❦ 11.

Une peur violente submergea le petit Australien, qui voulut aussitôt refermer la porte. Mais son vis-à-vis glissa son pied entre celle-ci et la chambarde afin de la bloquer.

Ne désirant pour rien au monde le blesser, Felix laissa ouvert et courut plutôt se réfugier à l'intérieur.

— Attends !

Une main se referma sur son poignet pour arrêter sa course.

L'adolescent n'avait pas la force de se démener. Il resta figé, alors qu'il tremblait comme une feuille. Puisque Changbin ne bougeait pas, il ferma les paupières le plus fort qu'il put, pressentant le pire. À son plus grand malheur, ses yeux libérèrent d'autres perles renfermant une douleur sourde.

L'Australien n'était pas prêt à se montrer sous son véritable jour. Il avait imaginé l'annoncer par messages, car il était tout bonnement incapable de faire face à son aîné, mais c'était trop tard.

Il craignait tant de le décevoir...

Une partie de lui voulait tout balancer, tout avouer et faire face aux conséquences. L'autre ne pouvait s'y résigner. Complètement paralysé, Felix ne parvenait pas à prononcer le moindre mot. Même les sanglots ne voulaient pas franchir ses lèvres.

La maison était enrobée d'un silence angoissant. Seul son souffle rapide et haché venait le rompre.

Lorsque l'adolescent à la chevelure rose tendre se mit à vaciller sur ses jambes, il craignit de s'effondrer.

— Je t'en conjure, attends...

Le plus jeune se mordit la lèvre inférieure, conscient qu'il ne pourrait fuir nulle part. Au lieu de courir, il s'immobilisa complètement, attendant une réaction de la part de son aîné.

Pourtant, celui-ci ne dit rien. Felix l'entendit se rapprocher de lui, et il sentit un spasme parcourir son corps tout entier.

Mais le noiraud ne lui fit aucun mal, au contraire. Il entoura la taille de l'adolescent de ses bras musclés et l'attira contre lui. Le dos de l'androgyne rencontra son torse, et tous les deux frissonnèrent.

Changbin plongea son visage au creux de son cou pour mieux sentir ses effluences vanillées.

— Calme-toi, tout va bien...

L'Australien crut qu'il ne se doutait toujours de rien. Peu à peu, sous les caresses de son aîné sur ses hanches, ses tremblements s'apaisèrent.

Soudain, le plus jeune sentit quelque chose de doux et de légèrement humide se poser dans sa nuque. Il écarquilla les yeux, paniqué. « Non, non, non, Binnie ne peut pas m'embrasser ! »

Felix s'écarta vivement sans toutefois se retourner. Il ne pouvait pas le laisser faire des gestes qu'il finirait par regretter. Derrière lui, le noiraud pouffa face à son mouvement de recul.

« Il faut absolument que je le fasse partir avant qu'il me voie... », se dit l'adolescent en déglutissant.

— T-Tu ferais mieux de t'en aller, Binnie..., murmura-t-il alors.

Il fit un pas en avant, mais celui-ci lui agrippa la main par derrière et il sentit son souffle se couper.

— Regarde-moi, chuchota le plus âgé.

L'Australien secoua la tête. Son cœur battait à tout rompre contre sa cage thoracique et menaçait d'exploser.

— Felix, regarde-moi.

Le concerné se mit à trembler tellement fort que ses spasmes se transmirent au corps de Changbin. Il éclata en sanglots, terrorisé, mais aussitôt, il se fit engloutir dans une chaude étreinte.

Le noiraud le serra étroitement contre son cœur et embrassa délicatement ses cheveux roses, tandis que l'adolescent était aux prises avec les pires de toutes les angoisses.

— Ch-Changbin..., hoqueta l'androgyne. J-Je s-suis d-désolé... t-tellement d-désolé...

Ses pleurs l'empêchaient presque de parler.

— Ce n'est rien..., murmura son vis-à-vis. Je t'en prie, ne pleure pas...

— N-Ne m-me l-laisse p-pas...

— Non, je suis là...

Une de ses mains vint entremêler ses mèches incarnadines et les caresser doucement.

— J-Je s-suis h-horrible, j-je s-suis t-tellement d-désolé...

— Eh, ne dis pas n'importe quoi..., rétorqua doucement Changbin.

— M-Mais j-je t'ai m-menti et b-blessé...

—Tu te trompes, je ne suis pas blessé...

— J-Je suis in...

— Tais-toi..., l'interrompit son interlocuteur. Je t'en prie, arrête de te rabaisser. Je suis là.

Felix pleura toutes les larmes de son corps pendant de longues minutes. Il avait imaginé maintes et maintes fois comment le noiraud réagirait, mais il n'aurait jamais cru qu'il l'étreindrait.

Son sang pulsait à ses tempes, il en avait presque le vertige. Il était si terrifié qu'il aurait bien voulu s'échapper et courir le plus loin possible, mais il savait qu'il était temps que Changbin sache toute la vérité. « Peut-être qu'il n'a pas compris, au final... »

— Floette...

Le plus jeune se sentit défaillir. « Comment a-t-il su ? » s'effraya-t-il en sanglotant.

— Floette, calme-toi, je t'en prie...

« Il va me détester... »

— Felix...

Mais le concerné croyait dur comme fer que jamais Changbin ne pourrait l'accepter, accepter cette facette de lui qui suscitait tant de dégoût chez les autres.

Si Felix était incapable de s'aimer, comment son aîné le pourrait-il ?

Envahi par des émotions négatives et des pensées fallacieuses, il ne parvenait même plus à raisonner de façon sensée. Le noiraud le pressait tendrement contre lui, mais il ne s'était jamais senti aussi mal.

Il avait l'impression d'avoir joué avec ses sentiments, d'avoir assouvi un besoin de combler sa solitude sans se soucier de le blesser. Si Changbin se mettait à le détester, alors soit. Mais s'il se sentait trahi par son geste d'un égoïsme purement salvateur, il ne le supporterait pas.

Le plus jeune avait tellement désiré trouver la force de tout avouer... Mais il n'était jamais parvenu à puiser suffisamment de courage pour révéler ce qui l'accablait, ce qui le détruisait un peu plus chaque jour.

Changbin portait un amour incommensurable à quelqu'un qui n'existait pas vraiment. Lexie n'avait été qu'un mirage, qu'une image chimérique derrière laquelle Felix s'était caché et raccroché pour échapper à sa véritable identité.

Il avait juste voulu croire qu'il pouvait enfin être quelqu'un qui ne méritait pas d'être invectivé.

Désormais, l'Australien regrettait de s'être sciemment fait passé pour quelqu'un d'autre. Certes, cela avait été son plan depuis le début. Mais il n'avait absolument pas prévu que le noiraud débarquerait dans sa vie et chamboulerait son cœur.

« Je savais que ce n'était pas une bonne idée... Pourquoi ne me suis-je pas écouté ? Pourquoi ai-je pris ce risque pour me rapprocher de Binnie ? Pourquoi a-t-il fallu que je sois si égocentrique ? Il a été si adorable avec moi... Il a cherché à me connaître, à me rassurer, et je n'ai fait que lui mentir... », songea tristement Felix.

En se souvenant qu'il avait fait l'effort de devenir son ami, alors qu'il détestait les gens, ses sanglots redoublèrent.

Changbin ne savait plus quoi dire pour l'apaiser. Il tourna la tête de côté pour déposer un baiser sur sa pommette stellaire.

L'adolescent sursauta violemment, son corps se crispa.

— Ch-Changbin... A-Arrête..., bredouilla-t-il en se sentant rougir.

— Tu ne veux plus que je t'embrasse ?

— Si... m-mais non... J-Je ne v-veux pas que t-tu le f-fasses, parce que t-tu finiras par r-regretter...

— Pourquoi ? Parce que tu es un garçon et que tu aimes te travestir ?

Le sanglot qui traversa les lèvres de son vis-à-vis fut si déchirant que le noiraud sentit son cœur se serrer. Il n'aurait peut-être pas dû dire les choses aussi crûment.

Il essaya d'écarter Felix de son torse, mais celui-ci était accroché à lui comme un petit koala à sa mère. Profondément attristé par sa terreur, il posa une de ses mains sur sa joue.

— Écoute-moi, murmura-t-il fermement. Ça ne change absolument rien à mes sentiments pour toi.

— T-Tu...?

— Laisse-moi te regarder.

— J-Je ne p-peux pas... T-Tu vas m-me détester...

— Felix, laisse-moi te regarder, je t'en supplie.

Mais le petit Australien refusa obstinément de se détacher de son aîné. Lové contre son torse, il n'osait plus bouger, de peur de tout briser. Il le savait, si Changbin venait à apercevoir son visage, il le haïrait et regretterait de lui avoir offert son amitié tout d'abord, puis son amour.

— T-Tu vas m-me trouver d-dégoûtant...

— Lix, je t'aime, jamais je ne te trouverai dégoûtant.

— Comment t-tu peux d-dire ça, alors que t-tu sais qui j-je suis ?

— Oui, je sais qui tu es. Tu es toujours Floette, avec ou sans masque.

Le plus jeune renifla, ses mots lui allant droit au cœur. Ses doigts tremblants étaient cramponnés au t-shirt de son aîné, il ne parvenait pas à le lâcher. En comprenant que ses pleurs étaient vains, il se sentit profondément honteux.

— Je suis désolé..., finit-il par murmurer.

— Arrête de t'excuser et laisse-moi te voir.

Devant le silence de son vis-à-vis, le noiraud attendit patiemment. « Advienne que pourra... », se résigna Felix en rassemblant tout son courage.

Changbin agrippa ses petites mains et les détacha de lui. Il le saisit ensuite par la taille et l'écarta doucement de son corps. Sans piper mot, l'Australien se laissa faire en fermant les yeux.

— Wow..., laissa échapper l'aîné en écarquillant les yeux.

Ce qui le frappa immédiatement, ce fut l'aspect fragile de l'adolescent. De petites comètes caramel formaient des constellations sur la peau hâlée de son visage. Il y en avait partout, même sur ses paupières et ses oreilles !

Son petit nez rond était tout simplement adorable, et sa mâchoire aux traits marqués soulignait des lèvres d'une délicate couleur rosée. Le plus âgé ne put s'empêcher de trouver ces dernières attirantes, bien qu'elles soient agitées de tremblements nerveux.

Le jeans ajusté que portait Felix lui permit de mesurer la finesse de sa taille, et surtout, qu'il était tout menu. Cela lui donna l'irrésistible envie de le protéger et de le serrer contre lui.

Une larme coula le long de la pommette du plus jeune sous l'absence de réaction de la part du noiraud. Celui-ci vint alors délicatement poser ses mains sur ses joues pour toucher ses étoiles mordorées.

Surpris, l'Australien ouvrit aussitôt ses yeux hypnotiques balayés par des mèches rose tendre. De longs cils noirs ombrageaient ses iris charbonneux. Changbin les plongea aussitôt dans les siens, et lui sourit amoureusement.

L'adolescent à la chevelure pâle sentit son souffle se couper à leur contact visuel. Une grande chaleur envahit son corps, alors que, tout comme après leur baiser de la veille, ses pensées s'éteignirent à l'instar d'une flammèche se changeant en bluette.

Il n'aperçut aucun dégoût dans le regard de son vis-à-vis. Au contraire, seul un amour inextinguible y régnait et brillait par sa forte intensité.

— Je suis désolé de t'avoir déçu..., balbutia Felix en baissant les yeux.

— Je ne suis pas déçu, le contredit aussitôt son aîné dans un souffle. Je t'aime pour qui tu es, par pour ce qu'il y a entre tes jambes.

L'adolescent prit alors conscience avec une brutalité suffocante que Changbin était différent. Il ne se contentait pas de le regarder avec ses yeux, mais aussi avec son âme.

Simplement après cette révélation, il sentit son cœur se gonfler d'amour et de soulagement. Des larmes de reconnaissance se mirent à glisser sur ses pommettes, alors qu'une joie indicible s'installait en lui.

Le noiraud les essuya tendrement.

— Comment tu as su...?

— Je me suis toujours demandé qui tu étais, avoua Changbin. Mais je n'en ai eu la confirmation que récemment. Ton parfum est très délicat pour un homme, mais tu as une odeur incontestablement masculine.

— Mais tu ne m'as rien dit..., bredouilla Felix, confus.

— Je voulais attendre que tu me le dises. Mais tu te sentais si mal ce matin que je me suis précipité chez toi.

— Je ne voulais pas que tu le saches... 'Fin si ! Mais je... enfin... C'est que... non...

Le doux rire de son vis-à-vis l'interrompit.

— Tu n'as rien à craindre, Lix. Je tiens toujours mes promesses.

Le concerné esquissa aussitôt un sourire timide dont la beauté était radieuse.

— Je pensais vraiment que j'allais te dégoûter...

— Je ne t'aurais pas embrassé si tu me dégoûtais.

L'Australien écarquilla les yeux en comprenant ce que cela signifiait.

— Tu...?

Changbin lui avait déjà montré qu'il l'acceptait, et il ne s'en était pas rendu compte.

Celui-ci sourit avec espièglerie. Sans qu'un seul mot ne soit échangé, il fondit sur les lèvres de Felix et l'embrassa passionnément.

Le plus jeune se laissa emporter, malgré ses pensées nébuleuses. Une douce chaleur le transporta et le poussa à se rapprocher du noiraud. Mais il n'osa pas le toucher, comme si une partie de lui ne parvenait toujours pas à croire à sa situation présente.

Le noiraud, en remarquant ses réticences, saisit simplement ses petites mains douces comme le satin et les posa sur son propre torse. Il entoura sa taille de ses bras et le tira contre lui.

Brusquement, l'ambiance devint bien plus torride. Changbin ignorait jusqu'où il pouvait aller, mais il désirait de tout cœur montrer à l'androgyne qu'il l'aimait. Alors, sans plus de façon, il se mit à l'embrasser langoureusement.

À son plus grand plaisir, Felix ferma les paupières et y répondit aussitôt.

Le bruit de leurs baisers résonnait dans le couloir, et l'aîné ne put s'empêcher de sourire contre la bouche de l'Australien tremblant. C'était la troisième fois qu'il avait la chance de goûter à ses lèvres, et ce ne serait certainement pas la dernière.

Ils baignaient dans un océan de délices.

Lorsqu'ils s'écartèrent, le plus jeune sut que son cœur appartiendrait pour toujours au noiraud.

Les amants passèrent le restant de la journée à se raconter le plus d'anecdotes possibles. Enfin, surtout Changbin, car son cadet s'était refermé sur lui-même. Il était tellement soulagé qu'il ne savait plus très bien s'il devait pleurer jusqu'à s'assécher, ou crier jusqu'à en devenir sourd.

Contrairement à ce qu'il avait craint, son aîné continua de lui prendre les mains et de le couver du regard. C'était comme si rien n'avait changé, hormis qu'il se sentait aussi démuni qu'un chaton.

Le noiraud, chagriné par sa détresse, le tira jusque dans le salon. Felix se laissa docilement emporter.

— Il reste quelque chose que je dois savoir.

— A-Ah bon ? s'enquit l'autre avec appréhension.

— Oui. J'aimerais entendre ta vraie voix.

L'androgyne se mit à paniquer, mais le rire de son vis-à-vis l'apaisa aussitôt. Penaud, il fit la moue.

— Tu risques de faire une crise cardiaque.

Il s'esclaffa devant le regard étincelant de défi de Changbin. Il se racla la gorge et murmura de sa voix éraillée :

— Tu vas flipper, je pense.

La mine estomaquée du noiraud le fit rire aux éclats. Aux oreilles du plus âgé, ce fut le plus beau son du monde.

— Elle est tellement rauque, articula-t-il en revenant de sa surprise.

— J-Je... Je peux continuer à parler comme tu en as l'habitude, si tu v...

— Non, surtout pas ! J'adore !

Timidement, les lèvres de Felix se fendirent en un sourire embarrassé. Quelque part, il s'en sentit immensément soulagé. Forcer sur sa voix commençait sérieusement à lui faire mal.

En évitant son regard, il se faufila dans les bras de son aîné et se blottit contre lui.

— J-Je... Merci de ne pas te comporter différemment avec moi...

« Il a toujours au fond de lui la crainte d'être rejeté », déplora Changbin en le serrant.

— Lix, c'est à toi que j'ai confié tous mes secrets, c'est toi qui m'a redonné l'inspiration, c'est avec toi que j'ai passé les meilleurs moments de ma vie... Ça a toujours été toi, depuis le début. Ce n'est pas parce que maintenant je le sais que ça doit changer.

— Je t'aime tellement... J'ai eu si peur de te perdre...

— Comme si c'était possible, railla gentiment le noiraud. T'es coincé avec moi pour toujours, maintenant.

— Si tu veux, en ta présence, je pourrais éviter de porter des... 'fin tu vois..., bredouilla l'Australien.

Son interlocuteur esquissa une petite moue.

— Je préférerais que tu sois toi-même.

— T'es sûr ?

— Porter des jupes et du maquillage te donne un côté extrêmement charmant, et tu oses me demander ça ? rit le plus petit.

Les pommettes de Felix chauffèrent et prirent une teinte cramoisie.

— J-Je veux juste m'assurer que tu ne sois pas mal à l'aise, marmonna-t-il.

— La seule chose que tu dois me promettre, c'est d'arrêter de cacher tes taches de rousseur.

— D'accord...

Changbin se mit à l'embrasser dans le cou pour le chatouiller, ce qui le fit glousser.

— Je t'aime tellement, Lix.

— Certainement pas autant que moi...

Ils échangèrent un doux sourire. Le noiraud glissa ses mains sur les hanches de son vis-à-vis pour les caresser, et des frissons coururent sur leur peau à ce contact.

Il vint alors cueillir un long baiser sur ses lèvres.

Il était chargé de promesses et d'un doux sentiment amoureux...

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Krkr ça va ? J'ai pas trop foiré ? 👉🏻👈🏻

En tout cas, écrire avec des papillons dans le ventre, c'est un réel plaisir-

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