6- Banale

Il va falloir que je mange des pâtes. Encore. Je crois que je pourrais vomir si j'en mange de nouveau. Je regarde encore une fois dans mon frigo, comme si au bout d'un moment, des aliments allaient comme par magie apparaître à l'interieur. Sauf que ce n'est clairement pas la cas, et qu'à chaque fois j'ai envie de pleurer. Ou de vomir du coup, mais je suis pas encore totalement sûre. Il va falloir que j'aille faire les courses, j'imagine... C'est pas exactement ce que je prévoyais de faire cet après-midi, mais bon...

J'attrape mon cabas à roulette, ainsi que la laisse de Hime, et j'y vais. J'ai toujours peur d'y aller e vélo et de me le faire voler, le supermarché le plus proche étant un Carrefour City, ne possédant pas de parking pour vélo. Qui en possède un, en même temps ?... Mais ça permet à Hime de sortir un peu, même si je suis persuadée qu'elle serait beaucoup plus heureuse avec une vrai balade, plutôt qu'un tour au supermarché.


Une fois sur place, je prend le minimum, et surtout les marques les moins cher. J'ai plus beaucoup de sous sur mon compte, et j'aime pas du tout être dans le rouge. Je prend donc des aliments que je vais pouvoir cuisiner facilement, et qui ne se périment pas vite. J'oublie surtout pas de prendre du lait de soja et de la nourriture pour Hime, deux choses qui coûtent déjà beaucoup trop cher. Quelle idée aussi, d'avoir des goûts de riche ?...

Je flâne un bon moment dans les rayons, respectant scrupuleusement ma liste de course, quand je finis par croiser le visage de la personne que je veux le moins voir du monde. Julien. Je me fige, et me cache en quatrième vitesse entre deux rayons. Pitié qu'il ne m'ait pas vu, pitié qu'il ne m'ait pas vu ! Il manquerait plus que ce boulet ! Rien que de l'avoir vu m'a donné envie de mourir après ce baiser. Ou de vomir. Ou les deux en même temps.


-Alata ?

-Tiens, Julien ! dis-je, un sourire faux aux lèvres.

-Qu'est-ce que tu fais là ? demande-t-il, un sourire découvrant ses dents tordues.

Frissons de dégoût. En plus, qu'est-ce qu'il veut que je fasse exactement dans un Carrefour ?...

-Hum, mes courses...

-Ah c'est marrant, moi aussi ! Écoute, je voulais te dire que ta claque de l'autre fois était pas très importante, t'as dû être surprise que je sois aussi attiré par toi, je comprends. dit-il.

Je reste sans voix, étudiant les trais de son visage. Il a l'air extrêmement sérieux, il a pas compris ce qu'il s'était passé l'autre fois ?... Et il a dit ''aussi'' ? Il est vraiment con.

-Euh ouais ça m'a surtout choqué que tu fasses ÇA... dis-je en en appuyant bien sur le dernier mot.

- Non mais je comprends. D'ailleurs j'ai demandé ton numéro à Hope mais elle a pas voulu me le donner... Je suis vraiment intéressé par toi. dit-il, tandis que je commence à carrément stresser.

Comment je vais me sortir de ce merdier, moi ? Et il faut que je pense à remercier Hope.

-Hum, je suis vraiment désolée, mais... commencé-je, avant qu'il me coupe.

-Genre je te trouve belle, trop bonne et puis t'as un de ces cul ! Tu me plais carrément, quoi !

Nouveau silence. Je le regarde, sentant mes yeux écarquiller. Est-ce qu'il vient vraiment de tenter de me draguer en me disant que je suis « trop bonne » ? Même un gamin de quatorze ans utiliserait pas une technique aussi pourrie !! Mais quel gros con !

-Ok, comment dire ça... Disons que même la chose la plus minuscule du monde m'intéresse plus que toi, et j'aimerai que tu me laisse tranquille, parce les mecs superficiels ça va deux secondes mais pas plus.


Il reste un instant interdit, la bouche ouverte et les yeux dans le vide, un air assez similaire à celui qu'il avait eu après la gifle. Je sens mon cœur battre jusque dans mes tempes, et je me dépêche d'aller à la caisse pour régler mes achats. Entourée de monde, j'imagine qu'il ne viendra pas me voir. J'ai même pas besoin de vérifier dans un miroir pour savoir que ma poitrine et mon cou sont être rouges à cause des plaques, et j'espère qu'il m'en fera pas refaire une troisième fois.

Je paye rapidement mes articles, j'en ai pour 52,41 euros, mon compte est désormais à découvert, puis sors rapidement du magasin. Bien entendu Julien me rattrape, et se poste devant moi, m'empêchant d'avancer.

-Comment ça je te plaît pas ? Tu m'as collé toute la soirée du nouvel an ! il me sort, les joues rouges, de colère.

-Pardon ?! C'est l'hôpital qui se fout de la Charité, ça ! dis-je, en riant faussement.

-Hein ? qu'est-ce que tu racontes ? Bref, de toute façon j'ai menti t'es vraiment laide comme meuf, je voulais juste te baiser. lance-t-il sèchement, avant de partir.


Un petit rire nerveux m'échappe, avant de secouer la tête et de prendre le chemin de chez moi. Putain, mais quel con ! Non pas que ces mots m'aient touché ou quoi que ce soit d'autre, mais je suis choquée que des machos dans son genre existent encore à notre époque ! Que ce soit ses remarques sur mon physique ou son Q.I de poulet, et c'est insultant pour les poulets, tout de lui m'horripile. Je suis vraiment hors de moi sur le chemin.

J'envoie un message à Hope pour lui dire quelle merveilleuse surprise j'ai eue aujourd'hui, et aussi pour la remercier. Elle m'a éviter de devoir changer de numéro. Non mais vraiment, quelle journée de merde ! Et il est seulement 13h20 ! Je sais pas si j'ai envie d'assister au reste de la journée, là.


En rentrant, je range rapidement mes courses, remplissant ainsi mon frigo et mes placards ; avant de m'affaler sur mon canapé. J'ai vraiment l'impression de n'attirer que des cons ou des mecs bizarres, et Julien n'en est qu'une énième preuve. Mon dernier copain en date remonte à... l'époque de la terminale à peu près. Ça va faire trois ans. Depuis, à part ce baiser volé, et que j'aurais aimé gardé, j'ai rien eu. Enfin, rien est un bien grand mot. Des garçons m'ont attiré, mais j'ai toujours finit par me rendre compte qu'ils étaient complètement cons, ou que je ne les intéressais pas. Et ceux que je pouvais potentiellement intéresser, finissaient par ne plus me plaire.

Je suis ce qu'on peut, je pense, appeler : une malchanceuse en amour. Et encore, je peux même pas prétendre à ce titre, étant donné que j'ai jamais été amoureuse. Ou du moins, j'en suis pas vraiment sûre. Les trois seuls garçons avec qui je suis sortis, ont été avec le recul rien d'autre que des amourettes, ou des erreurs. En plus, quand je suis en couple, je suis aussi coincée que d'habitude. J'irais même jusqu'à affirmer que je ressemble à une petite prude. 

Enfin, techniquement parlant, je ne suis plus vierge. Mais ma façon d'être, en plus de trois ans d'abstinence m'ont clairement rendu ''de nouveau'' vierge. J'ai donné ma virginité à mon dernier ex, Louis, un garçon que je pensais gentil, mais qui m'a un peu traumatisé. Il m'a largué après 4 mois de relation, parce que j'étais ''pas assez entreprenante''... Sympa.

Ça me déprime toujours de penser à ça, j'ai l'impression que je vais finir ma vie seule, avec dix chats. Je serais une folle à chats. En espérant que Brook, Hope ou Abigaëlle accepte de m'accueillir chez elle pour ne pas me laisser devenir complètement tarée.


Mon ventre gargouille soudain, me rappelant qu'à part les céréales de ce matin je n'ai absolument rien mangé, et qu'il est désormais 14h. Je me lève, et fait rapidement sauter deux petites pommes de terre que je coupe en dés et un quart d'oignon émincé dans une poêle. Je dévore mon repas, mangeant comme dessert une clémentine. Je monte ensuite me déshabiller et remplacer mon jean par un leggins, mon pull par un T-shirt et un sweat super confortable, et prendre mon ordi. Il faut que je révise.

En me changeant, je m'attarde une seconde sur mon corps, que Julien a complimenté, puis insulté il y a de cela une heure et demi à peine. J'ai ce qu'on appelle une morphologie en X, ou en 8 (la taille fine quoi), rien de peu commun. Puis à partir de là ça devient un peu n'importe quoi. J'ai le ventre à peu près plat, une poitrine bien trop présente (85 D...), bien qu'en y repensant je n'aurais pas dû me plaindre, Abigaëlle en a une plus grosse que moi.

J'ai des bras trop gros d'après moi, et un cou fin. Tout est normal jusque là encore, si seulement je n'avais pas des hanches aussi développées, des cuisses et des mollets aussi gros, et tout ça sans parler de mon cul. Enfin j'ai quand même perdu beaucoup de poids depuis trois ans, et je ne suis pas aussi grosse que j'en ai l'impression. J'ai conscience d'avoir un regard sur mon propre corps beaucoup trop sévère. 

Seulement, élevée avec trois grands-frères les compliments n'allaient pas vraiment à tout va, et j'ai peu à peu perdu confiance en moi. Niveau dénigrement, je suis devenue plutôt forte. Et ma confiance en moi est à un niveau presque nul. D'où ma timidité face aux personnes belles. Si je demandais à quelqu'un dans la rue ce qu'il pense de mon corps, il dirait certainement que j'ai de belles formes bien placées, comme je le dirait de quelqu'un qui aurait mon corps. Seulement, comme c'est moi, je ne m'assume pas, même si je fais en sorte d'essayer de me mettre en valeur avec des vêtements adaptés à ma morphologie.

Je ne me trouve pas jolie. Je suis sûre que les filles me tueraient en entendant ça, mais c'est ainsi que je me perçoit. Quand à mon visage, il est plutôt rond, avec des grands yeux en amandes marrons entourés de longs cils, des sourcils épais et une bouche ni pulpeuse ni fine.

En soit, je suis une fille on ne peut plus banale.


~~~~~~~~

Je suis désolée, je suis pas trop bavarde, mais j'espère que les chapitres vous ont plu. Surtout, n'hésitez pas à donner vos avis, ça me ferait vraiment plaisir !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top