14.2 Siobhane

Je fus réveillée le lendemain matin par une bouche taquine. Les lèvres d'Aslander traçaient ma colonne vertébrale écartant le drap, le repoussant jusqu'à mes reins, puis au-delà de mes fesses nues. Je frémis dans la fraicheur du matin et poussai un long soupir quand la bouche d'Aslander appuya avec un peu plus de fermeté sur mon épaule la plus proche de lui.

_ Bonjour, souffla-t-il en s'appuyant sur son coude.

Son sourire était franc, honnête et sincère. Il me fit du bien.

_ Bonjour, Empereur, murmurai-je. Que puis-je faire pour vous de si bonne heure ?

_ Il n'est pas si tôt que ça, bougonna Ani en glissant sa main sur ma hanche.

Je roulai sur le flanc et son regard glissa sur mon corps nu à sa disposition. Ses doigts s'aventurèrent sur ma cuisse, là où il y avait un premier scellé. Scellé qui avait été posé quand j'avais donné une partie de mon essence magique à l'épée d'Arthur Pendragon. Aslander la touchait souvent quand il la voyait. Il y avait aussi celle sur mes côtes qui recouvrait le bas de mon sein et l'endroit où était mon cœur. Ce scellé-là était celui d'Aloysius. Il était présent à cet emplacement précis pour contenir tous mes pouvoirs.

_ J'ai une question indiscrète à te poser, souffla Ani.

Je savais qu'il se retenait de me demander la signification des deux seuls tatouages que j'avais sur le corps. Des marques indélébiles plus que des tatouages à vrai dire.

_ Si je te laisse la poser, j'ai le droit de t'en poser une en retour, minaudai-je.

Les doigts d'Ani me firent frissonner quand ils remontèrent le long de mon ventre pour frôler le deuxième scellé.

_ On dit que les tatouages sur le corps d'un sorcier sont des serrures. Pour bloquer le sorcier ou du moins, ses pouvoirs. Est-ce que c'est ce qu'il y a sur ton corps ?

_ Ce sont des scellés, oui, répondis-je, honnête. Les sorciers les ont en général pour bloquer une puissance trop forte, ou une partie plus sombre d'eux qui pourrait avoir son propre libre arbitre. Les tatouages ressemblent généralement à ça, un entrelacs de lignes qui sont en fait des paroles taillées à même la peau du sorcier.

_ Un sortilège, murmura Aslander.

_ C'est un peu l'idée oui.

Il hocha la tête. Jamais il ne me forcerait à lui demander ce qui m'avait valu ces scellés et je l'en remerciais. Il en savait déjà une bonne partie.

_ Tu peux me poser ta question.

_ Penses-tu que j'ai vraiment ma place dans ton foyer ? murmurai-je.

Aslander se redressa dans le lit, les épaules tendues. Je le suivis dans son mouvement, remontant le drap sur mes seins. Je pris une longue inspiration et posai ma main sur son bras.

_ Tes hommes semblent tous penser la même chose sur moi, soufflai-je. Que je suis une menace pour toi. Je ne veux qu'apporter mon aide et je ne sais comment leur faire comprendre ça. Si je dois m'éloigner de toi, il faut que tu me le dises.

Lentement, Aslander posa un regard brillant et vibrant de puissance contenue. L'énergie de son loup picota mes bras et la chair de poule apparut sur ma peau. Je baissai les yeux par réflexe ne voulant pas défier le dominant en face de moi.

_ J'ai choisi de t'avoir à mes côtés, ici, chez moi. Si mes hommes font des erreurs, j'en suis peut-être responsable, mais leurs actes, ils doivent y répondre. J'aurais dû les enfermer dans les cachots pour leur apprendre une leçon. Me désobéir, c'est me trahir.

Je frémis quand ses doigts se refermèrent sur mon menton pour me faire redresser le visage. Je croisai enfin ses magnifiques pupilles.

_ Je ne veux plus entendre parler de ce qu'on fait mes hommes. Ils vont le payer pour un sacré bout de temps. Ça les apprendra à blesser mes proches.

Je repoussai le drap et grimpai sur ses cuisses, me pressant contre lui. Aslander accepta mon étreinte, caressant doucement mon dos. Pendant tout ce temps-là, je réfléchis aux gestes et aux paroles de mon frère. Aloysius m'avait envoyée ici pour une raison : aider Aslander. Je ne pouvais pas laisser les sentiments de Piers interférer avec ma mission.

Et encore moins les miens qui commençaient à pointer le bout de leur nez quand les mains d'Aslander se posaient sur moi.

À la grande table habituelle, tout le monde mangeait en silence. Piers avait le nez dans son assiette et portait encore des marques de coups. Arzhel était en face de moi et tentait de me faire la conversation pour éviter à mon regard de se poser sur les Tricksters d'Aslander qui se trouvaient ici en ce moment. Siadhal n'était pas loin de moi, mais j'avais dû mal à le regarder de la même façon qu'avant. Il n'avait certes pas participé activement à mon enfermement, mais il avait été présent. Passif, mais présent. Pourquoi avais-je pensé avoir un allié ici ?

_ Dogan est ici, s'égaya soudain Ani à mes côtés.

Je voulus lui demander comment il le savait, mais quelques secondes après ça, quand Aslander arriva aux grandes portes de la sale, Dogan pénétra avec tout le charisme dont il était capable.

Dogan était mon allié. L'un des seuls ici avec Arzhel. Ce dernier se leva à son tour et m'invita à les suivre pour rejoindre les deux lycans qui se pressaient l'un contre l'autre dans une étreinte amicale.

Dogan pivota vers moi et me tendit ses bras. Avec un petit sourire enfantin, je me faufilai dans ce câlin. Il fut court, car les défenses de Dogan n'étaient pas non plus hermétiques, mais il me réconforta.

_ Assez assez, marmonna Ani en me tirant vers lui.

Dogan ricana et je lui souris en retour.

_ Je croyais que j'étais le seul à pouvoir te faire des câlins, maugréa Aslander en boudant.

Je lui pinçai le bras et il couina. Notre cinéma fit rire le Conseiller qui s'approcha à son tour.

_ Mon frère, mes câlins sont divins, rétorqua Dogan.

Arzhel eut droit lui aussi à une accolade et à leurs échanges, je compris que cela faisait longtemps que Dogan n'était pas venu au Deity.

Lentement, il se pencha pour observer la tablée où régnait un certain silence. Dogan m'observa et tenta surement de trouver des séquelles. Aslander avait dû lui parler de cette incartade.

_ Tu vas bien ? souffla mon ami.

Je hochai la tête et lui souris pour le rassurer.

_ Je suis contente que tu sois venu, admis-je.

_ Je réponds toujours présent quand on a besoin de moi, hein Ani ? se moqua Dogan.

C'était ainsi qu'on se retrouva Arzhel, Aslander, Dogan et moi dans ma chambre qui abritait mon plus précieux trésor. Gabrok avait laissé Dogan le manipuler comme s'il le connaissait depuis longtemps. Ce n'était pas le cas, c'était simplement l'aura attirante de Dogan qui faisait son effet.

Dogan, accroupi à côté du lycan qui s'endormait doucement, me tendit sa main. Je la pris et m'agenouillai à ses côtés. Il me relâcha ne prolongeant jamais le contact outre mesure. Rien ne me venait de lui, il se contrôlait extrêmement bien.

_ Que penses-tu retrouver une fois qu'il reviendra sous sa forme humaine, Siobhane ? souffla Dogan.

Aslander et Arzhel s'éclipsèrent, comprenant quelque chose que je n'avais pas encore saisi. Ils nous donnaient une certaine intimité qui ne présageait aucune bonne nouvelle.

_ Je n'en sais rien, admis-je. J'ai juste peur qu'il soit coincé contre sa volonté sous une forme où je ne peux l'atteindre.

_ Laissons-le dormir et allons marcher un peu. Je vais t'expliquer la situation de ton ami.

Dogan connaissait bien mieux le Deity que moi et bien sûr, il m'emmena dans ce magnifique jardin où nous étions apparus en revenant des États-Unis. Je voyais souvent Arzhel se promener ici et ramasser quelques fleurs. Il en avait laissé quelques-unes dans un vase à côté du lit d'Aslander, l'endroit où je m'étais éveillée après mon passage dans le cachot.

Dogan me pointa un banc au milieu de toute cette verdure apaisante et j'obéis, un peu tendue.

_ Lorsqu'un lycan reste sous sa forme pendant une longue période, il est souvent inévitable que celui qui soit aux commandes prenne le contrôle. Ne permettant pas à l'autre moitié de s'épanouir et de revenir au-delà de l'ombre dans laquelle elle a été mise.

_ L'humain de Gabrok est mort ? soufflai-je, sachant déjà ce que Dogan allait m'annoncer.

Je n'étais pas idiote au point de croire que l'humain était encore vivant. Pour moi, j'avais toujours parlé au lycan à partir du moment où il avait perdu sa fille.

_ Mort est plutôt définitif et je n'ai jamais aimé ça. Je dirais qu'il n'est plus dans la lumière. Il est profondément ancré dans l'ombre du lycan.

Dogan laissa un petit silence avant de se tapoter les lèvres. Il soupira et pivota légèrement vers moi.

_ Tu m'as dit que c'était lors d'un très gros traumatisme qu'il avait changé pour ne plus jamais revenir sous sa forme humaine.

_ Oui, admis-je, gênée et presque honteuse à ce stade.

_ Je ne sais pas ce qu'il lui ait arrivé de plus, mais je pense que ce lycan est au bout de son chemin, Siobhane. Je pense que son existence est en train de toucher à sa fin et qu'il t'a cherché avant de pouvoir partir et reposer en paix.

Cette phrase, pourtant honnête et sincère, était directe. C'était la simple vérité que je refusais de voir en face pour la simple et bonne raison que je ne pouvais pas l'abandonner encore une fois. Gabrok avait été mon soutien pendant tellement d'années et peut être aussi mon complice quelque part.

_ Entends-moi bien, reprit Dogan d'une voix douce, mais ferme. Il va vivre encore quelques semaines, peut-être quelques mois afin d'être à tes côtés. Et je sais que vous êtes proches, assez pour avoir des choses à vous dire.

Il réfléchit à son propos suivant pendant quelques secondes avant de poser ses mains sur ses genoux.

_ Je peux aider Gabrok à reprendre sa forme humaine, souffla-t-il enfin.

Je déglutis. N'était-ce pas trop demander ? N'avait-il pas dit que Gabrok voulait simplement rester à mes côtés pour la fin de sa vie ?

_ Réfléchis à cette possibilité, murmura Dogan. Ne te presse pas. Je suis là pour vous aider tous les deux. D'accord ?

Mon sourire se flétrit et bientôt, je laissai les larmes couler le long de mes joues, en souvenir à ce très vieil ami que j'allais bientôt perdre.

Aslander ayant été retenu par son équipe concernant une situation de tremblement de terre dans le sud du pays, j'étais restée dans ma chambre pour ce soir. De toute façon, plongée dans mes pensées comme je l'étais, je n'avais pas trop envie de laisser mon humeur heurter les autres. Surtout pas Aslander. Un tremblement de terre ça pouvait faire de vrais dégâts.

Je sursautai quand quelques coups furent frappés à ma porte. Je me levai et allai ouvrir, curieuse de voir qui venait à cette heure tardive.

En premier je vis le petit bouquet de fleurs, puis Arzhel dévoila son visage, avec ses petites lunettes sur le bout de son nez. Mon sourire fut plutôt rapide quand il me tendit le bouquet.

Malgré notre précaution, mes doigts frôlèrent les siens. Pas assez pour que le contact m'amène toute sa vie, seulement une brève image d'un couple proche, dans des tenues d'une autre époque, au milieu d'un jardin. Le jardin dans lequel j'avais passé mon après-midi avec Dogan. Même Arzhel ne sentit pas mon frôlement, car il pénétra dans ma chambre en refermant la porte. Je pris une profonde inspiration, le nez dans les fleurs. L'odeur améliora l'image et je reconnus Arzhel lui-même, tenant les mains d'une magnifique jeune femme. Elle me disait quelque chose, mais je n'arrivais pas à la replacer. Ce souvenir semblait intime et je me tus, gardant le secret au fond de mon cœur.

_ Elles sont magnifiques, soufflai-je. Merci.

_ Je me suis dit qu'un peu de compagnie ne te ferait pas de mal.

_ La situation du tremblement de terre est-elle sous contrôle ?

Nous nous installâmes tous les deux sur les sièges à notre disposition. Arzhel eut cette position caractéristique des hommes, une cheville sur l'autre genou, ses doigts tapotant doucement sa cuisse. Il semblait soucieux.

_ Aslander voulait aller sur place, mais je lui ai fait comprendre que ce n'était pas nécessaire. Les autorités humaines et lycans présentes sur les lieux gèrent la situation comme ils peuvent. Il n'y a pas eu de pertes, c'est le mieux qu'on puisse souhaiter. N'est-ce pas ?

_ Tant que ce n'est que matériel, ça me va, admis-je en soupirant.

_ Dogan semble inquiet, c'est rare de le voir investi comme ça pour un lycan qu'il ne connait pas, reprit Arzhel. Je suis content de savoir une autre personne dans ton camp, Siobhane.

_ Rassure-moi, tu en fais partie ? chuchotai-je en me penchant vers lui.

Il haussa un sourcil derrière ses lunettes et agita son doigt avant de tapoter son menton.

_ J'aimerais prendre certaines mesures contre les hommes et les femmes qui ont fait ça.

_ Non ! m'écriai-je. Non, Arzhel se n'est vraiment pas nécessaire.

_ Nous ne pouvons laisser passer ça, Siobhane. Tu es une invitée de l'Empereur, comment pourrais-je me sentir bien dans ce foyer si tu n'y es pas en sécurité ?

_ Je le sais, mais je ne voudrais pas leur donner une raison supplémentaire pour qu'ils me détestent.

_ Tu risques d'être surprise, marmonna Arzhel. Aslander a pris quelques mesures à l'encontre de certains d'entre eux –

_ Ne me dis pas qu'il s'agit de Piers, couinai-je.

Arzhel regarda un instant vers la porte et grimaça.

J'aurais dû m'en douter.

Dogan me tendit un long manteau et je ne compris pas vraiment pourquoi. Il ne faisait pas si froid que ça et je détestai mettre d'autres vêtements que les miens.

_ Il ne fait pas si froid que ça au Fief, n'est-ce pas ? dis-je en me tournant vers Ani qui enfilait lui-même un manteau un peu plus rembourré.

_ Si nous voulons visiter, tu dois enfiler ce manteau, remarqua Dogan en insistant. Ne t'inquiète pas, je l'ai nettoyé.

Et par là, il n'entendait pas de l'avoir passer à la machine à laver. Ça aurait été trop simple. Non, il en avait nettoyé les résonnances qui auraient pu être dessus. Avoir Dogan avec moi me permettait de toucher plus de choses et de profiter un peu plus de la vie, sans avoir le poids de mes visions.

_ Très bien, maugréai-je.

Je passai mes bras dans les manches et bientôt, le manteau couvrit même mes chevilles. Je portai une robe épaisse longue avec de petites bottines. La ceinture qui se trouvait autour de ma taille m'avait été offerte par Arzhel. Elle était magnifique dans ce cuir tressé sombre et l'attache qui me permettait de la fermer n'en était que plus belle, surement forgée par quelqu'un du Deity. Je portai aussi le collier de Dogan que je ne quittais pratiquement plus. Aslander me dévisagea pendant quelques secondes avant de croiser mon regard intrigué. Il détourna son visage en toussotant et m'offrit son bras pour que nous nous mettions en mouvement. Je ne relevai pas la petite rougeur sur ses joues et je le suivis d'un bon pas.

Le trajet fut intéressant et ponctué des rires et chamailleries de Dogan et d'Ani. J'apercevais les souvenirs qui les liaient. Aslander avait des gens de confiance autour de lui et cela me rassura. Dogan devait surement être au même niveau que l'homme que nous allions voir.

Warren Archeon, Krig du Fief de Canberra était un lycan puissant dans le peuple d'Australie. C'était, après tout, lui qui pouvait soulever le contingent de l'armée d'Aslander. Lui qui pouvait mettre en marche les soldats qui grossissaient les rangs de l'armée de l'Empereur. Le Fief était niché au milieu de la magnifique réserve de Tidbinbilla.

Le Fief, avant-poste de garde militaire, était aussi un lieu où on formait les jeunes lycans qui souhaitaient devenir Ritters au sein des meutes. Avant de réguler les mouvements intra-meutes, Aslander avait réussi à réunir les recrues dans un même endroit. Chaque lycan appelé à avoir un rang au sein de la meute dans laquelle il voulait aller devait passer par ce camp d'entraînement et de formation. Le système était huilé depuis si longtemps que chaque fief pouvait gérer ses allés et venus en terme de placements de jeunes. Étant donné qu'ils étaient les gardiens d'une zone particulière, ils étaient au courant des besoins des meutes. Les Krigs travaillaient aussi beaucoup avec les Konings afin de correctement placer les effectifs selon les meutes qui pouvaient en recevoir.

Si Warren gérait le Fief d'une main de fer, il avait lui aussi sa propre meute. Si je me souvenais bien, ses Ritters à lui étaient aussi ses commandants en quelque sorte. Quand nous arrivâmes au-devant de la Réserve, nous eûmes un rapide contrôle de la sécurité avant de passer. L'équipe était faite d'humains et de lycans de ce que j'avais pu ressentir.

Si on m'avait fait enfiler ce manteau, c'est que nous allions devoir monter sur les magnifiques montagnes pour apprécier le paysage. Cette distraction était la bienvenue après la dure journée que nous avions passée hier avec Dogan. Il semblait plus détendu à présent et j'en étais soulagée. Je ne voulais pas lui rajouter de fardeau. Arzhel m'avait prévenue que Dogan irait jusqu'au bout de l'aide qu'il pouvait me donner. Tout comme lui s'intéressait à certains ouvrages disponibles dans la bibliothèque qui serait susceptible de m'aider. Moi, pas Gabrok. Je n'étais pas sure qu'Aslander se soit confié à Arzhel me concernant, mais le Conseiller savait que j'allais aux devants de mes derniers mois sur cette planète.

La voiture s'arrêta non loin d'un grand hall où quelques camions bataillaient pour un peu de place. J'avais l'impression qu'ici, il n'y avait que peu de véhicules moteurs.

Aslander m'aida à sortir et glissa ses doigts entre les miens. Je sursautai quand Siadhal, sous sa forme animale, se frotta à mes jambes pour s'extirper à son tour de la voiture. Il était celui qui suivait Aslander, ou était-ce moi qu'il suivait ? Je n'en savais rien et ne lui montrais pas plus d'attention.

_ Où sont-ils ? murmurai-je.

Ani me regarda en haussant un sourcil, curieux.

_ Qui donc ?

_ Les hommes qui se roulent dans la boue, évidemment, m'écriai-je en riant.

Ani se joignit à moi et posa sa main sur mes yeux.

_ Interdiction de se rincer l'œil, milady, grogna-t-il.

_ Vous êtes là ! s'écria une voix qui me semblait familière à présent.

J'observai Warren s'approcher avec un grand sourire. Il portait une tenue affublée surement du signe du Fief. Un jogging et un t-shirt pour s'entrainer surement. Il avait toujours son beau visage, ses yeux magnifiques et ce côté attendrissant que j'adorais. J'agitai ma main avec plaisir quand il fut à nos côtés. Il enlaça Aslander, puis Dogan et se planta devant avec un immense sourire pour me faire passer le message. J'aurais aimé lui faire un câlin, grand comme il était, ça aurait pu être amusant.

_ Alors comme ça, on vient voir mes hommes s'agiter torse nu hein ? ricana Warren.

_ Où est ma lycan préférée ? l'interrompit Aslander en secouant son doigt.

_ Hachi s'entraine avec Calder et les cadets. Venez, je vais vous faire visiter un peu.

J'avais tout aussi hâte de revoir la magnifique jeune fille qu'était la jeune Ashika. Cette famille semblait heureuse et épanouie ici.

_ Aslander ! Siobhane ! s'écria une voix.

Nous pivotâmes lui et moi en même temps et Ashika eut le temps de sauter dans les bras de l'Empereur. Aslander la pressa contre lui avant de l'écarter doucement et de frotter son nez au sien. Leurs lycans se saluèrent avec plaisir et Ashika bondit au sol, les cheveux humides de transpiration.

Warren voulut la retenir, mais déjà elle plongeait sur moi, ses bras autour de ma taille. Sa vie défila sous mes yeux pendant quelques brèves secondes qui suffirent à me faire comprendre une bonne partie de la vie de Warren et d'Ashika. Je me raclai la gorge et finis par tapoter la tête de la jeune fille en la pressant doucement de mon bras libre.

Aslander soupira et se frotta la nuque. Je le rassurai d'un clin d'œil et écartai Ashika pour observer son beau visage. Elle ressemblait beaucoup à Warren. Je me penchai doucement vers elle et tapotai son nez affectueusement.

_ C'est un plaisir de te revoir, Ashika.

Elle me sourit, de ce sourire immense et contagieux que son père avait aussi.

_ J'ai plein de trucs à te montrer, Siobhane ! s'écria-t-elle en sautillant.

_ Je te suis ! m'exclamai-je à mon tour.

Et c'est ainsi que je fus embarquée au beau milieu du Fief. 

*

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*

Nous voilà arrivé dans le Fief de ce cher Krig 😊 Ça va être le moyen d'en apprendre un peu plus sur le fonctionnement dudit Fief, même si on abordera surtout le sujet dans Our Anchor 😎 On reste dans une ambiance très douce pour le moment, mais vous savez comme nous sommes : c'est juste le calme avant la tempête et à ce propos, ça risque de faire mal... 🤕

DES BISOUS ! ❤️

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