J'ai chaud. Trop chaud. Je tente de me dégager de la couverture, mais on me retient prisonnière. J'ouvre les yeux, et fronce les sourcils. Où suis-je ?... Le mur blanc en face de moi, sur lequel est affiché un poster de Game of Thrones est immédiatement identifié par mon esprit. Et toute la soirée d'hier me revient en mémoire. Et merde, j'ai pleuré devant lui... Je ferme les yeux, et soupire, avant de me mettre à réfléchir. Bon, j'ai pleuré devant Matt, et j'ai probablement eut l'air totalement idiote. Et j'aurais dû appeler Abigaëlle quand j'en ai eu l'occasion. En plus, le pauvre, je n'ai fait absolument aucun effort pour parler avec lui de mes soucis. Je lui ai juste dit des trucs sans aucune importance...

Je soupire de nouveau. Non mais quelle conne ! Parfois, je me dis que cette manie de toujours tout garder pour moi est vraiment un défaut merdique. Je sens Matt bouger tout près moi, et je me fige, ayant peur de le réveiller. C'est bizarre, cette habitude qu'il a, de toujours dormir collé aux autres... Enfin j'espère qu'il fait ça avec tout le monde, et pas qu'avec moi, sinon c'est gênant. Qu'est-ce qui ne me gêne pas, de toute façon ? J'écoute mon cœur s'emballer, et lui intime de se taire, mais ça ne sert à rien.

Mes pensées ne veulent rien dire, et ça m'énerve. Je sais très bien que je suis comme ça parce qu'hier, j'ai enfin réalisé que ma famille me manquait. Et que je suis en train de fuir mes pensées. D'ailleurs, je me demande si finalement, je ne sais pas faire que ça, fuir. Parce que j'ai fuit en venant ici, loin de tout, mais j'ai aussi fuit en arrêtant de penser à eux, de penser à Ezra... Je me suis exclue de tout, et même de mes amis, puisque finalement, ce n'est que depuis peu que je sors de nouveau.

Fondamentalement, j'imagine que je vais mieux, mais j'ai quand même l'impression que ça ne va pas si bien que ça. Et puis, j'arrête pas de penser, soit à Jonah, soit à Evan, soit à cette histoire ridicule avec Music66. Je me sens débile, je pourrais juste lui poser la question, mais j'ai pas le courage de le faire. J'aimerai devenir forte. Ou du moins, bien plus que je le suis.

Matt gigote de nouveau près de moi. Il passe nonchalamment son bras droit par-dessus ma taille, et je sens désormais son souffle dans ma nuque. Il a dû se retourner dans son sommeil. Putain, il peut pas arrêter de se coller à moi, quand il dort ? On dirait vraiment un enfant, dans ce genre de moment. Et j'ai l'impression d'être une peluche.

Je soupire doucement, avant d'essayer de bouger un peu pour me délivrer de ses bras. Mais tout ce que j'arrive à faire, c'est me rapprocher encore plus de lui. Je sais même pas comment c'est possible. Je m'apprête à me tortiller une dernière fois, le plus doucement possible, me promettant que si cette fois-ci je n'arrive pas à me dégager, je n'aurais qu'à rester comme ça. Même si mon cœur bat à un rythme insoutenable. J'essaie juste de ne pas y prêter attention.

Je remue les hanches et bouge une jambe, avant de me figer. Et là, je commence à paniquer. Matt gémis dans ma nuque, et agrippe ma taille pour me coller encore plus à lui. La grosse, grosse, grosse panique. Les sueurs froides. Doux Jésus Marie Joseph. Même si je ne crois pas le moins du monde en vous, venez m'aider. Parce que là, je sens un truc dur contre mes fesses. Et je ne pense pas que ce soit sa main. Oh mon Dieu. Je vais crever de honte. Je sais même pas si c'est possible de mourir de ça, mais c'est ce qu'il va se passer. J'ai de plus en plus chaud, et je suis sûre que mon visage est rouge pivoine. En fait, tout mon corps doit être rouge. Avec un peu de chance, je suis devenue une tomate.

Je ne sais pas combien de temps je reste dans cette position, sans bouger le moindre muscle et ayant du mal à respirer. Je crois que j'ai jamais été aussi gênée de toute ma vie. Pourtant je suis tout le temps embarrassée. Et le temps étant un traître, il paraît ralentir au pire moment, alors qu'il devrait plutôt accélérer. Pourquoi les moments les plus gênants semblent toujours durer des heures, alors qu'il ne passe que quelques minutes ?

Matt finit tout de même par se réveiller, et alors même que je pensais ça impossible, il se colle encore plus à moi. Ou il me colle encore plus à lui. M ais le résultat est le même : la gêne est palpable. Je me crispe d'autant plus, et mon souffle se bloque dans ma gorge. Je suis certaine qu'il s'en rend compte.

-Tout va bien ?... demande-t-il d'une voix enrouée et endormie.

-Oui, oui. dis-je d'une petite voix, beaucoup trop rapidement pour que ce soit crédible.

Il soupire, et passe son deuxième bras sous ma taille. OK, c'est vraiment pas sa main que je sens. Panique, encore. Il se blottit contre moi, enfouissant son nez dans mes cheveux, sur le sommet de mon crâne. Et je me raidis deux fois plus. Puis je l'entant soupirer, et éloigner sa taille de la mienne, à mon plus grand plaisir.

-Désolé, réaction physique. Et matinale. marmonne-t-il, me faisant instantanément rougir.

J'ai envie de pleurer de joie et de honte en même temps. Ne sachant pas quoi répondre, je laisse simplement le silence nous envahir. C'est vraiment le moment le plus gênant de toute ma vie. Encore plus quand on pense à hier. Quelle vie de merde. Il finit par briser le silence au bout d'un moment, me rendant service par la même occasion. Mon cœur bat encore à toute allure, mais je pense que c'est seulement sa proximité qui me rend comme ça.

-Ça va mieux ? Par rapport à hier, je veux dire. demande-t-il, gêné.

-Oui... Merci, et je suis vraiment désolée, je me sens nulle.

-Mais non, c'est rien, t'es pas nulle. Ça arrive d'être triste, ou d'avoir peur de choses étranges.

J'ouvre la bouche, ayant envie de lui dire la vérité, avant de la refermer. Même ça je suis incapable de le dire. Je soupire, ne sachant pas quoi répondre.

-Je sais mais... Je sais pas.

-Tu sais mais tu sais pas ? Que de belles paroles, mon amie ! se moque-t-il.

-Tais-toi ! C'est juste que j'ai honte d'avoir pleuré devant toi. dis-je en pouffant, gênée.

-Je m'en doute. Mais t'as pas à avoir honte, je me moquerais pas de toi pour ça. Je pensais bien que t'étais sensible, mais ça m'a fait mal au cœur de te voir pleurer. Et je sais que t'as aussi eu honte de me parler de tes problèmes, mais je suis là si t'en as besoin.

Je reste sans voix, et sens que mon cœur n'est pas du même avis que mon cerveau. Mon Dieu mais comment peut-on être aussi mignon ? Ça ne devrait même pas être autorisé. Avec ses conneries, j'ai presque oublié ce qu'il vient de se passer, et il a réussit à apaiser ma gêne. Je ne pensais même pas ça possible. Je finis par lui répondre, vraiment touchée par ses mots.

-Merci, et désolée pour ça aussi...

-C'est rien, c'est déjà oublié. Je pense qu'on peut se lever maintenant, je bande plus. Désolé pour ça d'ailleurs. C'était un peu gênant. dit-il en riant doucement.

-Ouais, c'est le cas de le dire... dis-je, avec un petit rire nerveux, probablement rouge écarlate. Mais c'est rien.

Il se détache alors de moi en riant, me permettant enfin de respirer normalement. Je m'assied, et m'étire du mieux que je peux, encore un peu endormie. J'aurais bien dormi un peu plus... Je couine en recevant en pleine tête un vêtement, et entend Matt rigoler. Je lui lance un regard noir en me libérant, avant de remarquer qu'il m'a envoyé un de ses pull. Je ne sais pas si je dois lui en vouloir ou pas, pour le coup. Je soupire, et l'enfile par-dessus mon pyjama. D'ailleurs, à force de dormir si souvent ici, je me demande si je devrai pas en laisser un ici, histoire de pas devoir piquer des affaires à Matt à chaque fois. Bien que cette fois-ci les filles aient pensé à prendre un de mes pyjamas dans ma chambre en prévision de la soirée.

Matt m'attend, accoudé contre sa commode, un visage encore à moitié endormi. Même comme ça il est beau, ça en devient épuisant. J'ai même pas envie de regarder la tête que j'ai, mon visage doit être dans un piteux état. Je me lève rapidement, essayant d'arrêter d'y penser. À savoir si je parle de Matt ou de mon physique. Même moi, je n'en sais rien.

Isaac, Luke et Brook sont déjà réveillés dans la cuisine. Il y a un matelas gonflable au milieu du salon, sur lequel ont probablement dormis Isaac et Luke, étant donné qu'il est vide. James, Ashton et Cole dorment sur le canapé, qui a l'air bien petit pour eux, et j'imagine que les filles ont toutes dormit dans la chambre de Luke. Ils ont probablement rajouté un matelas une place pour en faire dormir une dessus.

Nos trois amis sont assis à table, et chuchotent pour éviter de réveiller les garçons. En nous voyant arriver, Luke se lève et prend Matt dans ses bras. Cet enfant aussi est vraiment trop mignon. Je vais pour ma part saluer Isaac et Brook, déposant un bisou sur le front de cette dernière. Tout est déjà installé sur la table, et je m'assois en face de Brook.

-Vous avez bien dormis ? demande Luke regagnant sa place.

-Oui ! répond Matt, tandis que j'hoche la tête, les joues brûlantes. Et vous ? T'as dormi où Brook, au final ?

-J'ai laissé Élise dormir avec les filles, et j'ai dormis sur le matelas. Étonnamment bien, d'ailleurs. dit-elle, tandis que je me sers des céréales.

-Et nous, ça allait. C'est chiant ces matelas gonflables deux places, à chaque fois que Luke bougeait, j'avais l'impression qu'il y avait un tremblement de terre.

-Dis que je suis gros, aussi ! rétorque l'intéressé en riant doucement.

-Ah, pardon je pensais pas que tu verrais le sous-entendu dans cette phrase... Je ferai plus attention la prochaine fois !

Luke frappe Isaac sur le bras, tandis que je pouffe. Ils sont vraiment trop mignons à se chamailler comme ça. J'ai l'impression d'être une espèce de fangirl à chaque fois qu'ils se cherchent de cette façon. Et autant dire que ça arrive très souvent, surtout à la fac. J'ai hâte qu'ils se mettent vraiment ensemble, même si sincèrement je pense que leur relation restera pratiquement pareille. Je crois qu'Isaac adore embêter Luke, et inversement.

J'entends Matt soupirer à côté de moi, tandis que Brook sourit. J'aimerais bien voir comme elle est avec Ange. En fait, ces derniers temps je me dis que j'aimerais vraiment le rencontrer. Il est important pour mon amie, alors j'ai envie de voir quel genre d'homme il est. La prochaine fois que je descendrais à Toulouse, je le rencontrerai probablement.

La prochaine fois que j'irais à Toulouse... Je crois que c'est la première fois depuis que je suis partie, que je pense quelque chose du genre. J'ai l'impression de changer sans même m'en rendre compte. Depuis quand est-ce que je m'imagine retourner à Toulouse ? Voir mes frères, mon père, et pourquoi pas ma mère ? C'est trop bizarre.

Je sursaute en sentant une main emmêler mes cheveux plus qu'ils ne le sont déjà. Cole s'est réveillé apparemment, ainsi que James, et Ashton. En passant près de moi, il m'a frotté la tête. Au moins, il m'a fait reprendre mes esprits. Brook, et Matt sont en train de discuter du départ des filles, qui se fera dans quelques heures, tandis qu'Isaac et Luke sont encore en train de se chercher.

Abi et Brook ont leur train à 15h 35. En comptant le fait qu'il est déjà onze heure et demi, qu'elles doivent aller chercher leurs affaires respectives et que dehors il pleut comme vache qui pisse, je sens que cette journée ne va pas être de tout repos. On avait déjà demandé aux garçons de nous aider, et sincèrement je suis contente qu'on l'ai fait. Avec ce temps pourri, on aurait eu du mal à faire ces allers-retour sans voiture.

-Peut-être qu'on devrait réveiller les filles ? Parce que le temps de manger, de se préparer, de partir, etc, je pense que ça nous prendra au moins 4 heures. lance Brook, rejoignant mes pensées.

-Ouais, ce serait une bonne idée. j'acquiesce.

-De toute façon la pluie a pas l'air de vouloir s'arrêter. dit Cole en sortant de la cuisine, un café à la main. Donc autant les réveiller, comme ça c'est fait.

J'acquiesce de nouveau, cette fois-ci en silence. Puis je regarde Brook se lever, sans comprendre au début, avant de la voir entrer dans la chambre de Luke.

-Du coup on se charge de les amener chez Alata et Hope, Cole ? lance Matt.

-Euh, oui c'est ce qui était prévu.

-On pourra venir leur dire au revoir à la gare ? demande Ashton, revenant lui aussi de la cuisine, accompagné de James.

-Bah oui, bien sûr. Isaac tu pourra les y conduire, non ? Enfin à moins que tu veuilles prendre la moto, mais comme il pleut... dis-je, me reprenant au dernier moment en me souvenant de son moyen de locomotion.

-Haha, oui je comptais sur Isaac pour m'amener.

-Ça me va, je comptais aussi venir leur dire au revoir. Vos potes sont vraiment cool, et on s'est bien entendues avec elles, donc ce serait con de pas leur dire au revoir. D'ailleurs c'est aussi nos potes, maintenant.

Un sourire étire mes lèvres sans que je le contrôle, et j'hoche la tête. Je suis tellement contente qu'ils se soient réellement entendus avec Brook et Abi ! Elles sont importante pour Hope et moi, alors c'est super qu'ils s'entendent aussi bien. Et je pense que même James et élise, qui ne les ont pourtant vu que très peu, les ont aussi appréciés. Peut-être pas au point de leur dire au revoir à la gare, mais quand même assez pour avoir envie de les revoir.

Les filles finissent par sortir toutes en même temps de la chambre de Luke, et rien qu'à leur tête je vois qu'Abi et Hope sont encore crevées. La journée risque d'être vraiment très dure pour elles. 

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Je suis de retour ! Je suis vraiment désolée pour ces longs moins d'absence, je vais essayer de recommencer à publier régulièrement... J'espère que vous avez aimé ce chapitre :)