32. Histoire impossible
Il était tard et Drago fatiguait déjà. Ça faisait trois heures qu'il avait laissé Hermione, Blaise et Théodore chez lui. En arrivant au manoir, il s'était fait sermonner par sa mère, la mère et bien entendu le père d’Astoria Greengrass. Il avait eu envie de fermer le clapet de celui-ci à coup de baguette, mais il n'était pas en position de faire le malin, vraiment pas. Le repas se déroulait dans une tentative vaine de convaincre Drago d'épouser Astoria.
_Je préfèrerais encore épouser Daphné.
_Drago ! s'exclama sa mère.
_Drago ! s'exclama Daphné.
_Ne dites pas de bêtises, mon garçon. L'accord, c'était Astoria, et non notre fille aînée.
_Je n'ai jamais dit que je voulais l’épouser, ni l'une, ni l'autre. Quand allez-vous le comprendre ?! s'exclama Drago.
_Tu aurais dû y penser avant de coucher avec ma fille, dit Mr. Greengrass.
_Votre fille m'a suivi dans ma chambre alors que je ne lui avais rien demandé, et elle m'a couché sur mon propre lit. Je ne lui ai pas sauté dessus, c’est tout le contraire ; et, si vous voulez connaître mon avis, si elle a eu ce comportement avec moi, qui sait si elle ne l'a pas eu avec d'autres élèves du château. Je ne veux pas me marier avec une fille comme ça, lâcha-t-il avant de sortir de table, un verre de vin à la main.
Il était plutôt content de ce qu'il venait de dire, même s’il ne pensait pas le moindre du monde qu'Astoria était une fille qui pouvait coucher avec tout le monde.
Mais, lorsqu’il entendit les cris de la vieille Greengrass, il comprit que sa répartie avait marché. Le jeune homme avait pris un plaisir inouï à « retourner », en quelque sorte, la situation. Il faut dire que la jeune Astoria l'avait cherché.
Une femme amoureuse peut faire bien des bêtises, pensa-t-il.
Cette réflexion tourna ses pensées directement vers Hermione.
_ Drago Malefoy ! intervint une voix aiguë, le coupant brutalement dans ses pensées. Comment as-tu osé dire que tu préférerais m'épouser devant mes parents ? Tu veux vraiment qu'on se coltine l'un et l'autre pendant le reste de notre vie ? Tu es vraiment incorrigible. Ma mère est littéralement en train de recadrer ma petite sœur dans la salle à manger de ton manoir.
_Ta famille est cinglée, Daphné.
_Ta mère a sauvé la vie d'Harry Potter alors que ton père a déjà essayé de le tuer, et toi, tu n'es décidément plus comme avant ; et tu dis que ma famille est cinglée ?
_Comment ça, « je ne suis plus comme avant » ?
_Le Drago Malefoy d'autrefois m'aurait déjà hurlé dans les oreilles qu'il n'aime pas lorsque je touche à ses affaires sans sa permission.
Elle agita la plume dorée qu'elle tenait dans ses mains, et Drago lui bondit dessus en l'insultant d'idiote et en clamant à quel point cette plume était fragile.
_Ah, là je te retrouve. Ma sœur a vraiment agi comme une idiote, alors je ne t'en veux pas. Ce coup-ci, je suis de ton côté, mais... tu devrais vraiment réfléchir au mariage.
Le Serpentard soupira longuement et se laissa lourdement tomber sur son lit.
_Tu veux venir passer la soirée à la maison ?
_ Il est vingt-deux heures je te signale.
_ Blaise est là.
_Tu crois vraiment que c'est en me disant ça que je vais venir ? dit-elle après un court silence.
_Il me semble que, depuis que tu n'es plus avec cet abruti de Poufsouffle, lui et toi, vous vous êtes rapprochés, non ?
_Tout comme toi et moi sommes proches.
_Naturellement, ironisa le Serpentard. Alors, tu viens ? Il tendit son bras et la jeune femme posa sa main sur son poignet. Ils transplanèrent chez Drago mais, une fois arrivés devant la porte, Daphné s'arrêta momentanément.
_ Je pensais qu'il n'y avait que Blaise et Théodore, comme d'habitude ? C'est quoi tous ces rires.
Le Serpentard se le demandait aussi. Il était sûr que plusieurs personnes étaient venues chez lui et ses doutes se confirmèrent lorsqu'il franchit le seuil du salon.
_ Je ne te serais jamais éternellement reconnaissant car être éternellement reconnaissant n'est pas dans ma nature, alors si tu crois que je te laisserais gagner ce match de Quidditch, tu rêves, dit Blaise sur un ton mi amusé, mi moqueur.
_ Pas besoin de me laisser gagner, Zabini, Ron et moi pouvons te battre à plat de couture.
_Drago est plus rapide.
Il fut surpris de voir Potter et la jeune Weasley dans son salon, d’autant plus que ce dernier semblait bien s’entendre avec Blaise.
_ Je peux savoir ce que tu regardes, Weasley ? demanda Pansy, qui était adossée à un mur, près de la cheminée.
Drago venait juste de la remarquer.
_Ferme là, Pansy. T'es vraiment obligée d'être désagréable ? siffla Blaise.
_Je peux savoir ce que vous faites tous chez moi, à cette heure si tardive ? fit enfin Drago en s'avançant dans le grand salon.
Harry et Ginny étaient assis sur le grand canapé, en compagnie de Blaise. Daphné vint s’asseoir sur la table basse, juste en face de Blaise, le regard interrogateur.
_ Je ne savais pas que Granger, Potter et sa petite copine chérie venaient fréquemment chez toi ! s'exclama Pansy. Tu m'expliques ? lâcha-t-elle, sur un ton si méprisant que le cœur de Malefoy loupa un battement.
Jamais elle ne lui avait parlé comme ça et il se demandait ce qu'il pouvait bien lui passer par la tête pour qu'elle s’adresse ainsi à lui. En tout cas, ce dont il était sûr, c'était qu'il n'aimait pas ça du tout.
_J'ai bien entendu, là ? Comment est-ce que tu viens de me parler ? Elle ne dit rien et blêmit face à la réplique du Serpentard.Ne me reparle plus jamais sur ce ton, Pansy, c'est bien compris ?
Elle ne lui répondit pas et monta à l'étage. Daphné avait suivi du regard la jeune fille, tout le long de son ascension. Drago se doutait qu'elle devait se poser la même question que lui, à savoir : pourquoi employait-elle ce ton avec lui ?
_ Je vais aller lui parler, et après tu m'expliqueras ce qui se passe, Drago.
_Après ? Tu comptes passer la nuit ici ?
Elle acquiesça.
_Je ne compte pas rentrer maintenant sinon ma mère et mon père n'hésiteront pas à me blâmer pour avoir quitté le manoir en plein dîner... avec toi, dit-elle avant de monter.
Malefoy remarqua le petit regard que Blaise lançait à la belle Greengrass. Il la dévorait des yeux, comme il le faisait toujours depuis septembre. Il est vrai que Daphné était d'une beauté inouïe. Ses longs cheveux brun acajou ressemblaient à ceux de sa petite sœur, mais ses traits du visage et sa silhouette n'avait rien à voir avec ceux d’Astoria. Celle-ci avait encore une allure d’une fille de cinquième année, mais celle de Daphné était harmonieuse et volumineuse. Elle avait tout ce qui fallait là où il fallait, et, en plus de ça, elle était intelligente. Cette pensée le fit penser à Hermione. Encore. Elle aussi avait bien changé depuis son arrivée à Poudlard, et elle n'était plus cette planche à pain qu'elle était autrefois. Sa poitrine avait pris un peu en volume pour tenir dans sa main.
Il sentait ses oreilles rougir, alors il décida de concentrer son attention sur Potter et Weasley.
_Vous êtes venus voir Hermione ? demanda-t-il alors qu'il connaissait déjà la réponse.
_Oui, répondit Ginny. Nous ne pensions pas que tu ne serais pas là lorsque nous sommes arrivés, il y a une heure et demie.
_Je leur ai proposé de rester, ils sont plutôt... cools pour des Gryffondor. Puis, Pansy a débarqué il y a une vingtaine de minutes. Tu connais Pansy, hein... Quand elle veut, elle peut s'énerver très vite, et apparemment, elle n'apprécie pas que tu lui ais caché le fait qu’Hermione vive ici.
Le Serpentard souffla, avant de se rendre compte qu'il n'avait vu ni Théodore, ni Hermione, depuis qu'il était rentré. De plus, toute cette agitation l'agaçait car il était fatigué. Il pensait, qu'en rentrant chez lui, il aurait eu une petite discussion avec Daphné et Blaise devant la cheminée, comme il avait l'habitude de le faire pendant les vacances, mais il avait fallu qu'il retrouve tout ce monde chez lui. Il ne supportait pas le fait que Potter vienne chez lui tous les week-ends et il se doutait que ça ne plaisait pas non plus à Potter de devoir le faire pour s'assurer que sa meilleure amie allait bien. Il avait peut-être mis leur animosité de côté la dernière fois, mais le voir tous les week-ends ne lui plaisait pas, même si cela devait être pour quelques heures, minutes ou secondes.
_ Nous allons y aller de toute façon. Il est déjà très tard, fit Harry en se levant.Il prit la main de sa petite amie, qui adressa un sourire chaleureux à l'égard de Blaise et un simple regard à l'égard de Malefoy.
_Alors nous nous verrons samedi prochain, Potter, et je compte bien te mettre la pâtée.
_Parle toujours, Zabini, dit-il avant de le narguer d'un sourire narquois, et de transplaner avec la jeune rousse.
Drago tourna la tête vers le couloir, croyant entendre quelque chose, mais il n'y avait rien ni personne. Cela devait sûrement être un de ses elfes.
_Qu'est-ce qui se passe, samedi ?
_Je vais faire une partie de Quidditch avec Potter et il m'a dit que Weasley se joindrait à nous, et c’est de même pour toi.
_ Je n'en ai aucune envie. De plus, s’il y a Weasmoche, j'en ai encore moins envie. Tu t'es peut-être lié d'amitié à Potter, depuis le temps que tu t'amuses à trainer avec Hermione, mais moi, je ne suis pas si proche d'eux et je n’en ressens pas l’envie.
Il se déplaça à travers le salon pour rejoindre la cuisine.
_ Zita !
_ Oui, maître ?
_Fais-moi du thé bien chaud et une tarte à la crème.
_Tu rentres de chez ta mère et tu as encore faim ? demanda Blaise du salon.
Drago ne lui répondit pas car il savait que son ami avait posé une question rhétorique.
_Où est Hermione ?
_Elle et Théodore sont partis.
Malefoy faillit s'étrangler avec sa salive. Est-ce qu’il avait bien entendu ce qu'il avait entendu ?
_ Excuse-moi ?
_ Ils sont partis.
_ Où ça ? s'empressa de demander Drago, en s'approchant rapidement de son meilleur ami.
_Chez lui, ils avaient besoin de parler à Sworn. Ne t'inquiète pas, Hermione m'a dit de te dire qu'elle serait de retour avant le petit matin.
_De toute façon, je m'en contrefiche, dit le jeune blond en s'affalant à côté de Zabini.
_ Toi et moi savons que tu ne le penses pas. Le peu que j'ai pu découvrir d'Hermione depuis septembre m’a permis de voir que c'est une fille très loyale envers ses amis... Je pense qu'il en est de même pour... toi.
_Elle n'est peut-être pas si loyale que tu le penses, je te rappelle qu'elle est une foutue création de Voldemort. La trahison coule dans son sang. Ça m'est totalement égal qu'elle se remette avec Théodore, dit-il sur un ton amer. Et d'ailleurs, je me demande pourquoi tu essayes de la défendre alors que tu lui as fait la tête toute la semaine.
_Écoute, je suis contre ta relation avec Hermione, du moins je l'étais. Hermione est encore... trop imprévisible, même si elle dit se contrôler, et tu sais à quel point c'est mauvais lorsqu'elle est incontrôlable, tu as même fait frais de son comportement irrépressible. Je n'aime pas l'idée que vous soyez ensemble, j'ai un mauvais pressentiment, très mauvais, et j'ai l'impression que ton père et celui de Théo y sont pour quelque chose.
_ Pourquoi as-tu essayé de la défendre alors ?
_Parce que c'est tout de même mon amie, et ce que je peux te dire, c'est qu'elle est loyale. Ce n'est pas pour autant que je chéris l'idée que vous soyez ensemble. Ni pour toi, ni pour Théodore. Je persiste à croire qu'elle est dangereuse et imprévisible. Tu me l’as décrite toi-même. Même avec les cours de Lucius, elle a laissé son côté sombre prendre le dessus. Ce matin, je vous ai entendus vous disputer ; j'étais arrivé tôt pour passer la journée ici avant notre partie de Quidditch, et en montant, j'ai entendu votre dispute. J'ai transplané peu de temps après, je voulais vous laisser de... l'intimité, puisque vos disputes ne me regardent pas.
Drago approcha sa tasse de sa bouche, puis prit un morceau de tarte à la crème. Il savait que Blaise n'avait pas fini de parler ; il était actuellement en train de lui déballer tout ce qu'il pensait de cette situation.
_ Cependant, j'ai entendu certaines brides de la discussion, et Hermione à raison. Votre relation ne mènera à rien, Drago. Supposons que vous vous mettiez en couple. Vous vivez heureux, et encore j'en doute, jusqu'à ce qu'on passe nos ASPIC. Et après ? Tu prends la tête de l'entreprise Malefoy, tu parcours ton chemin, elle parcourt le sien, et tout ça main dans la main ? Tu sais que le sang d'Hermione est différent ; les sorciers de nos jours auront peur d'elle, ils en ont déjà peur et elle ne tardera pas à finir à Azkaban, si elle ne se fait pas tuer.
_Ils ne sauront rien. Si toi, Potter, les deux Weasley, nos parents et Théodore ne disent rien, personne ne saura pour Hermione et il ne lui arrivera rien, siffla-t-il.
_Alors tu pourrais te marier avec ce qui semblerait être une Sang-de-Bourbe aux yeux de tous, et plus précisément aux yeux des familles nobles qui soutiennent encore la famille Malefoy ? Tu perdrais ton héritage, ta fortune, ton honneur. Le nom des Malefoy serait souillé selon eux. Tu sais que je ne le pense pas, mais eux le penseront... Ta mère, ma mère, la mère de Théodore... Elles n'y pourront rien et tu devras vivre au jour le jour pour pouvoir vous nourrir, ta mère et toi, puisque tes influences au Ministère... sans les familles alliées aux Malefoy depuis des lustres, ne t’aideront certainement pas dans ton parcours professionnel. Si toi et Hermione continuez cette histoire, c'est ainsi que ça finira. Je suis contre le fait que l'on te force à épouser Astoria, mais je suis aussi contre ta relation avec Hermione.
_Tu as raison.
Une planche craqua derrière eux. Ils se retournèrent, le regard rivé vers le couloir. Hermione se trouvait dans l'embrasure de la porte, ses yeux scintillaient de mille feux dans la pénombre du couloir. Drago savait que l'humidité de ses yeux était causée par le discours qu'avait tenu Blaise.
_Je... Je voulais vous prévenir que j'étais rentrée. Je...
Elle baissa la tête et pointa du pied sur le plancher. Drago crut distinguer une larme tombée au sol. La chevelure un peu désordonnée de la jolie brune l'empêchait de voir son visage, alors qu'il voulait tant discerner ses traits.
_Je vais me coucher, réussit-elle à dire, après un petit temps silencieux.
~*~
Quelqu'un frappa à la porte de sa chambre et Hermione savait que Blaise allait apparaître dans le cadrant de sa porte.
_ Je cois que tu n'as croisé ni Daphné, ni Pansy. Sinon, elles auraient essayé de te tirer les vers du nez, et cette chambre se serait retrouvée envahie. Vous, les filles, souffla-t-il.
Hermione ne réagit pas à ce qu'elle prenait pour une réflexion sarcastique. Elle n'avait pas envie de rire ou même d'engager une conversation avec qui que ce soit. Elle avait laissé Théodore au manoir Nott après avoir eu une sérieuse discussion avec lui. Leurs sentiments étaient revenus, mais Théodore avait une nouvelle femme dans son cœur et il en était de même pour Hermione, qui avait Drago. Alors elle l'avait laissé régler ses comptes avec sa mère.
_Tu sais, ce que j'ai dit tout à l'heure, ce n'était pas pour te blesser.
_ Je...Je sais, le coupa-t-elle. Et ça me fait mal de l'admettre, mais tu... tu as raison. Je suis contente que Drago s'en aperçoive aussi... Tu as raison, Blaise.
_J'aurais aimé avoir tord, dit-il après s'être assis sur le lit de la jeune femme. Mais c'est comme ça que je vois les choses, et je ne veux pas vous voir gâcher vos vies, ni l'un ni l'autre. Tu as un merveilleux et talentueux avenir, il en est de même pour lui, ne gâchez pas cela.
Hermione se mit à sangloter. Elle sanglotait comme le jour où elle avait aperçu Ron et Lavande s'embrasser pour la première fois. Elle sanglotait comme lorsqu'elle avait dû effacer la mémoire de ses parents. Elle sanglotait comme quand elle avait cru qu'Harry n'avait pas survécu. Elle sanglotait, et ça lui rappelait à quel point elle n'aimait pas être triste, à quel point elle n'aimait pas pleurer, car ça la rendait plus triste qu'elle ne l'était.
_ Alors c'est comme ça que tout se finit.
Blaise la prit dans ses bras, mais à cet instant, elle aurait voulu être dans les bras d'Harry et de Ron, avec Ginny à ses côtés.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top