13. Siobhane

Je retrouvai Tamsyn au sein de l'enceinte des Guérisseurs. Les gardes n'avaient pas été à l'aise avec le fait de laisser entrer Gabrok ici sous sa forme, donc j'avais été forcée de l'abandonner à l'entrée. Je n'aimais déjà pas être suivie par des gardes, mais je ne voulais pas non plus les mettre dans l'embarras avec Arzhel. Je découvris la Chef des Guérisseuses en compagnie de son potentiel bras droit ici au sein du Deity. Bryn était une jeune femme tout à fait charmante et très douce. Elle ne semblait pas dépourvue d'un certain caractère cependant.

Quand Tamsyn se redressa pour m'apercevoir à l'entrée de la grande pièce des soins, elle m'adressa un magnifique sourire. Elle me rejoignit en quelques foulées et se retint aux derniers moments de me toucher. Je fis glisser ma paume contre la forme de sa joue, sans la toucher, lui offrant un salut que j'aimais particulièrement. Et qui était le seul qui m'était autorisé. Tamsyn fut à la fois surprise et intriguée. Elle me le rendit sans un mot, son sourire complice.

— Alors, tu es vraiment de retour parmi nous ? dit-elle en se dandinant sur ses pieds.

Je reconnus plus un signe d'impatience et d'excitation que de gêne, ce qui me fit glousser.

— Je suis là, oui. Pour une période indéterminée, mais pour l'instant, vous êtes les seules avec qui je veux passer du temps ! me confiai-je.

— Bryn, l'appela Tam. Viens que je te présente.

— Nous n'avons pas eu l'occasion de nous croiser la dernière fois, admis-je. Je suis enchantée de faire votre connaissance, Bryn.

La Guérisseuse s'inclina devant moi et se mit à discuter. Je pus apprécier sa verve et surtout, j'appréciai la relation qu'elle avait avec les enfants. D'ailleurs, j'en retrouvai la plupart, jusqu'à ce que je me rappelle que Gabrok m'attendait dans le couloir avec les soldats. Je poussai Tamsyn à me suivre pour qu'elle puisse le rencontrer.

Quand nous passâmes de nouveau dans le couloir, je me figeai un instant. Gabrok ne bougeait pas, conscient qu'il était observé par deux des hommes d'Aslander et pas n'importe lesquels. La peur s'infiltra dans mes entrailles en voyant cette scène. Gabrok émit un petit bruit en me voyant et trottina jusqu'à moi. Tamsyn étant à mes côtés, le visage de son compagnon se contracta, assez pour me faire peur. J'allais à la rencontre de mon ami et m'agenouillai à son niveau. Si Risteard observa sa compagne sans un mot, Piers lui ne se retint pas de faire des commentaires.

— Il est hors de question que cet animal reste ici, il met en danger tous les enfants. Il n'a aucun droit d'être là. Ou il sort ou je le tue de mes propres mains.

— Piers, le gronda Tamsyn. Ça suffit. Je dois l'examiner.

— Non, l'interrompit Risteard. Nous ne le connaissons pas.

— Il n'est pas dangereux, soufflai-je.

Le museau de Gabrok se pressa contre ma joue, comme pour me demander ce qui n'allait pas. Je frottai ma joue contre son front et me redressai. Une main dans son pelage, je le tirai sur le côté pour bien me mettre en Piers et mon ami.

— Un lycan sauvage et inconnu ici, cracha l'homme d'Aslander. C'est impensable.

— Nous sommes là pour le surveiller, maître, remarqua un des soldats, voulant surement prendre notre défense.

Il dut baisser la tête face aux regards noirs de Risteard et de Piers compilés. Tamsyn semblait gênée par cette démonstration inutile de force. Elle se rapprocha de Gabrok et de moi volontairement et pivota vers les deux hommes.

— Vous deux, hors de mon champ de vision avant que je ne vous botte les fesses. L'hospitalité, ça vous parle ?

Les deux hommes ne bougèrent pas d'un pouce si bien que Tamsyn dut nous conduire à nos chambres respectives. Je savais que Gabrok dormirait avec moi de toute façon, c'était naturel. Je ne voulais pas le quitter sous prétexte que je devais dormir ailleurs. Je devais m'occuper de lui.

Je voulus m'excuser, mais Tamsyn ne me laissa pas faire. Elle me rappela que j'étais une invitée d'Aslander et que Risteard et Piers ne devaient pas l'oublier. Elle me fit comprendre à demi-mot aussi d'éviter de les croiser seule. Cela me fit légèrement peur, mais j'avais déjà défié Piers. Si je devais recommencer, je le ferais, quitte à me prendre quelques coups. Aslander était celui qui me voulait ici, l'avis des autres n'était pas important.

Tamsyn nous fit découvrir deux magnifiques suites qui ne ressemblaient pas tout à fait à mon ancienne chambre. L'espace était bien plus vaste et une porte nous permettait de communiquer entre les deux chambres. Je fis remarquer à mon amie que ce n'était pas nécessaire, mais elle haussa simplement les épaules en faisant remarquer que la volonté d'Aslander allait quand même être suivie.

Après quelques bavardages, je me rendis que l'aile du Phénix avait été construite pour les invités de marque. Comme les dirigeants des autres pays ou tout simplement le cercle proche de l'Empereur. Si cela me gêna au début, je finis par me dire que je pourrais toujours en toucher un mot à Aslander. Je ne voulais pas de traitement de faveur. J'avais vécu pendant si longtemps dans ma petite maison que vivre ici dans ce palais immense me faisait un peu peur.

Tamsyn se permit de toucher Gabrok avec mon approbation et ce dernier se laissa faire. Il me regardait beaucoup, attendait que je lui donne des ordres pour bouger. Ce qui me perturbait, mais qui me rappelait aussi qu'à un moment de notre vie nous avions fonctionné ainsi.

— Je ne pense pas que le faire revenir sous sa forme humaine soit une bonne idée, me confia finalement Tamsyn.

Elle nous avait fait apporter du thé et de quoi nous nourrir un peu. Nous étions installées toutes les deux autour de la petite table en mosaïque, dans des canapés très originaux aux motifs colorés et très confortables. J'avais retiré mes chaussures et ramené mes pieds sous mes fesses, tandis que Gabrok avait réussi à se rouler en boule contre mes cuisses, entre le bord du canapé et moi. Je ne cessai de le rassurer en le caressant, sentant que la fatigue commençait à l'attaquer. Il semblait si fragile ainsi, comme j'aurais aimé pouvoir discuter avec lui.

— Je ne peux savoir toute sa vie ainsi, soufflai-je. Je n'ai plus la capacité de comprendre les loups depuis si longtemps...

Tamsyn pencha doucement sa tête et tendit sa main par-dessus l'accoudoir et Gabrok. Je pressai ses doigts tendrement.

— Tu étais une Mage avant, affirma facilement Tamsyn. Et même si cela ne me concerne pas, j'aimerais vraiment connaitre ton histoire, Siobhane. Quand tu seras prête à me la raconter, je serais là.

Je sentis des larmes poussées à l'arrière de mes yeux et tentai d'effacer la douleur dans ma poitrine. La dernière visite d'Aloysius m'avait à la fois retournée et permis de venir ici, avec Ani. Est-ce que cela était une bonne idée ? Je n'en savais rien, mais je savais que mes visions étaient la clé pour mettre Aslander en sécurité. Alors, je devais faire mon travail avant de partir.

— J'étais supposée guider le peuple des loups, murmurai-je. Avant qu'un drame n'arrive et ne me détourne de mon chemin. Je n'ai pas fait qu'abandonner une partie de moi, mais bien tout un peuple, Tamsyn.

— Les erreurs sont les seules épreuves qui nous permettent d'apprendre, Siobhane. Ne regrette pas d'avoir fait ce que tu as fait. Avance et pense à la suite. Ani semblait préoccupé depuis ton départ, je suis contente que tu ais accepté de revenir.

Je relevai mon regard sur Tamsyn. Elle souriait, avec cette expression mutine qui traduisait chez elle qu'elle savait un truc, mais qu'elle ne comptait absolument pas le dire. Je ne pris pas la peine de creuser, je pourrais toujours cuisiner Aslander lui-même.

— Gabrok est une personne très importante pour moi et j'aurais aimé l'aider.

— Depuis combien de temps n'a-t-il pas repris sa forme humaine ? me demanda Tamsyn en posant de nouveau le bout de ses doigts sur le front de Gabrok.

Ce dernier jappa doucement, mais se laissa faire. L'énergie de Tamsyn picota mes bras, mais rien de plus. Il appela peut-être une légère réminiscence chez moi, seulement ce n'était pas assez développé pour que je visualise des images. Simplement des sensations depuis longtemps éprouvées.

— Je ne saurais le dire, admis-je.

Gabrok poussa son museau contre ma paume. Son regard plongea dans le mien et mon cœur se serra. Tout ce temps ? Il n'avait jamais repris forme humaine depuis le massacre. Jamais. Il n'en avait pas eu la force. À présent, si nous voulions communiquer, nous devions tenter d'aider Gabrok à le faire.

— Je peux demander à Dogan, remarqua soudain Tamsyn en se redressant.

Mes doigts touchèrent lentement le pendentif qui glissait entre mes seins. Oui. Dogan était un être tout particulier qui pourrait aider Gabrok.

— Peut-il venir ici ? dis-je impatiente de revoir mon ami.

— Bien sûr que oui, répondit Tamsyn. Laisse-moi le contacter et il sera là d'ici demain soir au plus tard, je pense. En attendant, Gabrok doit se reposer. Si tu veux faire le tour du palais, laisse-le ici, il s'épuise bien trop vite à mon goût.

Je ne pus qu'acquiescer et même Gabrok ne fit aucun commentaire, ou plutôt couinement. Il était épuisé. Avait-il couru tous ses kilomètres pour me prévenir ? Pour me retrouver ? Avait-il pensé à moi durant ces dernières années ?

Je fus conviée au repas du soir, mais Aslander ne fut pas présent. Arzhel me tint compagnie avec une joie non dissimulée et comme Lothar n'était pas là non plus, je me doutais que le Conseiller avait fait des siennes. Je finis par partir à la recherche d'Ani quand la nuit se mit à tomber. Je m'étais douchée et changée dans l'espoir de gagner un peu de fraîcheur en cette chaude soirée. Le Deity était immense et il y avait certains couloirs que je n'osais emprunter. Les gardes étaient restés devant ma porte pour surveiller Gabrok qui dormait profondément. J'étais en train d'errer dans un couloir à la recherche de l'Empereur depuis une bonne demi-heure quand du bruit me parvint sur ma droite.

Je me penchai lentement et découvris Siadhal, Cashel et Risteard qui combattaient les uns contre les autres, ne se ménageant pas du tout. Les coups pleuvaient et pour certains, ils touchaient leur cible. Je dépassai la pièce qui ressemblait vaguement à un ancien donjon, là où les Chevaliers pouvaient s'entraîner. Inconsciemment, je frôlai ma cuisse, là où mon second scellé se trouvait. Un vestige d'une vie. Je repoussai les différentes images qui avaient un jour presque réussi à me faire revenir vers le droit chemin.

Je découvris plusieurs tableaux tous aussi magnifiques les uns que les autres sur les murs du Deity, la pierre ancienne laissant parfois place à un magnifique bois qui semblait datée d'une très vieille époque. Au fond du couloir, j'aperçus des gardes et m'arrêtai là. Des deux portes, Arzhel sortit avec les épaules droites et le menton bien haut. Son port altier me rappelait les anciens rois. Toujours cette tenue magnifique qui poussait les hommes à dégager un charisme incroyable, presque attirant.

Arzhel échangea quelques mots avec les gardes et soudain, sentit ma présence. Je dus rougir, car son sourire se fit amuser. Il vint à ma rencontre.

— Siobhane, souffla-t-il. Chercherais-tu notre Empereur ?

— Je ne suis pas sure qu'il veuille que je vienne dans ses quartiers. Je n'aurais pas dû...

Arzhel leva son doigt et fouilla dans sa poche. Il en ressortit un bracelet de cuir finement tressé. Il me le tendit et je le pris. Je le vis lui, le tressé de ses doigts fins, passé le petit embout en métal argenté pour bloquer le bracelet et pouvoir surtout régler sa taille.

— C'est un droit de passage, dit-il en me regardant le régler pour qu'il ne tombe pas.

Était-ce un bracelet comme ça que j'avais déjà vu au poignet d'Aslander ? Et des autres Tricksters ? Arzhel leva son propre poignet et me le montra.

— Tu as le même que le cercle proche de notre Kaizer.

Je ne pus retenir mon rougissement.

— Me...merci, soufflai-je, gênée.

— Ne le perds pas s'il te plait, ou je saurais obliger de t'en refaire un et ça me prend du temps.

— Je ne le perdrais pas, promis-je.

Arzhel hocha la tête et me pointa la porte.

— Il allait venir te chercher, minauda-t-il avant de partir.

Je ne réfléchis pas plus à ses mots et m'avançai vers les deux grandes portes. Les soldats me les ouvrirent et me laissèrent passer. L'endroit qui s'ouvrit à moi me subjugua. La pièce était si haute que je distinguai à peine les magnifiques peintures sur le plafond. Au-dessus de nous, c'était là surement l'une des petites coupoles qu'on voyait dépasser du Deity au loin. Mais j'étais sure que l'architecte les avait faits identiques, pour ne pas trahir la présence de son souverain. Les murs étaient faits de mosaïques tout aussi magnifiques les unes que les autres. Le mobilier était en bois pour la plupart et d'une couleur sombre qui trahissaient leur âge et surtout leur valeur. Au fond, j'aperçus une autre pièce, qui devait surement être la chambre d'Aslander, mais je ne le vis pas lui.

Je restai sur le seuil, consciente d'entrer dans une certaine intimité chez lui. J'étais déjà rentrée dans l'intimité d'un Roi. C'était toujours une sensation particulière. Comme un mélange d'inquiétude et d'adrénaline. Comme si cette pièce était censée être un endroit très secret. Je ne pris pas le temps d'observer les portraits qui se trouvaient à ma droite, car l'un d'eux attira mon attention immédiatement.

Je retins mon souffle en m'approchant d'un portrait très ancien, qui représentait le grand Roi Arthur Pendragon. Mon cœur se serra face à cette reproduction très familière.

Sa main glissa dans mes cheveux et suivit le tour de mon omoplate saillante dans ma position. Son regard brillait doucement et m'observait, gravant dans sa mémoire ce moment qui semblait hors du temps.

— Comment puis-je te remercier ? souffla-t-il.

Je haussai un sourcil, malicieuse. Il roula sur moi, nu et riant comme si nous étions de jeunes adolescents.

Je sursautai quand la main d'Aslander se posa sur mon épaule. Je pivotai vers lui et observai son visage. Il avait une légère repousse de barbe. C'était surement dû au fait qu'il était resté si longtemps loin de chez lui. Il semblait fatigué, mais tenait le choc. Quand est-ce qu'il dormait exactement ?

Mon doigt glissa sur le cerne qui se trouvait juste en dessous de son œil droit. Ce geste se superposa avec un autre homme et soudain, mon esprit eut dû mal à différencier Arthur et Aslander. Était-ce possible qu'ils se soient connus ? Était-ce possible qu'Aslander et moi nous soyons déjà croisés ? Il y a longtemps, en compagnie du seul homme dont j'étais tombée amoureuse ?

— Tout va bien ? murmura Aslander.

Devais-je seulement lui dire que j'avais connu un autre Roi que lui ? Un autre homme tout aussi juste, loyal et bon envers son peuple ? Un homme de parole qui avait tenté tant bien que mal de faire survivre sa patrie au prix de sa propre vie ? Je n'étais pas restée aux côtés d'Arthur pour plusieurs raisons qui m'étaient propres, mais j'avais su après plusieurs années qu'il était parti en retraite et que personne ne l'avait jamais revu. Certains parlaient d'Avalon, d'autres d'endroits mythologiques tous aussi imprécis les uns que les autres.

— Est-ce un ami à toi ? soufflai-je en pivotant mon corps vers le portrait d'Arthur.

— Un très vieil ami. Presque un frère, admit Aslander d'une voix douce.

Le souvenir auquel il pensait lui était cher. Aslander avait connu Arthur Pendragon. Ce qui le rendait bien plus vieux que toutes les autres personnes que j'avais connues et qui n'étaient pas des divinités. Mais cela ne s'appliquait pas à Aslander n'est-ce pas ? Puisque lui-même en était une. Peu importait au final la forme qu'il avait prise. Peu important ce qu'il renvoyait au reste du monde. Il était important, au sens strict du terme pour son peuple.

— C'est Arthur Pendragon, murmura-t-il avec un honneur évident. Le grand et l'unique.

Je déglutis. Oui, c'était bien lui. Tellement de souvenirs se superposaient à ma vue. Comme si je pouvais revivre tous ces moments qui m'étaient si précieux.

— Pour la plupart des personnes, il est une légende, dis-je d'une voix légèrement tremblante.

Lentement, Aslander me contourna pour se placer face à moi. Il étudia mon expression pendant de longues minutes silencieuses. Comme s'il tentait de comprendre. Le pouvait-il seulement ? Arthur lui avait-il parlé de moi ? Était-ce l'époque où ils se côtoyaient ?

— As-tu déjà vu Arthur, Siobhane ? chuchota Aslander.

— Et toi ? rétorquai-je en posant mes mains sur ses poignets.

Ses doigts à lui s'écartèrent lentement sur mes joues pour me faire redresser le visage vers le sien. Je ne pouvais pas retenir toutes les émotions qui m'attaquaient à présent. C'était à la fois nostalgique, un peu douloureux et cela me semblait être une autre vie. Littéralement. Comme si c'était une autre personne qui avait vécu ça, mais que je l'avais contemplée de loin.

— Tu es décidément une personne que j'aurais dû rencontrer plus tôt, confia l'Empereur en frôlant ma lèvre inférieure de son pouce.

Je fermai doucement mes yeux, savourant sa caresse. Son corps chaud finit par se presser contre le mien, ses bras s'enroulant autour de ma taille. Il me berça pendant quelques secondes, comme s'il se doutait que j'avais besoin de ce temps pour penser à Arthur. Aslander ne se rendait pas compte de l'importance que cette personne avait eue pour moi, dans ma vie. Avais-je pesé dans la sienne ? Devais-je raconter tout ça à Ani ? Je n'en étais pas sure. Je ne voulais pas remuer tout ça. Arthur avait été ma cible et j'étais entrée dans son intimité sans qu'il ne s'en rende compte. Jusqu'à ce que mes sentiments soient trop forts pour la personne froide que j'étais.

Alors, j'avais fui. Le laissant derrière moi. Abandonnant un homme qui m'avait fait rire, qui m'avait choyée, qui m'avait fait voir le monde à travers ses yeux.

Jusqu'à revenir pour l'aider, sans que personne ne sache qui j'avais pu être pour lui. J'avais offert à Arthur de quoi se défendre, en sachant très bien que je n'y étais pas autorisée. Mais en voyant ce qu'on avait tenté de lui faire, je n'avais pas supporté. La lignée d'Uther Pendragon était déjà puissante, je n'avais eu qu'à fortifier ce pouvoir.

J'avais ensorcelé la seule arme qu'Arthur avait pu utiliser dans sa vie, transformant une lame porteuse d'un héritage, en une arme qui avait été sa seule protection.

Arthur n'avait jamais compris qui avait été la Dame du Lac.

Arthur n'avait jamais compris pourquoi il avait vaincu son pire ennemi, au péril de sa vie.

Arthur était parti, emportant avec lui tous les souvenirs et toutes les émotions qu'il avait fait naitre en moi.

Mes mains glissèrent des poignets d'Aslander à son torse. Il ne portait qu'un t-shirt en lin ample, tout comme son pantalon qui tombait sur ses hanches de façon très gracieuse. Ici, il était chez lui et il semblait à l'aise.

— Je suis contente d'être ici avec toi, confiai-je d'une voix que j'espérais claire. Et si tu as connu cet homme, alors je suis sure que tu es tout aussi honorable que lui.

— Quoi que tu en penses, tu es une personne tout aussi honorable, Siobhane. Il va falloir que tu me parles des personnes que tu as rencontrées.

Je me doutais bien qu'il ne se rendait pas compte de l'importance qu'Arthur avait eue dans ma vie. Et je ne voulais pas qu'il le sache pour l'instant. Ce n'était qu'une autre vie. Arthur avait disparu pour toujours. Tout comme j'allais bientôt le rejoindre, laissant ce magnifique homme derrière moi.

— Je suis sure que je pourrais te surprendre, minaudai-je.

— Tu as faim ? Soif ?

— Non, pendant que tu étais puni nous avons mangé dans la grande salle. Arzhel semblait très fier de lui.

— C'est un monstre, soupira Aslander.

— Alors, c'est ici ton chez-toi ?

Il hocha la tête, presque timide. Comme si nous ne devions pas en faire toute une histoire, ce que je pouvais comprendre. Je retirai mes sandales et posai mes pieds sur les tapis magnifiques qui recouvraient la belle pierre du Deity.

— Tu veux voir ma chambre ? J'ai dormi dans ton lit, tu peux bien dormir dans le mien, minauda Ani en indiquant le petit passage que j'avais repéré.

Je ris, mais le rejoignis quand il me tendit sa main. Je n'osai pas lui demander si j'avais le droit de dormir ici. J'enroulai mes doigts autour des siens et me pressai contre son bras pendant qu'il me faisait un tour rapide du propriétaire. Sa salle d'eau était immense et je crus même voir une baignoire cachée derrière un autre repli de mur. Tout était dissimulé ici, donnait l'impression d'une grande pièce ovale. La chambre était magnifique elle aussi, mais elle restait d'un ton sobre que j'appréciais beaucoup. Les tentures étaient magnifiques et semblaient anciennes aussi. Et si d'habitude je trouvais que ce genre de décoration alourdissait les petites pièces, ici, elle donnait un sentiment de cocon. Comme si tout était inutile au-delà de cette pièce.

— Tu as le droit de critiquer, remarqua Aslander en prenant deux verres de vin sur une petite table dans un coin de la pièce.

Il m'apporta le mien et je le remerciai. En goutant le vin rouge, une explosion de saveurs me fit frissonner. Il était délicieux bon sang ! Moi qui ne buvais pas beaucoup d'alcool. Je ferai une exception pour celui-ci.

— Cette chambre est magnifique, Ani, soufflai-je en laissant mon regard courir sur les tentures.

Il y avait beaucoup de signes aborigènes, comme s'il avait désiré graver son héritage ici, dans ses longs tissus épais.

— Tamsyn m'a dit qu'elle n'a pas pu aider Gabrok, soupira Aslander en s'installant parmi un tas de coussin.

Je le rejoignis et repliai ma robe sous mes jambes pour m'installer comme j'aimais le faire. Aslander m'observa faire avec un petit sourire.

— Dogan est notre dernière chance, admis-je. Mais ce n'est pas une fin en soi. Je ne pus juste pas communiquer avec lui.

— Je pourrais le faire sous ma forme animale, me proposa Aslander.

Il était vrai qu'un loup pouvait passer d'une forme à une autre, d'une communication à une autre très facilement. C'était une idée que je n'écarterai pas.

— Et cette première journée, comment était-elle ? s'enquit Aslander.

— Intéressante, répondis-je en buvant mon verre.

Je lui racontai les quelques évènements qui avaient ponctué la journée et il ne réussit qu'à grogner contre Arzhel et ses maudits papiers.

À un moment, on se retrouva tous les deux, allongés dans les coussins à parler de vieux souvenirs qui remontaient eux aussi à une vie ou deux. La conversation était légère, les réminiscences nombreuses. Je roulai sur mon flanc et m'appuyai sur mon coude. Le regard d'Aslander pivota sur moi et il se mit dans la même position pour être à mon niveau.

— Doit-on demander la permission à Arzhel pour que je puisse dormir ici ? m'enquis-je, malicieuse.

Le vin m'avait rendue un peu joyeuse et avait réussi à délier ma langue. Aslander lui semblait heureux d'être ici avec moi ce soir, alors je pouvais savourer cet interlude avec cet Empereur.

— Et si on ne lui disait rien ? minauda Ani en jouant avec une boucle de mes cheveux que j'avais fini par détacher.

Je dormais rarement avec une natte, malgré la longue de mes cheveux.

— Je dormirai en secret ? soufflai-je.

— Qui a dit dormir ?

J'émis un rire doux avant que la main d'Aslander se faufile dans mon cou pour me pousser à me rapprocher. Je me penchai et échangeai un baiser chaste avec lui.

Il se recula doucement et bondit soudain sur ses pieds. Je glapis quand il me souleva dans ses bras pour m'emmener vers son lit. J'accrochai mes mains autour de sa nuque et frottai mon nez contre sa joue. Un grondement fit résonner sa gorge et l'énergie puissante du loup rampa sur ma peau échauffée.

Aslander me déposa debout sur le lit. Je ris quand il fit remonter ma robe sur mes hanches, puis sur mes seins et enfin par-dessus ma tête. Il resta un instant immobile en voyant mes beaux sous-vêtements. J'avais fait un effort par rapport à la dernière fois et j'étais félicitée par son expression.

— Tu aimes ? soufflai-je en frôlant la dentelle.

La couleur rose tirait plus vers le pastel et semblait presque transparente à certains endroits. Je gémis doucement quand le pouce d'Aslander glissa sur mon téton visible. Il déposa un baiser au centre de ma poitrine, pressant son corps contre le mien. J'enroulai mes bras autour de sa tête et savourai son étreinte.

Il me souleva juste assez pour me déposer devant son lit. Ses mains glissèrent sur mon tanga en dentelle pour serrer doucement ma taille entre ses grandes mains avant de presser son front contre le mien. Je lui tendis mes lèvres et il n'attendit pas un instant pour les embrasser. Nos langues s'emmêlèrent doucement, réchauffant mon corps de l'intérieur. C'était tout aussi bon que la dernière fois, voir même meilleur.

Je me reculai de la bouche chaude et humide d'Aslander pour pouvoir lui retirer son haut. Je le laissai glisser sur le côté, savourant son torse parsemé de toutes ses traces qui indiquaient la vie qu'il avait eue à une époque.

Ses deux mains se posèrent sur mes épaules et poussèrent. Je me retrouvai assise sur le bord de lit, les jambes légèrement écartées et Aslander entre elles. Il en releva une et la caressa du bout de ses doigts, ses lèvres effleurant mon genou. Je rejetai la tête en arrière savourant la moindre des caresses qu'il voulait bien me donner. Je m'en gorgeai encore et encore, comme une droguée qui sentait que sa dernière dose arriver.

— Tu es magnifique, murmura-t-il contre ma jambe.

Son regard plongea dans le mien et mon cœur se serra. Le souffle coupé par la sensation qui prenait possession de mon corps, je glissai mes mains dans ses cheveux et raclai son crâne de mes ongles. Il gémit, un son qui fit bien plus que me transporter. Je plongeai sur sa bouche et il réussit à absorber mon élan avec ses cuisses. Quand il se redressa pour retirer son pantalon, il continua à m'embrasser et je continuai de caresser son visage, ses épaules et son torse.

En riant, nous tombâmes sur le lit. Je gigotai pour atterrir sur ses hanches quand il s'assit pour me presser contre lui. Je poussai un soupir tremblant en sentant son sexe en érection dans le creux de mon intimité. Il ne nous restait pas grand-chose à enlever et à vrai dire, il n'y avait que ma culotte pour lui barrer le chemin. Je me frottai contre Aslander, continuant de l'embrasser, continuant à savourer chaque frôlement, chaque pression de ses doigts sur mes membres.

C'était comme revivre.

Réapprendre à respirer. Comme si on m'avait privée d'air si longtemps que je ne savais plus comment faire ou que je voulais avaler trop à la fois.

La bouche d'Aslander se referma sur la dentelle de mon soutien-gorge, cherchant à faire apparaitre mon téton et à jouer avec. Il n'eut pas de mal à le trouver et je tentai de ne pas lui arracher des touffes de cheveux quand cela devint trop beau.

— Ani, gémis-je.

Il nous fit rouler sur son immense lit et je me retrouvai la tête presque dans le vide. Son nez glissa sur mon ventre et soudain, ses doigts arrachèrent le soutien-gorge qui lui barrait la route pour ma poitrine. Un grognement et un souffle rauque m'agitèrent et j'aperçus brièvement le regard de l'animal avant que les dents d'Aslander se referment sur son sein droit. Je poussai un profond soupir quand il s'amusa avec sa langue, déposant des baisers ça et là, n'arrêtant jamais de frôler mes hanches, mon ventre, ma taille, mes cuisses.

— J'adore t'entendre m'appeler comme ça, chuchota-t-il dans le creux de ma cuisse.

Son nez frôlait mon intimité et son souffle me fit frémir, me contorsionnant pour m'écarter. Les deux mains d'Aslander se refermèrent sur mes cuisses et il pressa son nez contre mon sexe.

— S'il te plait, gémis-je.

Je voulais retrouver la sensation de plénitude quand il m'avait fait jouir la dernière fois. JE voulais le sentir en moi, qu'il me remplisse et me rappelle que je pouvais ressentir toutes ses choses. Que je n'avais pas de flashbacks. Que je pouvais savourer son étreinte, la pression de ses doigts, la chaleur de sa peau, le poids de son corps contre le mien.

Quand il se concentra sur ma culotte, je marmonnai une évidence que nous n'avions pas pu oublier la dernière fois.

— Droite, grogna Aslander.

Ses doigts glissèrent sous la dentelle, jouant avec comme s'il appréciait la matière. Je tendis ma main vers ma droite et touchai une petite table de chevet, encastré dans la grande tête de lit en bois foncé. J'ouvris le premier tiroir et tirai une petite boite argentée. En l'ouvrant, je découvris plusieurs préservatifs. Je ne pus m'empêcher de glousser quand son nez chatouilla mon aine. En voulant arracher un préservatif, toute la liasse vint avec. Aslander se redressa de ma culotte et haussa un sourcil. J'agitai la dizaine de préservatifs et il rit à son tour.

— Tout ça ?

— Tout ça, minaudai-je.

Un rire rauque l'agita avant qu'il ne rampe sur mon corps et en arrache un premier.

— Allons-y alors, dit-il en haussant un sourcil aguicheur.

Quand j'avais encore mes pouvoirs, j'avais rapidement pu contrôler ma capacité à faire des enfants. Je n'avais jamais pris le risque de tenter ça sans mes pouvoirs et Aslander était surement un homme encore très fertile.

Il reprit son examen de mon intimité et y resta jusqu'à décider que j'étais enfin prête à le recevoir. Il passa si vite le préservatif que j'eus à peine le temps de lui laisser plus d'espace entre mes cuisses. Il me pénétra lentement, me laissant apercevoir nos deux corps se joindre en un même point. La sensation me laissa pantelante et presque en sueur.

— Ça va ? souffla Ani en se penchant sur mon nez.

Il m'embrassa à cet endroit puis sur mes lèvres, me forçant à relever mes cuisses pour que nos bassins s'alignent. Je hochai la tête, heureuse de retrouver cette même sensation qu'Aslander m'apportait.

Ce besoin viscéral d'être tenue. D'être désirée.

Je posai mes mains sur ses fesses et le poussai à revenir à l'intérieur de moi.

— C'est si bon, haletai-je contre son oreille.

Il referma une de ses mains sur mes cheveux et se mit doucement à aller et venir en moi. Je le laissai me prendre, prendre tout ce qu'il voulait de ce corps qui était le mien.

Pour ce soir et pour les jours qu'ils me restaient, il était à lui.

Entièrement.

Il pouvait en faire ce qu'il désirait.

Je me réveillai un peu désorientée. J'étais cachée sous une énorme couverture chaude. À côté de moi, il n'y avait personne. Je savais que nous étions restés une bonne partie de la nuit avec Aslander. Tout mon corps se le rappelait à vrai dire. J'aimais beaucoup cette sensation. Même après une brève pause où j'avais réussi à m'endormir, j'avais senti les mains avides d'Aslander sur mon corps, me réveillant immédiatement pour éclater sous ses bons soins. Il avait réussi à me réveiller deux fois de cette façon. Il devait donc être tard et je savais qu'il n'avait pas dormi. Car la place était froide depuis longtemps et il semblait rarement dormir profondément.

Je me redressai, gardant la couette plaquée contre mes seins. Aslander m'avait convaincue de ne pas aller me laver tout de suite et de rester nue, au cas où. Si je m'étais trouvée gourmande, Ani avait été particulièrement insatiable. Je me grattai l'épaule et observai mon environnement. Les lourds rideaux occultant avaient été tirés pour m'épargner le lever du soleil. Sur ma gauche, pliés sur une chaise, des vêtements à moi. Je ne pris que le peignoir en soie et l'enfilai sur mon corps nu. Je n'avais pas rêvé, ce qui était assez rare ces temps-ci. Pas d'Ani. Pas d'Indra. Pas de Salil. Un sommeil profond et réparateur.

Je me penchai sur le bureau d'Aslander qui se trouvait non loin des grandes ouvertures et y trouvai un mot écrit de sa belle plume, avec à côté un petit plateau pour me nourrir. Il était parti travailler et me poussai à aller à sa rencontre dans la journée. Je pliai le mot et le glissai dans ma poche de peignoir. Je fis un tour rapide par la douche qui était creusée dans le mur et enfilai des affaires en me promettant d'aller le voir dans la matinée. Je voulus prendre mes affaires pour les ramener à ma chambre, mais une jeune Servae, discrète, me les prit pour les nettoyer. Elle me demanda si je voulais quelque chose à manger, mais je déclinai préférant partir à la recherche d'Ani pour pouvoir l'embêter. Et peut-être le soudoyer pour une autre partie de galipettes dans son lit.

Je sortis dans le couloir et n'y trouvai aucun garde. Je fus légèrement surprise, mais ne relevai pas. Ce n'est qu'au détour du couloir que je sentis une présence qui me poussa à me figer. Lentement, Piers se décala et me dévoila sa présence.

— Je pensais avoir été clair avec toi pourtant, gronda-t-il.

Lentement, d'autres visages que je connaissais apparurent. Qu'est-ce que c'était que ce piège ? J'aperçus Siadhal, Cashel et d'autres hommes d'Aslander. Rhys n'était pas là. J'aurais pensé avoir l'aide de Siadhal au minimum, mais il restait appuyé contre le mur, sans bouger, sans même me regarder.

Il y avait Risteard que je reconnus lui aussi. Il était bien trop neutre pour que je sache vraiment de quoi il s'agissait. Deux femmes se tenaient retrait. Je ne les avais jamais vues. L'une m'observait attentivement, l'autre semblait complètement ailleurs. Pourquoi cette intervention ?

Je n'eus pas le temps de m'écarter que Piers se jetait déjà sur moi. Il me fit respirer un produit qui me piqua les yeux, mais qui éventuellement eut le premier effet voulu. Je m'évanouis en quelques secondes.

Je sursautai quand un coup fut frappé, émettant un bruit conséquent. Je grimaçai en sentant mes poignets et la douleur dans mes os comme si on m'avait jetée ici. Une lumière m'éclairait depuis ce qui ressemblait à une entrée de... je déglutis quand les murs me parurent bien plus proches que prévu. Était-ce un cachot ?

Je déglutis et la lumière s'agita pour me faire regarder dans sa direction. Je clignai des yeux, éblouie.

— Peut-être que cet endroit te permettra de réfléchir à ce que tu feras avec notre Empereur. Il n'a pas besoin d'une maudite comme toi.

— Tu crois vraiment que c'est nécessaire ? soupira la voix d'une femme.

— Elle est bien là où elle est. Au moins, on est sûr qu'elle n'espionnera pas Aslander.

— À quoi vous jouez bon sang ? m'écriai-je en me redressant difficilement.

Mes vêtements étaient trempés et j'avais l'impression d'avoir pataugé dans la boue. Mais où étais-je ? Et pourquoi faisait-il ça ?

— Piers ! crachai-je. Tu crois vraiment que ton jeu me fait peur ?

— Tu devrais commencer à avoir peur oui, parce que bientôt, tu n'auras que ça pour te raccrocher à un semblant de réalité.

— Tu ne peux pas me laisser ici.

La porte du cachot s'ouvrit, révélant les mêmes personnes que plus tôt. Il manquait la seconde femme. Pas assez intéressant comme divertissement ?

— Tu es un danger pour notre Empereur et les enfants, gronda Piers en se penchant sur mon visage.

— Laisse-la ici, les rats s'en occuperont, soupira Risteard.

Je déglutis. Les rats n'étaient pas mon animal préféré. Et si je restais là, dans ses vêtements humides, j'allais faire de l'hypothermie très bientôt. Au moins, ils réussiraient à me tuer plus vite que prévu.

— Tu n'as aucun droit ici. Ne pense pas que ta simple venue t'offre tous les privilèges. Bientôt, l'Empereur verra qui tu es vraiment.

— Siadhal, tu le laisses faire ? tentai-je.

Ce dernier me regarda, puis décolla son dos du mur avant de partir. Tout simplement. Je soupirai et secouai la tête. Le bout du bâton de Piers glissa sous mon menton et il s'agenouilla lentement à mon niveau.

— Prends les menaces au sérieux, sinon on se chargera définitivement de ton cas, cracha Piers.

Son bâton heurta brutalement ma joue. Un cri m'échappa.

Des points blancs brouillèrent ma vision et la porte du cachot claqua.

Je restai au sol, mon souffle contre le sol humide.

Dans quoi m'étais-je encore fourrée ?

Je me redressai sur mes coudes, mais bientôt mes mains disparurent.

La lumière s'éloigna, me laissant dans le froid, le noir et la peur.

Les souvenirs grimpèrent un à un au fur et à mesure que je retenais mon souffle.

Pas le noir.

Pas le noir.

Pas le noir.

Je ramenai mes genoux contre moi et les enroulai de mes bras. Et si Aslander croyait que je ne voulais pas passer le voir ? Et s'il ne me cherchait pas ?

Je me redressai et m'approchai des barreaux. Je me mis à frapper le bâtant à tâtons, criant de tous mes poumons.

Quelqu'un finirait bien par m'entendre non ?

*

*       *

*

Coucou vous ! 💋 C'est officiel, les vacances sont finies ! C'est quand les prochaines d'ailleurs ? 🌴🤔 (la meuf qui ne perd pas le nord, hein... ☺️🙄) Comment ça se passe pour vous ? Personnellement je suis dans un super établissement avec des élèves trop choupinets donc je ne me plains pas 😇 Pas encore 😂

On se fait un point sur ce loooooooong PDV ? 🙏

L'intimité entre Aslander & Siobhane grandit à chaque fois un peu plus et ça fait plaisir à voir. Une certaine amitié se tisse aussi entre notre amie et Zhel ; en même temps moi aussi j'aimerais être amie avec lui 😁 Et cette fin ! Bon Dieu les hommes d'Ani se permettent bien trop de choses... vous ne trouvez pas ? A votre avis, quel sera le courroux d'Ani ? Hâte de vous dévoiler ça ! 😀

Je vous embrasse très fort  ❤️💖

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