3. Le surfeur 🧁

Ce mec a une allure de surfeur.

Il avance vers nous avec autant de prestance que s'il glisse sur la vague - je suis sûr qu'il a une planche cachée quelque part - , avec autant d'assurance que sur un podium de Dior à la Fashion Week à Paris, et autant de charisme que ces mecs populaires au lycée en uniforme et qui font des clins d'œil à toutes les filles quand ils avancent dans les couloirs.

J'en serre les poings tellement il m'énerve déjà.

Il affiche un sourire enfantin qui lui fait retrousser son nez rond et montrer ses dents aussi blanches qu'une glace à la noix de coco. Comment fait-il ? Un blanchiment ? Ne boit-il pas de café ni de thé ? Ne fume pas ? Putain je devrais arrêter.

Et en plus, il mâche un chewing-gum avec désinvolture.

Il a de grands yeux ronds sombres qui scintillent comme si des galaxies y sonr cachées.

Et un grain de beauté sous ses lèvres, au milieu, là et duquel je n'arrive pas à me détacher.

Ses oreilles aux nombreux piercings semblent parfaites, son grain de peau aussi, ses cheveux souples sont assez longs dans sa nuque pour qu'on puisse s'y accrocher.

Bordel. C'est quoi ces idées ? Jimin ressaisis-toi.

Ce mec m'horripile déjà.

Il a une allure de surfeur parfait/mannequin Clavin Klein/idol du dimanche, et me fait tendre tous mes muscles, en espérant ne pas réveiller ceux dans mon slip - oui, j'ai un slip de bain Speedo aujourd'hui au cas où une envie subite me viendrai pour un plongeon dans l'eau, même si je ne suis pas aux JO.

Bordel, qu'est-ce qu'il me prend ? Que sont ces pensées impudiques ?

- Bonjour madame Park ! fait-il avec cette putain de voix lumineuse qui coule comme du miel.

Il est tout près, beaucoup trop près et torse nu, il sent le Malabar à la fraise qu'il mâche sans gêne en me reluquant comme une cagole, à moins que ce ne soit le parfum des bonbons Haribo qu'émet sa peau. Vous savez comme ce genre de phéromones animales capables d'imposer un rythme biologique circadien aux mâles, favorisant la rencontre entre les deux sexes durant les périodes de reproduction.

Au secours.

Il est tout ce que je déteste. Son sourire enjôleur est toujours là, ses mains trapues font très "mâle" maintenant qu'il est tout proche, et il se dégage de lui la chaleur de l'été sur sa peau déjà tannée par le soleil. Je suis certain qu'il n'a aucune limite dans sa vie, qu'il se permet tout, imbu de lui-même, arrogant et manipulateur. Il a tous les défauts, j'en suis certain.

- Bonjour mon petit Jungkook ! On a tous nos clients qui attendent donc on se dépêche, mais je te présente mon fils aîné, Jimin, qui passe l'été ici.

Il me regarde, me dévisage avec ce sourire qui ne bouge pas et arrondit ses joues. J'ai envie de lui casser les dents pour ne plus les voir. Je suis horrible, je suis une horrible personne et je ne sais pas pourquoi je réagis à l'intérieur de moi de cette façon, alors que d'habitude je fais preuve d'un fair-play exemplaire. Au moins, ma mère ne m'a pas présenté comme un soldat ou le fils prodigue.

- Il est muet ou il ne comprend peut-être pas ? fait-il en regardant enfin ma mère avec ses sourcils qui se froncent de questionnement sur ma personne.

Je dois vraiment avoir une allure de débile à le dévisager ainsi, sans pouvoir sortir un seul mot de ma gorge. Ma mère me donne un coup de coude, avant que j'arrive à bégayer comme un con :

- E-enchanté. Je suis... je suis...

Les mots restent bloqués. Enchanté de quoi ? Il est clair qu'il est du genre à jeter des sorts d'enchantement. Vous savez ce que signifie "enchanté" ? En dehors du fait de prodiguer à quelqu'un un vif plaisir, c'est aussi être sous l'empire d'un pouvoir magique. Voilà, où on en est.

Et je ne me laisserai pas avoir.

- Captain Tonton ? fait de la terrasse ma nièce et filleule. Oh Kookie tu es là ?! hurle-t-elle en fonçant vers nous.

Elle aussi, comme ma mère, est sous son emprise néfaste.

- Je suis... Captain Tonton, finis-je par dire comme un imbécile.

Je n'ai trouvé que cela à dire, tout comme j'aurais pu donner le surnom que mon cousin Titi me donne et que j'apprécie tout autant, mais c'est celui-ci que je viens d'entendre et qui est sorti. Et je me sens ridicule. Il me répond aussitôt, avec de nouveau son grand sourire, et une petite brise qui se faufile dans ses cheveux :

- C'est tout mignon ça.

Ses pupilles ne me quittent pas, essayant de sonder les miennes, essayant d'en découvrir certainement davantage sur moi alors que je me ferme comme une huître. Même s'il n'y en a pas dans les parages. On est plutôt coquillages ici.

Je suis un réel imbécile complètement ridicule. Moi le capitaine des Forces Spéciales de l'unité Alpha, je ne suis pas mignon. Absolument pas, et j'aimerais lui dire sur un ton acerbe en ne mâchant pas mes mots, mais l'interaction qu'il a avec ma nièce prend le dessus :

- Coucou ma belle ! fait le surfeur en lui tapant dans la main.

- Kookie! Câlin ! répond ma nièce en lui tendant les bras.

Donc cette famille est définitivement perdue. Il s'accroupit dans son mini-short de bain fluo rose, n'a d'yeux que pour elle maintenant et tant mieux, et ma mère en profite pour lui dire que nous retournons servir au Café.

- Papa il a encore raté la crème des chouquettes aujourd'hui, entend-je de la part de la petite, alors qu'elle fait la moue. Tonton a voulu goûter, mais ça a encore foiré.

- Oh mince ! Mais on ne dit pas "foiré" ma belle, mais "tourné". Et dis-lui de faire attention à la température de la crème fraîche quand il la sort du frigo. Mais ne lui dis pas que c'est moi qui te l'ai dit, c'est un secret, ok ?

J'ai envie de me retourner de lui dire d'arrêter de copiner avec ma famille et les femmes de ma vie. D'arrêter d'être aussi gentil, car je suis sûr qu'il a des intentions bien cachées. Comme par exemple, prendre tous les clients de mes parents. Il y en a de plus en plus qui viennent s'attrouper devant sa camionnette ou son van, appelez cela comme vous voulez. La carrosserie colorée est remplie d'autocollants et de fleurs peintes hippie, et tous attendent de se faire servir. Il se fait désirer en plus.

Je me retourne, définitivement dégoûté de la situation.

Et je ne le laisserai pas faire.

Ma mère me prend sous le bras pour retourner à l'intérieur et réaliser les commandes qui s'accumulent pendant que j'essaie en vain de savoir ce qu'il s'est passé pendant mon absence.

- Maman, je suis sûr qu'il joue un double jeu avec vous pour vous tromper ou prendre vos clients ! fais-je en allant chercher le grand plateau de parts de gâteaux au chocolat que mon frère vient de découper et qu'il a fait cuire il y a une heure.

- Mais qu'est-ce que tu racontes mon fils ? me répond-elle en plaçant chaque part dans le présentoir vitré devant les clients.

- Je l'ai vu dans son regard quand tu te retournais pour partir, et qu'il faisait semblant de copiner avec Hanni. C'est un fourbe ! Un ennemi qu'il faut maîtriser ! Il va nous falloir un stratagème.

- Mon chéri, calme-toi d'accord ? Tu es encore un peu sous le choc de ton retour, ça fait trois mois que tu t'en es sorti, mais tu as encore des séquelles. C'est fini d'être sur le terrain d'accord ? Nous sommes là, tu es en sécurité, il ne va rien se passer.

Je ne me suis pas rendu compte que je sortais de mes gonds en lui parlant.

Mon cœur s'emballe, j'ai l'impression que ma carotide va exploser quand ma mère pose ses mains sur mes bras pour capter mon regard. Je dois avoir l'allure d'un fou, je sens mon regard se poser partout sauf sur elle comme si je devais faire attention à tout ce qui se passe autour de moi, comme si les bombes ne sont pas loin, comme si je devais la protéger. Ma respiration devient chaotique.

- Bien sûr que tu es en sécurité fiston, intervient mon père à côté de nous à la caisse. Cela vous fera 5500 wons, merci mademoiselle, continue-t-il en se courbant légèrement devant la cliente vers laquelle je ne pose même pas les yeux.

- Toutes les filles te regardent, tu fais de l'effet, me dit ma mère l'air satisfaite, en continuant ensuite de ranger sa vitrine.

- Jimin, tout va bien, tu es avec nous, intervient mon père en me posant la main sur mon épaule, l'air soucieux.

Je dois être maintenant blanc comme un linge, mais le fait qu'il m'aide à me recentrer, me ramène un peu dans la réalité et loin de la jungle suffocante et des tirs. "Je suis ici et maintenant, ancré et à ma place sur cette terre", je ne sais pas si les paroles que la psy m'aidait à répéter pour que je me sorte d'une crise provoquée par mon TSPT [Trouble Stress Post Traumatique] font effet ou si c'est la voix douce de mon père, mais ma respiration se calme, et plus rapidement que je ne l'aurais cru.

- Il a rencontré Jungkook, mais il ne l'apprécie pas. On ne peut pas aimer tout le monde je le conçois, mais Jimin sois gentil avec le voisin, c'est un bon garçon.

Bon garçon de rien du tout.

- Est-ce qu'il est majeur au moins ? On dirait un gamin !

- Bien sûr que oui, il est un peu plus jeune que toi, c'est tout, tu as vu comment il est bâti !

- Maman, je cris au désespoir, papa est à côté.

- Ton père était aussi beau que toi à ton âge, hein c'est vrai ? Tu aurais vu comment j'ai craqué pour ton père. Toi, tu n'as rien à envier à ce garçon, mais remarque quand même qu'il est grand et large et...

- Maman, ça suffit, tu sais bien que...

Que quoi déjà ? Que je suis hétéro ? Je vais encore lui mentir sur ma sexualité, alors que j'en suis torturé à l'intérieur ?

- Mhmm, mon chéri ?

- Rien, maman. Mais c'est sûr que papa était plus beau que lui. Mais il n'a rien à faire sur notre plage, je ne comprends rien !

- Il a le droit de s'installer ici par arrêté préfectoral, répond tonton au passage alors qu'il ramène la vaisselle sale des tables vides. Il ne fait rien de mal, il a sa jeune clientèle, il est même très serviable.

Je vois bien le genre.

- Il m'a aidé pas plus tard qu'il y a une semain-

- Mais aider de quoi maman ? Il vous prend volontairement votre clientèle ! Je rage.

- Il est adorable et il y a même des soirs où il vient m'aider à ranger la terrasse quand ton père est occupé à nettoyer la cuisine et que tata fait les comptes.

- Mais je suis là maman maintenant ! Je suis là pour ça !

Il ne va pas me prendre mes parents quand même ? Je suis sûr qu'il a une idée malsaine en tête.

- Tu es là pour te reposer, pas pour nous seconder Jimin, tu fais assez comme ça pour notre pays et-

- Et je ne vais pas rester sans rien faire ! Ça ne va pas se passer comme ça maman ! je vous défendrai ! je rage alors que ma voix déraille.

- Mon chéri, reste calme, ce n'est pas bon pour toi, d'accord ?

Je crois que j'y vais un peu fort, mais il me met hors de moi le saligaud. Je pose mes reins contre le comptoir, croisant les bras mais aussi les jambes pour me stabiliser. J'ai besoin de réfléchir plutôt que m'énerver. Ma mère a raison.

- Il est toujours autant psychorigide, ce n'est pas possible, intervient mon frère en arrivant de la cuisine, avec un air hautain.

- Qui ça moi ? je demande avec une voix qui monte dans les aigus.

- Je te rappelle quand on était petits ? répond-il avec le petit toujours accroché à son dos dans le porte-bébé, comme un koala. On aura dû l'appeler Koya et pas Johnny celui-là. Il dort à point fermé et peut-être qu'en effet, être contre son père le rassure plus que je ne le croie.

- Tu sais fiston qu'on a encore l'autorisation du maire pour avoir notre café sur cette plage qui nous appartient, fait mon père. Le maire Kim Heong-joon est mon ami d'enfance, tu te souviens ? Il n'y a aucun problème avec notre commerce, la mairie nous laisse continuer et il m'a promis qu'ils n'utiliseraient pas de droit de préemption tant qu'il est à la mairie.

- Papa, dit Jihyun, ça fit dix ans qu'il est maire et te fait cette faveur. Le jour où il ne sera pas réélu... Jimin a peut-être raison, il faut qu'on garde un peu nos arrières. Après tout, ce mec est le neveu du maire...

- Quoi ? Je réponds estomaqué.

- Jungkook est le neveu de Heong-joon. Il m'a juste demandé de le laisser dans ce petit coin, le temps qu'il se fasse connaître, en me promettant que rien ne changera. Il ne fait de mal à personne. Alors s'il te plaît Jimin, sois gentil avec lui. Il a surtout beaucoup de succès parce qu'il-

-... il fait les meilleurs Cupcakes de toute la ville, finit par admettre mon petit frère, même de toute la Corée du Sud. C'est un magicien de la pâtisserie, je ne sais pas comment il fait. Je ne lui arriverai jamais à la cheville... Même ses milkshakes et ses Bubble Tea sont génialissimes.

Et c'est à partir de ce moment-là où je me donne la mission ultime de faire mieux que ce mec génial.

🧁

Le lendemain, en cette fin de matinée - j'ai réussi à faire une grasse matinée pour une fois - je me suis réveillé avec le corps en rut (tellement la chaleur était envahissante dans mon petit lit) et ma troisième jambe toute dure. C'est une expression bien sûr, mais je me suis retrouvé à me soulager dans la douche comme un mec en manque. Comprenez-moi, depuis quand n'ai-je pas eu de relation charnelle ? Mon oncle a peut-être raison, elles vont finir par traîner par terre si je ne fais pas une rencontre prochainement.

J'ai essayé d'aider un peu au service, mais vu mon attitude de la veille, ma mère m'a renvoyé dans mes pénates et sur mon transat, en me balançant mon bouquin que j'avais laissé sur l'une des tables, en espérant qu'elle ne l'ait pas ouvert et n'ait pas eu affaire à "et Chad lui prit sa queue dans sa bouche. Hmm c'était si bon, se dit Troy." Je me demande si le bouquin, une romance d'été dans un camp de vacances pour étudiants, n'est pas issu d'une fanfiction des personnages de High School Musical, en plus d'être si mal écrite.

Je n'arrive même pas à lire la suite tellement cette romance n'a ni queue ni tête - riez si vous voulez, mais sincèrement des rencontres aussi félines et rocambolesques, ça n'existe pas dans la vraie vie. Je ronge mon frein en regardant ma famille s'affairer après le repas du midi pour préparer l'arrivée des touristes et habitués de l'après-midi, alors qu'ils ne veulent pas que je les aide. Ma mère a bien vu que je boite quand je fatigue, et entre cela et les nouvelles cicatrises qu'elle lorgne sur mes jambes et mes bras sans rien me dire, je sais qu'elle en a gros sur le cœur.

Finalement je ne sais pas pourquoi, je relâche un peu la pression et m'allonge sur l'un des transats que mes parents mettent à disposition un peu plus en avant de la plage dans le sable, pour ceux qui prennent des consommations et souhaitent s'allonger.

Je ne vois pas le temps qui passe derrière mes lunettes de soleil de marque et j'en ferme les yeux, après m'être enduit de crème solaire, même si je suis sous le parasol. J'ai retiré mon t-shirt pour une fois, ne gardant que mon collier et mes deux plaques de militaire qui pendent sur mon torse. Même si je ne suis pas du genre à m'exposer aux yeux de tout le monde et par pudeur, j'essaie de me raisonner et relâcher la pression en moi. Je suis en vacances, je dois profiter, en essayant de ne penser à rien.

Mes pensées dérivent et mes rêves aussi. Je m'en vais loin je crois, sans faire attention où je suis ni à quel moment. Je ne sens pas ma respiration obstruer ma gorge, mes muscles se raidir et s'atrophier, ma voix gémir et les gouttelettes( de sueur envahir mon dos et mes tempes. Il fait chaud, le temps est humide, moite, poisseux et je me retrouve dans la jungle verdoyante en un rien de temps, en ayant encore plus chaud qu'une fournaise. Je m'entends appeler mon meilleur ami, vouloir le prendre dans mes bras, le voir sourire, et moi j'aimerais respirer un peu mieux, si ce pneumothorax et ce putain de trou qu'on m'a fait dans mes poumons ne m'empêchaient pas de les utiliser correctement. Je me retrouve seul, tout tourne autour de moi, je ne sais plus où je suis, je n'ai pas peur, mais je dois sortir d'ici coûte que coûte, je crois me débattre et entendre une voix... mais ce n'est pas Tiger.

- Eh... Réveille-toi...

J'étouffe, je tremble, mes poumons brûlent et m'oppressent, mon rythme cardiaque me provoque de la tachycardie, mon poumon me lâche alors, et je murmure "aide-moi"...

- Je suis là, ça va aller, calme-toi.

Je sens des mains fraîches sur mes joues et qui se déplacent dans mon cou, un front venir se poser contre le mien "je suis là". Des lèvres murmurent contre ma peau, sur l'arête de mon nez, c'est doux, rassurant, cela m'effleure comme une rosée au petit matin, comme une bouffée d'air qu'on insuffle en moi pour me faire vivre. On me touche les cheveux avec délicatesse, je crois lui répondre, vouloir à mon tour lui toucher les cheveux parce que ce câlin fait du bien, j'ai besoin de me sentir vivant, de sentir quelqu'un de vivant contre de moi, mais je réalise que c'est étrange.

Alors je me permets.

J'ose ouvrir les yeux.

À la lumière du jour d'un après-midi d'été en bord de mer.

Au souffle d'un autre qui me demande de vivre.

À la vie.

À ce corps nu et luisant au-dessus de moi, à cette longue chaîne argenté qui pend de son cou et touche la mienne.

- Eh... me fait-il doucement pour ne pas me brusquer.

Mon torse se bloque que je vois l'énergumène penché juste au-dessus de moi. Je sens ses hanches me presser et il doit avoir posé ses fesses ou l'une d'entre elles sur une partie du transat à côté de mon bassin.

Je n'arrive même pas à pousser un cri tellement je suis hébété. Car je me sens apaisé par sa présence et sa voix, ses grands yeux, il a encore ses mains sur moi autour de l'ovale de mon visage, je tiens ses poignets et je le regarde, les yeux dans les yeux, alors que les miens larmoient légèrement du cauchemar que je viens de faire et que je sens d'aussi près son parfum sucré qui envahit mes sens, à m'en faire perdre pied.

Les rythmes de mon cœur ont ralenti, sûrement sur le même battement que le sien. Il m'a rejoint ici, m'a vu me débattre dans mon sommeil torturé et a essayé de me sortir de cette terreur que je vivais.

- Qu'est-ce que... j'arrive à articuler alors qu'il est toujours penché là, au-dessus, lui et ses muscles, lui et son air inquiet que je ressens pour la première fois, lui sous mon parasol et couvrant mon corps.

Et tout d'un coup, je pousse un cri.

Harley Quinn la copine du Joker et une tête d'animal apparaissent juste à côté de lui dans mon champ de vision.

Je n'ai aucune arme pour me défendre et si je ne m'accrochais pas au surfeur du dimanche, je suis sûr qu'instinctivement j'aurais cherché mon arme sur moi pour m'en saisir et la pointer.

Je hurle de nouveau, j'en lâche les poignets de Jungkook, ce moment hors du temps et incompréhensible s'arrête entre nous, et il tourne la tête vers elles en même temps qu'il s'éloigne de mon corps.

Ma cousine Haerin que je reconnais, est habillée de son costume Harley Quinn avec sa perruque à couettes rose et bleue, son maquillage, sa mini-jupe, son petit top et sa batte de baseball. J'en oublie tous les autres détails minutieux qu'elle a pourtant dû peaufiner, et mon regard se pose sur une tête de cerf blanc et féérique à côté d'elle, qui porte une robe blanche et une cape de la même couleur, des bijoux posés dans ses cornes, un sourire figé, des brillants et des strass le faisant briller de toute part ses jolies grandes oreilles duveteuses, et un bâton fleuri est dans la main.

- Jimin, qu'est-ce que vous foutez tous les deux ? ose me dire ma cousine en se redressant, et imitant la fameuse voix de sa muse Harley.

- E-eeeet vous ? C'est quoi ce truc ? je me permets de lui dire en lui montrant l'animal à ses côtés.

- Coucou, je suis Fireflie, une furry, fait une jolie voix à travers le masque.

Jungkook se retourne et finalement se redresse pour se mettre debout, et le froid m'envahit quand il me quitte. Il ne me regarde absolument plus, je me demande même s'il fuit mon regard et ce moment flottant que je pense finalement avoir imaginé entre nous.

- Ton cousin, si c'est bien ton cousin, a fait un cauchemar en s'endormant ici et j'essayais de le calmer. Sympa la furry, c'est hyper beau ! C'est pour le prochain festival Japan Expo ? Je compte y aller, on s'y verra peut-être ?

- Oh tu connais ? On espère t'y voir alors avec plaisir, fait le cerf. On finalise un peu nos cosplays, merci du compliment en tout cas.

Je suis sûr qu'elle rougit sous son costume, complètement sous le charme du jeune homme viril et charmeur à ses pieds. Je ne suis même pas certain qu'il sache l'effet qu'il a sur les femmes ou les gens en général. Je vois ma cousine le regarder comme une lycéenne fleur bleue, alors qu'elle a passé la vingtaine depuis quelque temps.

Je me redresse un peu, essayant de ne pas faire attention au fait qu'ils sont autour de moi et que l'individu auquel je me suis promis de faire la guerre est venu me sortir d'une impasse.

Je suppose que ni lui ni moi, n'avons l'envie d'en parler.

Je le sens trépigner un peu sur place, hésiter, puis je l'entends dire "bon, j'y retourne" en montrant son van. Et puis il part, et un vide inexpliqué s'installe dans mon ventre, alors que je fais la moue et replace mes cheveux machinalement.

Ma cousine et sa copine de Cosplay me saluent pour me dire qu'elles vont aller piquer une part de gâteau dans la cuisine. Je ne comprends rien à son emploi du temps, elle est censée aider ma mère au service cet après-midi.

J'essaie de ne pas trop réfléchir à ce que je viens de vivre, à mon cauchemar, un de plus qui me torture l'esprit, mais que cette fois-ci j'ai vécu en plein jour devant l'ennemi, sans que je ne puisse rien y faire.

J'ai honte, je me mords la lèvre, ne comprends pas comment je n'ai pas pu régenter davantage mon esprit et le maîtriser, et il a fallu que ce soit lui qui vienne et arrive à me calmer. Je mets souvent du temps la nuit à m'en remettre quand je me retrouve trempé, les draps mouillés de sueur, à cause d'une terreur nocturne.

Je finis par me lever, réenfiler mon t-shirt moulant et aller m'hydrater. Je vole une bouteille d'eau dans l'un des réfrigérateurs du Café et m'asperge le visage d'eau du robinet pour me rafraîchir. Mes parents me parlent rapidement avant de repartir travailler, c'est l'heure de pointe. Et moi je regarde un peu partout. Je ne sais pas combien de temps il se passe avant que je bouge et me promène dans le Café pour regarder les tableaux que mon père a commandés et fait accrocher aux murs pour les décorer.

Finalement et sans aucune raison, après une heure à ne rien faire et à ruminer, je me saisis du mètre ruban à mesurer qui traîne près du comptoir de mon père et je retourne sur la plage,

en zone ennemie.

"Qui sème l'amour récolte le bonheur"

Quel est ce slogan vieux jeu et ridicule écrit sur le haut de sa camionnette ?

Lorsque je m'avance vers lui et de tout son bazar installé autour - il y trois petites tables rondes de jardin en fer forgé avec leurs chaises - je m'aperçois bien vite du nombre d'autocollants postés un peu partout sur la carrosserie. Il y en a de très colorés, mais surtout scandant des citations hippies.

"MAKE LOVE, NOT WAR" [faites l'amour, pas la guerre]

Mais bien sûr...

Il y a du monde un peu partout, c'est bondé de clients, mais surtout de clientes qui se trémoussent devant lui en gloussant comme des idiotes. Forcément il a son fameux sourire quand il les sert, quand il sort de jolis compliments sur leur physique, ou lorsqu'on le félicite sur ses pâtisseries exceptionnelles. Ce sont les mots que j'entends.

- Tu fais quoi ? me fait-il alors qu'il s'affaire à l'intérieur et qu'il me voit me pencher vers le sol, pas très loin de sa camionnette.

Cela sent délicieusement bon tout autour. Mais je ne goûterai jamais à sa félonie.

Pourquoi me regarde-t-il ainsi avec autant d'insistance ? Est-ce que quelque chose cloche chez moi ?

Il a des sourcils si bien dessinés que cela en est troublant. Et ce sourire putain, il se fout de ma gueule ? Ce n'est pas comme si je l'avais vu de très près tout à l'heure. J'ai envie de m'en ronger les ongles, tellement, ce moment était inconcevable et déroutant.

Je sais encore et toujours qu'il va continuer à être insupportable pendant tout cet été où je serai là.

- Vous voyez bien, je prends des mesures pour savoir de combien de mètres vous dépassez sur la plage de mes parents. Je vais tout mesurer et je suis hyper pointilleux.

- C'est mieux qu'on se tutoie, non ? Et il y a d'autres choses que tu peux mesurer chez moi.

Hein, qu'est-ce qu'il raconte le surfeur du dimanche ?

- J'espère avoir mal compris... fais-je suspicieux, en levant la tête vers lui, pour croiser son regard alors que j'ai envie de l'étriper.

Je le vois me faire un clin d'œil. Je fais une moue dégoûtée avant qu'il ne me dise :

- J'aime bien ta coupe de cheveux, rasés sur les côtés et le haut un tout petit peu plus long, c'est mignon, c'est chou.

- Je n'ai rien de chou ! Je hurler presque. Deuxième fois que tu utilises ce genre de termes avec moi ! Je n'ai rien de chou, je peux te le certifier.

- Ba......si, fait-il en me reluquant lentement de haut en bas, avec un sourire salace, c'est ce que je ressens, alors que les clients sont toujours là.

Il continue, le fourbe. Toujours ce sourire et ces yeux qui pétillent.

J'entends de nombreux compliments de ses clients, leurs gémissements de plaisir gustatif et cela me retourne le ventre. Je ne suis absolument pas jaloux, je fais juste mon job près de lui et repartirai très vite dans la zone alliée.

- Je suis le pire des hommes. Tu es prévenu.

- Oh tu es sûr ? J'ai surtout l'impression que tu as besoin de douceurs...

Je rage à l'intérieur de moi et m'empêche tellement de l'insulter de tous les noms en fermant ma bouche, que j'en casse le ruban du mètre.

Et merde....

Je deviens vraiment incontrôlable à ses côtés.

Après demain, mon cousin Titi arrive.



Et je ne sais pas si j'arriverai à faire de lui un allié de plus, mais j'imagine aussi pouvoir bientôt accueillir mon ami de toujours, et pas seulement dans mes cauchemars.

🫧𓇼𓏲*ੈ✩‧₊˚

Voilà pour ce chapitre 3 et j'espère qu'il vous a plu. Je vous dis à samedi pour la suite !

Bonne fin de semaine à vous ❤️🥰

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