Le Réveil
Alors oui, pas de chapitre cette semaine, mais beaucoup d'anniversaires ce mois-ci donc un petit bonus écrit tout d'abord pour notre chère Accioweekend et notre Léa ! Vous savez à quel point on vous aime vous deux hein ! Mais aussi pour lisa2225858 , Alexaanxdraa , camou15 , Thisasecret , ManonGoncalves , yamatoamu13 et comy95 !! Alors oui pour certaines on a plus de retard que d'autres, mais bon j'espère faire plaisir quand même !
A vous de découvrir de quel personnage il s'agit... 😇
Triste est le ciel
Lorsque les Dragons
s'en sont Allés.
La Terre des Dieux, là où coulait la plus pure des magies. La plus ancestrale. La plus puissante. Elle était source de toute vie, dangereuse et dotée d'une conscience. Elle était le Flux, l'Origine. Et dans notre langage, Norawea.
Telle une grande rivière que rien ne pouvait arrêter ; de mille et une couleurs, de mille et une promesses. Norawea n'était pas l'Harmonie, elle était le lien et s'il se brisait, tout était condamné à l'oubli. Elle était la puissance d'un monde que les Hommes n'envisageaient même pas.
Norawea était Tout. C'était là que les Mages, depuis des millénaires, tiraient leur force. Leur essence. Un cadeau des Dieux. Le Bien et le Mal s'y côtoyaient et le murmure des Morts rappelait une brise glaciale en plein été.
Chaque Sorcier puisait dans cette source, même sans le savoir. Il y avait des réalités très bien cachées. Qui avaient été dissimulées à dessein, pour préserver ce qui pouvait encore l'être. Il y a longtemps, Celui-Qui-Sait avait vu le monde sombrer dans le Chaos. C'était arrivé une fois déjà. Le Temps aimait se répéter. Surtout lorsque nous n'apprenions pas de nos erreurs.
Voilà que je ressassais. Encore. Il était étonnant de voir à quel point mon esprit s'égarait en des siècles passés, se remémorant des années qui n'étaient vivaces que pour moi. Je m'émerveillais quant au fait que mes souvenirs n'étaient pas altérés. Pas tout à fait. Certains étaient plus vifs que d'autres. Les aléas d'une très longue existence. À côté des Mages, la vie d'un loup était fugace. Je gloussai. J'étais une vieille bique, plus ancienne que la plus vieille des momies.
Mon Sommeil m'avait permis de ne pas finir fou. J'avais dormi quelques longs siècles, laissant les humains étendre une grande partie de leur domination sur le monde et les Surnaturels apprendre à vivre d'une nouvelle façon. Là était le propre d'espèces appelées à cohabiter. Même si ça ne durait pas. Mais il n'avait pas seulement été question de garder toute ma tête. Non. Un petit grain de folie ne faisait de mal à personne de toute façon.
Les créatures dont j'étais le Guide n'avaient pas été prêtes pour cette nouvelle ère, ou alors était-ce le monde qui n'avait plus été capable de les abriter ? Tant et si bien que j'avais dû prendre une décision. Et ainsi mon Sommeil avait permis de sauvegarder une espèce qui se serait éteinte sinon. Et je ne parlais pas de simples Métamorphes. Non, je parlais des premières Créatures. De nos Totems. Notre existence, nous la puisons à travers la leur.
Un bruit devant moi me fit baisser les yeux. Un épais manteau fantomatique enveloppait les bois dans lesquels je m'étais enfoncé. Le couvert était dense et l'ombre des arbres n'était pas sans rappeler des formes qui aimaient peupler les cauchemars des enfants. Je voyais à peine mes propres pieds, pour dire. Mais je connaissais le chemin par cœur, pour l'avoir parcouru des milliers de fois avant aujourd'hui. L'atmosphère n'était pas toujours si oppressante, si inquiétante même. D'habitude, le sol était recouvert d'un tapis de feuilles verdoyant, éclairé par quelques rayons de soleil hagards et bienfaiteurs. Une douce chaleur flottait alors et la brise du vent semblait chasser le Mal. Mais pas depuis les dernières heures. Ce voile opaque était tombé tel un couperet, rappelant que la limite était ténue. Que tout était corruptible. J'avançai pour ainsi dire presque à l'aveugle, suivant la pulsation sous terre, celle-là même qui me menait tout droit au Tombeau. Le chemin n'était pas clairement indiqué. Il fallait savoir. Il fallait avoir déjà arpenté cette voie. Un mouvement très rapide, à la limite de ma périphérie. Quelque chose effleura mes jambes, cette fois-ci ne s'emberlificotant pas dans ma cape. Une grande première donc. Ma cane s'enfonça dans la boue en un bruit reconnaissable et je grommelai. Je ne sentais aucun résidu du Mal dans l'air, pas plus que circulant à travers Norawea. Malgré tout, il y avait cette sensation qui m'enveloppait, étendant ses longs bras rachitiques pour me tenir en leur sein.
Les Mages étaient plus sensibles à la Magie que les Sorciers ou les Wiccas. Nous étions nés d'Elle après tout alors c'était logique. Nous étions plus sensibles aux forces qui régissaient le monde, au Destin et aux Créatures.
Notre Essence était magie.
Notre pouvoir n'était qu'une extension de nous-mêmes. De Norawea. Nous accomplissions un dessein plus grand que quiconque, bien que notre race soit en plein déclin. Nous avions perdu tant des nôtres. Nous avions dû tant sacrifier de nous-mêmes...
Les Hommes ne disaient-ils pas bien souvent que les Voies du Seigneur étaient impénétrables ? Il en était de même pour nos propres Divinités. Pour notre Panthéon à nous.
Un cri me parvint. Chantant et cristallin. Nous étions bien loin d'un rugissement. Le babillage d'un très jeune dragon, tout au plus.
L'escalier m'apparut au moment où je faillis buter sur la première marche. Je levai la tête pour voir la porte de pierre, colonnades cannelées autour desquelles avaient élu domicile mousse et fougère. Donnant une impression de vécu, de vieillesse à la pierre, lui conférant une histoire, si ce n'est un passé qui appartenait au lieu. Les deux colonnes étaient reliées par un symbole antique où pendaient des fleurs aux teintes vives, vestige d'une saison passée. À l'instant même où mon regard effleura cette beauté d'architecture d'antan, la brume s'évapora et l'éclat du soleil transperça. J'admirai alors la magnificence cachée à mes yeux jusqu'alors ; les branches garnies de feuilles et de fleurs aux senteurs sucrées, la petite faune grouillante tout autour, conférant une sensation de vie au cœur des bois. Le bout touffu d'une queue disparu derrière le pilier.
Lentement, je commençai à gravir les quelques trentaines de marches qui me mèneraient au Tombeau, même si pour l'heure, ce n'était pas là que je me rendais. Plus loin comme un murmure perdu dans la densité des feuillages, l'écho d'une cascade, bien que le clapotis me semblât moins puissant. Une fontaine peut-être ?
La forêt de Brocéliande regorgeait de secrets et de mythes et légendes. Son nom avait traversé les âges, l'érigeant au rang de symbole, au même titre que la légende arthurienne.
L'impact d'une existence sur le reste du monde. Voilà ce que c'était. Mon chemin m'avait mené à Arthur. Pour une raison. Tout comme j'avais rencontré Aslander, l'Empereur des lycans. La Volonté de Norawea. On ne faisait pas d'un lycan un demi-Dieu sans but précis après tout. Tout comme un homme n'était pas appelé à avoir une grande destinée si ça ne servait à rien. Arthur et Aslander avaient été faits du même bois. Celui qui se voulait robuste, mais flexible, capable de supporter la tempête. Leurs deux lignées trouvaient sa source dans le Panthéon des Divinités. Et ça, ce n'était pas rien.
Je renâclai à la façon d'un cheval, à bout de souffle, mon corps se remettant difficilement du Sommeil. Cette fois, je n'étais pas juste une projection, ersatz de ma propre magie. J'étais de nouveau là, foulant une Terre vieillissante et fatiguée de porter tant de maux. Je le ressentais au fonds de moi. Parce que j'étais relié à elle. Notre planète se lamentait. Au rythme des guerres, des nouvelles technologies et de tout le reste. Ça pulsait en moi. Rappel constant d'un déclin inexorable.
Qu'allait-il se passer ? Qu'allait-il advenir de tous ces peuples ?
Une fois au sommet, je pris un instant pour inspirer et calmer les battements de mon cœur. Il galopait tel un cheval lancé à pleine vitesse. Je me faisais trop vieux pour tout ça. Oui, parfois je le sentais. Dans mes chairs. Dans mon cœur.
En mon âme.
Un éclat de lumière m'aveugla, résultat d'un unique rayon venu se perdre sur des écailles brillantes, toutes neuves.
Le dragonnet, petite boule d'écailles, m'attendait, presque sagement. Il était aussi jeune que j'étais vieux. Et pour une créature appelée à vivre des millénaires, c'était toujours étonnant de les voir si... chétives. Chaque dragonnet était différent, car chaque dragon l'était.
Ciel.
Terre.
Eau.
Feu.
Ensuite, il y avait des distinctions pour chaque grande race. Le petit monstre que j'avais devant moi n'avait pas d'ailes. Pas encore. Sa musculature était significative de son espèce. Il lui faudrait quelques décennies pour grandir et pas loin d'un siècle pour adopter sa forme définitive. Tout se faisait en douceur. Voilà une de raisons de pourquoi cette petite bête était précieuse. Et donc avec moi. Pour le moment. Parce que je ne pouvais pas me permettre de l'amener partout. Ce n'était pas un animal de compagnie. J'étais son Guide. Et je n'oubliais pas ça. Ne le pouvait pas. Mais qu'avaient pensé les dragons de leur sommeil obligé ? Je les avais empêchés de vivre pendant des siècles, tout ça parce qu'ils m'étaient liés. Pour autant, ce n'était pas une vérité universelle, sinon ma chère sœur, à travers sa malédiction, aurait décimé le peuple des loups, sans n'en laisser aucun sauf. Mais si Siobhane était certes puissante, elle ne faisait pas partie du Circus. Un rassemblement de vieux rabougris édentés. Du moins maintenant.
Pour ma part, étant l'aîné de notre famille, dernier représentant mâle de notre lignée, ma destinée avait été toute tracée. Mais j'avais toujours eu un goût prononcé pour tenir tête à ceux qui voulaient me dicter ma conduite. Je n'étais pas un exemple à suivre et pourtant j'avais tenté d'inculquer des valeurs à mon unique famille. Comme quoi, n'importe qui pouvait se taxer d'être moralisateur lorsqu'il le fallait.
Je levai la main et d'un geste des doigts, sentis la magie fourmiller à même mon épiderme. C'était une sensation assez étonnante, comme de petites piqûres, attaquant ma peau à coup de dars. Pas douloureux, parce que l'euphorie du pouvoir enflait alors, occultant tout le reste. Si ce dernier revêtait souvent différentes formes, l'impression demeurait la même. Au départ, c'était diffus. Au départ, on n'avait juste peur que ça nous échappe. Mais plus les minutes passaient et plus on s'agrippait. Sur ma droite, les branches s'écartèrent, se déliant les unes des autres et quelques arbrisseaux apparurent, d'un vert émeraude impétueux, qui témoignait d'une jeunesse récente et fragile. Un passage. Après tout, la forêt de Brocéliande en regorgeait, n'étant qu'une étape dans un voyage. Je pointai ma canne dans cette direction et le dragonnet sautilla sur place, comme l'aurait fait un chiot jovial et un peu trop empressé. Il avait besoin d'être canalisé. Et rien de mieux qu'un dragonnier pour cela. Voilà pourquoi j'avais entrepris cette longue marche. Pas pour rendre visite à mon vieil ami, lui aussi en sommeil. Ce n'était pas encore tout à fait le moment. Les événements se succédaient en Australie. Et bientôt, ma sœur accomplirait son devoir, forgeant un pan entier d'une histoire à venir.
Je laissai le petit monstre passer devant moi avant de me remettre en mouvement, éreinté et quelque peu tendu. Après avoir Dormi si longtemps, je ne pouvais que me rendre compte de la tâche qui m'attendait. M'incombait-elle ? Question de fatalité. On ne devenait pas Mage. On naissait ainsi.
Je passai à travers le portail et le paysage changea du tout au tout. Plus de forêt, mais d'immenses étendues verdoyantes, qui se perdaient loin à l'horizon, surplombées par des pics de montagnes escarpés et enneigés. Celles-ci n'étaient pas effrayantes. Elles étaient des vigies, permettant une vision d'ensemble sur tout le domaine naturel que formait ce plateau. Nous étions bien au-delà du sol terrestre. Les nuages nous cachaient, brouillard doux et d'une blancheur qui avait tendance à piquer les yeux. Le ciel était d'un bleu limpide, parsemé de formes et d'autres. J'inspirai, me gorgeant de cet air pur, provenant d'un endroit qui n'avait pas encore été pollué par la présence humaine. Un nuage de fumée s'élevait, un peu plus en contrebas, preuve irréfutable de vie. Ma langue claqua et ma gorge forma un son particulier auquel le dragonnet répondit immédiatement. Il vint se faufiler sous ma cape un instant et ses écailles effleurèrent ma jambe, sans me faire de mal. Lorsque je pris la direction du filet de fumée, il me talonna, sans jamais plus s'éloigner. Le terrain n'était pas régulier et bientôt une pente se présenta, me forçant à trouver un équilibre entre mes deux jambes. Pour ne pas finir par rouler telle une grosse boule. Fort imagé. La descente me prit un certain temps, me forçant à puiser dans mes réserves – relativement maigres, disons-le – pour ne pas finir à cracher mes poumons avant la fin.
Un rugissement, venu des tréfonds du ciel, résonna, faisant tout trembler autour de moi. Ma vieille carcasse y compris. Ça enfla en moi.
Attente.
Empressement.
Peur.
Joie.
J'avais de nouveau douze ans et Xergod voyait le jour. Mon premier dragon. Mon premier compagnon. Des battements d'ailes. Qui formaient des volutes. Qui soulevaient la terre et le ciel.
Ça s'approchait. Inexorablement. Et mon cœur pulsait.
Si vite et si fort.
Les dragons s'étaient réveillés en même temps que moi. Et de nouveau ils volaient à travers l'immensité.
Mes enfants.
Je levai les bras en croix et ma cape tomba au sol. Mon appel résonna en des mots muets. Ce fut si fort que j'en fus ébranlé. Et là, tous, ils surgirent.
Splendides et imposants.
Les premiers dragons que le monde ait portés. Ailes démesurées, griffes acérées. Créatures majestueuses, peuplant des contes, des légendes et des mythes. Peuplant les rêves et les cauchemars de milliards d'enfants.
Mes enfants. Ils étaient mes enfants. Le dragonnet se pressa contre mes jambes, tremblant. Il cherchait à se cacher, mais il ne le pouvait pas. Pas des siens.
Le sol trembla lorsque les imposantes pattes d'Haizui heurtèrent le sol. Il s'ébroua et le soleil m'aveugla, ses rayons portés par chacune des écailles sur le poitrail de l'animal. Des yeux d'un vert rappelant la mousse, juste après la pluie et le beau temps. Une conscience.
Je ne sentis pas les larmes couler. Le dragon tendit son cou tout en baissant sa gueule vers moi. Son souffle balaya ma peau, essuyant les sillons humides de ma peau. Mes mains glissèrent le long de son encolure et là, le lien claqua.
Et après des siècles de silence, je ne fus plus seul.
Dun'Na'Ghall.
C'était ainsi qu'on m'appelait. Ainsi que mon nom avait traversé les âges. Me rendant immortel.
Mon vieil ami. Comme le temps m'a semblé bien long sans ta présence.
Il soupira par les naseaux et me donna un coup de tête affectif.
Dragonnier est revenu. Pas toi. Pas tout de suite.
Je fis la moue. Oui. J'avais tardé à revenir. Trop peut-être même. Et quelqu'un allait vite me le faire remarquer. Autre que mes dragons bien sûr.
Et parce qu'Haizui était un tantinet susceptible, il choisit de reprendre son envol sans s'attarder sur nos retrouvailles. Je l'avais bien mérité.
Arrivée aux abords de la maison ne fut pas bien compliqué. Elle me semblait changée par rapport à la dernière fois. Plus grande ? Plus fleuris ? En tout cas, c'était différent. La porte était ouverte et dans mon souvenir, elle donnait sur l'unique pièce à vivre, qui se voulait plus fonctionnelle et pratique qu'accueillante. Après tout, son seul occupant avait toujours été un homme, ceci expliquait peut-être cela ? Pas que nous étions dépourvus de goûts, mais il fallait dire que nos priorités allaient ailleurs. Oui. Cette explication me semblait être la bonne. Mes liens se remettaient lentement en place, presque au rythme de mes pas. Il y avait six dragons en tout. Le septième, je ne le sentais pas encore et cela me chiffonnait.
Où était-elle ?
Du mouvement dans la maisonnée et un homme en sortit, devant se courber pour passer le seuil. Il fallait dire qu'il était immense. Ne portant qu'un simple pantalon en lin, il arborait ses cicatrices sans aucune peur du jugement, puisqu'elles attestaient de qui il était. Celle qui courait de sa clavicule à sa gorge était la plus impressionnante. C'était là même qu'un dragon l'avait saisi dans sa gueule. Et avait déchiqueté sa chair à coup de crocs mortels.
Ne jamais oublier qu'un dragon était une créature létale. Le pire prédateur que le ciel ait enfanté. Depuis, le dragonnier était devenu l'ami de mes enfants. Les protégeant, leur apprenant, les surveillant.
Il avait coupé ses longs et beaux cheveux. Son faciès était le même, tout comme cet éclat d'intelligence dans le regard.
Kassim était un Sorcier presque aussi vieux que moi. Sa puissance n'était pas la même. J'étais un Mage. Il était un Elémental. Vieille branche de sorcellerie. Dernier de sa lignée.
Tout comme moi.
Le regard qu'il posa sur moi était mauvais. J'étais trop têtu et trop idiot pour ne serait-ce que lui dire qu'il m'avait manqué. Je l'avais abandonné. Le traitant comme un moins que rien alors qu'il était aussi important que mes dragons.
J'avais mes péchés. Qui me suivait à la trace.
— Dragonnier, le saluai-je.
— Dun'Na'Ghall, répondit-il sans aucune intonation particulière.
Qu'avait-il fait sans dragons ? Qu'avait-il fait sans moi ?
Nous nous jaugeâmes. Jusqu'à ce qu'il renifle avec dédain.
— Je démissionne.
Il en fallait beaucoup pour surprendre une vieille branche. En général, ça n'arrivait pas, surtout pas dans mon existence, mais là, là, je dois dire que j'en restais figé sur place, la bouche ouverte, cherchant mes mots. Kassim retourna à l'intérieur pour attraper ses affaires sûrement et il me passa devant, prêt à partir, à quitter cet endroit qui était autant son chez lui que le mien.
Mon rire éclata alors, si fort qu'il résonna dans la vallée et donna un semblant de vie humaine à l'endroit.
Il fit volteface, rageant et vibrant.
— Il n'y a rien de drôle, Aloysius ! cracha-t-il.
Ah. Je crois que je préférais ça. Juste un peu. Mais mes lèvres restèrent parfaitement hermétiques.
— Tu ne peux pas démissionner.
— Et pourquoi ça ?
— Tu as, et de loin, le meilleur métier du monde.
Non ? Il fronça du nez. Une expression que je lui reconnaissais bien là.
— Tu parles ! Attendre que monsieur daigne se réveiller et du même coup redonner vie à mon gagne-pain ! Quel rêve !
Au loin, un bruit qui ressemblait à s'y méprendre à un dragon qui reniflait, pas très content. Le dragonnier leva les yeux au ciel.
— Tu sais bien que je ne le pense pas, Quinglong ! brailla-t-il à la dragonne.
Cette dernière avait un petit faible pour Kassim. Et ce depuis qu'elle était dragonnette. Il en faisait donc ce qu'il voulait. Même quand mademoiselle était bougonne.
— Ils se sont réveillés depuis des mois, souffla Kassim. Pas deux jours ni deux semaines, Aloysius. Des mois ! Alors ne me dis pas que je n'ai pas le droit de partir lorsque tu as disparu avec eux depuis des siècles et que l'Appel se fait entendre un beau matin !
Sa colère était légitime. Et je la comprenais plus que je ne voulais l'admettre. J'étais passé maitre dans l'art d'esquiver les sujets fâcheux. Surtout avec les hommes qui comptaient.
— Quel genre de Guide es-tu ?!
J'observai le pic de la montagne devant nous. Mes yeux ne purent s'en détourner de longues minutes.
— Je savais que tu répondrais à l'Appel, Kassim, dis-je. Tu es le seul apte à t'occuper de mes enfants. J'ai une foi aveugle en toi. N'est-ce pas le plus important ?
Pourquoi son expression me parut-elle si blessée ?
— Et qu'est-ce que je suis censé faire la prochaine fois que tu décideras de Dormir à nouveau ?
— Ça n'arrivera plus.
— Comment puis-je te croire ?
C'est à ce moment-là que le dragonnet choisit de surgir, coincé sous ma cape qui semblait alors douée d'une vie propre. Kassim fronça les sourcils et quand la petite boule d'écailles pointa le bout de son nez, il se laissa tomber au sol, paume tendue vers la créature.
La magie de l'Elémental se fit ressentir quand il effleura le dragonnet. Lorsque Kassim rouvrit les yeux, une tempête se jouait dans ses pupilles.
Sa voix s'éleva.
— Uddrim.
Un nom pour un dragon qui amenait une nouvelle ère avec lui. Un profond changement.
Le dragonnet s'éloigna, sautillant, non content d'avoir enfin été nommé. À partir de cette minute, le dragonnier s'occuperait de lui. Là était son rôle.
Kassim se releva et pencha la tête en avant.
Il acceptait son nouveau devoir. Pas de démission en vue. Très bien.
J'allais poser ma main sur son épaule à l'instant où le pic de la montagne explosa. Littéralement.
De la fumée jaillit et une voix se répercuta, à la manière de tambours dans une mine profonde. Une forme. Des ailes. Un corps musculeux et fin.
La mère des dragons. C'était ainsi qu'ils l'appelaient.
Yseria.
Dans ce nom était contenue la puissance de cette dragonne. Elle arrivait. Elle revenait à moi.
Mes enfants s'étaient tous réveillés.
Haizui.
Quinglong.
Nefarian.
Wildore.
Thassoryn.
Manerus.
Yseria.
J'étais un Mage. D'une très vieille lignée appelée à disparaître.
J'étais Celui-Qui-Brûle.
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* *
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Des... des... DES DRAGONS ! 🤯 Vous en vouliez ? Bah vous en avez ! 😝 Si vous ne l'avez pas compris, ce bonus se passe en même temps qu'Aslander et Siobhane 😀 Et oui avant que vous demandiez, nous reverrons les dragons, quand par contre, ça, c'est une autre question...😎
ET ENCORE JOYEUX ANNIVERSAIRE A TOUTES ❤️🎉
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