41. Une famille
Drago était anéanti ; c'était le mot qui correspondait le mieux à son état mental. Comment a-t-elle pu me cacher quelque chose comme ça ? Pendant quatorze ans ? Comment a-t-elle pu ?! se demandait-il encore et encore depuis maintenant six jours. Il essayait de paraître normal devant son fils et sa femme, mais son état se voyait de plus en plus.
- Drago ?
Le milliardaire leva la tête de son assiette, un air grave figé au visage.
- Tu me suis en haut ? J'ai deux ou trois petites choses à te dire, fit Blaise.
Malefoy se leva sans dire un mot, sous le regard insistant de son fils, sa femme, son filleul, sa belle-sœur et la fille de celle-ci. Il suivit son meilleur ami à l'étage dans un lourd silence, puis, une fois dans le bureau de Blaise, ce dernier brisa ce silence avant même que la porte ne se ferme.
- Tu vas me dire pourquoi tu es comme ça depuis une semaine ? Je sais que tu aurais tant aimé passer le week-end chez Hermione, mais c'est toi qui as annulé, mon vieux, alors arrête de tirer cette tronche.
Drago ne répondit pas à son ami et se laissa simplement glisser contre la porte du bureau, la tête entre ses mains. Zabini sut alors que la situation était grave et importante. Il s'adossa alors contre son bureau et resta silencieux.
- Qu'est-ce que je vais faire, Blaise ? Qu'est-ce que je suis supposé faire ?
- Ça concerne ton divorce avec Astoria ? demanda son meilleur acolyte.
Drago releva la tête, le regard sévère et grave, les sourcils froncés.
- Nos enfants... Les siens... Les miens.
- De quoi tu parles, Drago ?
- Hermione...
Personne ne parla pendant les deux minutes qui suivirent.
- Tu veux dire que... les jumeaux sont tes enfants ? demanda Blaise en articulant particulièrement.
~*~
- Alors, tous ces voyages « d'affaires », c'était pour elle ?
- J'aurais dû te le dire avant, j'appréhendais juste ta réaction.
- Pourquoi ? Je veux dire, si tu as enfin trouvé quelqu'un avec qui il pourrait à nouveau y avoir quelque chose, il est évident que je me dois d'être heureuse pour toi. On est de mutuelle couverture l'un envers l'autre, et on se connait depuis maintenant quinze ans, Marius. On est amis.
- Je sais, mais comme tu me l'as dit, ça fait quinze qu'on se connait et qu'on vit ensemble, Hermione. On a même eu une merveilleuse fille ensemble. Tu imagines bien que t'annoncer que j'ai rencontré quelqu'un me mettait mal à l'aise.
- Tu vois bien que non...
- Je vois bien que si, fit Marius en fronçant les sourcils. Quel est le problème ?
- Nous avons toujours imaginé ce que nous ferions si les évènements s'enchainaient de la sorte, mais je me rends compte que je ne suis pas vraiment prête à ce que nous nous quittions, dit-elle avec un petit sourire nostalgique.
Marius ria doucement.
- Je t'avoue que moi non plus.
Hermione se leva et alla se réfugier dans les bras de celui sur lequel elle avait pu compter pendant tant d'années, le faisant basculer en arrière.
- On se doit de rester là l'un pour l'autre, quoi qu'il arrive. Je me dois de rester là pour toi et pour nos enfants.
Il déposa un doux baiser sur son front.
- Ne t'en fais pas trop pour Drago, ajouta-t-il, laisse lui du temps.
La porte de la chambre s'ouvrit et Lucretia entra, les yeux humides.
- Alors, vous allez vraiment vous séparer ?
Derrière elle, Esmée et Priam apparurent. Les trois enfants avaient visiblement écouté à la porte. La jeune métamorphomage se réfugia dans les bras de ses parents, tandis que Priam et Esmée restèrent debout, dans le cadrant de la porte.
- Tu vas quitter Papa pour retourner auprès de Mr. Malefoy, n'est-ce pas ?
- C'est plus compliqué que ça, Lulu, fit Marius en resserrant ses bras autour d’elle.
- Arrête de mentir, Papa, je sais quand tu mens.
- On dirait un bébé, lâcha Esmée. Relève-toi immédiatement.
- La ferme, toi ! De toute façon, ça vous arrange, toi et Priam : vous pourrez vivre heureux avec Maman et ...
- Qu'est-ce que tu viens de dire ?! siffla Priam. Ça m'arrange ? Je suis autant attristé que toi ! Tu sembles oublier que celui qui m'a élevé, c'est Marius, et non Drago ! Mon père, c'est Marius, et non Drago ; mais tu sembles aussi oublier de quelle manière ont vécu et vivent toujours nos parents ! Ils ne s'aiment pas comme s'aiment Neville et Hannah ou Ginny et Harry, Lucretia ! Tu savais bien que ce jour arriverait, on le savait tous, plus ces derniers mois que jamais ! Alors, cesse de pleurnicher comme si t'avais sept ans ! s'exclama Priam, les larmes ruisselant sur son visage.
Marius sourit d'un air désolé à son fils, et Priam vint à son tour s'asseoir sur le lit.
- Promets-moi que quoi qu'il arrive, tu resteras un père pour moi.
- Je te le promets, fiston, fit Marius en posant sa main sur celle de Priam.
- Alors quoi ? On va tous se séparer ? Une semaine chez Papa et sa petite pétasse chérie, une semaine chez Maman et Drago, le parfait petit couple ?
- Ton langage ! racla sévèrement Hermione.
- Non Maman ! Vous nous avez mis dans la confidence, vous nous avez fait confiance à propos de tous vos secrets et de votre relation, en pensant que ce serait plus facile lorsque le jour où vous prendrez de différents chemins arrivé, ce serait plus facile à encaisser mais ça ne l'ai pas ! OK ?!
- Esmée...
- Laisse-moi finir, Priam. Je ne suis pas triste parce que vous vous séparez ! Je ne suis pas en colère non plus, parce que je sais que, quoi qu'il arrive, Papa et toi, Maman, resterez à mes côtés ; mais je viens juste de retrouver ma petite sœur, je ne veux pas la perdre de nouveau. Je ne veux pas perdre ce que nous avions, ce que l'on a, finit-elle par dire, en se réfugiant dans les bras de sa mère après avoir versé quelques larmes dans son discours.
- Eh, chuchota Hermione en caressant les cheveux de sa fille. On ne perdra rien parce qu'on est une famille, et une famille reste une famille quoi qu'il arrive, tu m'entends ? Même si, Marius et moi, nous nous séparons, nous serons toujours une famille.
~*~
Drago regardait sa femme faire ses valises. Ils s'étaient tout dit, ils s'étaient disputés ; elle avait pleuré, il l'avait réconfortée. Ils s'étaient disputés une nouvelle fois ; elle avait crié, elle avait claqué la porte ; il avait vidé son bar, il s'en était pris au mobilier, il avait tout retourné puis tout remis en ordre. Elle était revenue, il était resté silencieux ; elle lui avait demandé qui il aimait et avec qui il voulait finir le reste de sa vie ; il ne l'avait pas choisie et maintenant il la regardait plier bagages.
En effet, Drago regardait sa vie prendre un nouveau tournent, un nouveau départ, un nouveau virage auquel il n'était pas préparé. Appuyé contre le cadrant de la porte, il se disait qu'à chaque fois que sa vie prenait de tels chemins, c'était lorsqu’Hermione apparaissait. Elle était celle qui menait sa vie en quelque sorte, et il se sentait lié à elle de toutes les façons qu'il soit possible de l'être.
Granger avait son cœur et c'est tout ce que personne d'autre n’avait réussi à avoir de lui. Il l'aimait et ce même seize années plus tard. Il n'avait pas passé les fêtes de Noël avec elle : cette année encore, les plans avaient été bouleversés ; mais en cette nouvelle année qui s'annonçait, il comptait bien passé plus que des fêtes de Noël avec elle. Le beau blond voulait passer le reste de sa vie avec Hermione, il n'en avait jamais été aussi convaincu.
- J'ai envoyé une lettre à McGonagall pour permettre à Scorpius de sortir à Pré-au-Lard ce week-end. Nous lui annoncerons la nouvelle, ça ne sert à rien d'attendre les vacances de Pâques.
- C'est dans moins de deux mois, nous pouvons attendre avant de lui dire.
- Non ! Je ne veux pas attendre, Drago. Je ne veux plus te voir, c'est pourquoi plus vite ce sera fait, plus vite on se dira au revoir pour de bon.
- Écoute Astoria, je n'ai jamais voulu que les choses se déroulent ainsi, fit Drago en s'asseyant sur le lit.
Astoria se tourna vers celui qui sera bientôt son ex-mari, un air triste figé sur le visage.
- Il y a une dernière chose que j'aimerais que tu me dises, une chose que j'aurais dû deviner il y a des années. À Poudlard, ce jour au bord du lac, lorsque je t'ai avoué mes sentiments et que tu m'as violemment repoussée. Cette fille dont tu parlais, c'était elle, n'est-ce pas ? Ça l'a toujours été ?
Drago resta silencieux face aux dires d'Astoria. Son silence en disait long, si long qu'il ne fut pas surpris lorsqu'il vit les larmes d'Astoria débouler sur ses joues.
- Merci... pour ton honnêteté. Au revoir, Drago.
Elle quitta la pièce. Drago resta un moment allongé sur son lit.
- Il faut que j'écrive à Scorpius.
~*~
Le printemps. Hermione adorait les changements de saison, et ce qu'elle adorait plus encore, c'était ce temps frisquet mais ensoleillé. Elle aimait cette brise glacée du matin et cette petite chaleur d'été d'après-midi. Ce qu'elle aimait par-dessus tout en cette saison, c'était boire un bon thé chaud dans son bureau au Ministère lorsqu'elle travaillait.
- Désolée de vous déranger, mais votre courrier est arrivé. Il y a aussi les résultats écrits de la deuxième épreuve du Tournoi des Trois Sorciers, à laquelle vous n'avez pas assisté.
- Merci. Autre chose ?
- Mr. Nott souhaite s'entretenir avec vous dans son bureau, et Mr. Malefoy est passé hier soir, après que
vous soyez partie. Il souhaitait vous faire passer un message mais puisque vous n'étiez pas là, il a dit qu'il passerait chez vous dans l'après-midi.
- Chez moi ? s'étonna Hermione.
- Ce sont ses mots.
Hermione se leva et se dirigea vers la porte de sortie.
- Je vais voir Mr. Nott et je reviens dans l'heure qui suit.
Dix minutes plus tard, elle était assise sur un des fauteuils du bureau de Théodore.
- Ça va toi ? demanda la belle brune. Je suis désolée de t'avoir laissé seul pour assister à la deuxième épreuve. Je devais assister au procès de Lucius Malefoy... Alors, tu vois le truc...
- Ne t'inquiète pas, Hermione. Je vais très bien, sauf lorsque Millicent me fait un caprice de femme enceinte.
- Oh, je la vois très bien te mener à la baguette, fit Hermione en rigolant.
Théodore rigola aussi.
- Et bien, disons qu'en contrepartie, j'ai le droit à d'autres plaisirs intimes.
Hermione rigola de plus belle. Sa relation avec Théodore n'avait jamais changé et il la faisait toujours autant rire.
- J'ai hâte que le bébé naisse, ajouta Nott.
- C'est clair. Millicent doit aussi mourir d'impatience. Retrouver son gros ventre tout rond doit la rendre folle.
- Tu n'imagines même pas à quel point ! s'exclama Théo en secouant la tête.
Hermione s'enfonça un peu plus dans son fauteuil.
- Tu voulais me voir pour une raison particulière ?
- Je voulais juste prendre de tes nouvelles... J'ai appris… Enfin… Ces temps-ci, ça parle un peu, tu sais. J'ai entendu dire que Marius et toi...
- C'est exact, le coupa-t-elle. Marius et moi, nous nous séparons, mais peu de personnes savaient que nous étions en couple, encore moins que nous avons des enfants ensemble… Alors bon, ce ne sera pas une histoire publique.
- Et les enfants, comment ils ont pris la nouvelle ? Vous leur en avez parlé au moins ?
- Il faut que je te dise quelque chose, Théo. Quelque chose que j'aurais dû dire à tout le monde à l'époque.
- Je t'écoute, dit-il en se redressant de façon à être le plus attentif possible.
Hermione commença alors un long récit, le récit des longues dernières seize années de sa vie, devant un Théodore ayant le souffle coupé.
~*~
La sonnette de la porte retentit trois fois, et Drago savait en ouvrant la porte qu'il ferait face à Hermione.
- Entre, je t'en prie.
La belle femme ne se fit pas prier davantage et entra dans la demeure de Drago. Elle était déjà venue une fois, mais pas en pleine journée. Les traits de ce manoir avaient une particularité assez joyeuse à la lumière du jour, et le portrait de Scorpius, qui occupait un des murs du salon entouré de nombreux cadres remplis de souvenirs immortalisés mais vivants rendait la pièce chaleureuse et conviviale.
Sur l'un des cadres, Hermione pouvait voir Scorpius marcher et tomber immédiatement après, puis se relever et faire ce qui lui semblait être ses premiers pas. Sur un autre cadre, elle pouvait voir Drago dans un costume noir, les cheveux courts, coiffés parfaitement, et Astoria, habillée d’une belle robe blanche à bustier sans manche, ni bretelle. Ils se souriaient mutuellement avant d’enfin s'échanger un baiser intime.
- Tu ne les avais pas vus la dernière fois ? demanda la voix masculine de Drago dans son dos. L'acheminement d'une vie, souffla-t-il.
Hermione baissa les yeux lorsqu'elle entendit la dernière phrase de Drago. Elle sentit son cœur se resserrer entre ses poumons.
- En refaisant surface dans ta vie... j'ai tout gâché, n'est-ce pas ?
Drago la retourna presque violemment pour que la belle brune lui fasse face.
- Avant que tu ne déboules de nouveau dans ma vie, elle était parfaite : j'avais Scorpius, ma femme, mon train de vie familiale et professionnelle que j'arrivais à concilier avec agilité. J'étais heureux...
Un silence s'installa dans la pièce et Hermione ne put s'empêcher de plonger ses yeux dans ceux de Drago. Elle voulait qu'il continue de parler. Pourquoi s'était-il arrêté ?
- Viens-en au but, s'il-te-plaît, fit la jolie maman.
Drago ne put s'empêcher de glisser une de ses mains sur la joue d'Hermione, afin de rehausser sa tête.
- Jusqu'a ce que tu refasses surface. Dès lors, j'ai compris que tout cela n'était qu'illusion. J'ai aimé Astoria parce que tu n'étais plus là ; je me suis marié avec elle parce que tu n'étais plus là ; j'ai eu Scorpius parce que je te croyais à tout jamais disparue de ma vie. J'ai vécu ma vie en sachant éperdument qu'à l'instant où tu ferais surface, mon tout t'appartiendrait à nouveau. Lorsque tu m'as demandé si j'étais heureux, je t'ai répondu « oui » parce que Scorpius me rend plus heureux que n'importe qui d'autre au monde hormis toi... Seulement, lui et toi. J'ai aimé Astoria, encore plus lorsqu'elle était enceinte de Scorpius et lorsqu'elle l’a mis au monde. Je n'ai eu d'yeux que pour lui et j'ai su dès lors que lui seulement arriverait à me combler de bonheur. Seulement, te revoilà...
Il lâcha Hermione et s'assit sur le canapé du salon en cuir noir, le visage rivé vers la cheminée éteinte. Hermione resta quant à elle debout, toujours aussi près des tableaux où elle n’apparaissait pas.
- Avec ton mari, tes enfants...
Il releva la tête.
- Nos enfants... Comment est-ce que t'as pu me cacher une chose si importante, Hermione ?! s'exclama-t-il d'un ton assez sévère.
- Toutes ces années, j'ai cherché comment te l'annoncer, j'ai toujours su ce que j'allais te dire, comment et dans quelles circonstances ; mais le moment venu, à chaque fois que je voulais t'en parler, tu t'énervais pour une toute autre raison.
- Ne me dis pas que tu n'as pas eu une seule fois l'occasion de me l'annoncer pendant ces seize dernières années !
- Je ne dis pas le contraire, mais à quoi tu t'attendais, Drago ? J'avais appris que tu t'étais marié, que tu avais un enfant. Crois-tu réellement que venir bouleverser ta vie alors qu'elle était en pleine ascension sociale et professionnelle était une bonne idée ? Si je ne te l'ai pas dit plus tôt, c'était pour toi que je l'ai fait, et pour personne d'autre. Après ça, j'ai déménagé en France et j'y suis restée un moment avec Lucretia pendant que les jumeaux rentraient à Poudlard. Puis, lorsque ce fut le tour de mon amour de fille de rentrer à l’école, j'ai décidé de rentrer en Angleterre et elle est restée vivre en France avec son oncle pour étudier à Beauxbâtons. Ma situation familiale n'était pas bonne pour que je t'informe de quoi que ce soit à mon retour de France : Marius voyageait, et mes enfants étaient éparpillés un peu partout, tu comprends...
Drago se leva avec vivacité, contourna la table basse pour revenir se poster devant Hermione.
- Elle n'est pas de moi, n'est-ce pas ?
Hermione pouvait presque percevoir une once d'hésitation dans la voix du beau blond.
- Tu te doutes bien que non.
Elle vit Drago serrer les poings.
- Tu ne pouvais pas espérer que tous mes enfants soient aussi les tiens. J'ai aussi eu une vie avec Marius, comme tu en as eu une avec Astoria. Contrairement à ce que mes proches pensent, je ne me suis ni fiancée, ni mariée. J'ai vécu à ses côtés et il a vécu aux miens, et pour cela je lui serai toujours reconnaissante. Il a élevé les jumeaux, il a élevé notre fille...
- Et tu crois que je n'aurais pas voulu les élever moi ?! s'emporta Drago en tapant du poing contre le mur. Mes enfants, mes propres enfants, ne me connaissent pas. Ils ne savent pas ce que je suis pour eux et tu ne peux pas savoir à quel point c'est humiliant et frustrant, Hermione ! Tu n'es pas à ma place. Savoir que j'ai passé des moments privilégiés avec eux sans que je sache qui ils étaient, sans qu'ils sachent qui j'étais...
Drago s'arrêta net. Il repensa à ce dimanche, dans la boutique de chocolats, lorsque Priam et lui avaient bu leurs chocolats alors qu'ils étaient encore brulants, et qu'il lui avait dit exactement la même réplique que Drago sortait aux autres. Il repensa aussi au jour où il avait dîné chez Hermione et qu’Esmée avait cette manière similaire à lui de manger ses côtelettes en même temps que ses pommes de terre. Ça lui fit alors penser au premier jour où il les avait vus et cette manière dont les deux jumeaux les fixaient, lui et Scorpius, et cette expression sur le visage de Priam, qu'il avait jugé insolent. Cette façon de prendre la défense de Scorpius et de l'aider à Poudlard...
- Je sais que tu m'en veux énormément... commença Hermione.
- Ils savent... la coupa Drago. Ils savent, n'est-ce pas ?
Hermione acquiesça, une larme déboulant sur sa joue. Elle s'en voulait tellement de faire tant de peine, en plus de ça non méritée, à l'être qu'elle aimait tant. Drago sentit le poids de ses jambes s'écraser au sol. Il serra ses poings fermement contre ses genoux et une immense inquiétude grandit en lui.
- Rassure-moi, Hermione, ils ne m'en veulent pas ?
Elle s'accroupit à son niveau.
- Bien sûr que non, dit-elle en caressant la mâchoire de Drago couverte d'une fine couche de barbe.
Si tu as pensé pendant un instant qu'ils t'en veulent parce que tu ne les as pas reconnus, sache qu'ils ne t'en veulent pas. Ils sont intelligents et perspicaces. Beaux et réfléchis, tout comme leur père.
Drago releva la tête et lorsqu'il croisa le regard d'Hermione, il ne put s'empêcher de l'embrasser, après avoir essuyé une des larmes qui coulaient sur ses joues. Ce qu'elle venait de lui dire, « tout comme leur père », cette phrase l'avait touché directement en plein cœur.
- Je t'aime, Drago, lui avoua Hermione entre deux baisers.
Il lui répondit par un autre baiser encore plus intense que le premier. Trois simples mots suffisaient à Hermione pour exprimer tout son amour au grand et beau milliardaire qu'était Malefoy.
Drago souleva Hermione du sol et il les fit monter à l'étage où ils purent se retrouver en toute intimité pour la première fois depuis très longtemps. Il pleuvait, les gouttes tièdes du printemps s'écrasaient contre les vitres. Les gémissements de l'un couverts par ceux de l'autre se mêlaient gracieusement à la douce symphonie du vent et de la pluie.
~*~
Je pourrais vous annoncer que rien n'a changé dans ma vie, que tout est semblable à seize années plus tôt, mais ce n'est pas le cas. Marius et moi vivons toujours l'un près de l'autre, pour ne pas dire qu'il habite dans la maison d'à côté. Me séparer de lui est bien ce qui a été le plus dur à faire. Hm... À vrai dire, le plus dur était d'annoncer à Harry et Ron que les jumeaux étaient les enfants de Malefoy. Cette période de Pâques à été très compliquée : ayant menti à beaucoup de gens, il fallait que je m'excuse auprès de tous, en particulier auprès de mes meilleurs amis. C'est toujours un peu compliqué entre eux et moi mais ça s'arrange jour après jour. Je ne m'attendais pas à ce qu'ils réagissent de cette manière de toute évidence. Lorsque Drago a expliqué la situation à Scorpius, le pauvre enfant a pleuré pendant une semaine entière lors de ces vacances de Pâques. Il faut dire que la séparation de ses parents, apprendre qu'il a une sœur et un frère et qu'en plus de ça son père quitte sa mère pour moi... C'était beaucoup d'un coup.
Mais Priam et Esmée veillent à le réconforter chaque jour et même si au début il se braquait, j'ai l'impression que de savoir que les jumeaux sont ses semblables le réconfortent dans toute cette histoire. Du côté de Lucretia, savoir que son papa habite la maison d’à côté la réconforte, elle ne pouvait pas rêver mieux et de ce qu'elle m'a dit hier soir, pour elle, c'est comme si nous vivions tous encore ensemble. Bon point. Seul mauvais point, elle ne s'est pas encore habitué à Olivia, qui n'est autre que la sœur de la défunte épouse de Marius. La ressemblance est frappante et ça m'a fait assez peur lorsque je l'ai rencontrée en chair et en os. J'étais au départ contre le fait que Marius et elle continuent leur relation, pensant que Marius l'aimait juste parce qu'il voyait en Olivia le reflet esthétique de Lorenne ; mais après avoir écouté l'histoire de toute une rencontre, j'ai changé d'avis. Une fois de plus, c'est compliqué, très compliqué mais le principal, c'est qu'il voit Olivia en tant qu'Olivia et qu'il aime Olivia en tant qu'Olivia.
Vous l'aurez compris, du côté de la famille, globalement, c'est le foutoir et ce n'est pas tous les jours la grande joie. Disons que ces temps-ci, tout le monde est en période d'adaptation. Cependant, vivre à présent à côté est une des nombreuses bonnes choses de cette période assez difficile. Mes enfants sont en pleine santé, mon futur mari me comble de bonheur et ma vie n'en est que plus remplie. Après la bataille de Poudlard, ma vie a complètement changé. J'ai découvert que j’étais plus forte que ce que je pensais, et que j'étais l'origine d'une nouvelle race de sorciers. J'ai découvert des personnes extraordinaires, j'ai vécu une vie pleine de rebondissements.
Je maîtrise amplement mes pouvoirs ainsi que ceux de mes enfants, et pour finir, j'ai vu en celui que je détestais le plus naître l'homme qui s'avère être l'amour de ma vie.
- Maman ! cria une voix aiguë d'en bas. On t'attend pour partir.
Elle se tourna en direction de la porte et Hermione vit Drago, adossé sur le cadrant de celle-ci.
- Tu es là depuis combien de temps ? s'étonna la belle brune en s'approchant de son fiancé.
- Une bonne dizaine de minutes, répondit-il en baisant ses lèvres. J'imagine que tu as entendu Esmée crier.
Hermione rigola doucement.
- On ferait mieux d'y aller avant qu'elle ne soit réellement agacée et qu'elle soit de mauvaise humeur.
La jolie maman quitta la pièce et Drago s'approcha du bureau de sa "bâtisse" pour y voir ce qu'elle écrivait.
Il lut rapidement les écrits de sa future femme et ajouta quelques mots à la fin.
« Pour le plus grand bonheur du concerné. J'ai vu naître en toi la femme qui fait de moi un homme comblé.
Drago »
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