. Ses oreilles étaient bardées de piercings comme ses mains de bagues et ses poignets de bracelets et gourmettes qui semblaient terriblement lourde.
-JungKook, je te présente Min Yoongi ! S'exclama TaeHyung en désignant son voisin de la main. On a des camarades de classe.
Le dit Yoongi croisa rapidement le regard du lycéen dans le rétroviseur et hocha de la tête. JungKook se sentit étrangement tout petit lorsque ces deux obsidiennes se posèrent sur lui. Le regard du plus vieux ne transcrivait rien, pas de joie, pas de peur ni de colère, rien d'autre qu'un océan noir et calme. Pour la grande majorité du trajet, TaeHyung et Yugyeom furent les seuls à parler. Le châtain avait tellement de chose à raconter, ce n'était pas forcement quoique ce soit d'incroyable mais il le racontait toujours avec une telle passion et investissement que JungKook n'avait pas de mal à croire que même la plus banal des histoires devenait un récit épique avec TaeHyung.
Le lycéen avait donc appris que TaeHyung et Yoongi n'étaient non pas au lycée mais en première année d'université. Leurs études portaient sur les arts plastiques, TaeHyung s'étant spécialisé dans le dessin et la peinture tandis que Yoongi travaillait plus dans le domaine de la photographie. Il avait aussi appris qu'ils travaillaient actuellement sur une pièce importante pour leur note du semestre en travaux pratique – « la rencontre audacieuse et parfaite de la photographie et du dessin dans une dimension plastique encore jamais vu ! » selon TaeHyung et JungKook n'était pas sûr de ce que ça pouvait bien vouloir dire. Mais ils étaient présentement face à un problème de détail et il s'agissait de l'exigence presque stupide de son camarade au sujet de certaines couleurs. C'est à ce moment-là que Yoongi intervint, exprimant avec une certaine lassitude qu'il n'était pas « stupidement exigent » mais qu'il « avait une vision précise du rendu et sans ce violet, on va juste se rater. Maintenant tu fais ce que tu veux avec tes notes, Tae' mais moi je ne peux pas vraiment me permettre de jouer avec le feu comme ça ! ».
Min Yoongi avait une voix rauque, profonde, avec un grain vraiment très particulier et JungKook se surpris à frissonner en l'entendant se plaindre.
-Tout ce que je dis, c'est que Jiminie pourrai faire un effort et nous filait les proportions pour cette putain de violet ! Grommela finalement le coloré pour clore sa tirade exaspérée.
-Il n'a aucune idée des proportions, hyung. Ria doucement TaeHyung, un quelque chose de paternaliste dans sa voix, comme s'il avait répété cette même phrase une bonne trentaine de fois déjà. C'était un accident, il était déjà tellement rassuré de voir que ce n'était pas trop moche... Oh ! Reprit TaeHyung en se tournant légèrement vers JungKook. Jimin est un ami à nous, il danse et il a eu un malheureux accident avec les teintures pour son costume et Yoongi hyung est littéralement obsédé par cette couleur !
-Je ne suis pas obsédé et je suis à peu près sûr que le gamin se fiche royalement de ta petite histoire, Tae'.
La conversation dévia lentement après ça jusqu'à ce qu'ils atteignent la résidence Kim. Yugyeom habitait dans une de ses petites maisons construites à la chaine. Un seul étage, une petite cour avant, une allée pour la voiture et un porche avec une jolie petite couronne de laurier cloué dessus. L'endroit était chaleureux et familial. JungKook était bien moins gêné d'y rester et il cacha à peine sa joie lorsque sa mère l'appela pour demander s'il pouvait passer la nuit chez eux, elle n'était pas sûr que la voiture supporterait un autre voyage comme celui-ci. Les parents de Yugyeom étaient tout à fait adorables et lui avaient répété une bonne dizaine de fois de faire comme chez lui. Son ami lui avait prêté des vêtements pour qu'il puisse quitter son uniforme et TaeHyung s'était empressé d'inviter les deux lycéens à venir jeter un coup d'œil à leur œuvre. Sa tante grommela qu'ils allaient bientôt passer à table et qu'elle aurait préféré qu'ils évitent de remonter couvert de peinture, alors TaeHyung les traina dans son sanctuaire à lui.
La chambre de TaeHyung était aussi grande que celle de son cousin, sans aucun doute moins bien rangée ceci étant. Son lit était défait, son bureau était recouvert de papier et le sol était jonché de pots de peinture, palettes et pinceaux entrain de sécher. Dans un coin, appuyé tout contre un radiateur électrique, se trouvait une toile. Elle était assez grande pour arriver à la taille du lycéen. JungKook avait dû s'approcher pour discerner les traits de crayons qui s'étendaient sur le grain de papier. Ils traçaient ce qui semblait être la silhouette d'un corps qui remplissait une grande partie de la toile. Quelques clichés en noir et blanc étaient collés pêlemêle dans ce qui devait être la cuisse droite du corps en question. JungKook se pencha un peu plus pour observer les visages pris en photo. L'un deux revenaient assez fréquemment : une bouille ronde, un petit nez aplatit aux narines larges, des lèvres pulpeuses, des yeux en croissant de lune, un sourire large et une dent de travers.
JungKook se pencha d'avantage, observa silencieusement chaque trait de ce visage, comme s'il cherchait déjà à les imprimer dans son esprit.
-C'est notre première ébauche ! S'exclama soudainement TaeHyung en s'asseyant, les jambes croisées, devant la toile. Mais hyung trouve ça trop plat, on est parti sur autre chose, c'est à la cave, la peinture sèche mieux là-bas, elle ne craquelle pas et hyung trouve qu'il a une meilleure lumière pour visualiser le rendu des photos... Faut dire que l'ampoule est blanche en bas, la mienne à un voile d'orange et c'est vrai que ça peut fausser le rendu couleur mais je crois surtout que hyung est un de ses éternel insatisfait artistique... Bref ! Je garde celle-là quand même, j'aimerai la finir et l'offrir à Jiminie ! Après tout, il est un peu les racines du projet...
-Ji -Jiminie ? Répéta bêtement JungKook, testant le nom sur le bout de sa langue.
Quelque chose en lui réagissait étrangement à se prénom. Il n'était pas sûr de ce qui provoquait cette « réaction » ou bien même ce qu'elle était en elle-même mais il y avait quelque chose et il n'était pas sûr de vouloir savoir quoi.
TaeHyung se pencha un peu sur le côté pour attraper un polaroid qui se trouvait par terre, au milieu d'un tas d'autre photos et chute de papier et la tandis à JungKook. Le lycéen l'attrapa du bout des doigts et de nouveau son regard traça chaque trait qui composaient la pièce qu'il avait sous les yeux. Il y avait deux visages, le petit rondouillard au sourire tendre et au cheveux claire et un autre, plus ovale, des joues plus lisses, des lèvres épaisses mais un nez plus droit, des yeux plus fins et une épaisse chevelure blond platine qui tombait bas sur ses yeux. Le décoloré regardait l'autre avec une telle tendresse que JungKook avait l'impression d'avoir surpris un moment intime. Il sentait son estomac se tordre un peu, pas uniquement à cause de la gêne mais à cause d'un autre sentiment qu'il n'arrivait pas à nommer.
Ils dégageaient une telle énergie. Le blond platine avait un quelque chose de terriblement masculin et rassurant tandis que l'autre dégageait un sentiment de candeur et de tendresse presque naïve. JungKook n'était pas sur lequel des deux ressortaient le plus sur le cliché. Ses yeux voyageaient frénétiquement entre les deux visages souriant et immobiles tandis que des millions de pensées se bousculaient dans son crâne.
-Le gars avec les cheveux platine, c'est Namjoon hyung, un ami à nous et l'autre c'est le fameux Park Jimin, expliqua TaeHyung, un large sourire sur les lèvres. Le danseur dont on vous parlait tout à l'heure avec hyung. Mon âme sœur et la muse de Min Yoongi.
-La muse ? Demanda incrédule JungKook, les yeux toujours rivés sur les deux jeunes hommes présents sur la photo.
-Hm ! Dès qu'il s'agit de Jiminie, hyung devient subitement le plus grand artiste qui soit... Les émotions qu'il arrive à transmettre lorsque Chim est son sujet... C'est tout bonnement fascinant. »
JungKook n'avait aucun mal à croire qu'on puisse être fasciné par Park Jimin.
***
S'il prenait cinq minutes pour réfléchir, JungKook n'aurait eu aucun mal à comprendre que Min Yoongi ne lui rendrait jamais les choses faciles. Il avait toujours eu l'air de prendre un malin plaisir de se mettre en travers de sa route et chercher à lui prouver qu'il est meilleur que lui.
La photographie.
La cuisine.
L'argent.
Jimin.
JungKook avait essayé de ne rien dire, il comprenait parfaitement que ce n'était plus de son ressort, il avait vraiment essayé de ne pas être trop affecter, d'être celui qui ferait preuve de plus de maturité dans cette histoire mais il devait se rendre à l'évidence : il avait terriblement envie d'effacer se sourire satisfait des lèvres de Min Yoongi à grands coups de poings et briser le bras qui persistait à vouloir s'enrouler autour de la taille du blond cendré. Mais pour le moment il devait se contenter d'étrangler le pied de sa coupelle de champagne et d'assassiner son ainé du regard, sa haine survolant la masse informe de gens qui avait été invité à l'exposition du grand Min Yoongi. Son ainé était occupé à remercier la foule et tous ceux qui avait rendu possible cette « incroyable occasion, unique en son genre et totalement inespérée ! » et le brun eut un rictus mesquin en voyant Jimin danser nerveusement d'un pied sur l'autre, comme s'il cherchait à fuir l'estrade sur laquelle il avait été trainé par le plus vieux. Yoongi était perdu dans un discours odieusement pompeux et JungKook n'était pas sûr de pouvoir d'en supporter une minute de plus alors il décida d'aller jeter un coup d'œil à l'exposition en elle-même.
Après tout, il était là pour ça, pas simplement pour écouter Min Yoongi s'épandre sur le fait que d'exposer dans cette galerie était « un rêve devenu réalité grâce à vous tous et surtout - »
Il n'avait jamais entendu la fin de cette phrase puisqu'il avait déjà quitté le hall principal pour aller se perdre dans les couloirs d'expositions. L'ambiance générale de l'endroit était très sobre et intimiste et JungKook avait beaucoup moins de mal à admettre, maintenant qu'il n'avait pas le sourire stupide de son ainé juste sous les yeux, que ça collait parfaitement à l'atmosphère des pièces exposées et qu'elles étaient une parfaite représentation de son talent. Des clichés en noir et blanc, les sujets pouvaient varier : des paysages ou le fond était parfois éludé pour mettre en avant un point de détail qui rend l'ensemble parfaitement sublime ou bien un ensemble très net ou chaque point sur la photo ajoute sa petite touche pour le rendre unique ; des scènes de la vie quotidienne tout ce qu'il y a de plus banales comme une couple qui se tient la main ou bien un peu plus surprenante comme une manifestation ; ou encore des portraits, beaucoup de portraits aussi bien d'inconnu que de gens que JungKook connaissait bien.
C'était la spécialité de Yoongi. Son sujet favori, il adorait capturer un instant, une émotion, un tic de visage particulier qui définissait un moment, une personne, un instant dans la file de la vie de cette personne et JungKook devait reconnaitre qu'il était doué. Ceux qu'il avait sous les yeux étaient tout simplement incroyable.
Il y avait Jung Hoseok, le menton lourdement appuyé dans une main tandis qu'il semblait expliquer quelque chose de l'autre, son regard sérieux, sa bouche tirée en une ligne fine, légèrement entre-ouverte et JungKook avait l'impression de l'entendre. Il devait surement être en train de discuter avec Jin ou bien Namjoon sur un sujet des plus sérieux et il devait être en train d'expliquer son opinion afin d'être sûr que tout le monde comprenne bien ou il se situait. Parce qu'Hoseok déteste être mal compris.
Il y avait une vielle femme assise sur un banc qui souriait de toutes ses dents, tenant un sac de ce qui devait être des graines pour les pigeons, chaque trait de son visage étaient tirés et transcrivaient une joie presque juvénile. JungKook n'avait aucun mal à deviner de quoi ils avaient dû discuter. Elle devait avoir surpris Yoongi tandis qu'il prenait en photo un paysage et devait lui avoir posé une ou deux questions sur ses occupations. Le jeune homme n'était pas un grand sociale, il n'avait pas de souci pour apprendre un discours par cœur mais avoir une interaction spontanée avec un autre être humain était plus compliqué. Il devait avoir rougi, elle devait l'avoir trouvé adorable. L'idée de la prendre en photo doit être venu au cours de leur courte discussion, sans doute qu'elle aura évoqué son petit fils ou bien sa petite fille qui devaient aussi avoir une passion pour la photo, peut-être plus le genre de photo qu'on poste sur les réseaux sociaux que celles qu'on expose mais qu'importe. Elle surement dû sourire à ce moment-là et Yoongi aura eu la révélation du siècle.
Il y avait aussi Kim TaeHyung, accroupi devant son chien, une petite boule de poile hirsute et hyperactive, riant à gorge déployée, s'amusant surement avec l'animal, lui faire répéter les mêmes petits tours qu'il avait appris jusqu'ici. Quelques pas derrière lui se tenait Kim Namjoon, une main dans une poche, l'autre autour d'un verre en plastique, discutant avec une troisième personne dont le prénom échappé à JungKook tout en portant un regard doux et affectueux sur le jeune homme devant eux. Le brun pouvait deviner que la photo avait été prise durée une soirée d'été, Namjoon portait un de ses shorts cargo et une chemise à manche courte ouverte sur un T-shirt blanc et TaeHyung un de ses pantalons en toile claire et une tunique à motif ethnique que JungKook n'avait jamais vraiment trouvé belles sur qui que ce soit d'autre que TaeHyung lui-même. Il pouvait entendre le murmure de la musique et les brides de conversations, mais surtout le rire pure du plus jeune et la voix basse et bienveillante de Namjoon tandis que l'amour qu'il portait pour le jeune homme au chien transparaissait dans chaque partie de son corps. Kim Namjoon n'aimait pas simplement Kim TaeHyung, il adorait le moindre petit geste que le plus jeune pouvait esquisser et vénérait la terre sur laquelle il s'était tenu debout. Et JungKook avait déjà était atrocement jaloux de ce regard.
Les photos défilaient sous ses yeux, chacune transcrivait quelque chose de spécial : une émotion, un instant volé, un sourire innocent, un regard perdu, un moment de pure humanité figé et étendu sur une toile ciré avant d'être accroché à la vue de centaine d'inconnu.
L'une d'entre attira particulièrement son attention. Il ne s'attendait pas à voir son propre visage sur ses murs. Cette photo était récente, à peine quelques semaines, il s'en souvenait parfaitement. Le jour où il était descendu du train qui l'avait ramené parmi eux. Aussi loin qu'il puisse se souvenir, JungKook avait toujours adoré voyager et particulièrement en train mais ce trajet là lui avait laissé un doux étrangement doux amère. Le retour au bercail lui avait été vendu comme un merveilleux moment, des embrassades et autres effusions de joie, une fin et un commencement digne d'un film.
Le retour aux sources.
Rentrer chez soi.
Retrouver sa vie d'avant.
Quelque chose comme ça.
Mais ce n'est pas l'ancien Jeon JungKook qui avait posé les pieds sur le quai de cette gare. Non, ce gamin était mort dans cette tente, ce soir-là. C'était comme s'il avait été à l'autre bout du canon. Comme si c'était lui qui avait tiré et prit la balle, en même temps.
Pourtant, lorsqu'il était descendu du train, qu'il avait lâché ses chaussures des yeux pour croiser le regard rassuré, plein d'espoir, presque paternel de Kim SeokJin, il avait senti quelque chose de chaud éclore en lui. Lorsqu'il avait senti les bras du plus vieux s'enrouler autour de ses épaules, il avait senti son cœur se resserrait tandis qu'une vague chaude et douce le secouait de l'intérieure. Il n'avait pas su identifier ce sentiment et maintenant qu'il pouvait voir son visage sur papier glacé et en trois fois trop grand pour son propre plaisir, il arrivait enfin à mettre un nom dessus.
« Il a beaucoup de mal à la choisir. Enonça simplement Hoseok, arrachant un léger sursaut à son cadet.
JungKook dévisagea quelques secondes son ainé, légèrement perplexe. Il n'était pas sûr de comprendre ou est ce qu'il voulait en venir en lui disant ça. Il était à peu prêt sur qu'il n'y avait aucune chance pour que Min Yoongi se soit prit la tête plus de deux secondes pour décider quelle photo de lui il afficherait parmi ses œuvres. Il était même prêt à parier que c'était Jin qui l'avait obligé à en afficher au moins une de lui.
-Mais bien sûr. Ricana amèrement JungKook en se retournant vers la photo. Comme-ci il avait eu beaucoup de choix. Je parie que c'est la seule photo de moi qu'il a...
-Tu rigoles ?! S'exclama Hoseok, les yeux plus ronds que deux balles de ping-pong. Il aurait pu faire une expo' entière nommé « JungKook » tandis qu'il a toujours le même style de photo pour moi... Quand j'explique mes opinions politique à Jin hyung...
-Oh ? Alors j'étais tombé juste ? S'amusa doucement le plus jeune.
-Tu vois ? Même toi tu la connais... Grommela le psychologue. EunJung m'a dit que votre premier rendez s'était plutôt bien passé... Pas exactement ce qu'elle attendait mais toujours mieux que rien, d'après elle. Elle a réussi à t'arracher quelques mots et selon moi c'est déjà très bien. Reprit-il, plus sérieusement après quelques secondes de silence.
-Vous n'êtes pas sensé respecter le secret professionnel ou une connerie du genre ? S'enquit JungKook en portant son verre à ses lèvres.
Son champagne était tiède.
-Elle ne m'a pas dit ce que vous vous êtes dit mot pour mot, Kook. Simplement que tu avais fais un pas en avant et non pas en arrière et j'avais envie de te féliciter pour les efforts que tu fais.
JungKook ne répondit rien. Il se contenta de prendre une nouvelle gorgée de son champagne. Le hall commença à se remplir petit à petit et les deux amis décidèrent d'avancer un peu. Ou plutôt, Hoseok se mit à avancer et JungKook lui emboita le pas et il se fit la réflexion qu'Hoseok était entrain de s'adapter à lui. Hoseok était un papillon social, faire de nouvelles rencontres était dans sa nature, il n'avait aucun mal à échanger un sourire charmeur accompagné d'une ou deux plaisanteries. Tandis que lui, lui évitait naturellement la foule et ses mondanités et encore plus maintenant qu'il était retourné à la civilisation.
Ils avancèrent jusqu'à se retrouver devant un autre portrait, un inconnu qui jouait avec son chien. Il pouvait entendre des brides de conversation venant d'un peu plus loin, la musique et le bruit des verres qui s'entrechoquent. L'homme sur la photo jouait avec un chien et affichait une telle joie que JungKook se sentait ridiculement morose à côté.
-Je lui ais juste parlé de Gureum. Lança finalement le jeune homme, faisant tourner son fond de champagne dans sa coupelle. Rien de bien extraordinaire.
Hoseok n'ajouta rien. Il observa silencieusement son cadet. Il n'avait jamais été un émotif et encore moins un grand dramatique, les effusions de sentimentalismes n'étaient clairement pas dans son registre. Pourtant, il s'était ouvert, même d'un tout petit millimètre, il s'était ouvert et avait partagé avec Hoseok quelque chose. Il était clair que ce n'était pas grand-chose, à peine une banalité mais le psychologue savait combien c'était important, voir même trop important. Il avait presque l'impression de revoir le jeune homme qu'il a vu partir dans ce train, il y a trois ans maintenant.
Un gamin perdu, incapable d'exprimer ce qu'il ressentait au fond de lui, incapable de mettre un mot sur un sentiment, incapable de voir ce qu'il ressent et ce que les autres ressentent.
Un gamin en mal d'affection, de reconnaissance, de volonté.
Un gamin qui n'avait pas trouvé d'autre solution que de blesser ceux à qui il tenait pour avoir l'impression de compter, peut importe qu'il se blesse aussi dans le processus.
Un gamin avec une conception de l'amour totalement emmêlé, difonctionnelle, abimé mais qui n'en était pas moins avide d'aimer et d'être aimer.
Un gamin.
Juste un gamin.
-Hyung !
La paire se retourna comme un seul homme pour faire face à Jimin qui s'approchait d'eux en trottant légèrement. JungKook déglutit discrètement. C'était la troisième fois qu'il revoyait Park Jimin depuis son retour.
La première fois c'était durant le repas que Jin avait tenu à organiser, pour « célébrer le retour de notre petit Kookie ! ». Il était arrivé cinq petites minutes de retard parce qu'un rendez-vous avez été plus long que prévu. Ce soir, il portait une chemise blanche, parfaitement repassée rentrée dans son pantalon de costume avec une paire de mocassin en cuir noir parfaitement ciré. Il s'était glissé dans son déguisement de parfait petit employé modèle et JungKook avait trouvé ça magnifique. Ils s'étaient à peine adressé la parole ce soir-là. Peut être une embrassade pour lui souhaiter un bon retour parmi eux, quelques questions polis pour éviter un blanc trop long et beaucoup trop gênant entre eux, un ou deux compliments pour donner le change.
La deuxième fois avait été un pur hasard. Il s'était rendu en ville avec Jin pour acheter quelques meubles pour son tout nouveau studio et tandis qu'il cherchait à faire comprendre gentiment au plus vieux de la bande qu'il n'y avait pas la moindre chance qu'il achète une lampe à lave, Jimin déboula de derrière une étagère, un nouveau tapis de bains sous un bras et une boite de rangement plastique transparente remplie de petits gadgets qui n'avaient pas la moindre utilité réelle mais dont Jimin ne pouvait étrangement pas se passer. A ce moment-là, il portait un de ses jean taille haute, épousant chacune de ses courbes avec la plus grande précision et un T-shirt rouge, un de ceux sur lesquels on peut lire une phrase bourrée de la plus générique des poésies, rentré dans son jean pour laisser apparaitre la boucle de sa ceinture, tout comme son jean était rentré dans ses bottines de cuire noir. Ils avaient échangé les salutations d'usage, Jin s'était empressé de proposer au nouvel arrivant de les rejoindre. Jimin avait bien essayé de refuser mais il avait toujours été étrangement faible face au plus vieux. JungKook et lui n'avait pas réellement discuter ensemble, cette fois-ci non plus, il était juste content que Jimin se souvienne qu'il préférait les peignoirs aux serviettes de bains parce que ça lui permettait de se balader tout nu dans l'appartement sans mettre qui que se soit mal à l'aise ; ou bien qu'il ne monterait jamais une étagère à épice.
Ce soir il portant un pantalon de costume plutôt serré et une paire de basket en cuir noir plus citadine que sportive et une chemise en soie brillante, noir elle aussi avec quelques reflets argentés sur les motifs qui pouvaient être qualifiés de zébrures. Il avait relevé ses cheveux pour dégager son front tout en laissant quelques mèches tomber très précisément dessus. Il arborait les anneaux que JungKook lui avait offert pour leur premier anniversaire et deux bagues qu'il connaissait aussi très bien : son anneau d'amitié avec TaeHyung et sa chevalière familiale.
JungKook n'aimait ni l'une ni l'autre. Il n'aimait pas l'idée que Kim TaeHyung, le meilleur ami de Jimin, son « âme sœur » ait pu lui passer une bague au doigt même aussi métaphorique soit elle. Quant à la chevalière des Park, elle était sublime et à la foi ignoble. Elle symbolisait à elle seul tellement de chose, tellement de souvenir.
Aussi bien l'honneur des Park que le combat que Jimin et JungKook avait mené il y a quelque année. Un combat qui signifié tout pour JungKook mais qui ne devait plus avoir la moindre importance pour le plus vieux puisqu'il la portait de nouveau fièrement sur son index droit.
Ses mains étaient trop petites et fines pour les bagues à taille unique.
-Yoongi hyung voudrait te voir. Reprit Jimin, une fois à leur hauteur, pointant du pouce derrière lui.
-Alors je fonce ! S'enjoua le plus vieux en donnant son verre au blond cendré. Il ne faut pas faire attendre l'homme de la soirée ! Attendez-moi là, les garçons, je reviens de suite !
Sans leur laisser le temps de répondre ou bien d'objecter, le plus âgé avait disparu dans la foule, laissant les deux jeunes hommes en silence, face au portrait d'un inconnu. Il n'y avait pas besoin de connaitre leur histoire commune pour sentir une certaine tension entre eux. L'un comme l'autre, ils n'arrivaient pas à s'expliquer pourquoi ils ne continuaient pas leur route chacun de leur côté. Jimin avait surement des gens à voir et JungKook avait l'air de vouloir parcourir la galerie. Mais ils ne bougèrent pas. Ils se tenaient l'un à coté de l'autre dans le plus oppressant des silences.
JungKook n'était pas exactement sûr de ce qu'il ressentait. Une partie de lui était heureux de se tenir de nouveau au côté de Jimin, la sensation de promiscuité avec le plus vieux lui avait sincèrement manquée et même si ce n'était clairement la plus folle des interactions qu'ils avaient eut depuis son retour, elle avait au moins le mérité d'exister. Mais d'un autre côté, il avait l'impression de ne plus pouvoir respirer. C'était comme si le moindre mouvement de sa part pouvait chasser Jimin, l'emmener loin de lui et il ne voulait pas ça.
Il ne voulait plus jamais ça.
C'était au-dessus de ses forces et en même temps hors de sa portée. Il ne pouvait pas forcer Jimin à rester prêt de lui. Alors puisqu'il ne pouvait l'obliger à rien, il se contenterait de ne pas le faire fuir. C'était sa façon de raisonner, il n'avait aucune idée si elle était bonne ou bien mauvaise – c'était surement quelque chose dont il aurait pu discuter avec cette chère EunJung-ssi – mais c'était tout ce qu'il avait pour le moment et il ferait avec. Il n'avait pas d'autre choix.
Alors il devait rester silencieux, si c'était le seul moyen de garder son ainé proche de lui encore quelques temps. Mais les habitudes ont la vie dures et il faisait tout son possible pour lutter contre lui-même. Mais il ne pouvait pas empêcher les images d'affluées dans son esprit.
Les sourires un peu trop crispés à la foule.
Sa façon de chercher à s'éloigner de lui, le plus discrètement possible.
Sa main sur sa taille qu'il cherchait à éviter.
Le sourire qu'il lui tout de même offert à la fin, bien plus doux et tendre que les précédents.
-Tu sais, l'armé nous a fait un court assez approfondi sur le concept de « consentement » et tout ce que ça implique. Je dois encore avoir la brochure dans mes valises, tu veux que je la donne à Yoongi hyung ?
Jimin posa enfin les yeux sur lui. La surprise et l'incompréhension était plus que visible sur son visage et JungKook aurait pu en rire dans une autre situation. Il avait toujours trouvé Jimin particulièrement adorable avec cette expression sur le visage, ça faisait particulièrement bien ressortir ses lèvres et ses joues et il avait toujours eut un plus gros faible pour ces deux choses.
-De quoi tu parles, JungKook ? Demanda finalement Jimin.
-De Yoongi hyung. Répondit simplement le jeune homme.
-Et j'espère pour toi que tu n'es pas en train de l'accuser de-
-Je parles de votre petit numéro sur scène. Coupa sèchement JungKook. Je me demande simplement si hyung t'as demandé ton accord avant de te trainer sur scène et te... Tripoter comme ça.
Jimin ne répondit rien alors le plus jeune jeta un coup d'œil rapide dans sa direction et il pouvait lire l'incompréhension sur son visage. Il n'avait aucune idée de ce dont il voulait parler ou bien – et JungKook préférait croire cette option là – il n'arrivait pas à comprendre comment le plus jeune avait deviner.
-Tu n'avais aucune envie d'être sur cette scène, Jimin. Reprit JungKook, plus froidement que prévu.
-Tu n'en sais strictement rien et j'apprécierai que tu –
-Je te connais par cœur, Jimin ! Le coupa-t-il de nouveau, se tournant enfin vers lui, plantant son regard certain et dur dans le sien. Ta petite danse d'embarras, tes sourires forcés, ta façon de t'écarter de ses mains ! Je sais très bien ce que ça voulait dire : tu ne voulais pas être là-haut, devant tous ces gens, à jouer les potiches pour bien faire voir Yoongi hyung !
Jimin ouvrit la bouche mais aucun son n'en sorti. Il se retourna vers l'œuvre de son ainé, ses doigts se serrant et desserrant lentement autour de deux verres qu'il tenait. Il se mit à mâchouiller sa lèvre inférieure nerveusement et JungKook savait qu'il était entrain de chercher quelque chose à répondre. N'importe quoi aurait fait l'affaire plutôt que ce silence qui laissait insinuer que le plus jeune avait eut le dernier mot et donc avait raison.
-Yoongi hyung et moi on ne sort pas ensemble. Murmura-t-il soudainement.
JungKook se tourna de nouveau vers lui, incrédule. Pour être parfaitement franc, Jimin non plus n'avait pas la moindre idée de pour quoi il avait dit ça. C'était tout ce qu'il avait trouvé et même son cerveau lui avait dit que ce n'était pas une bonne idée mais avant même qu'il ait le temps de se raisonner, les mots avaient passé la barrière de sa bouche et voila ou il en était rendu. Il avait regretté ses mots aussitôt et ça se voyait sur son visage. Il fixait bêtement les deux coupelles qu'il tenait, les mains légèrement tremblantes, sa lèvre inférieure fermement coincé entre ses dents.
Il se sentait tellement idiot. Pourquoi est ce qu'il avait fallut qu'il dise quelque chose comme ça ? Il aurait simplement pu ne rien dire, comme pour montrer qu'il était au-dessus de tout ça, que les petites assomptions de Jeon JungKook ne l'atteignaient pas, qu'il n'en avait actuellement rien à faire. Mais il avait fallu qu'il l'ouvre, il avait fallu que son orgueil prenne le dessus sur son bon sens et l'oblige à dire quelque chose. Parce que plutôt crever que de laisser JungKook avoir le dernier mot ! Il se sentait idiot et ridicule. Qu'est ce que ça pouvait bien lui faire qu'ils ne sortent pas ensemble ? Qu'est ce que JungKook pouvait bien en avoir à faire ?
Rien.
Parce que JungKook et lui n'étaient plus rien.
Parce que c'était plus simple comme ça.
Parce que même lorsqu'on lui laisse le choix, Park Jimin préfère jouer les paillassons.
Parce que même quand on lui demande de « se choisir », il préfère endosser le rôle du méchant.
Parce qu'il avait décidé de rompre et que JungKook ne comprendrait surement jamais pourquoi.
Jimin n'était même plus sûr de savoir lui non plus.
-ça ne me regarde pas. Répondit simplement JungKook après une bonne minute de silence.
-Je sais. Mais comme tu es doué pour tirer des conclusions actives, je préfère mettre les choses aux claires.
C'était beaucoup plus agressif que ce qu'il avait imaginé mais ça valait toujours mieux que de s'écraser. Il n'avait rien fait de mal et qu'importe ce que pense le grand Jeon JungKook, les choses ne changeraient pas. Elles ne pouvaient plus changer, quoiqu'il arrive, de toute façon.
-Je tire des conclusions actives ?! Moi ?! S'offusqua soudainement JungKook, se tournant de nouveau vers son ainé qui lui faisait aussi pleinement face.
-Tu me pose sérieusement la question ?! Répliqua, égale, Jimin. A chaque fois, JungKook ! A la moindre petite dispute, dès que quelque chose n'allait pas exactement dans ton sens, tu faisais un tas de conclusions stupides qui finissaient toujours en « De toute façon, j'ai toujours su que tu ne m'aimais pas réellement ! ».
-On dirait bien que ça a fini par être prouver ! Cracha amèrement le brun, se sentant comme un gosse en pleine dispute avec le gamin un peu trop gros de la cour de récré qui lui vole ses billes.
-Pardon ?!
-C'est bien toi qui m'as largué, Jimin. Siffla dangereusement JungKook, surplombant son ainé.
Jimin recula d'un pas, le visage soudainement blanc. Mais encore une fois, JungKook le connaissait par cœur et il savait lire son regard et il n'aimait pas ce qu'il y lisait.
Peine.
Surprise.
Déception.
Trahison.
Ça faisait longtemps maintenant, qu'il n'avait plus vu de la joie, simplement de la joie dans le regard de Jimin. Et JungKook ne pouvait pas s'empêcher de penser que c'était à cause de lui, en quelque sorte.
Le blond cendré soupira légèrement avant de s'humecter les lèvres et soudainement JungKook détestait les quelques centimètres qui les séparaient. Il avait l'impression que c'étaient des kilomètres, des millions de kilomètres et il détestait ça. Le regard de son ainé était tellement froid, tellement douloureux, il n'arrivait plus à le supporter, alors il détourna lâchement le regard.
-Evidement. Murmura finalement Jimin. Je ne sais pas à quoi je m'attendais... J'avais bien dit à hyung que tout ça n'était pas une bonne idée...
Il n'ajouta rien, tourna simplement les talons et JungKook sentit son monde s'effondrait. Il avait encore tout gâché. Ils auraient simplement pu passer ces quelques minutes en silence, en compagnie l'un de l'autre. Regarder des photos, peut être échanger un ou deux mots dessus. Ils auraient pu passer un bon moment mais il a fallu qu'il gâche tout, encore une foi.
Il fixa ses pieds pendant quelques minutes encore avant d'engloutir la fin de sa coupelle de champagne et de quitter les lieux. Il s'engouffra dans le premier bar qu'il croisa.
Une coupelle de champagne ou bien une pinte de bière, ou était la différence ?
L'alcool n'est rien de plus que de l'alcool.
Et JungKook avait terriblement besoin d'alcool.
***
Année 2015
JungKook avait décidé que la photographie était un art sublime mais qui avait ses limites. Par exemple, une image figée sur papier glacé ne rendrait jamais justice à la prestance de Kim Namjoon et la grâce de Park Jimin. Il les avait rencontrés un peu par hasard un soir ou il travaillait sur les derniers détails d'un projet de physique avec Yugyeom. Il était descendu prendre de quoi boire dans la cuisine et il trouva TaeHyung attablé et entouré des deux jeunes hommes.
Kim Namjoon était grand, même assit, JungKook pouvait le dire. Il avait les épaules larges et les bras longs, le torse ferme. Son visage formé un ovale parfait, une mâchoire marquée, les pommettes hautes et proéminentes, un nez arrondi avec une arrête légèrement enfoncée, des lèvres pulpeuses et épaisses, des yeux en amandes brillant de malice et une chevelure pêche coupée légèrement courte dégageant son front. Il était une de ses beautés sophistiquées qu'il est difficile à percevoir au premier coup d'œil et lorsqu'on l'avait enfin perçu, il devenait difficile de ne pas trouver chaque seconde un détail supplémentaire qui le rendait encore plus attirant.
JungKook avait senti cet étrange frisson en apercevant le jeune homme du coin de l'œil. Quelque chose comme une vague de chaleur qui laisse derrière elle un sentiment de pas assez, un manque qui nous donne envie de plus, nous donne l'impression qu'on serait prêt à tout pour avoir le droit à un tout petit peu plus.
Et il n'était pas sûr d'aimer ça.
Surtout lorsque ce fichu sentiment avait grandi lorsqu'il avait entendu la voix du jeune homme.
Grave.
Profonde.
Ronde.
Douce.
Il l'avait senti raisonné au plus profond de son être. Son estomac c'était tordu, ses entrailles s'étaient mises à bouillir, il avait senti une goutte de sueur rouler dans le creux de son dos et un frisson iriser ses poils. Sa bouche était soudainement devenue pâteuse, ses mains moites et son cœur battait beaucoup trop vite par rapport à son rythme respiratoire. C'était comme si son corps se liquidait lentement, ses jambes menaçant de lâcher à tout moment. Il se sentait frêle, fragile et idiot en même temps. Il n'arrivait plus à bouger, il était comme figé sur place, devant le frigo.
« Oh tiens ! S'exclama TaeHyung en lui offrant un sourire large. Kookie, qu'est ce que tu fais là ? »
Et soudainement tous les regards étaient sur lui. Il remarqua enfin Park Jimin et il sentit son cœur ratait un nouveau battement, moins flagrant que pour Namjoon mais il l'avait bien senti.
Park Jimin était une beauté gracile. Une de ses beautés fragile et délicate que n'importe qui admettrait au premier coup d'œil. Visiblement moins grand et large que les deux autres, il avait une taille fine et les membres en conséquence, long, fin et délicat. Son visage était en V, sa mâchoire très marquée malgré de bonne joue rondelette et de belles pommettes, son nez était petit avec une arrête presque inexistante, il avait les paupières qui tombaient basse sur ses yeux qui devaient cependant être plutôt grand pour un asiatique, ses lèvres étaient étrangement charnues, formant un cœur moelleux surtout avec l'inférieur qui était bien rebondie. Ses cheveux blond cendré tombaient élégamment sur son visage, lui donnant un air beaucoup plus jeune que ce qu'il n'était.
Le sourire qu'il lui offrit n'avait rien à voir avec celui qu'il avait vu sur la photo là-haut.
La photo n'avait pas sur rendre la chaleur, la douceur et la bienveillance que Park Jimin dégageait lorsque ses lèvres s'étiraient en un croissant de lune que ses yeux imitaient, les rendant presque invisible.
TaeHyung le ramena sur terre en s'étirant bruyamment et posant son bras sur les épaules de Jimin, l'attirant un peu vers lui.
-Jeon JungKook, je te présente Namjoon hyung. Commença-t-il en désignant le jeune homme aux cheveux pêche qui lui offrit un sourire qui lui fit monter le rouge aux joues. Le grand sage de notre petite bande. Si tu ne comprends rien de ce qu'il raconte, c'est normal !
Namjoon inclina légèrement la tête, formulant sa joie de rencontrer « le fameux Kookie ! TaeHyung avait beaucoup parlé de lui ! Il avait apparemment de sacrés atomes crochus avec Yoongi hyung ! » et JungKook sentit son cœur s'accélérait dangereusement.
-Et ça ! Reprit TaeHyung en collant un baiser tendre sur la tempe du blond cendré. C'est mon âme sœur, le seul être capable de me compléter, mon Alpha et mon Oméga, mon début et ma fin : le seul, l'unique, le parfait et l'inimitable Park Jimin !
Il termina sa tirade en déposant un nouveau baiser en s'assurant qu'il était le plus baveux possible sur la joue du blond cendré. Jimin eut un rire entre gêne et pure joie, soupirant que TaeHyung en faisait toujours trop et chercha à se défaire gentiment de son étreinte.
-Je n'en fais pas trop ! S'exclama l'artiste, clairement vexé. Je rends hommage à la seule personne qui a su comprendre et apprécier mon art !
-Tu dis ça parce que Namjoon hyung ne veut pas poser nu pour toi ! Railla Jimin en se défaisant enfin de l'étreinte de son ami.
JungKook sentit ses joues lui brûlaient violement. Namjoon s'étouffa avec le verre qu'il avait entreprit de boire et baissa brutalement la tête. Jimin se retourna le plus naturellement possible vers le plus jeune de la salle et lui offrit un sourire que JungKook ne pourra plus jamais oublier.
-Ravie de te rencontrer JungKook, en tout cas. Reprit Namjoon en se raclant la gorge douloureusement, lui offrant à son tour un sourire qui se gravera dans l'âme du plus jeune.
JungKook venait d'expérimenter son premier Crush adolescent.
Un concept qu'il comprendra bien plus tard et aujourd'hui il avait encore dû mal à savoir pour qui son cœur avait battu si fort.
***
Ce n'est rien de plus qu'une répétition.
Tout ce que tu as faire c'est de t'y pointer, donner ta bouteille, sourire un peu, présenter tes félicitations et serrer une ou deux mains. Après ça, personne ne t'en voudra si tu chauffe le mini-bar.
Tu n'as pas besoin d'entretenir la conversation. S'il y a la moindre question qui te met mal à l'aise, tu peux toujours refuser de répondre.
Tu as reçu une invitation, tu as le droit d'être là.
Tout se passera bien, JungKook.
Tout. Se. Passera. Bien.
Alors presse ce bouton de sonnette bordel de nom de –
« Tu comptes rentrer un jour ? »
JungKook se retourna d'un coup pour faire face à la personne qu'il avait le moins envie de voir ce soir : Min Yoongi. Toujours tiré à quatre épingles. Toujours l'air vaguement désabusé. Toujours une cigarette entre ses lèvres fines. Toujours ce regard qui avait l'air de juger, condamner et pardonner.
JungKook se sentait toujours stupidement aussi petit et maladroit devant Min Yoongi, comme s'il était encore le lycéen qui avait été un jour surpris entrain de fouiner dans sa chambre noire.
Le plus jeune détestait cette sensation. Il se sentait idiot et puéril. Lui qui avait toujours réponse à tout sur tout, il sentait les mots mourir dans sa gorge et tout ce qu'il était capable de rétorquer était toujours ridiculement faible comparer au plus âgé.
Un Jeon n'aime pas se sentit inférieur. Qu'importe la situation ou bien la raison, cette sensation d'être plus faible qu'un autre, de perdre ses moyens face à quelqu'un était tout simplement intolérable. D'autant plus quand l'adversaire avait la taille de Min Yoongi, c'est dire bien plus petit que JungKook. C'était parfaitement ridicule.
Yoongi tira une longue bouffée de nicotine avant de jeter d'une pichenette emplie de dédain sa cigarette sur le pavé de l'allée de la résidence des Kim. Il planta un regard las, paternaliste et presque légèrement moqueur dans celui plus incertain de son cadet avant de s'avancer et d'enfoncer le bouton de la sonnette avec le plus grand des désintérêts. Une mélodie délicate résonna entre les murs et le brun n'eut même pas le temps de maudire son aîné que la porte s'ouvrait en grand sur un Kim TaeHyung à la chevelure désormais bleu cyan et offrant le plus large des sourires à son aîné. Il l'accueilli les bras grands ouvert, les yeux pétillants de joies et d'alégresse, le félicitant une nouvelle foi pour son exposition de la semaine dernière, il n'avait jamais vu quelque chose d'aussi simple, profond et doux à la fois, et pourtant il avait été dans tellement d'endroit !
Puis son regard se posa sur JungKook et le jeune homme sentit sa gorge s'asséché et son cœur se serrait. Toute trace de bonheur qui avait pu habiter le regard de Kim TaeHyung avaient dès à présent disparues. Son regard était froid, dur et mauvais. Sa bouche était étirée en une fine ligne de dédains et ses bras fermement croisé sur son torse.
« J'ai... Hm- Comment dire ça ? Commença le brun en sentant son rythme cardiaque s'affoler. J'ai reçu une invitation et –
-Je sais. Le coupa sèchement TaeHyung. Hyung m'a annoncé il y a exactement une heure qu'il n'avait pas pu s'empêcher de t'envoyer une invitation.
-J'ai apporté du vin ! S'exclama alors le plus jeune du trio, soulevant la bouteille avec un sourire rempli stupidement d'espoir. Du Bourgueil, je crois que tu es plus vin rouge que blanc alors...
TaeHyung haussa un sourcil perplexe, un coin de ses lèvres se tirant vers le haut et JungKook sentit l'espoir le lâcher. Son ainé se fichait bien de son offrande de paix. Il aurait pu revenir avec tout un caisson de vin qu'il serait quand même resté sur le paillasson. Et dire qu'il avait passé plus d'une heure et demi à fixer les étagères de vins, que les sommeliers l'avaient pris pour un débile ou bien un psychopathe, qu'il avait posé un demi-milliard de question à une pauvre vendeuse qui n'était là que parce qu'il lui fallait un job étudiant et n'avait pas la moindre connaissance en matière viticole. Mais il fallait qu'il se rende à l'évidence cruelle que ses efforts avaient été vain, TaeHyung ne comptait pas enterrer la hache de guerre ce soir et peut être même que ça n'arriverait jamais.
-Si tu préfères, je peux simplement poser la bouteille et m'en aller. Proposa le brun d'une toute petite voix, admettant sa défaite.
TaeHyung ouvrit la bouche pour répondre quelque chose mais Yoongi se racla bruyamment la gorge pour l'en empêcher. S'en suivi l'échange de regard le plus insolite que JungKook avait pu observer entre les deux amis. Il avait déjà eu l'occasion d'assister à une de leur dispute oculaire mais jamais une aussi virulente. Ce n'est qu'au bout de cinq minutes de regards appuyés du coté du photographe et de roulement d'yeux agacé de la part du designer que TaeHyung soupira lentement avant de s'écarter et d'inviter les deux jeunes hommes à entrer. Il attrapa la bouteille que JungKook lui tendit, le remerciant froidement mais l'ancien militaire saurait se contenter de ça.
Le salon qui faisait office de salle de réception était décoré de la façon la plus sobre qui soit. SeokJin avait apparemment misé sur des tons neutres et frais, une ambiance épurée. Quelque chose « qui n'étoufferait pas les sentiments d'amour pur que nos deux tourtereaux ont l'un pour l'autre ! ». Les canapés en cuire beige avec étaient repoussés contre les murs, simplement relégués au rand de banquette décorative et la table basse au plateau en verre avait été recouverte d'un draps blanc cassé et les flutes de champagne – pardon de Clairette de Die, c'était beaucoup plus chic, traçaient un parfais losange de pétillant. Les plafonniers avaient été éteint, remplacés par des guirlandes aux ampoules nues qui diffusaient une lumière tamisée et chaleureuse. Un buffet se trouvait contre le mur du fond de la pièce, juste en face de la fenêtre qui donnait sur leur minuscule court arrière. Par buffet comprenez une table de camping recouverte du même drap que la table basse, sur laquelle se trouvait d'adorable petit panier en osier remplis de petits pains aux lardons ou bien à l'ail, de chips bio et autre petit canapé en vrac. Le canapé un peu plus sophistiqué avait le droit à des plateaux en osier blanc finement dressé dans laquelle se trouvait une plaque en verre pour le support. Quant à la boisson, elle était mise à disposition en une armée de coupe dîtes De la Montespan, remplies juste assez de mousseux pour être esthétique et désaltérante. Quelques bouteilles de vin étaient mises à dispositions en pyramide ordonnées et entourées de verre plus banals pour le service. Une mélodie presque inaudible planait dans l'air, donnant un air de restaurant luxueux à l'ensemble et l'ancien militaire n'avait aucun mal à imaginer son ami architecte plus fier que jamais.
JungKook regrettait un peu de ne pas avoir mieux relu l'invitation avant de choisir ses vêtements. Il se sentait un peu à coté de la plaque avec son costume noir parfaitement tiré lorsque tout le monde abordé un look plus décontracté. Même Yoongi avait fait tomber la veste de blazer pour laisser apparaitre une chemisette en lin qui représentait un parfais mélange entre un look chic et détendu. Et lui s'était bêtement déguisé en pingouin. Du regard, il parcouru lentement la pièce à la recherche de visage connu. Il croisa sans mal celui de Kim SeokJin, toujours aussi grand, toujours aussi large d'épaule, ses cheveux légèrement gris travaillés pour lui donner un air plus juvénile, un jean délavé et fatigué avec une chemise blanche tombant parfaitement sur ses cuisses. Il discutait avec une jeune femme légèrement plus petite que lui à l'air féline et aux courbes généreuses. Un peu plus loin derrière lui, il y avait Hoseok qui avait opté pour le front dégagé et un pantalon de costume et une chemisette écrue qui lui donnait un air d'hybride entre l'homme d'affaire et le vacancier.
Avant même qu'il ait le temps de retrouvé le reste de ce qui avait été un jour ses amis, Kim Namjoon se planta droit devant lui, un large sourire sur le visage et les bras grands ouvert. Il arborait la même chevelure pêche que lorsqu'ils s'étaient rencontrés il y a presque cinq ans maintenant, Hoseok lui avait dit qu'il y était revenu récemment, son teint c'était légèrement assombri prenant une jolie couleur dorée, il avait l'air d'avoir prit un peu plus de muscle et de carrure. Il engouffra le plus jeune dans une étreinte presque étouffante. JungKook laissa échapper un petit rire mal à l'aise lorsqu'il croisa le regard froid de TaeHyung qui se tenait quelques mètres derrière eux, les bras croisés fermement sur le torse, écoutant à peine ce que pouvait lui raconter le vieil homme qui semblait lui tenir la jambe. Namjoon le lâcha au bout d'une petite dizaine de seconde.
« Je suis tellement content de te voir, JungKook-ah ! S'exclama le jeune homme en lui ébouriffant légèrement les cheveux.
-Oh ! Hm -M-Moi aussi hyung. Répondit le brun, encore mal à l'aise et perturbé par la haine que TaeHyung n'avait aucun mal à lui offrir. Félicitation pour votre mariage ! Tenta-t-il avec un peu plus d'entrain. TaeHyung et toi formez un adorable couple.
Namjoon ria légèrement, trouvant sans mal son amant du regard et s'il était possible de noyé quelqu'un sous l'affection TaeHyung serait en train de se débattre avec un raz de marré d'amour. Le jeune homme au cheveux cyan ne mit même pas une seconde à lui rendre au moins le double d'amour et JungKook commença à se sentir mal à l'aise. Il se racla lourdement la gorge et passa sa main dans sa nuque, tirant légèrement dessus.
-Je crois que je devrais y aller, Hyung... TaeHyung n'avait pas l'air exactement extatique à l'idée de me voir ce soir et puis je ne suis pas exactement une bonne compagnie donc –
-Ne raconte pas n'importe quoi, Kook ! L'interrompit Namjoon en le trainant vers le buffet. Je t'ai invité, de fait tu es le bienvenu ! Prends un verre et grignote quelques petits pains – je te recommande ceux aux lardons, c'est une tuerie !
-TaeHyung hyung va t'en vouloir si je reste, Hyung... ça ne vaut pas le coup de vous disputez pour ça... Marmonna le plus jeune tandis que Namjoon lui remplissait une petite assiette en papier de canapé et autre hors d'œuvre.
-On va se marier JungKook. Répliqua le coloré avec un sourire tendre. On va se disputer pour beaucoup de chose. Rien que ce matin, le problème c'était la couleur du papier peint dans la salle à manger. Demain ça sera surement le nombre de verre que chacun à bu ce soir. Tu es mon ami – je vais même te dire, quoique que TaeHyung dise, tu es toujours son ami aussi et on est très heureux de partager ce moment avec toi. »
JungKook tourna le regard une nouvelle foi vers TaeHyung et lorsque le plus vieux croisa le sien, il pu y lire tout le dédain et la haine qu'il lui portait et il sentit un frisson le parcourir.
J'ai comme un doute.
JungKook n'était pas exactement ce qu'on appelé généralement un oiseau social. C'était même plutôt l'exacte contraire et ce depuis le lycée. Il n'aimait pas la foule, les grands événements et éviter les soirées mondaines comme la peste. Lorsqu'il était encore au lycée et qu'il était contraint d'assister à ce genre d'événement, il avait tendance à réchauffer une chaise dans un coin isolé de la pièce en sirotant un verre de soda. Aujourd'hui, il faisait le pieds de grue devant le bar et s'envoyer tout ce qui pouvait contenir de prêt ou de loin de l'alcool. Qu'importe la dose, il lui fallait dans le sang.
Ce soir ne fit pas exception. Malgré ses bonnes résolutions de limiter sa consommation à « vaguement imbibé » soit encore conscients de lui-même et de ses actions tout en étant légèrement euphorique ; il était lourdement appuyé contre le mur derrière lui, un verre de rouge liquoreux entre les doigts et un regard douloureusement tendre sur Park Jimin.
Son ainé était à quelques mètres devant lui – des mètres qu'il se savait incapable de parcourir sans tituber et qui prenaient alors une étrange dimension métaphorique. Il riait simplement avec un collègue, un type qu'Hoseok avait présenté comme étant Andrew, jouant avec son verre d'alcool ce qui était clairement inhabituel parce qu'il avait une bien meilleure descente que le brun. Il portait un de ses jeans noirs, ceux qui épousent tendrement chacune de ses courbes et une chemisette noire elle aussi, rentrée dans son jean. Il avait les mains bardées de bagues et autres bracelets en argent et ses oreilles étaient le présentoir pour une paire de boucles d'oreilles que JungKook connaissait bien : deux pendants en argents qui se terminaient par une croix en or blanc décorée de file d'or.
Il lui avait acheté pour leur deuxième anniversaire.
Chronologiquement, c'était leur deuxième anniversaire.
Sentimentalement, c'était leur premier anniversaire.
Du moins pour JungKook.
Il n'était pas sûr de savoir quoi ressentir au vu de ses bijoux. D'un côté, il était heureux que Jimin ne les ais pas jeté. D'un autre, il se sentait étonnement vexé qu'il les porte aussi simplement, comme si elles avaient perdu toute leur valeur sentimentale. Pire encore ! Qu'il les expose à la vue d'un type comme Andrew ! JungKook ne connaissait pas Andrew, mais il savait à quoi ressemblait un gars avec un Crush sur Jimin et Andrew collait à la description sans louper une seule case !
Le sourire charmeur.
La posture droite et qui laisse ressortir l'aura masculine.
Cette façon de s'avancer lentement mais surement vers lui.
Oh oui, Andrew rêvait de mettre le grand Park Jimin dans son lit. Il abattait deux oiseaux d'un lancer de pierre : se taper un canon connu pour ses standards comme Park Jimin et se tapait le fils du patron. La réputation de cet enfoiré n'allait que prendre du grade !
Avant même qu'il n'ait pu s'en rendre compte, la tendresse mélancolique avait laissé place à la colère absurde et il était entrain d'enfoncer ses doigts dans le pexiglace de son verre.
« Tu le pètes, tu le paye.
TaeHyung se tenait, debout, les bras croisés sur le torse, fixant lui aussi du regard les deux collègues en plein fou rire, jouant avec un verre de pétillant à la pomme – il ne boit pas d'alcool, il trouve ça beaucoup trop amère. JungKook baissa le regard sur le verre qu'il avait dans les mains et se rendit compte qu'il avait effectivement commencé à déformer le verre souple de l'objet. Il desserra légèrement les doigts et les dents et se reconcentra sur Jimin et son cher ami Andrew.
-Ce type cherche juste l'avancement. Grommela le plus jeune, sans vraiment chercher à engager la conversation.
-Effectivement mais si tu t'en ais rendu compte, alors Jimin aussi. Répliqua simplement TaeHyung, sans lâcher du regard son meilleur ami.
-Tu n'as pas l'air de beaucoup l'aimer, Andrew...
-Je n'ai jamais eut de grande affection pour ceux qui se servent de mon meilleur ami en règle générale. Encore moins ceux qui jouent avec son cœur pour arriver à leur fin. Termina-t-il en plantant son regard froid et dur dans celui de JungKook.
JungKook sentit un frisson le traverser. Il déglutit bruyamment. Pour une raison qui lui échappait, il avait l'impression que TaeHyung lisait au travers de son âme, qu'il était capable de deviner les moindres actions qu'il avait pu faire dans cette vie ou bien dans une autre. Son regard était lourd, dur, accusateur.
Il savait.
Il savait tout ce qu'il avait besoin de savoir et JungKook était condamné.
-Pourquoi tu me hais, hyung ? Demanda finalement le plus jeune d'une toute petite voix étranglée par la peur.
TaeHyung soupira, roula des yeux au ciel et se retourna vers le spectacle qu'offrait Jimin.
-Je me le demande bien, tiens... Répliqua-t-il, le ton mordant.
-Je ne comprends pas hyung... Toi et moi on s'adorait avant ! C'est toi qui m'as présenté aux autres ! On avait un lien spécial et –
-Peut être bien que ce genre de lien à du mal à supporter le fait que tu ais enfoncé ta langue dans la bouche de mon Namjoon alors que tu sortais avec mon meilleur ami ?! Coupa TaeHyung, faisant enfin pleinement face le plus jeune, les dents serrées et le regard ardent de haine et de rancœur.
Tout s'arrêta.
C'était comme si la terre s'était ouverte sous ses pieds et qu'il était entrain de chuter. Une très, très longue chute. Une de celle qui n'a pas de fin.
Il pouvait entendre son cœur battre dans sa poitrine. Le sang pulser dans ses doigts. Sentit les couleurs fuir son visage. Ses pupilles se dilater, son poumon s'accélérer.
Il voulait fuir, se cacher dans un trou, ne plus jamais voir la lumière du jour. Il voulait disparaitre mais en même temps il avait l'impression que s'il esquissait le moindre geste, tous les regards se poseraient sur lui et ils sauraient. Tout le monde saurait.
Jimin saurait.
Jimin.
Et si... ? Et si Jimin savait ? Et si Jimin avait su ce que JungKook avait fait ? Ce qu'avait été un jour le plan le plus idiot de toute sa vie.
Non.
Non, il ne devait pas savoir ! Jamais ! Jimin ne pouvait pas savoir quoique ce soit ! Ça le tuera, briserait son cœur, le rendrait tellement triste et JungKook ne pourrait pas supporter une nouvelle foi d'être la raison de ses larmes. Pas encore ! Plus jamais !
-E-Est-ce que Jimin sait ? Balbutia-t-il faiblement, encore en pleine transe.
TaeHyung eut un rictus agacé, un sourire mauvais sur les lèvres. Il jaugea de bas en haut son cadet et lui répondit avec tout le dédain qu'il avait pour lui. Mais JungKook n'était pas sûr d'avoir compris. Son cœur battait si fort, il avait le souffle court et un bourdonnement lui faisait vibrer les tympans. Il avait la tête qui tourne, les jambes flasques et le corps moite.
L'alcool et l'adrénaline n'était pas un bon mélange et il commençait à s'en rendre compte.
Il bascula en avant, lâcha son verre, s'effondrant sur son ainé et qui laissa apparaitre sa surprise et un peu d'inquiétude en le soutenant du mieux qu'il put. JungKook agrippa ses épaules et se redressa du mieux qu'il put pour faire face à son ainé. Il planta son regard démesurément grand et affolé dans celui soudainement plus doux et inquiet de son vis-à-vis et lui reposa la question.
-Tu es sûr que tout va bien, Kook ? Demanda TaeHyung en essayant de le redresser.
-Est-ce que Jimin sait ?! Répéta-il, hurlant presque au visage de son ainé.
Le coloré fronça légèrement les sourcils, se mordant la lèvre inférieure et poussa un léger soupir avant de répondre d'une voix claire :
-Il vous a vu, JungKook. »
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