8.1 Siobhane
Deux anniversaires aujourd'hui ! 🎉🎊
Des bisous à @leagautier829 & à notre Hawa (@HaaSoo) ❤️💖😊
Je fus surprise qu'Aslander accepte d'être embarqué ainsi dans un bar tout à fait normal. Enfin, normal en des termes humains. L'endroit où nous avions atterri était un petit établissement qui rappelait certains bars irlandais que j'avais connus. C'était sympathique et l'ambiance y était amicale et chaleureuse. Un serveur prit nos commandes et repartit aussi vite. Je m'étais retrouvée sur une banquette tout à fait confortable coincée entre un mur et un Krig.
Je retins un rire en pensant à ça. L'homme à mes côtés était assez large d'épaules pour que je sois obligée de faire attention à son bras. Je ne voulais pas le toucher. Prendre les souvenirs des gens me dégoutait toujours autant. Surtout contre leur gré. Warren n'était pas tactile envers moi, comme s'il avait senti mon désir de ne pas être frôlé. Soit il le prenait très bien considérant sa nature, soit il savait quelque chose. Arzhel aurait très bien pu le prévenir. Vu comment le Krig et l'Empereur semblaient être cul et chemise, il était évident que Warren connaissait Arzhel et plutôt bien.
Aslander était assis en face de nous, au milieu de la banquette. Il souriait beaucoup en présence de son ami et je trouvais très charmante cette expression chez lui.
— Alors ce voyage chez notre cher sorcier vous a-t-il plu ? s'enquit Warren de sa belle voix profonde.
Je l'observai avec un léger sourire. Il connaissait aussi Dogan visiblement. Ce n'était pas étonnant. Warren avait un beau visage, carré, mais doux. Ses yeux étaient grands et exprimaient très bien ses pensées. Il cherchait un détail chez moi que je ne comprenais pas encore. Le coquin.
— La Tasmanie est un territoire particulièrement intense, répondis-je en hochant la tête. Dogan a su me faire profiter de tous les endroits qui daignaient être vus une fois dans sa vie.
— Aslan n'a pas été trop grognon ? La dernière fois qu'on y a été, il a dû enfiler ce déguisement très étran... Hey !
Aslander avait lancé une cacahuète sur Warren. Ce dernier la lui renvoya en ricanant. Aslander avec un déguisement ? J'avais loupé ça. Quel dommage !
— Je n'ai rien vu de tel ! m'exclamai-je. Tu aurais pu me montrer ça, Aslander.
Il fit la moue et agita son doigt. Le regard qu'il échangea avec Warren ne passa pas inaperçu. Nous avions beau être revenus à la capitale, je ne comptais pas changer mon comportement envers l'Empereur des lycans. J'en savais bien trop maintenant.
— Demandez-lui pour la prochaine fois, minauda Warren en me faisant un clin d'œil.
Je perdis mon sourire un instant, mais réussis à hocher la tête. Il n'y aurait pas de prochaine fois, mais ça, aucun des deux hommes ne le savait.
— Ce serait un vrai plaisir, dis-je en espérant cacher mon mensonge derrière du conditionnel.
Le regard d'Aslander m'apprit que je n'avais pas franchement réussi mon coup. Tant pis.
Nos boissons arrivèrent et Warren nous poussa à trinquer. Ce lycan était d'agréable compagnie et j'appréciais son esprit vif et tranchant. Il ne s'embêta pas de fioriture pour parler à Aslander. Et leurs interactions étaient tout à fait comiques.
— Combien de temps restez-vous Siobhane ? Notre belle contrée ne vous a pas encore fait tomber amoureuse ?
Je ris et secouai la tête.
— Il en faudrait plus, malheureusement, admis-je en grimaçant.
— Mon pays est très beau en plus d'être parfaitement bien organisé. Quiconque viendrait ici ne pourrait en repartir.
— Je fais partie de la meute de Dean Campbell, expliquai-je à Warren. C'est donc sur son territoire que je vis. Ma mission ici est arrivée à son terme.
— Quel dommage, soupira Warren. Je pourrais vous montrer mon Fief avant votre départ. Vous pourriez peut-être avoir un coup de foudre.
Aslander ricana derrière son verre.
— Mon palais est plus beau que ta réserve, Krig. N'essaye pas d'acheter mes invités.
Je regardai Aslander en coin, surprise par la tournure de sa phrase. J'étais donc une invitée à présent ? L'Empereur m'observa à son tour, voulant savoir si j'avais entendu ce qu'il venait de dire. J'acceptai pour une fois le compliment sans rechigner.
— Tu as peur qu'elle préfère ma Réserve hein ? le taquina Warren. Une forêt à perte de vue, des hommes transpirants à moitié nus. Quoi de mieux ?
Je manquai de m'étouffer avec ma boisson avant de rire.
— Des hommes à moitié nus ? Emmenez-moi maintenant, voyons ! m'écriai-je.
Warren haussa un sourcil aguicheur, mais je surpris l'expression grognon d'Aslander.
— Vous vous ennuieriez, Siobhane, reprit l'Empereur. Des rustres tout au plus, qui se roulent dans la terre toute la journée sous prétexte de jouer aux soldats. Rien d'exceptionnel.
Warren éclata de rire et tendit son verre à Aslander pour qu'il trinque avec lui.
L'ambiance légère qui nous entourait me fit du bien. C'était un des premiers moments où je me sentais vraiment détendue en présence de deux hommes très importants pour le peuple des lycans. Hormis les loups de Dean, je n'avais pas parlé avec beaucoup de personnes puissantes qui savaient faire d'une simple conversation un vrai spectacle à regarder.
Warren était d'une compagnie très appréciable et sa relation avec Aslander était évidente. Un Krig loyal était tout à son honneur, mais un Krig qui respectait à ce point l'homme pour qui il travaillait était un petit plus. Je pouvais deviner à leurs boutades qu'Aslander et Warren étaient de très vieux amis. Comme Dean et Killian.
La soirée avançant, nous décidâmes de rester dans le bar pour manger un morceau. Cette soirée si banale fut pourtant une très bonne surprise. Quand Warren décida enfin de faire bouger son Kaizer, il rigolait beaucoup et parlait fort. Tout comme Aslander qui, si je regardais bien, avait un petit coup dans le nez. Rien de bien méchant selon moi. Je n'avais pris qu'un verre d'alcool, si bien que mon plaisir du soir avait été d'observer ces deux hommes s'amuser.
Tout ce que m'avait raconté Aslander le jour précédent tournait dans ma tête, encore et encore. Ma mission n'avait pu lieu d'être. L'enfant avait été sauvé.
Ani. Aslander. L'Empereur même avait été un enfant-esprit.
Et il était encore vivant.
À la sortie du bar, il tapota avec plaisir l'épaule de son Krig lui promettant de ne pas faire de bêtises en rentrant. Warren lui fit remarquer que c'était lui qui le raccompagnait et de nouveau, des moqueries et des rires fusèrent entre les deux.
Je marchai à leurs côtés, écoutant leur euphorie, me revigorant de ces dernières heures que je passais ici.
Car il était évident que demain, je reprendrais la route.
Warren ne fut pas celui qui conduisit, évidemment, un de ces hommes s'en chargea. Il nous abandonna à notre sort pour dormir dans une autre partie du Deity. Aslander quant à lui se fit un devoir de me raccompagner. Je ne comprenais pas forcément son geste étant donné notre relation, mais j'avais accepté. Si on considérait que j'avais eu le choix.
Nous restâmes silencieux quand mon couloir apparut devant nous. Je m'arrêtai à côté de ma porte et observai le visage d'Aslander. Il semblait intrigué.
— Quoi ? J'ai quelque chose sur mon visage ? m'enquis-je en frottant mes joues.
Aslander pencha doucement la tête. Soudain, je fus consciente de la proximité de nos corps. Certaines images le concernant revinrent à la charge dans mon cerveau et j'eus du mal à retenir mon rougissement. Son odeur était aussi captivante que ce matin, quand il m'avait poussée à monter sur le ponton du navire. Avoir parlé de sa vie m'avait poussée à réfléchir de son point de vue. Forcément, quand un homme se confiait, la femme qui recevait cette confession était touchée. J'avais été émue par sa franchise, je ne pouvais le nier.
— Absolument pas, murmura-t-il.
Ce fut les paroles de trop et je me mis à rougir. Il ne retint pas son sourire. Le couloir était à peine éclairé si bien que je ne vis pas toute son expression, mais je savais bien qu'il se moquait.
— La moquerie n'a jamais aidé les affaires d'un homme, Aslander, remarquai-je en agitant un doigt devant son nez.
— Avez-vous apprécié la compagnie de mon Krig, Siobhane ? s'enquit-il en croisant ses bras dans son dos.
— Énormément, admis-je. Cet homme doit être important pour toi si j'en crois le peu d'échanges que j'ai entendu.
Aslander ne détourna pas son regard de mes yeux et hocha la tête, pensif. Il n'avait pas posé la question dans le but de savoir mon avis sur leur relation. Étrange.
— Warren est important, oui, souffla-t-il.
Je levai ma main pour lui faire un petit signe. Il sourit lentement.
— Bonne nuit alors, dis-je avec douceur.
Aslander hocha encore une fois la tête avant de se détourner pour partir. Je me rappelai que mon départ arriverait sûrement demain et je n'étais pas sûre de le revoir.
Pourquoi cela me rendait-il triste tout à coup ?
— Aslander, le rappelai-je.
Il pivota doucement vers moi et je le rejoignis au milieu du couloir.
— Je tenais à te remercier de m'avoir accueillie ici, au sein de ton Royaume. Au sein de ton peuple. C'était très important pour moi.
Il fronça les sourcils et pencha sa tête.
— Je compte partir demain, m'expliquai-je gênée. Je ne voudrais pas abuser de ton hospitalité. Et maintenant que je sais l'identité de ce jeune garçon, je peux passer à autre chose. N'est-ce pas ?
Le long silence qui suivit ma question fit naître un doute en moi. Avais-je vraiment rempli ma mission ici ? Aslander n'avait pas besoin d'être sauvé. Et cet enfant, Salil, semblait être le passé de l'Empereur. Un passé que je ne pouvais ni changer, ni déterrer.
— Évidemment, finit-il par admettre. Vous devez rentrer chez vous.
Je déglutis, sachant que ma dernière demande lui semblerait complètement loufoque. Mais je pouvais peut-être profiter de notre soirée agréable pour faire un dernier faux pas le concernant, non ?
— Mon état de santé ne va pas en s'améliorant, lui révélai-je sans trop m'attarder. Il me faut être chez moi afin de ne pas peser sur les personnes avec qui je suis.
— Cela ne m'a jamais dérangé.
Le ton un peu brut d'Aslander ne me surprit pas. Les hommes parlaient rarement de leurs sentiments. Qu'il me l'avoue était une prouesse en sachant nos chamailleries.
— Avez-vous besoin de quoi que ce soit pour votre voyage de retour ?
J'ouvris la bouche, mais ma retenue fut plus forte que ma demande. Je secouai la tête.
— Laisse... Je veux dire, non, je n'ai besoin de rien. Encore merci.
Je voulus faire demi-tour, mais la main chaude d'Aslander me retint doucement par mon poignet. Je fermai les yeux, savourant ce simple contact. Ce simple contact qui n'attendait aucun retour de mon esprit. Ce silence venant de lui n'était plus perturbant, il était apaisant.
— Que puis-je faire ? souffla sa voix.
Cette voix rauque. Lentement je fis un pas en arrière et mon dos frôla son torse. Il se figea quand je pivotai pour être face à lui. Je n'osai pas croiser son regard.
Mais j'avais besoin d'utiliser son immunité à mon avantage.
— Ne bouge pas, murmurai-je.
Ma voix tremblait un peu, mais Aslander obéit. Sans trop réfléchir, je pressai lentement mon corps contre le sien. Sa chaleur s'agrippa à moi et tout mon être se détendit.
Je n'avais pas enlacé une personne comme ça depuis plus de quarante ans. C'était extrêmement long.
Bien trop, je pouvais l'affirmer.
Ma joue fut la dernière partie de mon corps à se presser contre lui, contre son torse, non loin de l'endroit où son cœur battait. J'étais plus petite que lui et je n'avais pas de talons. Si bien que le haut de ma tête arrivait juste sous le menton d'Aslander.
Mes bras se refermèrent enfin dans son dos. Sa taille était large, mais ferme. Mes mains réussirent à se croiser pour le pousser à rester dans mon étreinte imposée. J'étais bien trop concentrée sur mes propres sensations pour m'apercevoir qu'il ne me rendait pas mon geste. Encore quelques secondes et je le relâcherai. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me rende mon espèce de câlin, je voulais juste me presser contre le corps chaud d'un autre être. Sans douleur. Sans aucun souvenir pour me perturber. Ou pour perturber la personne que je touchais.
Au moment où je décroisai mes mains, les bras d'Aslander se refermèrent sur mon dos. Sa joue se pressa contre le haut de ma tête. L'émotion s'empara de moi et je posai mes mains à plat dans son dos pour profiter de ce simple échange entre deux êtres vivants.
Ce simple geste de sa part me toucha bien plus que je n'aurais pu l'imaginer.
Mes visions n'avaient peut-être été que le reflet d'un fantasme le concernant après tout. Peut-être que c'était un futur qui n'était pas censé se produire.
En tout cas, ça, cette étreinte, était tout ce dont j'avais besoin pour l'instant.
Mon cœur se serra quand nous nous écartâmes lentement l'un de l'autre. Moi avant lui. Mes mains glissèrent sur ses reins, puis sur ses hanches et enfin, je me détachai complètement de lui en faisant un pas en arrière.
Ses mains à lui retombèrent le long de ses flancs, son regard brillant doucement d'une puissance à peine contenue.
— Merci, chuchotai-je à la faveur de la nuit.
Je pivotai et marchai jusqu'à ma chambre, entrant comme si j'étais poursuivie par un monstre. Je collai mon dos au battant et me laissai glisser, les fesses au sol. J'enroulai mes bras autour de mes jambes et tentai de retenir la foule de sentiments qui m'étreignaient.
C'était à la fois tellement bon.
Et tellement douloureux.
Parce que je savais.
Je savais que c'était la dernière fois que cela m'arriverait.
Le plus silencieusement possible, je versai mes larmes.
Et je laissai toute cette douleur s'en aller.
***
Warren se trouvait devant, il nous conduisait à l'endroit même où notre mariage serait célébré. Je n'y faisais que peu attention, car Aslander était penché sur moi, sa bouche contre mon oreille. Il tenait mes mains non loin de ses lèvres, embrassant mes jointures entre chaque mot qu'il prononçait.
L'émotion étreignait ma gorge comme jamais auparavant.
— Nous avons mis si longtemps à nous trouver, mon amour, et si j'avais su que tu étais chez Dean, je serais venu beaucoup plus vite.
Je ne pus retenir mon sourire. Je me pressai contre lui, cherchant sa chaleur, sa douceur, son amour. Tout, je voulais tout de lui.
— Je suis l'homme le plus heureux sur cette terre en ce jour où tu es devenue l'Impératrice de mon pays.
Son doigt glissa sous mon menton. Je sentis mes yeux qui étaient humides à présent.
— Tu es l'impératrice de mon âme, maintenant. Nous sommes liés à jamais. Peu importe ce qu'il nous arrivera. Je serais toujours là pour toi. Et tu seras toujours avec moi.
Il pressa ma main contre son cœur et je ne pus retenir mes larmes. Je pressai mon front dans son cou, respirant son odeur.
— Je t'ai...
Je sursautai à cause d'un bruit aigu. Je grognai en sentant un mal de crâne m'attaquer. Oh bon sang, je détestai ce genre de rêve. Un mariage ? Quelle idiote je faisais. Je passai mes jambes en dehors du lit et observai mon environnement. Un aigle était perché sur le balcon de ma chambre. Je fis la moue et grimaçai quand il poussa de nouveau un cri aigu. Ne pouvait-il pas se taire ? Je n'avais pas demandé de réveil que je sache. En y regardant de plus près, je ne reconnus pas Cashel. Étrange.
Je glissai hors du lit, vêtue de ma nuisette préférée et m'étirai un instant. Je me traînai vers ma belle salle de bain et ouvris le robinet pour boire un peu d'eau.
Je m'accrochai au lavabo quand ma gorge se serra et qu'une vision m'avala.
Les pleurs de l'adolescent étaient si forts que les personnes présentes ne cessaient de regarder dans des directions différentes. Je pouvais sentir que la vision était différente, car je réussis à déplacer mon attention sur ce que je voulais voir.
L'adolescent. Ani.
Je bougeai, lentement avec des pas mesurés.
— Ani, murmura ma voix.
Non, ce n'était pas ma voix.
— Mon garçon, soufflai-je.
De le voir ainsi me dévorait les entrailles. C'était mon fils.
Mon enfant. Je n'avais jamais pu faire quelque chose pour lui, je devais bien pouvoir le soulager d'une quelconque façon, n'est-ce pas ?
— Appeler l'Earhja ! murmura ma voix.
Je pouvais sentir à quel point la douleur prenait possession de son corps. Je pouvais voir ses muscles se tendre. Comme s'ils étaient habités d'une souffrance telle qu'ils ne pourraient bientôt plus en supporter.
— Ma Reine. L'Earhja est en déplacement. Il n'y a que...
La jeune femme derrière mon serviteur se déplaça doucement pour que je la voie. Elle ne grimaça pas quand Ani cria de nouveau.
— Tamsyn, soufflai-je en la reconnaissant. Où est ta mère ?
— Elle est partie récupérer un enfant-esprit, ma Reine, chuchota la jeune femme. Mais je peux soulager le Prince en l'attendant.
— En es-tu sûre jeune fille ? insistai-je.
Elle hocha la tête avec ferveur. Je lui tendis ma main et la conduisit jusqu'au chevet de mon fils. Elle se pencha sur lui et ses deux mains se murent au-dessus du torse d'Ani. Lentement, les cris furent moins douloureux.
Lentement, la paix revint sur son visage.
Je posai délicatement ma main sur l'épaule de la jeune et prometteuse Earhja.
— Merci, Tamsyn. Merci infiniment.
Le souffle régulier d'Aslander nous fit toutes les deux soupiré de soulagement.
Je m'arrachai volontairement à la suite du souvenir en criant. Je tombai à genoux, le souffle court et les muscles tendus. Je ne voulais pas en voir plus, je n'avais pas besoin d'en voir plus.
Je ne pouvais pas... Je n'en avais pas besoin.
Il était sauf.
Il était...
— Rien ne sera comme avant, murmura-t-il.
Je secouai la tête, tentant d'avaler un peu d'air.
— Tu seras toujours là pour moi. Et je serais toujours à tes côtés.
Je laissai échapper un sanglot avant de me recroqueviller contre le carrelage frais de la salle de bain.
J'y restai jusqu'à ce qu'une présence vienne se pencher au-dessus de moi.
— Siobhane. Siobhane est-ce que tu m'entends ?
— Tamsyn ? souffla une autre voix.
— Reste là-bas. Je m'occupe d'elle.
— Tu ne peux pas la porter, contra Aslander.
J'ouvris mes yeux et vis Tamsyn pencher sur moi, devant moi il y avait Aslander. Je secouai la tête et tentai vainement de cacher mes larmes.
— Non, s'il vous plaît. Ce n'est rien. Tout va bien.
Ma voix tremblait. Mince. Je me rappelai avec un instant de retard dans quelle tenue j'étais. Oh bon sang.
— Siobhane tu as saigné du nez, murmura Tamsyn en faisant un geste vers Aslander.
Les mains de l'Empereur glissèrent dans mon dos et m'aidèrent à m'asseoir. Je restai un instant sur mes fesses, la tête me tournant un peu. Tamsyn me tendit un mouchoir et j'essuyai la trace sans aucun commentaire.
— Ce n'est rien, soufflai-je. Je t'assure, ça m'est déjà arrivé.
— Aslan, pourrais-tu nous laisser un instant s'il te plaît ? quémanda l'Earhja.
Aslander la regarda pendant plusieurs secondes avant de se lever. Il tira mon peignoir et le déposa sur mes épaules.
— Je reviens dans trente minutes.
Tamsyn hocha la tête, le rassurant d'un sourire. Puis, il nous laissa. Pendant quelques secondes, je serrai les pans de mon peignoir contre moi, reprenant mes esprits.
— Tu es malade, remarqua la soigneuse. Tu es malade et je ne peux rien y faire. C'est donc un sort ou une malédiction. Et il semblerait que ton état ne s'arrange pas. Puis-je te demander des explications ?
Je pinçai mes lèvres, prête à ne rien dire. À quoi cela pouvait-il bien servir ? Je soupirai et secouai la tête, grimaçant à cause de la douleur lancinante derrière mes yeux.
— Je suis malade, admis-je. Et tu ne peux rien y faire. C'est un mal qui me ronge pour une raison, Tamsyn. Je vais rentrer chez moi et me reposer. C'est tout ce que je peux faire pour l'instant.
— En es-tu si sûre ?
— Oui. Il n'y a rien à faire. Ça vient avec les visions. Mon corps a juste été épuisé par le voyage.
— Du repos donc, soupira Tamsyn.
Elle voulut m'aider à me lever, mais je ne lui permis pas de me toucher. Je ne voulais pas lui prendre ses souvenirs. Je ne voulais pas regarder par les fenêtres de sa vie.
Elle prit soin de préparer tout ce dont j'avais besoin pour me laver et resta même dans ma chambre pour surveiller mon état. Je réussis à prendre ma douche sans tomber et en ressortis revigorée. Tamsyn m'embarqua dans la salle où tout le monde se restaurait. Un immense petit déjeuner nous y attendait. Tout comme Aslander, Warren, Rhys et d'autres hommes de l'Empereur et du Krig que je ne connaissais pas forcément. J'aperçus Piers en bout de table. Son regard n'était pas du tout amical et son rictus n'en était que plus effrayant. Je détournai mon visage du sien.
Je fus installée d'office entre Aslander et Tamsyn. Les deux m'encadraient comme si j'étais une enfant prête à tomber par terre. Arzhel nous rejoignit quelques instants après. Il avait une pochette pleine de papiers sous le bras.
Il s'installa à la gauche de Warren et se retrouva donc en face de moi. Le Krig m'observait attentivement, sentant sûrement ma faiblesse.
— Une invitation pour toi, fit Arzhel en tendant l'enveloppe à Aslander.
Ce dernier fronça les sourcils, mais prit la lettre et l'ouvrit. Il haussa un sourcil. Il voulut faire un commentaire, mais déjà, Arzhel me tendait une lettre à moi aussi. Dean m'avait-il écrit ?
En regardant la belle calligraphie sur le devant de l'enveloppe, je sus que ce n'était pas Dean. Je frôlai mon prénom fait de belles lettres cursives tout en courbes.
— Qu'est-ce que c'est ? demandai-je.
Différentes images me parvinrent de la lettre et je pris le temps d'accepter tous ces visages qui avaient touché l'objet, dont celui d'Arzhel.
— Ouvre, me poussa ce dernier.
Je le fis et découvris l'invitation magnifique qui s'y trouvait.
— Et moi, j'ai la mienne ? remarqua Warren, déçu.
Je lui souris et lui fis remarquer qu'il y avait possibilité d'inviter quelqu'un.
— Désiriez-vous être mon cavalier, Krig ? minaudai-je.
Aslander grommela, mais Warren riait si fort que je ne l'entendis pas. Je continuai de lire la belle écriture manuscrite. Une invitation à un bal, chez Lothar Naburia, Koning de l'Australie-Méridionale. Le jour indiqué était la date du lendemain. Cela voulait dire repousser mon départ, non ?
— Comment le Koning de l'Australie-Méridionale est-il au courant de ma présence ? dis-je en agitant l'enveloppe sous le nez d'Arzhel.
Ce dernier me regarda, innocemment.
— Lothar est partout, maugréa Warren. Siobhane, ce serait un honneur de vous accompagner à ce bal.
— Elle est déjà prise, grogna Aslander en se levant.
— Vraiment ? relevai-je avec une moue.
— Oui, insista le lycan.
— Si l'Empereur le dit.
Il fit la moue et je retins un rire, mais déjà Warren se dressa à son tour.
— Alors, je vais réclamer ma propre invitation, n'est-ce pas ? soupira le Krig. Lothar ne sait vraiment plus qui inviter à ses fêtes.
Warren agita sa main pour me saluer et je lui rendis son geste. Aslander se pencha par-dessus mon épaule et me piqua mon enveloppe.
— Hey ! m'exclamai-je. Je veux la garder.
— Je la surveillerai pour vous. Je suppose que cela repousse votre départ. Arzhel vous achètera un billet pour les États-Unis si vous le souhaitez.
— Je ne peux pas aller à ce bal, Aslander, maugréai-je. Je n'ai aucune tenue qui ne vous mettrait pas dans l'embarras.
— J'ai tout ce qu'il faut, Aslan. Laisse-moi faire, minauda Tamsyn en souriant jusqu'à ses oreilles.
— Je ne suis pas sûre de-, commençai-je.
— Mais bien sûr que si ! me coupa Tamsyn. Aller, va jouer aux petits soldats avec ton Krig préféré.
Aslander lui fit un clin d'œil avant d'embrasser sa tempe. Il me lança un sourire moqueur et disparut avec Warren et quelques hommes à eux.
Je pivotai vers Tamsyn.
— Aurais-tu des armoires remplies de robes sous la main, Tamsyn ?
Son sourire me poussa à rire malgré moi.
Petite cachottière.
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Les chapitres d'Ada sont vraiment trop long parfois ! 😂 Du coup je suis obligée de couper en 2 ! Au moins, ça en fait plus... 😜
Bon ! On en parle de ce câlin ou pas ? 😊😁 Non parce que moi, j'ai fondu comme neige au soleil quand j'ai lu ça la toute première fois... 🤭 Qu'aurait pu dire ou faire notre Ani contre ça ? RIEN 😳
Warren vous en pensez quoi ? 😖 Peut-être qu'il aura le droit à sa propre histoire, peut-être pas... tout comme deux personnages qui arrivent dans la suite... mais je n'en dis pas plus 😉
Et cette invitation au bal de Lothar ? Comment sera-t-il à votre avis ? Haha hâte de vous le présenter...
Des supers bisous les filles et la suite arrivera fin de semaine 💕💖
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