8. Léger problème
Drago avait passé sa soirée avec Daphné et sa petite sœur, Astoria. Il n'aimait pas vraiment être en présence de cette dernière, car la mère du jeune homme voulait qu'il l'épouse. Il avait beau répéter à sa mère qu'il ne le voulait pas, elle ne cédait tout de même pas face aux plaintes de son fils. Il fallait, selon elle, redorer le blason de la famille en s'alliant avec les Greengrass. Drago préférait encore se marier à Daphné plutôt qu'à sa petite sœur. Elle était loin d'être repoussante, mais à ses yeux, ce n'était qu'une gamine de cinquième année. Il pensa même que si elle avait été en sixième année, cela aurait moins posé problème.
Enfin, tout de même, il n'avait aucun sujet de conversation intéressant avec elle. Il n'avait aucune complicité avec elle non plus. Il ne voulait pas d'un mariage comme celui de ses parents. Ça, il en était hors de question. Il ne voulait pas finir comme son père : mal aimé de sa femme et de son fils. Cela n'en valait pas la peine.
- Où étiez-vous ? lui demanda Théodore, alors que Drago venait tout juste de s'asseoir à table.
Il ne répondit pas au jeune homme, car il était trop occupé à se servir à manger. Il laissa Daphné expliquer ce qu'ils faisaient.
- Nous étions avec Astoria, fit la Serpentard.
- Drago, je pensais que tu avais compris que l'on devait se rejoindre à la bibliothèque, dit Blaise.
- J'allais vous rejoindre, mais je suis tombé sur Daphné et sa petite sœur.
Drago jeta un coup d'œil vers Pansy, qui n'avait pas l'air très bien, comme si elle avait passé un mauvais quart d'heure. Même si le jeune blond regrettait d'avoir couché avec elle, il n'en oubliait par leur complicité. Il savait que les sentiments de Pansy à son égard étaient plus forts que les sentiments qu'il éprouvait envers elle, mais il ne pouvait pas prendre ses distances car elle restait néanmoins sa meilleure amie.
- Ça ne va pas Pansy ? demanda-t-il.
Elle releva la tête vers lui et lui lança un regard furieux, avant de quitter la table.
- Qu'est-ce qui lui prend ? s'étonna Daphné.
Drago regarda ses deux meilleurs amis, qui restèrent silencieux. Il décida qu’il en toucherait un mot à Blaise tout à l'heure, car ce n'était pas le moment de se disputer.
- Vous avez fini vos devoirs de potions ? Moi, je n'ai même pas commencé, fit Daphné, avant d'enfourner un morceau de viande dans sa bouche.
- Ouais, avec l'aide d'Hermione, répondit Nott.
Avec l'aide d'Hermione ? Ils l'avaient rejointe à la bibliothèque ? se demanda Drago. Il fut d'autant plus surpris que ce soit Théodore qui leur annonce cela. S'était-il rapproché d'elle ? Il repensa à ce matin dans les couloirs. Il sentait encore la peau chaude de Granger sur ses mains. Il repensa pour la troisième fois aujourd'hui à son souffle chaud contre sa nuque, son odeur et son étreinte autour de son cou. Il revoyait la couleur blanche de sa fine culotte. Un mystérieux frisson le parcourut. Ce n'était pas un frisson de plaisir, non. Il ne pouvait définir la nature de ce frisson mais il se doutait que le souvenir de cette scène y soit pour quelque chose. Il comprit alors que jamais il n'avait pensé autant à Hermione Granger. Jamais il n'avait si longtemps pensé à elle, mais surtout, jamais il n'avait pensé autant de fois à une fille dans la même journée. Il ne pouvait vraiment pas supporter qu'elle occupe ses pensées une minute de plus.
Il se tourna pour apercevoir la table des Gryffondor, et il aperçut Miss Je-sais-tout discuter avec son ami Weasley. Bien sûr Weasley. Il devait déjà se l'être fait. Granger laissait paraître d'elle l'image d'une femme prude, mais Malefoy n'y croyait pas un seul instant. Si ce n'était ni lui, ni Potter, ça devait être Krum. Oui, c'est cela, elle avait dû le faire avec Viktor Krum après le bal du Tournoi des Trois Sorciers, en quatrième année, Pensa t-il.
Il se rappela alors du jour où Pansy et lui s'étaient mis d'accord pour y aller ensemble. De ce fait, il repensa à tous les moments de complicité avec elle, comme il y a deux ans, dans le train, où il avait posé sa tête sur les genoux de la jeune Serpentard, et qu'elle lui avait caressé les cheveux. Mais qu'est ce que j'ai fait ! se disait-il. Jamais il n'aurait dû coucher avec Pansy. À présent, Malefoy s'inquiétait pour son amitié avec celle-ci. Il fallait qu'il réfléchisse à tout cela, tête posée. Il quitta la table des Serpentard et rejoignit son dortoir.
Hermione suivit du regard Malefoy lorsqu'il quitta la Grande Salle. Elle l'avait aussi vu arriver en compagnie de Daphné, et avait observé Pansy partir telle une furie. Elle pensa alors qu'une dispute avait dû éclater, et que peut-être était-ce de sa faute. Non, elle en était sûre : c’était de sa faute.
Elle faisait semblant de fixer Ron en face d’elle, lorsqu’elle vit Malefoy se tourner vers elle pour l’observer. Elle luttait pour ne pas plonger dans ses yeux bleu métallique. Elle fut étonnée d’avoir envie de croiser son regard, mais elle ne pouvait pas oublier l’altercation de ce matin. Mais ce dont elle ne parvenait à oublier, ce sont les mains du Serpentard, qui avaient empoigné le haut de ses cuisses, avant de les mettre sur son derrière pour la maintenir. Elle ne l’avait pas cru capable d’avoir une telle poigne. Elle ne pensait pas non plus qu’il la rattraperait, bien qu’elle ne soit pas lourde. Elle se rendait alors compte que Malefoy avait tout de même un peu changé. L’ancien Malefoy aurait à coût sûr laissé tomber la jeune fille au sol, en espérant qu’elle se fasse mal. Elle s’aperçut aussi de son changement physique, auquel elle n’avait jamais fait attention avant ce matin. Ce n’était plus le Serpentard gringalet et faible qu’elle avait connu lors de ses premières années à Poudlard. Non, il était devenu un homme. Côté caractère, par contre, elle ne pouvait pas en dire autant. Pour elle, rien n'avait changé. Il se plaignait toujours, se pavanant comme si c'était le roi d'un royaume nommé Poudlard, et il était toujours aussi agaçant, prétentieux et hautain. Elle pensa même qu'il était peut-être devenu plus hautain que lorsqu’il avait onze ans.
La belle Gryffondor quitta la table pour rejoindre ses appartements. Elle aurait voulu rester et discuter encore un peu avec Harry, Ron, Neville, Dean et Seamus, mais elle était énormément fatiguée. C'était comme si elle avait passé la journée à lutter contre quelque chose.
- Ah ! Tu es déjà dans ton lit.
- Oui. Tu n’es pas restée en bas, quelque chose te préoccupe ?
- Non j'étais juste un peu fatiguée, dit Hermione en se déshabillant, après avoir posé son lourd sac au sol.
Elle fila ensuite sous ses draps.
- Tu l'aimes bien Malefoy ?
Hermione se redressa et observa la jeune blonde d'un air suspicieux.
- Lui je pense qu'il t'aime bien, continua-t-elle.
- Qu'est-ce qui te fait dire cela ?
- J'ai vu les regards à ton égard dans la Grande Salle, fit Luna avant de s’allonger. Bonne nuit Hermione, finit-elle dans une voix aiguë qu'elle lui connaissait si bien.
Si elle avait été en meilleure forme, les paroles de Luna l'auraient préoccupée toute la nuit, mais elle était trop fatiguée pour cela. Après réflexion, non, elle n'y aurait pas fait attention non plus. Après tout, Luna Lovegood pouvait sortir les choses les plus déconcertantes.
Blaise venait enfin de sortir de la salle de bain. Drago se demandait s'il allait rester éveillé jusqu'à la venue de son meilleur ami.
- Drago ? Je pensais que tu serais déjà endormi.
- Que s'est-il passé avec Pansy ?
Blaise soupira et se glissa sous la couverture épaisse aux couleurs verte et argentée, assignées au blason Serpentard.
- Théodore et moi lui avons, en quelque sorte, soutiré des informations, et nous n'avons pas pu nous empêcher de lui faire la leçon.
- De quel droit ! s'exclama Malefoy.
- Tu as couché avec elle, par Merlin !
- Cela ne te regarde pas.
- Si Drago ! Je ne veux pas que vous gâchiez votre amitié !
Le Serpentard à la chevelure blonde soupira.
- Je ne comprends même pas qu'Hermione soit au courant alors que Théodore et moi, tes meilleurs amis, ne l'étions pas, cracha Blaise.
Le jeune homme voyait qu'il avait fait de la peine à son meilleur ami en gardant cela secret. Il avait oublié que la jeune Gryffondor les avait surpris, lui et Pansy, en plein acte. Mais il n'était pas le seul à faire des cachotteries.
- Tu peux parler, Blaise. Toi aussi, tu me caches des choses. Comment se fait-il que tu te sois soudainement rapproché de Granger ?
- Pardon ? Drago, là n'est pas la question, souffla Blaise.
- Tu me le dirais si vous sortiez ensemble en cachette ?
- Bien sûr que oui ! Et cela ne risque pas d'arriver !
- Bien, finit par conclure Drago.
Le Serpentard se sentit en quelque sorte soulagé. Il fut même surpris de l'être. Il se demandait s'il était soulagé parce que son meilleur ami ne sortait pas avec Granger, ou parce qu'il était rassuré qu’il lui ait dit la vérité.
- Arrange les choses avec Pansy, Malefoy, et dès demain ! s'exclama Blaise, avant de ramener la couverture au-dessus de sa tête.
Malefoy jura intérieurement contre son meilleur ami pour lui avoir remis en tête l’histoire avec Pansy Parkinson, alors qu'il n'arrivait déjà pas à organiser ses pensées à propos de Granger et de son ami.
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