36. Nos enfants
Drago venait de passer une très longue semaine. Il avait assisté à trois congrès sur les potions révolutionnaires, qu'il avait trouvés minables comparés aux siens, et ses soirées avaient été rythmées de réunions avec différents associés de plusieurs pays. Heureusement que Blaise était presque toujours dans ce genre de réunion, étant le sous-directeur de l'Empire Black Corporation. Il avait croisé Marius deux fois lors de différentes réunions, mais il n'avait pas pu lui parler, manquant de temps.
- Daisy, apportez-moi le dossier du projet Fantasio, s'il-vous-plaît.
- Vous voulez aussi du thé et de la tarte à la crème ? demanda-t-elle en posant le dossier sur le bureau.
- Évidement.
- Voilà. Il vous faut autre chose ?
- Non, et que l'on ne me dérange pas.
Elle acquiesça mais revint dix minutes plus tard.
- Je suis désolée, Mr., mais vous avez reçu des lettres de votre fils et de votre filleul. Je sais que cela prime toujours sur votre travail, voilà pourquoi je me permets de vous déranger.
- Vous avez bien fait. Donnez-les-moi, je vous prie.
~*~
Papa,
Ma deuxième semaine à Poudlard s'est déroulée... normalement. Tout est si grand ici et si magique que s'en est tous les jours aussi impressionnant que le premier. Je sais qu'un jour la beauté de Poudlard me semblera banale et que toute la « magie » des premiers jours est éphémère, mais je tenais à te le dire. Tous les élèves de première année de Serpentard se sont vite intégrés, mais moi, j'ai eu un peu plus de mal. Même Ara s'est tout de suite trouvée quelques amies. Mes camarades de chambre ne m'adressent que très peu la parole et je ne comprends pas pourquoi. Ils s'entendent tous bien entre eux, mais dès que j'essaye de m'intégrer à eux, ils se ferment à moi.
De toute façon, je n'aime pas leur façon de parler et de penser à propos des personnes qui ne sont pas de Sang-pur. Je me demande, Papa, si leurs parents leur ont raconté ce que ce genre de mentalité engendre ; je me demande s'ils leur ont déjà parlé de la guerre et de Voldemort, comme tu l'as fait pour moi. Bennett a tenté de me présenter à quelques uns de ses amis mais j'ai refusé. Il n'a pas passé une super semaine, tu sais... C'est à cause d'Esmée, la fille de Mr. Black : elle lui fait tourner la tête d'une manière assez ahurissante. Je crois que Bennett l'aime vraiment beaucoup. Je ne comprends pas vraiment pourquoi il s'accroche à elle alors qu'énormément de filles dans le château sont littéralement folles de lui. Mais d'un côté, je le comprends..
Je crois, Papa, que si j'avais eu l'âge de Ben et que nous n'avions pas été cousins, je serais aussi tombé sous son charme. Je crois qu'Esmée est la plus belle fille du château, et en plus, elle est vraiment très gentille avec moi, même si elle dégage cette aura glaciale autour d'elle. Avec moi, cette aura disparait.
La semaine dernière, j'ai souvent mangé seul, mais en fin de semaine, Esmée venait s'asseoir avec moi et nous mangions ensemble. Elle ne disait pas un mot et je ne parlais pas non plus, mais pour moi, c'était l'intention qui comptait. Elle m'a aussi énormément aidé dans mes devoirs de potions. Je me demande pourquoi une fille aussi populaire qu'elle a pris la peine de passer du temps avec moi.
Tu me diras que c'est parce que je suis son cousin, mais ça m'étonnerait. Ce que je vais te dire ne va peut-être pas te plaire parce que je sais que tu n'affectionnes pas particulièrement Mr. Weasley, mais moi je trouve ses enfants très gentils et, comparés aux Serpentard, les Gryffondor, eux, ont essayé de venir me parler. C'est vrai que c'est grâce à Esmée et son frère, Priam. Esmée passe la plupart de son temps avec des élèves qui ne sont pas à Serpentard. Ils sont toujours ensemble, ce que les deux maisons n'affectionnent pas particulièrement, mais ils ont cette influence sur tout le monde qui fait que personne n'ose leur dire que ça les dérange, et je trouve ça impressionnant. Quoi qu'il en soit, cette fin de semaine était beaucoup plus agréable que le début. Même si je n'ai pas encore d'amis et que je me suis fait quelques ennemis dans ma propre maison parce que j'ai osé sympathiser avec des Gryffondor, je ne dramatise pas, car les premiers cours se sont très bien passés et j'ai vraiment excellé dans toutes les matières. J'ai juste eu un peu de mal en potions mais rien de grave. Il faut dire qu'Ara et Albus Potter sont de sacrés adversaires.
Quel conseil me donnerais-tu pour m'intégrer un peu plus à ma maison qui, pour je ne sais quelle raison, me repousse ? J'aurais bien demandé à Esmée de m'aider mais, tu vas sans doute trouver ce que je vais te dire bizarre : parfois, je me sens mal à l'aise avec elle. Autant le soir elle peut vraiment être gentille avec moi, autant le matin elle peut me donner l'impression qu'elle aimerait plonger ma tête dans le lac noir du château. Je suis peut-être fou, mais c'est la légère impression qu'elle me donne. Du coup, je n'arrive pas à définir si elle m'aime bien ou si elle reste avec moi que parce que je lui fais pitié, et que nous sommes dans la même maison...
C'est vrai, après tout, elle est en quatrième année. S'il s'avérait que ce soit cela, je me sentirais humilié. Je n'ai pas besoin que l'on reste avec moi par simple pitié. Je ne supporterais pas que quelqu'un ait pitié de moi, Papa.
Je te parle beaucoup de mes petites histoires sans réel intérêt mais je ne prends même pas soin de te saluer correctement... Comment vas-tu, Papa ? J'espère que ta semaine n'a pas été très épuisante et que toi et Maman ne vous disputez pas trop pour des futilités. Je lui ai aussi envoyé une lettre, mais beaucoup moins détaillée que la tienne. Je n'osais pas lui dire que je ne me suis pas fait d'amis, elle serait capable de payer les parents d'élèves de Poudlard pour que leurs enfants deviennent mes amis. Tu comprendras alors que je ne veux pas que tu lui en parles, s'il-te-plait... Au fait, embrasse Grand-mère de ma part et dis-lui que ses caramels au beurre salé étaient délicieux. Si elle pouvait m'en envoyer d'autres, ce serait merveilleux. C'est l'heure d'aller manger. Je ne sais pas encore avec qui je vais dîner, mais tout ce que j'espère, c'est que je mangerai avec Priam.
Je ne t'ai pas beaucoup parlé de lui parce que c'est une autre histoire, mais il est juste trop cool !
Je t'embrasse très fort. Je t'aime.
Scorpius.
P.S. : Tu me manques vraiment, Papa...
Drago resta bouche bée devant la lettre de son fils. Il devait ingurgiter trop d'informations. Il ne supportait pas que son fils soit seul. Il n'avait qu'une envie : celle de le rejoindre et de passer ses journées avec lui ; mais d'un côté, il était énormément fier de lui. Certains se seraient effondrés et d'autres ne l'auraient pas supporté. Alors que lui, il faisait avec et prenait son mal en patience. Drago ne savait même pas comment réagir face à l'éventuelle amitié qui pourrait naître entre son fils, celui de Potter et peut-être les enfants de Weasley. Il se hâta d'ouvrir la lettre de Bennett.
~*~
Drago,
En tant que parrain, tu dois absolument m'aider ! J'ai envoyé une lettre à Papa aussi mais plus j'ai de conseils, plus ça me va. Je ne vais pas passer par quatre chemins : je voudrais que tu me donnes des conseils de séduction. Au château, il y a cette fille qui me plait énormément mais qui ne cesse de me repousser. Tu vas peut-être trouver ça bizarre, mais ça fait un an que j'essaye tant bien que mal de lui taper dans l'œil, de l'impressionner, en vain. Oui, Drago tu as bien lu... Un an. Une année entière à essayer de lui plaire. Je t'en parle à toi et à Papa parce que c'est une toute première pour moi, la première fois que je ressens des... sentiments pour une fille. Je crois que je suis amoureux. Si je ne l'étais pas, il y a bien longtemps que j'aurais lâché l'affaire, mais je ne peux pas me résoudre à baisser les bras. Lorsque je veux quelque chose, ou quelqu'un en l'occurrence, je l'ai et tu le sais très bien, mais le fait de ne pas l'avoir, elle, me frustre. Elle est loin d'être un objet alors le verbe "avoir" n'est sûrement pas approprié, mais j'aimerais tellement saisir la bonne méthode pour la séduire, pour lui plaire. Je la trouve inaccessible. L'année dernière, j'ai pris mon temps car on m'avait dit que c'était une fille très atypique, particulièrement difficile, mais je l'avais déjà remarquée lors de ma première année. À cette époque, elle ne m'attirait pas du tout, et puis je ne pensais pas tant que ça aux filles, ça ne m'intéressait pas plus que ça. Et me voilà, deux ans plus tard... raide dingue d'elle, au point de te demander des conseils. Penses-tu que si j'avais intégré Poudlard la même année qu'elle j'aurais eu beaucoup plus de chance ? Sois honnête cette fois... Le pire dans tout ça, c'est que Scorpius est beaucoup plus proche d'elle que je n'ai pu l'être en un an. Je ne sais pas comment il a fait... Peut-être est-ce à cause de moi et de ce que j'ai dit ce jour-là sur le quai ? Devrais-je lui demander de lui glisser des éloges sur moi ou est-ce que mon idée est stupide ? Je suis dé-ses-pé-ré... J'ai tout essayé avec elle, mais rien ne marche. Peut-être en fais-je trop ? Le plus déprimant dans cette histoire, c'est que les Écossais ont l'air de beaucoup lui plaire... J'avais déjà assez de concurrence avec quasiment tous les garçons du château, particulièrement Edward Lupin et Hugh Londubat ! Mes chances sont vraiment ridicules. Je me sens naze ; et je ne sais pas vraiment le genre de relation qu'elle entretient avec eux, mais c'est de loin les seuls garçons qui arrivent à s'approcher d'elle, hormis son frère. Même Albus et James Potter, Rose et Suzane Weasley et Gracy Londubat sont proches d'elle. Je précise qu'aucun d'eux, à part Scorpius, n'est à Serpentard. Tu te rends compte un peu ? Au château, ils ont l'air tous si proches. Je me demande comment ils se connaissent tous. Je sais que les Weasley et les Potter sont cousins, mais Ted est un Lupin et Gracy et Hugh des Londubat. Esmée et Priam sont des Black. Tu crois que leurs parents se connaissent ? Serais-ce pour ça ? J'ai entendu dire que le parrain du père d'Albus et James était le demi-frère du père d'Esmée et Priam, mais j'ai peut-être mal entendu. J'ai déjà essayé de jouer au mauvais garçon, elle m'a trouvé ridicule. J'ai essayé de jouer les garçons non intéressés, et je me suis une nouvelle fois ridiculisé... Mon dernier recours maintenant, c'est Scorpius, mais mon instinct me dit que je vais de nouveau me ridiculiser devant elle. Peut-être faudrait-il que je m'inscrive au Tournoi des Trois Sorciers ? Tu n'aurais pas une astuce pour contourner la limite d'âge ? Je me demande si c'est une bonne idée, vu le discours de Mrs. Granger et du professeur McGonagall sur les fraudes... Ce n'est peut-être pas une bonne idée. Aide-moi Drago, je t'en supplie. Tu n'arrêtes pas de me raconter tes aventures au château, et toutes les filles avec lesquelles tu étais sorti. Comment faisais-tu ? J'attends tes conseils avec impatience.
Ton filleul préféré,
Bennett.
Drago ne put s'empêcher de rire après cette longue lettre. Bennett était confronté pour la première fois à une impasse amoureuse, mais il ne savait pas comment conseiller le jeune homme. Il avait des arguments et des techniques de drague à lui donner, mais ce n'était pas le réel problème. Le problème, c'est qu'il avait vu Esmée, et le peu qu'il avait vu d'elle était très impressionnant. Il se disait que s'il était à la place de Bennett, lui non plus ne saurait que faire. Qui sont ces deux enfants ? se demandait-il.
Drago se glissa sous ses draps, prêt à s'endormir, mais dès qu'il ferma les yeux, des bribes du passé lui sautèrent en plein visage. Il se souvenait de ce matin où lui et Hermione avaient presque couché ensemble. Il se souvenait de sa compagnie les week-ends et de leurs fréquentes disputes. Et il se souvenait de lundi dernier. Il avait revu Hermione. Elle était si belle. Son cœur s'emballa et il posa une main dessus. Cela faisait quinze années qu'ils ne s'étaient pas revus et la belle brune arrivait encore à faire battre son cœur. Le pire, c'était qu'il battait beaucoup plus fort encore à présent que dans le passé. Il avait l'impression que la revoir avait ravivé la flamme éteinte au fond de son être, et en plus de ça, elle s'était amplifiée pour brûler de mille feux. Il se leva et se dirigea vers la salle de bain, afin de rafraîchir son visage, avant de se recoucher.
- Ça va, chéri ? demanda son épouse.
- Oui, oui. Ne t'en fais pas... rendors-toi.
Drago ferma de nouveau les yeux et un frisson le parcourut. Il se rendait compte qu'il était encore éperdument amoureux d'Hermione Granger et ça l'énervait au plus au point, car il ne lui avait toujours pas pardonné de ne pas avoir été là lorsqu'il avait tant voulu qu'elle le soit.
~*~
- Hermione, dépêche-toi, on va être en retard...
- Je ne trouve plus la parure qui va avec ma bague incrustée de fragments de pierre de lune. Sais-tu où elle se trouve ?
- Sur le comptoir de la salle de bain, tu l'as laissée trainer là tout à l'heure.
- Ah ! cria-t-elle. Je l'ai.
Elle descendit les escaliers en vitesse et sauta presque dans les bras de Marius.
- Merci de m'avoir attendue !
- Merci de nous avoir mis en retard, dit-il en déposant ses lèvres sur son front.
Ils arrivèrent chez les Potter quelques minutes plus tard. Tout le monde était déjà arrivé : le couple de Ron et Gabriella, et celui de Neville et Hannah.
- Ne me dites pas que vous êtes encore en retard parce que tu as passé trop de temps sous la douche, Marius ? demanda Ginny, un air taquin.
- Je ne te le dirais pas puisque ce retard est à cause d'Hermione et de sa parure en pierre de lune.
- Un classique, lâcha Neville en souriant.
- Comment tu vas, Neville ? Je ne t'ai pas vu le jour de la rentrée des enfants, fit Hermione.
- Nous n'étions pas là, dit Hannah. Ils y sont allés comme des grands.
- C'est vrai ! Harfang est en cinquième année, si je ne me trompe pas.
- C'est ça, confirma Neville. Et Gracy en quatrième année, comme Priam, Esmée et Teddy. J'espère qu'ils ne feront pas trop de bêtises tous autant qu'ils sont.
- Tu espères pour rien, Neville, fit Ron, portant son verre de vin rouge à la bouche. Tu oublies que les petits ont fait leur entrée à Poudlard...
- C'est vrai, tu oublies trop vite, Neville, ajouta Marius. À six, ils arrivaient à nous faire tourner la tête, et cette année, Rose et Albus sont de la partie... Attends-toi à battre ton record de convocation dans le bureau de McGonagall.
- Je m'attends au pire, soupira Harry. Je ne me suis toujours pas remis des imbécilités de James. Comment peut-il être aussi imaginatif ?
- Je me demande comment tu peux encore te poser la question, répondit Ginevra en le fixant avec des yeux ronds.
Hermione et les autres rirent aux éclats. Il est vrai qu'elle aussi se demandait comment Harry pouvait se poser la question. Il est évident que son fils tenait de lui, et de lui seul pour le coup.
Le dîner se déroulait dans une ambiance plus que conviviale. Ces repas de famille étaient comme une tradition pour eux. En temps normal, les enfants y assistaient aussi, mais cette année, il n'y avait presque plus personne à part Hugo, à peine âgé de neuf ans. Lorsque les enfants étaient là pendant les vacances, ce genre de soirée était encore mieux, mais lorsqu'ils n'étaient pas là, c'était tout aussi avantageux car ça laissait l'occasion à leurs parents pour parler de sujets d'adultes.
Hermione sortait des toilettes. Avant de descendre en bas, elle jeta un coup d'œil dans la chambre de James, pour voir si Hugo dormait bien. Le fils de Ron était vraiment très mignon ; et dormait à point fermé.
- Alors ? demanda Gabriella.
- Il est entre les bras de Morphée.
Les deux femmes se sourirent.
Hermione s'assit sur l'une des chaises hautes du minibar du salon.
- Dis-moi ?
- Je t'écoute, fit la belle brune.
- Quand allez-vous enfin vous marier ?
- Gabi... souffla Hermione.
- C'est fou ça quand même, dit la jolie blonde en reposant son cocktail.
À chaque fois qu'on vous pose la question, et ce depuis des années, j'ai l'impression que le sujet est toujours aussi sensible avec vous.
- Il l'est, Gabi. Je ne crois pas me marier un jour avec Marius... Être fiancés signifie déjà beaucoup.
- Oui, mais ça ne pose pas de problèmes aux enfants au moins ? demanda Ginny, qui elle savait que sa meilleure amie aimait toujours Drago.
- Pas le moindre.
- Je reviens, dit Gabriella.
Elle sortit de la pièce.
- Hermione ! Dis-moi ce qui se passe.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, tu sais très bien que je n'aime pas lorsqu'on me pose des questions sur ça...
- Je sais, mais tu réagis bizarrement ce soir. Vous vous êtes disputés avec Marius ?
Hermione resta silencieuse un petit moment, et lorsqu'elle ouvrit la bouche pour expliquer à Ginny le pourquoi du comment, Gabriella rentra de nouveau dans la pièce, suivie d'Harry, Neville, Hannah, Ron et Marius. Ce dernier attrapa la main d'Hermione et se laissa tomber dans l'un des fauteuils en cuir du salon, entraînant Hermione sur ses genoux.
- Je suis désolé, murmura-t-il à ses oreilles. Je suis désolé pour tout ce que j'ai dit tout à l'heure.
Hermione lui caressa la mâchoire et le gratifia d'un sourire presque douloureux.
- N'aie plus jamais de doute concernant ce sujet-là, Marius, chuchota-t-elle. Ce sont mes enfants et les tiens, ne doute plus jamais de cela. Et, s'il-te-plaît, ne doute pas non plus de notre amitié. Si un jour on se sépare, on ne sera jamais loin l'un de l'autre parce que... tu m'as sauvée, Marius, vraiment.
Le grand brun ténébreux acquiesça et déposa ses lèvres sur la bouche de sa « fiancée ».
Hermione et Marius s'étaient disputés le matin même. Pour cause, les enfants. Hermione avait beau avoir rassuré Marius en début de semaine, le beau brun ne l'était pas pour autant. Il se disait que, maintenant que Priam et Esmée avaient rencontré pour la première fois leur père, Drago, peut-être voudraient-ils prendre leurs distances.
Et ça, Marius ne pouvait le supporter ; il ne pouvait supporter de perdre de nouveau ses enfants. Effectivement, Marius Black, ou plutôt connu sous le nom de Sirius Swan, avait été marié et papa à l'âge de dix-huit ans. Il s'était marié à une Sang-mêlé du nom de Lorenne, juste après avoir eu ses ASPIC à Dumstrang. Ils avaient eu une petite fille prénommée Valériane, et malgré le fait que la guerre soit finie, un petit groupe de Mangemorts avait terrorisé la petite ville où ils habitaient, lui, sa femme et sa fille, à peine âgée de un an.
Ce jour-là, Sirius Swan avait tout perdu, sa fille, sa femme, sa maison. Tout. Ses parents avaient fui au Pays de Galle et il s'était retrouvé seul et désemparé. Il avait même réfléchi à mettre fin à ses jours, mais au lieu de ça, il avait pris la décision de retrouver les membres de sa lignée et il avait fini par rencontrer Andromeda, qui l'avait accueilli à bras ouverts, quelques mois avant l'accouchement d'Hermione.
Lorsqu'Andromeda lui avait proposé d'aider Hermione et ses bébés et de vivre avec elle, ça avait été comme une deuxième chance pour lui. C'était comme si le grand Merlin avait entendu ses gémissements de douleur. Il savait qu'Hermione aimait Drago, mais ça ne le dérangeait pas parce que lui ne se sentait pas capable d'aimer quelqu'un d'autre que Lorenne, sa défunte femme ; et si un jour Hermione et Drago devaient se retrouver, il laisserait les choses se faire car il aurait aimé qu'on lui rende sa femme. L'amour, le grand, le véritable, l'incorrigible... Il y avait déjà goûté et il savait que plus jamais il ne ressentirait ce goût sucré qu'avait Lorenne.
Tout ce qu'il voulait, c'était qu'on ne lui enlève pas sa relation avec Hermione et surtout celle avec les jumeaux car, pour lui, élever les jumeaux était toute sa vie. Être père, c'était sa deuxième chance de vivre.
Son amitié avec Hermione et sa relation avec ses enfants étaient sa raison de vivre. On lui avait offert des enfants et il ne pouvait se résoudre à ce qu'on les lui enlève une deuxième fois ; il ne le supporterait pas et Hermione l'avait compris lorsque que, ce matin, elle avait découvert pour la première fois en quinze ans ce que renfermait le passé de Marius et elle en avait été profondément attristée. Ils ne s'étaient pas reparlé de la journée, avant ce soir.
~*~
- Drago, tu comptes revenir à quelle heure ?
- Je ne sais pas, ça dépendra de la durée de la sélection des trois Champions.
- Pas trop tard, j'espère, dit-elle en posant une de ses mains sur les fesses de Drago.
Ce dernier se sentit mal à l'aise face à ce geste. Elle était sa femme et, en temps normal, lorsqu'elle faisait ça, ça excitait beaucoup Drago. Pourtant, à cet instant, l'effet contraire se produisait, il se crispait entièrement.
- Pas aujourd'hui, dit-il en posant sa main sur le poignet de sa femme, afin qu'elle retire sa main.
Elle soupira et s'assit sur le lit.
- Ça fait une semaine que tu ne m'as pas... touchée. Qu'est-ce qui se passe ?
- Je suis juste fatigué à cause du travail. J'y vais, passe une bonne soirée, chérie, dit-il en déposant rapidement ses lèvres sur celles d'Astoria.
Arrivé au château, Drago fut accueilli par McGonagall.
- Mr. Malefoy, je dois tenir un petit discours avant de revenir vous chercher. Je vous prie de bien vouloir attendre Mrs. Granger et Mr. Black, ainsi que Mr. Potter qui, comme vous le savez, est le chef des Aurors.
- Génial ! ironisa-t-il en roulant des yeux.
Granger ? Alors elle n'était pas mariée. Quelques minutes plus tard, Hermione apparut dans la pièce. Ses yeux se plongèrent dans ceux de Drago et il eut l'irrésistible envie de lui sourire et de la prendre dans ses bras, afin de sentir son souffle chaud sur sa poitrine, mais il ne pouvait pas, et surtout, il ne voulait pas céder à ses pulsions sentimentales. Selon lui, elle avait tout fait pour que leurs destins soient tels qu'ils l'étaient maintenant, et que leurs chemins ne se croisent pas. Elle les avait laissés, lui et son amour, et ça, il ne pouvait lui pardonner.
- Granger, finit-il par dire d'un ton sec.
La jeune femme s'approcha du grand blond pour se positionner devant lui.
- Drago...
- Malefoy, rectifia-t-il.
- Drago, j'aimerais t'expliquer...
- M'expliquer ? Tu ne crois pas avoir eu le temps pour ça ? Quinze années, ce n'était pas assez, c'est ça ?
Hermione ouvrit la bouche mais la referma immédiatement lorsque qu'une autre personne apparut dans la pièce. C'était Marius Black. Il serra la main à Drago et déposa un baiser sur le front de sa femme, après avoir hésité quelques secondes. Malefoy plissa les yeux ; il se demandait à quel point ses deux là étaient proches. Elle lui avait déjà dit qu'ils étaient mariés, mais cette idée s'était vite échappée de son esprit. Là encore, ses doutes se confirmèrent puisque Hermione s'appelait toujours Granger. Mais la question qu'il se répétait était : à quel point ces deux la étaient proches ?
- Mr. Malefoy. Décidément, nous nous voyons beaucoup cette semaine.
- Plus que jamais à vrai dire. Je ne crois pas vous avoir vu lors de la cérémonie d'ouverture du Tournoi des Trois Sorciers.
- Non, confirma Marius. Mr. Potter n'était pas là non plus. Nous avons quand même pu compter sur vous et notre Ministre des Jeux et Sports magiques. Vous devez sans doute l'avoir aperçu. Nott, Théodore Nott.
Drago échangea un regard très court avec Hermione. Puis, elle baissa les yeux vers le sol.
- Effectivement, c'était un vieil ami. Je ne l'avais pas vu depuis plus de dix ans.
- Vraiment ? Que le monde est petit, dit Marius.
- N'est-ce pas, termina Drago.
Harry arriva cinq minutes plus tard, alors que Marius et Hermione étaient plongés dans une conversation à voix basses. Drago réfléchissait énormément et il finit par penser à son fils et son filleul.
McGonagall vint les chercher pour assister au dépouillage. Ils s'assirent tous sur une longue table, devant une assemblée d'élèves. Seule l'immense Coupe bleue les séparait d'eux.
- Le champion de Beauxbâtons est Émilie Dujardin.
Des applaudissements distincts retentirent.
- Le champion d'Highland est Jamie O' Sullivan.
Les élèves applaudirent de nouveau, les Écossais se levant pour clamer haut et fort leur joie.
- Pour finir, le champion de Poudlard est...
Hermione et Marius se regardèrent. Ils espéraient ne pas entendre le prénom d'un des jumeaux dans la bouche de McGonagall. Marius avait envoyé une beuglante à Priam pour lui rappeler de ne pas mettre son nom dans la Coupe. Drago, quant à lui, avait juste une envie : que tout cela se finisse vite pour aller prendre des nouvelles de son fils et le serrer dans ses bras. Il est vrai que ça faisait un peu plus de deux semaines que son fils n'était plus à la maison, et il lui manquait terriblement.
- Matthew McMillan. Félicitations. À présent, nous avons nos trois Champions. Les épreuves débuteront la semaine précédant la première journée des vacances d'Halloween. Vous êtes libres à présent. Tâchez de profiter de votre week-end à bon escient.
Drago se leva et il fit signe à son fils, qui accourut vers lui lorsque la salle commença à se vider.
- Alors, fiston, cette nouvelle semaine commence bien ? demanda Drago en serrant fort son fils dans ses bras.
- Mieux que la semaine dernière. Je me suis fait quelques amis...
- Je suis content de l'entendre.
- C'est grâce à Esmée. Si tu savais, Papa, elle est si gentille avec moi. Je me sens vraiment moins seul chez les Serpentard quand elle est là. Et dès que son frère Priam a un instant, il m'aide en potions alors que c'est un Gryffondor, et il discute de Quidditch avec moi.
- Vraiment ? Ne t'attache pas trop à eux, veux-tu...
Drago trouvait ça étrange. Lorsque son fils décrivait la jeune Serpentard, il ne pouvait cacher son scepticisme, et elle semblait si généreuse tandis que, lorsque son neveu parlait d'elle, elle avait l'air d'être une vraie garce. Joue-t-elle un double jeu avec mes petits ? se demandait Drago. Était-elle comme Astoria l'avait décrite ? Faisait-elle semblant d'être adorable avec Scorpius pour... N'importe quoi. Tu délires, Drago, se disait-il.
- Mmh. Maman va bien ? Et grand-mère Narcissa ?
- Elles vont bien toutes les deux, répondit son père. D'ailleurs concernant les sucreries...
- Drago !
Ce dernier se retourna et fit face à son filleul, qu'il serra virilement dans ses bras.
- Tu n'as pas l'air si désespéré que dans ta lettre.
- Je ne vais tout de même pas le montrer à tout le monde... Déjà qu'ils me taquinent tous à cause de tous les arrêts qu'elle me met, alors montrer que je déprime... Il ne manquerait plus que ça.
- La douche au jus de citrouille de ce matin était-elle rafraîchissante ? demanda Scorpius. Tu aurais dû voir ça, Papa : ce matin, Esmée a littéralement renversé son verre de jus sur les cheveux de Bennett parce qu'il a osé dire à tous les Serpentard qu'elle et lui avaient passé la nuit ensemble dans la salle de bains des Préfets.
- La ferme, Scorpius, siffla Bennett.
- Débile.
Malefoy les toisa méchamment tous les deux.
- Je peux savoir ce que vous me faites là ? Depuis quand vous vous disputez ? demanda-t-il d'un air menaçant.
Scorpius baissa les yeux et Bennett regarda dans une autre direction.
- Je suis désolé, fit Scorpius. Je...
Le petit n'eut pas le temps de finir sa phrase que son cousin se prit un poing en pleine face.
- Hugh ! crièrent plusieurs personnes à l'unisson.
Les deux jeunes gens étaient prêts à se battre, alors Drago se mit entre eux. Puis, il vit Hermione, Marius, les jumeaux et un grand garçon aux cheveux d'un brun très clair, avec des mèches de couleurs grise et bleue.
- Espèce de salaud ! s'exclama Hugh.
- Ah je vois... Le petit-ami à la rescousse ! dit le jeune Zabini en rigolant, la lèvre inférieure saignante. Je me demandais bien quand tu allais intervenir.
- Tu...
- Ça suffit ! grogna Drago.
Marius rejoignit Malefoy.
- Je n'aime pas vraiment que l'on raconte tout et n'importe quoi sur ma fille, mais ce n'est pas une raison pour que tu te conduises ainsi, jeune homme, dit-il à l'attention de Hugh.
Bennett devint légèrement rose.
- C'est-à-dire, Mr. Black, commença Scorpius, que Bennett aime beaucoup, beaucoup... Enfin... énormément votre fille, et il ne sait pas trop comment s'y prendre avec elle, alors des fois, il fait tout et n'importe quoi pour attirer son attention. Il pète un peu des câbles...
- Comme hier soir, le coupa Bennett, quand j'ai lancé cette rumeur... Je ne voulais pas la blesser, c'était la dernière chose que je voulais. Je suis profondément désolé, fit Bennett en grinçant des dents.
- Tu es très courageux de prendre la défense de ton cousin ainsi, Scorpius. Ça doit sans doute être le côté Black qui est en toi.
- C'est vrai, c'est très gentil de ta part, fiston, dit Drago en posant une main de poigne sur l'épaule de son fils. Quant à toi, attends-toi à recevoir une beuglante de ta mère, parce que je compte bien lui raconter ce que tu viens de faire. Conduis-toi comme digne de l'éducation que tes parents t'ont donnée, Bennett Parker Svenn Zabini !
- Et ose encore une fois raconter quoi que ce soit sur Esmée, et je te changerais en rat, petite vermine de Serpentard, siffla Hugh, qui échangea un regard rempli d'éclair avec Bennett.
Drago se dirigea vers Hermione et les jumeaux.
- Bennett peut parfois...
- Se conduire en parfait idiot ? coupa la jeune blonde. Je sais, vous n'avez pas besoin de jouer le parrain moralisateur, siffla Esmée d'un ton sanglant que Drago n'avait pas du tout apprécié.
- Surveille le ton que tu emploies, jeune fille ! s'exclama Hermione avec la fermeté d'une mère.
- Une jeune fille de ton âge ne devrait pas s'adresser à quelqu'un de mon âge de la sorte, siffla Drago à son tour, tout en gardant un ton calme.
- Et je peux savoir ce qu'est un homme comme vous ? Un lâche, peut-être ? Un faible ? Un incapable ? Un...
- Esmée ! dit son frère. Tais-toi maintenant.
- Ça suffit, dit Hermione.
- J'attends ? Vous avez perdu votre langue ? continua la belle blonde.
Hermione prit la jeune femme par les épaules afin de la tourner vers elle.
- Tu arrêtes maintenant ! Quand je te dis ça suffit, ça suffit, Esmée. Je n'aime pas que tu me désobéisses et que tu sapes mon autorité de la sorte, lâcha Hermione, le ton tellement dur que toute la pièce se gela. Tu vas lui présenter des excuses immédiatement pour le ton que tu viens d'employer.
- Mais Maman...
Hermione lui lança un regard si méchant et intense que Drago eut presque pitié pour la jeune Esmée. Il ne voudrait pas se retrouver à sa place en ce moment. Cependant, quelque chose le préoccupait, qui le laissait comme pétrifié. Est-ce qu'elle a bien dit « Maman » ? se demandait-il. Alors Hermione était vraiment... Et elle avait des enfants ? Tout se bousculait dans sa tête et un énorme sentiment de jalousie lui envahit la poitrine. S'il se fiait à ce dont il se souvenait, c'était évident que, depuis le début, la femme de Marius était Hermione.
- Ce sont tes enfants ? demanda-t-il tout de même, pour en avoir le cœur net.
Hermione leva les yeux vers Drago, et leurs regards se plantèrent l'un dans l'autre.
- En effet. Je suis leur mère et... Marius leur père.
Cette phrase résonna tel un écho dans les oreilles du milliardaire. Il était vrai que, lorsqu'il regardait la mère et sa fille, la ressemblance était frappante, si frappante qu'il se sentait idiot de ne pas y avoir fait attention avant. Drago tenta de garder un visage de marbre face à la révélation qu'on venait de lui faire. Il fallait impérativement qu'il parle à Hermione, seuls, en tête à tête.
- Excusez-moi Mr. ... Malefoy.
La jeune fille allait quitter la salle, mais avant, elle se retourna en direction de Drago et jeta un coup d'œil derrière lui.
- Tu viens, Scorpius ? Nous ne devrions pas traîner.
- On se voit dans quatre semaines, Papa, fit son fils en fourrant sa tête dans le ventre de son père.
Du haut de ses onze ans, Scorpius était d'une taille moyenne. Drago acquiesça et vit son fils se blottir dans le bras de la fille d'Hermione. Il fut presque choqué de voir le ton qu'elle prenait avec son fils, se souvenant du ton avec lequel elle lui avait parlé.
- Teddy, Priam et Hugh, allez-y vous aussi, je ne veux pas que vous vous fassiez sanctionner, lâcha Hermione. Et je ne veux pas recevoir de lettre de McGonagall m'annonçant que vous avez utilisé un sort quelconque sur qui que ce soit. Sinon, vous passerez les vacances d'Halloween les plus terribles de votre vie. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ?
Les trois garçons acquiescèrent.
- Je vais y aller aussi, lâcha Bennett. Je tenais à m'excuser une nouvelle fois pour mon comportement envers votre fille, Mr. Black et Mrs. Granger. Cela ne se reproduira plus.
- J'espère bien, racla Hermione. Et tâche de ne pas raconter à tout le monde que tu as rencontré les parents de Priam et Esmée.
Il acquiesça, et Drago transplana sans même dire au revoir.
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