La nourriture était délicieuse ; Hermione ne s'était pas doutée que Viktor avait autant amélioré son anglais. Ils avaient passé toute la soirée de leurs retrouvailles à parler et c'était bien la première fois qu'ils discutaient réellement ensemble. En effet, le bel étalon bulgare n'avait jamais vraiment engagé une vraie conversation avec la belle brune.

Tout ce qu'il lui était doté de faire était de lui montrer à quel point il pouvait être parfait physiquement.

Le lendemain, ils étaient allés se balader au bord de la plage. La Gryffondor avait trouvé la couleur de l'eau magnifique et la finesse du sable agréable. Tous les matins, dès l'aube, ce fut ainsi.

Ils se racontaient longuement ce qu'ils avaient vécu pendant la guerre, puis, l'après-midi, c'était comme s'ils n'en avaient jamais parlé. Elle lui avait appris à jouer aux échecs sorciers et moldus. Il lui avait appris des choses dont elle n'avait jamais entendu parler. Ils avaient joué au Quidditch, ou plutôt, elle avait essayé, mais face à Viktor, elle s'était avouée vaincue d'avance. En tant que gentleman, il lui avait tout de même laissé attraper l'un de ses vifs d'or préférés. À vrai dire, il l'avait attrapé pour elle.

Leurs soirées étaient remplies de récits bulgares que Krum lui contait, avant qu'ils n'aillent tous deux se coucher de leur côté, récits qu'elle écoutait avec une telle concentration qu'elle voyait parfois l'histoire s'animer à travers les flammes de la cheminée.

~*~

En transplanant dans le hall de Poudlard, Malefoy regrettait déjà de ne plus être en vacances. Il avait eu des tonnes de devoirs et de travaux à faire, et lorsqu'il avait enfin été libéré de tout cela, il avait passé sa deuxième semaine chez lui, dans sa grande maison. Il avait invité ses amis à venir y passer la semaine, y compris Daphné, Pansy et même Millicent, bien qu'il ne soit pas vraiment proche d'elle. Millicent passait ses vacances chez Pansy alors soit il les invitait toutes les deux, soit il n’en invitait aucune.

Il n'avait pas manqué de chambres mais c'était tout juste. Une personne en plus aurait été de trop. Pour la première fois depuis plus d'un an, tous s'étaient enfin retrouvés à partager des moments ensemble. Ils avaient rigolé, s'étaient chamaillés, avaient parlé de beaucoup de choses, et tout cela d'une façon Serpentard, bien propre à eux. 

Mais les vacances s'étaient bien terminées, et lorsque Mr. Slughorn leur avait donné deux parchemins à rendre pour le lendemain, il avait senti le rythme scolaire revenir et le gifler en pleine face. 

-       Je me demande où est Hermione ? demanda Ron à Potter. Je voulais lui parler pour arranger les choses hier soir, mais je ne l'ai pas vue.

-       Elle est toujours chez Viktor Krum.

-       Quoi ? s'étonna le grand roux. Je pensais qu'elle y restait une semaine !

-       Faut croire que non, elle m'a envoyé une lettre pour me prévenir qu'elle arrivera tard ce soir.

Drago et Blaise écoutèrent les deux élèves Gryffondor, qui se trouvaient derrière eux. Alors comme ça, Granger et Krum sortent vraiment ensemble ? pensa Drago. 

Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais entendre cela l’avait rendu nerveux. Il se demandait pourquoi le fait que Granger ait passé deux semaines au lieu d'une chez Krum l'irritait à ce point. L'avait-il séduite à ce point ? Était-elle amoureuse de lui ? S'étaient-ils embrassés ? Étaient-ils allés plus loin ? s'interrogea-t-il, avec un étrange sentiment lui pressant la poitrine.

-       Elle sort avec Viktor Krum ? se surprit-il à demander.

-       Pardon ? demanda Blaise.

-       Granger, elle sort avec Viktor Krum ?

-       Depuis quand ça t'intéresse ? 

-       Ça ne m'intéresse pas. C'est juste que Weasmoche et St Potter parlent trop fort. Le sujet de conversation a suscité mon intrigue, se défendit le Serpentard.

Drago savait que son ami n'était pas convaincu par l'excuse qu'il venait de sortir mais lui non plus ne l'était pas. Lorsque les cours de la journée se terminèrent, les amis du grand blond et lui-même se dirigèrent vers la grande table des Serpentard pour y dîner, mais Blaise les laissa tomber. 

*

Harry prit la belle brune dans ses bras dès qu'il la vit transplaner dans le hall. 

-       Blaise va nous rejoindre dans quelques minutes, dit Harry en aidant son amie avec ses bagages.

-       Alors tes vacances ? 

-       Exténuantes, mais j'ai adoré.

-       Je ne veux même pas savoir ce qui était le plus exténuant pour toi entre tous les devoirs qu'on avait à faire ou la compagnie de Ginny... le soir, lâcha Hermione d'une voix remplie de malice.

-       C'est ça, Hermione, moque-toi. La dernière fois que tu m'as décrit Viktor Krum, quel terme avais-tu utilisé déjà ? demanda-t-il en faisant mine de réfléchir. Ah oui : « Viktor est quelqu'un de très physique. »

-       Harry ! Tu sais très bien ce que je voulais dire par là, fit la belle brune en laissant échapper un petit rire.

-       Regarde, Blaise est déjà là.
En effet, le grand métis les attendait sur le banc où Hermione avait vu Drago et Pansy, le soir de la rentrée.

Elle le prit dans ses bras et lui donna une chaleureuse accolade. Dans deux semaines, ça allait faire trois mois que Blaise et elle partageaient en quelque sorte une amitié, qui était pour le moins spéciale et inexistante au début, et qui était devenue importante pour les deux élèves à présent.

Hermione savait que, même si Harry et Blaise n’étaient pas aussi complices pour le moment, ses deux amis tissaient des liens petit à petit. 

-       Tu m'as l'air de bonne humeur ! s'exclama Blaise. Est-ce Viktor Krum qui en est la cause ?

-       Je vois que, comme Harry, monsieur est d'humeur taquine, répondit la concernée.

-       Tu n'as pas eu d'envie meurtrière ? 

-       Non, il a été adorable. Comment aurais-je pu avoir des envies comme celle-ci.

-       Disons qu'elle avait plus envie d'autre chose, murmura Harry avant que Blaise n'éclate de rire face à sa remarque.

-       Harry !

-       Désolé Hermione, il fallait que ça sorte, dit le jeune homme à lunettes, encore amusé. 

-       Plus sérieusement, qu'as-tu à nous dire, Harry ? demanda Blaise.

Après un cours silence pour se concentrer sur le sujet qu'il allait aborder, il prit la parole.

-       Bon, l'Ordre du Phénix s'est réuni au Terrier pendant les vacances et Kingsley leur a expliqué ce qu'il se passait. Je ne sais pas si Malefoy t'a parlé de son procès ? 

-       Pas vraiment, il a été plutôt vague, répondit Zabini.

-       Et bien, son père lui aurait dit ça : « Ça arrive parfois même quand tu essayes de combattre. Quand je suis en face de toi, les souvenirs reviennent à la vie ».

-       Qu'est-ce que ça signifie ? lâcha Hermione.

-       Je ne sais pas, personne ne le sait sauf Mr. Malefoy et Drago. Pourtant, il a témoigné sous Veritaserum qu'il ne savait pas de quoi il s'agissait. 

-       C'est comme... une sorte de jeu de piste, marmonna Blaise. La dernière fois, le père de Théodore a lancé la rumeur avec une sorte d'énigme.
Mr. Malefoy fait sûrement la même chose et, à mon avis, ils ne vont pas s'arrêter jusqu'à ce que ça rende fou tout le monde ou que quelqu'un trouve que tous ces indices mènent à Hermione.

-       Exactement Blaise, mais ce n'est pas tout, fit le Gryffondor. Ils nous ont demandé d'être leurs yeux et leurs oreilles à Poudlard.

-       À toi et à Ron ? Pourquoi ? McGonagall en a parlé ? Comment savent-ils que la menace est à Poudlard ? s'enquit de demander Hermione.

-       Ils ne le savent pas, rétorqua son meilleur ami. Mais puisque Théodore et Drago sont indirectement liés à cette histoire, ils ont décidé de les surveiller de près. Ils n'ont pas demandé qu'à Ron et à moi, mais aussi à Neville, Luna, Seamus, Dean et Ginny. Tu n'es donc plus en sécurité ici, Hermione, lorsque nous ne sommes pas là, Blaise et moi, pour empêcher qu'un incident se produise.

-       J'irai avec toi chez les Weasley, alors. Comme ça, je ne resterai pas au château les week-ends.

-       Non ! C'est trop risqué avec Ron, tu sais comment il peut être des fois, et pour le moment, ce n'est pas une possibilité à envisager.

-       Pourquoi pas chez Drago ? proposa Zabini.

-       Chez Drago ? s'étonnèrent les deux Gryffondor.

-       Puisque Drago est en proie à une "surveillance rapprochée du Ministère", on peut y envoyer Hermione pour le surveiller. Elle fait toujours partie de l'Ordre du Phénix.

-       Il est hors de question que je remette les pieds au manoir Malefoy ! s'exclama la belle brune.

-       Drago n'y vit plus vraiment, il a sa propre maison maintenant. Écoutez les gars, ce n'est pas la meilleure solution qu'il soit, c'est même une très mauvaise idée mais je ne vois pas ce que l'on pourrait faire d'autre. Je serai là presque tous les week-ends, Hermione, donc tu ne te retrouveras pas seule avec Drago la journée.

-       Comme tu l’as dit, c'est vraiment une mauvaise idée, souffla Hermione.

-       Oui, mais en y réfléchissant bien, elle n'est pas si mauvaise que ça, ajouta Harry. Malefoy t'as déjà aperçue telle que tu es lorsque tu t'énerves, tu t'es déjà confronté à lui, alors si ça recommence et que vous vous disputez, il pensera que c'est un de tes sauts d'humeur. Espérons juste que tes yeux et tes cheveux resteront tels qu'ils sont. Je ne pense pas que l'excuse du gobelin marcherait une deuxième fois... On fait ça, alors ?
Ses deux interlocuteurs acquiescèrent.

-       Bon, j’y vais, je meurs de faim, dit Harry en s'enfonçant dans le couloir avant de disparaître, complètement absorbé par les escaliers.

-       Je me charge de parler à Drago, fit Blaise.

-       N'est-ce pas évident ? demanda la jeune femme en regardant son ami le Serpentard, comme si celui-ci avait dit une chose des plus stupides qu'elle ait entendues depuis son arrivée à Poudlard, quelques minutes auparavant.

Hermione se dirigea, elle aussi, dans la même direction qu'Harry, car son estomac criait famine. Cependant, une main lui retint l'épaule lorsqu'elle eut tourné les talons.

-       Hermione, ce que je t'ai dit l'autre fois chez Théodore...

-       Arrête Blaise ! Tu ne vas pas recommencer ?! Je t'ai dit qu'il ne pourrait jamais rien se passer entre Malefoy et moi ! s'exclama-t-elle, avant de s'en aller pour de bon.