5. Le pacte
Hermione crut que l'élève de Serpentard ne lui dirait jamais ce qu'il voulait en échange de son silence. Elle voulait absolument partir avant que le dîner ne soit servi. Fort heureusement pour elle, il avait parlé et ils étaient descendus à temps pour le dîner. Elle s'assit en face de Ginny, qu'elle n'avait pas vue depuis ce matin, sous les regards suspicieux de ses deux meilleurs amis. Ils remarquèrent en effet l'entrée de Blaise quelques secondes après elle.
_ Où est le dîner ? demanda la retardataire.
_ McGonagall a une annonce à faire, répondit sa meilleure amie.
Une annonce ? Pourquoi avait-elle besoin de faire une annonce ? Que se passait-il ? Elle ne pouvait s'empêcher de se faire du souci depuis que la guerre avait eu lieu. Elle se rappelait tous les morts qui avaient été déclarés, de tous ces élèves : Colin, Fred…
La directrice s'avança au pupitre et commença son discours, ce qui sortit Hermione de ses profonds souvenirs.
_ Les professeurs de Poudlard et moi-même avons constaté un problème majeur dans l'enceinte du château. Nous savons à quel point il est dur d'oublier les mois passés, mais aucun élève de Poudlard n'a quelque chose à se reprocher concernant les atrocités qu'ont infligées les forces du Mal au reste du monde. Cet après-midi, le professeur Slughorn et le professeur Chourave m'ont fait part des conditions dans lesquelles s'étaient passés les cours des élèves de septième année. Je comptais sur vous pour agir d'une façon plus mature. Je ne dis pas que je ne m'attendais pas à quelques tensions entre les maisons et la maison Serpentard, mais je ne m'attendais pas à ce qu'un cours en soit perturbé. Je parle aussi bien pour les élèves de quatrième, cinquième et sixième année, auxquels j'ai fait cours dans l'après midi, et avec qui cela s'est très mal passé.
_ Supprimez la maison Serpentard alors ! s'exclama un jeune homme, sûrement en sixième année. Comme ça, il n'y aura plus de problème.
_ Ouais, c'est vrai cela. On ne veut pas d'eux nous ! Renvoyez-les, ce sont des fils et filles de Mangemorts ! renchérit une fille.
_ Miss Lee, tous les élèves de Serpentard n'appartiennent pas à une famille dont un Mangemort faisait partie. Il serait préférable que vous vous taisiez.
_ Mon père travaille au Ministère de la Magie ! lança Pansy Parkinson. Nous n’avons jamais été mêlés de près ou de loin aux forces du Mal !
_ Je ne vois pas pourquoi vous vous comportez comme cela avec nous ! Nous n'avons rien fait, lança une élève quatrième année, dont les larmes coulaient le long de ses joues.
_ Vos parents sont des monstres ! cria une voix qui venait de la table des Poufsouffle.
_ Et alors ? fit Théodore Nott en se levant de son banc. Devons-nous être punis et jugés à cause des erreurs de nos parents ?
Le jeune avait l'air vraiment contrarié par la remarque qui venait de fuser.
Aucun Gryffondor n'avait encore parlé, que ce soit un élève de première, deuxième, troisième, quatrième ou septième année. Toute la table restait silencieuse, plongeant un peu plus profondément dans leurs pensées à chaque remarque qui éclatait.
_ Silence ! fit enfin McGonagall.
Hermione se dit que ce n'était pas trop tard. Les choses avaient dérapés assez longtemps comme cela : elles devaient maintenant évoluer.
_ Que vous le vouliez ou non, continua la directrice, certains élèves font partie de Serpentard. Il y en aura toujours et cela ne changera pas. Il est hors de question de renvoyer qui que ce soit injustement. Je compte sur chacun d'entre vous pour faire un effort, afin que les cours comme aujourd'hui ne se reproduisent plus. Me suis je fais comprendre ?
Un silence prit place dans la salle.
_ Jeunes gens, vous sortirez d'ici affamés s'il le faut. M'avez-vous comprise ?
Tous les élèves de la salle répondirent positivement à la directrice. Hermione crut même entendre Ron prononcer le mot oui en premier tant il avait faim.
Drago ne revenait pas des remarques qui avaient été lancées à leur égard, et il s'était personnellement senti concerné. Il s'était presque senti visé. Il avait insisté pour que son ami se rasseye, car celui-ci venait de faire une erreur monumentale. Peu de personnes savaient que son père était un Mangemort et, en se levant pour parler, c'était comme s'il avait dit à toute la salle : Mon père est un salop de Mangemort, mais pourquoi m'assimilez-vous à lui ? Il avait montré son visage à tout le monde, et avait donné raison à tous ceux qui doutaient à propos du fait qu'il y ait des enfants de Mangemorts dans l'école.
À cet instant, le jeune blond détestait son père, et en voulait énormément à sa mère. Il détestait son père pour avoir autrefois pactisé avec un démon, l'avoir fait devenir un Mangemort lui aussi et avoir détruit sa famille de ce fait. Mais il le détestait aussi pour l'homme faible qu’il était et qu'il avait été lorsque les choses se sont corsées. Me protéger moi et ma mère ? Tu parles ! pensa t-il. Il voulait surtout survivre et sauver sa petite vie de minable sorcier. Le garçon en voulait aussi énormément à sa mère pour avoir épousé un tel lâche. Il lui en voulait pour ne pas l'avoir éloigné du mauvais chemin, mais il lui en voulait par dessus tout pour l'avoir laissé l'élever de cette manière. Pourtant, il aimait sa mère plus que n'importe qui, parce qu'elle a toujours fait passer sa vie après celle de son père.
Le repas se déroula dans une ambiance des plus déplorables. Il n'y avait que très peu de bruit. Ceux qui n'étaient pas profondément plongés dans leurs pensées pestaient encore contre les Serpentard. Ils avaient beau chuchoter, le silence était tellement lourd que la table des verts pouvait tout entendre. Malefoy tourna la tête vers un Serpentard de première année qui réconfortait son amie qui pleurait. Il se demanda alors comment la première journée à Poudlard aurait pu être pire.
Aujourd'hui a vraiment été une sale journée, songea-t-il, allongé sur son lit, les mains derrière la tête. Il repensa à tout ce qu’il s'était passé et remarqua alors qu'aucun Gryffondor n'avait parlé. Aucun d’eux n'avait pris la parole ou n'avait échangé de regard avec les Serpentard, du moins, il n’en avait pas remarqué. Il s'avoua qu’il avait été trop occupé à écouter la dispute qui avait éclaté, les yeux plongés dans le vide. Blaise et Théodore s'étaient déjà endormis. Il pensa une dernière fois au discours de McGonagall, aux propos des élèves en réponse à celui-ci et à l'échange qu'il y avait eu entre son meilleur ami et Miss Je-sais-tout ce matin à huit heures, avant de s’endormir à son tour.
Lorsque la jeune Gryffondor se réveilla ce matin, elle s'aperçut que Luna n'était déjà plus là. Elle se demanda alors pourquoi est-ce qu'elle partage sa chambre avec elle, puisque ce n'était pas une élève de septième année. Comme hier, elle prit une douche et arrangea son apparence d'un coup de baguette. Lorsqu'elle descendit l'escalier qui menait à la Grande Salle, elle remarqua qu'elle était arrivée en retard et qu’elle n'avait plus le temps de déjeuner. Elle pensa à Luna. Elle s'énerva intérieurement contre elle jusqu'à ce qu'elle atteigne le cours de Mr. Slughorn. Pourquoi la petite blonde ne l’avait-elle pas réveillée ? Mais surtout, pourquoi est ce que la jeune brune se réveillait-elle tous les matins aussi tard et si fatiguée ?
En entrant dans la salle, Hermione croisa le regard de Zabini. Cela se voyait que celui-ci attendait que la fille avec qui il avait conclu un pacte hier soir franchisse le pas de la porte. Hermione souffla tellement fort qu'elle dut reprendre une plus grande inspiration, avant de décider de s’assoir à côté d'un Serpentard. Mais lequel ? Ce n'était pas compliqué, il n'y avait aucune autre place libre à côté des verts que celle à côté de Théodore. Elle toisait d'un mauvais regard Zabini. Avait-il fait en sort que Théodore soit assis tout seul au fond de cette classe ? Malgré tout, elle s’assit à côté du jeune homme.
_ Je suis heureux que certains prennent en considération les paroles de notre chère directrice. Merci Miss Granger. En plus de nous montrer à quel point vous êtes mature, vous agissez intelligemment. Ouvrez vos livres page 7.
Les élèves de la salle n'avaient toujours pas détourné le regard d'Hermione et Théodore. Ron dévisagea Hermione et le Serpentard tandis qu’Harry, lui, avait l'air de réfléchir. Peut-être s'était-il rendu compte à quel point la scène d'hier soir était déroutante. Peut-être que lui aussi avait vu cette jeune Serpentard de première année pleurer. Hermione, elle, avait vu cela, et s'était rendue compte de l’injustice de la situation. Elle avait beaucoup réfléchi pendant la nuit, et elle était prête à faire des efforts. Elle avait même pensé que son pacte avec Blaise, qui consiste à ce qu'elle adresse la parole à lui et ses amis, tombait peut-être au bon moment. Elle était prête à faire l'effort pour le jeune métis, Parkinson et Greengrass, mais certainement pas avec Nott ou Malefoy, dont la famille avait été impliquée dans la bataille contre les forces du Mal, et dont les pères étaient des Mangemorts.
_ Merci Granger, lança Théodore, arrachant alors la concernée de ses profondes réflexions.
_ Tu remercieras Blaise, lâcha-t-elle, ne pouvant s'empêcher de lui répondre froidement.
_ Comment a-t-il fait ? Cela a-t-il un rapport avec le bout de parchemin d'hier matin ?
_ Oui, et disons qu'il peut paraître très persuasif quand il le veut. Enfin plutôt manipulateur, mais la manipulation, vous vous y connaissez, vous les Serpentard.
_ Arrête Hermione, on n'est pas tous comme ça.
_ Je ne te connais pas Nott, mais je sais que certains de tes amis le sont, en plus d'être de grands lâches, siffla-t-elle en fixant Malefoy devant elle.
_ Il a changé depuis la fin de la guerre, fit Théodore, qui avait suivit le regard de la jeune femme. Beaucoup de Serpentard ont changé et d'autres essayent toujours de le faire. Comprenez-nous, nous ne sommes pas responsables des erreurs de nos idiots de parents.
La Gryffondor garda le silence après la remarque du jeune homme.
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