❦ 12.
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Felix se réveilla en sursaut dans son lit, tremblant de tous ses membres.
Il chercha un instant à se repérer dans la semi-obscurité de la pièce, puis souffla profondément en reconnaissant le décor familier de sa chambre.
Le jeune homme ne parvenait pas à trouver la limite entre rêve et réalité. « Qu'est-ce qui est vrai ? » se demanda-t-il malgré le voile brumeux de sommeil qui le recouvrait.
Son cauchemar refit brusquement surface dans son esprit, et les larmes coulèrent le long de ses joues. « Tout le reste n'était donc qu'un songe ? »
Alors que des sanglots commençaient à s'échapper d'entre ses lèvres, la couette s'agita à ses côtés.
Stupéfait, l'Australien n'osa plus bouger. Son cœur battait à tout rompre contre sa cage thoracique, l'espoir renaissant en lui. Il tressaillit lorsqu'une main vint lui agripper la sienne dans un geste doux.
— Lixie ? s'enquit une voix nasillarde et rauque que l'androgyne connaissait bien.
Le surnom qui échappa à son vis-à-vis fit jaillir tout un tas d'émotions contradictoires en Felix. Son sanglot arracha définitivement Changbin à son sommeil réparateur. Inquiet, il se redressa sur ses coudes.
— Pourquoi tu pleures ? demanda-t-il doucement.
En voyant qu'il ne l'écoutait pas, il se pencha sur lui pour l'enlacer. Ses mains retrouvèrent d'elles-mêmes la chevelure douce comme du satin du plus jeune.
— Tu as fait un cauchemar ?
— O-Oui... N-Non... J-Je sais pas... J-Je sais plus...
— Respire profondément, calme-toi. Tu n'as absolument rien à craindre.
Le noiraud ne sut pas si sa voix avait un effet apaisant sur son amant, mais quoi qu'il en soit, celui-ci finit par sécher ses pleurs.
— J-Je sais plus si tu es vraiment là..., bredouilla l'Australien sur un ton anxieux.
— Je le suis, Lix. Tout va bien...
— J'ai si peur de te perdre...
Changbin n'écouta que son cœur. Il vint délicatement happer les lèvres pulpeuses de l'androgyne entre les siennes, et l'embrassa longuement. Il ne chercha pas à approfondir le baiser, car il ne souhaitait que le réconforter.
Lorsqu'ils se détachèrent, le plus jeune chercha aussitôt à se blottir contre lui.
— Raconte-moi ton cauchemar, murmura l'aîné en l'embrassant sur le front.
Felix secoua vivement la tête et se mordit nerveusement la lèvre inférieure.
— C'est pas important...
— Je veux te rassurer, Floette, insista le noiraud.
— Tu étais là... Et puisque ma voix ne correspond pas à mon visage... tu m'as dit qu'elle était... m-monstrueuse...
— Oh, mon amour... Tu sais bien que je ne dirais jamais ça...
L'Australien renifla en regrettant d'avoir ouvert la bouche.
— Désolé...
Changbin huma ses cheveux parfumés et vint y déposer quelques baisers. Il agrippa sa taille et le tira contre lui.
— C'est vrai que je n'arrive pas à m'habituer à ta voix d'outre-tombe, Lixie..., chuchota-t-il. Mais elle est si charmante...
— Je croyais que ce qui s'était passé hier n'était qu'un rêve...
— Évidemment que non. Et si ça l'était, j'aurais la même réaction en réalité. Repose-toi, d'accord ? Je veille sur toi.
Le plus jeune acquiesça silencieusement et ferma les yeux. Les caresses de l'autre sur sa peau nue eurent finalement raison de ses craintes, car il s'endormit entre ses bras, où il se sentait parfaitement en sûreté.
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Lorsque Changbin se réveilla, les rayons du soleil filtraient à travers les volets de bois de la fenêtre et éclaboussaient le sol de taches dorées. Il était déjà tard.
La veille, il avait passé le reste de la journée à réconforter Felix. Il avait même poussé l'audace de lui demander de devenir son petit ami.
Évidemment, comme il s'y attendait, celui-ci avait eu une réaction de choc. Mais il avait fini par accepter, bien qu'il ait l'impression de ne pas le mériter.
Éreintés, ils s'étaient tous les deux endormis dans le lit de l'Australien. Ce dernier ayant fait un cauchemar, le noiraud choisit de ne pas le réveiller afin de le laisser se reposer.
Le noiraud observa un long moment le visage délicat de l'androgyne, ses lèvres douces, ses longs cils, la poussière d'étoiles qui parsemait sa peau hâlée... Sa chevelure acajou rose s'étalait sur l'oreiller, et, incapable de résister à son aspect soyeux, il passa ses doigts entre les mèches incarnadines.
Le plus jeune poussa un petit soupir dans son sommeil, suivi d'une série de bruits adorables. Changbin dut se faire violence pour ne pas l'embrasser sur-le-champ.
Il quitta la chaude couette à regret, et replaça la couverture par-dessus son copain en la remontant jusqu'à son menton. Faute de pouvoir utiliser le bras musclé de son aîné en guise de peluche, celui-ci serra son doudou contre son lui.
« Trop mignon... », songea le noiraud en se sentant fondre.
Il alla fouiller dans la penderie de son petit ami et dénicha un pantalon et un hoodie qu'il enfila prestement. La vue de certains vêtements lui arracha un sourire attendri. Intérieurement, il se promit de lui en acheter d'autres.
Le jeune homme descendit à l'étage inférieur, et aperçut Jeewon dans la cuisine. Il avait déjà deviné depuis la chambre qu'elle faisait des pancakes en raison de l'odeur, mais il fit mine d'être ravi.
— Bonjour, Binnie ! s'exclama-t-elle allègrement.
Plutôt avare de paroles le matin, Changbin se contenta de lui sourire. Il alla s'asseoir à table, observant la femme s'affairer à déposer les couverts et les assiettes.
— Tu ne m'avais pas dit que tu comptais dormir ici...
— Décision de dernière minute..., marmotta-t-il en réprimant un bâillement.
La bibliothécaire décida de ne pas insister davantage. Elle continua joyeusement de cuisiner avec sa bonne humeur coutumière.
Une quinzaine de minutes plus tard, Felix descendit les escaliers. Ses cheveux parsemés d'épis étaient complètement en bataille et obstruaient sa vue. Il avait revêtu un short très court et un t-shirt, et était pieds nus.
Sans remarquer que son choix de tenue avait plongé sa tante dans la stupeur la plus totale, il frotta ses yeux de ses petites mains.
— Jeewon, tu sais pourtant que je ne mange rien, le matin..., lui rappela-t-il d'une voix encore plus rauque que d'habitude.
— Il est bientôt midi, l'informa Changbin avec un sourire radieux.
— Oh...
Les sourcils de l'androgyne se froncèrent alors qu'il tentait de chasser la dernière brume de sommeil toujours présente.
Le regard de la quadragénaire jongla entre son ami et son neveu avec ébahissement.
Le noiraud ne se rendit compte de rien. Il pointa ses cuisses et invita son petit ami à s'y asseoir. Celui-ci s'exécuta de bonne grâce. Le plus petit enroula ses bras autour de sa taille et l'embrassa dans la nuque.
— Bien dormi, Lixie ? demanda-t-il mielleusement.
— Oui...
— Attendez ! s'écria Jeewon. Depuis quand vous...?
Changbin esquissa un bref sourire narquois.
— Depuis hier.
Elle se retint très fort d'éclater de joie et retourna cuisiner.
Le noiraud ne se gêna pas d'examiner les jambes de son copain, qui finit par s'empourprer sous son regard fiévreux.
— Tu ne m'avais pas dit que tu avais un short, indiqua le plus âgé en dissimulant son amusement de son mieux.
— Hmm... C'est le seul vêtement féminin, avec le crop top, que mes parents m'avaient laissé. Je pense qu'ils ne les avaient pas vus...
— Un crop top ? Tu dois le mettre, c'est obligé.
— Il a une chemise de nuit, aussi, laissa tomber sa tante.
Les pommettes de Felix prirent une teinte cramoisie. Embarrassé, il baissa la tête de sorte à ce que ses mèches de cheveux dissimulent son visage.
— Ah bon ? s'étonna l'aîné. Mais pourquoi tu ne l'as pas mise, cette nuit ?
— J-Je... Je ne voulais pas que ça te gêne...
— Lixie, ça ne me gêne pas plus qu'un short, c'est-à-dire, pas du tout. Et pourtant, tu en portes un.
— Je t'ai vu regarder mes jambes, hier, alors... j'ai pensé que ça te plairait..., bafouilla timidement l'Australien.
Changbin resta muet pendant quelques secondes.
— Oh mais... Tu es trop mignon !
Il pencha la tête pour embrasser sa joue piquetée de taches.
— Mets. Ce. Que. Tu. Veux, insista-t-il en déposant un baiser sur sa peau entre chaque mot.
La gorge de Felix était trop serrée pour que le moindre son s'échappe de ses lèvres. Ses yeux lui piquèrent. Sans un mot, il enfouit son visage écarlate contre le torse du noiraud.
— C'est prêt ! s'exclama alors Jeewon en revenant vers eux.
Ils se sustentèrent alors en bavardant joyeusement, même si, intérieurement, Felix était sérieusement secoué.
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L'Australien se tenait devant le miroir de sa salle de bain. Longuement, il observa son faciès androgyne en se demandant s'il allait oser se maquiller, même s'il en avait terriblement envie.
Une pensée étrange lui effleura l'esprit. « Je ne suis pas si mal que ça... », se dit-il finalement.
Changbin lui avait proposé d'aller faire un peu de shopping pour remplir son armoire. « Pourquoi j'ai accepté...? » se désespéra-t-il.
Même s'il avait peur, son copain l'avait persuadé de garder son short court qu'il avait ceint d'une ceinture. L'adolescent se saisit donc d'un hoodie et le revêtit en tâchant de maîtriser sa frayeur.
Felix appliqua un maquillage discret sur ses yeux, puis il examina avec hésitation le rouge à lèvre pâle à paillettes qu'il possédait. Il déglutit, partagé entre son désir et sa raison.
Finalement, d'un geste lent, il passa délicatement le lustre sur ses lèvres, jusqu'à ce qu'elles soient recouvertes de petites étincelles. « Un peu comme mon visage », songea-t-il en touchant ses taches de rousseur du bout des doigts.
Le jeune homme agrippa d'une main tremblante le tube de mascara. Il allait l'ouvrir, mais arrêta son geste en apercevant la porte s'ouvrir derrière lui et Changbin pénétrer dans la pièce. Il portait un jeans noir, une chemise blanche et une veste sombre qui lui seyait magnifiquement bien.
Le noiraud esquissa un petit sourire et vint l'étreindre par derrière. Puis, il se détacha et entreprit de se brosser les dents.
— Floette, tu peux te maquiller, tu sais, s'amusa-t-il devant la mine figée de son petit ami. Je ne vais pas te mordre.
Profondément embarrassé, celui-ci évita le regard rieur de Changbin. Sans piper mot, il appliqua un léger mascara sur ses cils d'une main assurée. Il ne se rendit même pas compte que son vis-à-vis observait le moindre de ses gestes avec un sourire en coin. Son petit nez était plissé sous la concentration, et sa langue pointait d'entre ses lèvres.
« Bordel, ça devrait être interdit d'être aussi beau... », se surprit à penser le plus âgé, alors que son regard courait librement sur les traits doux de Felix.
— T'es prêt ? demanda-t-il une fois qu'il eut terminé.
L'espace d'un bref instant, le regard hypnotique de l'Australien se posa sur la perruque sombre qui traînait sur une commode.
Hésitant, il jeta un œil à son copain qui le fixait d'un air interrogateur.
— O-Ouais, bredouilla-t-il, vas-y déjà. J'arrive.
Changbin lui décocha un regard suspicieux, mais acquiesça tout de même. Il quitta la salle de bain. L'androgyne tendit l'oreille, jusqu'à ce qu'il l'entende descendre les escaliers.
« Je n'ai pas le choix », essaya-t-il de se persuader en se rapprochant de sa commode. Il saisit la chevelure falsifiée entre ses petites mains et l'examina sous toutes ses coutures pour s'assurer qu'elle était toujours en bon état.
Felix fouilla dans son tiroir et y dénicha des épingles qu'il glissa entre ses mèches et la perruque pour la maintenir en place sur son crâne.
— Je le savais !
L'Australien sursauta violemment et se retourna en posant une main sur sa poitrine pour calmer les pulsations frénétiques de son cœur.
— B-Binnie..., fit-il en avisant son expression contrariée. Je croyais que tu étais descendu...
— Je me disais bien que tu avais quelque chose en tête, soupira l'aîné. Lix, vraiment, enlève cette perruque.
— Mais je... C'est mieux pour toi, Changbin...
Le noiraud tiqua et arqua un sourcil.
— Pourquoi ça ?
Felix baissa la tête en se triturant les mains.
— Je ne veux pas qu'on t'insulte à cause de moi...
La mine sévère de son interlocuteur se radoucit immédiatement. Il se rapprocha doucement et l'emprisonna entre ses bras musclés, avant de soupirer.
— Ils peuvent dire ce qu'ils veulent, mon amour. Ça m'est égal, parce que la seule chose que je veux, c'est que tu te sentes bien.
Felix réprima ses larmes le plus fort qu'il put.
— Je te promets que je regarderai mal tous ceux qui oseront dire quelque chose, plaisanta doucement Changbin.
— Si c'est contre moi, c'est pas grave... Je ne veux juste pas que tu...
— Tant pis. Je ne suis pas là pour leur faire la morale, mais pour passer un bon moment. S'ils ne sont pas capables d'être matures, ce n'est pas mon problème. Maintenant, fais-moi plaisir, et enlève cette perruque.
« De toute façon, peut-être même que certains me prendront pour une fille... », songea l'Australien en obtempérant.
— Allez, viens. On va refaire le plein de ton armoire, fit l'aîné avec un clin d'œil.
Un sourire radieux éclata sur le visage de son petit ami rien qu'à cette idée. Malgré lui, il gambada jusqu'aux escaliers sous les rires attendris du noiraud.
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Après un après-midi consacré au shopping, les deux amoureux s'installèrent sur un banc. Ils déposèrent leurs sacs entre leurs jambes, puis Felix sortit son cahier et un stylo pour se mettre à écrire.
Son copain ne se lassait pas d'observer son visage. Les rayons du soleil de fin de journée semblaient comme rehausser sa beauté irréelle. Les étoiles sur ses pommettes brillaient d'une chaude lueur dorée, tout comme ses lèvres enduites de lustre pailleté. Changbin dut presque se faire violence pour ne pas les toucher. S'il avait pu, il aurait probablement embrassé chaque parcelle de sa peau couleur de miel.
Ses iris d'un noir profond, fuligineux, suivaient le tracé de son écriture au fur et à mesure que les mots apparaissaient sur le papier. Parfois, ils étaient dérangés par une mèche rose cendré un peu plus rebelle que les autres. L'Australien portait alors sa petite main de libre à son visage pour la chasser, la faisant délicatement retomber parmi les autres.
Il laissait libre cours à ses pensées, imprimant à son stylo un mouvement destiné à gracieusement les annoter.
Finalement, le noiraud se sentit en proie à l'inspiration. Sans chercher à la repousser, il demanda du papier à son petit ami, qui lui en tendit aussitôt, avec un crayon. En fouillant parmi les affaires qu'ils avaient achetées, il dénicha une surface dure et plate qu'il glissa sous la feuille.
Ses doigts esquissèrent d'un mouvement expert les contours du visage de celui qui avait ravi son cœur. Il retraça sa mâchoire marquée, ses lèvres pulpeuses, son petit nez, son long cou, sa pomme d'Adam saillante, ses oreilles et ses taches de rousseur. Et finalement, il dessina ses yeux d'un noir puissant, envoûtant, indicible.
Avec les crayons de couleur qu'il s'était procurés un peu plus tôt, Changbin ajouta à sa chevelure une teinte incarnadine, puis teignit ses paupières en un bleu électrique, celui-là même qui lui avait tant plu.
Felix avait cessé depuis quelques minutes d'écrire pour l'observer à l'œuvre. Un beau sourire éclaira son visage lorsque son petit ami eut terminé. Il le complimenta avec une effusion d'émerveillement.
Sans faire attention aux passants, ils s'embrassèrent doucement, leurs regards brillant d'amour.
Les deux adolescents rangèrent leurs affaires et décidèrent de rentrer, car un vent froid s'était levé. Main dans la main, ils prirent le chemin du retour sous leurs rires inexhaustibles.
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Une fois arrivé, Felix entreprit de ranger ce qu'ils avaient acheté ; quelques jupes, robes, collants, ceintures, bottines, shorts, jeans, hoodies, chemisiers, baskets, boucles d'oreilles et palettes de maquillage. Changbin lui donna volontiers un coup de main. Il ne le pressa d'aucune manière, même si ce serait mentir de dire qu'il ne désirait pas le voir porter ses nouveaux vêtements.
Ils passèrent quelques dizaines de minutes à se câliner. Malgré lui, le noiraud ressentait ses envies changer, devenir plus voluptueuses. Mais il choisit de ne pas en faire part à son petit ami.
Contrairement à ce dont il était persuadé, l'Australien l'avait déjà parfaitement cerné. Ses yeux brûlant de fébrilité ne laissaient place à aucun doute possible.
Le plus jeune avait observé chacun de ses gestes, mais aucun ne laissaient sous-entendre qu'il souhaitait plus.
Les pommettes cramoisies par l'embarras, Felix ne savait pas du tout comment réagir. C'était bien la première fois que quelqu'un entretenait un tel regard envers lui, et à vrai dire, il s'en sentait flatté.
Peut-être n'était-il pas aussi infâme qu'il le pensait...
Finalement, l'androgyne se mit d'accord avec lui-même pour faire une surprise à son copain. Après tout ce qu'il avait fait pour lui, il jugeait lui devoir cela.
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Changbin était assis sur le sofa, attendant son petit ami qui était parti se doucher. Il n'entendait pas encore l'eau couler, mais il ne s'en inquiéta pas outre mesure.
Il faisait défiler les chaînes de la télévision sans parvenir à arrêter son choix. Sans insister, il l'éteignit et se saisit de son téléphone.
— B-Binnie ? fit une petite voix hésitante et infiniment rauque.
Le noiraud se retourna prestement, ayant décelé de la frayeur chez son petit ami. Lorsque son regard se posa sur lui, sa bouche s'entrouvrit par ébahissement.
Son souffle se coupa brutalement.
Felix portait un chemisier noir à manches amples qui donnait de l'éclat à ses cheveux roses, ainsi qu'une jupe bouffante et écrue qui lui descendait jusqu'à mi-cuisses. Ses jambes étaient ainsi découvertes, dévoilant une peau d'albâtre aux superbes courbes.
Son visage aux traits fins était tacheté de petites étoiles mordorées, ses lèvres charnues recouvertes d'un léger baume rosâtre, et ses prunelles sombres décorées d'un splendide fard à paupière céruléen. Sa chevelure rosacée retombait doucement en légères frisures, encadrant deux longues boucles d'oreilles bleutées en forme de petites plumes.
Parfait. Il était parfait.
Changbin se leva afin de doucement lui agripper la taille, comme s'il craignait de briser cet être de porcelaine si magnifique, si éthéré, qui lui souriait avec gêne.
— Tu es magnifique, chuchota-t-il à l'oreille de son bien-aimé.
Le regard de l'Australien était vissé en direction de ses pieds nus, alors que ses joues devenaient rouge pivoine. Mais son expression s'était assombrie.
— Eh, Lixie, s'inquiéta le noiraud. Ça va pas ?
— J-Je...
L'adolescent sentit sa lèvre inférieure trembler, alors que ses yeux se firent larmoyants.
Voyant l'état de son copain, Changbin lui saisit la main et l'amena sur le canapé. Il y prit place et attira Felix à lui pour le faire asseoir sur ses cuisses. Il le serra ensuite dans ses bras.
— Ne pleure pas, Lix. Dis-moi qu'est-ce qui se passe.
— Je... Je voulais te faire une surprise..., avoua l'androgyne en baissant la tête.
— Et je l'adore, Floette, alors pourquoi tu fais cette tête ?
— C'est que finalement, je... Je ne veux pas que tu me trouves joli en jupe...
— Pourquoi ? demanda l'autre avec surprise.
L'androgyne se mordit la lèvre jusqu'au sang.
— J'ai peur que tu me désires parce que je ressemble à une fille...
— Oh, mon amour... C'est pas du tout ça... C'est justement parce que tu es un homme que ça m'excite tant de te voir avec une jupe, avoua le noiraud en se détachant de son petit ami.
— Q-Quoi ?
L'aîné eut un petit rire attendri.
— Une fille qui porte une jupe, c'est banal. Et toi, tu es loin d'être banal.
Il caressa la joue de son amant du dos de sa main. L'autre, il la laissa glisser sur la peau nue de sa cuisse musclée, prenant le temps d'en explorer chaque recoin.
— T-Tu es sûr que tu ne me trouves pas bizarre...? s'enquit timidement l'Australien.
— Bizarre ? pouffa son vis-à-vis. Non, je te trouve beau, adorable et courageux.
— Courageux ?
— Oui, tu portes ce que tu aimes, même si c'est considéré pour « fille ».
La main de Changbin avait finalement atterri sur ses hanches. Des frissons coururent sur la peau hâlée de Felix à ce contact subtile.
Ses iris brûlants se plongèrent dans ceux de son aîné. Cette fois, il le dévisageait différemment : une pointe de désir brillait dans son regard ardent.
Le souffle du plus jeune devint lourd. Pour faire taire les étranges sensations qui lui oppressaient la poitrine, il tenta de se dégager de l'emprise de son petit ami, mais celui-ci le retint.
L'Australien n'osa plus esquisser le moindre geste. Le noiraud glissa délicatement une de ses mains dans sa nuque et l'attira à lui pour sceller leurs bouches.
Felix frémit en sentant ses douces lèvres humides venir se presser contre les siennes.
Changbin se redressa tant bien que mal pour être à sa hauteur, ce qui lui arracha un sourire. Il entreprit alors de parsemer la peau du doux visage de l'adolescent de baisers capiteux : son nez, son front, ses tempes, ses pommettes, son menton, ses paupières.
Ses lèvres redevinrent bientôt la cible du noiraud, et leurs baisers mouillés se firent de plus en plus fiévreux. Le noiraud fit alors descendre son petit ami de ses jambes et lui prit la main afin de l'entraîner jusqu'à sa chambre.
L'androgyne s'allongea sur le lit et le noiraud se coucha à ses côtés.
Ils se dévisagèrent un long moment et échangèrent un regard chargé de désir.
Cette soirée-là, les adolescents expérimentèrent une autre facette de leur amour, sans pour autant aller trop loin. Ils explorèrent instinctivement leurs corps et assouvirent ainsi leurs pulsions avec tendresse et douceur.
Et Changbin se rendit compte que finalement, le corps de Felix n'était pas aussi frêle qu'il l'avait cru.
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