35. Retrouvaille

Elle avait eu le souffle coupé et l’envie soudaine de prendre ses jambes à son cou s'était fait ressentir tout le long de son corps. Elle avait alors ouvert la bouche, mais elle l'avait refermée aussitôt, de peur de bégayer ; alors la seule chose qu’elle trouva à faire fut de faire demi-tour, afin de sortir du restaurant et de transplaner à son bureau. Voilà ce qu'Hermione avait fait lorsqu'elle avait plongé ses yeux dans le regard surpris de Drago Malefoy. Il avait  changé. Ses yeux étaient toujours d'un bleu acier profond et ses cheveux étaient toujours aussi blonds ; cependant, ce n'était pas le même homme.

Il était plus grand, beaucoup plus grand, et il faisait vraiment plus mature qu'il y a quinze ans. En même temps, il a trente-trois ans maintenant, et si Marius l'a croisé ce matin sur le quai de la voie , cela signifie qu'il est venu accompagné de son ou ses enfants, se disait Hermione. Elle savait qu'il s'était marié, et il devait sûrement vivre dans un manoir à la hauteur de sa fortune.

Il avait bâti son entreprise, Drago Flamey, spécialisée dans beaucoup de domaines. Elle ne cessait d'en entendre parler, même lorsqu'elle voyageait pour son travail ; et la jolie brune voyait toujours beaucoup d'articles sur lui et certains sur sa vie privée, dont l’un d’eux s’intitulait Drago Malefoy et Astoria Greengrass.

Celui-ci l’avait beaucoup marquée, bien entendu. En temps que Ministre de la Coopération magique internationale, Hermione était souvent conviée à se déplacer en dehors du Royaume Uni.

Quelqu'un frappa à la porte et elle vit la silhouette de Marius apparaître à travers l'embrasure de celle-ci, sur laquelle il s'adossa.

-       Tu aurais pu réagir d'une manière plus... plus... Moins flagrante.

Hermione se laissa tomber sur son fauteuil de bureau. Marius ferma la porte derrière lui et vint s'asseoir sur le bureau qui était en réalité non celui de sa « femme », mais celui de sa meilleure amie. Lui et elle n'avaient jamais ressenti plus que des sentiments amicaux l'un envers l'autre depuis leur rencontre, quatorze ans plus tôt. Évidement, ils avaient déjà eu quelques rapports très, très intimes, mais jamais l'un ou l'autre n'avait ressenti le sentiment de l’amour. Ils s'étaient mis d'accord de faire croire aux yeux de toute personne hors de leur cercle familial ou amical qu'ils étaient mariés, et seuls leurs proches savaient qu'ils ne l'étaient pas.

Hermione et Marius leur faisaient tout de même croire qu'ils étaient fiancés. Seuls les jumeaux étaient au courant de la vérité, c'étaient les seules personnes avec qui ils avaient décidé d'être honnêtes à propos de tout.

Hermione et les jumeaux étaient tout pour lui. Il considérait Priam et Esmée comme ses enfants, et il tenait à eux presque plus qu'à Hermione, puisque les enfants passaient avant tout. Pour lui, c'était sa propre progéniture. Il était attaché à eux comme il était attaché à leur mère.

-       Tu sais, c'était la première fois que les enfants rencontraient Drago.

-       Ils l'ont vu ? demanda Hermione en se redressant immédiatement.

-       Bien sûr. Ce n'était pas prévu mais nous sommes allés lui parler.

-       Pourquoi ?!

-       Parce que Priam me l'a demandé. Tu sais comment il est, depuis qu'il a six ans, il attendait ce moment où il verrait enfin son père en chair et en os. 

-       Nous n'aurions jamais dû leurs dire que Drago est leur père...

-       Si ! s'exclama Marius. Nous avons bien fait. Je n'aurais pas supporté qu'il me haïsse en l'apprenant plus tard. Là, ils ont eu le temps de grandir dans la confidence. 

-       Comment il a réagi ? 

-       Qui ? Drago ? demanda Marius.

-       Non Priam...

-       Et bien, il n'a pas arrêté de le dévisager, ce qui lui donnait un air très insolent. C'était même assez drôle de voir Drago et Priam s'affronter tels un père et son...

Il s'arrêta, ne pouvant finir sa phrase.

-       Quoi qu'il arrive, Priam sera toujours ton fils, Marius, dit Hermione en déposant sa main sur celle de son compagnon. Tu sais très bien et tu vois très bien à quel point il t'aime.   

-       Je sais... 

La belle femme baisa la main de Marius puis elle déposa sa deuxième main dessus.

-       Et Esmée ? Comment a réagi Esmée ?

-       Drago a un fils qui s'appelle... Je ne sais plus vraiment. Scorpion je crois. Le fait de tomber nez à nez avec son demi-frère a dû être déstabilisant pour elle, pour tous les deux d'ailleurs, mais sa réaction... Je ne saurais te l'expliquer correctement. Esmée est assez...

-       Spéciale, finit par le couper Hermione, un rictus aux lèvres.

-       Exactement, rajouta Marius après avoir ri un court instant. Le petit Malefoy était angoissé à propos de ne pas être admis chez les Serpentard, et elle lui a souhaité bonne chance.

La belle femme faillit s'étrangler avec sa salive. 

-       Elle a fait quoi ?

-       Ne t'emballe pas, elle a dit ça sur un ton vraiment très glacial qui lui est propre, comme tu le sais. Je me demande parfois si j'arriverais à supporter qu'elle s'adresse à moi de cette manière.

-       Moi aussi. Je crois que je ne le supporterais pas. Et, grâce à Merlin, merci, elle s'adresse de façon très chaleureuse avec nous.

-       Nous sommes ses parents. C'est normal. Elle agit comme ça avec les étrangers.

Après un long silence, Marius s'assit sur le canapé, en face de la cheminée du bureau d'Hermione et il l'obligea à venir la rejoindre. Il la fit tomber sur ses genoux et il déposa sa tête dans le creux de son cou.

-       Je suis si fatigué, souffla-t-il alors qu'elle passait sa main dans les cheveux noirs.

-       Mlle Granger ? J'ai votre courrier, dit sa secrétaire après être entrée dans le bureau sans frapper. Oh, désolée... Je ne voulais pas vous déranger, ajouta-t-elle en voyant sa patronne se relever rapidement des genoux de Marius.

-       Déposez-le sur mon bureau.

-       Tout de suite, Mlle. Votre réunion avec le Bureau de remplacement des elfes de maison pour le projet Cooking break a été reportée à demain, ce qui vous laisse plus de temps pour préparer le dossier. Kingsley est passé ; il voulait savoir si Mr. Weasley et Mr. Potter étaient ici. Enfin, vous êtes invitée au gala de charité de Soran et Parvati Velte, qui aura lieu jeudi, c'est-à-dire dans deux jours. Oh j'oubliais ! Mr. Nott est aussi passé ; il voulait régler certains détails à propos du dossier TDTS, parce qu'il doit s'absenter toute la journée.

-       Merci Pénélope, vous pouvez sortir. Et la prochaine fois, tâchez de frapper avant de faire irruption dans mon bureau. Je vous en remercie à l'avance.

La secrétaire acquiesça avant de sortir, les joues rosies.

-       J'ai du travail moi aussi, alors je vais te laisser. On se voit à la maison, dit-il en lui embrassant le front.

Elle lui sourit et il disparut à travers la cheminée, après avoir laissé tomber de la Poudre de Cheminette à ses pieds.

Hermione s'assit à son bureau puis ouvrit le dossier TDTS. En effet, elle avait été choisie pour organiser le Tournoi Des Trois Sorciers, qui aurait de nouveau lieu cette année à Poudlard. Cela ne la réjouissait pas du tout.

Elle aurait pu s'estimer heureuse que ses enfants n'aient pas l'âge de participer au Tournoi, mais elle savait très bien que Priam tenterait de s'y inscrire. Puisqu'il avait hérité des mêmes pouvoirs que sa mère, il n'aurait aucun mal à contourner le sortilège qui protège la Coupe et Hermione le savait. La seule chose quelque peu réjouissante était qu'elle collaborait avec le directeur du Département des Jeux et Sports magiques, Théodore Nott.

Cet été, lors du congrès international entre la France, l'Écosse et l'Angleterre, Poudlard avait encore été choisi pour accueillir ces jeux, qui pouvaient s'avérer être mortels. La Bulgarie avait décidé de ne pas y participer cette année, et à la place, l'Écosse avait accepté d'en être pour la première fois depuis plus de cent cinquante ans. 

-       Oui ? fit Hermione à travers la porte lorsque quelqu’un toqua à celle-ci.

-       Une personne veut vous voir mais elle n'avait pas rendez-vous avec vous. C'est un des rendez-vous de Mr. Nott.

-       Je suis occupée, Mina. Dites-lui de prendre un rendez-vous avec moi et de revenir par la suite. Ou d'attendre que Théodore revienne.

-       Il insiste, Mlle, et il souhaite que ce soit réglé maintenant, car il sera trop occupé par la suite, dit la secrétaire après un bref instant de silence.

Hermione soupira longuement.

-       Faites-le entrer.

Elle se replongea quelques secondes dans le dossier jusqu'à ce qu'elle sente une présence, quelqu’un qui l’observait. Elle tourna sa tête en direction de la silhouette dans l'embrasure de la porte et son souffle se fit court une seconde fois, en moins de deux heures.

Les deux protagonistes se fixèrent pendant de longues minutes. C'était comme s'ils se découvraient pour la première fois. Bien évidemment, c'était tout comme puisqu'ils ne s'étaient pas vus depuis très longtemps. Quinze ans pour être exact. La belle femme se décida à faire le premier pas.

-       Dra... Entre, je t'en prie. 
Le beau blond ne se fit pas prier une seule seconde, et vint s'assoir sur le fauteuil en face de celui où Hermione siégeait.

-       Il y a bien longtemps que nous ne nous sommes pas vus.

-       Effectivement, répondit-il, le ton dur. 

Elle entendait sa voix pour la première fois depuis des années. Elle était devenue plus grave et encore plus masculine. Elle le voyait deux fois dans la même journée alors qu'elle ne l'avait pas croisé une seule fois en quinze ans. Il faut dire qu'elle n'était revenue que l'année dernière de France, où elle avait travaillé pendant dix ans.

Toute la surprise dans le regard de Drago avait disparu. Il avait laissé place à un regard dur, perçant, et presque rempli de haine. Elle savait ce qui lui valait l'honneur d'un tel regard et se sentit très mal lorsqu'elle repensa aux événements passés. À cause d'elle, il avait été dans le coma un long moment.

Elle ne l'avait pas revu, elle n'était jamais allée le voir à Ste Mangouste. Pas une seule fois. Elle l'avait abandonné et laissé entre la vie et la mort sur un lit à l’hôpital sorcier.

-       J'ai entendu dire que le Ministre de la Coopération magique internationale était revenu travailler en Angleterre. Je présume que c'est vrai.

-       Effectivement.

-       Effectivement ? C'est tout ce que tu as à me dire ? 

-       Je ne n'ai rien à te dire, Malefoy. Aussi, j'aimerais que tu évites d'hausser le ton dans mon bureau.

Ils se toisaient durement, comme si la situation était grave. La vérité était qu'elle ne savait pas quoi lui dire.

-       C'est la première fois qu'on se revoit en quinze ans, et tout ce qu'on trouve à faire, c'est de nous disputer… dit Drago.

-       La vraie question est : est-ce que l'on va continuer sur cette voie ?

-       Tu sais ce que je fais ici, Hermione.

Elle frissonna. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas entendu son prénom dans sa bouche.

-       Si tu veux tout savoir, je n'ai pas d'explication à te fournir, Malefoy, dit-elle en touchant la bague incrustée de micros fragments de pierre de lune, qu'elle portait à l'annuaire de sa main droite. 

Drago Malefoy souffla, après avoir passé une main dans ses cheveux impeccablement bien coiffés.

-       Je suis ici pour discuter du Tournoi Des Trois Sorciers. Je finance la moitié de l'opération, il fallait donc que je passe voir notre cher Ministre des Jeux et Sports magiques, pour parler de certains points… enfin, mettre au clair certains points, mais il est absent, dit-il en grinçant légèrement des dents. 

-       Accio contrat. Il fallait juste une signature sur ces deux contrats de confidentialité car, comme tu le sais, tu assisteras aux trois nouvelles épreuves de cette année. 

Elle lui tendit une plume et il signa là où il le devait.

-       Tu n'as pas de question à me poser, ou de doutes concernant la sécurité mise en place cette année pour que le taux de mortalité reste au niveau zéro ?

-       Du moment que mon fils ne participe pas à cette saloperie.

-       J'ai cru comprendre qu'il n'était qu'en première année. Je ne vois pas comment il pourrait participer au Tournoi.

~*~

L'ambiance était très froide et sous haute tension. Il avait attendu le jour où il la reverrait depuis si longtemps, et il ne savait que faire à part la toiser glacialement. Il lui en voulait tellement. S’il avait pu, il lui aurait jeté mille Sorts impardonnables pour avoir osé s'être jouée de lui et avoir osé le laisser. Drago regarda Hermione tripoter sa bague, qui semblait ressembler à une bague de mariée.

Il repensa alors à ce matin, lorsque le jeune fils de Marius Black le défiait avec un regard insolent, son père avait dit que sa femme était en compagnie de Weasley et Potter. Du moins, c'est ce qu'il avait cru entendre. Serait-ce possible qu'elle soit mariée à lui ? se demanda Drago. À cet homme ayant autant d'argent et de pouvoir que moi. À mon grand-cousin. 

À cette pensée, son cœur fit un raté. Il ne pouvait s'imaginer qu'elle l'ait abandonné avant de tomber dans les bras de quelqu'un de mieux que lui, ou du moins, au même niveau que lui.

-       Jolie bague.

Hermione plissa les yeux. Il savait qu'elle savait qu'il essayait de déceler quelque chose en elle en lui disant cela. 

-       Ce sont des pierres de lune, à vue d'œil. Tu dois gagner énormément pour avoir le luxe de t'offrir ce genre de chose. Une bague comme celle-ci doit coûter environ quinze mille galions (=75 000£), n'est-ce pas ? Je doute que le salaire d'un Ministre, même en étant très bien payé, puisse t'offrir de telle chose.

-       Où veux-tu en venir ? 

-       Tu t'es mariée ?

-       En effet. J'ai lu il y a très longtemps dans un article de la Gazette du Sorcier que toi aussi. 

Un petit silence s'installa, jusqu'à ce qu'elle le rompe.

-       Astoria Greengrass, hein ?

Il hocha la tête lentement en croisant ses doigts sous son menton, les coudes en appui sur le bureau. Cela faisait quinze ans qu'ils ne s'étaient pas vus, et la seule chose à laquelle ils pensaient était de se jeter des piques.
Il la regardait comme s’il voulait la percer du regard.

En tout cas, elle n'avait pas changé ; certes, certaines formes beaucoup, beaucoup plus harmonieuses avaient pris place dans la constitution du physique d'Hermione, mais les traits de son visage n'avaient pas changé. Il aurait pu dire qu'elle avait vieilli et donc, par conséquent, pris des rides, mais pas du tout.

Elle faisait très mature, plus que lorsqu'elle avait dix-huit ans, mais elle rayonnait de jeunesse. S'il ne l'avait pas connue et qu'il l'avait croisée dans la rue, il l'aurait casée dans la tranche des dernières années de la vingtaine. 

-       Nous avons fini, tu devrais y aller. 

Drago était tout à fait d'accord. Il se leva et se dirigea vers la porte.

-       Tu passeras le bonjour à Marius de ma part, Mrs. Black, dit-il en grinçant légèrement des dents de nouveau, tout en refermant la porte derrière lui.

Il devait se l'admettre : Hermione était mariée à son grand-cousin et ça lui déplaisait à un point qui le surprenait lui-même. Qu'est-ce que tu croyais ? Que lorsque tu la reverrais, vous retomberiez dans les bras l'un de l'autre en oubliant les erreurs de l'un et de l'autre, alors que chacun a bâti une vie de son côté ? se disait-il ironiquement. Il était dégouté.

Il avait arrêté de penser à Hermione il y a bien longtemps maintenant, et il avait cessé d'être amoureux d'elle depuis longtemps. Du moins, c'est ce qu'il croyait puisqu'en la voyant entrer dans ce restaurant quelques heures auparavant, il avait cru que son cœur allait faire trois ratés d'affilée.

Il était encore amoureux d'elle, il ne pouvait pas oublier son vrai premier amour ainsi, mais il aimait Astoria avec ses bons et mauvais côtés car elle avait su, elle, rester à ses côtés pendant toutes ces années et elle avait donné naissance à son fils, qu'il aimait plus qu'il ne s'aimait lui-même.
Des bribes du passé lui revinrent en mémoire encore une fois, et il ne put s'empêcher de fermer les yeux en se remémorant sa bouche sur la peau laiteuse de la jeune femme, ses grains de beauté.

Le souvenir de cette douce et chaleureuse nuit s'encrait de nouveau sous ses paupières et il revivait l'instant comme s'il se déroulait une nouvelle fois.

~*~

-       Chéri, tu devrais y aller maintenant, tu vas être en retard pour la cérémonie de présentation du Tournoi. 

-       Je suis bien comme ça ? 

-       Tu es parfait, maintenant vas-y et embrasse Scorpius pour moi si tu en as l'occasion.

Il embrassa Astoria sur le front puis transplana à Pré-au-Lard, avant de transplaner une nouvelle fois à Poudlard, où il atterrit directement dans le bureau de la directrice. Un système de transplanage sélectif avait été mis en place pour permettre aux personnes extérieures au château mais concernées par le Tournoi de transplaner dans l'enceinte de l'école. Cependant, seules les personnes figurant sur la liste en avaient le droit. 

-       Mr. Malefoy. Bienvenue au château.

Il serra la main de la directrice.

-       Je vous en prie, c'est par là.

Elle l'accompagna dans une petite salle où se trouvaient les professeurs de Poudlard ainsi qu'Hermione, Madame Maxime, qui semblait avoir énormément vieilli, et le directeur de Highlands, l'école écossaise qui participera au Tournoi cette année, Mr. Bash. Il y avait aussi une autre personne, qui discutait avec Hermione dans le fond de la salle. Il était grand, brun avec quelques mèches blondes. Sa carrure lui disait quelque chose, mais il ne pouvait savoir qui il était tant qu'il n'avait pas vu son visage. En tout cas, tout ce qu'il pouvait voir, c'était qu'il faisait bien rire l'ex-Gryffondor.

-       Bien, le repas et la cérémonie d'ouverture vont commencer. Vous êtes priés de prendre cet escalier et de descendre jusqu'à la Grande Salle.

Tout le monde s'installa à table pendant que les festivités d’ouverture se déroulaient, impressionnant tous les élèves. Drago pouvait voir le visage de son fils s'illuminer devant les acrobaties des Écossais et la beauté des Françaises. Quant à Bennett, son filleul, il était comme ennuyé par le spectacle. Ou plutôt, il avait l'air malheureux et préoccupé par quelque chose. Il avait l’air pensif. Le regard du jeune homme croisa celui de Drago, et il détourna bien vite les yeux, en reprenant un air sûr de lui et fier.

-       Le Tournoi sera cette année financé par le grand entrepreneur, Drago Malefoy.

Drago se leva et salua les élèves en un signe de main, gardant toujours la tête haute. Avant de se rasseoir, il fit un clin d'œil à son fils, qui était assis à la table des Serpentard, juste à côté de son cousin.

-       Et par le grand Marius Black, qui n'a pas pu se libérer pour être avec nous en cette soirée festive. Nous pouvons tout de même applaudir haut et fort le Ministre des Jeux et Sports magiques, Théodore Nott.

Drago se figea pendant un instant. Tous ses membres se crispèrent. Alors que l'assemblée applaudissait, lui restait de marbre. Ça faisait douze ans qu'il n'avait pas entendu ce prénom. Sa relation, son amitié avec Théodore s'était terminée il y a plus de dix ans maintenant, et il ne l'avait plus jamais revu. Son ami était resté à ses côtés lorsqu'il était malade, ainsi que pendant sa rééducation.

Mais à chaque fois qu'il voyait Théodore, il voyait en lui l'être qui l'avait séparé de la femme qu'il aimait. Pour Drago, Théodore était la cause de cet incident, ce soir-là, et il ne pouvait plus supporter sa présence. Il avait alors mis un terme à leur amitié et ils s'étaient fait leurs adieux. Alors c'était lui, l'homme avec qui elle parlait ? C'était avec lui qu'il avait rendez-vous l'autre fois ?

Après le discours de McGonagall, lorsque tout le monde commença à manger, Drago se sentit observé. Il tourna la tête vers la table des Serpentard, et effectivement, quelqu’un l'observait bien. C'était la jeune Esmée ; elle le fixait d'une manière très neutre mais il avait l'impression qu'elle pouvait lire en lui et il n'aimait pas ça.

Il se demandait ce qui pouvait bien clocher chez ces enfants.

~*~

Hermione remarqua que sa fille ne cessait de regarder Drago et cela l'agaçait fortement. Elle se demandait bien à quoi elle pouvait jouer en le regardant ainsi. Après avoir mis au monde Esmée et Priam, il fallut quelques années à Hermione pour comprendre qu'elle arrivait à lire dans les pensées de ses enfants et à communiquer par télépathie avec eux. 

C'était l'un des nombreux grands pouvoirs dont elle était dotée et dont elle avait pris connaissance au fil des années. Il était vrai que lorsqu'elle avait emménagé avec Marius, Andromeda lui avait déjà raconté ce qu'Hermione était, qui elle était. Marius avait entrepris de l'aider du mieux qu'il le pouvait pour qu'elle développe et découvre toutes ses capacités. La bague incrustée de fragments de pierre de lune lui permettait de se contrôler. Ainsi, Priam et Esmée avaient eux aussi une pierre de lune, sous forme de pendentif, qu'ils ne pourraient jamais enlever de leur vie, si Hermione en décidait ainsi.

Cette dernière s'adressa à sa fille par le biais de la télépathie.

-       Esmée Lucya Malice Jane Granger ! s'exclama-t-elle fermement.
La jeune fille tourna immédiatement la tête vers sa mère.

-       Tu vas arrêter ça tout de suite. 

-       N'ai-je pas le droit d'observer mon père biologique ? demanda-t-elle d'un air insolent. 

-       Es-tu sûre de vouloir jouer à ça, jeune fille ? 

Esmée soupira légèrement.

-       Est-ce que je me suis bien fait comprendre ?! 

-       Oui Maman, répondit sa fille. 

-       Bien. Et dis à ton frère que je ne veux pas qu'il le fasse, lui non plus. Je ne sais pas à quoi vous jouez, mais je ne veux plus que cela se reproduise.

-       À quoi nous jouons ? demanda Priam, qui vint s'immiscer dans la conversation. 

Hermione tourna la tête vers son fils, assis à la table des Gryffondor.

-       Maman, tu ne sais pas l'effet que ça fait lorsque notre père biologique ne nous reconnait même pas. Je veux dire, regarde un peu Esmée : leurs yeux et leurs cheveux sont exactement de la même couleur. Moi, je ne tiens absolument rien de cet homme... Et puis, pourquoi ne nous entend-il pas lorsqu'on essaye de lui parler ?
Hermione ressentit la peine et l'énervement de ses enfants.

-       Il n'est pas comme nous. Il ne peut pas nous entendre, il ne peut pas nous parler, un point c'est tout. Ne vous accrochez pas à une cause perdue, les enfants. Vous n'en seriez que plus blessés, dit Hermione. Ça ne sera jamais le père que vous espérez qu'il soit.

-       Je n’espère rien de lui, clama Priam. Rien du tout. Mon père, c'est Marius. C'est lui, mon Papa, et ça ne changerait pour rien au monde. 

-       Bien dit, frérot, lança sa sœur en lui souriant à travers la salle.

-       Au fait, si l'un de vous deux aurait l'audace de mettre son nom dans cette foutue coupe, bien que cette année, le Tournoi est sécurisé, je le tue de mes propres mains. Compris ? 

Elle eut droit à un silence radio comme réponse, ce qui voulait dire : « Désolés Maman, on fait semblant de ne pas t'avoir entendue ». 

~*~

-       Notre fils va bien ? demanda Astoria.

-       Il a été admis à Serpentard, alors je suppose qu'il va on ne peut mieux. 
Sa femme posa sa tête sur le torse de son mari et lui caressa sa peau et ses poils fins. 

-       À quand la première épreuve ? 

-       Dans cinq semaines. Je suis soulagé que Scorpius n'ait pas l'âge de participer à ce genre de bêtises... La gloire éternelle... N'importe quoi.

-       Ça, tu l'as dit... Ça ne fait même pas vingt-quatre heures qu'il est parti et je me sens vide. Son absence se fait déjà ressentir.

Drago se tourna, dos à sa femme et ferma les yeux.

-       Au fait, tu ne trouves pas que les enfants de Marius Black sont... assez étranges ? 

-       Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

-       Je ne sais pas comment l'exprimer, mais ils dégageaient quelque chose de presque... terrifiant.
Sa fille m'a fait froid dans le dos. Comment une jeune fille aussi jolie peut-elle te faire ressentir ça ? J'avais l'impression d'être pitoyable et que, si elle le voulait, elle pourrait m'évincer de ce monde. Que si elle le voulait, elle évincerait tout le monde. Puis, lorsqu'elle a vu Scorpius... Lorsqu'elle a posé ses yeux sur lui... c'était comme si elle voulait le garder avec elle pour toujours et me l'enlever à tout jamais. J'ai eu l'impression de voir l'ange de la Mort en face de moi, Drago. Cette fille me terrifie et je ne suis pas rassurée de savoir que mon fils est dans la même maison qu'elle. 

Drago s'était redressé face aux dires de sa femme et il n'en revenait. Était-elle devenue folle ? Comment pouvait-elle penser cela d'une enfant de quatorze ans ? Il est vrai qu'elle était assez froide dans sa façon de communiquer avec les autres, mais de là à s'imaginer tout ça. Il trouvait qu'elle exagérait beaucoup la chose.

-       À mon avis, tu dois juste être triste que Scorpius soit parti. Ce que tu dis n'a strictement aucun sens. 

-       Drago ! Je te dis que cette enfant me terrifie. Les deux, même. Je n'ai peut-être pas la même vision des choses que toi, mais ne contredis pas ce que je dis ! Si tu avais vu la façon dont elle m'a regardée et dont elle l'a regardé lui, tu en aurais eu froid dans le dos. C'était comme si elle me voulait du mal.

-       Par Merlin, Astoria ! Tu te rends compte de ce que tu racontes ? s'étonna Drago. Je veux bien comprendre que ces enfants t'ont laissé une mauvaise impression parce qu'à moi aussi. Mais... L'ange de la Mort ? Vraiment ? Tu n’es vraiment pas croyable ! Tu devrais prendre un thé brûlant ou une douche bien froide pour te remettre les idées en place... dit-il, le ton rempli de sommeil. Maintenant, si tu veux bien, j'aimerais dormir ; j'ai une longue journée qui m'attend.

Sa femme le toisa d'un air très dur. 

-       Je n'aime pas la façon dont tu t'adresses à moi, Drago.

-       Bonne nuit, chérie. 

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